~ La chambre d'à côté ~

J'ai enfin réussi à rattraper mon retard, ouf
Faire apparaître Flora et Drew est vraiment très intéressant surtout au vu du dernier chapitre
Je trouve que dans cette fic Paul est plus humain, et plus attachant que d'habitude. J'ai l'impression que la relation Paul-Aurore devient plus forte à chaque chapitre et ça c'est vraiment très bien.
Tu es indéniablement une des meilleures fanficeuses sur ce fofo   
Vivement la suite   

Mille excuse de mon retard pour ce chapitre, mais comme je l'ai dis, cette semaine n'était pas la mienne xD
Bon il y a deux solutions qui s'offre à Aurore désormais.

1) Soit elle quitte l’hôtel avec Paul et envisage de repartir sur un bon pied.

2) Flora et compagnie font vouloir faire payer Ludovic et envisageront sans doute à le dénoncer autant par un moyen que par un autre.

J'ai adoré l'arrivé héroïque de Drew :p

Et j'ai tout aussi hâte de lire la suite *-*

Chapitre IX :


Le tic-tac de la montre argentée de la jeune femme résonna dans le silence pesant de la nuit, alors que les bruits de pas se firent entendre doucement sur le parquet de la chambre 53 de l’hôtel Saint Maurès.

« T'es sûr que c'est une bonne idée ? »

Elle n'en avait pas marre de poser des questions, sérieusement ? Cela faisait au moins dix minutes qu'elle n'arrêtait pas de lui poser ses interrogations. Paul soupira, alors qu'il se tourna une nouvelle fois vers Aurore.

« Oui. Quand ton fiancé saura qu'on ne sera plus là, on sera déjà loin. »

Paul vérifia ses affaires avant de tirer la fermeture éclair afin de fermer son sac en bandoulière.

« Tu n'as rien oublié ? » Demanda-t-il en se tournant complètement vers la jeune femme.

Celle-ci montra son sac où contenait ses peu d'affaires que Flora a réussi à prendre dans son ancienne chambre, faisant comprendre au jeune homme qu'elle avait tout.

« Bien. On y va. »

Il sortit de sa chambre suivit d'Aurore, qui soupira, craintive, malgré elle. Flora leur avait conseillé avant qu'elle ait quitté la chambre quelques heures plus tôt, de partir dans la nuit afin que Ludovic ne prenne pas le risque de venir directement en mains propres avec Paul. Aurore savait depuis le début, que de rester avec le jeune homme, créera des problèmes. Elle pressa le pas en voyant que Paul était déjà à deux mètres plus loin, devant elle. Elle sentait l'angoisse venir en elle ; depuis quand n'avait-elle pas l'impression de frôler la liberté ? La vraie Liberté...

« On va prendre les escaliers, l'ascenseur semble prendre trop de temps à venir. » Déclara-t-il en ouvrant la porte des escaliers.

Les deux adultes descendirent les marches d'un pas rapide, jusqu'au rez-de-chaussée puis se dirigèrent vers le comptoir où un réceptionniste de nuit était assis sur son siège.

« Bonsoir Madame, Monsieur. »
« Bonsoir. On a décidé de quitter l'hôtel et j'aimerai payer maintenant. » Résonna la voix grave de Paul.

Le fameux réceptionniste le dévisagea quelques secondes avant d’acquiescer.

« Êtes-vous sûr monsieur, que cela est raisonnable de partir dans la nuit ? » Demanda-t-il après avoir regardé l'heure sur sa montre qui affichait trois heures trente.
« Oui. » Répondit-il avant de justifier « Cela évitera les embouteillages. »
« Bien sûr. » Affirme-t-il dans un petit sourire « Monsieur, il y a déjà quelqu'un qui a payer votre séjour. »

Paul arqua un sourcil alors qu'Aurore écarquilla ses yeux derrière ses lunettes noires sous la surprise. Mais qui aurait pu bien payer le séjour de Paul ? Ce dernier soupira.

« C'est Reggie, j'en suis sûr. Est-ce pas relever bancaire ?»

Le réceptionniste regarda de nouveau sur son écran et lui répondit un oui clair avant de tourner le rectangle épais vers le client.

« Regardez par vous-même, c'est déjà encaisser. Vous n'avez pas besoin de régler la somme. »


Paul soupira grassement en passant sa main dans sa chevelure tandis qu'Aurore sourit à la vue du nom du grand frère affiché sur l'écran de l'ordinateur.
Reggie avait été sérieux sur le fait qu'il assumerait les dépenses du séjour à l'hôtel pensa Paul en serrant sa mâchoire discrètement. Il n'aimait pas que son frère soit trop sur lui et surtout qu'il s'occupe de lui alors qu'il se porte très bien. Oui très bien, puisque, à ce qui paraît il travaille trop et risque de se faire virer avant la fin de l'année par son entreprise, vraiment fallait vraiment pas s'inquiéter pour lui, songea ironiquement le jeune homme tout en rangeant son portefeuille. Il l'avait sorti pour rien...

« Génial... » Souffla-t-il avant de saluer tout comme Aurore, l'employé.

Il partit d'un pas rapide en direction de la sortie, la jeune femme à ses talons. Ils rentrèrent dans le parking de l'hôtel réservé aux les clients et s'arrêtèrent à la troisième voiture, une Clio noir à cinq portes. C'était celle de Paul. Heureusement qu'il avait eu le temps de l'emmener au garage, sinon il aurait eu l'air stupide devant Aurore avec sa bagnole à moitié cabossée. Il sortit sa clé de voiture, déverrouilla le véhicule dans un petit bruit sonore, puis conseilla à la jeune fille de poser son sac dans le coffre, avant de l'ouvrir pour déposer lui aussi son bagage. Après être rentrés dans le véhicule, attachés leurs ceintures, Paul démarra sous un soupir soulagé de la jeune femme. Il mania son véhicule avec prudence afin de sortir du parking et de se diriger vers l'entrée de l'autoroute. Quelques rues et de ronds-points plus tard, la voiture roula sous les lampadaires de la grande autoroute. Paul vit au coin de l’œil, la jeune femme contempler la route en face d'elle avec des yeux émerveillés. Il soupira discrètement, vraiment, il fallait être vraiment être écarté du monde extérieur, être enfermé entre quatre murs durant un long moment pour qu'elle s'émerveille devant une simple route et des lumières. Qu'est-ce qui peut bien passer dans sa tête actuellement ? Elle doit se sentir un peu perdue après les derniers événements. Peut-être qu'elle essayait de retrouver une certaine liberté qu'elle avait perdu depuis si longtemps...

Cela faisait quarante minutes maintenant qu'ils roulaient, et le silence avait pris place depuis un petit moment, mais il fut brisé par la petite voix d'Aurore.

« En fait, tu m'emmènes où ? »

Paul mordilla sa lèvre, ne quittant pas ses yeux de la route. Il se rappelait de lui avoir dit qu'il l’emmènera dans un endroit sûr, mais il n'avait pas précisé où.

« Chez moi. Enfin, c'est chez mon frère. On habite ensemble pour l'instant. »
« Reggie, c'est ça ? »
« Ouais. »
« Il a l'air sympathique. » Déclara-t-elle en se rappelant de la brève conversation téléphonique qu'elle avait eue avec lui.

Paul mordilla une nouvelle fois sa lèvre, mal-à-l'aise. Oui, Reggie était sympathique, marrant, gentil et confiant, tout le contraire de lui songea-t-il. Le jeune homme lâcha un bref soupir, ne sachant pas quoi répondre à cela.

« Je dois mettre de l'essence. » Informa-t-il simplement alors qu'il mania correctement son véhicule vers une station-service.

Le véhicule s'arrêta auprès d'une pompe à essence, tandis que Paul sortit afin de prendre un pistolet à carburant afin de faire le plein. Il vit Aurore sortir aussi tout en boitant légèrement. Elle ne pouvait pas rester tranquille dans la bagnole et éviter de marcher avec sa blessure au pied, pensa Paul en soupirant.

« J'ai besoin de me dégourdir un peu les jambes. » Avoua-t-elle alors qu'elle remit en place ses lunettes de soleil, toujours sur son nez malgré la nuit.

Paul acquiesça, attendit tout en observant les chiffres s'ajouter sur le petit panneau en verre, alors que la jeune femme fit le tour de la voiture afin de le rejoindre. Elle respira un bon coup l'air frais tout en enroulant ses bras sur son gilet non fermé pour se réchauffer un peu.

« Tu as froid ? »

Aurore tourna sa tête vers le jeune homme, qui venait tout juste de ranger le pistolet à essence.

« Un petit peu, mais ça va. »
« Je reviens. Je vais payer. »

Elle acquiesça doucement, profitant du petit vent qui passait pour redécouvrir la liberté. Loin de son calvaire. Loin de Ludovic. Loin de sa vie.
Certes, elle avait encore la peur au ventre en pensant à son fiancé. Ils n'étaient pas encore assez loin du fameux hôtel et elle espérait que Ludovic dormait. Elle avait l'angoisse à ses tripes en s'imaginant que celui-ci pourrait les suivre et savoir où elle allait. La jeune femme ferma ses paupières lors de quelques secondes, essayant de chasser ses idées noires.

« C'est bon, on peut y aller. » Déclara-t-il en arrivant à la hauteur de la jeune femme, la faisant ouvrir ses paupières soudainement.

Les deux jeunes gens rentrèrent dans le véhicule, puis Paul redémarra alors que le silence tomba de nouveau. Quelques minutes plus tard, ils traversèrent un péage puis Paul accéléra tandis qu'Aurore lutta pour rester éveiller. Le jeune homme l'entendit bailler négligemment. Ouais, il serait peut-être temps pour elle de s'endormir...




Appuyé sur le capot de sa Clio, Paul observa la jeune femme endormit dans le véhicule tout en mettant son gobelet à ses lèvres, où contenait son café serré. Il était cinq heures moins le quart et cela faisait plus d'une heure qu'ils avaient quittés l'hôtel Saint Maurès. L'air frais de la nuit rendait quelques frissons au jeune homme tandis qu'il jeta son verre en plastique dans une poubelle pas loin de là. Il avait décidé depuis au moins dix minutes de s'arrêter pour profiter du sommeil de la jeune femme afin de boire un café tranquillement, seul avec ses pensées. Il posa une nouvelle fois ses orbes noirs sur Aurore. Cette dernière semblait dormir paisiblement, malgré la position inconfortable du siège. Elle avait toujours gardé ses lunettes de soleil sur son nez, depuis le début en fait, pensa Paul alors qu'il rentra dans le véhicule. Il soupira, et la regarda toujours. Elle n'avait pas fait de cauchemars la nuit dernière et il espérait que cela ne recommencera plus. Il s'avoua intérieurement qu'aux cris de peur lors de la première nuit de la jeune femme dans sa chambre, il avait senti des frissons tout au long de sa colonne vertébrale, tellement il était soudainement terrifié. Entendre de si près les hurlements de terreurs de cette femme lui faisait de lui une personne si impuissante. À chaque fois qu'il décida de dormir, il repensa à cette nuit. C'était ridicule pensa-t-il, mais il devait admettre qu'il ne supportait plus de voir Aurore souffrir de ce Ludovic, un homme violent qui semblait n'avoir aucune pitié envers sa fiancée. Il lâcha un petit soupir tandis qu'il démarra sa voiture. Quelques instants plus tard, il vit la jeune femme se réveiller peu à peu, se pestant mentalement contre le démarrage de son véhicule qui avait sans doute sorti Aurore de son sommeil.

« Hum... mais quelle heure est-il ? » Demanda-t-elle en se frottant ses yeux par ses petites mains.
« Cinq heures. » Répondit-il en jetant un coup d’œil aux chiffres numériques qui s'affichaient sur le tableau de bord.
« Tu n'en as pas marre de conduire ? »
« Non. »

Aurore sourit à sa réponse. Il disait toujours des réponses brèves, sans aucun détail. Elle le vit concentrer sur la route, n'osant pas lui parler de nouveau.
Une heure et demie plus tard, ils s'arrêtèrent à un air de repos, où il y avait un magasin qui était ouvert la nuit. Ils rentrèrent dans la boutique où ils vivent quelques personnes de divers âges acheter de la nourriture ou boire une boisson chaude auprès des tables hautes. Aurore informa le jeune homme qu'elle allait aux toilettes, le laissant seul se balader dans les rayons.

« Non mais tu l'as vu ? Elle a mis ses lunettes de soleil alors qu'il fait à peine jour. » Résonna une voix masculine « On reconnaît les prétentieuses. » Résonna de nouveau cette voix avant de se transformer en rire.

Paul se tourna vers cette voix où il aperçut un homme, sans doute plus jeune que lui qui parlait sûrement à un ami à lui au bout du rayon. Le chevelu violet serra sa mâchoire, contrarié par cet inconnu qui semblait croire savoir tout ce qui se passait dans ce magasin. Il marcha vers lui, tranquillement, lorsqu'un petit cri retentit. Paul avait écrasé son pied sans retenu.

« Oh vraiment navré. » S'excusa faussement tout en lui montrant un ses sourires les plus hypocrites, faisant comprendre au jeune homme qui fallait tourner sa langue plusieurs fois avant de parler.

Le fameux inconnu lui jeta un regard noir avant de continuer son chemin sous l'air honteux de son ami.
Quel crétin celui-là ! De quel droit pouvait-il juger les gens comme cela ? Paul soupira en sachant pertinemment que le monde était rempli de critiques et d'apparences. Si l'inconnu connaissait vraiment la situation d'Aurore, il aurait bien fermé sa bouche. La jeune femme arriva à sa hauteur sans qu'il remarque, toujours irrité par ce qui venait de se passer. Elle l'observa et s'inquiéta face au visage contrarié de ce dernier.


« Paul, est-ce que ça va ? » Lui demanda-t-elle, le faisant sursauter intérieurement.
« Oh... t'es là. Euh... oui. » Répondit-il avant de continuer « Tu veux prendre quelque chose à grignoter ? »
« Je n'ai pas d'argent sur moi et... »
« Eh, j'ai des sous. » Interrompit-il avant qu'elle refuse.

Elle acquiesça simplement sachant que malgré ses arguments piteux, il lui achètera quand même quelque chose à manger. Elle regarda les différentes boîtes à gâteaux et divers paquets de chips, en face d'elle avant de prendre des cookies tandis que Paul prit deux petites bouteilles d'eaux au rayon d'à côté. Ils se dirigèrent ensuite vers la caisse où ils firent la queue pendant quelques minutes, avant d'arriver devant l'employé, qui passa les articles devant sa machine. Après avoir donné la somme demandé, Paul prit les bouteilles, Aurore le paquet de gâteaux, puis sortirent du magasin direction la Clio noir.
De nouveau dans la voiture, Aurore ouvrit le paquet tout en remerciant le jeune homme de cet achat tandis que ce dernier ouvrit sa bouteille d'eau, but une gorgée avant de redémarrer son véhicule. Sur la route, il entendit la jeune femme grignoter ses cookies discrètement.

« On arrivera dans environ une heure et demie voire deux heures. » L'informa-t-il toujours son regard posé sur la route.
« Ah, super ! » S'exclama-t-elle avant de poursuivre dans une petite voix « Ma présence ne va pas vous déranger ton frère et toi ? »

Le jeune homme la vit ranger son dernier cookie non fini dans la boîte en carton, alors qu'il soupira ouvertement. N'a-t-elle toujours pas compris qu'elle ne dérangeait personne ? Elle a réussi à dormir dans la même pièce que lui, manger un petit déjeuné ensemble, et même doucher dans sa propre salle de bain à l'hôtel, donc si elle croit que sa présence pouvait la déranger, elle mettait le doigt dans l’œil ! Et en ce qui concerne son grand frère, il était trop heureux qu'il ramène enfin quelqu'un à la maison. En fait, Aurore peut être vraiment chiante quand il s'agissait de poser des questions songea ironiquement Paul dans son éternel soupir.

« Tu ne nous déranges pas. » Répondit-il simplement.

Un silence régna après ses mots, où chacun était enfouit dans ses pensées, alors que peu à peu des véhicules remplissaient les autoroutes.

« Paul... »

À la voix craintive de la jeune femme, il pivota sa tête vers elle, où il vit la pâleur de son visage.

« Il faut que tu t'arrêtes. » Chuchota-t-elle.

Inquiet, le jeune homme obéit et se gara au bord de l'autoroute, où Aurore sortit rapidement vers la barrière métallique qui longeait la route. Paul ouvrit la portière afin de voir ce qui se passait avec la jeune femme alors qu'il entendit soudainement un vomissement qui lui forma sur son visage une grimace de dégoût. Assit sur son siège, ses jambes hors de la voiture, il aperçut brièvement le visage maladif d'Aurore avant d'être caché par ses cheveux raides dans un autre petit vomissement. Mais qu'est-ce qu'elle avait ? Elle avait peut-être trop mangé ou trop vite ? Son estomac ne supportait pas simplement ces fameux cookies ? Non il y avait autre chose pensa Paul en fronçant les sourcils alors que la jeune femme venait tout juste de se redresser. Elle était toujours aussi pâle jugea-t-il, encore ses sourcils froncés.

« Tu es malade ? »

Aurore venait tout juste d'arriver au niveau du véhicule, sa main sur le capot, obligeant se maintenir à cause de gros pansement à son pied et à son récent vomissure.

« Je ne sais pas. Pourtant la plupart du temps je me sens bien.»

Paul avait eu une envie de rire jaune. Sentir bien ? Depuis quand elle se sentait bien la plupart du temps ? Avec son fiancé complètement cinglé, elle ne pouvait pas se sentir bien. Il soupira grassement, sentant de nouveau la colère l'envahir à la pensée de Ludovic. Il chassa rapidement ses réflexions et posa son regard soucieux sur la jeune femme qui était toujours à la même place, respirant l'air du petit matin, ses lunettes de soleil sur sa tête.
Sa paupière enflée semblait moins grosse qu'auparavant.

« C'est sûrement les cookies. J'ai dû avaler trop rapidement et comme on roule en même temps, mon estomac n'a pas supporter, voilà tout. »

Elle avait l'explication à toute celle-là... Paul n'était absolument pas convaincu mais ne riposta pas, préférant de pas instaurer un malaise entre eux, alors que la jeune femme contourna la voiture pour s'installer dans son siège. Paul remit ses jambes dans le véhicule, puis ferma tout comme Aurore, sa portière avant de reprendre la route. Il la vit au coin de l’œil sortir un mouchoir de sa poche afin de s'essuyer sa bouche avant de boire une gorgée de sa bouteille d'eau dans une moue désapprobateur. Ouais, le goût devait être désagréable après un vomissement pareil. Paul avait attendu dix bonnes minutes avant qu'elle puisse éjecter tout ce que son estomac pouvait contenir dans l'herbe haute derrière la fameuse barrière. Il fronça de nouveau ses sourcils épais ; ce n'était pas la première fois qu'elle vomissait et ce n'était pas normal que cela reproduisait deux jours de suite. Il n'y avait qu'une autre option : elle était malade même si Aurore n'était pas de cet avis. Mais malade de quoi ? Il soupira irrité par cette soudaine profonde réflexion. Et puis merde, il ne devait pas s'inquiéter autant pour elle. C'était une grande fille, elle savait ce qu'elle devait faire ; peut-être avait-elle raison, elle avait juste un estomac fragile. Le véhicule s'arrêta à un nouveau péage, où Aurore profita de cette occasion pour remettre ses lunettes noires à son nez, afin d'éviter les regards suspects des inconnus qui pourrait se poser sur elle. Quelques minutes plus tard, la barrière s'ouvrit laissant la voiture continuer son chemin.
Une demi-heure plus tard, le portable de Paul sonna, l'obligeant à le sortir de sa poche et le donna à la jeune femme qui regarda le nom de l'appelant, admettant qu'il ne pouvait pas se permettre de téléphoner au volant.

« Oh, c'est Flora. »

Peu avant de se quitter, la femme de ménage et Paul avaient décidé d'échanger leurs numéros de téléphone, au cas où il y aurait un souci, sachant qu'Aurore n'avait plus de portable depuis qu'elle vivait avec Ludovic. Ce dernier avait réussi à couper toutes communications entre Aurore et ses amis, la seule personne avec qui elle pouvait encore parler, c'était sa mère. La jeune femme mit le portable à son oreille et essaya de se forcer sur sa voix encore fragile pour se faire entendre par la brune qui était au bout du fil.

« Oui je vais bien et toi ? »

Paul tiqua. Bien sûr qu'elle allait super bien. Elle avait juste vomi, rien de grave. Vraiment, il ne faut absolument pas s'inquiéter soupira Paul, à la limite de l'énervement. Il serra ses mains contre le volant essayant de se calmer. Mais qu'est-ce qu'il avait bon sang !

« Là, on est encore sur la route, et toi tu te prépares pour aller travailler ? »

Une fine pluie s'abattit doucement sur le paysage, obligeant Paul à activer les essuie-glaces alors qu'il écouta d'une oreille discrète les paroles d'Aurore.

« Ah oui, c'est ton jour de repos. »

Paul écarquilla ses yeux durant quelques secondes : c'est son jour de repos et elle appelle à sept heures du matin. Elle ne pouvait pas faire comme les gens normaux et faire une petite grasse matinée bien méritée ?

« Mais enfin Flora, dors un peu. Tu as bien mérité ton jour de repos. »

Au moins une qui avait l'air raisonnable.... Pour une fois. Il ralentit, voyant au loin les premiers embouteillages matinale. Génial, il est sept heures du matin et c'était déjà bloqué...

« Oh, ce n'est pas vrai ! Drew et toi ? Je ne savais pas que tu sortais avec lui. »

Paul soupira, levant les yeux rapidement avant de les reposer sur la route, et c'était repartie pour une longue conversation ! Paul ne comprendra jamais les filles...

« Depuis trois semaines ! Mais pourquoi tu ne l'as pas dit plus tôt ? »

Paul aperçut son petit sourire au coin, comprenant qu'elle était contente pour son amie, avant de le voir disparaître dans un visage neutre.

« Oui. Ne t'inquiète plus. »

On dirait qu'elles ont encore changé de sujet. Il semblerait que leur conversation avait dérivé sur un sujet délicat : Ludovic.

« J'espère juste qu'il ne va pas me chercher... »

Paul sentit de la crainte au son de sa voix. Elle était toujours inquiète malgré le fait qu'elle était loin de l'hôtel. Et si c'était le cas ? Rien de pouvait confirmer que Ludovic n'était pas décidé à retrouver sa fiancée. Et vu comment est son comportement impulsif, on pouvait tout attendre de lui, surtout le pire...
Les minutes passèrent, le petit embouteillage se dissipa peu à peu, la voix d'Aurore résonna toujours dans le véhicule alors que Paul serra de nouveau ses mains sur son volant. Et s'il arriverait à retrouver Aurore ? Et s'il va vraiment la rechercher et essayer de la ramener avec lui ? Paul soupira explicitement face à ses nouvelles interrogations. Il commençait vraiment à devenir paranoïaque quand il s'agissait de ce bouffon. Un autre soupir sortit de ses lèvres fines alors qu'il passa sa main sur son visage fatigué avant d’accélérer. Une dizaine de sujets de conversations et de bavardages plus tard, la jeune femme raccrocha enfin tandis que Paul jeta un œil à l'heure actuelle. Elle était au téléphone avec son amie depuis environ quarante minutes. De vraies pipelettes... Heureusement que la batterie tenait bien, songea Paul en posant son regard sur le portable qui était maintenu entre les deux mains d'Aurore, avant de diriger ses deux orbes noirs sur la route.

« Flora est en couple avec Drew, tu sais le serveur. » Informa Aurore

Paul acquiesça, et qu'est-ce que cela pouvait lui faire ? Ils sont ensemble, super pour eux. Vraiment génial, ironisa-t-il intérieurement. Il vit un sourire se dessiner sur le visage de cette dernière le faisant soupirer. L'amour peut être bidon parfois pensa Paul, las. À croire qu'il faut être forcément à deux pour être heureux. On pouvait être seul et être très bien. L'amour ne résous pas forcément des problèmes ; la preuve : Aurore. Elle était tombée amoureuse et voilà où cela la menée. Elle avait subi des coups, pour quoi ? Au nom de l'Amour. Paul mordilla sa lèvre inférieure, encore frustré par ses pensées noires. Pourquoi à chaque fois qu'il pensait à quelque chose cela menait jusqu'à Aurore ?

« On est bientôt arrivé ? » Demanda-t-elle en voyant que Paul mania son véhicule pour sortir de l'autoroute.
« Oui. »

Il aperçut discrètement un nouveau sourire s'afficher sur son visage un peu pâle, ce qui lui fit lever les yeux en l'air. Cette fille sourit tout le temps... Elle ne va finir par avoir des crampes faciales ? Paul resta neutre, alors qu'il imagina Aurore se bloquer dans un sourire. Est-ce qu'on pouvait avoir une crampe à cause d'un sourire ? Paul arqua son sourcil épais face à cette absurdité. Il faut vraiment qu'il aille dormir..., souffla-t-il discrètement, espérant que la jeune femme ne l'ait pas entendu.

« Tu as dit quelque chose, Paul ? »
« J'ai dit : enfin arrivé. »

Mensonge. Petit mensonge. Mensonge riquiqui.... tout petit se rassura Paul, qui n'était pas du genre à mentir même pour des détails. Mais, dans un sens, c'était vrai, ils venaient d'arriver dans le quartier du jeune homme. La Clio noir ralentit peu à peu avant de se garer devant une maisonnette, où Aurore observa de ses grands yeux.

« C'est là que tu habites ? »

Paul acquiesça tout en ouvrant sa portière alors qu'Aurore l'imita tout en lui disant que qu'il avait une petite maison toute mignonne, ce qui a pour don de le faire soupirer à sa critique, malgré que cela soit une remarque positive. Oui, c'était une jolie maison, mais ce n'était pas vraiment la sienne, même si son grand frère lui disait souvent le contraire. Paul ouvrit le coffre de sa voiture afin de sortir son sac tandis qu'Aurore qui était à côté lui, faisait de même avec le sien. Le jeune homme ouvrit la petite porte qui accédait à l'étroite avant-cour, laissant ouverte afin qu'Aurore puisse rentrer aussi malgré sa soudaine douleur à son pied. Cette dernière le suivit doucement, observa les diverses plantes qui entouraient la maison, puis entra dans l'habitation, où Paul lui tint la porte sous le regard curieux de son grand frère. Celui-ci était déjà habillé d'une tenue chic : veste sur chemise classique et pantalon noir.

« Paul ? » S'étonna Reggie avant de voir la jeune femme rentrer « Je ne pensais pas que tu rentrerai si tôt le matin. »
« Oui, je sais mais euh... »

Paul ne savait pas quoi dire à son frère, tellement il se sentait fatigué par le voyage et par les derniers événements qui s'étaient passés.

« C'est la fameuse Aurore. » Continua Reggie comprenant que son frère ne dirait plus rien.

Paul acquiesça tout en fermant la porte d'entrée puis il laissa la jeune femme avec Reggie, afin de monter à l'étage pour préparer le lit d'Aurore. Le plus vite cela sera fait et plus vite il pourra dormir. Il entendit Reggie se présenter à la jeune femme, alors qu'il était déjà dans sa chambre, retirant les draps du matelas et la taie de son oreiller avant de les jeter lamentablement à terre. Il poursuivit rapidement en allant à sa commode afin de trouver des couvertures propres puis il commença à les déplier pour refaire le lit. Quelques actions plus tard, il réussit à maintenir le drap-housse sur le matelas alors qu'il entendit la porte d'entrée claquer signe que Reggie venait de quitter la maison pour aller travailler dans son cabinet où il partageait avec plusieurs collègues psychologues. Ah, maintenant Aurore était toute seule en bas, en se demandant ce qu'elle devait faire songea-t-il. Pendant qu'il mettait l'oreiller dans la fine taie blanche il entendit des pas dans les escaliers comprenant qu'Aurore allait bientôt arriver à l'étage. Après avoir terminé avec l'oreiller il plaqua les couvertures dans un geste négligé sur le lit, faisant recouvrir la totalité du matelas alors que la jeune femme l'observa, gênée, dans l'encadrement de la porte.

« Qu'est-ce que tu fais ? »
« Ici, sera l'endroit où tu dormiras. » Déclara-t-il sans répondre à la question alors qu'il ramassa le récent linge du sol.
« C'est ta chambre ? »

Elle le vit acquiescer et sortir de la chambre d'un pas rapide, alors que la gêne lui monta de nouveau en elle.

« Non, tu ne peux pas me laisser ta chambre, voyons. Mais où vas-tu dormir ? »
« Sur le canapé. » Répondit-il comme une évidence alors qu'il alla dans la salle de bain afin de mettre le linge dans le panier.

Aurore le suivit, ne sachant pas comment réagir face à cette réponse. Elle ne voulait pas qu'il prête son lit juste parce qu'il avait décidé. Et puis quoi, elle pouvait très bien dormir sur le canapé elle aussi.

« Je ne veux pas que tu dors sur le canapé alors que moi je dois profiter de ta chambre. À ce que je sache je t'ai un peu forcé à me faire venir chez toi. » Riposta-t-elle d'une petite voix.

Et c'était quoi cette idée idiote ? Elle ne l'avait forcer en rien, putain ! Paul se sentait irrité face à cette fille qui semblait croire que sa présence était de trop sous ce toit. Mais qu'est-ce qu'elle voulait à la fin ? Le rendre fou ? Le rendre à bouts de nerfs ? Mais merde, qu'est-ce qu'il avait à s'énerver comme cela ? Paul se calma intérieurement tout en espérant qu'il ira dormir bientôt afin de se reposer et d'oublier ces derniers jours interminables. Il revint sur ses pas, s'arrêtant devant sa chambre, alors que la jeune femme posa son regard sur lui, à quelques mètres de là.

« Fais ce que tu veux. » souffla-t-il, agacé, avant d'aviser « Dors dans cette chambre ou non, mais moi je squatte le canapé pour me reposer. »


Aurore le regarda descendre les escaliers et partir vers le salon, comprenant soudainement qu'il était totalement épuisé. Elle observa la chambre de Paul n'osant pas rentrer. Les murs étaient blancs et vierges de toutes bricoles tandis que le peu de meubles qui y avaient étaient en bois de couleur foncée. Elle aperçut un cadre de photo posée sur la petite table de chevet, curieuse, elle décida finalement d'y entrer tout en dirigeant vers le petit meuble.
Elle déposa son sac sur la moquette grise puis prit délicatement le cadre dans ses mains où elle observa une photo de Reggie et Paul. Elle sourit à cette vue : ils étaient adolescents lorsqu’on les avait pris en photo. Les deux frères souriaient, même si Paul semblait avoir du mal à faire ce geste si simple. Elle ne souvint pas de l'avoir déjà vu sourire. Elle chercha dans ses souvenirs, mais en vain. Un bâillement lui arracha la mâchoire, décidant de reposer le cadre photo à sa place tout en s’asseyant sur le lit. Les lunettes de soleil sur sa tête, elle frotta son œil droit de sa petite main tout en camouflant un nouvel bâillement. Elle était fatiguée, elle devrait songer à se reposer comme Paul, jugea-t-elle alors qu'elle s'allongea peu à peu sur la douce couverture, laissant ses paupières se fermer lourdement dans un sommeil profond.

Youpi !!! Première a commer
dsl du retard j'ai lue 3 chapitre d'un coup lol toujours aussi bien ta fic contente de voir que aurore est chez Paul j'espère que Ludovic ne va pas la retrouver :s c'est touchant de voir comment Paul s'inquiète pour Aurore et c'est drole de voir qu'il ne sait pas ce qu'il lui arrive ^^ mais Paul Scoop pour toi tu tombe amoureux d'Aurore  

Haaan ! J'adore !!!!

J'ai trop bien vue la scène du début, quand Paul ferme son sac en bandoulière et qu'à son tour, Aurore lui montre le sien en lui faisant comprendre qu'elle avait bien tout ! ^^
C'était intelligent de les faire sortir la nuit et je suis contente que Ludovic ne les ait pas cramés ! J'arrêtais pas d'être en flippe tout le long ! Surtout quand ils faisaient des pauses ! Bon sang, j'arrêtais pas de me dire "Ça y est, Ludovic va débarquer", "Paul va revenir et va voir qu'Aurore est en train de se faire enlever" ou quelque chose comme ça !

Héhé, j'ai bien aimé quand Paul a écraser le pied de l'inconnu qui a jugé Aurore lorsqu'elle avait ses lunettes de soleil ! On voit qu'il est de + en + protecteur envers Aurore et ne peut s'empêcher de s'emporter dès qu'il entend quelque chose sur la jeune femme ! ^^

J'ai aussi flippé quand Aurore regardait la route horrifié, genre, "ça y est, il les a doublé et elle a reconnu la plaque d'identité de la voiture de Ludovic." xD Mais ouf, elle a seulement eue envie de vomir. xD Aaah, je sais qu'on peut penser que l'idée est cliché, mais obligé elle est enceinte XD Peut-être que Ludovic savait en quelque sorte qu'elle allait tomber enceinte et que c'était son ticket de retour auprès de lui ? Ne sait-on jamais, hein ! xD

Mais obligé Ludovic va trouver un moyen de les retrouver ! C'est même sûr ! Mdrr J'ai encore flippée parce que je me suis dit "Ça s'trouve Ludo est policier, il va les arrêter avec bien le sourire narquois, en mode bat*rd." XD

J'adore la conversation avec Flora ! Héhé, alors elle était avec Drew depuis un petit moment ! Je vois trop Aurore lui demander pourquoi elle ne lui avait pas dit ! Mdrr Ah, mais les nanas c'est comme ça chérie. On attend tjrs avant de révéler les choses ! xD

Ahah, le pauvre Paul qui a hâte d'arriver chez lui. ^^ Mais c'était sûr, ils n'allaient pas re-squatter un hôtel alors qu'ils venaient d'en quitter un ! Et je trouve que c'est intéressant de les faire aller chez eux ! Reggie pourra les vanner, comme ça  xD

Ah, j'adore Paul qui impose sa chambre a Aurore et qui ne lui laisse pas le choix ! C'est choupinou :3 Mdrr

Bref, j'adore ! J'ai trop hâte de savoir la suite !!

Waouh! So fantastic!

J'imagine trop bien les scènes, surtout celle où Aurore dit qu'elle ne devrait pas dormir dans le lit de Paul (mais elle le fait quand même) Tu écris comme une déesse *la vénère* *-*
Je suis sérieuse, je crois que je vais t'appeler "Oohfemmeluxieuse, déesse des fanfictions" ô déesse, j'ai hâte de voir la suite de votre fiction!

Vivement la suite!

Sacha(chuchote): Elle n'est pas un peu folle?
Ondine(chuchote aussi):Oui, je crois. On devrait peut-être appeler un médecin...
Moi(vexée): Eh, je suis pas sourde!

J'adore les citations que tu met au début de chaque chapitre, même si elles sont souvent de toi   
La relation entre Reggie et Paul est intéressante, l'idée de donner à Paul un frère psychologue est géniale.
On a peur d'un retour de Ludovic à chaque phrase, c'est affreux (dans le bon sens du terme, bien sur ^^) et ces vomissements ne présage rien de bon...
Par contre Paul est vraiment entrain de devenir complétement fou et entre Aurore et son licenciement, c'est pas près de s'arrêter, j'aurais presque peur qu'il nous fasse une dépression.
En tout cas j'adore cette fic, vivement la suite !

J'kiff !
Mdrrr, j'adore quand Reggie raconte les anecdotes de son métier de psycologue, et quand un client était venu chez et où Paul râlait. Je vois trop bien sa tête ! xD
J'aime bien quand Aurore rejoint Paul dans le salon, l'après-midi mais qu'ils ne parlent pas vraiment. lol On voyait bien que quelque chose n'allait pas chez Paul et qu'il semblait soucieux. Raah, et la fin, terrible ! On sait pourquoi il était ailleurs toute la journée ! Le pauvre, il s'est fait licencier ! :O Les temps sont durs, que veux-tu ? x) Enfin, j'ai surtout aimé que Aurore ait aussi entendu ^^ Ça fait classe comme ça. xD
Bref, j'ai hâte de savoir la suite et si Aurore va faire semblant de ne rire avoir entendue, ou si elle va leurs faire savoir ! ^^

Chapitre XI :


Le matin suivant, le silence régnait en maître alors que peu à peu un bruit de pas se faisait entendre. Un pas qui s'accélérait en direction de la salle d'eau puis un bruit de grincement de porte avant qu'un son qui ressemblait à un vomissement se discerna dans le calme de la maisonnette. La tête dans la cuvette, Aurore blanchit avant de se relever et de montrer son visage pâle au miroir. Elle ouvrit le robinet, se nettoya la bouche puis passa de l'eau sur sa figure alors qu'elle entendit d'autres pas qui la fit tourner sa tête vers le couloir.


« Tu as vomi ? »


C'était Reggie qui venait de se lever pour se préparer à aller au travail. L'invitée acquiesça alors qu'elle prit sa serviette de bain pour sécher son visage encore un peu pâle. Elle le vit s'avancer vers elle et mettre sa main sur son front.


« Tu n'as pas l'air d'avoir de fièvre... » Déclara-t-il avant de retirer sa main.


Aurore fit un petit sourire face à ce geste d’inquiétude, c'était dans leurs gènes de s'inquiéter autant pour elle ? Le jeune homme lui informa qu'il savait pour ses précédents vomissements durant le séjour à l'hôtel et sur le chemin du retour.


« C'est Paul qui te l'a dit, hein... » Soupira-t-elle découragée.


Reggie acquiesça et sourit face à sa réaction. Cela lui rappela un peu le caractère de son petit frère lorsqu'il se sentait vaincu par l'aîné.


« Même s'il ne le dit pas franchement, il s'inquiète pour ta santé. »


Aurore reprit quelques couleurs alors qu'elle sentit son organe vital s'accélérer dû à cette révélation puis posa son regard sur Reggie, mal-à-l'aise.


« Hier, quand je voulais descendre vous rejoindre, j'ai entendu la conversation avec ton frère... »


L'aîné soupira, abattu, en se rappelant de cette fameuse conversation. Il ne s'y était pas attendu à cette soudaine confession. Il ne l'avait pas dit, mais il se sentait fautif de ce qui lui arrivait. Après tout, s'il n'avait pas forcé Paul à prendre des congés dans un moment délicat, peut-être que celui-ci aurait encore son poste de comptable. Mais d'un autre côté, cela avait permis à Paul d'aider Aurore.


« Je n'ai pas osé déranger. » Finit-elle en triturant ses mains alors que Reggie sortit de ses sombres pensées.
« Oh. Mais de toute façon tu l'aurais su d'un jour à l'autre. » Déclara-t-il avant de poursuivre sur un autre sujet, « En fait, faut peut-être que tu ailles chez un médecin pour tes vomissements. »


Aurore grimaça au nom de « médecin », elle s'était tellement habitué à esquiver, à ne plus en parler de ce sujet-là depuis qu'elle était avec Ludovic, que maintenant cela devenait comme une épreuve pour elle, d'aller voir le médecin. Être femme battue, cela voulait dire aussi qu'il fallait cacher les blessures, faire semblant d'être bien et y aller rarement voire jamais chez un docteur ou un spécialiste.


« Pas dans cet état-là. » Protesta-elle en montrant le coquard sur son visage avec son index.


Reggie souffla un « d'accord » résigné, n'ayant pas le courage de la convaincre de suite, tandis qu'il pensait à la nouvelle situation de son petit frère. Il n'y avait que lui qui pouvait lui rendre morose. Il lui prévint qu'il allait acheter la pommade pour ses bleus avant de revenir à la maison durant sa pause déjeuné puis il se pressa pour aller se préparer et boire un café bien serré. Une demi-heure plus tard, il était dans le salon, à mettre ses chaussures ainsi que sa veste d’Été. Il salua la jeune femme qui s'était posé dans la cuisine afin de préparer son repas matinal puis quitta la maison.


Silencieusement, Aurore dégusta son petit déjeuné, assit sur une chaise auprès de la table de la salle à manger, qui se situait près du canapé où Paul semblait dormir à point fermé. La bonne odeur d'un chocolat chaud titilla les narines du jeune homme, ce qui le fit papillonner ses paupières difficilement avant de se réveiller totalement, le ventre creux. Un petit bâillement arracha sa mâchoire négligemment puis il tourna son regard vers la table où Aurore buvait sa boisson chaude, le bol à ses lèvres. Il se leva doucement, avança d'un pas nonchalant vers la table où il aperçut un bol vide entouré d'une boîte de céréales, de poudre en chocolat ou de café chaud ainsi que des petits pains et du beurre.


« Je ne savais pas trop ce que tu prenais le matin, j'ai donc tout sorti. »


Ses orbes noirs se posèrent sur la jeune femme puis acquiesça tout en la remerciant d'avoir préparé la table. Il s'installa en face d'elle, hésita sur ce qu'il voulait prendre, alors que son regard se posa de nouveau sur Aurore. Elle semblait avoir un bon appétit. Il décida de prendre les céréales, se disant que cela faisait longtemps qu'il n'en avait pas pris, versa ensuite du lait froid dans son bol puis commença à manger. Il mâcha calmement sa première bouchée de céréales, sentant encore un peu les vapes du sommeil l’assommer. Il devait avoir une sale tête au réveil pensa-t-il dans un petit soupir. Et ces foutus recherches pour trouver un nouveau travail... Il essaya de calmer son irritable caractère intérieurement, connaissant son comportement très barbant dès le réveil. Il remarqua Aurore qui essayait de prendre la bouteille de lait, difficilement. Il leva les yeux dans un de ses innombrables soupirs, alors qu'un petit sourire moqueur se dessina discrètement sur ses lèvres. Elle ne pouvait pas demander qu'il lui passe le lait tout simplement ? Quelle fille compliquée elle peut être parfois... Le jeune homme lui donna le lait qu'elle avait du mal à atteindre depuis deux minutes déjà.


« Oh, merci. »


Paul resta silencieux, observa la jeune femme verser une deuxième fois son lait dans son bol. Eh bien, elle avait vraiment faim ce matin. Et elle n'arrêtait jamais de sourire celle-là, c'était devenu une habitude ou bien elle le faisait encore exprès ?! Ce n'est pas possible ! Elle ne doit pas être une personne normale, comment peut-on se lever de bon matin et avoir déjà le sourire ? Paul soupçonnait Aurore de faire semblant, mais pourtant elle avait l'air si sincère... Peut-être qu'elle se sentait bien aujourd'hui, ou qu'elle était heureuse ? Mais heureuse de quoi ? Paul prit une autre bouchée encore, agacé par toutes ces questions qui défilèrent dans sa tête. En fait, il l'avait toujours vu sourire. Au collège, elle souriait tout le temps, c'était insupportable. Au lycée, cela n'avait pas changé, elle avait toujours son horripilant sourire qui le suivait partout... À croire qu'elle était tout le temps joyeuse. Ouais, elle pouvait même bien représenter le bonheur que Paul avait dû mal à parvenir. Enfin, c'était surtout durant leurs scolarités qu'il rêvait d'avoir un bonheur que seule la jeune fille pouvait représenter, à moins que ce ne fût qu'une impression...
Le jeune homme venait tout juste d'avaler sa dernière bouchée de céréales avant de trancher qu'il pouvait se permettre de se faire quelques tartines, puisque maintenant il avait du temps pour prendre un petit déjeuner copieux.


« Ah, Reggie m'a dit que tu devais t'occuper du courrier aujourd'hui. »


Génial... Faut dire aussi qu'il n'avait que cela à faire maintenant qu'il n'avait plus de boulot.


« D'accord. »


Si elle pensait qu'il allait s'embarquer dans une longue conversation dès le matin, elle pouvait mettre le doigt dans l’œil ! Paul vit la jeune femme boire une gorgée de son lait froid alors qu'il prit une petite brioche dans le sachet de pain afin de la couper en deux. Il demanda à Aurore s'il pouvait lui passer le beurre qui se trouvait auprès d'elle, puis la remercia d'une voix basse tout en commençant à l'étaler sur une des deux tranches. Il la trempa ensuite dans son lait puis croqua mollement un morceau avant de le mâchouiller doucement. Après avoir terminé leur petit déjeuné, ils commencèrent à débarrasser la table. Paul aperçut que la jeune femme boitait de moins en moins alors que cette dernière nettoya la table avec une éponge. Au moment où elle décida de rentrer dans la cuisine pour remettre l'éponge à sa place et de prendre le torchon pour sécher la table, elle chancela, comprenant qu'elle avait fait un faux mouvement tandis que Paul qui était un mètre d'elle se précipita pour la rattraper avant qu'elle puisse tomber. Les mains accrochées au deux côté de la taille de la jeune femme, il réussit à la retenir à temps, alors que le torchon qui se situait près d'eux se laissa tomber misérablement sur le sol.


« Que je suis maladroite...» Murmura Aurore.


Les mains toujours au niveau des hanches de la jeune femme, cette dernière et Paul rougirent à cause de leur proximité étroite alors que le jeune homme retira d'un mouvement rapide ses mains tout en baissant son regard, gêné. En se reculant d'elle, encore embarrassé par ce rapprochement brutal, il sentit le torchon à son pied. Il le ramassa, espérant que le rouge qui lui était venu au joues disparaîtra aussi vite qu'il était apparu. Mais malheureusement pour lui, il sentit de nouveau une chaleur monter en lui en rentrant sa main en contact avec la sienne. Aurore avait eu la même idée que lui, qui était de ramasser ce fameux torchon. Il fit un soupir discret tout en pestant intérieurement contre ce contact alors qu'il leva son regard intentionnellement vers la jeune femme. Cette dernière croisa son regard puis détourna ses yeux tout en rougissant alors qu'elle prit finalement le tissu épais avant de se relever. Paul l'imita tout en essayant de calmer sa pulsion cardiaque. Le silence retomba comme une foudre rendant les deux jeunes gens plus embarrassés que jamais.


«Euh... Je vais voir si y a du courrier dans la boîte aux lettres. »
« Oui. » Intervint-elle trop rapidement avant de voir le jeune homme partir en direction de la porte d'entrée.


Elle entendit le claquement de la porte, alors qu'elle aperçut que sa respiration était coupée depuis ce moment gênant. Elle souffla un grand coup comprenant qu'elle avait besoin de se reprendre, sentant malgré elle les battements de son cœur s’accélérer tout en repensant à ce qui venait de se produire. Mais qu'est-ce qui se passait chez elle ? Elle déposa l'éponge dans l'évier puis se dirigea vers la petite table au milieu de la cuisine afin de déposer le torchon qu'elle venait tout juste de plier oubliant qu'elle devait sécher la table. Elle essaya d'interpréter son comportement bizarre depuis ces derniers jours... Pourquoi à chaque fois quand avait l'impression d'être trop proche de Paul, elle sentait son organe vital faire des forts battements comme si celui-ci voulait sortir de sa poitrine ? Pourquoi quand elle pensait parfois à lui, elle avait l'impression d'avoir une sensation de chaleur qui l'entourait et la rendait si mal-à-l'aise ? Elle passa sa main dans ses cheveux, ayant déjà marre de toutes ces pensées qui se bousculaient dans son esprit. Elle décida de monter et de se préparer, espérant oublier ce drôle de sensation qui animait en elle.


Dans la chambre, Aurore pansa son pied, alors que l'odeur du gel douche envahit peu à peu la pièce. Elle entendit une porte claquée et une voix grave qui résonnait à l'entrée, faisant réagir la jeune femme, qui précipita pour ranger les produits dans la mallette en vitesse avant de descendre rejoindre les deux frères. Arrivé auprès d'eux, elle vit Reggie avec un sac de pharmacie dans sa main tandis qu'il retira ses chaussures, avant de passer le fameux sac à la jeune femme.


« Tiens. » Lui passa le petit sac en plastique à Aurore, « Il y a la pommade et y a autre chose qui pourrait peut-être t'aider. »


Autre chose qui pourrait l'aider ? Qu'est-ce qui voulait dire par là ? Elle jeta un coup d’œil dans le sac plastique où elle vit deux petites boîtes rectangulaires, sans pour autant lire l'inscription sur celles-ci. C'était peut-être une autre pommade ou des médicaments ? Elle soupira discrètement, remerciant le jeune homme avant de remonter dans la salle de bain.


Devant le miroir, elle sortit la première petite boîte du sac, l'ouvrit puis sorti un tube de crème ainsi que la notice. Elle lit rapidement le papier dépliée avant de le ranger au fond de la boîte. Elle dévissa le bouchon, le déposa sur le rebord du lavabo puis mit un peu de pommade au bout de ses doigts afin de l'appliquer sur le bleu qui entourait son œil tout en évitant de toucher la paupière. Après s'être chargé de son œil, elle retira son jogging tout en vérifiant que la porte fut verrouiller, puis appliqua de nouveau la crème sur les quelques bleus qui restaient sur ses jambes avant de remettre son jogging et de relever sa manche gauche. Elle remit un peu de pommade à ses doigts, massa le produit sur le bleu sur son poignet là où elle mettait habituellement sa montre en espérant le cacher. Quelques minutes plus tard, elle rangea le tube dans la boîte et le déposa dans un coin d'une étagère. Aurore sortit la seconde boîte du petit sac alors que ses yeux s'écarquilla face aux mots inscrits sur le carton, avant de passer sa main dans sa chevelure, très mal-à-l'aise. Elle ne s'y attendait pas à cela : Reggie lui avait acheté un test de grossesse.
La chevelue bleue soupira grassement face à cette boîte qui ne faisait que la narguer. Et si ses vomissements étaient simplement un symptôme de la grossesse ? Non impossible.
Elle se regarda dans le miroir, souleva son haut où elle pouvait apercevoir dans le reflet un ventre un peu arrondi, la faisant revenir dans la vraie réalité : elle n'avait toujours pas ses menstruations et cela l'inquiétait de plus en plus. Elle qui était toujours réglée comme une horloge, elle venait de s'avouer intérieurement qu'il y avait forcément un problème de ce retard qui durait maintenant dix jours. Et puis, peut-être qu'elle mangeait plus que d'habitude ? Un sourire ironique s'afficha sur son visage, en pensant qu'avec Ludovic, elle était surtout habituée à manger peu lors de ses grosses crises de nerfs. Elle lâcha un soupir tout en rangeant la boîte non ouverte dans le sac. Elle n'était pas encore prête à découvrir la réponse de ce fameux test. La jeune femme déverrouilla la porte, sortit rapidement dans le couloir tout en prenant le sac plastique dans sa main et le déposa sur la petite table de chevet de sa chambre provisoire avant de redescendre pour déjeuner avec les garçons.




Reggie, debout près de la table basse du salon, regarda le courrier que son petit frère avait déposé sans un seul coup d’œil quelques heures auparavant.


« Publicité, publicité, factures, publicité... »


Des prospectus ainsi que des enveloppes s'étalèrent un à un sur la petite table alors que Reggie soupira face à cette accumulation de publicité.


« Les gens ne savent pas lire ou quoi ? Ils ne comprennent pas le sens de 'pas de pub', ils le font exprès, ce n'est pas possible... »


Aurore s'assit sur le fauteuil tout en souriant à la critique de l’aîné, une tasse de thé dans ses mains. Elle l'entendit soupirer alors qu'elle mit sa tasse à ses lèvres, dégustant sa boisson chaude dans une petite gorgée. Elle le vit soudainement concentrer sur la dernière enveloppe, qui avait l'air particulière. Elle était petite, de forme carré et rouge. Reggie l'ouvrit délicatement, le sourire aux lèvres. Il devait sans doute connaître l’expéditeur de cette enveloppe, pensa la jeune femme alors qu'elle but une nouvelle gorgée de son thé.


« Hé Paul, on a une invitation de papa et maman ! » Cria-t-il presque pour être sûr de se faire entendre par le concerné.


Le cadet sorti de la cuisine en arquant un sourcil. Il se dirigea vers son grand frère, curieux de cette fameuse invitation.


« Une invitation ? » Répéta Paul bêtement avant de poursuivre « Pour quelle occasion ? »
« Pour leur vingt ans de mariage, tu as oublié ? »


Le jeune homme soupira en tapant son front avec sa main dans un « Ah oui c'est vrai ! » avant de se poser sur le canapé d'un air négligé.


« C'est dans deux semaines. » Informa Reggie avant de continuer avec un petit sourire au coin « Emmène Aurore avec toi, depuis le temps que maman veut te voir ramener quelqu'un. »


La jeune femme suffoqua dans sa tasse et avala de travers en comprenant le sous-entendu de l'aîné. On aurait dit qu'il les considérait comme un couple. Elle vit le visage de Paul s'empourprer légèrement avant d'apercevoir qu'il jetait un regard meurtrier à son grand frère.


« Oh non, je ne vais pas m'imposer dans une fête familiale. Je ne suis pas sensée venir, surtout pour les vingt ans de mariage de vos parents. Ils ne me connaissent même pas.» Intervint Aurore.
« Justement, ça sera l'occasion de te connaître. » Argumenta Reggie, toujours le sourire collé à ses lèvres, « Et puis mon petit frère sera ravi que tu l'accompagnes à cette fête, n'est-ce pas Paul ? »


La jeune femme qui avait son regard fixé sur l'aîné, posa ses orbes bleus sur le jeune homme en face d'elle, attendant une réponse de celui-ci. Paul jeta un autre regard noir à son frère alors qu'il croisa le regard de la jeune femme, le faisant sentir cette soudaine chaleur qu'il commençait à lui être familier.


« Euh... »


Comment il se sentait stupide à cet instant-là... À croire qu'il se sentait toujours minable devant elle. Le jeune homme jeta son regard ailleurs avant de le reposer sur Aurore.


« T'es pas forcé de venir. » Réussit-il à articuler tout en passant sa main sur sa nuque.


Sa réponse était si évasive... Voulait-il qu'elle l'accompagne à cette réception ? Il avait l'air si gêné. Peut-être était-ce à cause du sous-entendu de Reggie qui le rendait si mal-à-l'aise. La jeune femme mordilla sa lèvre, ne sachant pas comment interpréter cette réponse alors que la voix de Reggie la fit sortir de ses pensées.


« Bon bah il ne reste plus qu'à trouver des tenues adéquates. Bref, on en reparlera plus tard, je dois retourner à mon travail.»


L'aîné mit sa veste, sachant qu'il ferait beau et chaud dehors, alors qu'il conseilla aux deux jeunes de sortir un peu afin de profiter le bon temps.


« Reggie, j'ai pas le temps de sortir. »
« Bien sûr que si. Maintenant que tu n'as plus de travail profite de cette occasion pour faire visiter la ville à ton amie. »


Reggie mit sa main à la bouche, se rendant compte de la bourde qu'il venait de faire sous le regard choqué de son petit frère.


« Merde. Écoute Paul, Aurore était déjà au courant de ton licenciement. »
« Quoi ?! Tu lui as dit ? »
« Non pas du tout... »


Le cadet tourna sa tête vers la jeune femme, qui ne savait plus où se mettre tellement elle se sentait fautive. Le regard indigné, il lui demanda des explications.


« Paul, ton frère n'a rien fait. C'est juste que j'étais là au mauvais moment... »


Le jeune homme comprit à cet aveu qu'Aurore avait entendu sa conversation avec son grand frère, la veille sans qu'il ne s'était aperçu. Cela veut dire qu'elle l'avait vu pleurer ? N'osant plus rien dire, le cadet parti d'un pas rapide à l'étage alors que la jeune femme essaya de le retenir, mais en vain.


« Ça lui passera. C'est juste qu'il ne s'y attendais pas à ce que tu le saches si rapidement. Mon frère à sa petite fierté, tu vois. Et le connaissant il n'allait sûrement pas te le dire avant un petit moment. »


Reggie posa sa main sur l'épaule de la jeune femme, en la rassurant qu'elle n'était pas fautive de quoi que ce soit avant de prendre sa gibecière en cuir et de sortir en va-vite de la maison. Le silence tomba lourdement après le départ de Reggie, laissant sentir la tension affreuse qui s'était installée depuis que Paul s'était enfermé dans une pièce à l'étage. La jeune femme décida de monter, elle aussi, et de savoir où était parti le cadet. Elle passa devant sa chambre provisoire où la porte était toujours ouverte, puis regarda dans la salle de bain où l'absence régnait avant de traverser tout le couloir et d'entendre un bruit sourd derrière une porte. Elle s'arrêta devant celle-ci puis appela le jeune homme. Aucune réponse. Elle s'avança vers cette porte n'osant pas l'ouvrir alors que le silence régna depuis quelques minutes déjà. Elle regarda autour d'elle apercevant que c'était la dernière porte du couloir et conclut que Paul était dans la chambre de son grand frère.


« Paul ? »
« Laisse-moi tranquille ! »


Aurore mordilla sa lèvre inférieure, sentant toujours coupable. Elle avait l'impression que le jeune homme était en colère et elle le comprenait. Il avait perdu son job et il avait l'impression d'être inutile.


« D'accord. Je... j'espère que tu trouveras un travail rapidement. Je te le souhaite vraiment. »


La chevelue bleue décida de partir vers sa chambre. Elle se dirigea vers le petit sac plastique, prit la boîte où se trouvait à l’intérieur le test de grossesse et s’éclipsa dans la salle de bain rapidement.
Devant le miroir, elle alterna son regard entre son reflet et le test de grossesse qu'elle tenait maintenant entre ses mains. Elle mordilla sa lèvre, ne sachant pas si elle voulait le faire de suite. Après tout cela dissipera tous ces doutes qu'elle avait eus depuis ce matin. Elle prit la notice, lit les explications silencieusement puis soupira une nouvelle fois face au miroir. Pourquoi fallait-il que Reggie lui achète ce foutu test ? Un petit sourire se faufila sur ses lèvres en pensant qu'il faisait cela juste pour son bien et qu'il s'inquiétait. Elle se demandait durant un instant si Paul était au courant pour cet achat alors qu'elle entendit des pas derrière la porte.




Paul était enfin sorti de la chambre de son grand frère après une demi-heure à sûrement ruminer ses idées noires, à pester contre le monde entier et sans aucun doute à critiquer sa vie qu'il pensait pitoyable. Il parcourut le couloir, cherchant Aurore de ses orbes noirs, se rendant compte qu'il devait s'excuser de son comportement envers elle. Ne la trouvant pas dans sa chambre qu'il lui avait prêté, il décida de descendre au salon, mais elle n'était pas là non plus. Il passa dans la cuisine ainsi dans le jardin mais en vain. Mais où était-elle passée ? Il se posa sur le canapé tout en soupirant négligemment alors qu'il se disait intérieurement que la jeune femme s'était isolée quelque part, après tout il lui avait bien fait comprendre qu'il voulait qu'on le laisse tranquille, non ? Il décida d'attendre qu'elle vienne d'elle-même espérant qu'elle sortira de sa cachette assez vite pour enfin se sentir mieux et retirer ces remords qui lui pesèrent sur ses épaules. Le jeune homme prit son ordinateur portable qu'il avait rangé la veille dans sa pochette épaisse au coin de la table puis l'alluma faisant illuminer l'écran devant ses orbes noirs. Le jeune homme vérifia ses e-mails, si ceux-ci n'avaient pas de réponses aux annonces qu'ils avaient pu dénicher sur le net pour trouver un boulot. Certains e-mails étaient des réponses négatives, comme quoi il n'y avait plus de poste de libre ou que malheureusement le jeune homme ne répondait pas au profil. Il serra sa mâchoire inconsciemment laissant la frustration monter en lui. Qu'est-ce qu'il n'aimait pas être dans cet état-là. Il avait l'impression d'être un moins que rien, d'être au fond du trou. Plus de travail, plus de vie. C'était ce qu'il pensait...
Tout en essayant de ne pas se démoraliser plus qu'il n'était, le jeune homme décida de continuer ses recherches. Il inscrit certains numéros de téléphones ainsi que des adresses mails sur un fichier qu'il venait d'ouvrir puis prit son téléphone portable afin d'appeler les personnes qui avaient posté les annonces qui l’intéressait. Après avoir appelé tous les numéros, laisser quelques messages sur des répondeurs et envoyer quelques e-mails, il conclut qu'il avait fait tout ce qu'il pouvait pour aujourd'hui. Il observa les journaux sur la table basse que Reggie n'avait pas encore jeté à la poubelle et dans un instant d'espoir, Paul décida de lire les petites annonces en fin de pages, peut-être qu'il trouverait quelque chose...


Deux tasses de cafés et quatre heures plus tard, le cadet entendit la porte d'entrée s'ouvrir sur Reggie. Paul guetta l'heure sur son mobile, qui affichait dix-huit heures.


« Tu es déjà là ? »
« Vraiment petit frère, merci pour ton accueil. » Répondit d'un air moqueur.


Paul soupira, ne voulant pas répliquer, alors qu'il était encore encombré par ces remords qui le rongeaient. Il n'avait toujours pas vu Aurore et cela l'inquiétait de plus en plus.


« Qu'est-ce que tu fais avec les journaux ? »


Paul avait arraché quelques pages d'annonces et il était en train de les empiler. Il expliqua à son frère qu'il gardait les pages d'annonces pour sa recherche de job puis il lui fit part de ses inquiétudes par rapport à Aurore. Reggie l'écouta attentivement alors qu'il s'assit à côté de lui afin de retirer ses chaussures.


« Tu voulais t'excuser ? »
« Ouais... » Soupira le cadet avant de poursuivre « Mais on ne s'est pas croisé de toute l'après-midi. »


Les deux frères entendirent des pas et pivotèrent leurs têtes vers les escaliers où ils aperçurent la jeune femme avec les yeux rougis. Paul rata un battement en la voyant dans un état de faiblesse, elle avait pleuré...
Le jeune homme se leva tout comme son aîné puis ces derniers s'approchèrent d'elle. Le jeune homme sentait son impuissance l'entourer alors qu'il se sentait coupable de ses larmes. Était-ce à cause de ce qui s'était passé au début de l'après-midi ? Sans doute, mais une chose dans les mains d'Aurore l'intriguait. Qu'est-ce que c'était ?


« Mais qu'est-ce qui se passe ? »


La jeune femme regarda tour à tour les deux hommes puis baissa ses yeux rougis sur l'objet en question, avant de reposer ses orbes bleus sur eux. Elle avait passé toute l'après-midi enfermer dans la salle de bain, à ressasser ses souvenirs, à comprendre ce qui s'était passé pour qu'elle soit arrivé à là. Elle ne pouvait pas garder tout cela en elle et la jeune femme avait besoin de le dire à quelqu'un, alors malgré ses larmes et ses bleus, elle était descendue en espérant retrouver du réconfort. Elle soupira, prête à répondre à la question de Paul.


« Je suis enceinte. »


Les deux frères se regardèrent avant de poser leurs orbes sombres sur la jeune femme qui semblait pleurer de nouveau.


« Je ne sais pas quoi faire... » S'exclama-t-elle dans un sanglot.


Paul fit un pas vers elle avant de s'arrêter ne sachant pas quoi faire pour la consoler. Comment pouvait-il la consoler de cela ? Aurore était enceinte de Ludovic et c'était une chose qui ne pouvait être qu'inconsolable.


« Viens. » Réagit Reggie en la prenant par le bras délicatement avant de continuer « Assis-toi, je vais te préparer quelque chose. »


Paul qui était encore debout à quelques mètres de la jeune femme, décida de s'asseoir auprès d'elle d'un air résigné et perturbé. Elle était enceinte, même lui, il avait dû mal à le croire. Elle avait un petit être dans son ventre, un être qui avait une partie des gènes de Ludovic... Il serra sa mâchoire en pensant soudainement à celui-ci ; il ne méritait pas d'être père vu tout ce qu'il avait fait à la jeune femme.


« Excuse-moi. »


La jeune femme pivota sa tête vers le jeune homme tout en fronçant ses sourcils. Il avait l'air perdu et gêné.


« Pourquoi tu t'excuses ? »
« Pour mon comportement de tout à l'heure. Je n'avais pas à te parler comme ça. »
« Ce n'est pas grave Paul. »


Un silence s'incrusta après ses mots alors que les remords du jeune homme s'envolèrent doucement.


« T'as plus de travail et je suis enceinte. On fait la paire quand il s'agit des imprévus. »


Paul sourit franchement à sa remarque. Elle avait totalement raison sur ce coup-là.

« Ouais... » Souffla-t-il


La voix de Reggie interrompit le silence étrange qui venait de s'imposer. Les deux jeunes gens tournèrent leur tête vers lui où ils le virent avec un grand plateau dans ses mains.


« Comme tu as l'air d'aimer les thés, on va en prendre un avec toi. »


La jeune femme sourit tout en remerciant l'aîné. Ce dernier posa le plateau puis s'assit sur le fauteuil tout en prenant une des grosses tasses. Aurore se sentit mieux et fit un petit sourire, contente d'être avec Reggie et Paul. Elle jeta un petit coup d’œil au cadet, qui ne remarquait pas son regard observateur. Il avait l'air concentré sur sa tasse, qu'il tournait sa cuillère dans le liquide chaud, comme s'il était pensif. La jeune femme cacha son rougissement derrière sa tasse tout en profitant de boire une gorgée en pensant que le jeune homme avait l'air si innocent comme cela. Elle remercia intérieurement les deux frères de ne pas parler de sa grossesse et elle savait au fond d'elle que peu importe la décision qu'elle prendrait pour son bébé, ils la soutiendrons.


« Bon il est où le programme télé ? » Demanda Reggie « J'espère que tu n'as pas fait ta séance de découpage avec ce magazine frérot. »
« Eh pour qui tu me prends là ? »


Le sourire aux lèvres, elle sécha ses larmes alors qu'elle écouta les chamailleries des deux frères d'un regard tendre.