Disclaimer: Les personnages ne sont pas de moi.
Chapitre 5: L'horreur de la vérité« L'amour fait mal. Cela à toujours était le cas. Et quelquefois je me demande si cela ne détruit pas autant que la haine...»
Oohfemmeluxieuse
Le réveil était douloureux. Très douloureux.
Ondine se leva de son lit avec un épouvantable mal de crâne. Elle marcha doucement vers la salle de bain et se rinça le visage. Dès qu'elle vu son reflet, elle ne pu s'empêcher de lâcher un petit cri. Son maquillage avait coulé, ses yeux étaient soulignés de cernes, malgré qu'elle s'était profondément endormi cette nuit. Elle était toujours habillée de sa robe rouge. Elle continua à se rregarder dans le miroir tout en soupirant.
« Mais qu'est-ce qui s'est passé? »
Quelques souvenirs revinrent dans sa mémoire. L'amertume au bar lui revint au galop. La jalousie qu'elle avait éprouvé à tout ces couples qui avaient dansés sur la piste lui fit une grimace devant son miroir. Elle se rappela de la révélation de sa grande sœur.
« Merde. »
Elle ne souvenait plus de rien d'autres. Elle partit chercher son jogging et un haut simple dans sa chambre puis elle revint dans la salle de bain pour prendre une douche.
Vingt minutes plus tard, la porte s'ouvrit sur une Ondine un peu mieux en forme. Lorsqu'elle arriva dans le salon, elle aperçu Sacha se lever du canapé.
« Coucou, bien dormi? »
Sacha se tourna vers la rousse tout en passant sa main dans ses cheveux noirs.
« Je...euh... »
Il ne savait pas quoi répondre. Lui dire finalement qu'il n'avait dormi qu'une petite partie de la nuit ? Lui mentir, et dire qu'il avait super bien dormi? Lui révéler qu'il avait la mémoire rempli de souvenirs et que lorsqu'il fermait ses yeux, il repensait à la scène dans la chambre? Non, il allait faire comme d'habitude.
« Et toi? »
Esquiver les questions, voilà ce qu'il avait fait.
« Je...euh.. je ne sais pas trop. J'ai encore mal à la tête et puis...mais c'est quoi ce suçon sur ton épaule?! »
Sacha regarda son épaule et blanchi à cette vue. Elle ne l'avait pas raté.
« Mais il est énorme! »
Énorme. C'était le bon mot. Il faisait la moitié de son cou et de son épaule. Vraiment, elle l'avait bien marqué. On peut dire que c'était bien ancrée dans sa peau.
« Celle qui t'a fait ça, devait être accro à toi. »
« Ondine. »
« Tu as déjà une nouvelle petite amie ?!»
Celle-ci ne l'écoutait pas, elle était déjà à fond dans son monologue.
« Ondine. »
« Faudra que tu me la présente, hein... et puis... »
Sacha soupira tout en faisant un petit sourire. Des fois, il se demandait comment elle pouvait autant parler en si peu de temps?
« Ondine !! »
La concernée posa son regard sur lui, silencieuse.
« Euh...ce suçon, c'est toi qui me l'a fait. »
Silence. Amer. Déconcertant. Affligeant.
« Quoi? »
La voix d'Ondine fut tout petite et fluette, perdue déjà dans le vide.
« Euh... dis-moi, je n'ai pas toute ma mémoire, donc.... »
Elle s'était interrompue, un peu gênée. Elle tortillait ses mains tandis que Sacha comprit soudainement sa pensée.
« Ne t'inquiète pas. On ne l'a pas fait. »
Lui aussi se sentait gêné face à cette pensée pas très catholique. Il la vit soupirer de soulagement.
« Tu as une sale tête. »
Sacha la regarda comme si elle venait d'un autre planète. C'était elle qui osait dire cela.
« Moins que la tienne en tout cas. »
Ondine sourit face à sa réponse tout en se dirigeant vers la cuisine pour se préparer un cas-croute.
OOooOOooOO
Quatorze heures. Ondine s'était finalement recouchée dans son lit tandis que Sacha essaya de mettre ses idées en place. Assis sur le canapé où il apercevait son reflet dans l'écran noir de la télévision, il semblait pensif. Il réfléchissait. Il n'y avait aucun bruit, juste le tic-tac de la pendule accrochée sur l'un des murs du salon qui résonna inlassablement. Il semblait figé. Il ne bougeait pas, comme une réelle statue. Les minutes passèrent. Lentement. Atrocement. Horriblement. Sa tête appuyé contre ses paumes, il laissa échapper un bref soupir de ses lèvres sèches. Il les humecta, sans oser bouger une infime partie de son corps. Soudain, le regard d'une rare détermination, il se leva du canapé, prit le double des clés, et d'un pas rapide, quitta le domicile.
Le manteau non fermé, les cheveux toujours aussi en bataille, Sacha venait de courir après le bus. Tout essoufflé, il remercie le conducteur de l'avoir attendu tandis qu'il cherchait au fond de sa poche, sa carte de transport. Après l'avoir validé, il s'installa à une place du fond, à coté d'une vitre légèrement sale. Il guetta sa montre, il était quatorze heures et cinquante deux minutes lorsqu'il avait passé la moitié du trajet. Il mordilla sa lèvre inférieure comme à son habitude, alors que des doutes s'insinuèrent en lui.
Trente minutes plus tard, il appuya sur le bouton afin de demander l'arrêt tout en se levant de son siège. Il parcourut l'allée puis arriva devant la porte de derrière tout en tenant sa main sur une barre. Dès que le bus se stoppa devant l'arrêt concerné, les portes s'ouvrirent sur le jeune homme qui descendit rapidement sur le trottoir en béton. Tandis que le bus continua son chemin, Sacha traversa la route afin d'accéder au trottoir d'en face. Après quelques rues qu'il emprunta, le jeune homme arriva enfin devant une école primaire récemment construite. Il regarda sa montre, qui afficha quinze heures et cinquante minutes. Il s'assit sur un banc, pas loin de là, alors que la pluie commença à tomber ses premières gouttes.
La pluie qui s'éclata sur le banc, sur le sol, discrètement. Le vent tiède qui souffla sauvagement, qui décoiffa encore plus ses cheveux, qui humidifia ses yeux légèrement.
« Toi? Mais qu'est-ce que tu fais là fiston? »
Une grimace amère se forma sur son visage en entendant cette voix familièrement masculine ainsi que ses mots qui sonnèrent si faux. Aucun regard n'était échangé. Sacha tourna à peine sa tête vers l'homme qui se tenait à coté lui, sous son parapluie. Il fixait l'école sans oser détourner ses yeux vers cette personne qui se considérait comme son père.
« Surtout ne me répond pas. »
La pluie battait encore. De plus en plus fort. De plus en plus brutale. Elle était soudainement violente.
Depuis tout ce temps, il n'avait pas changer ses habitudes soupira Sacha.
« ça ne se voit pas ? J'attends ma petite sœur. »
Il l'écœurait. Encore plus qu'avant. Depuis toujours.
Les cheveux trempés, Sacha mit finalement sa capuche alors que la sonnerie de l'école primaire venait tout juste de sonner.
Il s'avança vers l'établissement suivit de son peau-père,qui lui, fronça ses sourcils face au comportement étrange de son beau-fils. Il se demandait vraiment quelle était la vraie raison de sa présence. La gardienne de l'école ouvrit la grande grille afin que les premières classes arrivées puissent sortir. Des cris d'enfants résonnèrent peu à peu au fil des foules qui vinrent. Sacha observa les environs alors que son impatience devenait de plus en plus intense. Les deux hommes virent une tête blonde qui venait de sortir. La petite Clara, les yeux pétillants, sourit à la vu de son grand frère.
« Sacha ! »
Ses petites couettes se balancèrent au rythme de sa course improvisée. Son grand cartable qui semblait peser lourd sur ses petites épaules frêle, était à moitié fermé. Sacha se baissa vers elle, pour l'attraper dans ses bras sous le regard neutre d'Antoine. Après l'étreinte fraternelle, Clara fit la bise à son père, qui ce dernier profita de la serrer fort sous le regard songeur de Sacha.
« Tiens, ton goûter. Met toi bien sous le parapluie. Il pleut beaucoup ma chérie. »
La petite fille lui obéit tout en commençant à déguster ses petits biscuits tandis qu'Antoine prit le sac à son épaule.
« T'en veux? »
Sacha sourit à la proposition de sa petite sœur. Il lui répondit non de la tête.
« Je n'ai pas faim. »
La pluie s'était calmée depuis peu. Malgré les gouttes qui tombèrent toujours, Sacha avait retiré sa capuche de son crâne. Cela ne le dérangeait pas de marcher sous ce temps pluvieux.
« T'es sûr ? »
Elle n'allait pas lâcher l'affaire ! Il lui répondit non. Sacha ne put s'empêcher de la regarder tout en souriant. Le caractère de cette petite lui faisait rappeler vaguement celui d'Ondine. A cette pensée, il se perdit dans ses souvenirs. Il se revit à l'époque du lycée lorsqu'il n'arrêtait pas d'embêter la rousse sous le regard moqueur de Pierre. Un autre souvenir lui ramena dans les couloirs du bahut sous une fameuse crise d'Ondine, son foutu inquiétude pour tout et n'importe quoi. Il avait bavé de ses crises de paniques. Sacha sourit, le regard dans le vide.
« Tu vas voir maman ? Elle va rentrer du travail. »
La voix fluette de Clara lui fit revenir à la réalité.
« Euh...oui. »
Il secoua la tête tout en se maudissant d'avoir eu sa soudaine nostalgie. Après quelques minutes de silence, ils arrivèrent devant le pavillon. Une voiture s'arrêta devant le portail , où on vit sortir Délia du véhicule, le sac à main à son épaule. La petite fille courut jusqu'à sa mère, qui l'attrapa tout en lui faisant pleins de bisous.
« Oh ma petite Clara, tu m'as manqué aujourd'hui. »
Le rire de Clara semblait atténuer le bruit de la pluie.
« Maman arrête ! »
Sacha regarda la scène avec un air de mélancolique. Cela ne lui rendait rien de bon de se rappeler de son enfance. Mais il était accroché à lui comme ses silences mystérieux.
« Sacha? »
Délia venait de remarquer la présence de son fils. Elle sourit.
« ça me fait plaisir de te voir. Viens ,entre. »
Le jeune homme suivit le couple jusqu'au seuil de la porte. Après que Délia déverrouilla la porte, elle laissa ses deux enfants rentrés, puis elle passa le seuil tout en enlevant ses chaussures à talons qui faisaient souffrir ses pieds depuis un petit moment déjà. Sacha fit de même puis déposa son manteau sur le porte manteau accroché au mur en face de lui. Il observa les lieux: rien n'avait changer. Le même papier peint beige, les mêmes photos accrochées aux murs, les mêmes meubles, la même atmosphère, ce même regard qu'il sentait brûler sur sa nuque. Sacha se retourna tout en détournant le regard, mal-à-l'aise. Son beau-père le fixait sans ciller, la même étincelle dans son regard. Il savait à quoi Sacha pensait. Et le jeune homme n'aimait pas cette situation délicate.
« Voilà, maintenant tu peux aller regarder la télévision. »
Délia venait de finir de retirer les bottes de sa fille. Elle se tourna vers Sacha, et le prit dans ses bras.
« Comment vas-tu? »
Toujours serrer à sa mère, Sacha répondit tant bien que mal à sa question. Il ne savait pas quoi dire à cette simple question.
« ça va. »
Réponse courte et sans précision. C'était la réponse parfaite. Ce n'était ni un « bien », ni un « ça peut aller ». Il ne fallait pas qu'un seul doute provoque chez Délia une quelconque inquiétude. Mais c'était bien connu, Délia s'inquiétait toujours, pour tout et pour rien.
« Tu es sûr? tu me dirais si quelque chose n'allait pas? »
L'impression qu'elle avait un don pour apercevoir les signes du malaise, les signes du mal être. Est-ce qu'elle se doutait que son fils n'allait pas bien ? Avait-elle des doutes sur la précarité de son fils? Qu'il n'avait ni son propre logement, ni de travail? Après tout, rien ne montrait qu'elle le savait....
« Ne t'en fais pas, ça va. »
Après le tendre restreinte, Délia lui proposa des boissons, celui-ci refusa.
« Tu es toujours chez toi Sacha, ne croit pas que tu es parti il y a trois ans que tu ne peux pas te sentir comme avant. »
Sentir comme avant. Les mots défilèrent dans la tête du brun. C'était si simple à dire... Et dans le fond, il se sentait un peu comme avant, mais à quel point ? Au point de vouloir fuir? Comment était-ce possible? Il vit Antoine s'asseoir sur la canapé à coté de Clara. Il allait se diriger vers eux pour juste se rassurer de ses mauvaises pensées quand sa mère l'appela dans la cuisine.
Il traversa l'encadrement de la porte, et pensa que finalement c'était peut-être le bon moment de lui révéler ce lourd secret...
« Peux-tu prendre le saladier dans le placard du haut? Je n'arrive pas à l'atteindre. »
Il acquiesça puis fit ce qu'elle demanda. Après avoir déposé le saladier sur la petite table de la cuisine, Délia lui remercia d'un sourire.
« Je ne pensais pas te revoir de si tôt. Ne travailles-tu pas aujourd'hui normalement ? »
« Oh c'est ma semaine de congés. »
Menteur ! La petite voix dans sa tête lui criait d'arrêter de mentir, lui hurlait de dire cette dure vérité. Sacha se détestait à ce moment-là.
« Ah oui? ça te ferai du bien de te reposer un peu. Tu as une petite mine quand même.»
Tout cela à cause d'une Ondine complètement torchée qui avait décidé d'assouvir ses désirs.
« Ne t'en fait pas maman, je vais bien. »
Face à lui, Délia le regarda intensément. Elle le trouvait changer. Il était encore plus réservé pensa-t-elle, peut-être l'avait-il toujours été? Elle caressa la joue de son fils tout en le regardant avec tendresse.
« Par moment, en te regardant, j'ai l'impression de revoir le visage de ton père. Tu lui ressembles de plus en plus.»
Surpris, Sacha ne s'y attendait pas à ce que sa mère lui face référence à son père. Cela fit tellement longtemps qu'elle ne lui avait pas révélé cette pensée. La main toujours sur la joue de Sacha, Délia la retira délicatement lorsque le jeune homme décida de la retenir. Sa main sur la sienne il ferma les yeux lors de quelques secondes.
« Il me manques. »
« Je sais, il me manques aussi. Alala... je me demande à quoi te sert la capuche si tu ne la met jamais lorsqu'il pleut.»
Sacha sourit face à sa remarque. Depuis tout petit , elle lui disait la même chose et rien n'y changeait.
« Viens dans la salle de bain, je vais te passer une serviette.»
Ils passèrent dans le salon, où il n'y avait aucune présence, seul la télévision était encore allumée. Délia soupira tout en prenant la télécommande dans sa main.
« Ce n'est pas en laissant la télé allumée qu'on fera des économies... »
Pendant que Délia dit sa réflexion tout haut, Sacha lui, se sentit soudainement mal. Il vit la porte de la cave entre-ouverte, et ne put s'empêcher de repenser à ce qui s'était passé dans ce lieu quelques années auparavant.
« Sacha? Est-ce ça va? Tu es tout pâle. »
Délia s'approcha de son fils, inquiet.
« Tu veux peut-être t'asseoir, on dirait que tu as vu un fantôme. »
Elle n'en était pas loin. Un fantôme, c'était tout comme. Cette maison était rempli de fantômes. C'était des fantômes de son passé.
« Maman, je... il faut que...»
Sacha n'arrivait même plus à parler correctement.
« Tu me fait peur Sacha. Qu'est-ce qui se passe? »
Face à lui, elle le tenait par ses deux bras, tellement, elle craignait de le voir s'écrouler.
« Il faut que je dise quelque chose. »
Il pivota sa tête vers la porte de la cave, ses yeux ne fixait qu'elle. Délia suivit le regard de son fils, les sourcils froncés.
« Qu'est-ce qui se passe? Dis-moi, tu m'inquiètes. »
Elle tourna la tête de Sacha vers elle, avec ses mains et l'observa avec un regard intense et inquiet. Elle lisait de la peur dans ses yeux sombres. Jamais elle ne l'avait vu dans cette situation.
« Viens assis-toi. Je te rapporte un verre d'eau. »
« Non. »
Délia essaya de comprendre ce qui se passait. Ils n'avaient pas bouger.
« Dans la cave, il faut ramener Clara...»
Sa gorge était sèche et sa voix enrouée ne cessait de trembler. Délia ne comprenait pas pourquoi il voulait qu'on remonte Clara de la cave. L'angoisse commençait peu à peu à s'insinuer dans son corps. Elle avait soudainement peur.
« Oh mon Dieu, j'aurai du te le dire avant. Maman, Antoine, il...il...»
Les mots étaient bloqués au fond de sa gorge. Cela lui brisait la voix, cela lui brûlait ses tripes. Cela le rendait si peureux. Si lâche. Oui, Sacha était apeuré à l'idée de lui dire. Il avait la trouille, comme jamais. Peur de sa réaction. Peur qu'elle le rejette. Peur qu'elle ne le croit pas. Peur de tout.
« Quoi Antoine? Qu'est-ce qu'il y a? »
Leurs yeux se croisèrent, et le temps fut soudainement arrêté. Et dans son regard, Délia avait compris.
« Non... ce n'est pas possible. »
Un murmure. Une vérité.
« Maman, je suis désol... »
« Tais-toi. »
Elle l'avait interrompu. Tout ce bousculait dans sa tête. Elle recula de quelques mètres de lui. Elle ne savait plus trop quoi penser , quoi dire.
« Oh Clara... »
Elle partit en courant vers la cave. Elle ouvrit la porte brutalement et rapidement, complètement paniquée, tandis que Sacha s'écroula, les genoux sur le sol, comme si le poids de cette révélation l'avait anéanti: ce fut malheureusement le cas. Il ne sentait plus ses jambes, comme s'il avait soudainement aucune sensation. Quelques minutes plus tard, Délia remonta, tenant sa fille dans ses bras.
« Où vas-tu chérie? »
La voix d'Antoine résonna dans cette atmosphère froide.
« Je.... j'ai décidé d'emmener Clara à la boulangerie. »
Elle avait cherché une excuse pour éloigner Clara de son père.
« Clara met ton manteau, on va choisir des gâteaux pour ce soir. »
« Oui ! »
Pendant ce temps, Sacha avait réussi à se relever, il était assis sur le canapé, un peu déboussolé.
Dans la précipitation, Antoine croisa le regard de son beau-fils. Il avait soudainement un doute. Sacha détourna le regard, complètement perdu. Et malgré l'angoisse, Délia avait assisté à cette scène, tout se demandant si son fils ne lui cachait pas encore des choses....
La pluie venait de s'arrêter alors que des faibles rayons de soleil apparurent à travers les nuages gris du ciel.
« Ah maman, regarde le chien, il a pleins de points noirs ! »
La voix aiguë de la petite fille, était rempli d'étonnement et d'amusement.
« C'est un dalmatien ma chérie. »
« C'est marrant comment il est !»
Délia la regarda, la mémoire rempli de pensées. Elle se battait avec sa conscience, elle se sentait perdue. La mère et la fille étaient bientôt arrivées devant la boulangerie quand brusquement Délia s'arrêta et se baissa à la hauteur de Clara.
« Ma chérie, est-ce que papa t'as fait du mal? »
Il fallait absolument qu'elle le sache. Elle ne pouvait plus supporter ces doutes, faire le contre et le pour.
« Non. »
« Tu es sûr ? Mon cœur, il faut me le dire s'il fait des choses étranges. »
Clara resta silencieuse. Délia avait compris qu'elle n'aurait rien de plus que son silence. Et ce silence était encore pire que les mots. Elle lui fit un câlin tendre avant de se relever et de continuer à marcher afin d'arriver devant la boulangerie, puis de rentrer dans celle-ci, tout en tenant fort sa petite main tiède dans la sienne.
OooOOooOOoO
Le silence. Simplement. Celui de l'un. Celui de l'autre. Le silence répugnant et pesant. Les mots absents qui espéraient sortir afin de le briser entièrement. Les doutes, les regrets, les remords. Tout se mélange. Depuis le départ de Délia et de Clara, Sacha et son beau-père Antoine étaient restés à leur place, sans dire un seul mot. L'impression que des heures étaient passées alors que ce fut que quelques lentes minutes qui s'écroulèrent. Son regard qui transperçait sa peau, qui brûlait son corps entier...
« Arrête. »
Antoine qui fronça les sourcils de plus en plus, s'avança tel un chasseur qui s'approchait de sa proie.
« Que j'arrête quoi?! »
Il savait très bien que son beau-fils n'aimait pas quand il le fixait comme il le faisait. Mais avec le temps,il devait s'y habituer pensa-il, rageur.
Sacha se leva en apercevant cet homme qui venait vers lui, avec une expression traduisant la colère. Sacha resta silencieux face à ce changement soudain de comportement. Il s'éloigna un peu de lui tout en se dirigeant de l'autre coté de la pièce.
« Il se passe quoi avec ta mère? Elle avait l'air bizarre.»
Sacha contourna le canapé, tandis qu'Antoine s'arrêta tout en le fixant.
« Rien. Il ne se passe rien. »
L'angoisse monta en lui. Il triturait ses mains nerveusement, tout en appréhendant les futurs réactions de son beau-père. La colère de ce dernier commença peu à peu à augmenter.
« Sacha... »
Un murmure qui résonna amèrement dans le salon. La voix grave d'Antoine semblait être douteux. Il dirigea vers lui d'un pas rapide puis le prit par le col de sa chemise avec énervement.
« Qu'est-ce que tu lui as dit?! »
Effrayé, Sacha ne répondit pas à la question. Antoine le plaqua au mur, sa bouche collée contre son oreille telle une horrible sangsue.
« Alors fiston, tu as perdu ta langue? »
« Lâche-moi. Toute façon, elle est au courant pour Clara. T'es écœurant! »
Sacha essaya de se dégager. Il sentit le poids de son beau-père sur son corps, alors qu'une grimace de douleur se forma sur son visage: Antoine lui serrait très fort son poignet.
« Arrête... s'il te plaît. »
Sacha réussit à le bousculer ainsi il pouvait respirer un bon coup. Il regarda l'état de son poignet où on pouvait apercevoir une trace rouge.
« Elle est au courant... »
Il était essoufflé, à cause de son angoisse qui l'avait privé d'oxygène pendant de longues secondes. Il vit un sourire sardonique sur le visage d'Antoine. Ce dernier le regarda reprendre son souffle. Il aimait le voir angoisser, dans la terreur, être complètement perdu: c'était un peu sa marionnette, et malgré que cela soit le fils de la femme qu'il aimait, il ne put s'empêcher d'avoir un sentiment de satisfaction.
« Impossible. Elle ne te croirait pas. »
Comment peut-il être aussi sûr de lui? Comment peut-il changer de comportement en si peu de temps? Il était étrangement calme. Un peu trop calme pour une situation délicate. Sacha fronça ses sourcils face à ces mots.
« Ta fierté te perdra. Clara sera enfin loin de toi et de tes affreuses manigances douteuses .»
Et un nouveau placage au mur surgit tout à coup.
« Jamais ! Tu m'entends? Jamais on m'enlèvera Clara ! Ni toi, ni personne. »
La respiration saccadée, Sacha fut surpris par cette soudaine réaction. Le manque d'oxygène revint au galop alors qu'Antoine le fixa dans son regard.
« Tu as peur de moi, n'est-ce pas? » Chuchota-t-il
Aucun mot ne sortit de la bouche du jeune homme. Tétanisé par cette étincelle qu'il voyait dans ses yeux clairs, Sacha ne faisait aucun geste pour déguerpir loin de lui. Comme une habitude, il tourna sa tête vers cette porte toujours entrouverte, qui était la cave alors que des souvenirs de son enfance apparurent dans sa tête malgré lui. La crainte grossissait de plus en plus, ce qui lui faisait une boule de frayeur aux creux de son estomac. Son beau-père suivit son regard tout en souriant de nouveau.
« La cave t'a manqué à ce que je vois. »
A l'entente de ces mots, Sacha réagit au quart de tour. Il risqua tant bien que mal d'échapper à son beau-père, mais rien n'y fait, il était toujours collé au mur. Antoine le regarda faire, le visage complètement neutre.
« Tu n'as pas assez de force pour te libéré fiston. »
Sacha ne supportait plus qu'il l'appelait comme cela.
« Je ne suis pas ton fils. » Murmura-t-il.
C'était peut-être la phrase en trop. Antoine l'écrasa de plus en plus fort contre le mur.
« Ce n'est vraiment pas sympa. Ta mère serait déçu d'entendre ça. Elle, qui espérait tellement qu'on soit en bons thermes. »
Antoine vit son beau-fils s'énerver.
« Non ! Elle sait très bien que je n'ai qu'un seul véritable père, et que ce n'est pas toi! »
Brutalement, un coup partit. Replié contre le mur, la main sur son visage, Sacha sentit son sang coulé à son nez. Alors là, il ne s'y attendait pas à cela. C'était la première fois qu'Antoine levait la main aussi durement sur lui.
« Tu peux me donner autant de coups que tu voudras, rien n'y changera. Jamais je n'accepterais d'être ton fils, et Clara ne sera bientôt plus à tes cotés.»
Il vit les mains d'Antoine se serrer en poings, avec un regard rageur. Il releva la main sur son beau-fils, lorsque celui-ci lui empêcha de finir son action. Il lui donna un coup pied, tandis que le chef de famille réussi à lui rendre un autre coup au niveau du ventre. Sacha se plia sur son ventre, tout en supportant la douleur. Antoine enchaîna en le prenant de nouveau par le col de sa chemise grise, alors que la porte de la cave fut ouverte complètement lors des dernières minutes d'agitation. La bagarre continua toujours dans cette atmosphère lourde, tandis qu'Antoine reprenait toujours le dessus dans ce combat qui semblait interminable. Et au fil des actions brutales, Sacha trébucha à la première marche des escaliers qui menait à la cave. Un bruit assourdissant résonna dans la noirceur du couloir suivit d'un « boum » qui fonda un inquiétant silence. À la porte, Antoine perdu dans sa rage, essaya de se calmer. Il tâtonna l'interrupteur afin d'éclairer la lumière puis descendit.
« Sacha? »
Aucune réponse. Le silence était toujours là et si pesant. Il continua son chemin afin d'atteindre le sous-sol puis il vit le jeune homme étalé sur le sol qui peinait à se relever malgré le grand choc. Ce dernier sentit derechef son nez saigné tandis qu'il se releva doucement et péniblement, ne tenant guère sur ses jambes devenues tremblantes. Et pendant un instant, en voyant l'état du jeune brun, Antoine avait subitement pitié de lui.
« Je ne te pensais pas si résistant. »
La moitié du visage de sang séché, Sacha osa à peine le regarder en face. Il réalisa qu'il était dans l'endroit dont il ne voulait absolument pas y mettre les pieds. Il soupira d'agacement sous le regard sévère d'Antoine. Ce dernier le dévisagea depuis quelques minutes déjà, tout en se demandant comment il pouvait tenir encore sur ses jambes après la bagarre imprévue et cette chute dans les escaliers. Il remarqua qu'il avait l'air épuisé, ce qui ne l'étonnait guère. Il le vit remonter mais il l'empoigna pour l'empêcher d'accéder à la marche suivante. Il tira vers lui, d'un regard songeur: il repensa au passé, et ne put s'empêcher de sourire au bonheur qu'il a eu il y a fort longtemps avec ce garçon. Parce que malgré tout, il le considérait comme son fils. Il savait que quelque chose n'allait pas chez lui, que ce qu'il faisait était nuisible, pour lui comme pour eux, mais il n'arrivait pas à reconnaître que tout ce qu'il a fait à Sacha était mal. C'était impossible à admettre, surtout qu'il n'avait jamais eu ce genre de pensées avant que son beau-fils débarque dans sa vie. Après tout, c'était de la faute à Sacha, pas de la sienne, pensa-t-il. Alors pourquoi le faisait-il avec sa fille? Non, il commençait à ne plus rien comprendre. Était-il malade? Antoine commençait à douter. Et puis ce n'était qu'en la présence de Sacha que ces fameuses doutes s'insinuèrent en lui. La frustration monta en lui, tout en canalisant sa colère de mieux qu'il pouvait. Oui, il était encore en colère contre ce petit garçon qu'était Sacha auparavant , qu'il était toujours finalement au fond de lui. Encore par ces pulsations que seul ce jeune homme pouvait provoquer, il le détailla d'un regard envieux. Il le mettait à la terre sans usé un seul effort, alors que les premiers boutons de la chemise de Sacha se détachèrent soudainement lors du geste brusque, ainsi Antoine remarqua la grande trace sur l'épaule de son beau-fils.
« Tu en a un joli suçon dit-moi. »
Pris à dépourvu, Sacha le camoufla de sa main gauche. Il se sentait impuissant face à lui, dans cet endroit, à cet instant-là. Le chef de famille se pencha dangereusement vers lui, sous son regard effrayé.
« Qu'est-ce que tu veux? Ne me touche pas !»
Il prit sa main afin de redécouvrir ce suçon imposant.
« Finalement il y a une personne dans ce monde qui veut de toi. »
Comment peut-il dire des mots aussi durs?
« En tout cas, elle ne t'a pas raté, à ce que je vois. » Continua-t-il d'un sourire sarcastique.
Sacha toujours à terre, recula tandis qu'Antoine, d'un regard perçant s'avança toujours vers lui avec amusement. alors que son dos touchait le mur, Sacha ne savait plus quoi faire. Il vit son beau-père le soulever d'un geste rapide tandis qu'il débattait en usant ses dernières forces.
« Tu sais que tu m'appartient, fiston. » Lui(murmura-t-il à l'oreille.
La peur rendit Sacha silencieux.
« Tu m'appartient.... »
Inlassablement, il chuchota ces mots à son oreille tandis qu'une larme roula sur la joue du traumatisé. Soudain, Antoine lui fit une prise de karaté qui le mit à terre. Celui-ci se laissa entraîner avec lui dans sa chute. Tandis qu'un silence pittoresque qui inondait peu à peu les autres pièces de la maison, il fut subitement éclaté par un hurlement de douleur qui transperçait effroyablement les murs épais de la cave...
Lun 11 Mar 2013, 19:42
bon courage 
je suis curieuse de connaître la suite je suis accro 