L'Alakazam qui ne voyait pas [Aventure/AAML] TERMINEE

Les mains de Sacha bougèrent lentement, ses doigts glissaient sur une surface douce et satinée. Il essaya d’ouvrir ses paupières, mais celles-ci étaient trop lourdes et l’effort était vain. Néanmoins, des voix commençaient à lui parvenir.

- Sacha ? Sacha ? Tu m’entends ? Articulait doucement une voix féminine qu’il lui semblait avoir déjà entendue.
- Tchu ? Pika…

Ah Pikachu, mon ami ! Se dit le jeune homme encore dans les vapes. Tu es là… Il réitéra sa tentative et ses yeux s’ouvrirent péniblement. Où suis-je ? Se demanda-t-il.

Il sentait une pression chaude sur son bras gauche et tourna la tête avec difficulté. Une jolie jeune fille brune aux yeux clairs le fixait d’un air inquiet, Pikachu se tenait à ses côtés. Il la reconnaissait, c’était la fille qu’il l’avait mise en garde contre son projet  ambitieux d’aller explorer le sentier inconnu. Comment elle s’appelait déjà ? Ah oui…

- Cassandre ? Où suis-je ?

Les mots avaient été difficiles à prononcer. Sa gorge était sèche. La sensation de nausée était toujours présente et sa tête le faisait encore souffrir.

- Sacha ! Quel bonheur, tu t’es réveillé ! Nous étions tous si inquiets !

Les yeux de la belle brune semblait en effet bien brillants et Sacha crut apercevoir dans son mal être la silhouette d’un très vieil homme et d’une enfant dans l’encadrure de la porte, tous deux trop intimidés pour rentrer.

- Tu es chez nous. Nous t’avons ramenés. Quand nous t’avons vu partir, nous nous sommes dit que tu étais vraiment inconscient et nous avons continué nos activités habituelles. Mais il y a deux jours, je n’arrivais pas à dormir et j’y suis retournée. Je t’ai retrouvé là-bas. Tu étais comme somnambule, tu errais partout en te cognant à tout ce qui se passait devant toi ! Tu criais, tu faisais des grands gestes ! Pikachu était avec toi, il avait l’air paniqué, mais je suis désolée, je, je n’ai rien compris à ce qu’il a essayé de m’expliquer…

Cassandre commença à sangloter.

- Je ne suis pas dresseuse Pokémon, je suis vraiment désolée… Poursuivit-elle, des sanglots dans la voix.

Pikachu se frotta à sa main pour la rassurer et lui montrer qu’il ne lui en voulait pas.

- Tu étais exactement comme l’Agent Jenny… J’ai appelé des amis pour te maitriser et te porter jusqu’ici avant que tu ne t’enfuis et au contact du lit, tu t’es endormi et plus réveillé… Je pensais que tu allais… Que tu allais…

Une larme coula sur la joue de Cassandre. Sacha, quelque peu bouleversé par ses révélations, essaya de se souvenir, mais sa mémoire était vide. La dernière chose qu’il voyait était de drôles de nuages qui semblaient vouloir l’attaquer, et puis... Plus rien. Il se redressa tant bien que mal.

- Ne force pas trop, fit sa bienfaitrice avec un petit sourire rassuré. Tu es encore faible.
- Je l’ai vu Cassandre, fit Sacha. Je l’ai vu, c’est bien un Pokémon. Un Alakazam pour être précis. Il faut y retourner pour l’arrêter avant qu’il ne fasse disparaitre d’autres personnes !
- Comment ? Un Alakazam ? Vraiment ? Tu es sûr ?
- Absolument certain.
- Oui c’est vrai que tu es un Maître Pokémon de toute façon, pardon, tu ne peux pas te tromper pour ce genre de choses, fit Cassandre un peu gêné, en remettant une longue mèche de cheveux derrière son oreille ornée d'un petit anneau en argent assorti à la couleur de ses yeux.

Sacha fut surpris et très flatté par ce compliment. On lui en faisait rarement de si direct, et il était plutôt habitué aux moqueries sur son ego certes sûrement un peu surdimensionné. Cette fille était vraiment différente des gens qu'il avait déjà côtoyés.

- Euh oui, on, on peut dire ça comme ça ! Lui fit-il, un bras derrière la tête, en s'empourprant.
- Tu devrais rester chez nous un moment, fit Cassandre, pour reprendre des forces. Je te laisserai ma chambre et dormirai dans celle de ma sœur. Quand tu iras mieux, on essayera de former une équipe et d’aller arrêter ce Pokémon. Mais il faudra des gens vraiment forts, même l’équipe de l’Agent Jenny n’a pas fait le poids.
- Ne t’en fais pas pour ça, je connais plein de dresseurs hors pairs qui pourront nous aider.

Aie mon ventre… Se dit Sacha. La nausée reprenait de plus belle et il s’évanouit à nouveau, pour se réveiller quelques heures plus tard. Cassandre était près de lui avec un plateau repas.

- Décidément, quelle perle, pensa-t-il.

Pikachu et lui passèrent donc quelques jours chez la jeune femme et sa famille. Le jeune homme reprit des forces, mais il était toujours pris d’une sensation désagréable qui n'allait qu'en s'amplifiant. Il décida de ne pas en parler pour n'inquiéter personne.

Cependant, il discuta de beaucoup de choses avec Cassandre. C’était une jeune femme remarquable, très courageuse, qui à la mort de sa mère et après la disparition de son frère et de son père, faisait tourner seule avec son grand-père et sa petite sœur la petite entreprise familiale de production de potions médicinales. Elle était intelligente et gentille, mais ne connaissait rien aux Pokémons.

Quand Sacha parlait de ses voyages, elle ouvrait de grands yeux plein d’admiration. Cela gênait un peu le jeune dresseur. Cassandre avait beau être légèrement plus âgée que lui, elle ne le prenait pas de haut, au contraire, elle allait toujours dans son sens. Et puis elle était très belle.

Quatre jours après son arrivée, tandis qu’il était dehors, assis sur une marche d’escalier, en train de se dire que le malaise ne passerait pas, qu’il faudrait faire avec ; et qu’il réfléchissait aux dresseurs sur lesquelles il pourrait compter ; il entendit Cassandre le rejoindre et s’asseoir à côté de lui. Ils étaient devenus assez complices et le ton était plus détendu :

- Alors, la forme ? Demanda la jeune femme, tout sourire, d’un air enthousiaste.
- Oui, je me sens au top ! Mentit Sacha. On va bientôt pouvoir commencer à monter une équipe.
- Ah super ! J’ai hâte de connaître tes amis !
- Oui, tu as voir, ils sont supers, répondit le jeune homme d’un air fier, comme si il y était pour quelque chose.

Au fur et à mesure qu’il les citait en énonçant pour chacun ses qualités, il crut remarquer que l’évocation de prénoms féminins renfrognait la jeune femme à ses côtés.

Qu’est-ce qu'il lui prend ? Se demanda-t-il.

- Dis Sacha ?
- Oui ?
- Tu as l’air de connaitre tellement de gens, je voulais savoir, dit-elle en rougissant, y a-t-il une fille parmi tes amis qui compterait plus pour toi ? Une genre de petite amie… Je sais pas… Enfin tu vois…
- Euh, ben non, je crois pas.

Le visage d’Ondine avait traversé les pensées de Sacha, mais c’était stupide. Elle allait se marier et il ne l’avait pas vu depuis des lustres. Si ça ne trouve, elle ne ressemblait même plus à l’image qu’il avait encore d’elle.

- Ah ça me rassure, dit Cassandre en souriant.
- Euh ok, mais pourquoi…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que la jolie jeune femme posa ses lèvres sur les siennes, pour les en retirer très lentement.

- Je ne plais pas, c’est ça ?

Le baiser avait été doux, furtif, mais très agréable. Les grands yeux gris de Cassandre semblaient inondés par la lumière du soleil.

- Je ne sais pas quoi dire, fit Sacha, troublé. Si bien sûr que tu me plais, tu es très belle et…
- Alors je peux t’embrasser encore ? Je suis désolée. Je m'emporte. Tu es vraiment une personne incroyable tu sais. Tout ce que tu as vu, vécu… A côté de toi, c’est comme si je n’existais pas.
- Et bien je...

La façon dont Cassandre le regardait commençait à le déranger. Elle semblait vraiment folle de lui, ce n'était pas forcément très sain quelqu'un de si admiratif. Mais elle lui avait rendu un tel service, comment lui dire qu’il n’était pas sûr de ressentir la même chose qu’elle. Elle était un peu trop docile aussi, comment dire... Il ne pouvait pas être avec quelqu'un qui était d'accord avec tout ce qu'il disait, non ? Cela fut difficile pour Sacha de se l’admettre, mais il aurait aimé qu’elle ait un peu plus de rentre-dedans. Il était peut-être un peu maso en fait.

Cassandre se rapprocha pour l’embrasser à nouveau et il mit environ deux secondes à succomber. Ses lèvres étaient douces, il faisait bon, le soleil réchauffait leurs peaux. Il fallait qu’il arrête de réfléchir. Ritchie avait peut-être raison en fait, peut-être qu’il avait trouvé l’amour sur le chemin de la maison.

Le reste de la journée se passa paisiblement. Cassandre montra à Sacha comment confectionner des potions médicinales. Elle ne cessait de chercher le contact physique, et Sacha, curieux, se laissait faire.

Quand il se retrouva dans son lit à la nuit tombée, il entendit que la jeune fille était entrée dans la pièce.

- Je peux venir dormir avec toi ? Fit-elle d’un murmure. Tout le monde s’est déjà couché.

Waw dormir avec elle ? Carrément ? Ce serait bien la première fois qu’il dépasserait l’étape du baiser avec une fille. Il faut dire qu’il ne s’en était jamais vraiment soucié. Il devait avouer que les Pokémons et son titre avaient été sa seule priorité.

Ah pourquoi pas, se dit-il, il y a bien une première fois à tout.

Cassandre s’allongea doucement à côté de lui.

- Je suis contente de t’avoir rencontrée, soupira-t-elle.
- Moi aussi, répondit Sacha, qui commençait à ne plus savoir où se mettre.
- Dis moi, tu as déjà eu une petite amie ?
- Euh… Non. Fit Sacha, d’un ton tragique.
- Hihihi… Tu sais, il n’y a pas que les Pokémons dans la vie !

Cette remarque perturba Sacha. C’est ce qu’Ondine lui disait tout le temps. Il observa Cassandre et se surprit à penser à la dresseuse de Pokémons Aquatiques qu’il avait connue. Ce que ça lui aurait fait de passer la nuit avec elle. Si elle avait été allongée là, de la même façon que Cassandre. Son cœur s’emballa un peu à cette idée. C’était stupide.

Décidément, celle-là ne sortirait jamais de ses pensées, se dit-il.

Il tourna sa tête vers Pikachu, qui dormait à poings fermés sur un gros coussin par terre.

Cassandre et lui commencèrent à s’embrasser, de plus en plus passionnément, mais pourtant Sacha ne ressentait rien à part de la chaleur, même quand les mains douces de la jeune fille lui caressèrent le dos de la nuque jusqu'au bas de ses reins. Les gestes du jeune homme n’étaient pas du tout naturels. Il était partagé entre l’envie d’aller plus loin qui vibrait en lui et l’impression d’être un imposteur de ne rien ressentir de plus que du désir. Il essaya de se relâcher de l’étreinte de la jeune fille.

- Cassandre, arrête, arrête s’il te plait. Arrête. Ce n’est pas une bonne idée.
- Quoi ? Mais, mais pourquoi ? Tu n’as pas envie ? Demanda la jeune fille d’une petite voix.
- Si, si, ce n’est pas le problème.

Et tout ce qu’il trouva à dire, fut ceci :

- Je, je suis désolé Cassandre. Tu es une fille merveilleuse, mais je crois que je suis amoureux d’une autre.
- Je, je ne sais pas quoi répondre. Tu m'as dit tout à l'heure que...
- Je sais, je suis désolé… Je viens de le réaliser... Je suis désolé...
- Et bien, au moins tu es honnête, répondit-elle tristement en remontant le draps blanc sur sa poitrine dénudée d’une main, l’autre encore dans celle de Sacha.
- Je suis vraiment désolé, rajouta celui-ci.

Quel idiot il était. Comment avait-il pu blesser une fille aussi géniale que Cassandre ? Arg et ses nausées qui ne passaient pas. Mais il ne pouvait pas en parler, pas maintenant… Pas devant la jeune fille qu’il rejetait.

- Sacha… Ta main… Qu’est-ce qu'il se passe ? S'exclama soudain Cassandre, l'air confuse et paniquée.

Sacha baissa les yeux sur leurs mains, faiblement éclairées par la lumière de la lune. Il n’avait même pas senti que Cassandre lui avait prise. Horrifié, il s’aperçut que la main de la jeune femme passait au travers de la sienne.

- Que… Que… Qu’est-ce qu'il se passe ?
- Sacha… Tu… Tu disparais…

Sacha s’était levé en vitesse. C’était tout juste si Cassandre n’était pas tombée du lit par sa faute. Il alluma la lampe de chevet et y observa plus attentivement sa main. Les contours de celle-ci se faisaient déjà moins flous et elle finit par retrouver sa normalité.

- Qu’est-ce que c’est que cette histoire… Murmura-t-il. Pendant quelques minutes, on aurait dit que ma main avait disparu… Rajouta-t-il, songeur, comme s'il rêvait.

Pikachu, réveillé par le bruit et la lumière, regardait de ses petits yeux encore à moitié clos son dresseur. Il était visiblement très inquiet.

- Ça va Sacha ? C’était quoi ? Chuchota Cassandre, en s’approchant.
- Je ne sais pas. Je reviens, non.. non… en fait, il… il faut que je m’en aille ! Bégaya Sacha, affolé.
- Quoi ?! Mais qu’est-ce que tu racontes ? Pourqu…

Arrrg ! Sacha se plia en deux. Ses maux de tête revenaient et la nausée s’amplifiait de plus en plus. ! Il avait déjà gâché la nuit romantique dont Cassandre devait rêver en lui avouant qu’il était amoureux d’une autre, alors si c’était pour en plus finir par vomir sur le tapis, non merci.

Devant la mine décomposée de la jolie brune qui ne comprenait pas du tout ce qu’il se passait, le jeune homme rassembla ses affaires en vitesse et courut hors de la maison, sans aucune délicatesse, réveillant tout le monde sur son passage. Cassandre regarda par la fenêtre et vit son ami s’enfoncer dans les bois, paniqué, Pikachu sur ses talons. Une petite tête apparut dans l’encadrure de la porte :

- Qu’est-ce qu’il se passe grande sœur ?
- Euh rien ne t’inquiètes pas, fit Cassandre en rougissant, maintenant le draps sur sa poitrine.
- Il est parti Sacha ? Pourquoi il est parti ? Il va revenir ? Continua la fillette en baillant.

Mais Cassandre ne répondit pas, elle venait de se perdre dans ses pensées et une idée commençait à germer au fond de celles-ci. Livide, elle avala sa salive, et plongea ses yeux effarés dans ceux de sa petite sœur.

- Non non ce ce n’est rien, je t’at’assure, bégaya-t-elle. Viens, je vais te border. Je peux même dormir avec toi si tu veux.

Elle remit sa chemise de nuit, prit sa sœur dans les bras et la reconduisit jusqu’à sa chambre, le pas incertain.

Sacha soit prudent, pensa-t-elle, j’espère que tu t’en sortiras, tandis que des larmes commençaient à briller au coin de ses yeux.

Pendant ce temps Sacha courait, courait, jusqu’à en perdre haleine, comme s’il était poursuivi par une bête sauvage. Les mots de Cassandre résonnaient dans sa tête :
« Ils ont tous disparus » « Ils ont tous disparus » « Ils ont tous disparus »…
Ainsi que ceux du vieil Alakazam fou :
« Je vous ferai tout disparaitre » « Tous disparaitre » « Disparaitre »…

Disparaitre.

Disparaitre.

Bon sang, pensa Sacha, ce ne serait quand même pas au sens propre du terme !

Ne faisant plus attention à ce qu'il se passait autour de lui, il se prit un rocher qu’il n’avait pas vu en courant et tomba violemment sur le sol. Quand il ouvrit les yeux, quelques heures plus tard, le soleil s’était levé. Son regard tomba tout de suite sur les rayons lumineux qui passaient au travers de ses avant bras, étendus devant lui. Il voyait chaque grain de terre qui se trouvait en dessous. Il se releva et s’assit. Pikachu tournait autour de lui, affolé.  Sacha mit ses mains dans la lumière du soleil, c’était comme si elles n’existaient plus.

- Pikachu… Viens là…

La gorge serrée, il avait du mal à parler.

- Pika pika !

Sacha essaya de prendre son ami dans ses bras, mais ses doigts se refermèrent dans le vide.

- Pikachu, dit-il, en essayant de se contrôler. Je, je vais disparaitre…
- Pika…
- C’est cet Alakazam j’en suis certain, je me sens tellement mal. Si ça continue, je vais disparaitre et ce sera comme si je n’avais jamais existé...

Il prononçait tous ses mots au ralenti, comme un robot, comme quelqu’un qui ne croit pas en ce qu’il dit. Il serrait les poings de rage, mais ne sentait pas sa force.

Qu'on s'en fiche d'être Maître Pokémon maintenant ! Se dit-il.

Pikachu hésita un peu, puis s’approcha et se frotta sur son bras pour essayer de le rassurer et il le sentit à nouveau. Ouf… Il restait encore du temps. Mais avec sa tête qui le faisait souffrir, il allait finir par devenir fou.

Il repensa à l’Agent Jenny qui avait eu affaire au Pokémon de la caverne. C’était donc cela, comme les autres, elle était devenue folle et avait disparu. Il fallait qu’il trouve une solution.  Qu’il reste rationnel.  Cela ne pouvait pas être la fin. Il avait encore plein de choses à faire, de gens à revoir.

Il pensa à sa mère, qui l’attendait fièrement au Bourg Palette.
A Pierre et son enfant qu’il risquait de ne jamais voir.
Il pensa à Ondine et à tout ce qu’il aurait aimé lui dire, ou ne pas lui dire. Simplement la revoir, la féliciter pour son mariage. Mais la revoir, au moins une fois. C’était injuste, il ne pouvait pas partir sans la revoir.

Il se leva faiblement et abaissa sa casquette devant ses yeux. Ses mains tremblaient, mais il ne fallait pas qu’il se laisse aller.

- Pikachu, on va aller à Safrania, dit-il à son compagnon électrique, d'un ton faussement confiant.
- Pika ?
- La seule personne qui puisse m’aider se trouve là-bas. Tout ira bien, rajouta-t-il, comme pour se convaincre.

Il releva la tête et se laissa volontairement éblouir par le soleil. Il sentit la chaleur de ses rayons amicaux sur son visage et en apprécia la douceur, comme seul quelqu’un qui sait que cela ne durera pas peut le faire. Il porta sa main à sa ceinture noire et, avec appréhension, tenta de saisir une de ses Pokéballs. Le contact métallique le fit tressaillir, mais le rassura.

- Arcanin ! J’ai besoin de toi ! Cria-t-il dans le silence des bois.

La Pokéball vola dans le ciel bleu et libéra un majestueux Pokémon Feu, qui vint renifler d’un air étrange son dresseur.  Il avait manifestement compris que quelque chose ne tournait pas rond.

- Arcanin, on n’a pas beaucoup de temps ! Il faut que tu m’amènes à Safrania au plus vite ! Fit Sacha en montant sur le dos de son ami et en s’accrochant fermement à son pelage vif, Pikachu devant lui, entre ses bras.

Le Pokémon Feu n’attendit pas la fin de la phrase de son dresseur pour comprendre l’urgence de la situation et fila à travers bois pour rejoindre la route 25, direction Safrania.

Quand ils repassèrent près de la maison de Cassandre, Sacha pensa à la jeune fille et n’osa pas se retourner. Son regard se durcit. Il se trouvait minable et ne voulait plus y penser.

- Arcanin, vas-y maintenant, Vit'extrême ! Cria-t-il à son ami, qui se fit instantanément éclair le long de la route 25.

Sacha se cramponnait à lui de toutes ses forces, sachant que ses mains pouvaient lâcher à tout moment. Le vent qui claquait sur son visage l’empêcher de penser à son mal de tête. Chaque mètre parcouru était un mètre de moins qui le séparait de son espérée sauveuse. Arcanin fatiguait, il le sentait, mais il savait que son ami n’abandonnerait pas. Il était aussi têtu que son dresseur après tout.

Les minutes passaient, irréelles, puis se transformèrent en heures. Quand tout à coup, Sacha ne sentit plus les flancs musclés de son Pokémon sous ses cuisses. Il se vit, horrifié, passer au travers de son ami et s’écraser sur le sol terreux, dont il ne sentit pas le contact.

Arcanin s’arrêta net quand il ne sentit plus le poids de Sacha sur son dos et revint sur ses pas à la rencontre de son dresseur. Ses doigts se mélangeaient au sol, de grosses larmes roulaient sur ses joues. Il était totalement paniqué, épuisé, secoué par d’importants soubresauts.

Pikachu sauta d’Arcanin et vint se mettre devant Sacha.

- Pika !
- Pikachu, je n’arriverai pas jusqu’à Safrania… Si j’arrive déjà jusqu’à Azuria, ce serait un miracle…

Azuria. Ce nom fit écho dans sa tête et cet écho mit bien longtemps à disparaitre. Assez longtemps en tout cas, pour que peu à peu, il ressente le sol dans son dos. Il se releva aussitôt, il n’y avait une minute à perdre. Il sortit un papier et un stylo de son sac à dos limé par les années, prit appui sur un rocher et commença à rédiger une longue note.

Quand il eut fini, il enroula le papier comme un parchemin et sortit un mouchoir de sa poche qu’il enroula à son tour autour du parchemin. Il prit ensuite son lacet droit et bloqua le tout d'un nœud.

- Pikachu… Si je, je n’y arrive pas. S’il te plait, donne ça à Ondine. Ok ?
- Tchu ! Siffla gravement Pikachu.

Il aiderait Sacha jusqu’à son dernier souffle et ce même s’il disparaissait, parce que les promesses elles, ne disparaissent pas. Et c’est exactement ce qu’il y avait entre les deux amis, une promesse.

Sacha prit son lacet gauche et noua autour du cou de Pikachu la lettre qu’il avait écrite. Il caressa du doigt le mouchoir, soupira et sourit comme quelqu’un qui sait que la fin est proche, mais que la façon de l’éviter serait bien belle.
Mais sérieusement ? Qu'est-ce qu'il lui avait pris de rentrer dans cette grotte ?!

Il remonta sur Arcanin avec Pikachu. Il le sentait à peine, mais il le sentait encore, c’était l’essentiel.

Pikachu se retourna pour observer son dresseur. Il voyait à travers lui la route 25, longue, trop longue. Le petit paquet accroché à son cou, il le protégerait au péril de sa vie.

Arcanin s’élança à nouveau sur la route. Bientôt Azuria fut en vue et le cœur de Sacha se serra atrocement. Des sentiments contraires s’y battaient comme sur un ring clandestin et chaque coup était insupportable.
Il allait revoir Ondine.

Quand ils entrèrent dans la ville, Sacha regardait seulement en face de lui. Les vagues de souvenirs qu'ils pensait avoir oubliés l'étourdissait.

Encore un peu… Se disait-il. Encore un peu…

Pourtant il sentait bien depuis une grosse demi-heure que ses forces disparaissaient avec lui.

L’arène de la ville se dressa soudain devant lui, monstrueuse, gigantesque, magnifique, froide, lumineuse. Sacha avait tellement peur, bien plus qu'il ne voulait se l'avouer. Il descendit d’Arcanin et le rappela dans sa Pokéball. Son ami était complétement épuisé.

- Merci Arcanin…

Bon… Se dit-il. Allez, ça va le faire. Ça va le faire, ça va le faire.

Il soupira de nombreuses fois et se mordit la lèvre.

Purée Sacha mais c’est pas possible, t’es qu’un trouillard, c’est pas possible ! Se dit-il.

Pikachu lui jeta un regard noir : C’est quand tu veux.

Sacha inspira profondément. Il fallait qu'il laisse l'enfant derrière lui, il était adulte à présent. Il appuya sur la sonnette à côté de la porte d’entrée. Quand il entendit la sonnerie résonner dans l’enceinte de l’arène, son sang se glaça et il ne pensa à rien. Il fixait le sol, s’essuyant les mains sur son jean. Il était 15h, il faisait chaud et après sa course, il était trempé de sueur.

Il releva la tête en une fraction de seconde quand il entendit des pas se rapprocher. Au son de la voix qu'il entendit derrière la porte et qui demandait qui c'était, une sensation d’ivresse l’envahit ! Ça faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas entendue son amie ! Quel idiot il avait été de ne pas appeler !

- Ondine ! Cria-t-il, en appuyant les paumes de ses mains sur la porte.

Le nom de son amie c'était enfui de sa bouche. C'était un mélange entre un appel de détresse et un cri de joie qu'il n'avait pas pu contenir. Il entendit une clé tourner dans la serrure et la porte s’ouvrit.

Le soleil venait de se lever sur la douce ville d’Azuria. Une brise d’été soufflait légèrement et les rayons du soleil commençaient à inonder les rues. Cette journée s’annonçait belle et chaude. Une journée d’été classique en fin de compte.

Quand la lumière se fraya un chemin jusqu’à son visage, la dresseuse de Pokémons Aquatiques ouvrit un œil, puis l’autre. Elle s’étira en baillant et tourna sa tête vers le réveil : 6h00. Il était encore très tôt, mais elle ne parvenait plus à dormir. Même si elle arrivait à y penser de moins en moins, l’appel de celui qu’elle pensait être Sacha l’avait vraiment perturbée.

Elle avait attendu inconsciemment près du téléphone de longues minutes, plusieurs jours durant, sursautant à la moindre sonnerie, mais au final rien. Et elle savait qu’il n’y aurait rien d’autre, pourquoi se voilait-elle la face ainsi ? Est-ce qu’il avait voulu lui parler ? Est-ce qu’il pensait encore à elle ? Si ça se trouve, il s’était simplement trompé de numéro… Cette pensée l’attrista et l’énerva au plus haut point. Elle saisit l’oreiller blanc à côté d’elle et le plaqua sur son visage pour étouffer son cri.

Où es-tu Sacha ? Que deviens-tu ? Ça te tuerait de me donner des nouvelles ? Bon sang, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça…

Il fallait qu’elle arrête d’y penser. Elle allait devenir folle.

D’ailleurs tiens, cet oreiller. Qu’est-ce qu’il faisait là tout seul ? Où était donc son propriétaire ?

Allez ma vieille, debout, se dit Ondine. De toute façon, tu ne pourras pas te rendormir.

Elle se leva et se dirigea péniblement jusqu’à sa douche. Le contact de l’eau lui fit le plus grand bien et elle reprit un peu ses esprits. Elle avait toujours affectionné l’eau, depuis son plus jeune âge. C’était vraiment son élément. Une bonne douche, un bon bain, mieux encore une baignade, et son humeur revenait au beau fixe.

Elle entendait du bruit en bas, dans la cuisine. Cela devait être Jude qui préparait le petit déjeuner. Il était matinal. Très matinal.

Trop matinal ? Se demanda-t-elle.

Bon, il fallait qu’elle arrête de lui trouver des défauts, à l’évidence, il était parfait. Mais pourquoi donc est-ce qu’elle avait l’impression que quelque chose chez lui l’embêtait ?

Enroulée dans sa serviette de bain, elle refit le lit et s’assit sur la couette. Avec milles et une précaution, comme si quelqu’un la surveillait, elle sortit un gros carnet de derrière sa table de nuit. Au vu du nombre de pages qui en dépassait et de l’usure de sa tranche, il semblait que ce n’était pas la première fois qu’il servait. Ondine griffonna quelques phrases dedans.

Elle était en train de se tapoter le crayon sur le nez en réfléchissant, quand  une odeur de pancakes vint doucement chatouiller ses narines, une odeur auquel personne ne pourrait résister !

La jeune femme décida donc d’arrêter ses 'bêtises', comme elle aimait se le dire et rangea précieusement le carnet derrière la table de nuit, là où personne n’irait chercher. Continuer son journal lui semblait un peu infantile maintenant qu’elle avait 22 ans, mais cela la soulageait vraiment de mettre ses pensées par écrit. Elle préférait largement cela à les trainer en poids lourd toute la journée.

Ondine sauta donc à pieds joints du lit. Elle arrangea ses cheveux roux dans le miroir, mais eut une flemme immense de se maquiller.

De toute façon, ça partira dans l’eau du bassin de l’arène, alors à quoi bon, se dit-elle.  

Elle mit un T-shirt marinière ample, rayé noir et blanc, qui tombait gracieusement en dévoilant l’une de ses épaules, un short en jean et ses baskets blanches, et dévala les escaliers comme une gamine en essayant de ne plus penser à Sacha, mais plutôt au succulent petit déjeuner qui l’attendait !

- Coucou ma puce ! Bien dormi ? Fit Jude en la voyant faire irruption dans la cuisine.
- Oui très bien, mentit Ondine, tout sourire. Qu’est-ce que ça sent bon, je n’ai pas pu résister !
- Je suis désolé de m’être levé aussi tôt, mais j’ai entendu le téléphone sonner...
- Ah bon ? J’ai rien entendu moi.
- Normal, tu dormais comme si un Rondoudou t’avait chanté dans les oreilles toute la nuit, répondit Jude, en riant.
- Ah bon ? Pardon… J’étais épuisée, fit Ondine, un peu vexée. Et alors, qui a appelé ? Tu… as pu décrocher ? Rajouta-t-elle, une petite inquiétude dans la voix.
- Oui bien sûr ! C’était l’infirmière Joëlle !
- Ah… Répondit la jeune fille.

C’est moi ou elle a l’air déçue ? Se demanda Jude.

C’est vrai que depuis qu’il avait retrouvé sa douce dans le salon le jour de la compétition à Amarante, dans le noir, au pied de la statuette cassée, il lui semblait qu’Ondine était vraiment bizarre.  

- Et elle voulait quoi au juste alors l’infirmière Joëlle ? Continua la jolie rousse, en noyant son pancake tout chaud dans du sirop d’érable.
- Eu…  Tu ne crois pas que tu devrais arrêter là avec le sirop ?
- Oh mais ça va, je fais encore ce que je veux ! Lui balança la jeune fille, surprise de sa propre virulence. Pardon, je m’emporte, je ne suis pas encore réveillée...
- Oui, oui, mais bon… Répondit Jude, suspicieux.  Bref, tout ça pour dire que l’infirmière voulait te prévenir que des dresseurs Pokémon étaient déjà partis de son centre grignoter un bout et n’allaient pas tarder à venir à l’arène pour un match.
- Déjà ? Mais il est 6h30 ?! Ils sont fous ?
- Ben oui qu’est-ce que tu veux, certains ont du mal à comprendre qu’il n’y a pas que les Pokémons dans la vie !

A cette remarque, le jeune homme vit le regard d’Ondine virer au noir et plonger dans son assiette.

Oulah, je n’aime pas ça, pensa-t-il, j’ai du réveiller le Léviator ! Mais qu’est-ce que j’ai dit, c’est pas possible…

- Je vais tellement leur mettre la raclée de leur vie, marmonna la championne en se relevant.

Elle embrassa Jude sans trop de conviction en se forçant à sourire.

Heureusement qu’il se rend pas trop compte de ce genre de chose, pensa-t-elle, en faisant erreur bien entendu.

Et elle alla rejoindre l’immense aquarium où ses Pokémons Eaux commençaient à se réveiller.

Elle attendit plusieurs heures, mais les soi-disant dresseurs n’arrivaient toujours pas.

- Et en plus, ils sont impolis et pas ponctuels… Dit-elle à haute voix, bravo la jeunesse.

Tandis qu’elle prononçait ces mots, son Stari sauta hors de l’eau et lui lança un bon pistolet à eau dans la figure. Ondine se mit à rire.

- Pardon Stari, hahaha, je suis vraiment râleuse en ce moment ! J’arrête, promis.

Le Pokémon Eau tourna plusieurs fois dans les airs pour manifester sa bonne humeur.

*Dringggg*

- Ah ! Quand on parle du loup, dit la dresseuse. Allons ouvrir.
- Psyaieaie… Fit un petit Pokémon dodu en s’avançant vers elle.
- Tu veux venir avec moi Psykokwak ?
- Psy…

*Dring !!! Dring !*

- Ça va, j’arrive, j’arrive ! S'exclama Ondine, en courant vers la porte principale de l’arène. Qui c’est ?

Elle ouvrit la porte, Psykokwak derrière ses jambes.

- Je viens gagner le badge de cette arène ! Fit gravement une petite voix masculine.

Le garçon qui lui parlait devait avoir environ 12 ans. La fille du même âge qui l’accompagnait lui dit :

- Oh quand même ! Tu pourrais être plus poli !
- Je ne vois pas pourquoi je devrais être poli avec une gardienne ! C’est la championne d’arène que je veux voir.
- Euh ben c’est moi… Dit Ondine, blazée, trempée, avec son Psykokwak collé à son mollet.
- C’est vous ?! Répondit le garçon, avant de rire fortement. Hahaha ! Enfin un badge facile à gagner !

Non mais pour qui il se prend ce môme ! Grommela Ondine intérieurement.

- Tu te rends compte de ce que tu dis ? Excuse-toi ! Fit la demoiselle, énervée, qui accompagnait le garçon arrogant.
- Mais mêle-toi de tes affaires !
- T’es vraiment un idiot !
- Et toi une peste !

Ondine regarda avec pitié la jeune fille.

Et bien toi ma belle, tu n’es pas sortie de l’auberge pensa-t-elle. J’espère que tu n’es pas encore amoureuse de lui...

- Bon on le fait ce match ! Plus vite je gagne, plus vite je vais à l’arène de la prochaine ville !

Mais qu’est-ce qu’il m’énerve…  Mais qu’est-ce qu’il m’énerve… Pensa la championne.

Inutile de dire que le match fut extrêmement bref. Le garçon eut beau utiliser ses trois Pokémons réglementaires, le Léviator d’Ondine les mis tous KO en une attaque. Une fois le match fini, la dresseuse de Pokémons Aquatiques s’avança vers le garçon qui lui faisait, mine de rien, un peu de peine.

- Tu t’es bien battu, mentit-elle. Tu feras mieux la prochaine fois.

Le garçon ne répondit pas et garda la tête baissée. La jeune fille qui l’accompagnait le prit par le poignet, il se laissa faire et ils s’en allèrent tous les deux s’en rien dire.

- Bon j’y suis peut-être allée un peu fort, reconnut Ondine en caressant son Léviator.

Elle continua a entraîner ses Pokémons une heure ou deux quand la sonnerie de la porte principale retentit pour la seconde fois de la journée.

- Ah ! Léviator ! De nouveaux concurrents ! Je vais essayer de la jouer Fair Play cette fois, dit elle à son ami en accompagnant ses propos d’un clin d’œil.  
- Psyaieaie !
- Ah non, cette fois-ci, toi, tu restes là !

Ondine s’avança vite vers la porte.

- Qui c’est ? Demanda-t-elle en mettant sa main sur la poignée, enthousiaste à l'idée de se battre à nouveau.
- Ondine !!! Répondit une voix bien trop familière.

Sa... Sacha ?! Non ce n'est pas possible pensa-t-elle, je dois rêver ! J'ouvre ?

Les doigts tremblants, elle eut du mal à tourner la clé dans la serrure. Fébrile, elle ouvrit la porte.

Ne te fais pas de fausses joie, tu confonds, se répétait-elle silencieusement.

Une fois la porte ouverte, elle crut à une blague et s’en voulut d’avoir autant espéré. Voila qu’elle entendait des voix maintenant... Il n’y avait personne. C'était sûrement des gamins qui lui avaient joué un tour. Elle baissa les yeux, blessée, et qu’elle ne fut pas sa surprise quand :

- Pikachu ?!
- Pika… Répondit timidement la souris électrique, impressionné de revoir Ondine.
- Pikachu ? C’est bien toi ?!

Pikachu, passé les deux secondes d’étonnement, sauta dans les bras d’Ondine, qui le serra très fort dans ses bras sans y croire.

- Pikachu c’est vraiment toi ?! Qu’est-ce, qu’est-ce que tu fais là ? Sacha… (Elle eut du mal à prononcer son nom à haute voix) n’est pas avec toi ?
- Pika… Pika…

Pikachu avait l’air grave, des larmes brillaient dans ses yeux.

- Pikachu ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Il est arrivé quelque chose à Sacha ?

Les grands yeux  bleus-verts d'Ondine tombèrent sur le petit rouleau de papier accroché au cou de Pikachu. Elle caressa du bout des doigts le mouchoir qui l’enveloppait.

- Mais, c’est mon mouchoir…

Son regard dépassa Pikachu pour se porter sur le sol devant eux, où gisaient 5 Pokéballs. Elle commença à sentir une vague d’angoisse la submerger.

- Pikachu ! Dis-moi ! Il est arrivé quelque chose à Sacha c’est ça ? Je t’en pris dis-moi !

Pikachu hocha positivement de la tête et Ondine sentit un vide immense l’engloutir.

- Sacha…