Disclaimer: Les personnages ne sont pas de moi.
Chapitre 3: L'ombre de ses souvenirs.
Sous la douche, Sacha repensa à sa nuit. Surtout à ce rêve atroce. Le film de la veille lui avait fait revenir des mauvais souvenirs. Ceux qui étaient enfouis sous le silence. Sous le jet douche, il essaya de faire le vide dans sa tête, mais la voix grave de son beau-père revenait sans cesse.
« Tu ne le dis pas à maman....chut. »
Sacha ouvrit les yeux. Il essaya de se calmer. L'eau chaude lui apaisa un peu.
Dès qu'il sorti en apercevant son reflet il crut voir son beau-père derrière lui. Il se retourna sous l'emprise de la panique. Dès qu'il s'aperçut qu'il n'y avait personne, il souffla un bon coup.
La serviette enroulée autour de sa taille, il s'avança vers le lavabo et ouvrit le robinet. Il passa de l'eau froide sur son visage pour oublier ce moment d'égarement.
Après s'être habillé, il descendit dans la cuisine pour prendre un jus d'orange.
« Déjà levé? »
Ondine se retourna.
« Et oui! Je n'y crois pas, le fameux Sacha Ketchum est debout à huit heures ! Un exploit! »
Sacha sourit face à son ton ironique. Il versa le jus dans son verre et s'assit sur une chaise.
« Mais que vaux cette honneur de ta présence de si bon matin, dis-moi? »
Sacha perdit le sourire. Il s'était enfermé comme une coquille aussi vite que la lumière. Ondine avait remarqué ce changement.
Le silence était là. Ondine s'y perdait. N'osant pas briser ce silence étrange, elle préféra attendre que Sacha fasse un signe.
« J'ai un rendez-vous. »
Le regard d'Ondine s'illumina.
« Un entretien d'embauche? »
Sacha fit une grimace.
« Non. Je vais voir Pierre. »
Ondine arqua un sourcil.
« Tu vas voir Pierre si tôt? »
« Oui, mais en tant que psy. »
Le silence était retombé. Et c'était déstabilisant.
« Ça fait longtemps que tu vas à ces rendez-vous? »
Sacha lui répondit non de la tête.
« C'est la première fois. »
Le silence était revenu. Il était dérangeant. Presque trop gênant. Sacha bu son verre, un peu mal-à l'aise d'être confié.
« Bon, je dois y aller. »
Au moment où il passa le seuil de la porte d'entrée, Ondine cria son nom.
« Tiens. Ce sont les doubles de mes clés. Si jamais je ne serais pas là quand tu reviendras. »
Sacha les prit en sentant obliger de s'excuser d'avoir envahi son espace.
« Ondine, je suis... »
« Non. Tais-toi. »
Elle savait ce qu'il allait dire.
« Ah ce que je sache c'est moi qui t'es un peu forcé de rester dans mon appart' et puis, il y aura enfin un peu d'ambiance entre ces murs... »
Ondine fit un petit sourire. Sacha l'observa et se demanda comment elle pouvait encore rester seule, sans être en couple. Puis il repensa à ce qui c'était passé sous l'abri-bus le premier soir où il avait dormi chez la rousse. Il essaya de répondre à son sourire.
Il partit toute suite après, sans oser se retourner vers elle. Il ne voulait pas être en retard pour sa première consultation.
Installé sur un siège d'un bus, le regard songeur, Sacha contempla le paysage défilé devant lui. Le bus s'arrêta une nouvelle fois. Des nouveaux passagers rentrèrent. Une femme essaya de diriger ses trois enfants dans le bus.
« Fleur devant toi...non marche encore. »
Elle avait l'air fatigué. Le plus petit dans ses bras semblait être le seul serein dans cette agitation familiale.
« Madame. Prenez mon siège. »
La blonde le regarda avec reconnaissance.
« Merci beaucoup. Aller Fleur assis toi à coté de ton frère.»
Il y avait assez de place pour mettre deux enfants. Sacha sourit, au moins il aurait rendu service à quelqu'un.
Quelques arrêts plus tard, Sacha descendit du bus. Il marcha sur le même trottoir pendant cinq minutes puis arriva devant un cabinet psychologie-médical. Il monta les quelques marches, puis sonna devant le nom de « Pierre Brock psychologue ». Un son sortit de l'interphone.
« C'est Sacha. »
La porte s'ouvrit brusquement. Il marcha dans le hall du cabinet et tourna vers un couloir où il y avait plusieurs portes. Il ouvrit celle de son psychologue et attendit dans la salle d'attente. Celle-ci était à peine vide. Seules une adolescente et une dame qui devait sans doute être sa mère étaient assises au fond. Les murs étaient peints en beiges clairs, les lampes étaient marrons foncés, tout comme la petite table au milieu qui disposait de nombreux journaux et livres pour enfants. La salle d'attente était faite pour être un espace agréable.
La porte s'ouvrit et faisait place à Pierre. Celui-ci appela la jeune fille et salua Sacha de la tête. Ce dernier lui répondit à son salut. Après que la porte se ferma, Sacha jeta un coup d'œil sur son portable. Il s'aperçut qu'il était huit heures quarante-cinq. Sacha observa la fameuse femme. Elle était vêtue d'un tailleur bleu marine et son visage était pâle. Ses yeux bleus si clairs contrastaient avec ses cheveux marrons foncés formé en chignon négligé.
Une demi-heure plus tard, la porte de la salle d'attente s'ouvrit soudainement. Pierre discuta avec la mère dans le couloir tandis que l'adolescente l'attendit en s'appuyant contre un mur. Sacha sentit son estomac se nouer. Il appréhendait la consultation.
« A ton tour. »
Sacha se leva de sa chaise doucement et le suivit. Sur le chemin du bureau de Pierre, Sacha sentit une angoisse monter en lui. Il ne savait pas du tout comment aborder le sujet avec lui.
« Installe-toi là. »
Sacha s'assit sur le grand fauteuil rouge que Pierre lui avait indiqué. Celui-ci s'assit à deux mètres de lui sur un autre fauteuil, ses jambes pliées sous ses mains.
« Ça fait longtemps que ne je t'ai pas vu. »
Sacha acquiesça mal-à l'aise. Pierre fit un sourire espiègle. Il avait remarqué le malaise de son ami.
« Joyeux anniversaire Sacha. »
Sacha le regarda avec intention.
« Merci. »
L'atmosphère semblait être plus apaisée.
« Qu'est-ce qui t'arrive mon vieux? »
« Je ne sais pas. C'est toi le spécialiste. »
Les deux jeunes hommes se sourirent. Pierre reprit son sérieux.
« Franchement Sacha. Qu'est-ce qui se passe? Tu m’avais l'air désemparé quand je t'ai eu au téléphone. »
Le concerné se sentit piégé. Il ouvrit la bouche mais aucun son ne put sortir.
Pierre décida de faire comme avec ses autres patients.
« Bon on va commencer la séance. Je te pose des questions et tu dois résumer ta réponse en un seul mot. »
Sacha acquiesça.
« Résume ta situation actuelle en un seul mot, ça sera lequel? »
Sacha fronça les sourcils. Pierre n'avait jamais vu son ami dans une intense réflexion. Il doutait bien qu'il y avait quelque chose, depuis même longtemps.
« euh...désespérer. »
Pierre fronça les sourcils. Il prit un carnet et nota le mot.
« Ta situation professionnelle? »
Un silence plana. Sacha n'osa pas regarder son psychologue. Le regard dans le vide, il répondit malgré lui à sa question.
« Chômage. »
Pierre arrêta d'écrire et souleva sa tête vers lui. Il remarqua sa réaction. Il pinça sa lèvre inférieure, peiné pour son ami. Cependant il continua sans faire aucun commentaire.
« Ta situation amoureuse? »
Un silence plana. Sacha ne semblait pas vraiment réfléchir. A cet instant là le brun pensa à ce qui s'était passé ces derniers jours.
« Angoisse.»
Pierre arqua un sourcil. Il ne s'attendait tout sauf à ce mot.
« Ta situation familiale ? »
Sacha semblait encore tomber dans une grande réflexion. Il semblait hésité.
« Je te sens hésiter, tu peux en dire plusieurs. »
Sacha acquiesça.
« Éprouvante. Mensongère. Brisée. »
Pierre dans le plus grand sérieux et dans la concentration la plus totale, écrivit les mots sur son carnet.
« Indécente. Atroce... »
Pierre sentit que Sacha n'avait pas encore terminé.
« Oui Sacha? Tu as encore un mot à dire? »
Il passa sa main dans ses cheveux en batailles, nerveux. Pierre essaya de le calmer, d'apaiser la situation.
« Tu veux un verre d'eau? »
Sacha lui répondit non de la tête.
« Violée. »
A peine avait-il murmuré, que le silence fut brisé. Sa voix trembla, comme s'il voulait pleurer.
Un bruit aigu retentit. Le stylo de Pierre était tombé sur le carrelage.
« Je...quoi? »
Pierre était sous le choc.
« Il faut que je parte. »
Sacha se leva rapidement et se dirigea vers la porte.
« Non. Reste. »
Pierre prit son ami par le bras.
« Tu voulais me dire quelque chose, je crois que c'est le moment de me le dire. tu ne le penses pas? »
OoOoOoO
« Ondine, il y a un client à la table 68 qui à choisi son menu ! »
La rousse partit avec son mini bloc note pour prendre la commande du fameux client.
Elle était serveuse dans un petit restaurant sympathique appelé
«Saveurs du Paradis », depuis trois ans.
Ces temps-ci la jeune femme était souvent pensive. Elle pensa à la situation de Sacha. Elle se demanda comment il avait pu tomber dans cette galère. Elle ne l’avait pas vu depuis qu’il était parti pour sa consultation de ce matin. Elle regretta presque de ne pas l’avoir accompagné à son fameux rendez-vous chez Pierre.
« Qu'avait vous choisi monsieur? »
C'était un homme assez âgé, sans doute dans la cinquantaine. Il avait des cheveux très courts et gris. Veste noir sur chemise blanche, il devait être un homme d'affaire, où un employé dans une entreprise.
« Je voudrais le plat du jour. »
« Bien sûr, accompagné de quelle boisson? »
« Oh, juste une carafe d'eau si c'est possible. »
Ondine acquiesça. Elle partie rapidement dans la cuisine derrière le restaurant pour donner la commande.
« Alors ma belle, tu a l'air fatigué en ce moment. »
La voix grave de Louis, le cuisinier, retentit dans la grande cuisine. Ondine lui sourit.
« Oh, si ça va. Je crois que je commence à être enrhumé. »
Louis fronça ses sourcils épais. Il avait la quarantaine, et considérait Ondine comme sa fille. Cela fait plus de huit ans qu'ils se connaissaient. C'était grâce à lui qu'Ondine était devenue serveuse dans ce restaurant.
« Tu peux prendre quelques jours de repos. »
« Ce n'est vraiment pas la peine. Je t'assure! »
« C'est moi le patron ici, alors je te donne la permission de prendre quelques jours. »
Il avait dit avec une voix sévère, comme un père qui parlait à sa fille.
« Mais Louis.... »
Le concerné l'interrompit.
« Il n'y a pas de 'mais'. Dès ce soir tu sera en congés pour une semaine. Cela te fera du bien.»
Ondine reparti faire son travail tout en soupirant. Cela ne servait à rien de s'opposer à lui. C'était déjà perdu d'avance, elle le savait. Un sourire se faufila sur son visage à cette pensée.
Assis sur la canapé du salon, Sacha but son verre. Il avait préféré attendre qu'Ondine parte à son travail avant de revenir à l'appartement. Il n'avait envie de voir personne. Le regard dans le vide, il repensa à sa consultation avec Pierre. Ce dernier le savait. Il savait tout. Sacha avait eu du mal à tout lui révéler, mais il avait réussi à en parler à quelqu'un. C'était la première fois qu'il disait tout. Il y repensa à la conversation tellement fort, qu'il avait l'impression de l'entendre résonner dans la pièce silencieuse.
« ça a commencé lorsqu'il a aménagé chez nous. Je crois que j'avais huit ans, ou peut-être moins.» Sacha frissonna. Il replia ses jambes vers lui et se cala au fond du canapé.
« J'étais petit, je ne comprenais pas vraiment ce qu'il se passait. » « Sacha, tu ne dois pas te sentir coupable de quoi que soit. »Il passa sa main dans ses cheveux en batailles tout en soupirant. Il avait encore du mal à croire qu'il avait raconté ce douloureux passé.
«C'était surtout les mercredis. Ces jours-là c'était les journées où ma mère sortaient avec ses amis. » « Tu lui as dit à ta mère ce qu'il t'a fait? » « Non. Surtout il ne fallait pas qu'elle le sache.»Le regard toujours dans le vide, Sacha semblait s'insinuer dans ses pensées.
« Je le voyais toujours à ma porte de ma chambre. Tous les soirs, après que je sois dans mon lit. Je ne voyais que sa pénombre dans le noir qui ne cessait de bouger. »Il se souvenait qu'il avait tremblé lors de sa révélation, qu'il avait eu du mal à sortir les mots de sa bouche.
« Quelquefois, il m'interceptait lorsque je jouait dans la petite cave. » « Et personne ne sans doutait? » « Non, je ne crois pas. Qui pourrait ne serait-ce que le douter? » Sacha resserra ses jambes contre lui tout en mettant sa tête sur ses genoux.
« Et il avait continué pendant toutes ces années sans que personne ne le sache. Vers mes quinze ans, ça a commencer à se stopper, mais il y avait toujours cette atmosphère de pression, d'étouffement, comme un grand froid où je ne devaismmencé à se dire aucun mot. » Sacha sentit des frissons. C'était des frissons de peur. Oui, il avait peur que le passé le rendrait dingue, que tout doit se répéter encore et encore...
« J'ai quitté la maison, lorsque ma petit sœur avait deux ans. J'étais à peine majeur, à vingt ans. » « Je ne savais pas que tu avais une sœur. » « En fait Clara n'est que ma demi-sœur. »Toujours dans la même position, Sacha ne bougeait plus. Il était enfoui loin dans le passé, loin dans les souvenirs.
« Il recommence Pierre. Il fait la même chose avec Clara. » « Elle te l'a dit? » « Oui. Enfin, je l'ai questionné. On a fini par passé un accord. » Il releva sa tête rapidement. Il respira fort. Il déplia ses jambes puis mis sa main sur son thorax.
« Et quel est cet accord? » « Je lui avait encouragé de dire à maman ce que son père lui faisait. Mais... » « Mais quoi Sacha? » « Je dois d'abord lui dire ce qu'il s'est passé avec moi. » Il tendit son bras vers son verre à moitié vide. Son verre à moitié plein...
« Alors pour que Clara dévoile ces atrocités à Délia, il faut que tu lui racontes ce qu'il t'a fait pendant ton enfance. » « Oui. Je crois que je vais jamais y arriver... »Il se resservit un autre verre. Son deuxième.
« Ce monstre va lui faire les pires choses qu'il soit. Et moi, je ne peux l'aider.»« Ne dis pas ça, Sacha. Tu peux l'aider, grâce à ce pacte. » Sacha prit la bouteille et versa l'alcool dans son verre. A ce moment-là, il voulait juste oublier, sa journée. Oublier son rendez-vous avec Pierre. Oublier ses souvenirs. Oublier sa situation. Oublier sa vie.
Un bruit de clé résonna dans l'appartement. Un grincement de porte retentit soudainement. Ondine posa son sac au sol. Elle retira son manteau et ses chaussures. Elle sentit une forte odeur d'alcool tout en se dirigeant dans le salon. Elle aperçu la fameuse bouteille de Vodka sur la table basse. Elle était à trois-quart vidée. Ondine soupira en voyant Sacha endormi, allongé sur le canapé.
« Le rendez-vous s'est si mal passé pour qu'il se soul comme un alcoolique ?...pfff.. »
Elle remarqua qu'il avait gardé ses chaussures. Elle soupira de nouveau, tout en le contemplant.
« Qu'est-ce qui s'est passé Sacha, pour que tu sois arrivé là? »
Elle avait à peine parlé fort, pourtant sa voix semblait être ancrée dans le vide. Elle regarda la pendule: il était déjà vingt heures passées...
Elle décida de préparer à manger n'osant pas réveiller son ami. Pendant qu'elle chauffa du riz elle commença à mettre la table quand soudain le téléphone sonna. La rousse couru et prit le combiné à son oreille.
« Allô? Oui Flora ! Comment tu vas?»
Elle se retourna vers Sacha qui ne semblait pas être déranger dans son sommeil.
« Ah oui, on devait chercher les derniers affaires ce soir... »
Ondine pinça sa lèvre, un peu mal-à-l'aise.
« Écoute, il y a eu euh....un imprévu. On viendra les chercher plus tard. »
La pluie venait de tomber sur la ville. Quelques gouttes frappaient les carreaux du salon.
« Toute façon je suis en congés. Normalement il n'y aura plus aucun affaire avant la semaine prochaine. »
Elle entendit Sacha s'agiter dans le canapé.
« Euh... on essayera de venir demain dans la journée. Bonne soirée bisous. »
Le combiné enfin déposé sur le téléphone, la voix de Sacha retenti comme un écho.
« Mmmh... sa sent bon. Tu chauffes quoi? »
Ondine se retourna vers lui, les sourcils froncés. Elle était en colère. Ou inquiète. Sûrement un peu des deux.
« Je crois que tu me dois quelques explications sur ça. » Dit-elle en montrant la bouteille de son index.
« Ondine, s'il te plaît parle moins fort, j'ai un mal de crâne. »
Ondine soupira.
« A qui la faute? Maintenant tu assumes tes conneries. Pourquoi tu as bu? »
Sacha renifla.
« Alors j'attends ta réponse. »
Il renifla de nouveau, beaucoup plus fort.
« Mais qu'est-ce que tu as à renifler comme un porc? !»
Il renifla encore une fois.
« C'est moi, ou ça sent le cramer? »
Ondine percuta à sa constatation.
« Merde, le poulet ! »
Ondine courut jusqu'à la cuisine, tout en paniquant. Sacha arqua un sourcil.
« Le poulet?.... hum... du poulet. »
Il se leva, tout en titubant légèrement vers la cuisine. Il observa comme à son habitude l'agitation qui planait dans la cuisine. Ondine venait de poser le poulet sur la table.
« Bon ça va, il n'est pas trop cramé. »
Elle ne semblait pas apercevoir la présence du brun. Celui-ci était à sa place habituelle: appuyer contre l'encadrement de la porte.
« Bon, le riz est prêt aussi... où est ce foutu saladier ?!»
Sacha sourit de toutes ses dents en voyant la rousse s'énerver tout en cherchant l'objet concerné.
« Euh...Ondine. »
Elle ne l'écoutait pas.
« Ondine.... »
« Attends Sacha, je suis en train de chercher un truc. »
Sacha leva ses yeux.
« Je sais même queeee... »
Ondine l'interrompit.
« Bon, tu sens l'alcool à trois kilomètres à la ronde, tu sais quoi, vaux mieux que tu restes assis. »
Sacha se laissa trainer par la jeune femme vers une des chaises de la cuisine. Il avait un sourire idiot collé sur son visage tout en la regardant.
« Et s'il te plaît, retire ce maudit sourire ! »
Vu le comportement d'Ondine de cette soirée, il valait mieux obéir. Sacha essaya de reprendre son sérieux tandis qu'Ondine ouvrit plusieurs placards pour retrouver le fameux saladier.
« Ondine. »
Aucunes réponses.
« Euh...Ondine ! »
Elle ouvrit un autre placard sans répondre. Sacha soupira.
« Ondiiiiiiinnnnnne !!! »
« QuOII !! ? »
Un silence plana.
« T'in mon mal de crâne.... »
Ondine soupira, puis reprit ses recherches.
« Ondine, le saladi... »
La rousse s'arrêta et se tourna vers lui.
« Qu'est-ce qui y a encore? Si c'est pour dire que tu as mal à la tête, ce n'est pas la peine de crier mon nom,franchement je t'assure, cela ne sert vraiment à rien d'user ta foutu salive pour dire ça.»
Un silence s'incrusta après ses paroles.
« Le saladier est dans le lave-vaisselle. »
Ondine se sentit ridicule. D'accord, Sacha avait un peu la gueule de bois; certes il puait un peu – beaucoup- la volka; il avait aussi un maudit mal de crâne qui l'empêchait sans doute de bien se concentrer; mais là, on pouvait dire qu'il avait étonné Ondine avec une lucidité flagrante.
« tu avais rangé le saladier dans le lave-vaisselle, juste avant qu'on déguste ton somptueux gâteau au chocolat. »
Ondine se sentir rougir. Elle s'insulta de tout les noms mentalement. Sacha pouvait être un bon observateur quand il le voulait. Ondine n'osa même plus parler. Elle ouvrit le lave-vaisselle et prit le saladier pour le laver à la main.
Après avoir laver le saladier et composer la salade, elle le posa sur la table, puis s'installa en face de Sacha. Le silence s'était imposé depuis un petit moment déjà.
Ils ont commencé à manger en silence, sans oser le briser. Le silence de l'un se mélangeait au silence de l'autre. Chacun dans ses pensées, ils n'osèrent pas se regarder en face.
Après avoir manger l'entrée, ils passèrent au plat. Soudain une voix brisa le silence lourd.
« J'ai une semaine de congés. On va profiter pour ramener le reste de tes affaires. »
Sacha se frappa le front.
« Ah oui, c'était aujourd'hui qu'on devait les chercher! »
Ondine sourit face à sa réaction. Elle avait pensé à la même chose, au téléphone.
« Ce n'est pas grave, j'ai eu Flora au téléphone, on ira demain si tu veux. »
Sacha acquiesça. Il était silencieux. Il était encore parti dans ses pensées. Ondine l'observa discrètement. Il ne semblait pas la remarquer.
Il mangeait plus lentement que d'habitude. Avait-il vraiment faim? A quoi pouvait-il penser? Ondine semblait se poser des milliers de questions sur ce jeune homme qui était devenu un mystère complet. Peut- être avait-il toujours était aussi mystérieux... Ondine s'y perdait dans ce silence si parfait qui pourtant reflétait tout l'imperfection d'un passé tellement proche.
Elle pinça de nouveau sa lèvre inférieure, comme un tic nerveux. Elle voulait à tout prix briser ce silence étrange et mystérieux.
« En fait tu vas revoir Pierre? »
Sacha sorti de ses pensées.
« Hum...tu disais? »
Malgré sa sieste improvisé, il avait l'air si fatigué. Fatigué de cette journée qui semblait ne jamais se terminé. Il avait la voix un peu éraillée. On sentait qu'il n'était pas dans son assiette, déjà qu'il avait bu presqu'une bouteille entière.
« Oh rien. »
Sacha ne semblait pas s'inquiéter du malaise qui régnait dans la pièce.
« Ondine, est-ce ça va? »
La concernée était déstabilisée. C'était à elle de s'inquiéter de sa santé et non de lui qui devait se préoccuper de la sienne. Elle avait envie de rire. Rire de cette situation absurde. Rire de cette journée. Rire de Flora qui voulait de débarrassé des affaires de Sacha. Rire de sa situation aussi. La sienne, la leur.
Rire à en pleurer, car elle avait tout simplement envie de craquer. Craquer , crier encore, pour se vider de tout de cette solitude qui l'avait compresser avant l'arrivé de Sacha. Envie de rire amèrement, rire à se casser la voix. Elle avait tellement envie de se foutre du chômage qui semblait anéantir son ami, de se moquer de tout ces gens avec leurs bonheurs malsains. Oh que oui, elle avait envie de rire. De rire d'elle. De rire de Sacha avec sa foutu gueule de bois. De rire de leurs vies pitoyables. Mais le rire s'était bloqué au fond de sa gorge. Elle arrivait à peine à dire quelques mots.
« Je crois que je suis un peu enrhumé. »
Elle se sentait complètement conne de l'avoir dit, alors que lui, il était pire qu'elle. Lui et son visage fatigué. Lui et son odeur d'alcool. Lui et tous ses mystères. Lui et tous ses silences....
« Mmh il est bon ton poulet, malgré qu'il a un goût un peu cramé. »
Et le voilà qu'il souriait. Et voilà qu'il semblait si serein lors de quelques minutes. Et rien que pour ces quelques minutes, Ondine se sentit exister. La solitude l'avait oublié lors d'un instant. Ondine sourit.
OoOoOoO
« Pokémon, une nouvelle série animé débarque bientôt à la télé !... »
Ondine appuya sur une autre touche de la télécommande. Elle en avait marre de voir de la publicité.
« ...Hollywood chewing-gum.... »
Elle zappa de nouveau.
« M.Pokora, son album sort dans les bacs dès lundi.. »
Ondine soupira. Il n'y avait que des pubs à la télévision.
Elle l'éteignit puis monta à l'étage. Sacha venait de sortir de la salle de bain, les yeux rougis. Sans doute à cause de la fatigue et de l'eau brûlante de sa douche pensa Ondine.
« Bonne nuit Ondine. »
Elle s'arrêta, sans oser se retourner vers lui. Sa voix était si... brisée. Elle était rempli de tristesse. Cette journée était rude. Demain sera un autre jour.
« Bonne nuit Sacha. »
Et le silence les avait envelopper une fois de plus. Son silence à lui. A croire que tous les silences pouvaient lui appartenir...
Sacha descendit les derniers escaliers et s'allongea sur le canapé. Il prit son oreiller et le serra aussi fort qu'il le pouvait. Il pensa à sa journée. Il repensa une ènième fois à Clara. Il repensa à sa mère. Il pensa soudainement à son beau-père. Son oreiller semblait se serrer de plus en plus. Il pensa de nouveau à Clara. Puis il pensa à son père. Son père qui était parti trop tôt. Et il pensa à Ondine. A son père encore... Les larmes ruisselèrent sur ses joues creusés. Silencieusement, il se laissa craquer par les émotions, par les sentiments.
Dans le silence de la nuit, Sacha pleura. Car pleurer c'est humain. Car pleurer c'est de prouver qu'on est un homme. Car pleurer c'est d'obliger d'admettre qu'on se sens faible à certains moments. Car pleurer, c'est crier en silence. Car pleurer, c'est aussi un appel à l'aide écrit dans les larmes... Alors, Sacha pleure, et il sait que demain, il deviendra plus fort.
Plus fort, pour Clara, pour sa mère, pour Pierre, Pour Ondine. Surtout pour Ondine.
Dim 29 Juil 2012, 15:36
xD J'ai très bien imaginé les souvenirs de sa discussion avec Pierre! C'est vraiment un ..[insulte censuré]... le beau-père! =0 
xD) Le passage là était vraiment touchant! J'espère qu'il va trouver la force et le courage de le dire à Délia! Mais wouaa, la réaction qu'elle va avoir quand elle va savoir! =0 Si je sais ça moi, je lui arrache les yeux! Sérieux! xD
