L'Alakazam qui ne voyait pas [Aventure/AAML] TERMINEE

- Sacha ! Ne mange pas si vite, tu vas t’étouffer !
- T’inquiète pas pour moi maman ! J’ai de l’entrainement ! Répondit Sacha, la bouche encore pleine, en tendant son assiette vide à sa mère pour la troisième fois.

Ondine regarda Sacha en soupirant.

- Tu devrais en garder pour Pikachu…
- Ne t’en fais Ondine, répondit Délia. Je lui ai mis plein de pommes de côté pour son réveil.
- Merci encore de m’accueillir chez vous madame, fit alors la jolie rousse en baissant légèrement la tête.
- Mais je t’en pris Ondine, c’est normal ! Tu as des nouvelles de tes sœurs ?
- Oui, les travaux de l’arène vont durer encore quelques jours, vous aviez raison…
- Ma petite, j’ai toujours raison ! Mais toi, dis moi plutôt, tu vas bien ? Tu tiens le coup ?
- Oui, mais c’est vrai que mon arène, mes Pokémons et mes combats commencent à me manquer, je n’aurais pas cru…
- Tes combats ? S’exclama Sacha en s’incrustant dans la conversation.
- Oui, mes combats, pourquoi ?
- Je suis sûr que je te bats les yeux fermés, répondit Sacha en lui faisant un clin d’œil.
- Ce n’est pas possible ! Tu es resté la dessus ! S’offusqua son amie.
- Les enfants ! S’écria Délia.
- On n'est plus des enfants, s’amusa Sacha en tapotant sa fourchette sur son plat d’un faux air boudeur.
- Pour moi mon chéri, vous serez toujours des enfants…
- D’ailleurs maman, tu devais pas nous dire quelque chose ? Une genre d’annonce ?
- Si ! C’est vrai ! J’avais oublié ! Je pensais organiser une réception pour votre retour.
- Une réception ?! Firent Sacha en Ondine avant de se jeter un regard complice.
- Oui, une petite fête... On pourrait inviter tout le monde. Beaucoup de gens ont hâte de vous revoir… Pierre et sa femme par exemple, et nombreux de vos vieux amis !
- Oh oui ! Ce serait super madame Ketchum ! S’écria Ondine en claquant des mains plusieurs fois, j’aimerais revoir tout le monde !
- Tu avais déjà gardé le contact avec Pierre non ? Demanda Sacha.
- C’est vrai, mais ça me ferait plaisir de le revoir bientôt. Lui disons qu’il répondait aux messages hein…

Sacha fit une grimace et donna un léger coup de pied sur le mollet d’Ondine.

- Aie !
- Arrête de me chercher… Lui chuchota Sacha. C’est une super idée maman, tu voudrais faire ça quand ?
- Demain soir ?
- Demain ? Mais c’est déjà presque le début de la soirée !
- C’est vrai qu’aujourd’hui, on est un peu décalés… Soupira la mère de Sacha en se tenant la joue.
- Non, ce n’est pas ce que je voulais dire, mais maman, on n’aura pas le temps d’appeler tout le monde !
- Oh ! Ca ! Ne t’inquiètes pas mon chéri, c’est déjà fait, ils ont presque tous pu se libérer, j’ai fait tous les appels ce matin.
- Quoi ? Fit Ondine, qui avait presque avalé son jus de fruit de travers.
- Ah d’accord, en fait c’était un piège... Marmonna Sacha.
- On peut dire ça comme cela oui, répondit joyeusement sa mère, la tête penchée sur le côté dans une moue innocente.

Tandis qu’Ondine n’en finissait pas de rigoler, Sacha ne pouvait que s’avouer vaincu. Sa mère ne resta pas avec eux jusqu’au dessert. En effet, maintenant qu’elle avait vendu son secret, elle était toute excitée à l’idée de commencer les préparatifs de la fête et commençait déjà à faire la liste des courses à faire pour le lendemain.

- Ta mère est redoutable… Chuchota Ondine à Sacha d’une voix douce dans le creux de son oreille.
- Euh… Oui… Elle n’a pas changé ! Répondit celui-ci, légèrement troublé.

Tout à coup, une petite voix se fit entendre aux pieds des deux amis toujours à table.

- PiPikachu ?

Le petit Pokémon jaune sauta sur l’épaule de son dresseur. Heureux de voir son ami réveillé, Sacha alla vite lui chercher une pomme que Pikachu se mit à grignoter tranquillement. Tandis que Sacha et Ondine continuait à parler de tout et de rien, juste pour le plaisir d’échanger, le regard du Pokémon électrique fut alors  attiré par un trésor inestimable qui trônait encore sur la nappe. Dans un petit saut parfaitement maitrisé, il atterrit sur la table, trottina jusqu’à son butin et revint se poser sur l’épaule de Sacha. Malheureusement pour Pikachu, la bouteille était rebelle et quand il réussit enfin à l’ouvrir avec ses petites dents, il en répandit un bon paquet sur la casquette du jeune homme.

- Pikachu ! Ah qu’est-ce que tu as fait ! Tu as mis du ketchup partout sur ma casquette.
- Pi… Fit Pikachu, mi-désolé, mi-amusé, une pâte derrière la tête.
- C’est pas grave, je vais la laver.

Le jeune dresseur se leva, retira sa casquette et secoua ses cheveux. Ondine qui l’avait suivi du regard, ne pouvait que penser qu’il était aussi très séduisant sans sa casquette, avec ses cheveux en bataille. Après avoir passé son objet fétiche sous l’eau avec un bon coup de savon, Sacha déposa son bien sur le côté de l’évier pour qu’il sèche. Il avait réagit vite et bien, normalement la casquette devrait s’en sortir sans séquelle.

Cette mésaventure accéléra la fin du repas. Sacha et Ondine finirent donc de manger ce qu’il était impossible de considérer comme un repas de midi ou du soir, puis, après avoir tout rangé, ils allèrent aider Délia dans les préparatifs de la réception du lendemain.

Sur les coups de 22h, Sacha commença à bailler lourdement. Même Pikachu avait du mal à tenir debout, alors qu’il avait pourtant bien récupéré durant l'après-midi.

- Bon, tout le monde ! Je vais aller me coucher ! Dit-il aux autres.

Il s’approcha de sa mère et l’embrassa sur la joue pour lui dire bonne nuit. Puis, il se dirigea vers Ondine pour faire de même.

- Bonne nuit Ondine, lui dit-il, avec un sourire qui fit fondre la jeune femme.
- Bonne nuit Sacha...

Et tandis qu’Ondine savourait encore le contact de ses lèvres sur sa joue, Sacha partit se coucher, Pikachu sur ses talons.

- C’est compliqué les garçons… Dit alors Délia en soupirant.
- Pourquoi dîtes-vous cela ? L’interrogea Ondine.
- Tu devrais faire le premier pas, sinon il ne le fera jamais.
- Mais je…

La maman de Sacha haussa les épaules en souriant, puis bailla à son tour.

- Tiens, je vais aller me coucher aussi. Il faudra essayer de se lever tôt demain pour tout terminer.
- D’accord… Passez une bonne nuit alors.
- Toi aussi Ondine, répondit Délia. Et pense à ce que je t'ai dit !

Elle lui fit une bise, ferma tout, et quelques minutes plus tard, la pauvre Ondine se retrouva toute seule dans une maison où elle n’avait pas mis les pieds depuis longtemps. Elle se sentait comme une exploratrice en terrain inconnu et discrètement, elle se mit à arpenter les différentes pièces. Rien n’avait vraiment changé ici. Elle fut émue de constater que c’était comme si le temps c’était arrêté. Songeuse, la jeune femme éteignit les lumières du salon et s’assit sur le canapé, ne s’éclairant que d’une petite lampe d’appoint.

Elle prit dans ses mains un lourd carnet posé sur la table basse devant elle. A l’intérieur, se trouvait de nombreux articles de journaux découpés parlant de Sacha, ou encore des lettres qu’il avait écrite à sa mère, et même des photos qu’il lui avait envoyées. C’était étrange pour Ondine de voir tout cela, surtout que pour une grande partie, elle représentait un Sacha avait qui elle n’avait plus eu aucun contact. Perturbée, elle referma le carnet et le reposa devant elle.

Sacha… Même sa mère avait remarqué le lien si spécial qui les unissait.
Repenser à ces photos où elle n’apparaissait pas lui fit monter les larmes aux yeux. Elle ne voulait absolument pas le perdre une seconde fois et cette pensée lui ayant traversé l’esprit, elle n’eut qu’une envie, aller le retrouver.
Mais s’il la laissait tomber à nouveau ? Il avait, certes, l’air d’avoir muri, mais elle s’était tellement fait avoir par Jude...
Celui-là, juste d’y penser, Ondine sentait la rage lui brûler le sang. Elle avait dû se doucher au moins une dizaine de fois le matin même, avant que tout le monde soit levé, comme pour essayer d’enlever cette sensation de ses mains sur sa peau.
Oui, ce n’était pas de la tristesse qu’il ressentait, car elle réalisait bien qu’elle n’avait jamais vraiment été amoureuse, mais plutôt de la déception et de la haine.
Penser à Jude donna encore plus envie à Ondine d’aller retrouver Sacha pour l’oublier définitivement.
Mais elle se voyait mal débarquer comme cela à l’improviste, alors qu’il s'était déjà couché depuis plus d’une demi-heure maintenant.
Pour qui allait-il la prendre ?

La voix de Délia résonnait dans son esprit confus… Elle avait raison, il fallait qu’elle fasse le premier pas. Sacha était trop ailleurs, trop dans son monde... Il ne le ferait pas. Quelle excuse pourrait-elle donc trouver pour monter le rejoindre...
Ah ça y est ! J’ai une idée ! Se dit-elle.

Après une brève escapade à la cuisine, elle monta les escaliers sans faire de bruit.

- Sacha ? Sacha tu dors ? Chuchota-t-elle à travers la porte de la chambre du jeune homme.

Elle entendit un bruit de pas et la porte s’ouvrit, dévoilant un jeune homme en T-shirt blanc et short gris.

- Non, je dormais pas… Répondit Sacha perplexe. Il y a un souci ?
- Eu non, c’est juste que tu avais oublié ta casquette en bas et je sais que tu aimes bien toujours l’avoir avec toi ! Ce serait bête que tu la cherches partout demain matin non ?
- Elle est nulle ton excuse… Soupira Sacha en se passant la main dans les cheveux.
- Que… Quoi ? Non mais c’est pas une excuse ! Et puis une excuse pour quoi ? Tiens, regarde, je te l’ai amenée ! Répondit Ondine en brandissant la casquette pour prouver sa bonne foi.
- Merci alors, fit Sacha en la récupérant du bout des doigts.
- Bon… Et bien… Bonne nuit…
- Tu ne voulais pas parler ? Demanda le jeune dresseur.
- Parler ?
- Ne me dis pas que tu es venue juste pour ça, se justifia Sacha en montrant la casquette.
- Ca ne te dérange pas ? Il est tard…
- De toute façon, que ce soit le matin ou le soir, j’ai bien compris que tu ne me laisserais jamais dormir !

Devant la mine renfrognée de son amie, Sacha lui dit qu’il plaisantait, l’invita à entrer et referma la porte derrière elle. Ondine eut une drôle de sensation quand elle se retrouva dans cette chambre, dans laquelle aussi, le temps ne semblait pas s’être écoulé comme ailleurs. Pikachu dormait sur un coussin sur le lit, que Sacha posa par terre sans que son ami se ne réveille.

- Viens, assied-toi ! Fit Sacha en tapotant la place à côté de lui. Je ne vais pas te manger, ajouta-t-il en voyant la mine hésitante d’Ondine.

Finalement la jeune femme s'installa timidement aux côtés de Sacha.

- Tu vas faire quoi maintenant ? Commença-t-elle.
- C'est-à-dire ?
- Ben dans la vie… Tu vas repartir ?
- Je ne sais pas, peut-être. Mais j’avoue que les routes, ça me fatigue un peu maintenant. Je n’ai plus autant d’énergie qu’avant, soupira Sacha en se laissant tomber en arrière sur la couette, les bras derrière la tête.
- C’est vrai que ça n’a pas du toujours être évident…
- Et toi, tu vas faire quoi ? Tu as dit que ton arène te manquait ?
- Oui… En fait, j’ai réalisé que j’aimais beaucoup mon travail de championne, c’est juste que j’aimerais le faire comme je l’entends.
- C'est-à-dire ? Demanda Sacha, curieux.

Ondine balbutia alors quelque chose d’incompréhensible.

- J’ai rien compris… S’en amusa Sacha, moqueur.

Ondine se laissa tomber en arrière sur le lit à côté de son ami.

- Je disais que j’aimerais bien ouvrir un parc aquatique à côté de l’arène avec un centre de recherches pour Pokémons Eau… Je pourrais voyager un peu pour exposer mon projet et avoir des financements, je pense que…
- Ce serait une super idée ! Fit Sacha, tout sourire.
- Tu trouves ?
- Oui, ce serait génial. Moi je pourrais ouvrir un genre d’école de dresseurs Pokémon avec des stages, des trucs comme ça…
- Ahah ! J’aimerais bien te voir être prof !
- Pourquoi pas ? Il n’y en a pas à Azuria en plus je crois.

Le cœur d’Ondine se serra dans sa poitrine.
Avait-elle bien entendu ce qu’elle venait d’entendre ?
Sacha parlait d’Azuria ?
Est-ce que c’était sensé vouloir dire quelque chose ?
Pourtant le jeune homme s’était tourné vers elle et la regardait de ses grands yeux sombres comme si de rien n’était.

Alors, Ondine s’assit en tailleur sur les couvertures, sortit de sa poche quelque chose de tout froissé, qu’elle déplia et tendit à Sacha.

- Je ne sais pas si tu le veux encore… Dit-elle à voix basse.
- Oh… C’est toi qui l’avais… Fit Sacha en prenant le mouchoir et en le regardant avec nostalgie. Tétais vraiment amoureuse de moi alors… C’est fou…
- C’est pas drôle, marmonna Ondine.
- Tu aurais vraiment du me le dire tu sais… Pourquoi tu n’as rien dit ? Tu avais si peur que ça ?
- Et toi, pourquoi tu ne dis rien encore maintenant ? Pourquoi tu ne fais rien ? Répondit Ondine du tac au tac.

Sacha fut surpris par cette réponse aussi directe qu’imprévue.

- C’est vrai que je ne suis pas très doué avec ce genre de chose non plus… Chuchota-t-il dans la chambre, seulement éclairée d’une petite lumière accrochée au mur.
- Non, j'ai cru remarquer...

Alors Sacha prit son courage à deux mains et dépassa cette frontière qui lui aurait semblé infranchissable quelques années plus tôt. Délicatement, comme si elle risquait de s'enfuir, il posa ses lèvres sur celles d’Ondine. Son corps entier s’était comme arrêté de vivre pendant quelques secondes pour lui apporter la force nécessaire pour fournir ce geste.

- Alors, tu disais ? Chuchota-t-il la voix tremblante, son front toujours collé à celui de la jolie rousse.

Ondine plongea ses yeux clairs, où l’éclairage tamisé de la chambre faisait danser de bien jolis reflets, dans ceux de Sacha, qui tenta de maintenir son regard.

- C’était bizarre… Chuchota-t-elle en se mordillant la lèvre inférieure.
- Pourquoi bizarre ? Souffla Sacha, ses yeux plus brillants que jamais.
- Je sais pas… Répondit Ondine, mystérieuse. J’ai l’impression de faire quelque chose d’interdit, pourtant ça me semble si naturel…

Tandis qu’elle parlait, elle sentait les doigts chauds de Sacha qui lui caressaient les bras. Elle en ressentait des frissons dans tout son corps. Le jeune homme l’attira alors contre lui et l’embrassa sur le front. Collé à son torse, Ondine entendit son cœur battre la chamade dans sa poitrine.

- Tu as la chair de poule… Lui dit-il à voix basse, en faisant glisser ses lèvres dans son cou.

Ondine ne répondit pas et se laissa faire. Quand Sacha finit par revenir à sa bouche et qu’il y déposa la sienne pour une seconde fois, elle perdit de son calme et sentit une fièvre étrange lui monter à la tête. Elle rendit à Sacha son baiser et pressa davantage son corps contre le sien, ce qui les fit tomber tout deux à la renverse sur le lit.

La peau d’Ondine était douce et Sacha aurait pu l’embrasser encore et encore et encore. Quand il glissa ses doigts sous ses vêtements et les fit courir le long du dos de la jeune femme, il sentit une envie folle lui brûler tout son être. Ondine était si belle... Le creux de ses reins... La fermeté de ses cuisses...

- Je t’aime, Ondine… Depuis toujours tu sais…

Quand la lumière inonda la chambre le lendemain matin, les deux amis, qui étaient visiblement beaucoup plus que cela, eurent du mal à réaliser que la nuit n’avait pas été un rêve ou une illusion. Sacha s’était assoupi derrière Ondine, un bras par-dessus sa taille fine. Il huma avec délice les cheveux de celle-ci, avant qu'elle ne tourne la tête.

- J’ai entendu du bruit en bas… Ta mère nous avait dit de nous lever tôt…
- Descendons alors, soupira Sacha, en embrassant une dernière fois Ondine dans le cou.

La jeune femme se leva et se rhabilla avec gêne dans la lumière du jour.

- Ca ne sert à rien de te dépêcher, tu es vraiment très belle… Encore plus en plein jour, fit Sacha en souriant.

Ondine rougit légèrement à cette remarque et le remercia à demi-mot pour le compliment. Puis, les deux jeunes gens descendirent prendre leur petit déjeuner. La matinée se déroula sans encombre, dans le calme et la bonne humeur, et ils avancèrent bien leurs préparatifs pour la réception du soir qui se rapprochait à grands pas.

Tandis que la maman de Sacha étaient partis leur chercher une limonade fraiche, car la température commençait à grimper, Ondine s’écria soudain :

- Le combat !
- Quel combat ? Demanda Sacha.

Ondine se leva et se plaça face à Sacha, un sourire malicieux sur le visage.

- Tu voulais voir qui était le plus fort non ?
- C’est vrai que tu me dois un combat depuis que tu m’as retrouvée… Sourit Sacha, rentrant dans le jeu de son amie.
- Je te préviens, je vais gagner !
- C’est ce qu’on va voir ! Répondit le jeune homme en s’éloignant de plusieurs pas. Deux contre deux, ça te va ?
- Ca me va !
- Pikachu, tu es prêt ?
- Pika ! Répondit son ami, enjoué.
- Alors, quel Pokémon vas-tu choisir ?
- Ah ! tu vas voir ! Pokéball go ! S’exclama Ondine en lançant sa Pokéball dans la lumière du soleil.