Merci beaucoup pour vos commentaires ! ça fait plaisir !! :DVoici la suite ! Chapitre XX :
Le corps se mouva sous la couette, faisant retentir discrètement des petits bruits de frottement de couverture avant d'entrevoir les mèches violettes qui dépassaient de cette dernière dans la pénombre de la chambre. Un petit soupir se fit entendre avant qu'un visage se montra hors de la couverture épaisse, le regard fatigué dirigé vers le réveil numérique qui était posé sur la petite table de chevet, affichant cinq heures et quart. Une main sortit, elle aussi de la chaleur de la couverture, glissant avec lenteur sur le visage du réveilleur. Un gémissement de douleur se fit entendre lorsque le corps masculin se mit sur le côté puis le propriétaire de la chambre lâcha un bâillement d'un air négligé alors qu'il essaya de se rendormir tout en fermant doucement ses paupières.
Un frisson se fit sentir au niveau de son dos avant d'entendre dans un petit bruit de frottement, un poids feutré s'étaler sur le matelas rendant un sourire au jeune homme. Des mains féminins se glissèrent tendrement sous son haut de pyjama avant de distinguer un souffle chaud au creux de son cou, puis au niveau de son oreille...
« Je t'aime Paul... »
Le dormeur se réveilla brusquement en sueur, faisant tomber une partie de la couverture à terre tandis qu'il essaya de reprendre son rythme cardiaque, la main sur le poitrail. Il alluma ensuite sa petite lampe de chevet avant de regarder de chaque côté une infime présence de l'élue de son cœur confirmant piteusement que ce n'était qu'un rêve, qu'un fruit de son imagination. C'était tellement réel songea-t-il en mettant les pieds sur le sol, en position assis. Il mit sa tête au creux de ses paumes, les coudes sur les genoux, laissant le silence de la pièce l'entourer de nouveau. Les cheveux à moitié en bataille, Paul ne prit pas la peine de les remettre en place alors qu'il venait tout juste de mettre son menton sur ses mains liés, toujours dans la même position, le regard dans le vide. Cette fille aura réussit à le rendre faible pensa le chevelu violet avant de soupirer une nouvelle fois. Et qu'est-ce qu'il n'aimait pas être si faible, avoir l'impression d'être soumis au charme d'une personne, à un rire, à un sourire, un geste, sans même le vouloir. Être enfermé dans un mirage où quiconque puisse le délivrer... C'était donc cela l'amour ? L'amour fou où on pouvait se sentir pitoyable à chaque instant, à chaque pensée vers la personne qui faisait battre effroyablement le cœur ? Et reconnaître malgré cela qu'on adore cette impuissance qu'on pouvait ressentir à chaque seconde ? Paul serra sa mâchoire durement avant de se lever et de s'agiter soudainement de long en large dans sa chambre. Comment Aurore avait-elle pu lui faire ressentir des sentiments aussi forts ? Même à l'époque du lycée, il n'avait jamais sentit de telles émotions pareilles ! Un râle contrarié s'échappa de sa bouche, traduisant sa frustration envers cette situation qui devenait de plus en plus gênante pour le jeune homme. Il essaya de se détendre mais le souvenir de la bouche d'Aurore contre la sienne lui revint subitement en mémoire faisant colorer légèrement ses joues dans un petit soupir de ce dernier. Il avait chaud. Trop chaud pour une nuit d'Automne. C'était trop, pour un rêve soit-disant normal...
Il sortit de sa chambre, longea le couloir puis rentra dans la salle de bain tout en tâtant sur le mur l'interrupteur afin d'allumer la lumière. Il ouvrit le robinet, passa ses mains sous l'eau froide puis se rinça rapidement le visage avant de se dévisager devant le miroir. On aurait dit qu'il avait fait une nuit blanche... C'était presque le cas. La veille, après avoir dîné avec ses parents en l'absence de sa petite sœur qui avait prévu de dormir chez une amie, il avait zapper les chaînes de la télévision laissant Reggie parler avec leurs ascendants. Sa mère avait essayer de faire la conversation avec lui mais il n'était pas concentré sur les sujets abordés à table et était souvent parti dans ses songes. Lara avait fait la remarque et il avait sortit l'excuse de la bagarre alors que ces pensées n'étaient que dirigées vers le baiser qu'il avait goûté quelques heures auparavant. Il ferma le robinet, prit sa serviette de bain et la mit sur son visage avant de la remettre négligemment à sa place. Ne voulant pas retourner dans lit, il décida de descendre dans le salon où il alluma la lampe, espérant que cela ne fera pas réveiller son grand frère. Il vit un journal sur la table, dans une subite envie il s'installa sur le canapé avant de prendre le magazine. Perdu dans sa lecture il ne vit pas le temps s'écouler...
OOOOO
« Eh Paul... »
La main sur le corps de son petit frère, Reggie le secoua doucement avant d'entendre un petit gémissement de ce dernier. Le jeune homme s'était assoupit, allongé sur le canapé durant la nuit. Un petit sourire se faufila sur ses lèvres, que l'aîné remarqua avant de le secouer un peu plus fort.
« Aller Paul, on se réveille. »
Les paupières du jeune homme se levèrent difficilement dans un petit gémissement de mécontentement faisant sourire tendrement son grand frère. Paul avait l'air si innocent quand il se réveillait... Il mit ses mains en poings serrant son ventre avant de se mettre en boule, décidé à continuer à savourer sa place chaude et son sommeil. Reggie soupira dans un petit rire avant de menacer tout haut que si Paul ne se levait pas, il allait employer les grands moyens. Il entendit soudainement un petit son de la part du jeune homme l'obligeant à tendre l'oreille jusqu'à son niveau où il entendit un « laisse-moi tranquille » étouffé.
« Il est bientôt midi, il serait temps que tu t'actives un peu. »
S'activer pour quoi faire ? On était dimanche, et en général il n'y avait rien à faire ce jour-là. Il lâcha un long soupir avant de céder à la demande de son frère, se levant difficilement avant d'étirer ses bras au maximum.
« Eh bien, en te voyant dormir là, je m'étais cru pendant un instant qu'Aurore dormait encore à la maison. »
Le jeune homme fixa soudainement son grand frère avant de détourner son regard, ratant malgré lui un battement à la prononciation du prénom de celle qu'il avait le béguin. Reggie comprit à l'absence de réponse du cadet que quelque chose se passait dans sa tête, lui formant un rictus.
« Alors, on a rêvé d'une charmante demoiselle ? »
Paul vit l'aîné s'asseoir sur le fauteuil en face de lui alors qu'il rougit face à cette question qui ressemblait à une taquinerie. Comment pouvait-il savoir qu'il avait rêvé d'Aurore ? Il lâcha un petit soupir avant d'ouvrir la bouche afin de répliquer mais aucun son ne sortit. Il comprit au grand sourire vainqueur de Reggie que ce dernier avait touché un point sensible, lui faisant froncer légèrement ses sourcils.
« Je ne vois pas à qui tu fais allusion. » Nia-t-il avant de sentir son ventre se contracter dans un petit bruit.
Il entendit son grand frère rire doucement avant que celui-ci lui remarqua que le jeune homme avait l'air d'avoir faim. Paul détourna de nouveau son regard en songeant qu'il y avait encore deux semaines, Aurore préparait une partie des repas qu'ils mangeaient...
« Ouais. » Souffla-t-il, « Tu as déjà préparé le repas ? »
« Non. »
Un petit soupir sortit de ses lèvres avant de lui demander pourquoi il avait insisté pour qu'il se lève. Reggie lui répondit que s'il l'aurait laisser dormir comme une masse, le jeune homme aurait été capable de ne pas se réveiller durant le reste de l'après-midi faisant grimacer explicitement Paul. Ce dernier hocha simplement la tête, c'est que son frère avait raison en plus...
Reggie se leva du fauteuil en lui informant qu'il allait faire la cuisine tandis que le jeune homme acquiesça une nouvelle fois tout en lui disant qu'il allait prendre une bonne douche, en attendant.
Quelques instants plus tard, il descendit, habillé et coiffé, tandis qu'une bonne odeur de pizza se fit sentir. Le jeune homme accéléra le pas vers la cuisine, le ventre qui gargouillait atrocement.
« Je ne savais pas qu'on avait des pizzas. »
« J'en ai acheté hier. Ça fait longtemps qu'on n'en a pas manger. »
Le jeune homme regarda le four où chauffait la pizza à quatre fromages avant d'entendre la voix de son frère retentir de nouveau.
« Ce n'est pas encore prêt, il faut attendre encore dix minutes. »
Paul soupira, ayant l'impression d'avoir attendu une éternité. Dix minutes encore... Cela paraissait long, surtout quand on avait une faim de loup. Il repensa aux remarques d'Aurore lorsqu'elle doutait que le jeune homme commençait à avoir faim. Aurore avait comme un don quand il s'agissait de la faim de Paul... Il baissa son regard sur son assiette encore vide, n'osant pas s'asseoir sur sa chaise, l'absence de son amie se fit sentir atrocement, malgré lui. Pourtant il l'avait revu la veille malgré que leur sortie se fut mal terminé par l'intervention de Ludovic. Il se demandait si la jeune femme allait mieux depuis qu'elle avait assisté à la fameuse bagarre...
« Paul ? Hou hou ! »
Le concerné écarquilla ses yeux, discernant la voix de son frère et la vue de la main de ce dernier secouer devant son visage. Il posa ses orbes noirs sur Reggie, le voyant avec un petit sourire moqueur sur ses lèvres.
« Ça fait deux minutes que j'essaie d'avoir ton attention. Tu étais vraiment dans les nuages. »
« Oh, désolé. »
« Tu penses à elle, hein... »
Paul, qui avait toujours ses yeux fixés sur son grand frère, détourna son regard avant de sentir une légère chaleur l'envahir. Pourquoi devait-il sans cesse ramener la conversation à Aurore ?
« Avec ce qui s'était passé hier, je me demande comment elle va... »
« T'as qu'à l'appeler. »
Le jeune homme osa diriger son regard vers son grand frère, essayant de distinguer un quelconque détail qui pouvait trahir une raillerie sur le visage de ce dernier mais il comprit qu'il avait l'air sérieux. Il soupira doucement, passant sa main sur sa nuque, un peu gêné avant de lui dire que la jeune femme était sans doute occupée. Après tout, elle pouvait très bien être en plein repas avec sa mère...
« Paul... » Insista l'aîné, « Ça ne va pas la déranger que tu l'appelles. Au contraire... »
Le jeune homme avait l'impression que son frère savait plus de choses qu'il en avait l'air. Et durant un instant il se demandait s'il parlait toujours à son frère ou au psychologue... Il tourna sa tête vers le téléphone fixe près de l'entrée de la cuisine en pensant à ce que son frère venait de dire. C'est qu'il avait peur de déranger, même si cela fait un moment qu'Aurore et lui étaient amis, qu'ils étaient assez proches... Il soupira en pivotant sa tête vers son frère, oui ils étaient proches, mais à quel point ? Il repensa subitement au baiser qu'elle lui avait donner faisant accentuer cette chaleur à l’intérieur de son corps.
« Ça se voit que tu es inquiet pour elle. »
Paul soupira, cela se voyait tant que cela qu'il faisait du soucis pour la jeune femme ? Il détourna son regard pudiquement aux mots de Reggie.
« OK, je vais l'appeler. » Céda-t-il
Il crut voir un sourire sur le visage de son grand frère traduisant sa petite victoire. Ne prenant pas d'importance à ce détail, il se dirigea vers le téléphone, posé sur une petite table ronde, avant de se rappeler qu'il n'avait pas le numéro de la maison d'Aurore. Il savait qu'Aurore avait son numéro fixe mais elle n'avait pas donner le sien. Il regarda sur l'écran de son téléphone s'il n'y avait pas de numéros enregistrés mais malheureusement pour lui, aucun était affiché. Il sentait bizarrement le coup foireux de Reggie...
« Euh... Reggie, tu connaîtrais pas par hasard le numéro de téléphone ? »
Il découvrit un grand sourire sur son visage et comprit qu'il était tombé dans le piège de l'aîné. C'était trop beau pour que cela soit vrai...
« Si. »
Le jeune homme écarquilla ses yeux, s'avança vers lui avant de lui demander de passer le fameux numéro de téléphone. De nouveau le cadet aperçut un rictus s'afficher sur ses lèvres avant de comprendre qu'il savourait l'instant de victoire de son plan foireux. Reggie, qui était assit sur sa chaise depuis le début de la conversation, se leva et se dirigea vers le petit pot décoratif situant sur la table basse où il plongea sa main à l'intérieur afin de sortir un petit bout de papier.
Surpris, Paul le suivit se doutant bien que le numéro d'Aurore était inscrit sur ce morceau de papier. Il mit en avant son bras afin d'atteindre ce fameux papier mais lorsqu'il le frôla, il le sentit s'en aller.
« Eh Reggie, passe-le moi ! »
« Non, pas avant que tu avoues. »
Paul fronça ses sourcils, tentant de prendre le papier mais il vit son frère lever son bras bien haut rendant l'accès plus difficile. Il vit un petit sourire se faufiler sur le visage de celui-ci et essaya de comprendre comment il était arrivé dans cette situation.
« Que j'avoue quoi ? » Soupira-t-il en s'installant sur le canapé, las.
Le jeune homme avait essayer plusieurs fois de prendre ce fichu papier que Reggie tenait fermement dans sa main mais il comprit qu'il fallait négocier.
« Que tu l'aimes. »
Le concerné rougit violemment, détourna son regard ailleurs, n'osant pas poser ses orbes foncés sur son frère qui devait adoré le voir dans cet état-là. Pourquoi faisait-il cela ? Il ne pouvait pas le laisser tranquille juste un instant ?
« Comment tu l'as eu ? »
« Je lui ai demandé avant qu'elle parte. » Répondit-il
Le jeune homme hocha la tête, avant d'entendre la voix de son frère lui répéter qu'il devait avouer qu'il aimait Aurore. Il sentit son cœur battre à toute vitesse, essayant de comprendre comment son frère avait su pour ses sentiments envers la jeune femme. Il avait pourtant essayer d'être le plus indifférent possible ces derniers temps, comment Reggie avait-il réussit à le cerner aussi facilement ?
« Je n'ai rien à avouer. » Nia-t-il en se levant du canapé.
« Eh, ça ne sert plus à rien de faire semblant. »
« La pizza va cramer si on la laisse encore dans le four. » Changea-t-il de sujet.
Il l'entendit soupirer avant de l'entendre lui dire que la pizza pouvait bien attendre avant de le voir s'approcher vers lui dans un petit sourire au coin.
« Allez, dis-le. »
« Je n'ai rien à te dire. »
Paul pouvait être têtu quand il le voulait et Reggie semblait ne pas vouloir lâcher l'affaire. Qu'est-ce qu'il pouvait être énervant quand il le voulait, songea Paul en fronçant les sourcils. Il tenta de nouveau de prendre le morceau de papier mais il dû admettre que son grand frère était très rapide tandis qu'il entendit un petit rire sortir de la bouche de ce dernier. Il le vit secouer la fameuse petite feuille où était écrit le fameux numéro devant son visage avant d'essayer de le choper tandis que son frère rigola de nouveau en lui disant qu'il n'aurait pas le papier tant qu'il n'aura pas entendu lui dire qu'il aimait Aurore.
« Reggie, passe-moi ce foutu papier ! »
Dans un élan de motivation, Paul attrapa l’aîné par les épaules avant de se mettre sur les pointes des pieds afin de prendre le papier qui était tout en haut de sa main. Et malgré la douleur à son dos qu'il sentait encore depuis la bagarre, il décida de ne pas céder alors qu'il frôla à peine le morceau de feuille. Pourquoi fallait-il qu'il soit plus petit que Reggie ? Il serra son dos, espérant réussir à lui prendre le numéro de téléphone mais la douleur persista l'obligeant à lâcher un petit gémissement pénible. Reggie ne perdit pas une miette de la scène et s'inquiéta.
« Paul ? Où-est ce que tu as mal ? »
Le jeune homme se recula un peu se son frère avant de devoir être obliger de s'asseoir par ce dernier. Reggie venait de ranger le bout de papier dans sa poche arrière et avait forcé Paul à se poser sur le canapé.
« Ça va, c'est rien. »
« Je ne suis pas dupe, je sais que tu as mal quelque part. » Réagit-il vivement, « C'est à l'épaule ? »
Paul lui répondit que non et lui révéla qu'il avait mal au dos depuis la veille. Reggie fronça les sourcils en lui disant que la bagarre que son petit frère avait fait, avait sans aucun doute affliger la douleur au dos de ce dernier.
« Reggie, je crois qu'il est temps de sortir la pizza. »
Son grand frère ouvrit ses yeux en grand en percutant ce que Paul venait de dire. Il courut, l'air paniqué vers la cuisine où il ouvrit le four en vitesse faisant intensifié l'odeur de cuisson dans la maison.
« Ouf, c'est pas trop cramé ! » Entendit Paul avant de se lever et de rejoindre difficilement la cuisine.
Les deux frères commencèrent à manger leur repas après que l'aîné ait coupé la pizza en plusieurs parts puis ce dernier posa des questions à Paul sur sa douleur au dos, inquiet.
Le cadet soupira et essaya de changer de sujet, il ne voulait pas que son grand frère passe son temps à s'inquiéter pour lui...
« Reggie arrête avec tes questions ! » Soupira-t-il, « En fait, il est où le numéro ? »
Les traits inquiets de Reggie laissèrent place à un grand sourire accompagné d'un regard rempli de malice. Paul déglutit face à cet air qu'il connaissait si bien avant de regretter intérieurement de lui avoir posé la question...
« Ah d'abord il faut que tu m'avoues que tu aimes Aurore. »
Le jeune homme rougit avant de croquer dans sa part de pizza, regrettant une nouvelle fois d'avoir remis le sujet sur le tapis. Il ne sera jamais tranquille, s'exaspéra Paul...
OOOOO
Allongé sur son lit, Paul regarda un texto qu'il venait de recevoir avant de manier son téléphone d'un geste habile afin de répondre à ce fameux message, le sourire aux lèvres. Il y avait à peine une heure, il avait dû admettre à son grand frère qu'il avait des sentiments pour Aurore. Bon, il n'avait pas dit les mots qu'espérait Reggie tels que « J'aime Aurore » ou bien « Je suis amoureux d'Aurore », mais c'était tout comme. Et Reggie avait comprit qu'il n'aurait pas les fameux mots qu'il voulait entendre et il s'était contenté d'un « Oui, j'ai des sentiments pour Aurore » et il était tout de même satisfait.
Lorsque le cadet avait eu enfin le numéro, Reggie s'était gentiment moqué de lui, surtout du comportement qu'il avait au téléphone alors que Paul essaya malgré lui de faire dégager son frère ainsi que ses oreilles baladeuses, mais il avait compris que s'acharner sur lui le rendait encore plus collant. Qu'est-ce qu'il pouvait être soûlant, pensa-t-il alors qu'il sentit de nouveau son mobile vibrer sur son matelas.
Aurore avait répondu à la première sonnerie et au son de sa voix, le jeune homme s'était immobilisé avant de répondre quelques secondes plus tard. Au début la conversation il était assez timide, surtout que Paul pensait sans cesse au baiser que la jeune femme lui avait donné. Puis peu à peu, lorsque Paul lui avait demandé si elle allait mieux depuis la veille, ainsi comment se portait le bébé, la conversation était plus détendue et cela avait soulagé le jeune homme d'entendre un petit rire d'Aurore au creux de son oreille. Il avait su que la jeune femme avait prit un rendez-vous en urgence cet après-midi chez son gynécologue pour voir l'état de son enfant dû au choc qu'elle avait eu et juste avant de raccrocher Aurore lui avait informé qu'elle avait un portable. Il avait profité pour lui demander si elle avait toujours le numéro de Flora avant qu'elle lui répondre un petit « oui », puis après cela il avait enregistrer le numéro de mobile de la jeune femme dans son mobile afin de l'envoyer un message où était indiqué le numéro de Paul.
De nouveau, son cellulaire vibra, avant d'ouvrir un autre message de la chevelue bleue, où était écrit :
« Le gynécologue m'a examiné, il a dit que le bébé se porte bien. »
À ce texto, il soupira de soulagement. Voulant changer de position, il sentit une nouvelle fois la douleur s'affliger à son dos dans un petit mouvement tandis qu'il grimaça légèrement traduisant qu'il avait mal. Il soupira grassement avant d'entendre son grand frère, qui venait de rentrer dans sa chambre, le prévenant que sa petite amie viendra dans une demi-heure à la maison. Paul hocha simplement la tête avant de sentir de nouveau son téléphone sonner, faisant former un petit sourire sur ses lèvres...
OOOOO
Trois jours plus tard, une semaine avant la fête d' Halloween , Paul reçu un appel inconnu sur son portable pendant sa pause de midi, faisant légèrement froncé les sourcils, se demandant qui pouvait bien être. Assit à une table de la cafétéria de l'entreprise, il déposa son sandwich qu'il venait tout juste d'entamer puis décrocha, le mobile à son oreille.
« Allô ? »
« Allô Paul, c'est Johanna. »
Le jeune homme se détendit, il se demandait bien pourquoi la mère d'Aurore l'appelait sur son portable. Elle avait eu son numéro de mobile sûrement grâce à sa fille. C'était tout de même bizarre...
« Je vous dérange, peut-être ? »
« Non, pas du tout. »
Paul entendit un petit soupir au creux de son oreille comprenant que Johanna avait effectivement quelque chose à lui dire et que cela semblait important.
« Je dois vous parlez de ma fille. Aurore ne sait pas que je vous appelle. »
Le jeune homme fronça soudainement les sourcils au ton qu'elle avait employé, elle avait l'air plutôt inquiète et Paul lui demanda s'il tout allait bien.
« Pas vraiment... Depuis qu'elle a revu Ludovic, Aurore fait quelques cauchemars et cela m'inquiète. »
Paul lui avoua qu'Aurore avait déjà fait un cauchemar lorsqu'ils étaient encore à l'hôtel il y a plusieurs semaines de cela.
« Pourquoi elle ne m'en a pas parlé ? » Soupira Johanna avant de poursuivre, « J'avais pensé que peut-être vous arriverez à la rassurer ? »
Il écarquilla ses yeux face à cette idée que la mère de la jeune femme avait eu et il semblait gêné à cette demande. Il lui avoua qu'il n'était pas très doué quand il s'agissait de rassurer les gens avant de lâcher un petit soupir nerveux.
« Oh, je pense plutôt que votre présence suffira à calmer ses doutes par rapport à ce qui se passe avec Ludovic. De savoir que vous êtes là pourra certainement apaiser ses mauvais rêves. »
Elle mettait trop d'espoirs en lui, songea-t-il. Mais d'un autre côté, le jeune homme voulait aider Aurore à oublier ce qu'elle a vécu avec Ludovic, à lui donner envie de croire que même après avoir vécu avec un homme violent qu'elle pouvait encore faire de grandes choses et réaliser ses envies.
« Si j'ai bien compris vous voulez que je vienne chez vous pour lui parler ? »
« Oui, entre autres... » Répondit-elle trop évasive « Ça vous dit de manger chez nous ce soir ? »
De nouveau le jeune homme sentit un gêne l'envahir. Il glissa sa main nerveusement dans ses cheveux avant de lui répondre un « d'accord » faisant soulager Johanna.
« Vers vingt-heures, cela vous convient ? »
« Parfait. »
Quelques politesses plus tard, il rangea son téléphone mobile dans la poche de son manteau avant de reprendre sa collation, pensif.
OOOOO
Une odeur de poulet se fit sentir dans la cuisine, devinant qu'Aurore était en train de préparer le repas, alors que le four chauffait à une haute intensité créant une petite chaleur dans la maison. La jeune femme éplucha les dernières pommes de terres que sa mère avait ramené cette après-midi du marché, debout auprès d'une petite planche en bois où était rempli d'épluchures avant d'entendre la voix de cette dernière retentir dans la cuisine.
« Je vais mettre la table. »
Il était vingt-heures moins le quart, l'heure habituelle où Johanna mettait la table, laissant sa fille finir de préparer le repas. Depuis que cette dernière avait aménagé chez sa mère, elle avait continué à préparer les repas malgré les réticences de Johanna sur le fait que sa fille devait se reposer. Aurore l'avait convaincu que préparer les repas lui faisait oublier Ludovic et que cela la détendait. La jeune femme avait prit l'habitude de faire le déjeuné pour éviter à Reggie de perdre du temps lorsqu'il rentrait de son travail durant sa pause et ainsi profiter son talent culinaire à Paul. Elle avait compris dès le premier plat qu'elle avait fait que ce dernier avait l'air d'adorer ce qu'elle préparait. Un petit sourire se faufila sur ses lèvres en pensant au jeune homme alors qu'elle se demandait quand elle allait le revoir, ne sachant pas encore que sa mère l'avait invité pour le dîner. Elle déposa ses pommes de terres épluchés dans une casserole avant de la remplir d'eau puis alluma la cuisinière à petit feu avant de mettre les épluchures à la poubelle et de nettoyer la table avec une grosse éponge. Lorsqu'elle retira son tablier, elle entendit la sonnerie retentir dans toute la maison la rendant curieuse. Mais qui pouvait bien venir à leur porte à cette heure-là ? Elle vit sa mère se précipité vers la porte d'entrée tandis qu'elle venait de déposer son tablier sur le rebord d'une chaise avant de la suivre.
« Ah, vous arrivez à l'heure. » Entendit-elle
Pourquoi sa mère lui disait cela, on avait un invité ? La jeune femme fronça ses sourcils, sa mère lui aurait prévenu s'il y avait quelqu'un qui viendrait partager leur repas. Elle tourna sa tête vers la salle à manger où elle vit que deux couverts intensifiant sa curiosité sur la personne à qui Johanna parlait. Cette fameuse personne était encore caché derrière la porte à moitié ouverte, décidant Aurore de s'avancer vers elle avant de s'arrêter brusquement en entendant cette voix familière... Paul ? Mais qu'est-ce qu'il faisait là ?
Le fameux jeune homme entra enfin, dans un geste peu aisé, faisant raté un battement à la chevelue bleue tandis que cette dernière sentit ses joues se chauffer en se rappelant du baiser qu'elle lui avait donné. Elle se rendit compte que Paul la fixait augmentant le rouge à ses joues alors qu'elle s'avança vers lui dans un pas mal assuré. Détournant le regard, elle le salua, ne sachant pas trop quoi faire alors que celui-ci lui répondit à son salut tout en passant sa main froide sur sa nuque tout aussi embarrassé qu'elle. Derrière le jeune homme, Aurore aperçut sa mère mettre son manteau la faisant froncer légèrement ses sourcils.
« Maman , pourquoi te prépares-tu ? »
Elle vit le jeune homme se tourner lui aussi vers Johanna, puis aperçut sur le visage de sa mère un sourire se former doucement avant de l'entendre lui dire qu'elle avait prévu de les laisser entre amis. Paul et Aurore se tournèrent instinctivement la tête avant de détourner le regard pudiquement, les joues légèrement roses, en comprenant que le dîner était un coup monté.
« Un voisin charmant à voulu que je vienne manger un morceau avec lui. » Sourit-elle de nouveau, « Je vois que malgré mon âge, je plais encore. » Continua-t-elle dans un petit rire.
Aurore sourit à la remarque de sa mère avant de lui dire qu'elle était toujours aussi belle tout en se dirigeant vers elle. Johanna profita pour faire une petite bise à sa fille avant d'échanger un regard complice avec Paul, qui celui-ci était en retrait depuis le début.
« Bon, j'y vais sinon je vais être en retard ! »
Un claquement de porte se fit entendre un peu lourdement avant de faire place à un silence gênant entre Paul et Aurore. Ces derniers osèrent à peine se regarder alors que la jeune femme essaya de reprendre contenance face à cet imprévu. Qui aurait cru que sa mère lui aurait fait un coup pareil ? Elle lâcha un petit soupir avant de rougir de nouveau en comprenant qu'elle n'avait pas encore proposé à son invité de retirer son manteau.
« Oh tu peux déposer ton manteau sur une chaise du salon. »
Le jeune homme qui observait le lieu, posa ses orbes noirs sur la jeune femme avant d’acquiescer et d'ouvrir la fermeture de son parka vert kaki afin de l'enlever. Aurore lui prévint que le repas sera bientôt prêt alors que celui-ci venait de mettre le manteau sur l'une des chaises de la table où ils allaient bientôt s'installer pour dîner.
Aurore qui venait de fermer le four où elle avait vérifié la cuisson du poulet, soupira encore mal-à-l'aise par la présence imprévue du jeune homme. Pourquoi se sentait-elle aussi gênée ? Alors qu'elle venait de voir si les pommes de terres étaient bien chauffées, elle toucha doucement ses lèvres à l'aide de son index, ressentant encore la sensation de la bouche du jeune homme contre la sienne. Qu'est-ce qui l'avait prit de l'avoir embrassé ? Et malgré cela, elle n'arrivait pas à avoir des remords à ce geste osé. Elle s'était reconnue depuis quelques semaines qu'elle aimait Paul. Au début, elle avait nié ses sentiments envers le jeune homme mais lorsqu'elle devait revenir chez sa mère, elle avait comprit qu'elle ne pouvait plus se les cacher. Et son amour pour le jeune homme avait intensifié brutalement lorsqu'ils étaient revu quelques jours auparavant...
Le fait de le revoir après deux longues semaines d'absence, cela lui avait fait comprendre qu'elle ne pouvait plus faire face aux sentiments qu'elle ressentait envers lui. La bagarre qu'elle avait dû assisté malgré elle, la faisait avouer intérieurement qu'elle tenait énormément à Paul. Elle avait eu très peur que Ludovic lui frappe jusqu'à l'épuisement, jusqu'à ce que Paul ne puisse plus faire quoique ce soit... Et c''était presque le cas. Elle soupira grassement, essayant d'effacer ce mauvais souvenir à sa mémoire tandis qu'elle éteignit la cuisinière.
Elle sentit une présence derrière elle, la faisant tourner vers l'entrée de la cuisine où Paul l'observait silencieusement.
« Euh... j'ai préparé du poulet et des pommes de terres. » Informa-t-elle, « Dans quelques minutes ça sera prêt. »
Aurore le vit acquiescer simplement avant de voir ses lèvres remuées dans un petit son.
« Sinon... ça va ? »
La jeune femme lui répondit un petit « oui » tout en évitant de croiser le regard de Paul, mettant sa main sur son ventre arrondi, qui était devenu un geste habituel. Elle ne voulait pas lui dire qu'elle recommençait à faire des cauchemars, elle ne souhaitait pas le voir inquiet.
« Et toi ? Ça se passe bien à ton travail ? »
« Ouais. J'ai hâte d'être dans deux semaines pour savoir si je suis engagé. »
Elle acquiesça face aux propos de Paul tout en lui rassurant qu'il allait avoir son embauche officiellement, avant d'entendre un petit gargouillement et de voir le jeune homme rougit face à ce bruit.
« Ah, tu as faim. » Remarqua-t-elle en souriant, « Installe-toi, je vais sortir les plats. »
« Euh... Avant j'aurai bien voulu aller aux toilettes. » Répondit-il, embarrassé.
La jeune femme sortit de la cuisine avec son invité, montra avec son index, le bras tendu vers un petit coin discret du rez-de-chaussé.
« Là, c'est les toilettes. »
Elle vit le jeune homme se diriger vers le lieu indiqué avant de retourner dans la cuisine où elle prit ses gants de protection afin de sortir le gros plat du four et de le mettre sur un grand dessous-de-plat. Après cela, elle sortit un autre plat, moins gros, de son placard afin de mettre les morceaux de poulet qu'elle avait déjà coupé avant la cuisson puis les arrosa de sauce. Elle mit ensuite les pommes de terres autour des morceaux de poulet puis apporta le plat sur la table où elle vit Paul s'asseoir sur sa chaise. Elle s'installa à son tour, devant lui silencieusement puis se proposa pour servir.
« Tu étais au courant pour... pour le dîner ? »
« Ouais... » Souffla-t-il avant de poursuivre, « Enfin, je ne savais pas que ta mère nous laisserait...seuls. »
Les deux attablés avaient enfin leurs assiettes remplies et se souhaitèrent un bon appétit avant d'entamer leurs premières bouchées. Aurore se rendait compte que c'était la première fois que Paul venait chez elle. Celle-ci l'observa discrètement avant de comprendre qu'elle ne faisait que de guetter ses faits et gestes... Elle soupira discrètement se pestant intérieurement contre son regard qui avait décidé de se bloquer sur le jeune homme. C'est que mine de rien, Paul était un beau garçon...
« Ah. Elle t'a appelé comme ça, pour t'inviter ? »
Elle sentit son regard brûlé sur sa peau, rougit en apercevant qu'elle lui passait une sorte d'interrogation et mordilla sa lèvre en détournant ses orbes bleus sur son assiette. Si cela continu comme cela, il allait croire qu'elle ne voulait pas le revoir...
« Ouais, si on veut. »
Comment cela « si on veut » ? Qu'est-ce qu'il lui cachait ? Aurore fronça ses sourcils en se demandant de quoi sa mère pouvait lui avoir dit. Elle le vit prendre un morceau du poulet et mâcher rapidement avant d'entendre de nouveau sa voix grave.
« C'est que... elle s'inquiète pour toi. »
Le léger froncement de sourcils laissa place à des yeux écarquillés traduisant l'étonnement de la jeune femme. Elle lui demanda sobrement de quoi sa mère avait-elle pu lui dire sur elle avant de l'entendre soupirer doucement.
« Elle m'a fait part de son inquiétude sur les cauchemars que tu fais. »
La jeune femme passa sa main sur son front, dégageant au passage sa franche récemment refaite tout en lâchant un soupir gras. Sa mère s'inquiétait trop...
« Il ne faut pas qu'elle s'inquiète autant... » Souffla-t-elle
« Mais moi aussi je m'inquiète pour toi. » Entendit-elle, faisant poser ses orbes bleus sur le jeune homme.
Elle le vit baisser timidement son regard sur son assiette et prendre une nouvelle bouchée de pommes de terres. Elle sourit tendrement face à la timidité du jeune homme, sentant malgré elle les battements rapides de son organe vital face à ces mots.
« Ça va aller, ce n'est que passager. » Essaya-t-elle de le convaincre.
Les mots qu'elle venait de prononcer n'avaient pas l'air d'être si bien convainquant puisque même Aurore avait dû mal à se persuader. Elle vit le jeune homme froncer ses sourcils épais, avant de l'entendre lui dire qu'il ne pensait pas que cela n'était que passager.
« Paul... » Souffla-t-elle, déjà las de cette conversation « Je ne veux plus qu'on en parle. »
Un bruit de couverts se fit résonner doucement dans le silence pesant. Les deux attablés n'osèrent pas se reparler de peur d'intensifier cette atmosphère étrange et lourde qui s'était crée juste après les mots de la jeune femme. Cette dernière entendit le jeune homme soupirer l'obligeant à poser son regard sur lui tandis qu'elle avala difficilement sa petite bouchée de poulet.
« Les cauchemars sont revenus depuis la bagarre, n'est-ce pas ? »
Il n'allait pas lâcher l'affaire, pensa Aurore alors qu'elle posa ses couverts sur la table tout en soupirant discrètement. Bien, autant lui répondre à sa question, peut-être que le sujet sera définitivement clos.
« Oui. »
Aurore avait eu du mal à répondre à cette simple question. Sa voix s'était bloquée dans sa gorge lorsqu'elle avait compris que Paul ne la laisserai pas tranquille avec ses cauchemars. Elle le vit boire son eau à son verre qu'elle avait versé au début du repas avant d'apercevoir sa bouche s'ouvrir de nouveau, comprenant qu'il allait parler.
« Tu veux peut-être m'en parler ? »
Quoi ? Il lui proposait qu'elle lui raconte ses mauvais rêves ? Elle lui avait dit à l'instant qu'elle ne voulait plus parler de ce sujet, pourquoi insistait-il ? Elle détourna le regard, sentant de nouveau son pouls s’accélérer traduisant son angoisse. La jeune femme se remémora les débris de ses rêves avant de passer sa main sur son visage étrangement pâle.
Paul perçut le malaise qui régnait depuis peu et demanda à la jeune femme si tout allait bien. Lorsqu'il vit son visage qui était trop pâle à son goût, il décida de se lever et de s'approcher d'elle. Cette dernière entendit la voix inquiète du jeune homme ainsi que ses pas avant d'oser de le regarder en face.
« Faut que tu bois de l'eau, tu ne m'as pas l'air bien. » Se soucia-t-il en prenant la bouteille d'eau qui se trouvait à côté de l'assiette d'Aurore.
La jeune femme acquiesça sans dire mot avant de le voir verser le liquide et lui apporter le verre. Elle le prit délicatement avant de boire de petites gorgées son eau froide et de remercier Paul pour lui avoir servit.
« Je crois que je n'ai plus faim. »
Une envie de se lever la prit avant d'exécuter son envie son le regard inquiet de son invité.
« Je crois que c'est préférable que tu restes assit. Tu es encore un peu pâlotte. »
« J'ai besoin de marcher, de bouger un peu. »
Elle entendit de nouveau un soupir de la part du jeune homme l'obligeant à poser ses orbes bleus sur lui. Ce dernier venait de passer sa main sur sa nuque, le regard baissé, comme s'il était un peu perdu. Elle détourna son regard, comprenant que Paul avait essayé d'être le plus à l'aise possible auprès d'elle. Elle mordilla l'intérieur de sa joue, se sentant fautive du comportement du jeune homme. Ce dernier était là, parce qu'il s'inquiétait pour elle, pour essayer de l'aider et elle ne faisait rien pour simplifier les choses. Elle commença à empiler les assiettes sales, où celui de Paul était vide, faisant malgré elle, étirer doucement ses lèvres en un petit sourire, remarquant que le jeune homme aimait toujours autant sa cuisine.
« Je vais t'aider. »
La jeune femme ne répondit rien, laissant son invité lui donner son aide, avant de partir en direction de la cuisine, les assiettes sales entre ses mains. Lorsqu'elle revint dans la salle à manger, suivit du jeune homme qui avait déposé les couverts dans l'évier auprès des assiettes, elle ressentit un petit vertige le submerger. Elle sentit les grandes mains de Paul de chaque côté de ses épaules avant de voir son visage inquiet en face du sien. Elle repensa soudainement à ces cauchemars qui l'empêchaient de dormir tranquillement ses nuits avant qu'une forte émotion l'envahit de tout son corps, faisant pour la même occasion menacer ses yeux de couler de larmes.
« Aurore ? »
Elle attrapa de ses mains délicates le creux des bras du chevelu violet avant de finalement les mettre contre le torse musclé du jeune homme laissant un flot de larmes décaniller de ses yeux, dégoulinant sur ses joues rebondies.
« À chaque fois que je ferme les yeux, je... je... »
Une remontée de larmes lui empêchait de parler calmement et lui rendait la situation plus difficile encore. Le jeune homme lui demanda de respirer un bon coup d'une voix douce. Elle obéit tout en essayant de se calmer mais ses larmes s'échappèrent de nouveau, faisant serrer encore plus ses petites mains contre le vêtement de Paul.
« Je pense constamment à cette bagarre. Chaque nuit je te revois avec Ludovic en train de vous battre. »
Aurore l'entendit soupirer doucement alors qu'elle tenta de nouveau de souffler pour reprendre sa respiration. Son rythme cardiaque s'était sauvagement accélérer lors de sa crise de larmes et cela l'avait encore plus affaiblit qu'à l'instant.
« A chaque rêve, la fin n'est jamais la même, sauf... sauf que... »
Elle raconta difficilement à cause d'une nouvelle crise. La jeune femme sentit les bras du jeune homme se serrer un peu plus sur son corps frêle avant de décider de reparler.
« Tu es à terre et tu ne lèves pas. » Murmura-t-elle, « Et je cris ton nom, j'essaie de te faire réagir, mais tu ne bouges plus... »
Quelques fines larmes roulèrent sur les joues d'Aurore avant que cette dernière sentit le torse de Paul se coller contre son corps, les bras autour de ses hanches. Elle le serra aussi fort qu'elle le pouvait n'osant plus se détacher de lui.
« Je suis là Aurore. Je suis encore là. »
Elle enfouit sa tête au creux du cou du jeune homme, profitant de la chaleur que pouvait émettre son corps contre le sien. Elle se sentait tellement bien dans ses bras... C'était si chaud, si bon. Elle humidifia légèrement le haut de Paul à cause de ses joues mouillées avant d'entendre de nouveau la voix du jeune homme retentir dans la pièce lui révélant qu'il sera toujours là pour elle...