L'Alakazam qui ne voyait pas [Aventure/AAML] TERMINEE

Cassandre sursauta et regarda ses amis d’un air affolé, comme un oiseau perdu.

- C’est qui ça ? Demanda Sacha, qui s’était levé immédiatement, d’un ton agacé.
- Je n’en ai pas la moindre idée, balbutia la jolie brune, tandis qu’Ondine la rejoignait dans le hall d’entrée.
- Bon, laissez-moi ouvrir, on sait jamais… Maugréa Sacha, s’avançant et poussant délicatement sur le côté ses deux amies.

Le jeune dresseur méfiant, son fidèle Pikachu aux aguets sur son épaule, saisit la poignée et ouvrit brutalement la porte de la maison. La nuit étant tombée depuis peu, tout d’abord, il ne vit rien. Puis ses yeux finirent par s’habituer et il commença à distinguer des visages figés dans la lumière rougeoyante de quelques torches de fortune qui n’éclairaient pas grand chose. Une dizaine de personnes devait lui faire face, toutes agglutinées comme des moutons dans le jardin de la maison. Sacha n’eut pas le temps de toutes les compter qu’un gros doigt boudiné vint se retrouver à quelques centimètres de son visage.

- Toi ! Rugit la même voix que tous avaient entendue quelques minutes auparavant. Oui toi !
- Euh…. Oui… Bonsoir… Balbutia Sacha.

Le jeune homme, complètement perdu, ne savait absolument pas ce qu’il était supposé répondre à cette accusation logique, mais il n’eut pas le temps de se poser davantage de question qu’il entendit ses amis qui s’était rapprochés dans son dos. Il sentit même le souffle de Cassandre dans son cou, qui, visiblement apeurée, lui murmura :

- Ce sont les gens du village…
- Les gens du village… ? Répéta Sacha, perplexe.
- Oui, laisse-moi faire, répondit Cassandre. Que voulez-vous ? Ajouta-t-elle d’une voix mal assurée en haussant le ton.
- On veut qu’il parte ! Vociféra l’homme imposant.

Sacha et Ondine se regardèrent d’un air surpris et inquiet, pour la première fois depuis la déclaration maladroite du jeune homme.
Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire ? Se demanda Sacha, troublé, de par leur situation actuelle certes, mais aussi par le regard d’Ondine posé sur lui.
Qu’avait-il bien pu faire de mal ?

- Depuis que nous t’avons aidée à le ramener chez toi, continua celui qui semblait être le chef de file, il n’est arrivé que des malheurs ici ! Nous t’avions pourtant bien dit quand nous l’avons trouvé que ce garçon était possédé !

Un murmure étouffé parcourut les villageois.

- Oui, possédé, il était possédé, fit l’un deux.
- C’est sûr… Quelle horreur… Répondit son acolyte.
- Quoi ?! Mais c’est ridicule ! S’indigna Cassandre, faisant un pas en avant.
- Alors comment expliques-tu sa disparition ? Puis l’explosion de la montagne à son retour ? Une partie de nos futures récoltes a complètement brûlé !
- Mais voyons ! S’acharna la jeune femme ! Calmez-vous, ça n’a aucun rapport, c’est une coïncidence ! C’est la Team Rocket qui…
- On ne croit pas aux coïncidences ! Hurla l’homme effrayant jusqu’à en faire frémir son visage flasque.

Un nouveau murmure parcourut la petite assemblée.

- Non, on ne croit pas aux coïncidences, reprit un villageois, bientôt soutenu par d’autres.
- Cassandre, fit le chef, se voulant plus calme. Ecoute-moi bien. Nous t’avons aidée depuis la disparition de ton frère. Nous voulons que ses gens partent. Sinon, tu peux nous oublier… Siffla-t-il. Est-ce que tu comprends ? Finit-il par conclure, en appuyant bien sur chaque syllabe.

Les yeux bouffis de l’homme sinistre sondaient ceux de Cassandre, impuissante, qui commençait à vaciller. Robin tenta alors de s’interposer entre la jeune femme et les villageois.

- Enfin messieurs ! Fit-il d’un air faussement jovial, je suis certain que nous pouvons nous arranger comme des adultes responsables !

Malheureusement, le mari de Morgane ne reçut aucune réponse à son appel au calme. Il sentit simplement des regards effrayés posés sur lui, rongés par des croyances infondées, mais il prit surtout peur quand il vit la torche de l’un des villageois se rapprocher dangereusement des plantes du jardin. La main de sa femme se posa alors tranquillement sur son épaule. Morgane dépassa son mari. Elle avait déjà son sac sur le dos et était prête à partir.

- Cela ne sert à rien de rester ici, dit-elle calmement.

Puis, s’adressant à Cassandre, elle ajouta :

- Merci pour votre hospitalité, mais nos chemins se séparent ici.
- Que ? Quoi ? Bégaya Cassandre, démunie face à l’assurance de cette femme déterminée.

Robin soupira et se retourna pour prendre Cassandre dans ses bras. Son étreinte presque paternelle rassura quelques secondes la jeune femme.

- Ne t’inquiètes pas, nous trouverons un autre endroit pour dormir. Nous reviendrons vous voir quand Abra aura reprit contact et que nous aurons retrouvé cet Alakazam… Lui murmura-t-il dans le creux de l’oreille.

Cassandre pensa à sa sœur, à son grand-père. Elle qui croulait sous le poids des responsabilités et qui n’avait pas vraiment le choix, acquiesça tristement. Encore une fois, elle allait voir ses amis s’en aller… Et elle, elle resterait ici.

Robin prit Sacha, médusé par ce qu’il venait de se passer sous ses yeux, par le bras. Suivit par Ondine, ils allèrent donc chercher leurs sacs dans le salon et firent chacun leurs au revoir à leur hôtesse et sa petite sœur qui sanglotait tristement. Ondine serra la main de Cassandre en la remerciant pour tout ce qu’elle avait fait pour eux et pour la première fois depuis qu'elle l'avait rencontrée, Cassandre distingua dans les yeux de la championne d’Azuria un peu de chaleur qui lui était sûrement destinée.

Finalement, on aurait peut-être pu devenir amie, se dit-elle.

Sacha serra à son tour la main de Cassandre et lui assura qu’ils reviendraient tous la voir. Que cette fois-ci ce n’était qu’un au-revoir et non des adieux. Cassandre essuya une larme timide sur sa joue et sous le regard insistant des villageois remontés, le petit groupe d’amis quitta la demeure de la jeune femme qui les avait si gentiment accueillis.

Robin, en tête de la file avec Morgane, éclairait leur chemin d’une lampe torche à la lumière assez faible. Ondine s’était mise juste derrière Sacha, l’angoisse de passer la nuit dehors commençant à envahir ses pensées. Personne ne disait mot et tous marchèrent ainsi quelques minutes, dans un silence maladif, jusqu’à ce que les lumières des torches, les plaintes infondées des villageois, les pleurs de Mimi et la chaleur de la maison de Cassandre ne soient plus perceptibles.

Ondine finit par prendre le bras de Sacha, terrorisée de voir tous ces yeux brillants posés sur elle. Surpris par son attitude, Sacha tourna la tête vers elle, mais elle détourna le regard et marmonna :

- Je déteste les insectes.
- Je me doutais que ça n’avait pas changé, répondit Sacha d’un ton faussement moqueur, rompant la pesanteur du moment.

Sa remarque eut le mérite de faire sourire la jolie rousse, bien qu’elle n’en oublia pas sa peur pour autant.

- Bon… Que fait-on ? Demanda Robin, le plus pragmatique de tous. On ne va pas marcher toute la nuit, il faut bien que l’on se repose.
- Moi ça ne me dérange pas de marcher toute la nuit, répondit calmement Morgane. Mais je pense que les petits sont un peu fatigués.
- Les petits ?! Non, mais merci ! Firent Sacha et Ondine à l’unisson, devant Morgane, amusée de leur comportement prévisible.
- Bon… J’ai compris, fit Robin. On va se trouver un petit endroit sympathique pour camper et on avisera demain matin.
- Camper ?!! Paniqua Ondine. Dehors ? Là ? Dans cette forêt qui grouille d’insectes affreux ! Vous êtes fous ! Ils vont me dévorer, ils vont…
- Ondine ! Ça va, calme toi ! L’interrompit Sacha. Ce ne sont que des insectes ! Ils ne vont pas t’attaquer ! Au pire, ils vont remonter un peu sur toi, glisser comme ça… Continua Sacha, sadique, en agitant ses doigts sur l’avant bras de la dresseuse.
- Aaaahhh ! Ne dis pas ça ! Je te déteste ! Je te déteste ! Arrête !

Sacha, hilare, tenta de se maitriser, sous le regard perplexe de Robin qui se dit qu’après tout, Morgane avait raison ; les deux jeunes gens devaient être bien fatigués pour rire nerveusement comme le faisait Sacha ou pour s’énerver aussi facilement comme le faisait Ondine.

- Bon ! C’est décidé ! Nous campons ! Affirma-t-il devant une triste rousse en décomposition. Suivez-moi, on va se trouver un coin sympa!

Après une petite demi-heure de recherche, entrecoupée par les petits cris d’Ondine qui avait l’impression de sentir « ces sales bestioles », comme elle aimait à le dire, sur ses vêtements, le petit groupe tomba sur une clairière agréable et Robin décida que c’est ici qu’ils établiraient leur campement pour le reste de la nuit.

Pendant ce temps, chez Cassandre, l’atmosphère s’était relativement apaisée à partir du moment du moment où Sacha et ses amis avait franchi le portillon et s’étaient engagés sur le chemin de la forêt. Au fur et à mesure que le temps passait, les villageois s’étaient calmés et chacun était retourné chez soi.

Cassandre, Mimi dans ses bras, était donc rentrée chez elle. Elle était si triste que tout le monde soit parti. Sa maison avait l’air immense et tellement vide sans ses nouveaux amis. Et puis elle était si épuisée… Elle n’avait pas l’habitude de tant de chamboulement dans sa petite vie tranquille. Mais si Sacha était revenu une fois, il reviendrait encore. Elle croyait en lui de tout son être et elle commençait à vraiment apprécier les amis du jeune homme, même Ondine, étonnement.

Après avoir fermé derrière elle à double tour, elle conduit Mimi jusqu’à sa chambre, la consola et éteignit la lumière. Puis, elle descendit voir Jessie et James dans la chambre d’amis, mais fut bien étonnée de constater que James avait disparu.

Pourtant, il ne me semble pas l’avoir vu partir avec les autres, se dit la jeune femme. Tiens, qu’est-ce c’est que ça ?

La jolie brune s’avança vers la table de chevet ou une petite note rédigée d’une main maladroite semblait l’attendre.

« Merci de bien prendre soin de Jessie, j’ai des affaires à régler. Je reviendrai la chercher bientôt. James.»