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 Les Pokémons amoureux

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Laura57
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Laura57


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Film Pokémon préféré : Je les aime bien tous mais je dirais les trois premiers films
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Les Pokémons amoureux - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux - Page 2 Icon_minitimeSam 01 Mar 2014, 00:24

Merci pour ton commentaire Natsu ! Smile
Et oui, c'est vrai que nous n'avons pas la même notion de "chapitre court" Mdrr
Mais je pense qu'un chapitre court ne fais non plus dix lignes lol (Je ne dis pas ça péjorativement, hein ! x) ) Enfin, je voulais que le chapitre était court comparé aux autres. ^^'
Je suis contente que ma fiction te plaise. Smile
Oui je sais j'abuse de poster à cette heure-ci, et je vous avoue que (oui) j'ai eue la flemme de poster la suite tout simplement. ^^"
Sans plus tard, une longue suite et m'excuse encore pour les éventuelles fautes d'orthographe et de conjugaison ! xD

Chapitre 6 : « L'amour. C'est tellement vaste. Il a tellement d'apparences. Tellement de visages finalement... » Oohfemmeluxieuse

Les mains dans la poche de sa veste, Paul traversa un passage piéton et continua tranquillement sur la chaussée. D’imposant crient et braillement lui cassèrent les oreilles, l’obligeant à tourner la tête à gauche, vers un énorme dôme, les sourcils froncés. Une impressionnante foule était réunie sur les différents stands, tandis que d’autres s’agglutinait sous les arcades. Il s’arrêta un instant, balaya la foule du regard et, poussé par une nouvelle curiosité, se dirigea vers le bâtiment rond.

Il bouscula plusieurs personnes, jouant des pieds et des mains afin d’arriver sous les arcades, et entendit les différents commentaires de la foule.

«  C’est serré… ! », « Il ne laisse pas de répit à son adversaire ! », « Plus qu’une minute ! », « Qui va gagner, à ton avis… ? »

De plus en plus intrigué, il finit par atteindre le hall avant d’être littéralement plaqué dans un coin, écrasé par des inconnus un peu trop impulsifs. Le jeune homme grogna ouvertement et aperçut ensuite un visage familier sur un écran géant. C’était la retransmission d’un combat. D’un concours, plus exactement. Et la coordinatrice possédait un air déterminé, comme assoiffée par la victoire. Sa voix résonna dans les haut-parleurs de la salle, tandis que l’image d’un hérisson mal en point et sur une plateforme flottante, s’affichait à l’écran.

«  Tiens bon, Feurisson ! Le match n’est pas fini : On peut encore retourner la situation ! »

L’animal se redressa sur ses membres fébriles avant que la caméra ne filme son adversaire. Un Type Eau. Un Azumarill. Pas étonnant qu’elle ait dû mal. Avec un désavantage pareil… La souris toisait sérieusement le Type Feu et s’autorisa un léger et fier rictus. La télé montrait à présent le tableau des résultats, suivit des commentaires perspicaces de la présentatrice. Paul ignora les cris aigue de la maitresse de scène et se concentra sur l’image. C’était la photo des deux coordinatrices, le score comptabilisé en diagramme circulaire pâle et au milieu, le temps qui s’écoulait seconde par seconde. L’adversaire d’Aurore avait plus de points qu’elle et le temps diminuait encore. En d’autres termes, elle était en train de perdre.

Paul fixait le regard dur ainsi que la mâchoire serrée de la jeune fille avant d’entendre sa voix résonner une secondes fois.

«  Lance-flamme ! » Ordonna-t-elle

Le hérisson gonfla ses joues et cracha d’impressionnantes gerbes de flamme en direction de la souris, qui se mit mécaniquement en garde, le buste en avant.

«  Contre avec Hydrocanon ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait, le Type Eau projeta un énorme jet d’eau qui se cogna contre le feu, créant ainsi un léger bras de fer, avant de gagner dangereusement du terrain et de foncer sur son ennemi, faisant perdre encore des points à Aurore.

«  Feurisson, saute et utilise Brouillard ! »

Le hérisson évita de justesse le canon d’eau et souffla une épaisse fumée qui envahie l’air de combat et engloutit la souris bleue, prise au dépourvue.

«  Continue avec Météores ! » Enchaîna précipitamment Aurore

Des étoiles jaunes transpercèrent le nuage noir et frappèrent de plein fouet son adversaire, faisant ainsi perdre des points au score de son propriétaire. Paul observa le visage d’Aurore que l’écran montrait. Elle souriait. Elle reprenait espoir. L’image changea et affichait le temps devenu maintenant critique.

«  C’est bien ! » Félicita la coordinatrice, « Finissons-en : Roue de feu ! »

Le jeune homme tiqua et fronça les sourcils. Pourquoi une attaque directe ? Son adversaire pouvait riposter lorsqu’il le sentirait assez proche. N’avait-elle pas vue que le piège dans lequel elle allait bêtement tomber ? Une attaque à distance aurait très bien pu faire l’affaire, tout en minimisant ses chances de défaite. Il regarda l’animal prendre appui la plateforme blanche, bondir dans les airs et se rouler en boule pour faire éclater son pouvoir dans une étonnante roue enflammée. Il fonça à toute vitesse sur le nuage noir avant d’entendre la voix de l’autre coordinatrice.

«  Azumarill, Damoclès ! »

La souris bleue, entourée d’un éblouissant halo blanc, perça la fumée et cogna durement la roue de feu, tandis que la présentatrice commenta inutilement l’action, et que le visage crispé des deux coordinatrices s’affichait à l’écran. Le hérisson ne résista pas longtemps et voltigea lentement dans les airs, sous les cris apeurée de sa dresseuse.

«  Enchaine avec Queue de fer ! » Répliqua l’autre coordinatrice

Le Type Eau fit briller sa queue d’une couleur métallique et frappa brutalement l’estomac du hérisson, le visage crispé et tordu de douleur. Il s’écrasa brusquement sur l’une des plateformes qui bougea légèrement sous son poids. La fumée se dissipa, alors qu’Aurore encourageait son compagnon de poche à se relever, le suppliant de toutes ses forces. Un strident sifflet retentit dans les hauts parleurs, tandis que la présentatrice annonça la fin du temps réglementaire.

Bien qu’il ait déjà une petite idée du résultat, Paul scruta silencieusement l’écran, impatient de savoir qui était la gagnante. Le verdict venait soudainement de tomber. Les points de l’adversaire d’Aurore étaient supérieurs,  la déclarant ainsi victorieuse.

Les applaudissements fusaient, s’amplifiaient alors que l’écran affichait maintenant le terrain dans son ensemble. La gagnante avait le sourire aux lèvres, son Pokémon dans les bras. Aurore, elle avait la tête basse, déçue. Elle sauta sur la plateforme blanche pour rejoindre son compagnon de poche, qui ouvrait à peine les yeux et la regardait, coupable d’avoir perdu le match. Elle devait certainement lui murmurer des mots hypocrites, comme quoi il s’était bien battu, que ce n’était pas grave, qu’il ferait mieux la prochaine fois…

«  Dommage pour Aurore… », « Elle a eue du cran d’affronter un type Eau avec un type Feu… ! », « Ce concours était difficile. C’est tout de même bien qu’elle soit arrivée en finale. », « C’était un beau combat, je trouve… », « Pour moi, ils étaient tous les deux formidables ! » Commentèrent les téléspectateurs

Paul grimaça de dégout. De toute façon, il savait qu’elle était nulle. Rien qu’avec le type qu’elle avait choisi et aux fautes qu’elle avait facilement commises ! S’il était à sa place, jamais il n’aurait fait ce genre d’erreurs ! Vraiment, qu’elle débutante… ! Mais dans un autre sens, comme le disait son entourage, elle était quand même arrivé jusqu’en final…

Paul ferma les yeux, mécontent. Non, en fait, c’est le résultat qui comptait. Elle avait perdue, un point c’est tout. Cela voulait dire qu’elle ne savait pas s’entrainer. Elle qui disait que l’amour et l’attention rendait les Pokémons plus forts, elle devait se sentir complétement pathétique, à présent ! , pensa le jeune homme dans un léger rire.  Elle qui donne des conseils et ne sait même pas les utiliser… ! C’est pitoyable !

Paul soupira longuement et quitta difficilement le hall pour sortir du bain de foule qui lui bloquait le passage. Il grimaça après qu’il fut hors de portée de tous ces inconnus, et voyant à sa montre que l’heure du repas de midi approchait, il bifurqua dans une autre rue afin de rejoindre un restaurant, les mains dans les poches de son pantalon.

OoOoOoOoOoOoOoOo

La montre d’Aurore indiquait dans un petit bruit qu’il était 12 : 10, ce que la coordinatrice ignora en détournant légèrement le regard, la tête baisse. Elle se trouvait toujours dans les vestiaires et ne s’était même pas changée, portant encore sa tenue de concours. Une robe beige sans prétention qui la mettait gracieusement en valeur, munit d’un épais ruban noir derrière. Elle serra les dents, rageuse. Elle avait perdue plusieurs fois, savait très bien quel sentiment désagréable cela procurait, mais la réalité était toujours aussi blessante. Aurore tourna la tête vers le hérisson à ses côtés. La respiration lente, les yeux clos, il reprenait petit à petit des forces. Cependant, un soin complet au centre Pokémon serait plus avantageux et certainement plus rapide.

«  Peut-être que Paul a raison, finalement… L’attention et l’amour ne servent à rien, pour gagner un match… » Marmonna-t-elle

L’animal ouvrit les paupières et se redressa doucement pour cogner le bras de sa dresseuse. Elle sourit presque immédiatement et le rassura dans une brève caresse.

«  Désolé. Je dis n’importe quoi. »

Le type Feu avait raison. Cela ne servait à rien de se lamenter sur son sort. La prochaine fois, ils gagneraient à coup sûr. Après tout, si le temps ne s’était pas écoulé à ce moment-là, et s’il avait eu un peu plus de résistance, ce sont eux qui auraient remporté le combat. Cependant, elle avait beau penser ceci, si elle le faisait, c’était uniquement pour s’en convaincre et se rassurer.

Parce qu’au fond, c’était Paul qui avait raison sur toute la ligne. Pour gagner, il fallait de la force. De la puissance. De la stratégie. En bref, s’entrainer à la méthode dure. Même Reggie le reconnaissait. Le procédé de son frère était brutale et peu aimable mais les résultats étaient là : C’était un bon dresseur. Alors pourquoi s’acharnait-elle à lui faire admettre que l’amour et la confiance sont essentielles à n’importe qu’elle vie ? Elle était ridicule…, soupira-t-elle avant que le grincement d’une porte ne la tire de sa rêverie, l’obligeant à cligner des yeux et à lever la tête.

«  Nous allons fermer le bâtiment. » Avertit la maîtresse de scène

Aurore hocha la tête et la regarda s’avancer vers elle.

«  Je tenais à te dire que ton combat était génial. Dommage que le temps ce soit écoulé, tout à l’heure. Et ne t’en fais pas, tu gagneras la prochaine fois. » Assura-t-elle dans un petit sourire
«  Oui, merci. »

La jeune femme se retourna en lui intimant de se dépêcher et de sortir rapidement de l’établissement, ajoutant au passage qu’elle devait passer au centre pour faire soigner son Pokémon. La porte claqua tandis que la coordinatrice soupira une nouvelle fois en se décollant du banc. Elle se changea rapidement, enfonça son énorme bonnet sur le crâne et sourit aux deux orbes rouges à ses pieds.  Les portes du dôme se refermèrent derrière la coordinatrice tandis qu’elle offrit son visage à la lumière du soleil, un léger sourire sur le visage. Elle quitta ensuite le terrain où différents vendeurs remballaient leurs stands et traversa le passage piéton après avoir regardé des deux côtés de la route.

Aurore pressa le pas tout en s’excusant auprès de son compagnon de poche pour lui faire subir cela et justifiant qu’il fallait arriver le plus vite au centre Pokémon. Vu l’heure, il devait être blindé, et ils devraient sans doute attendre une bonne heure avant que leurs tour ne viennent. Elle s’arrêta devant une longue ruelle, l’observa un instant, pointa du doigt la lumière qui s’en dégageait de l’autre côté et annonça au Type Feu que c’était par là.

Le hérisson suivit du mieux qu’il pouvait sa dresseuse et la rejoignit dans un léger bond en évitant une poubelle qui lui bloquait le chemin. Ils sortirent de la ruelle et, après avoir regardés autour d’eux, ils foncèrent sur un plan de la ville qui était affiché à un mètre de là.

«  Mmh… Il faut aller à gauche. Et le centre est deux pâtés de maison plus loin. » Annonça-t-elle avant de baisser les yeux sur son compagnon, «  Ca va aller, tu pourras tenir le coup ? »

Le Type Feu se tourna vers elle et lui sourit d’un air déterminé, signe qu’il était encore en forme pour continuer la route. La coordinatrice lui rendit son sourire et pivota sur elle-même pour finalement déclarer qu’ils y allaient. Aurore arriva au bout de la rue et tourna au coin d’un bâtiment avant de se figer, étonné.

Des ouvriers perçaient le bitume, donnaient des directives, creusaient des trous, conduisaient des pelleteuses,  mesuraient le sol ou bien finissaient de sécuriser l’endroit. Sans compter le bruit assourdissant qui les accompagnaient. Dépité, elle grimaça en exhalant un soupir et s’approcha ensuite d’un homme au gilet fluo. Il l’aperçut immédiatement et fit un pas en avant.

«  Le passage est interdit au public, mademoiselle. »
«  Mais je dois passer par là pour aller au centre ! Mon Pokémon a rapidement besoin de soin ! » Rétorqua-t-elle montrant d’un geste bref l’animal qui se trouvait à ses pieds

L’homme rehaussa ses épaules et osa un sourire désolé avant de continuer ses explications.

«  Je suis désolé. Comme vous le voyez, nous sommes en plein travaux. De plus, il remonte toute l’avenue. Il va falloir faire un détour. »

Aurore soupira grassement, déçue, planta son poignet gauche sur sa hanche et baissa la tête afin de croiser les deux orbes rouges du Type Feu.

«  Tu te sens capable de faire un aussi grand détour ? »

Le Pokémon acquiesça de la tête, un petit sourire sur le visage. La coordinatrice reporta son attention sur l’ouvrier et trancha rapidement ses excuses en déclarant que ce n’était rien avant de le remercier et de faire demi-tour.

Aurore soupira ouvertement en arrivant au carrefour qu’elle avait franchis il n’y a même pas deux minutes.

«  Qu’elle poisse… ! » Maugréa-t-elle

Cela ne l’arrangeait vraiment pas de faire tout ce chemin, parce qu’il fallait marcher et que ses pieds réclamaient silencieusement de pouvoir se reposer. Et puis, son Pokémon devait être au bout du rouleau, lui aussi. Pourquoi avaient-ils décidés de faire ce fichu chantier pendant le temps du concours ? Ils n’auraient pas pu prévenir avant ? Pff… Ils faisaient vraiment tout pour compliquer la vie des citoyens, ceux-là…!

Elle réfléchit un instant, se disant que le port n’était qu’à une rue d’ici et qu’elle pouvait passer par là pour atteindre le centre Pokémon. Oui, cela semblait être une bonne idée, pensa-t-elle en souriant.
Aurore entreprit alors de gagner le port en s’enfonçant dans la route qui se trouvait devant elle.

La jeune fille laissa tomber son regard sur le hérisson et ne put s’empêcher de se sentir coupable de toutes ses égratignures. Si elle avait mieux réfléchie et utiliser ses coups au bon moment, il n’aurait pas été blessé comme cela. Au final, elle faisait vraiment une piètre dresseuse… Aurore soupira. Et voilà qu’elle remettait encore ses qualités de coordinatrice en question. Cela faisait la seconde fois depuis qu’elle avait mit les pieds dans la région de Johto…

Elle avait voulue jouer les dures en faisant appel à un Type Feu, sachant pertinemment que son adversaire en profiterait et choisirait sa faiblesse. Après tout, lors de son voyage initiatique, elle avait appris qu’un type désavantagé pouvait très bien remporter une manche. Mais cette méthode ne fonctionnait pas à tous les coups et possédait un pourcentage de réussite assez variable. Et son compagnon de poche en avait fait les frais. Si elle avait choisi son écureuil électrique, le ruban du concours reposerait tranquillement dans sa boite, avec les trois premiers…

Aurore laissa passer une voiture folle et traversa ensuite le passage piéton pour continuer sur plusieurs mètres. Une légère brise rafraîchit son visage. Elle sourit doucement à la vue du port qui se trouvait devant elle avant d’avancer lentement. Son sourire s’effaça petit à petit, et lorsque ses deux prunelles bleues accrochèrent un imposant paquebot, ses pas s’arrêtèrent instantanément.

Alors qu’elle plissait nostalgiquement les yeux, une maigre moue s’empara de sa mâchoire. Elle repensa à ses amis. Sacha devait conquérir une nouvelle ligue, gagnant encore et toujours d’expérience à chaque adversaire battu. Pierre, quant à lui, devait être en train de passer les examens d’entrée en tant que docteur Pokémon… Allaient-ils bien ? Pensaient-ils à elle, quelques fois ? Se souvenaient-ils de tous les bons moments qu’ils avaient passés ensemble ? Une chose était sûre, elle était certaine que ses amis avaient fait des progrès.

Aurore soupira longuement et reprit sa marche en doublant plusieurs bateaux tenu en laisse par une corde et qui tanguaient au rythme des vagues. Et Paul ? Avait-il progressé, lui aussi ? Avait-il déjà remporté le badge de la ville ? Et au fait, est-ce qu’il avait vu son combat ? Elle se souvenait qu’il lui avait demandé où se déroulait le concours, mais elle ne l’avait pas vue. Oh, et puis de toute façon, c’était mieux ainsi. Déjà qu’il la rabaissait sans avoir assisté à aucun de ses matchs, alors s’il l’avait vue, il l’aurait vraiment trouvé pathétique.

Elle coula une œillade en direction du hérisson à ses pieds, constatant au passage qu’il avait un peu reprit des couleurs et se décida à hâter le pas. Elle finit par arriver au bout du port et remonta la petite rue. Ils étaient presque arrivés. Ils n’avaient plus qu’à continuer tout droit et ils atteindraient enfin le centre Pokémon.

La coordinatrice avança deux mètres avant qu’une bourrasque ne la stoppe subitement. Elle se protégea, les sourcils froncés, avant de sursauter en constatant que la fameuse bourrasque était mêlée à du sable rêche. Qu’est-ce que du sable venait faire au abord de la ville ? Ils étaient près de la mer. Il ne devrait pas avoir une tempête de sable, et d’une forte intensité ! Qu’est-ce qu’il se passait, donc ?

«  Est-ce que tu vas bien, Feurisson ? » Demanda-t-elle difficilement

Alors que l’animal s’accrocha de toutes ses forces au sol en acquiesçant de la tête, le vent cessa petit à petit et le calme réapparut sous les yeux troublés de la coordinatrice.

«  Cette tempête de sable était bizarre… »

Un cri imposant surgit du haut des bâtiments avant qu’une boule marron ne s’écrase sur le béton, à un mètre d’eux.  La poussière se dissipa, révélant une belette jaune surmontés d’écailles et muni de griffes plutôt bien aiguisées. Visiblement, une rage intense avait pris possession de son visage tandis que ses deux orbes noirs les fixaient méchamment. En tout cas, ce Pokémon faisait froid dans le dos.

«  Ça doit être ce Sablaireau qui a déclenché cette tempête... »

Aurore tiqua immédiatement. Une minute… Qu’est-ce qu’un Sablaireau faisait ici ? D’habitude, les Pokémons de terre préféraient les endroits chauds et arides. C’était à ni rien comprendre…  Mal à l’aise, elle déglutit en voyant que les yeux du Type Sol s’intensifiaient dangereusement. Cela n’annonçait rien de bon, pensa-t-elle en grimaçant.

Et l’assaut ne se fit pas attendre. La belette se roula en boule et tourna activement sur elle-même. Aurore sursauta intérieurement en voyant des pics violets se diriger sur eux à toute vitesse.
Elle cligna des yeux afin de se reprendre mentalement et de sauter sur le côté, imiter par son compagnon de poche qui glissa à l’opposé. Après s’être rassurer que le Type Feu n’avait rien, elle reporta son attention sur le Pokémon de terre et le toisa sans retenu, les sourcils froncés.

«  Qu’est-ce qu’il lui prend ? On ne lui a rien fait… »
«  Sablaireau, arrête ! »

Aurore tiqua et leva les yeux au-dessus de son épaule. Un jeune homme venait de s’arrêter au niveau de la coordinatrice et regardait avec effroi le Type Sol. Elle en conclut que c’était son Pokémon avant de rencontrer ses deux pupilles brunes.

«  Je suis désolé qu’il vous ait attaqué sans raison. Nous étions en plein entrainement, et il est subitement devenu fou. »
«  Devenu fou ? » Répéta-t-elle en fronçant les sourcils
«  Juste avant de commencer, je lui ai fait prendre le traitement qu’il doit suivre. Cela doit être ça qui l’a mis dans cet état. »

Aurore réfléchit un instant tout en guettant du coin de l’œil la belette enragée. La première raison qui lui venait à l’esprit était un effet secondaire du médicament, très répandu dans certain traitement. C’était sans aucun doute pour cette raison qu’il attaquait tout et n’importe quoi… Elle conseilla au dresseur de le faire rentrer dans sa Pokéball. Cela serait plus prudent et certainement le moyen le plus sûr pour éviter d’autres ravages.

«  J’ai essayé plusieurs fois. Impossible de le rentrer à l’intérieur. Il évite toutes mes tentatives. »

C’était vraiment typique des Pokémon énervés…, soupira-t-elle intérieurement. Elle lui proposa ensuite de faire combattre un autre de ses Pokémons, avantagé sur le Type Sol bien sûr, mais là encore, le dresseur trouva quelque chose à redire.

«  J’aimerais bien, mais j’ai laissé tous mes autres Pokémons au centre Pokémon pour qu’ils se reposent. »

Qu’elle excuse bidon…, constata-t-elle paresseusement. Il fallait vraiment être bête pour n’emporter qu’un seul de ses Pokémons en entrainements ! Enfin, elle disait ça, mais elle n’avait emporté que son Feurisson, pour participer au concours…, se souvenait-elle dans une moue pitoyable.

«  Bon, on n’a pas le choix. Il va falloir qu’on le mette K.O nous-même. »

Aurore tourna la tête pour rencontrer les deux orbes rouges du hérisson de Feu. Ils se comprirent dans un hochement et reportèrent leurs attentions sur la belette qui se mettait en position de défense. Elle ignora les plates excuses du jeune homme et se concentra sur le terrain de combat improvisé.

«  Je sais que tu es très fatigué, Feurisson, mais il va falloir tout donner pour en finir au plus vite ! Commence avec Météores ! » Ordonna-t-elle en pointant rapidement son adversaire

Le Type feu prit une légère inspiration et projeta plusieurs étoiles sur son ennemi, qui ne tarda pas à riposter par une Tempêtesable défensive. Aurore grimaça en voyant les météores qui éclataient en poussière contre le tourbillon de sable qui venait de s’élever haut dans le ciel. La belette cessa son bouclier de sable et entreprit de forer le sol d’une rapide attaque Tunnel. Cela s’annonçait mal. Sous la terre, impossible de savoir où il allait réapparaitre et frapper !

«  Feurisson, sois prudent ! » Cria Aurore

Elle évalue la situation physique de son compagnon de poche et grimaça. Si le hérisson se fait toucher encore deux fois, il ne pourra vraiment plus se relever. Cela craignait vraiment… ! Constata-t-elle en serrant les dents. Elle eue soudainement une idée et lui ordonna de sauter de toutes ses forces. Dans le ciel, le Sablaireau ne pourra pas l’atteindre. Pourquoi n’y avait-elle pas pensée plus tôt ? se demanda-t-elle dans un sourire.

L’animal prit appui sur ses pattes et se retrouva dans les airs la seconde d’après. Elle baissa ensuite la tête sur le béton et vit qu’il craquait par endroit. Il s’affaissa lourdement et laissa place au Type Sol qui rejoignit brutalement son adversaire. La distance se raccourcirait de plus en plus, faisant sourire la coordinatrice.

«  On va l’avoir…. Utilise Roue de Feu ! »

Le hérisson se roula en boule, faisant éclater au passage sa puissance de feu, et fonça dans l’abdomen de la belette, le visage grimaçant de douleur. Il serra les dents, arquant solidement son bras gauche près de la roue enflammé, et fit briller ses griffes d’une énergie éclatante.

«  C’est son attaque Tranche ! Attention ! » Avertit son dresseur

La griffe percuta de plein fouet le côté de la boule orangé et l’envoya cogner la paroi d’un des bâtiments. Aurore regarda avec angoisse la roue de feu s’annuler brutalement avant de suivre du regard son compagnon tombé platement au pied de la bâtisse.

«  Feurisson ! Est-ce que ça va ? »

L’animal poussa un bref cri afin de rassurer sa dresseuse et se releva du tas de poussière, le visage terne. Il se plaça devant la coordinatrice et grogna durement, les poils complétement dressés sur son dos. Cela allait. Feurisson était visiblement prêt à lui rendre la pareille. La belette arqua à son tour ses écailles afin de paraitre imposant, et toisa hargneusement les deux orbes rouges du Type Feu.

Aurore réfléchit un instant. Son Pokémon avait beau lui dire qu’il allait bien, il était épuisé. Si elle voulait qu’il ne tombe pas dans l’inconscience, elle n’avait plus le droit à l’erreur. Alors autant éviter les combats rapprochés et privilégier ceux à distances…

«  Feurisson, Lance-Flamme ! »

Le hérisson gonfla ses joues à bloc et déversa son trop plein de flammes dans un puissant et rapide jet. Le Type Sol évita le canon de feu dans un agile bond, se referma sur lui-même et pivota énergiquement afin de lancer à nouveau des dars remplis de poison. Aurore rata un battement en regardant  les pics se diriger sur son compagnon. Si son Pokémon se faisait toucher, elle ne donnait pas cher de l’issue du combat. Il se ferait empoisonner, diminuant ainsi son énergie ainsi que ses chances de gagner. Non, elle ne pouvait même pas imaginer le carnage que cela serait ensuite…

Elle tenta de se calmer intérieurement, plissant au passage ses yeux, et balança son bras dans un geste bref.

«  Contre avec Météores ! »

Le Type Feu cessa ses flammes et gonfla à nouveau ses joues pour crépiter à nouveau des étoiles jaunes et robustes. Les deux attaques s’entrechoquèrent et explosèrent dans une légère buée opaque. Elle vit ensuite la belette foncée sur le hérisson, toutes griffes en avant.

«  Brouillard, vite ! »

Il riposta rapidement et cracha une fumée noire comme le charbon, cachant ainsi le champ de vision du Type Sol. Elle lui ordonna ensuite de sauter en arrière pour éviter le boulet de canon. Un craquement sourd résonna dans le brouillard, tandis que l’animal vacillait en atterrissant sur ses pattes. La coordinatrice prit peur et fit un pas vers son compagnon de poche. Le Pokémon avait dû mal à tenir debout. Et elle qui lui demandait de continuer à se battre. C’était beaucoup trop… Et il était en mauvaise posture. Il fallait absolument qu’il se reprenne. Et vite.

«  Relève-toi, s’il te plait ! » Implora-t-elle

Elle n’eut pas le temps de voir la réaction de son compagnon, que le cri du Type Sol attira son attention et l’obligea à tourner la tête vers lui. Un tourbillon de sable s’éleva jusqu’au-dessus du brouillard et dissipa le nuage noir en quelques secondes.  

Aurore rencontra les deux orbes furieuses du Sablaireau, signe qu’il n’allait pas lui faire de cadeau, et l’observa se cambrer, les quatre pattes légèrement encrés dans le béton pour courir agilement vers son ennemi. Elle sursauta dans un clignement d’yeux et braqua ses deux prunelles bleues sur le Type Feu qui tenait à peine debout, le souffle court. La belette se rapprochait dangereusement de lui, visiblement satisfait de la situation. Elle ouvrit la bouche pour crier un nouvel ordre, mais fut coupé par un jet d’étoiles qui s’écrasa sur la pierre en barrant subitement la route au Type Sol.

La coordinatrice n’eut pas le temps de se demander ce qu’il se passait, qu’une ombre atterrit à un mètre de son compagnon de poche. Elle parut étonnée en reconnaissant la silhouette d’un Feurisson et plissa les yeux pour le détailler. Il avait une blessure sur la joue mais rien de très grave, à priori. Elle fronça les sourcils. Il venait de protéger son propre Pokémon et il fusillait du regard le Pokémon de terre. Ce Feurisson ne lui était pas inconnu et elle croyait rarement au hasard.

«  Est-ce que tu es… le Feurisson de Paul ? » Questionna-t-elle quand même en faisant un pas en avant

Le hérisson lui lança une œillade avant de se concentre sur la belette qui bondissait vers lui, et le repoussa sur plusieurs mètres en projetant un solide jet de flammes. Il se retourna  et alla au chevet du Type Feu. Il lui donna un coup de tête et lécha rapidement son visage en guise de réconfort.

Aurore ne put s’empêcher de sourire doucement. C’était bien celui de Paul. Elle avait senti son chéri en danger et était venu lui porter secours.  Attends. Si elle était là, cela voulait dire que son dresseur n’était pas loin ! Elle leva la tête et balaya du regard les alentours. Déception. La rue était vide. La silhouette du désagréable jeune homme ne se trouvait nulle part. Elle en arriva à la conclusion que son Pokémon avait certainement dû le semer, et comprenant qu’il n’allait donc pas tarder à arriver.

La coordinatrice observa les deux Types Feu se regarder un instant avant de se tourner vers les débris de béton et de terre qu’avait formé le corps de la belette lorsqu’elle était retombé au sol. La femelle grogna et s’avança dans un bond, suivit de près par le mâle. Le type Sol se releva difficilement et toisa hargneusement les deux hérissons. Apparemment, le nombre ne changeait pas : Il n’abandonnerait pas jusqu’à ce qu’il soit le vainqueur.  Les effets secondaires de certains traitements étaient quand même étranges…, se disait-elle en fixant le porc-épic.

La belette rugit vers le ciel et perfora rapidement le sol, avant de voir sa queue disparaitre sous la terre. Immédiatement, les deux hérissons surveillèrent le sol, à l’affut du moindre bruit qui pourrait trahir l’arrivée du Type Sol. Le Pokémon de Paul bondit sur le côté et cracha un jet de flammes afin de pousser le mâle sur quelques mètres. Qu’est-ce qu’il lui prenait ? Aurore comprit lorsque le sol s’affaissa et que le porc-épic sortit brutalement du béton. Le Pokémon de terre allait déboucher sur les deux hérissons. Alors la femelle l’avait sentie et s’était empressé de protéger son chéri, dont ses sens avaient clairement diminués.

Aurore leva ses deux prunelles bleues en haut et aperçu le porc-épic se contorsionner dans tous les sens afin de créer un ouragan de sable qui s’abattit brusquement sur ses adversaires.

«  Tenez bon ! » Encouragea Aurore en se protégeant à l’aide de ses bras

La coordinatrice discerna les Types Feu se cramponner durement au béton, avant de voir la femelle tenter une attaque Brouillard. La fumée monta petit à petit, et la belette, qui avait cessé sa tempête, se fit engloutir par le nuage noir. L’épais écran sombre se perça un instant après, découvrant plusieurs dards empoisonnés qui se heurtèrent à de nombreuses étoiles jaunes. Les deux hérissons se roulèrent en boule en faisant éclater leurs puissances de feu et en fonçant dans l’abdomen de la belette jaune, qui se rétablit en rebondissant sur le sol avant de planter ses griffes dans le béton et de se propulser sur ses ennemis.

En silence, le souffle coupé, les yeux écarquillés, Aurore regardait les Types Feu, impressionnée. Ils n’avaient jamais fait de combat double ensemble, mais leurs travail d’équipe était stupéfiant. Quand la femelle se faisait attaquer par la boule marron, le mâle ripostait et cognait avec une puissante attaque Roue de Feu.  Et à l’inverse, lorsque le mâle allait se faire attaquer, la femelle repoussait la belette avec un jet d’étoiles jaunes. Ils se protégeaient mutuellement et faisait preuve d’une volonté qu’elle ne croyait plus possible.

«  C’est bien ! Continuez comme ça ! »

Les trois Pokémons étaient à bout de forces, le souffle court. Certes, son Pokémon avait repris espoir, mais son état de santé laissait à désirer. Il tenait à peine debout. C’était très certainement sa dernière limite. Il ne pouvait plus continuer, à présent. Aurore pria intérieurement pour que son hérisson ne tombe pas dans l’inconscience et observa les trois Pokémons se toiser avec le peu de forces qui leurs restèrent. Elle en déduit ensuite que la dernière attaque serait certainement la bonne, et que le premier qui se faisait touché avait perdu le combat.

Le porc-épic profita d’un soudain coup de barre du mâle pour étendre ses griffes de part et d’autres de son corps et pousser un deuxième rugissement, signalant ainsi son prochain assaut, au même titre que sa victoire. Le hérisson de Paul poussa un léger cri en direction de son congénère, inquiet, avant de s’arrêter subitement dans un sursaut et de se figer comme une statue.

«  Qu’est-ce que tu as ? » Demanda la coordinatrice, les sourcils froncés

La question qu’elle venait de poser attira l’attention de son Pokémon, qui tourna automatiquement la tête à sa droite et regarda confusément son partenaire. Aurore suivit du regard la direction où le Type Feu scrutait du vide, et sursauta en apercevant la silhouette du désagréable jeune homme. Il était planté devant la sortie de la ruelle, essoufflé, les poings fermés, visiblement énervé. Aie, cela ne sentait pas bon…, se disait Aurore en grimaçant intérieurement.

La femelle n’eut pas le temps de voir son dresseur faire quoi que ce soit, que la belette écaillée fonçait déjà sur elle, ses griffes luisantes en avant, sous les avertissements de la coordinatrice. Malgré la distance qui se réduisait considérablement, le hérisson gonfla ses joues de feu avant de voir son jet de flammes fendu en deux. Elle écarquilla les yeux, se préparant à une attaque fatale et sursauta en voyant qu’un autre canon de feu frappa de plein fouet le corps du Type Sol.

Aurore sourit. C’était fini. Ils avaient enfin gagné. Elle s’autorisa un sourire avant de perdre immédiatement l’air joyeux qu’elle venait d’afficher. Le porc-épic venait de se relever. Comment était-ce possible ? Elle croyait qu’une attaque allait l’achever, mais il tenait encore bon. Qu’elle résistance ! Et les Types Feu qui étaient vraiment au bout du rouleau ! Comment faire ? Se demanda-t-elle en serrant les dents. Ses réflexions furent coupées par la voix froide et irritée de Paul, qui venait visiblement de se rapprocher.

«  Qui t’as dit que tu pouvais utiliser mon Pokémon pour ton stupide entrainement ? » Râla le jeune homme
«  Ce n’est pas un entrainement ! Tu ne vois pas que les immeubles et le sol sont détruits par endroits ? C’est ce Sablaireau qui a fait ça ! Il fallait bien que je fasse quelque chose pour l’arrêter ! Et puis d’abord, c’est ton Pokémon qui est venu ! » S’énerva Aurore

Elle vit Paul enfoncer ses mains dans les poches, jeter une œillade au combat ainsi qu’à son compagnon de poche et reporter son attention sur le jeune dresseur qui venait de se poster devant lui. Il déblatéra ses longues explications sur cette situation, ce à quoi Paul répondit qu’il s’en fichait complément et qu’il voulait simplement récupérer son Pokémon. Il se tourna ensuite vers les deux hérissons.

«  Tu ne vois pas qu’on est en plein combat ? » Riposta Aurore
«  Ton Pokémon peut très bien se débrouiller tout seul. » Argumenta-t-il en sortant une sphère rouge et blanche

La coordinatrice se plaça devant lui et tendit les bras, hésitante, afin de faire barrière entre le rayon rouge et l’animal avant de plonger son regard dans celui du jeune homme. Elle nota étrangement une pointe de gêne et se décida à parler tout en regardant par-dessus son épaule.

«  Mon Pokémon est épuisé. Il a déjà participé à un concours juste avant. On se rendait justement au centre Pokémon pour le faire soigner quand le Sablaireau nous est tombé dessus.» Expliqua calmement Aurore

Elle l’entendit soupirer, déclarant qu’elle était vraiment pitoyable. Cette insulte résonnait faux. C’était bizarre, mais elle n’en tenu pas compte et pivota sur elle-même en entendant les cris des deux Pokémons Feu. Les 2 animaux venaient d’esquiver l’attaque lancée par la belette jaune, avant de répéter leurs mouvements. Aurore comprit alors qu’ils attendaient le bon moment pour frapper, et se remit à parler, les yeux rivés sur le combat.

«  Ce n’est pas pour rien que ton Pokémon est venu porter secours au mien. Si elle n’était pas intervenu, mon Feurisson serait hors combat depuis un bon moment, et le Sablaireau aurait continué à faire des ravages dans la ville… »
«  Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? » Rétorqua calmement Paul

Il avait beau faire comme cela ne l’affectait pas, mais elle sentait parfaitement que quelque chose clochait. Il était mal à l’aise. De quoi, elle ne savait pas, mais elle continua son discours, persuadée qu’il allait finir par avouer ce qui le tracassait.

«  Ce qui les fait tenir, c’est leurs volonté à protéger l’autre. Ils sont même prêts à se mettre en danger. Parce qu’ils s’aiment. Et je pense que ce n’est pas seulement la victoire qu’ils veulent remporter. Ils veulent aussi que tu acceptes le fait qu’ils soient ensemble. »
«  Tu n’arrêteras donc jamais avec tes belles paroles, hein ? » Ricana-t-il, épuisé

Elle pensait qu’il allait s’énerver et se trahir sous la colère, mais c’était raté. Elle ne pouvait s’empêcher de voir qu’il n’agissait pas comme d’habitude. Apparemment, ce n’était pas par rapport à son Pokémon. Alors par rapport à quoi ? A ce qu’elle savait, peu de choses pouvaient le rendre mal à l’aise. Elle soupira brièvement, abandonnant momentanément sa recherche, et sursauta en apercevant les deux hérissons atterrirent à leurs pieds.  

«  Feurissons ! » S’empressa-t-elle de lâcher avant de continuer sur sa lancée, « N’abandonnez pas ! Vous pouvez le battre ! »

Elle vit les Types Feu s’échanger un regard et sursauta. Les corps des hérissons s’entourèrent d’un halo blanc, avant de complétement disparaitre dans la lumière étincelante, ne retraçant que leur silhouette. Le souffle coupé, Aurore scruta la scène. Le corps des deux animaux s’allongea tout en grossissant tandis que plusieurs pics se formèrent dans leur nuque. La lumière se détacha dans un éclat de poudre, découvrant ainsi deux imposants hérissons, munit d’une collerette brûlante et de légères canines au creux des lèvres. Ils rugirent pour montrer leurs nouvelles apparences, sortant ainsi la coordinatrice de sa stupeur.

Aurore s’enthousiasma immédiatement.

«  Ils ont évolués ! »

D’accord, c’était un peu débile de constater quelque chose que tout le monde aurait pu savoir, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Le sourire aux lèvres, elle se tourna vers le désagréable jeune homme et baissa subitement les bras.

Les yeux écarquillés, plantés dans les silhouettes des deux Pokémons Feu, Paul était paralysé. C’était clair qu’il avait reçu un choc, mais il devrait pourtant ce réjouir : Depuis le temps qu’il voulait que son Pokémon devienne plus fort ! A la place, il se reprit mentalement et serra rageusement les dents. Les deux orbes de la coordinatrice descendirent au niveau de ses bras, voyant que ses poings étaient solidement fermés, comme s’il allait tout démolir en un seul coup.

Aurore fronça les sourcils et comprit subitement. Il venait de réaliser que ce n’était pas grâce à l’entrainement que son Pokémon avait évolué, mais à l’amour qu’il portait à son congénère. Encore un coup dur à encaisser pour lui. La coordinatrice analysa rapidement la situation. Si elle disait quelque chose, Paul la fusillerait certainement du regard, ou ferait un acte irréfléchi. Devait-elle se concentrer sur ce match qui n’a que trop duré et en finir une fois pour toute ? Oui, c’était sans doute la meilleure chose à faire. Pour Paul, elle verrait après. Et puis, vu l’état dans lequel il était, il valait mieux le laisser seul. Le temps qu’il digère…

La coordinatrice reporta donc son attention sur les deux hérissons qui intimidaient le Pokémon de terre. Le Type Sol prit un air dur et courba le dos, montrant ainsi tout le cran dont il faisait preuve en bondissant vers eux.

«  Typhlosions : Roue de feu ! » Ordonna-t-elle, le sourire aux lèvres

Les deux puissantes boules de flammes réchauffèrent l’air ambiant et s’élancèrent dans les airs pour cogner solidement la belette écaillée. Elle s’aplatit piteusement sur le béton, tenta de se redresser mais ses forces l’abandonnèrent dans un dernier souffle. Les yeux révulsés, Sablaireau était une nouvelle fois K.O. Attendant dans la crainte de voir le Pokémon de terre se relever, Aurore déglutit difficilement. Voyant ensuite que la belette ne faisait plus aucun mouvement depuis plusieurs secondes, la coordinatrice afficha un large sourire empreint de soulagement et de fierté, avant de faire un pas vers les Types feu qui venaient de la rejoindre.

«  Vous avez été incroyable, tous les deux ! » Félicita-t-elle

Contente que ce match soit terminé pour de bon, elle posa sa main sur le crâne des deux animaux et caressa doucement leurs pelages sombres. Bon d’accord, ce n’était pas à elle de félicité le Pokémon de Paul, mais comme elle savait qu’il n’irait pas le faire, elle pouvait s’autoriser à le faire à sa place. Et puis, elle était certaine qu’il n’était pas contre. Elle jeta une  œillade à sa gauche pour constater que sa position n’avait pas bougé d’un centimètre, et que sa tête s’était encore incliner vers le bas. Elle ne put s’empêcher d’avoir malgré tout de la peine pour lui. C’est vrai que pour un type de la trempe de Paul, savoir que ce n’est pas toutes les heures d’entrainements qui ont fait évoluer ton Pokémon, mais quelque chose de naïf comme l’amour, c’était vraiment dur d’encaisser le coup.

Aurore cligna des yeux  avant de reporter son attention sur le dresseur qui rappelait silencieusement son porc-épic avant de la rejoindre dans un sourire gratifiant.

«  Merci. Sans votre aide, je ne sais vraiment pas ce que j’aurai fait… ! »

Elle lui sourit à son tour et lui conseilla ensuite d’aller au centre Pokémon afin que l’infirmière prescrive d’autre médicaments pour son Pokémon. Le jeune dresseur la remercia une seconde fois, et s’en alla après lui avoir souhaité une bonne journée.

Aurore se tourna ensuite vers Paul, et le fixa un instant. Il bouillait de l’intérieur. Elle devait dire quelque chose, sinon il allait atteindre sa limite et finir par s’en aller sans un mot, comme à son habitude. Elle n'attendit donc pas d’avoir son attention et fronça les sourcils.

«  Tu vois, j'avais raison: L'amour n'est pas inutile. Le combat que tu as vu aujourd'hui en est la preuve. »

Elle frissonna immédiatement lorsqu’il braqua un de ses regards les plus hostiles et continua sur sa lancée, bien que son pouls s’accélérait légèrement à l’intérieure de sa poitrine.

«  Cela devrait te convaincre, non ? »

La coordinatrice le vit serrer rageusement la mâchoire, se détendre pendant un instant, les yeux clos, et faire un pas vers elle.  Il redirigea ensuite son regard sur son compagnon de feu, lui intimant silencieusement de le suivre, ce qu’il fit en rabattant légèrement ses oreilles sur son crâne. Décidément, même après l’évolution, son Pokémon avait pris cette vilaine habitude lorsque son maitre posait ses deux orbes noirs sur lui…

Aurore les regarda s’éloigner petit à petit avant de se lancer à leur poursuite. Les poings toujours fermement serrés, Paul n’était visiblement pas disposé à parler. En temps normal, il lui aurait déjà hurlé dessus. A moins qu’il cumulait tout ce qu’elle disait afin de ne pas montrer à quel point il était frustré et mécontent. Mais plus il faisait ça, et plus la bombe qu’il relâcherait serait dévastatrice.

Elle traina les pieds dans un élan de course et remarqua à la démarche du désagréable jeune homme qu’il était épuisé, fatigué. Du moins, c’était l’impression qu’il donnait. Ou peut-être était-il dépité par ce qu’il venait de se passer ? Décidée, elle parla pour briser le silence qui se faisait de plus en plus pesant.

«  Paul ? Ça va ? Tu n’as pas dit un mot depuis tout à l’heure… » S’inquiéta-t-elle

Il s’arrêta et pivota subitement sur lui-même afin de lui faire face, les traits durcis, les sourcils froncés ainsi que les dents serrés. Et sa voix explosa ouvertement dans toute la rue.

«  Mais ferme-là ! Tu m'énerves ! A chaque fois que je te vois, il se passe toujours un truc ! J’en ai marre ! » Cria-t-il en faisant un geste du bras avant de se calmer et de continuer, « Je te l’ai déjà dit, mais tu n’as visiblement pas compris : Toutes tes belles paroles me font gerbées ! D’accord, l’amour n’est pas inutile et fait évoluer les gens ! Voilà, c’est ce que tu voulais m’entendre dire ? Maintenant que c’est fait, lâche-moi une bonne fois pour toute ! »

Aurore s’y était attendue, mais son visage n’avait pas pu s’empêcher de réagir à ses paroles. Ses traits étaient aussi tendu que ceux de Paul. Et puis là, c’était différent ; Paul avait vraiment les nerfs, si bien que ses poignets faisaient un mouvement de rotation et que des bras s’élevèrent  vers le ciel. Elle l’entendit ensuite râler un « Merde, à la fin… », Avant de le voir s’essuyer le visage dans un soupir gras. Il faisait vraiment ce qu’il pouvait pour se détendre mais cela était plus difficile qu’elle ne l’imaginait. Si elle en rajoutait une couche, elle ne saurait pas jusqu’où il pouvait allait pour la faire taire… Il valait mieux ne rien dire et attendre qu’il se calme de lui-même…

Elle le vit baisser légèrement la tête et se pincer l’arrêt du nez.

«  C’est toujours pareil, de toute façon ; je m’énerve tout le temps quand je suis avec toi… » Déclara-t-il, las

Il se retourna, les mains dans les poches, et continua son chemin avant d’être à nouveau retenue par la coordinatrice.

«  Qu’est-ce que tu veux, encore ? » Demanda-t-il, irrité
«  Accompagne-moi au centre Pokémon. »

Dépité, il lui demanda si elle était sérieuse, ce à quoi elle répondit qu’il devait aussi faire soigner son monstre de poche après l’intense bataille qu’il venait de livrer. Il soupira et laissa échapper qu’elle était vraiment chiante quand elle s’y mettait, avant de poursuivre sa route.

«  Qu’est-ce que tu fais ? » Questionna Aurore, exaspéré
«  Bah je vais au centre. C’est toi qui voulais que j’y aille, non ? »
«  Il y a des travaux par là. C’est pour ça que je suis passée par le port. Sinon cela ferait un moment que j’y serais déjà… »

La coordinatrice l’entendit une énième fois soupirer et déclara qu’il n’avait pas le choix. Elle pointa la légère pente du doigt en expliquant  qu’ils ne leurs restaient qu’à monter la rue et à tourner à droite pour arriver au centre Pokémon. Elle vit Paul contourner les débris de béton et de terre pour finalement s’engager sur la route déserte. Il avait vraiment envie d’en finir au plus vite…, soupira Aurore en le rejoignant.
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natsu dragneel

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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux - Page 2 Icon_minitimeSam 01 Mar 2014, 22:20

Très belle description des combats, j'avais l'impression d'assister aux scènes. Faire évoluer les deux pokemon en même temps est un choix très intéressant. Je me demande si les deux pokemon porc épic seront toujours amoureux
Paul qui râle dès qu'il arrive ça change pas des vieilles habitudes
La scène où elle s'imagine ce que deviennent Sacha et Pierre est extrêmement touchante
Vivement la suite  Very Happy 
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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux - Page 2 Icon_minitimeVen 07 Mar 2014, 19:27

Encore merci pour ton commentaire, Natsu ! ^^
Je suis contente que tu vois plutôt bien les combats. C'est toujours difficile de bien retranscrire les mouvements et autres attaques des Pokémons... x)
Oui, je les voyais bien évoluer en même temps, puis c'était l'occasion pour qu'ils se surpassent :p lol

Voici la suite ! Plutôt longue... x)

Chapitre 7 : « Je crois que j'ai peur de toi. Toi et ce sentiment nouveau que j'ai pour toi... » Oohfemmeluxieuse

«  Merci de m’avoir confiée vos Pokémons. Vous pourrez les récupérer dans un petit quart d’heure. » Annonça l’infirmière Joëlle

Paul fronça les sourcils et réprima un soupir en entendant la durée de l’attente. Il tourna la tête vers Aurore qui venait de se détourner du comptoir et de s’étirer le dos, les bras au ciel.

«  Un quart d’heure, cela nous laisse le temps de grignoter quelque chose. »
«  Tu as vue l’heure, au moins ? » Demanda-t-il en arquant un sourcil

Elle lui jeta une œillade interrogatoire avant de lever les yeux vers l’horloge accrochée au mur pour voir qu’il était un peu plus que treize heures trente.

«  Hé mais je n’ai toujours pas mangée, j’te signale ! J’ai faim, moi ! » Rétorqua-t-elle avant de se retourner et de sourire, « Allez viens, on va à la cafétéria : Je vais m’acheter un sandwich. »

Paul serra les dents. Elle le prenait vraiment pour son chien ! Elle l’avait mis dans un incroyable état de rage tout à l’heure, et là, elle lui donnait des ordres ? Non mais franchement… ! Et le pire, c’est que même s’il grognait, il lui obéissait quand même. C’était certainement dû au choc de l’évolution de son Pokémon, il ne voyait pas d’autre explication…

Et quel choc, en plus de cela. Sérieusement, quelle honte ! Évoluer à cause d’un stupide sentiment ! C’était pathétique. Mais maintenant que c’était fait, on ne pouvait plus revenir en arrière. Il n’avait pas pensé à ce que son Feurisson ait atteint un niveau suffisant pour se transformer. A en juger par ses capacités, elle n’en était qu’à la moitié du chemin. A croire que les miracles existent vraiment…, sourit-il, amusé. En fait, il avait clairement du mal à accepter qu’elle ait évoluée grâce à « l’amour » et à « la volonté de protéger celui qui lui était cher ». Pff, c’était ridicule…

Les mains dans les poches de sa veste, il traversa le couloir et entra dans la pièce à la suite de la coordinatrice. Elle se précipita à la fille d’attente qui, heureusement pour Paul, n’était pas longue. Il se posta à côté d’elle et lui demanda si elle avait une idée du sandwich qu’elle allait prendre, ce à quoi elle se tourna vers lui dans un petit sourire.

«  Celui au thon et aux crudités. »

Il la considéra un instant dans un rapide grimace et lâcha un râle de dégout.

«  Comment tu peux manger ça ? Rien que le nom me donne envie de vomir… »
«  Ah, tu n’aimes pas le thon, Paul ? »
«  Non. Je trouve que cela à un gout infect. Et si tu rajoute les crudités, c’est encore pire… »

Ah, c’était enfin leur tour. Décidément, il n’avait vraiment aucune patience… Mais ce n’était pas de sa faute, il avait toujours était impatient, se souvenait-il en faisant un pas vers le comptoir. Aurore commanda son sandwich, récupéra l’emballage dans lequel son pain était rangé, paya la caissière, quitta le comptoir dans une formule de politesse et se dirigea vers la sortie. Pourquoi lui disait-elle au revoir ? Cela ne servait à rien, si ce n’est qu’à lui faire perdre de la salive…, pensa-t-il en levant discrètement les yeux au ciel, exaspéré.

Aurore sortit un bout de son casse-croute et mordit voracement dedans avant d’avaler sa bouchée. Il la regardait, pensant que sa mère lui avait appris toutes les manières inutiles, mais qu’elle ne lui avait pas appris à manger correctement… A moins que cela ne soit simplement l’appel de la faim qui parlait à sa place…  Il rencontra ensuite les deux orbes bleus de la coordinatrice qui venait de tourner la tête.

«  T’en veux ? » Demanda-t-elle en lui tendant son sandwich
«  Dégage avec ton truc… ! » Répondit-il en se distançant et en toisant ce qu’elle avait dans les mains

Le rire de la coordinatrice résonna dans le couloir, tandis que le jeune homme grimaça, sachant parfaitement qu’elle se moquait de lui. Ils débouchèrent dans le hall principal. Paul jeta une autre œillade à sa voisine pour la voir mordre une seconde fois dans son pain. Sérieusement, comment faisait-elle ? S’il était à sa place, il aura pris le sandwich au jambon et au beurre, et puis c’était réglé !
Bon, d’accord, c’était la solution de facilité, mais c’était le plus rapide et le plus simple à manger. Au lieu de s’embêter à faire attention aux tomates, aux œufs, ou encore aux carottes qui tenteraient de s’échapper. Cette fille aimait vraiment se compliquer la vie…, soupira Paul.

«  Ils nous reste encore sept minutes avant de récupérer nos Pokémons. Qu’est-ce qu’on fait ? » Demanda-t-il
«  Quand j’aurai finie de manger, ça sera bon, je pense… »
«  Parce que tu crois que je vais te regarder manger pour faire passer le temps? »
«  Bah tu veux faire quoi ? Et puis sept minutes, ce n’est pas si long que ça. » Répondit-elle avant de mordre dans son sandwich

Le jeune homme soupira grassement afin de montrer son mécontentement et alla s’assoir sur une des chaises accrochées par une barre de fer entre elles. Il croisa les bras, ferma les yeux et colla son dos contre le dossier de la chaise. Aurore s’assied à côté de lui et mangea tranquillement son casse-croute. Le bruit du pain croustillant, de sa mâchoire qui broyait l’aliment, de sa gorge qui déglutissait et de la faible mélodie qui s’échappait légèrement de sa trachée, irrita profondément Paul qui fronça les sourcils. Vivement qu’elle est finie son satané sandwich ! Parce que là, il saturait ! Si cela continuait, il ne savait pas ce qu’il pouvait être capable de faire pour l’arrêter…

Paul ouvrit les paupières et tourna la tête afin de la fusiller du regard. Il remarqua du coin de l’œil  que son pain avait diminué de moitié. Il attira l’attention de la coordinatrice.

«  Ça va ? »
«  Dépêche-toi. » Répondit-il en réprimant un soupir

Le jeune homme baissa la tête vers la gauche et sortit discrètement son téléphone portable afin de voir uniquement l’heure. Dans deux minutes, il pourrait récupérer son monstre de poche et reprendre son voyage là où il l’avait laissé. Il soupira lentement et referma les yeux, pensant que le temps qu’il restait passerait encore plus vite. Paul entendit Aurore se lever et se tourner vers lui.

«  C’est bon Paul ; j’ai finie. On peut y aller. » Déclara-t-elle

Il ouvrit à nouveau les paupières, décroisa les bras et se redressa avant de suivre la coordinatrice jusqu’au comptoir. Il récupéra sa Pokéball et l’attacha à sa ceinture tandis que sa voisine la rangea dans son sac à dos. Les deux dresseurs sortirent ensuite du centre Pokémon et Paul en profita pour lui annoncer qu’il partait, et sans un regard, bifurqua directement à droite.

Le jeune homme soupira ouvertement. Enfin débarrassé de cette idiote… Il se sentait un peu fatigué, alors il décida que prendre le bus pour aller à la petite ville qui se trouvait juste à côté lui ferait le plus grand bien. Enfin, pour ses pieds... Et puis, comme cela, Aurore ne le suivrait pas. Cependant, il déchanta vite lorsqu’il sentit une présence à ses côtés et qu’il aperçut un bonnet blanc et des cheveux bleus. Il sursauta dans un léger spasme et se tourna vers elle.

«  Arrête de me suivre ! » Cria-t-il en tentant de reprendre un pouls normal
«  Mais je ne te suis pas ! Arrête d’être parano, comme ça ! »
«  Ah oui ? Et là, tu es en train de faire quoi ? »

Elle soupira de lassitude, s’arrêta et cala son poignet sur sa hanche avant de s’expliquer.

«  Je n’ai pas envie de faire le chemin à pied, alors je vais à l’arrêt pour prendre le bus qui mène à la prochaine ville. »

Ses pas se stoppèrent net, en même temps que son cœur et que toutes les pensées qui nageait dans son esprit. Les yeux écarquillés, il était paralysé sur place, le temps que son cerveau assimile l’information qu’il venait de recevoir. Il commençait à se demander s’il n’était pas en plein cauchemar, et quand allait-il se réveiller… Elle aussi prenait le bus pour la prochaine ville ? Elle se moquait de lui, ce n’était pas possible ! Ou alors, elle lisait dans ses pensées, parce que là, il n’y croyait pas une seconde ! Il allait devoir se la coltiner encore pendant les trente minutes de trajet ? Non, non, non, hors de question ! La voix de la coordinatrice le sortit de sa panique intérieure, voyant au passage qu’elle s’était approchée de lui.

«  Qu’est-ce qu’il y a, Paul ? Ça ne va pas ? »

Bien sûr que non, qu’il n’allait pas bien ! Mais qu’elle idiote, franchement ! Il grogna ouvertement, et se gratta la tête afin de réfléchir à un plan de secours. Et puis, qu’est-ce qu’elle avait à le regarder depuis plusieurs secondes ?

«  Si tu ne veux pas faire le trajet avec moi, ce n’est pas grave, je prendrai le prochain bus… » Déclara-t-elle en grimaçant un sourire
«  Ouais, ça m’arrangerai. » Répliqua-t-il aussitôt

Il ôta sa main de ses cheveux, pensant au passage qu’elle comprenait vite, avant de la fixer intensément, de voir un pauvre sourire étirer ses lèvres et qu’elle venait de baisser la tête, visiblement déçue. Elle avait beau baisser la tête, cela ne changeait rien. C’était évident qu’il allait accepter ce qu’elle venait de dire ! Elle n’avait pas que le proposer ! Il ne fallait pas venir pleurer, maintenant ! Mais alors pourquoi, lorsqu’il la voyait ainsi, il se sentait mal à l’aise ?

Aurore se tourna vers la droite et continua le chemin qui menait à l’arrêt de bus, le pas légèrement lent. Il fronça les sourcils. Elle allait sérieusement prendre le prochain, uniquement pour qu’elle ne soit pas avec lui ? Et s’il se souvenait bien, il y avait un bus toutes les heures… Elle allait devoir attendre toute seule à l’arrêt, juste parce qu’il ne voulait pas qu’elle vienne avec lui ? Il réprima un grognement, enfonça ses mains dans les poches de son pantalon et se mit à suivre la coordinatrice.  

«  Hé… » Appela-t-il après avoir observé son dos

Elle n’avait visiblement pas entendue puisqu’elle poursuivait sa route comme si de rien n’était. Il plissa les yeux dans un léger tic et accéléra légèrement le pas. La seule solution pour attirer son attention serait de l’appeler par son prénom, mais il ne s’en rappelait pas lui-même, alors comment faire… ? Crier tout fort dans la rue, au risque d’attirer les regards des autres passants sur eux ? Non, il ne pouvait pas fait ça. Et puis si elle ne répondait pas et qu’il réitérait son appel, on penserait directement à un couple faisant une scène de ménage en pleine rue…
Il tiqua immédiatement à cette représentation et se sentit mal à l’aise en constatant que ses pupilles ne s’étaient pas décrochés une seconde du dos de la coordinatrice.  Il ferma les yeux dans un râle agacé et reporta son attention sur ses chaussures, pensif.

En fait, il commençait sincèrement à regretter de lui avoir répondu quelque chose d’aussi blessant. Si les rôles avaient été inversés, il n’aurait pas su comment réagir. Sa solitude naturelle le poussait à ignorer tout ce qui l’entourait et par conséquent, il n’aurait pas été blessé. Mais maintenant qu’il y réfléchissait sérieusement, peut-être que finalement, lui aussi aurait été atteint par ses propos…
Parce que justement, elle était loin d’être une inconnue à ses yeux. Et que dans l’autre sens, c’était la même chose. Parce qu’Aurore faisait tout pour veiller sur lui, et qu’il la rejetait comme une vieille chaussette…

Paul pinça les lèvres, définitivement coupable, et releva la tête pour poser à nouveau ses yeux sur son dos caché par ses pointes bleues. Son nom… Comment elle s’appelait bon sang ? Quelque chose en rapport avec le ciel…, se souvenait-il en levant les yeux vers les nuages.

«  Eh… » Appela-t-il

Elle semblait vraiment enfermée dans ses pensées, sans compter que les rires et les conversations des autres passants brouillaient ses tentatives. Il l’avait sur le bout de langue ! Qu’est-ce que c’était, à la fin ? Aube… ? Nan, autre chose. Mais quoi… ? Paul remarqua ensuite qu’ils étaient presque arrivés à l’arrêt de bus, et tiqua subitement avant d’inspirer profondément.

«  Aurore ! » Expira-t-il en élevant la voix

La silhouette de la coordinatrice se figea instantanément à l’entente de son prénom et se retourna vers lui pour planter ses deux pupilles bleus dans les siennes, confuse. Il sursauta intérieurement, s’arrêta à son tour, et de détourna le regard en se grattant la tête.

«  Tu… Tu peux prendre le même bus que moi, en fait… » Autorisa-t-il, mal à l’aise
«  Tu es sûr ? » Demanda-t-elle avant de baisser la tête et de reprendre, « Ecoute… Ne dis pas ça pour me faire plaisir. Si tu ne veux vraiment pas que je prenne le même bus que toi, je prendrais le suivant. Cela ne me gêne pas du tout, tu sais… »
«  Ne m’oblige pas à le répéter une deuxième fois. » Grogna-t-il en baissant la tête, les yeux clos

Paul releva la tête et passa son chemin devant l’étonnement de la jeune fille. A vrai dire, il ne voulait pas s’expliquer plus. C’était assez gênant de lui avoir dit à voix haute, alors pas la peine d’en rajouter. Il ignora le remerciement dans son dos et râla en voyant la petite foule qui se tassait sur le trottoir quelques mètres plus loin.  

«  Woua, tu as vu le monde ! » S’étonna Aurore

Le jeune homme serra les dents. Tout ce qu’il espérait, c’était que le bus ne serait pas déjà plein, sinon ils seraient tous collé comme de vulgaires sardines et il serait obligé d’être à côté d’Aurore…
Ils se postèrent sur un bout de chaussée libre et attendirent en regardant patiemment l’arrivée du bus. Paul jeta une œillade à son téléphone portable : Il devrait être là d’une minute à l’autre…

«  Ah, le voilà ! » Avertit Aurore

Il braqua son regarda sur la gauche, observant le bus jaune se reprocher de plus en plus. Alors que le jeune homme grimaça en calculant mentalement la place qu’il resterait si tout le monde montait dans ce bus, les portes automatiques s’ouvrèrent après un regard du conducteur. Il lâcha un râle exaspéré en montant dans le véhicule, sentant la présence de la coordinatrice dans son dos.

Paul constata dans une grimace qu’ils ne pouvaient pas avancer plus que dans la première partie du bus, et qu’en plus de ça, ils étaient obligés de rester debout, accrochés à une ridicule rampe verticale. Le bus démarra au même moment où il soupira ouvertement.

Le véhicule accéléra, obligeant Paul à resserrer sa prise autour de la rampe, le bras tendu pour ne pas tomber sur les inconnus derrière lui. Le bus freina ensuite brutalement suivit d’un coup de klaxon, obligeant cette fois le jeune homme à faire un bref pas en avant et à tendre le dos pour ne pas s’affaler sur la coordinatrice. Il voyait aussi qu’Aurore faisait ce qu’elle pouvait pour ne pas le bousculer. Avec le monde qu’il y avait, cela allait être difficile de ne pas se cogner dedans… En plus de cela, il était encore tombé sur un conducteur doué…, soupira Paul.

Le jeune homme pencha sur le côté en râlant contre le virage sec que le véhicule venait de prendre. Mais il ne savait pas rouler, ou quoi ? Avait-il son permis, au moins ? Se demanda-t-il en fronçant les sourcils.  Il se replaça normalement lorsque le bus tourna dans l’autre sens, rencontrant au passage les deux orbes bleus de la coordinatrice. Embarrassé par le sourire amusé qu’elle venait de lui faire, il détourna le regard et se concentra sur le paysage qui apercevait entre deux épaules. La route et les arbres défilaient beaucoup trop vite à son gout. C’était certainement une ligne droite, et à ce qu’il voyait, le chauffeur ne se gênait pas pour appuyer sur l’accélérateur…

Paul sentit le véhicule décélérer avant qu’il ne freine brutalement, prenant ainsi tous les passagers de court et les projetant vers l’avant dans un râle collectif. Paul ferma les yeux dans un bref soupir. Encore un peu, et il percutait Aurore. S’il avait su que ce conducteur ne savait pas rouler, il aurait pris le suivant ! Pff…

Les portes du bus s’ouvrirent et quelques personnes sortirent pour que d’autres entrent à leurs tour. Quelques secondes plus tard, le véhicule redémarra et la situation n’avait pas changé. Ils étaient toujours debout, avec seulement trois nouvelles têtes autour d’eux.

Paul soupira, déçu, tandis que le bus accéléra une secondes fois. Il fit glisser sa main devenue moite vers le bas avant de sursauter intérieurement en sentant le contact avec une autre main. Il ôta immédiatement sa main en voyant qu’elle appartenait à la coordinatrice et la replaça plus haut, gêné. Il venait de tourner la tête pour regarder l’un des passants s’accouder au rebord de la fenêtre et soupirer, ne voulant pas croiser le regard d’Aurore.

S’il la regardait, il savait qu’il rougirait comme un gamin et qu’elle le grillerait tout de suite. Il n’était pas très paroles, alors contact, il ne valait mieux pas en parler. Il n’osait pas toucher les autres, sachant parfaitement que cela renforçait l’approche avec ces derniers.

Le bus braqua sur la droite, faisant tendre à Paul et Aurore leurs bras pour ne pas chuter, avant de se replacer dans leurs positions de base. Il leva les yeux au ciel dans une grimace, comme pour faire comprendre qu’il en avait déjà marre avant d’entendre le léger rire de la coordinatrice et de froncer automatiquement les sourcils.

«  Quoi ? »
«  Tu me fait rire. » Sourit Aurore
«  Et qu’est-ce que j’ai fait ? » Répondit-il en arquant un sourcil
«  Tu n’as pas l’habitude des transports, ça se voit. »
«  Et alors ? Je ne suis pas une feignante comme toi, moi. » Répliqua Paul

Il vit qu’elle se tut immédiatement et se renfrogna en plissant le front, visiblement mécontente de s’être faire remballer. Le bus trembla une fois, deux fois, et au bout de la troisième fois, le jeune homme grogna ouvertement. Pourquoi y avait-il autant de trou sur la route ? Franchement… ! Le chauffeur freina légèrement avant d’appuyer sur l’accélérateur, le pied au plancher, sous le regard énervé de Paul.

«  Détends-toi, on ne va pas mourir… » Rassura la coordinatrice

Il la toisa méchamment, voyant parfaitement qu’elle se moquait silencieusement de lui, et soupira une énième fois. Vivement qu’ils arrivent à destination…, il ne pourrait pas supporter qu’elle se moque de son comportement plus longtemps. Le bus roulait tranquillement et à une vitesse convenable, remarqua-t-il. Mais ce que Paul n’avait pas prévu, c’était que le conducteur écraserait subitement la pédale de frein, le forçant malgré lui à se rapprocher dangereusement d’Aurore, et à se cogner contre elle.

Il râla activement contre l’incompétence du chauffeur et posa ses yeux n’importe où, sauf dans ceux de la coordinatrice. Cependant, il devait quand même s’excuser rapidement pour ne pas laisser le silence s’installer. Il pouvait au moins faire ça… Il leva donc une œillade sur Aurore et croisa ses deux pupilles, visiblement mal à l’aise. Sentant son cœur rater un battement avant de reprendre la course normal, il pinça ses lèvres, aussi embarrassé qu’elle.

«  Désolé... » S’excusa-t-il en fuyant piteusement son regard

Les yeux clos, Paul reprit confiance en lui en se disant qu’elle avait de la chance qu’il s’excuse et que cela serait bien la seule fois où il ferait ça, surtout pour elle. Il rouvrit les paupières et les posa sur la coordinatrice, en tentant du mieux qu’il pouvait de caché sa gêne. Elle lui sourit dans  un léger rire avant de lui répondre :

«  Ce n’est pas grave, ça arrive… »

Le jeune homme baissa les yeux. Certes, c’était des choses qui arrivaient, mais il se sentait encore plus mal à l’aise parce qu’il l’avait percuté elle et non une autre personne. Il ne savait vraiment pas ce qu’il lui arrivait, depuis plusieurs jours…, soupira en passant une main lasse sur son front.

Le bus s’arrêta une nouvelle fois et ouvrit ses portes automatiques. L’espace diminua de plus en plus devant les grognements de Paul qui se retrouvait à un mètre si ce n’est moins, d’Aurore. Il grimaça dans une gêne non dissimulé et fronça les sourcils, mécontent. Les gens voient qu’il n’y a pas de place, et ils forcent quand même le passage. Non mais quelles bandes d’abrutis ! Tous de incapables, de toute façon ! Il leva une seconde les yeux au plafond et lâcha un râle significatif.

Le véhicule redémarra brusquement, faisant sursauter le jeune homme en voyant que la coordinatrice venait de se rapprocher de lui, mais c’était retenu de justesse grâce à la rampe verticale. Si cela continuait, ils allaient finir par passer tout le trajet collé l’un à l’autre, dans une position plus que douteuse, et Paul ne le supporterait pas. Il serait obligé de sortir au prochain arrêt, constata-t-il dans un brève grimace.

Le bus freina dans un long bruit de klaxon et pour la deuxième fois, il allait se heurter à la coordinatrice. Mais cette fois, elle l’avait vue venir et l’avait retenue un peu gauchement, la main sur l’épaule, demandant au passage s’il allait bien, ce à quoi il répondit un « Ouai…», irrité. Non, les automobilistes ne savaient vraiment pas conduire…, constata désespérément Paul.

Nouvel arrêt. Cette fois, l’espace s’était agrandit, et on pouvait circuler un peu mieux.

«  On devrait peut-être se mettre assis… » Proposa Aurore

Paul acquiesça sans un mot et suivit la jeune fille devant les sièges les plus proches, devant la vitre qui cachait les portes automatiques. Aurore soupira d’aise en se laissant tomber sur le siège du côté de la fenêtre tandis que le bus se remit en route et que le jeune homme râla en s’accrochant à la poignée accroché au bord du siège pour ne pas tomber, pour finalement se mettre assis sur la place libre. Il sortit son téléphone portable afin de regarder l’heure et constata que vingt minutes s’était écoulées. Encore dix et il pourrait enfin sortir de cet endroit devenu insupportable.

Le jeune homme retint un soupir et jeta une œillade à droite pour voir ce qu’Aurore faisait. Le sac sur les genoux, ses doigts agrippant l’une des lanières, elle regardait par la fenêtre. Evidemment, que voulait-il qu’elle fasse d’autre ? Il reporta ensuite son attention sur son propre sac à dos qui gisait entre ses pieds avant d’être avertit par la voix de la coordinatrice.

«  Aie… Le trajet va être plus long que prévu. »
«  Pourquoi ? »
«  Regarde. » Ordonna-t-elle en pointant la vitre du doigt, « Il y a des bouchons. »

Génial, comme s’il avait besoin de cela à un moment pareil…, grimaça Paul. Il allait subir la présence d’Aurore plus longtemps que prévu, soupira-t-il. Mais ils n’avaient pas le choix, ils devaient attendre que le trafic reprenne normalement…

«  Tu sais, j’ai un autre concours qui doit se dérouler à Mauville. » Informa-t-elle

Il laissa tomber son regard sur elle, voyant qu’elle essayait de faire passer le temps dans une petite discussion. De toute façon, il n’y avait rien d’autre à faire, se disait-il en croisant les bras et reposant son dos contre le siège.

«  Et si tu remporte celui-là, ça t’en fera combien ? »
«  Quatre. Si j’en ai cinq, je participerais au Grand Festival de Johto. » Répondit-elle en souriant

Si elle avait remporté celui d’Oliville, elle aurait déjà sa place d’assurée, pensa Paul. D’ailleurs, elle avait pris soin de ne pas lui mentionner sa défaite. C’était préférable, sinon son mauvais caractère allait reprendre le dessus et se moquer de son incompétence.

Le jeune homme observa à nouveau son sac de voyage et réfléchit. D’accord, elle avait perdue, mais tout le monde subissait des défaites. C’était même normal. Sinon, à quoi bon se lancer dans une quête, s’il n’y a pas de défis à relever ?  Et puis, il se souvenait que lui aussi, avait perdu un match contre l’un des champions d’arènes… Après tout, il avait relevé le défi de cette compétition spéciale. Il devait bien avoué que si le reste de son équipe n’était pas aussi bien entrainée et s’il avait dû faire les combats avec uniquement son Feurisson, c’est clair qu’il aurait été battu à plat de couture….

Alors il avait beau critiquer et rabaisser Aurore, au final, c’était elle qui a réussi à faire évoluer son Pokémon. C’était grâce à elle si maintenant, l’espoir de gagner enfin un match avec son Type Feu revenait. En fait, il commençait à avoir certain doute sur la méthode qu’il employait. La pure. La dure. C’est grâce à cette méthode qu’il avait réussi à récupérer les badges des différentes régions, et qui lui avait valu les meilleures places dans les classements. Son Feurisson avait évolué, mais il n’avait pas encore eu l’occasion de discuter avec lui. Et à l’heure actuelle, il se demandait s’il était vraiment un bon dresseur…

«  Paul ? Tu rêves ? »

Il sursauta dans un léger spasme en sentant que la coordinatrice le secouait, une main sur l’épaule, et se tourna vers elle en considérant son sourire moqueur, étonné.

«  Ahah, tu avais vraiment la tête dans les nuages ! » Rit-elle

Le jeune homme ferma les yeux, les sourcils froncés, et s’enfonça au fond de son siège tout en râlant.

«  Arrête de te foutre de moi, tu veux ? » Grogna-t-il, légèrement mal à l’aise

Il croisa les bras, mécontent, et vit du coin de l’œil qu’elle se moquait encore de lui, l’irritant ainsi profondément. Le fait qu’elle le découvre extrêmement pensif a suffi à la faire rire ? Elle riait vraiment pour n’importe quoi, cette fille !

Le torse de Paul buta vers l’avant, signifiant que le bus qui venait d’avancer doucement s’était brusquement arrêté. Combien de temps allait-il rester coincé ici, bon sang ? Il remarqua du coin de l’œil qu’Aurore reporta son attention sur le paysage qui flânait au ralentit…

Des coups de klaxons atteignirent encore ses oreilles avant de voir le véhicule s’arrêter brusquement, signe qu’il avait atteint un nouvel arrêt. Un petit groupe inconnus quittèrent le bus dans un râle collectif, tandis que d’autres les remplaçaient. Le bus roula ensuite plus rapidement qu’il y avait quelques secondes. Aurore laissa échapper un « Enfin… ! » et soupira lentement.

Le jeune homme se tendit anxieusement en sentant le bus accélérer, signifiant probablement que les bouchons avaient cessé, et que le trafic avait repris son cours normal. Il jeta une deuxième fois un coup d’œil à son téléphone portable, et vit que le chauffeur leurs avaient fait perdre dix minutes. Mais cela allait, il n’avait plus que deux arrêts à attendre pour respirer l’air frais de la ville.  

Le conducteur les ballota à droite, décéléra rapidement pour tourner à gauche, accéléra brutalement, appuya sur la pédale de frein, faisant au passage râler Paul qui fronça une énième fois les sourcils, et pour finir, le véhicule s’arrêta à l’arrêt quelques mètres plus loin. Il serra les dents et croisant les bras sur son torse, tandis que sa jambe droite trembla intentionnellement.

«  Ça va, Paul ? Tu sembles stressé… » Constata Aurore
«  J’ai seulement hâte que cela se finisse au plus vite. » Répondit-il simplement
«  D’autant que tu n’es pas très patient, alors ça doit être dur. » Rajouta-t-elle
«  Oui… »

Le bus redémarra, empruntant cette fois-ci un rond-point et freina brusquement sous l’exaspération du jeune homme. Aurore le rassura dans un petit sourire qu’à la prochaine station, ces souffrances prendraient fin. Le chauffeur écrasa une nouvelle fois la pédale d’accélérateur pour s’engager dans la file et continuer tout droit avant de s’arrêter à un feu rouge. Une fois le rouge passé au vert, le véhicule redémarra, tremblant au passage de toute sa carcasse, et tourna finalement à gauche.

Paul grimaça rapidement, sentant que la teinte de son visage le quittait petit à petit, et regarda à droite. Aurore avait reporté son attention sur le paysage. Il en profita alors pour tourner la tête vers l’allée, et masser discrètement son estomac dans un bref soupir.

Le jeune homme prit une inspiration, exalta le tout dans un soupir gras et se pencha du côté de l’allée afin de voir leur arrêt se rapprocher dangereusement entre deux vestes. Plus que quatre mètres. Trois. Deux. Un… Le bus se stoppa dans un léger crissement de pneus, permettant à Paul d’empoigner son sac à dos, de se lever brusquement, jurant mentalement contre le trop-plein de personnes qui s’était agglutiner derrière lui pour descendre à cette station, et d’appuyer sur le bouton qui ouvrait les portes du véhicule.
 
Paul posa un pied sur la terre ferme, râla significativement, fit quelques pas tout en enfilant son sac de voyage, entendit Aurore crier quelque chose, et se retourna pour voir qu’elle appuyait sur le bouton du boitier près de la rampe afin de ré ouvrit les portes qui allait définitivement se fermer, et finit par le rejoindre, visiblement mécontente.

«  Tu aurais pu m’attendre ! Je sais que tu en avais marre, mais de là à sortir comme une furie… ! » S’énerva-t-elle

Paul ferma les paupières, tituba jusqu’au banc de l’arrêt, la main sur ventre, grimaça explicitement, comme s’il allait rendre l’âme dans les prochaines secondes, et s’effondra sur le banc en râlant ouvertement. Le jeune homme se plia lentement en deux tout en soupira grassement.

«  Ça va ? » Demanda Aurore avant de subitement comprendre, « Attends. Tu… Tu as le mal des transports ? »

Paul leva un regard noir sur la coordinatrice, la considéra un instant, l’air sérieux,  se redressa pour coller son dos à la vitre derrière lui, et tourna la tête dans un bruit qui reflétait son agacement. Oui, il avait le mal des transports. Et alors ? Qu’est-ce que ça pouvait bien faire ? Il y a des personnes qui avaient le mal de mer, d’autre le mal de l’air, et bien lui, c’était celui de la route, voilà. Pas la peine d’en faire un plat ! Elle avait apparemment sentit son embarras face à cette révélation et s’empressa de s’excuser.

«  Non, ce n’est pas pour me moquer mais tu aurais dû le dire ; on aurait demandé au chauffeur d’aller moins vite et de prendre les virages moins sec. »
«  A quoi ça aurait servi ? Il t’aurait dit que ce n’était pas de sa faute et que c’était la route qui était comme ça. »
«  Mais quand même… »
«  C’est la dernière fois que je prends le bus… ! » Annonça-t-il, exaspéré

Le jeune homme leva un regard sur Aurore pour voir qu’elle affichait un sourire amusé avant de la voir cligner des yeux, poser son sac au sol, et fouiller à l’intérieur. Il fronça les sourcils, se demandant ce qu’elle pouvait bien faire... Il la vit ensuite fermer les paupières dans un soupir déçu et se redresser en remettant son sac de voyage sur le dos.

«  C’est bête, je n’ai plus d’eau... Je t’en aurais donné, sinon… »
«  Ca va passer… » Rassura-t-il en grimaçant

Cela ne passait pas vraiment et il fut obligé de prendre une nouvelle aspiration pour tenter de calmer ses fichus nausées. Il aurait dû marcher, en fin de compte…, pensa-t-il en regrettant son choix de transports. Il passa une main lasse sur son visage, pensant que cela allait faire passer son vertige, mais cela n’était pas mieux. Aurore planta ses poings sur les hanches et soupira longuement.

«  Ça fait 2 minutes qu’on est ici, et c’est encore pire que tout à l’heure. »

Évidemment, cela ne lui avait pas échappé, et il était sûr que son état se voyait. Le sourire qui étira les lèvres de la coordinatrice intrigua Paul, qui se doutait que sa prochaine annonce n’allait pas lui faire plaisir. Et cela ne tarda pas.

«  Allez viens, on va à la superette. Il doit y en avoir une à deux pas d’ici. »

Et merde… Il était en train de mourir sur place et elle voulait encore le trimballer à droite et à gauche ? Non mais elle était folle ! C’est clair qu’elle voulait sa mort ! Il grimaça un sourire et détourna le regard.

«  Non, c’est bon... » Insista-t-il

Aurore râla à nouveau et fit un pas vers lui. Cependant, il était vraiment trop occupé à gémir discrètement, qu’il n’avait pas retiré son poignet lorsque la coordinatrice l’avait fermement saisit. Il était trop faible pour être gêné par ce contact. Elle le tirait dans l’espoir de le remettre sur pied, mais seul son bras bougeait mollement.

«  Allez… ! On dirait un gamin qui fait un caprice, là ! »
«  Je t’ai dit que ce n’était pas la peine d’y aller… »

Elle lâcha enfin son poignet dans un soupir d’exaspération, non sans lui avoir avoué qu’il était chiant. Son bras tomba mollement et se cogna contre le rebord du banc, tandis qu’Aurore lui tourna le dos, visiblement mécontente.

«  Puisque c’est comme ça, je pars toute seule. » Déclara-t-elle en liant ses paroles et son geste

Paul soupira à son tour. Si elle croyait qu’il allait la suivre, elle pouvait se mettre le doigt dans l’œil ! Et puis, malgré sa nausée qui ne voulait pas partir, il était bien, assis sur le banc de cet arrêt de bus. Il aperçut la coordinatrice jeter quelques regards derrière son dos avant de complétement se retourner et de râler un « Bon, tu viens ? ».

Un maigre sourire étira discrètement ses lèvres, pensant qu’il n’avait pas joué à ce petit jeu depuis longtemps. Cela remontait à l’époque où Reggie et lui n’étaient encore que des gamins, et où l’heure de rentrer à la maison avait été dépassée depuis un bon moment. Mais à cause d’un soudain et lourd coup de barre, son grand frère s’était assis sur un banc, décrétant qu’il se faisait vieux et qu’il ne pouvait pas faire un pas de plus. Le petite garçon haut comme trois pommes qu’était Paul avait dû le tirer et le motiver à avancer de la même manière qu’Aurore venait de le faire. Et bien évidemment, cela n’avait pas marché et Paul se souvenait qu’il avait boudé pendant tout le reste du trajet. Oui, c’était le bon temps…, constata-t-il nostalgiquement.

Un léger et faible rire atteignit ses oreilles, l’obligeant à tourner la tête à gauche. Une vieille dame souriait de tout son dentier, visiblement amusée par la scène qui venait de se dérouler sous ses petits yeux.

«  Héhé, c’est bien la jeunesse… »

De quoi se mêlait-elle ? C’était bien les personnes âgées ! Toujours à la recherche d’un peu de compagnie ! Pff… La vieille dame regarda dans la direction d’Aurore et sourit légèrement, faisant ainsi froncer les sourcils du jeune homme.

«  Cette petite doit vraiment t’apprécier pour rester avec un garçon aussi grognon. »

Paul sursauta intérieurement. Encore cette constatation ! Mais qu’est-ce qu’ils avaient tous, bon sang ? Cela se voyait donc comme le nez au milieu de la figure ? La septuagénaire continua sur sa lancée, avec toujours ce sourire ridée sur le visage.

«  En tout cas, tu as de la chance qu’elle prenne soin de toi comme ça. C’est ta petite copine ? »

Ses joues picotèrent instantanément à cette qualification, si bien qu’il fut obligé de se lever brusquement afin de cacher son embarras, et de considérer méchamment la vieille dame.

«  Cela ne vous regarde pas… ! Mêlez-vous de vos affaires ! » Râla Paul, mal à l’aise
«  Tu as raison, mon garçon. Pardonne-moi. »

Le jeune homme grimaça, mécontent, et lui tourna le dos pour enfoncer ses mains dans les poches de sa veste afin de rejoindre la coordinatrice à contrecœur. Non mais franchement… ! Les personnes âgées, de nos jours… ! Et puis, si Aurore s’occupait de lui, c’était uniquement parce que son frère le lui avait demandé, rien de plus. Non pas qu’il ne voulait qu’elle le fasse de son propre chef, mais qu’il commençait à apprécier le fait qu’elle prenne soin de lui. Et se dire qu’elle le faisait simplement par demande l’énervait profondément. En fait, il était frustré parce qu’il ressentait de l’affection pour elle, et qu’il ne savait pas comment arrêter cette espèce de maladie qui avait déjà bien progressé.

Il remarqua un léger sourire amusé sur le visage d’Aurore qui venait de croiser les bras le long de son dos et restait à ses côtés en marchant dans la grande rue.

«  Je ne savais pas que tu étais capable de parler à d’autres personnes… » Finit-elle par lâcher
«  C’est elle qui a engagé la conversation. Je ne lui ai rien demandé… ! » Râla Paul, les yeux clos

Il l’entendit faiblement rire avant de reporter son attention sur la route, cherchant la supérette. Il balaya les alentours du regard et tourna la tête à gauche dans l’espoir de voir le magasin, mais il n’y avait que des terrasses avec beaucoup trop de monde à son goût qui prenaient aisément le temps de siroter une boisson fraiche.

Paul jeta une œillade à la coordinatrice pour voir qu’elle regardait de son côté en signalant dans un soupir qu’elle n’avait rien trouvée. Il se tendit légèrement en croisant ses deux orbes bleus.

«  Ça va, tes maux de ventre ? »
«  Ça ira mieux quand j’aurais bu quelque chose… »

Finalement, elle n’avait pas eu une mauvaise idée en lui proposant d’aller boire quelque chose pour faire passer ses nausées. Mais pourquoi s’inquiétait-elle autant pour lui ? Cela faisait au moins la quatrième fois qu’elle lui demandait s’il allait bien…, soupira-t-il.

«  Ah, en voilà une ! » S’exclama-t-elle en pointant la supérette qui se trouvait un peu plus loin

Ouf, ils avaient trouvés rapidement… Ils se dirigèrent vers le magasin et entrèrent à l’intérieur, tandis que Paul réprima un grognement devant la politesse maladive de la coordinatrice. Ils gagnèrent rapidement le rayon des boissons et s’arrêtent devant les nombreux choix qui s’offraient à eux.

«  Alors, qu’est-ce que tu vas prendre ? »
«  Jus d’orange. » Répondit-il en faisant un pas en avant
«  Une boisson gazeuse serait mieux pour faire passer tes nausées. » Conseilla Aurore

Le jeune homme stoppa son geste, le bras en suspens vers les briques de jus de fruits, et tourna la tête à droite. D’accord, cela permet de faire remonter l’air qu’il y avait dans l’estomac, et il se sentirait certainement mieux après… Il observa la coordinatrice lui proposer une boisson minérale pétillante, passer ensuite à une boisson avec des agrumes et recommander une autre bouteille au gout de cola avant de la voir pivoter vers lui.

«  Tu as même du soda à l’orange, si tu veux. » Sourit-elle

Elle essayait vraiment de lui proposer plusieurs digestifs pour qu’il prenne celui qu’il préférait, mais il n’aimait pas trop suivre ses conseils, sachant parfaitement que chacun de ses choix allait lui retomber dessus tôt ou tard, et puis...

«  Je n’aime pas les boissons gazeuses. »
«  Rah, mais tu n’aimes rien ! » S’exclama Aurore avant de compter sur ses doigts, « T’aime pas le poisson, t’aime pas les crudités, t’aime pas l’eau pétillante, t’aime pas ci, t’aime pas ça…  Hé mais t’es un vrai gosse ! » Affirma-t-elle

Paul resta dépité devant la honte monumentale qu’elle venait de lui infliger dans le rayon et fronça les sourcils dans une légère grimace. Il fallait qu’il lui obéisse s’il ne voulait pas l’énerver davantage.

«  C’est bon, c’est bon, j’en prends ! Voilà, t’es contente ? » Râla le jeune homme en empoignant une bouteille gazeuse

Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour la satisfaire ! Non mais franchement… ! Il grogna dans sa barbe et sortit au plus vite du rayon, la tête basse, essayant d’ignorer les remontrances de la coordinatrice dans son dos. Il soupira grassement et lui jeta une œillade dans l’espoir de la faire taire, ce qui fonctionna puisqu’elle détourna le regard et grommelant entre ses dents. Ils atteignirent la caisse qui, dieu merci, était libre. Paul donna sa petite bouteille de soda à l’orange et la récupéra après qu’un bip sonore ne s’était échappé de la machine. Il paya la somme requise et râla en sortant de la supérette, Aurore sur les talons.

Le jeune homme se posta sur une petite place à quelques mètres de là, ouvrit son achat, en bu quelques gorgées, remarqua à gauche le regard de la coordinatrice sur lui et retira sa bouteille de ses lèvres dans un soupir gras.

«  Alors ? » Sourit légèrement Aurore
«  Je préfère le jus d’orange tout court, mais disons que celui-là passe… »

En fait, il ne voulait pas la vexer en lui disant qu’il n’aimait décidément pas les boissons gazeuses. Après tout, elle s’était donné du mal, allant même jusqu’à chercher une supérette pour lui. Il ne pouvait pas saboter tous ses efforts par simple égoïsme… Paul ferma les yeux, ne comprenant pas pourquoi ce genre de pensées s’installait dans son esprit. Cela lui coutait même de l’admettre, mais Aurore arrivait vraiment à le changer. Quand il repartait quelques semaines en arrière, il ne se reconnaissait plus… Lorsqu’il reverrait Reggie, il pouvait être sûr qu’il allait lui faire payer sa transformation ainsi que toutes les paroles et les coups fourrés qu’il lui avait faits, pensa-t-il en rouvrant les yeux.    

«  Alors, ça va mieux ? » Demanda la coordinatrice

Il baissa automatiquement la tête sur son ventre et posa la main dessus, lui répondant que ses nausées avaient quelques peu disparus. Aurore lui sourit, visiblement contente et lâcha un « Tu vois ? Je te l’avais dit. ». Il rangea sa boisson dans son sac et se tourna vers elle, les mains dans les poches.

«  Tu vas y aller, c’est ça ? » Demanda Aurore

Paul pensa qu’elle comprenait vite ses intentions et acquiesça dans un signe de compréhension. Ils s’observèrent un instant avant de cligner des yeux et de détourner pudiquement le regard. Ils ne s’étaient jamais vraiment dit au revoir concrètement. C’était toujours lui qui partait, énervé, ou Aurore qui essayait d’y mettre de la bonne volonté. Mais maintenant qu’ils étaient à un mètre l’un de l’autre, avec aucune tension, aucune dispute, ils ne savaient pas comment se quitter. Devait-il se serrer la main ? Se saluer d’un geste de la main ? Ou se dire au revoir comme cela et partir naturellement ?

Paul se gratta la tête, les yeux fixés sur un caillou à côté de sa chaussure, mal à l’aise. Aucune idée ne lui venait à l’esprit et ce n’était certainement pas lui qui prendrait l’initiative de faire le premier pas. Seulement il remarqua qu’elle aussi était mal à l’aise, et qu’elle ne savait pas non plus quoi faire. Il ferma les yeux et, décrétant qu’ils avaient l’air de deux idiots, planté comme deux poteaux à ne rien faire, il tendit une main hésitante entre eux.

«  Bon, hé bien-… » Commença-t-il

Il se tut immédiatement en voyant la coordinatrice le couper en secouant la tête dans un bref soupir. Qu’est-ce qu’elle avait, encore… ?

«  Les filles ne serrent jamais la main, Paul… »

Contrarié par sa remarque alors qu’il avait fait l’effort de faire le premier pas, Paul fronça les sourcils et retira sa main pour la laisser pendre au-dessus du vide. Qu’est-ce qu’il en savait, d’abord ! Si elle était plus maline, elle n’avait qu’à prendre l’initiative, elle ! Il vit Aurore s’approcher de lui dans un sourire légèrement mal à l’aise. Elle était vraiment trop proche de lui, là. Qu’est-ce qu’elle faisait ? Il se tendit aussitôt lorsqu’il sentit le contact humide des lèvres de la coordinatrice se poser sur sa joue droite dans une pointe d’hésitation. Il la vit se distancer et sourire malgré l’embarras qui se lisait clairement sur son visage.

Il resta toujours paralysé, les yeux écarquillés par le geste qu’elle venait de faire. Il cligna des yeux, et l’information arriva aussitôt à son cerveau. Une bise. Elle venait de lui faire la bise. Comme le ferait deux amis. Comme le ferait deux personnes qui se connaissaient.  

«  Finalement, on a passés une bonne après-midi, ensemble. » Déclara-t-elle

Paul cligna à nouveau des paupières, comprenant alors ses paroles et, sortant définitivement de son étonnement, haussa les épaules dans une expression qu’il voulut neutre. Après une dernière salutation de la part d’Aurore, ils se retournèrent pour s’éloigner l’un de l’autre. Paul s’arrêta après quelques pas et leva un regard au-dessus de son épaule pour fixer le dos de la coordinatrice. Malgré tout ce qu’il s’était passé aujourd’hui, lui aussi pensait qu’ils avaient passé une bonne après-midi...
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Les Pokémons amoureux - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux - Page 2 Icon_minitimeVen 14 Mar 2014, 17:56

Coucou, voilà le chapitre 8 ! J'espère qu'elle vous plaira ! Smile

Chapitre 8 : « Pour moi… Tu es quelqu’un d’important. » Lolo57

Un lourd soupir fendit l’air, tandis que le désagréable jeune homme empoigna la ceinture qui gisait sur son lit. Il vérifia d’un rapide coup d’œil que toutes ses Pokéballs étaient bien accrochées, et passa la ceinture autour de sa taille. Il referma sa ceinture dans un cliquetis métallique, alla fermer la porte de la salle de bain et referma ensuite la fenêtre qu’il avait ouverte afin d’avoir un petit courant d’air.

Paul revenait près de son lit pour prendre son sac de voyage avant de s’arrêter en entendant la sonnerie de son téléphone portable qui résonnait dans toute la pièce. Il fronça les sourcils, se demandant qui l’embêtait alors qu’il allait partir du centre Pokémon. Il ouvrit la poche avant et attrapa son appareil pour y voir le nom de l’appelant : Son frère, évidemment... En fait, il n’avait que lui dans son répertoire… Déprimant, grimaça-t-il en souriant faussement.

Il appuya sur la touche verte et colla son téléphone à son oreille tout en réprimant un deuxième soupir.

«  Cela faisait longtemps, Reggie. »
«  Paul ! Pour une fois tu décroche vite ! » Fit-il remarqué

Le jeune homme serra les dents, agacé. S’il commençait comme la dernière fois, il allait vite raccrocher !  Pourquoi Reggie faisait-il exprès de faire ce genre de commentaires ? Il savait très bien que son frère ne supportait pas ! Pff…

«  Je ne te dérange pas ? Il est midi… Tu n’es pas en train de manger ? »
«  J’allais justement sortir pour aller manger… »
«  Ah, je te rappelle plus tard, dans ce cas ! »
«  Non, je peux y aller après, ça ne presse pas. »
«  Comme tu veux. »

Paul se met assis sur son lit tout en soupirant longuement et se courba vers le sol, reposant ainsi son bras sur sa cuisse.  

«  Tu viens prendre de mes nouvelles, c’est ça ? »
«  Oui. Et j’espère qu’elles sont bonnes ! »

Il réprima un autre soupir et ferma les yeux. Il avait plus de mauvaises que de bonnes, se rappelant l’enfer qu’elle lui avait fait vivre depuis le combat de son Pokémon jusque dans le super marché, mais autant tout lui dire. De toute façon, il était certain que son frère les découvrirait tôt ou tard, alors…

«  Mon Feurisson a évolué… »
«  C’est formidable ! Tu vois ? Ton entrainement à porter ses fruits ! »
«  Ce n’est pas ça qui l’a fait évoluer… » Contredit Paul, visiblement contrarié
«  Ah ? Et c’est quoi alors ? »

Il en voulait vraiment pas répondre à la question que son frère venait de lui poser. Et même si la réponse lui rappelait des souvenirs douloureux, il était obligé. Non, en fait, il n’avait pas envie de l’entendre, sachant parfaitement comment il allait réagir...

«  C’est grâce à cette idiote et à son Pokémon. » Grimaça-t-il, « Son Feurisson a voulu jouer les héros en sauvant la ville d’un Sablaireau enragé, mais il n’y ait pas arrivé. Et mon Pokémon est intervenu pour le sauver. Et c’est là qu’ils ont… »
«  Tout les deux ? » S’étonna Reggie
«  Oui. »

Cela lui coûtait vraiment de l’admettre, mais c’était la vérité… Sans eux, jamais son Type feu n’aurait évolué… Ridicule… ! Les commentaires de son frère ne se firent pas attendre, résonnant dans une voix moqueuse à l’autre bout du téléphone.

«  Oh ! Ensemble… Partageant les mêmes sentiments… La même volonté… C’est ce qu’on appelle…Le pouvoir de l’amour ! » Déclara-t-il en faisant éclater son excitation

Et voilà, constata Paul en soupirant grassement. C’est justement à cause de cela qu’il ne voulait rien dire. Et puis surtout qu’il venait de très bien résumer le ressentit des deux monstres de poche à ce moment-là… Le jeune homme fronça les sourcils, agacé par le discours que son interlocuteur venait de continuer, et se mit à crier dans son téléphone.

«  Oui bah c’est bon ! On a compris ! »
«  Je plaisantais, je plaisantais… » Lâcha Reggie entre deux rires
«  Ouais, c’est ça… »
«  L’évolution de vos Pokémons prouve à quel point ils s’aiment. Il ne manque plus qu’Aurore et toi. »

Ayant raté un battement de cœur, Paul sursauta intérieurement et se redressa brusquement, comme si le lit sur lequel il était assis lui avait brulé les fesses.

«  Non mais ça va pas ?! Ce n’est pas parce que nos Pokémons s’aiment, que les dresseurs doivent forcément s’aimer ! Où est-ce que tu as été cherché ça ? » Râla activement le jeune homme
«  Attends, mais c’est presque c’est déjà fait, là. Tu l’aimes à moitié, ça se voit. »
«  Quoi ? Mais n’importe quoi ! »

Paul bouillait intérieurement. Il était malade, ou quoi ? Lui en couple avec Aurore ? Qu’est-ce qu’il avait bu pour sortir des conneries pareils ? En plus, ils n’allaient pas ensemble ! Ils se taperaient plus la honte qu’autre chose ! Et puis lui, main dans la main avec elle… Reggie voulait vraiment le dégouter avant d’aller manger, ce n’était pas possible !

«  Allez, avoue. Je t’ai cramé, de toute façon. Tu ne peux plus rien faire. » Continua son frère
«  Je ne l’aime pas ! T’as compris ? Je-ne-l’aime-pas ! » Cria Paul dans son appareil
« J’ai entendu, pas la peine de crier… Bon, alors dis-moi plutôt comment tu te sens lorsque tu es avec elle ? Les petits papillons dans le ventre ? Les mains moites ? La gorge nouée au point de ne plus savoir parler ? »
«  Rien de tous ces affreux clichés ! » Râla-t-il

Sérieusement, qu’est-ce que c’était que ces stéréotypes à la noix ? Cela ne l’étonnera même pas s’il avait des livres de ce genre… Il soupira en se pinçant l’arête du nez et réfléchit à la question, les yeux plantés sur une latte du parquet.

«  Moins vide, je crois… »
«  Donc tu apprécies le fait qu’elle soit avec toi ? »

Paul se pinça les lèvres. Devait-il vraiment avouer qu’effectivement, il aimait sa présence ? Ou bien devait-il tout nier en bloc comme il avait l’habitude ? Il lâcha un râle, contrarié que son frère le pousse à dire clairement les choses, et finit par répondre un vague « Hn. » du bout des lèvres. Étonnamment, son frère ne venait pas de se moquer de lui, et avait continué son petit interrogatoire. Et puis, Reggie devait savoir que même si c’était des sentiments humains, son petit frère les ressentait moins intensément que les autres.

«  Et quoi d’autre ? »
«  Apaisé, un peu... Enfin, lorsqu’elle ne m’énerve pas, - c’est-à-dire rarement. »
«  Tu es méchant là, Paul. »
«  Et puis quand elle parle, aussi : Tu n’as jamais trouvé sa voix stridente, toi ? » Plaça facilement Paul
«  Quelques fois. » Avoua-t-il, amusé, « Mais reprenons là où nous en étions. Tu ressens d’autres choses ? Quand elle te touche, par exemple… »

Paul réprima un long soupir en levant paresseusement la tête au plafond. Il en savait vraiment pas où cette conversation allait le mener, mais il sentait qu’il devait aller jusqu’au bout.

«  Tu sais bien que je ne suis pas habitué au contact, alors forcément, je me sens mal à l’aise… Et puis, lorsqu’il y en a, j’ai l’impression qu’elle ne sait pas être délicate. Enfin, elle est un peu brusque…»
«  Elle non plus, n’a certainement pas l’habitude. Mais elle peut être douce, quand elle veut. »

Paul repensa immédiatement au moment où Aurore lui avait fait cette timide bise. Son geste était quelque peu indécis mais l’intention de lui dire au revoir dans les règles était réelle, elle. De plus, le contact de ses lèvres sur sa joue était doux, empreint d’une gentillesse qu’il reconnaissait bien en elle. Il ne put s’empêcher de sourire discrètement en se remémorant cette scène et où son corps s’était complétement figé. Après tout, c’était la première fois depuis très longtemps qu’on lui faisait la bise, normal d’être sous le choc…

«  Ouais, je sais… »
«  Comment ça, « tu sais » ? » Questionna-t-il, suspicieusement

Mince, il avait répondu assez aisément. Pourquoi son frère soupçonnait-il toutes ses paroles ? Un vrai enquêteur ! Cela ne l’étonnerait même pas si Reggie avait un cahier dans lequel il notait tous ces actions que son frère lui racontait… Le jeune homme lâcha un râle, signe qu’il en avait déjà marre, avant d’entendre à nouveau la voix de son frère dans le téléphone.

«  Paul, tu ne m’a pas tout raconté… Il s’est passé quelque chose. » Affirma-t-il

Autrement dit, « Tu as intérêt de me le dire, sinon ça va mal aller… ». Il était coincé. Il devait raconter ce qu’il s’était passé. Mais pour une fois, il voulait simplement être égoïste, garder ce moment pour lui tout seul. Après tout, c’était à lui qu’elle avait fait la bise, pas à son frère ! De quoi se mêlait-il ?
Paul fronça les sourcils, préparant froidement sa réponse, et après avoir fermé un instant les paupières, il répondit, gêné :

«  C-Cela ne te regarde pas ! »
«  Bref. » Soupira-t-il avant de tiquer, « Hé, mais attends ! Je  rêve ou… tu as l’air mal à l’aise, là ? »
«  Je ne sais plus où j’en suis… » Avoua-t-il du bout des lèvres
«  Aurore t’as vraiment chamboulé l’esprit, hein ? »

Paul soupira longuement en guise de réponse. C’est lui qui lui faisait perdre la tête, pas Aurore. Ou enfin… Roh ! Il ne savait plus quoi penser, maintenant ! Si c’était ce que voulait Reggie, il avait réussi…

«  C’est très simple, je vais t’expliquer, petit frère : Tu es tombée amoureux d’elle. »
«  N-Ne dis pas des choses aussi stupide ! Moi ? Amoureux ? Et puis quoi, encore ? Comment je pourrais tomber amoureux d’un boulet comme elle ?! Et que ce soit clair : Je ne ressens rien du tout pour elle ! »

Son frère devait penser qu’il venait de reprendre du poil de la bête, puisqu’il l’avait littéralement incendié, et ce, d’une seule traite. Paul se gratta la tête en fermant les yeux, irrité. Il était vraiment sur les nerfs, tellement Reggie l’embrouillait… Il ne se reconnaissait même plus, ne savait pas quel heure il était et où il se trouvait…

«  Arrête de faire le gamin… Sois un peu sérieux. » Réprimanda-t-il dans un soupir
«  Je suis sérieux ! » Répliqua Paul en s’asseyant fermement sur son lit
«  Tu savais que j’ai le numéro de Barry ? Je suis sûr qu’il voudra accepter de sortir avec elle, lui. »

Mais son frère a les numéros de tout le monde, ou quoi ? Un vrai annuaire des pages jaunes ! Cependant, cela prouvait qu’il avait beaucoup de monde sur son répertoire, lui… Rah, il ne pouvait quand même pas accepter le numéro de cette idiote, juste pour avoir un contact de plus dans son téléphone, c’était tellement pitoyable ! Pensa-t-il en grimaçant de dégout. De toute façon, Barry et elle n’allaient pas du tout ensemble. En plus, ce blond était égocentrique, il sautait partout et il ne pensait qu’à surveiller sa perte de temps… Bref, pas de quoi s’enchanter mais il y avait tout de même ce petit quelque chose qui l’obligeait à froncer les sourcils, signe qu’il était mécontent.

«  Elle ne voudra pas. » Rétorqua catégoriquement le cadet
«  Qu’est-ce que tu en sais ? »
«  Il ne lui convient pas. » Continua Paul tout en sachant que cet argument était pauvre
«  Parce que tu crois qu’elle conviendrait mieux à quelqu’un comme toi ? »
«  Je n’ai jamais dit ça ! Et puis pourquoi tu veux que je sois avec elle ? »
«  Mais je te l’ai dit ; T'es amoureux. Autant être avec celle que tu aimes. »
«  Pourquoi tu t’obstines ? … Elle ne voudra pas de moi de toute façon… » Lâcha-t-il avant de claquer sa langue au palais dans un bruit qui trahissait son irritation; « Oublie ce que je viens de dire… »

Son esprit était un vrai méli-mélo de pensées, râlant à cause de son attitude à la fois incontrôlable et pessimiste, et aussi à cause de son caractère qui reprenait le dessus juste après. Décidément, quand ce n’était pas Aurore qui lui faisait perdre les pédales, c’était son frère… !

«  Ah, tu vois ? C’est le cas typique du mec qui est amoureux : Tu es paumé dans tes pensées. »
«  Mais non ! C’est toi qui me monte la tête, là ! … Et puis je ne fais que de la souler, de toute façon… » Avoua-t-il en serrant les dents, conscient de lui avoir fait part de ses doutes pour la énième fois

C’est comme s’il ne contrôlait pas ses paroles. Comme si elles sortaient toutes seules. Mais qu’est-ce qu’il lui arrivait, bon sang ?, se demanda-t-il en râlant intérieurement, agacé. Sans doute parce que son frère savait être à l’écoute de ses interlocuteurs et que sa voix inspirait une certaine confiance qui les hypnotisaient à révéler leurs soucis…

«  Qui sait ? Peut-être qu’elle aime les emmerdeurs… » Répondit Reggie, légèrement amusé
«  Arrête de raconter des conneries… »
«  Allez, je t’arrange le coup, si tu veux. » Insista l’ainé
«  Je n’ai pas besoin de toi ! »
«  Alors comme c’est ta première copine, je peux te conseiller, si tu veux... »

Visiblement, son frère était toujours en plein film et ne se gênait pas pour sortir toutes les stupidités qui lui traversaient l’esprit et ce, les unes après les autres. Sérieusement, il n’avait pas besoin de son aide ! Il savait se débrouiller ! Enfin peut-être pas dans ce domaine, mais il savait très bien qu’il ne fallait jamais écouter les conseils des autres. Toujours suivre son instinct pour ce genre de choses.
La voix de son frère énumérait maintenant les différentes choses à ne pas faire pour ne pas avoir la honte, avant que Paul ne serre les dents une seconde fois pour le couper dans ses explications.

«  Je ne t’ai jamais dit que je voulais sortir avec elle ! T’es malade ! Et puis d’abord, tes conseils, tu peux te les garder ! Je n’en ai pas besoin ! »
«  Vraiment ? Allez, deux ou trois… » Insista Reggie
«  Vu comment ta dernière copine t’as larguée, je ne préfère pas, tu vois. » Répondit Paul en coulant un regard vers sa table de nuit

Son frère avait beau avoir toute la bonne volonté du monde à vouloir l’aider, ce n’était pas parce qu’il avait plusieurs ex à son actif, qu’il s’en sortait plutôt bien. La preuve, sa copine actuelle l’avait larguée deux semaines plus tard. S’il se faisait conseiller par lui, sa vie sentimentale se retrouverait en morceaux avant même d’avoir été construite. C’était méchant, mais c’était la pure vérité.

«  Avec toi, c’est différent : Aurore ne va jamais te larguer. »
«  Plutôt mourir que sortir avec elle… »
«  Moi qui essaie de t’aider, franchement ce n’est pas sympa… ! » Soupira-t-il
«  Je ne veux pas de ton aide, Reggie. »
«  Dis plutôt que tu as peur d’avoir affaire à une fille. »
«  Ce n’est pas ça ! C’est juste que… ! Rah, et puis laisse tombé ! »

Ce n’était pas qu’il avait peur d’avoir affaire à une fille, mais il se voyait très mal se poster devant Aurore et lui demandé de sortir avec lui. Il serait certain de ressemblé à un gros débile, d’autant plus que se prendre un râteau par la fille dont il s’était légèrement et pitoyablement épris, serait d’une honte phénoménale. Et puis, même si la coordinatrice acceptait, lui et les petites attentions que raffolaient les filles ne faisaient pas bon ménage. Cela serait tout juste s’il lui prendrait la main ou lui adresserait la parole… Elle finirait par se lasser et le quittera dès le premier rendez-vous. Ridicule… Alors autant ne rien faire et ne rien dire. La voix de Reggie le sortit de ses pensées et retentit dans son téléphone portable.

«  Bon, d’accord, je ne t’aiderais pas. Mais tu as son numéro, au moins ? »
«  Non. »
«  Quoi, tu ne l’a pas ? Alors que vous vous avez déjà eu un rendez-vous ensemble ? Franchement, Paul…! »
«  Ce n’était pas un rendez-vous ! Pourquoi tu remets ça sur le tapis ? » Râla le cadet
«  Bon allez, j’te le donne. Tu as un papier ? Un stylo ? »
«  Je ne veux pas son numéro ! T’es chiant, à la fin ! »

Paul décolla son appareil de son oreille et raccrocha brutalement en réprimant un lourd soupir, les sourcils froncés. Il remarqua alors qu’il avait perdu trente minutes à cause de l’appel de son frère. Les repas du centre Pokémon devaient déjà être débarrassés…, éluda-t-il en rangeant son téléphone portable dans la poche de son jeans et en se penchant sur son sac pour y refermer la fermeture éclair. Le jeune homme enfila rapidement sa veste, la ferma d’un geste vif et cala son sac de voyage en bandoulière.

La seule chose qu’il voulait faire, c’était de sortir pour s’aéré l’esprit. De toute façon, cette conversation lui avait coupé l’appétit, alors autant se changer les idées en marchant dans la rue. Cela l’aiderait certainement à se détendre…

Il jeta un dernier coup d’œil à sa chambre afin de voir s’il n’oubliait rien, et sortit en claquant la porte. Après l’avoir refermée à clé, descendu les escaliers, il sortit du centre et soupira d’aise en sentant l’air frais lui fouetter lentement le visage. Paul enfonça ses poings dans ses poches et s’engagea sur la chaussée à la suite d’un groupe d’adolescent.

Il avait beau ne pas vouloir y penser, c’était sur cette conversation téléphonique qui revenait sans cessa dans sa tête. Quand il y réfléchissait, son frère faisait le saint, mais en réalité, c’était un vrai petit diable… Il inventait des plans plus que douteux, et s’incrustait dans les vies des autres s’en demander. Comme Aurore, en fait, constata-t-il piteusement. Et puis, si Reggie s’occupait de sa vie affective plutôt que de celle de son frère, Paul s’en porterait bien mieux.

Le jeune homme s’arrêta au passage piéton en réprimant un soupir, excédé par la foule qui s’agglutinait autour de lui afin d’attendre que le feu passage au vert. Il sentit son portable vibrer à l’intérieur de sa paume, l’obligeant à le sortir de sa veste pour consulter le message qu’il venait de recevoir. Il eut tout juste le temps de saisir son code d’accès que plusieurs inconnus le bousculaient, lui faisant remarquer que la voie était libre et qu’il devait avancer, ce à quoi ce dernier se contenta de grogner en emboitant le pas aux passants, les yeux plissés. Paul baissa une nouvelle fois les yeux sur son appareil et découvrir sans surprise que l’expéditeur du message était son frère ainé.

Sur l’information que lui donnait Reggie, le prénom d’Aurore ainsi qu’un numéro de portable, qu’il devinait être le sien, était indiqué. En dessous, une recommandation s’affichait sarcastiquement :

«  Tiens, je suis sûr que tu en auras besoin. »

Tss, il était sûr que son frère avait souri largement lorsqu’il lui avait envoyé ce message… ! Dans un léger rictus, il ferma les yeux et enfonça son appareil dans la poche de sa veste avant de gagner l’autre côté de la chaussé. Qu’est-ce que c’était que ce piège grossier ? S’il croyait qu’il allait bêtement s’empressé d’enregistrer le numéro qu’il lui avait fourni, il se mettait le doigt dans l’œil ! Et puis, il n’était même pas sûr que cela soit le bon numéro ! C’était un coup à se faire ridiculiser pour avoir appelé un inconnu, qu’il saurait complice du plan de son grand frère. Vraiment pitoyable, en somme.

Lâchant un nouveau râle, Paul poursuivit sa route en trainant les pieds, se faisant dépasser par les plus pressés qui s’activaient afin de rentrer chez eux, par des petits enfants qui riaient en se faufilant dans le labyrinthe de jambes, ou encore, par des poussettes qui crissaient mollement sur les graviers. Il ressortit son téléphone et, après avoir machinalement saisit son mot de passe, fixa simultanément le numéro d’Aurore ainsi que le commentaire de son frère. N’importe quoi…, soupira-t-il en évitant une personne âgée qui arrivait devant lui. Cela ne pouvait pas être son numéro. C’était trop… trop bizarre, en fait. Mais comme son frère avait les numéros de tout le monde, ce n’était pas impossible. Cela pouvait vraiment être le sien, en fin de compte… Cependant, il continuait de croire que ce petit manège n’était qu’un stratagème pour que Reggie puisse se moquer de lui en affirmant, avec cette fois des preuves contre lui, que son jeune frère était curieux et qu’il s’intéressait à Aurore.  Si cela se trouve, il a très bien pu commander un autre téléphone portable, acheter un abonnement et avoir un nouveau numéro pour le piéger. Cela pourrait être vrai, en plus… ! Mais oui, c’était cela ! Bon, encore fallait-il qu’il confirme son hypothèse… C’est-à-dire ; se rendre chez un opérateur, se faire passer pour son ainé, prétendre avoir un souci, tout cela pour vérifier si le numéro était bien à son nom, et non à celui de la coordinatrice. En bref, une énorme perte de temps qu’il n’arriverait pas à assumer.

Paul expira grassement, déçu que le film qu’il venait de s’imaginer tombe facilement à l’eau, et fourra une deuxième fois son téléphone dans sa veste. La meilleure solution serait clairement d’appeler le numéro que Reggie lui avait fourni mais il sentait que cela allait lui retomber dessus. Comme à chaque fois, en fait… Alors autant ne pas passer ce coup de fil et ignorer le message. Oui, il s’en porterait certainement mieux ainsi.

Il sentit son portable vibrer et pesta contre le fait que Reggie insistait, s’imaginant déjà les questions de son frère afin de savoir s’il avait pris contact avec Aurore, mais s’arrêta un court instant, les yeux plissés à cause du soleil qui se reflétait dans l’écran. Il se tourna dans un léger râle afin d’avoir de l’ombre, constant avec agacement qu’il n’avait rien reçu et que ce n’était qu’une fausse alerte. Son impression, sans doute…, se dit-il en continuant sa marche en fourrant son téléphone dans sa poche.
Et puis, si les dix chiffres soulignés en bleu correspondaient bien au numéro d’Aurore et qu’il se retrouvait avec cette dernière au bout du fil, qu’allait-il pouvoir lui dire ? Comment devait-il engager la conversation ? Si cela se trouve, il allait l’embêter… Plus important : Allait-elle seulement répondre ? Parce que, c’était bien de l’appeler mais si elle ne décrochait pas, cela ne servait strictement à rien. Et puis, comment allait-elle réagir en reconnaissant sa voix? A tous les coups, elle allait lui demander comment il avait eu son numéro ou penser qu’il s’intéressait vraiment à elle. La poisse… ! Au pire, il n’aura qu’à rejeter la faute sur son frère. Après tout, il n’avait rien demandé, lui ! Enfin, si le message l’avait réellement dérangé, il l’aurait supprimé une fois sa lecture finie. Alors pourquoi le gardait-il ?

Le jeune homme inspira et expira ouvertement, éreinté de se prendre la tête pour quelque chose qui n’en valait même pas la peine. Alors qu’est-ce qu’il était en train de faire, à ressortir son téléphone pour consulter les dix chiffres qui le narguaient silencieusement ? Il toisa l’écriture numérique et soupira grassement, les yeux clos.

«  C’est pitoyable… » Déclara-t-il en rangeant son appareil

Il bifurqua dans une autre rue et soupira en constatant que c’était une pente infestée de monde. Dans une expiration encourageante, il se mit à monter lentement l’avenue. Et puis s’il l’appelait, Aurore aurait son numéro en retour, et elle ne manquerait certainement pas de lui envoyer des messages, plus débiles les uns que les autres ! Ouais, c’était vraiment un plan pourri. Autant ne pas le faire.

Paul grimaça soudainement en entendant les réclamations de son ventre. C’est vrai, il n’avait pas encore mangé, alors que les treize heures approchaient à grand pas. Il n’avait qu’à trouver un restaurant rapide pour rassasier sa faim. Même si ce n’était pas bon pour son corps, cela serait nettement mieux qu’une demi-heure d’attente dans un restaurant classique…

Il gravit lentement les derniers mètres et s’arrêta en haut de la rue, observant les alentours dans le but de voir l’enseigne d’un des restaurants rapide. Ah, il venait d’en apercevoir un. Il traversa le passage piéton, dépassa quelques personnes âgés, et gagna enfin la porte du fast food. Il s’enfonça dans le bâtiment et gagna vers les files d’attentes, qui, à son plus grand soulagement, étaient vides ou bien, ne comportaient qu’une ou deux personnes discutant de leurs choix de nourriture.

Paul se posta devant une vendeuse et, sachant d’avance ce qu’il voulait commanda son menu favori avant de payer la somme requise. Il saisit son plateau sous les grognements de son estomac, réprimant au passage une brève grimace, et se dirigea  vers une table collé contre la fenêtre. Cela donnait sur la rue, et il pouvait ainsi observer les gens tout en laissant libre court à ses commentaires silencieux. Il se mit assis sur le haut tabouret, soupira d’aise à l’idée que ses tiraillements allaient prendre fin une fois la nourriture ingurgité, et ouvrit la boite dans laquelle son sandwich était enfermé.

Faisant taire ses grognements, le jeune homme mordit dans le pain et en avala la part, prenant au passage un petit paquet de frites entre les doigts. Il planta ensuite la paille dans son gobelet et en bu une gorgée avant de soupirer grassement. Il reporta son attention sur son sandwich, goba un autre morceau, et observa un petit garçon tirer la jupe de sa mère en pointant le restaurant rapide du doigt, voulant manifestement manger à l’intérieur, ce à quoi lui répondit par la négative, à en juger par le froncement de sourcils de son fils ainsi que ses cris de protestations. Paul sourit derrière son pain, se rappelant une autre scène avec son frère. En effet, étant petit, il voulait à tout prix se restaurer dans un fast food et tirait le tee-shirt de son ainé, le suppliant qu’il serait plus gentil si ce dernier l’amenait mangé à l’intérieur. Mais Reggie avait catégoriquement refusé, prétextant qu’ils n’avaient pas le temps de s’y arrêter, et que toute façon, ils avaient des invités de prévu pour le repas du soir. C’était pourquoi, ce jour-là, son grand frère tenait un paquet de courses entre les bras qui menaçait de chuter à tout moment et forçait sur ses jambes, espérant visiblement que ce dernier lâcherait prise. Paul réprima un autre sourire moqueur en sirotant sa boisson, convaincu qu’un gosse se voulait extrêmement casse-pieds lorsqu’il souhaitait quelque chose.

Le dresseur mâcha ensuite un autre morceau de son sandwich et déglutit en regardant cette fois-ci, un homme dialoguant avec une femme, qu’il conclut être sa compagne, puisqu’ils se tenaient la main et arboraient tous les deux un stupide sourire sur le visage. Cette scène le fit de suite moins sourire, décrétant mentalement que c’était pitoyable et qu’ils avaient l’air ridicule, avant de plonger quelque frites dans une sauce marron et d’en mordre la totalité.

Paul mâchouilla ensuite sa paille, buvant quelques gorgées de sa boisson et reposa son gobelet en soupirant une nouvelle fois, satisfait que son estomac soit presque rempli. Il finit rapidement ce qu’il restait de son casse-croute, bu une seconde fois et reprit plusieurs frites. Avec le temps, son envie de fast food avait diminué, se souvenant également que son grand frère l’avait mis en garde contre une possible prise de poids et un physique peu avantageux, lui disant aussi qu’il n’aurait pas de succès auprès des filles s’il en mangeait tous les jours, ce à quoi Paul lui avait répondu par une grimace explicite, déclarant ensuite que les filles ne faisaient qu’attirer des problèmes et qu’il s’en passerait volontiers. Mais petit à petit, sans s’en rendre vraiment compte, il avait arrêté les restaurants rapides, avait bien dû reconnaitre que Reggie avait raison et que, même si cela ne concernait pas les filles, son physique allait en prendre un coup. Il préférait donc garder sa silhouette svelte, quitte à se priver de fast food alors que tous les enfants de son âge en raffolaient…

Le jeune homme termina les quelques frites qui trainaient dans le carton et sirota le reste de sa boisson, les yeux rivés sur la fenêtre. Son corps se figea l’espace d’un instant, apercevant une silhouette familière sur le trottoir d’en face. Un bonnet blanc, des cheveux bleus : Aurore. Elle marchait tranquillement et riait aux éclats, accompagné d’une fille qui restait au même niveau qu’elle. Qu’est-ce qu’Aurore foutait là ? Et puis, c’était qui cette nana qui lui souriait ? , se demanda-t-il en les suivant lentement du regard. Il ne savait pas qui était la rousse surmonté d’une paire de lunettes de soleil, mais il lui disait vaguement quelque chose…  C’était certainement une amie coordinatrice à Aurore… éluda-t-il en mordillant sa paille. Mais qu’est-ce que cette fille faisait avec Aurore ? C’était bizarre… Paul réprima un bref râle tournant la tête, agacé de se prendre pour un enquêteur. Après tout, elle faisait ce qu’elle voulait. Elle avait le droit d’avoir des amis. Fatalement, il constata une nouvelle fois qu’Aurore avait des amis et que lui, comme toujours, n’en avait pas. Et en observant la rousse, il ne put s’empêcher de se demander si un jour, lui aussi pourrait parler normalement et rire aisément avec Aurore. Comme de vrais amis, en fin de compte... Mais il était loin d’avoir le profil du type sympathique et il détesterait changer de comportement du jour au lendemain, sous prétexte qu’il voulait bien s’entendre avec la coordinatrice. Sans compter qu’Aurore trouverait ce changement tout aussi bizarre et ne manquerait pas de lui faire remarquer. Non, c’était même inconcevable …

Paul se tourna vers la vitre et se pencha légèrement afin de voir les deux coordinatrices. Elles venaient de s’arrêter au carrefour, se tourner l’une vers l’autre, échanger quelques mots et se faire la bise. La rousse la salua de la main et traversa le passage piéton pour s’éloigner d’Aurore, qui continua son chemin. Lâchant une râle irrité, il descendit de son tabouret, versa ses déchets dans la poubelle approprié, déposa le plateau sur ceux qui trônaient sur le bord d’un meuble, et sortit du restaurant, prenant la même direction que les deux coordinatrices. Où allait-elle, comme ça ? Pas qu’il s’intéressait à elle, non, il était simplement curieux de savoir où elle se rendait et pourquoi elle était là. Mince, elle venait de bifurquer dans une autre rue. S’il ne la rattrapait pas maintenant, vu le monde que vomissait les magasins, il perdrait définitivement sa trace, c’est sûr !
Il risqua un léger sprint en traversant le passage piéton, se fit évidemment klaxonner pour avoir grillé le feu rouge, et rejoignit la chaussée d’en face, toisant au passage le chauffeur d’un regard sombre. Il se dépêcha dans une rapide course, évitant dans un bref bond les gêneurs qui lui barraient le chemin et s’enfonça malgré lui dans la rue noire de monde.

Le dresseur parcourra le dos des différents inconnus, espérant accrocher un bonnet blanc et des cheveux bleus du regard et se fraya un chemin dans la population grouillante. Il repéra finalement la coordinatrice à quelques mètres, et pressa légèrement le pas. Il se rendit compte qu’elle venait de s’arrêter net, la tête tournée vers une vitrine, et fit brusquement la même chose en se tournant vers le premier truc qu’il était à côté de lui. Mais être obliger de regarder le plan de la ville, juste pour prendre la coordinatrice en filature, le rendait vraiment ridicule, pensa-t-il en grimaçant. Il jeta une œillade à la coordinatrice, voyant qu’elle faisait deux pas afin d’observer l’autre partie de la vitrine, et se reconcentra ensuite sur l’icône qui l’informait de son emplacement par rapport aux autres rues. Sérieusement, qu’est-ce qu’il était en train de faire, là ? On dirait un pervers qui traque sa proie en attendant le moment opportun pour coincer sa victime dans un coin et passer à l’acte…, soupira-t-il en se grattant la tête, faisant mine de chercher une rue.

Une deuxième œillade lui suffit pour comprendre qu’Aurore venait de poursuivre son chemin, obligeant le jeune homme à continuer sur ses traces. Il regarda instinctivement la vitrine devant laquelle elle s’était arrêtée, et constata que ce n’était que des mannequins vêtus de robes sombres et colorés. Ah, les filles…, soupira-t-il en fermant les yeux et en reportant son attention sur la route. N’empêche, il aimerait bien voir à quoi elle ressemble en portant une autre robe que le rose bonbon qu’elle portait à longueur de journée… En plus de ça, son affreuse robe lui tombait au ras des fesses. Pas besoin de préciser que la moitié des hommes se rinçaient l’œil sur son passage. Franchement, c’était d’un manque d’élégance… ! Surtout pour une adolescente comme elle ! On pourrait la prendre pour une fille facile, alors qu’il était sûr que ce n’était pas le cas… Et puis avec le caractère qu’elle a, même si c’était la nana la plus gentille de la Terre, il restait convaincu qu’elle n’accepterait pas les avances de quelqu’un aussi facilement.

En fait, il avait vu plusieurs filles porter ce genre de robe, que l’on pourrait finalement qualifier de mini-jupe. Si ce bout de tissu était à la mode, hé bien il ne savait pas ce que la mode serait dans les années à venir. Ouais, en fin de compte, la mode c’était vraiment de la merde. Encore, si les autres filles se faisaient reluquer, il s’en fichait royalement, mais cela l’énervait lorsque c’était de la coordinatrice qu’il s’agissait. Dans ces cas-là, il ne pouvait s’empêcher de penser que les gens n’étaient vraiment que des obsédés sexuels. Bon, il ne pouvait pas nier qu’il n’était pas mieux, puisque lui aussi s’était rincé l’œil mais ce n’était pas pareil. Même si cela lui coûtait de l’avouer, lui, c’était un jeune avec des hormones, tout ce qu’il y a de plus normale, pas un vieux croulant de soixante ans, ridés jusqu’aux parties génitales… !  

Si Reggie savait ce qu’il avait regardé discrètement, il serait en train de se moquer en lui révélant que, puisque son petit frère ne regardait jamais les filles, il allait finir par croire que ce dernier était de l’autre bord. Cela ne l’étonnerai même pas, tiens ! Son frère avait toujours était du genre moqueur. Mais si lui se moquait gentiment de son petit frère, Paul lui, se moquait méchamment de son ainé. On ne récolte que ce que l’on sème, après tout, pensa-t-il en étirant un mauvais sourire.

Le jeune homme traversa le passage piéton et tourna à gauche, descendant une rue dont il ne voyait pas le bout, les yeux rivés sur le dos de la coordinatrice. Elle comptait faire tout le tour de la ville, ou quoi ? s’énerva Paul en lâchant un râle non dissimulé. Et puis, il ne croyait pas une seule seconde que Reggie soit sincère lorsqu’il disait vouloir l’aider en ce qui concernait Aurore. Même si, lors de leur conversation téléphonique…

«  C’est très simple, je vais t’expliquer, petit frère : Tu es tombée amoureux d’elle. »

Rah, mais quel menteur, sérieusement ! Il ferait mieux de se taire au lieu de dire une ineptie pareille ! Comment pouvait-il encore douter à une hypothèse sortit tout droit du cerveau dégénérer de son grand frère? C’était tout bonnement inimaginable ! S’irrita-t-il intérieurement en sentant son cœur s’accélérer. Il s’autorisa à baisser la tête, sachant que la coordinatrice continuerait tout droit et, agacé que ce genre de pensés se bousculent dans son esprit, il railla pour lui-même :

« C’est vraiment n’importe quoi, cette histoire de sentiments… ! »

Paul ressortit son portable et accéda facilement au dernier message de son frère. Même si Reggie semblait tout faire pour se moquer de lui, il voulait vraiment l’aider. Ce n’était pas le genre de frère a complétement s’en foutre, en fait… Alors peut-être que, oui, ce numéro de téléphone était celui d’Aurore. Combien de temps continuerai-t-il à se défiler comme ça ? S’il ne faisait rien, il ne pourra jamais savoir… ! C’était décidé : Il allait appeler ce numéro ce soir, comme cela, il serait au moins fixé.


En plein dans ses réflexions, il ne vit alors pas un inconnu lui foncer dedans, lui cognant au passage l’épaule avant de poursuivre sa route comme si de rien n’était. Il fronça alors durement les sourcils et comptait bien se faire entendre auprès de cette personne visiblement pressée.

«  Eh ! Faites gaffes, putain ! » Cria-t-il

Il vit ensuite que l’inconnu ne releva pas ce qu’il venait de dire, soupira grassement en râlant contre son incapacité à s’excuser et continua son chemin avant de s’arrêter net, paralysé, en voyant qu’Aurore s’était retournée. Il sursauta intérieurement en croisant les deux orbes bleus de la coordinatrice qui le fixait, étonnée.
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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux - Page 2 Icon_minitimeVen 14 Mar 2014, 17:59

Ayant un petit problème de limitation de caractères (parce que oui, j'écris trop... xD), je vous poste la deuxième partie et m'excuse du triple post. ^^'

OoOoOoOoOoOoOoOo

En face d’elle se trouvait le désagréable jeune homme qu’elle côtoyait depuis quelques temps. Il venait de râler contre un inconnu qui l’avait visiblement bousculé et avait ensuite poursuit sa route avant de s’arrête net, comme si la simple vue de sa silhouette l’avait figé sur place. Qu’est-ce qu’il faisait là ? On aurait plutôt dit qu’il la suivait, justement. Ce qui expliquerait pourquoi, à deux mètres d’elle, il ne prononçait aucun mot et avait les yeux écarquillés, comme prit sur le fait. Aurore l’observa à la dérobée et remarqua qu’il tenait son portable dans sa main droite, que sa main gauche était suspendus dans l’air, et qu’il portait ses vêtements habituels.

«  Paul ? » Osa-t-elle

L’appel de son prénom le fit apparemment redescendre sur terre, puisqu’il cligna des yeux traîna ses pieds jusqu’à elle, rangeant au passage son téléphone dans sa poche ventrale et gardant les mains à l’intérieur. Un bref « Salut » sortir de sa bouche alors qu’il la fuyait du regard. Qu’est-ce qu’il avait ? Il était un peu bizarre…, pensa-t-elle en fronçant les sourcils.

«  Ça va ? Tu as l’air énervé, non ? »
«  Si les gens regardaient où ils mettent les pieds, je ne serais pas énervé. » Soupira-t-il en regardant son reflet dans une vitre, la tête toujours basse
«  En effet… »

Ouai, c’était confirmé : Paul agissait bizarrement. Et elle comptait bien découvrir pourquoi. D’habitude, il ne manquait pas de la regardait froidement mais là, il la fuyait réellement du regard. L’hypothèse qu’il la suive depuis un moment semblait être vraie… Mais pourquoi ? Avait-il peur de l’appeler pour ensuite être avec elle ? Ou l’avait-il aperçut et s’était-il mis à la suivre pour savoir où elle se rendait ? Non, cela m’étonnerais. Paul n’était pas du genre à traquer les autres…

«  Et donc : Qu’est-ce que tu fais là ? »
«  Je me promène. Pourquoi, je n’ai pas le droit ? » Rétorqua-t-il froidement
«  C’est bon, pas la peine de t’emporter comme ça ! J’ai le droit de te poser une question ! » Enchaina Aurore, les sourcils froncés

Elle l’entendit soupirer une deuxième fois, relever les yeux sur elle et lui demander à son tour ce qu’elle faisait là.

«  Je suis ici pour une semaine. Je dois me préparer pour le concours de Mauville. »
«  Oui, tu m’en avait parlé… »

Malgré le ton froid qu’il employait, Aurore voyait très bien qu’il était distant. Si cela ne tenait qu’à elle, elle s’énerverait pour son comportement bizarre et lui demanderais des explications, mais comme il s’agissait de Paul, elle se rassurait en se disant que cela allait passer. Et s’il ne redevenait pas comme avant, elle réitérerait sa question …

«  Cela te dit de faire un bout de chemin avec moi ? »

Il haussa les épaules mais elle voyait aussi qu’il se retenait de lui dire un « Oui » clair et précis. Elle lui sourit et s’engagea à nouveau dans la descente, le jeune homme à ses côtés. Elle lui jeta une œillade et vit qu’il regardait son portable en évitant un petit enfant qui montait la rue.

«  Un message de ta petite amie ? » Sourit Aurore avant de recevoir un regard haineux de la part de ce dernier

Qu’est-ce qu’il avait, sérieusement ? Il s’était levé du pied gauche, ce n’était pas possible ! Elle qui essayait de dialoguer… ! Mais ce regard voulait plutôt dire que ce n’était pas ses affaires, ce qu’elle concevait parfaitement. Cependant, elle avait toujours été un peu fouineuse, alors pour elle, c’était normal ce genre de question… Elle l’entendit ensuite soupirer pour fourrer son appareil dans sa poche ventrale.

«  Tu ne lui répond pas ? Elle va te faire la tête, après… »
«  Ce n’est pas ma petite amie. Si tu veux tout savoir, c’est Reggie. » Répondit-t-il, agacé et à contrecœur

Étrangement, elle se sentait plutôt rassurée que cela ne soit pas sa petite-amie. En réalité, elle avait dû mal à voir Paul en couple. Il fallait le dire, ce garçon était un asocial, alors difficile pour son entourage de s’imaginer avec quelqu’un… Elle lui sourit une nouvelle fois et demanda :

«  Reggie ? Et qu’est-ce qu’il dit ? »
«  Rien d’important. »

Il ne voulait vraiment pas que l’on s’immisce dans ses affaires, constata-t-elle en réprimant un soupir intérieur. Ils s’arrêtèrent, attendant qu’un petit groupe de voitures ne tracent leurs chemins, et traversèrent le passage une fois la voie libre. La coordinatrice vit du coin de l’œil que le jeune homme tournait la tête vers elle et tentait visiblement de trouver ses mots pour engager la conversation. Après quelques secondes d’hésitation, sa voix rauque retentit dans l’air.

«  Tout à l’heure, je t’ai vu avec une autre fille… » Commença-t-il en se grattant la tête, « C’est une de tes amies… ? »
«  Ah, Zoé ? Oui, c’est une de mes amies. Je ne l’ai pas revue depuis longtemps ! Mais je crois que tu l’avais déjà vue, il me semble ! »
«  … Je ne  m’en souviens pas. »
«  Mais si ! Quand on était à Frimapic ! Elle t’avait même engueulé parce que tu avais rabaissé Sacha ! »

Elle le vit ensuite observer le mur qui défilait au rythme de ses  pas, signe qui cherchait profondément ce souvenir dont elle parlait, avant de le voir sourire sadiquement et de déclarer :

«  Je l’ai rabaissé tellement de fois, celui-là… »
«  Arrête, ce n’est pas marrant ! Je ne comprends pas pourquoi tu le rabaisses autant comme cela ! » Râla-t-elle en s’arrêtant net

Elle avait beau essayer de comprendre Paul, parfois elle n’arrivait pas, comme le fait qu’il rabaisse un de ses amis. On dirait vraiment qu’il prend plaisir à dominer les autres. A se sentir supérieur. Peut-être était-ce dû à son manque d’amis ? Il se sentait obligé d’être plus fort que les autres pour justement combler ce manque de présence. Lors d’un court instant elle se sentait triste pour lui. Après tout, il avait peut-être été déçu par une personne et il avait décidé de ne plus se faire d’amis…
Cela avait dû entrainer un manque de confiance en soi, l’empêchant ainsi de se lier d’amitié avec son entourage. Oui, elle était persuadé qu’au fond de lui, Paul avait souffert de cette solitude. Elle l’imaginait très bien isolé à la cours de récréation, avec une œillade froide pour ceux qui osait le regarder et un caractère distant pour ceux qui osait lui adresser la parole. Elle se l’imaginait également en train de feindre la joie lorsqu’il rentrait chez lui, disant à son frère que sa journée s’était bien passé, qu’il avait eu de bonnes remarques et qu’il s’était bien amusé avec tous les enfants de la classe, tandis que le soir, seul dans sa chambre, emmitouflé sous sa couverture, il rageait intérieurement et se promettait de leurs faire chèrement payer sa solitude. Oui, c’était le genre de scène qu’Aurore s’imaginait très bien, et qui pouvait malheureusement être vrai… Mais maintenant, c’était différent, sourit-elle en le rejoignant dans un rapide pas. Maintenant, elle espérait du fond du cœur que Paul se rendrait compte qu’il n’était plus seul. Qu’il était entouré. De Sacha. De Pierre. D’elle…

La coordinatrice remarqua que Paul lui jeta une œillade et qu’il haussa simplement les épaules en guise de réponse à son exclamation, ce à quoi elle soupira légèrement. Ouais, il ne fallait vraiment pas lui en demander beaucoup, à lui… Aurore soupira d’aise en sentant un vent chaud lui fouetter le visage avant de voir une petite place apparaitre au détour d’une agence de voyages. Quelques bancs étaient disposés un peu plus loin accompagné d’énormes pots de fleurs, tandis qu’à certains endroits, du bois remplaçait le béton. C’était la même chose à gauche, constata-t-elle en regardant rapidement de l’autre côté de la route.

Une voix rauque et fleurit par le temps attira l’attention des deux jeunes, en faisant un geste de la main. Ils s’arrêtèrent tandis que l’homme, qui semblait avoir une quarantaine d’années, vêtu d’un tee-shirt surmonté d’une veste en cuir ainsi que d’un pantalon simple, se rapprochait d’eux. Il leur sourit derrière sa fine barbe, saisit ce qui avait d’accrocher autour du cou, et les regarda tour à tour avant de se présenter.

«  Excusez-moi de vous déranger, les jeunes. Je suis photographe et comme vous pouvez le voir avec mon appareil autour du cou, je suis en ville pour prendre des photos. Cela ne vous embête pas si je prends quelques clichés de vous deux ? »

Aurore allait répondre favorablement mais fût devancer par Paul qui toisait le photographe de haut en bas, une grimace explicite sur le visage, et lâchait un « On n’a pas le temps, vieux pépé. » avant de reprendre son chemin comme si de rien n’était. Elle lâcha un râle significatif, pensant qu’il était vraiment irrécupérable, et lui saisit fermement le poignet. Elle se tourna ensuite vers le photographe, un petit sourire gêné au creux des lèvres.

«  Excusez-moi, je reviens dans une petite minute. » Déclara-t-elle avant de lui tourner le dos et de faire un pas pour s’en éloigner

Aurore tira ensuite Paul vers elle tandis que ses doigts agrippaient fortement le poignet de ce dernier, pestant mentalement contre le comportant exaspérant du jeune homme. Ya pas à dire, il abusait vraiment sur certaines choses… !  Elle soupira et râla à voix basse, afin que l’homme ne les entende pas.

«  Qu’est-ce que tu fous, Paul… ? T’es pas bien, ou quoi… ? »
«  Toi, qu’est-ce que tu fous… ! » Rétorqua-t-il en imitant le ton de la coordinatrice, « Une photo ? Nan mais tu l’a bien regardé, ce vieux crouton ? Tu ne sais même pas ce qu’il va en faire ! Tu serais contente d’apprendre qu’il fait des choses pas très nettes en la matant le soir ? C’est hors de question ! Et pour information, j’aime pas les photos ! »
«  Nan mais c’est quoi les films que tu te fais, là…? C’est n’importe quoi ! Et puis t’exagères, il a quarante ans maximum… ! En plus, j’adore les photos, moi… ! »
« Ça m’aurait étonné, tiens… ! » Grinça-t-il sarcastiquement
«  Bon t’arrêtes de faire ton chieur, et tu viens avec moi… ! Ce n’est qu’une photo, qu’est-ce que tu en as faire, de toute façon ? »
«  Le droit d’image, tu ne connais pas ou quoi… ? » Riposta-t-il, les sourcils froncés

La coordinatrice entendit ensuite le photographe lui demander s’il y avait un problème et s’ils ne voulaient vraiment pas, il pourrait chercher quelqu’un d’autre, mais comme peu de personnes passaient par là, cela serait difficile. Aurore grimaça un sourire en regardant derrière son épaule et assura à l’homme que tout allait bien avant de se reporter son attention sur le jeune homme.

Elle remarqua que Paul semblait soudainement mal à l’aise, puisque ses lèvres étaient légèrement pincées, et que ses joues semblaient avoir pris une teinte rosés.

«  Dis… Tu pourrais me lâcher… ? » Demanda-t-il sur un ton qu’il voulait impassible

Aurore cligna des yeux, étonnée, et remarqua avec embarras que le visage de ce dernier et le sien étaient assez proches et que sa main avait glissée dans celle du dresseur. Elle rougit furieusement et s’empressa de relâcher sa prise et de s’éloigner de lui, extrêmement gênée. Elle vit du coin de l’œil qu’il croisait les bras et détournait le regard. Elle était tellement obnubiler par la photo qu’elle n’avait pas fait attention à sa proximité avec Paul, et elle ne pouvait s’empêcher de noter que son cœur s’était légèrement accéléré. Qu’est-ce qu’il se passait ? Ce n’était pas la première fois qu’elle était autant proche de lui, quand même ! Dans le bus, par exemple. La coordinatrice était bien plus proche et même si elle était gênée lors du trajet, elle n’était pas aussi troublée qu’en ce moment. Et puis, elle avait été proche d’autres garçons, comme Sacha ou Pierre, et ce n’était pas pour autant qu’elle se sentait embarrassé à leurs égard. Qu’est-ce qui lui arrivait, alors ? Pesta-t-elle mentalement.

«  Je vois bien que vous avez l’air pressés, alors je ne ferai pas beaucoup de photos. Cela vous va ? » Demanda le photographe qui venait de s’avancer vers eux

Paul soupira et regarda un instant la coordinatrice, lui faisant comprendre qu’il ne voulait vraiment pas se faire prendre en photo. Aurore réprima un soupir à son tour, les yeux clos et se tourna vers l’homme.

«  C’est d’accord. »
«  Vraiment ? Merci beaucoup ! »

Elle hocha la tête et ignora le regard haineux que lui lançait le jeune homme, sachant pertinemment qu’il proliférait intérieurement des représailles plus méchantes les unes que les autres. Après tout, elle faisait ce qu’elle voulait. Et puis, cela ferait un souvenir, pensa-t-elle en suivant le photographe près des bancs. L’homme s’arrêta derrière un banc et pivota vers les deux jeunes qui s’étaient arrêtés devant un des énormes pots de fleurs, le sourire aux lèvres.

«  Qu’allez-vous faire avec les clichés que vous allez prendre ? » Demanda Paul en coupant la parole à ce dernier avant même qu’il n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche

Aurore lui assigna un regard sombre et lui fit comprendre qu’il était malpoli envers cet inconnu, tandis que l’homme rit franchement avant de rassurer le dresseur, qui lui semblait visiblement perplexe.

«  Ne vous en faites pas, je ne vais pas faire des choses bizarres avec, si c’est ce que vous voulez savoir. »
«  Tu vois, je te l’avais dit. » Plaça Aurore en tournant la tête vers Paul, qui toisa afin de cacher clairement sa gêne

Sérieusement, il lui faisait plus honte qu’autre chose, à cet instant ! Ce n’était pas un vieux pervers, cela se voyait, tout de même ! Encore, il aurait eu les vêtements déchirés, les yeux baignant dans l’alcool ou parlerait bizarrement, elle aurait donné raison à Paul et aurait décliné l’invitation du photographe. Mais ce n’était pas un de ses sales pervers, tout de même ! L’homme rit une seconde fois avant de reprendre là où il en était.

«  Ce n’est pas grave, c’est normal. Je me serais méfié aussi, à sa place. Comme vous devez vous en douter, je fais ça par passion mais aussi pour ma petite fille, qui va avoir six ans. Elle les adore et me demande à chaque fois ce que je ressens lorsque je prends les couples d’amoureux… »

Blocage. Son cerveau venait de se mettre en pause, le cœur battant, les yeux écarquillés, tout comme celui de Paul qu’elle constata en une rapide œillade.  Qu’est-ce qu’il venait de dire, là ? Couples d’amoureux ? Nan mais c’était quoi ce délire ? Elle avait pensé qu’il prenait des photos comme ça, de gens, de plantes, de bâtiments, mais en fait… il était centré sur les couples ? Mince, dans quoi c’était elle fourrée, encore… ? La coordinatrice reporta son attention sur le photographe qui semblait maintenant étonné, les yeux fixés sur leurs visages.

«  Ah. Au vu de vos têtes, j’ai dû oublier de le précisé… » Lâcha-t-il en se grattant les cheveux dans un léger rire

Aurore reprit contenance la première et tenta de sourire malgré l’embarras qui venait de s’installer sur son visage.

«  Non, nous ne sommes pas un couple d’amoureux ; juste des amis. »

Ces mots puaient le mensonge à plein nez. Pas qu’ils n’étaient pas vrai, non, mais qu’ils sonnaient plutôt faux lorsqu’ils étaient sorti de sa bouche. Elle constata alors qu’elle n’avait jamais vraiment su ce que Paul et elle étaient, en fait... La coordinatrice ne pouvait pas dire qu’ils étaient des connaissances puisqu’ils avaient partagés beaucoup de choses ensemble, ces derniers temps. Mais elle ne pouvait pas non plus dire qu’ils étaient des amis étant donné qu’ils ne s’étaient jamais entendus comme tels et qu’ils n’avaient pas clarifié leurs relations. Ouai, ils entretenaient une relation étrange, en fin de compte. Aurore pouvait, en ce moment même, sentir le regard réprobateur de Paul qui la fixait dans une pointe de désarroi. Son cerveau aussi, devait être brouillé par les propos qu’elle venait de tenir... La coordinatrice cligna des yeux lorsque la voix du photographe les fit redescendre sur terre.  

«  Oh, veuillez m’excusez. Mais pourriez-vous faire comme si vous en étiez un, alors ? »
«  Nan. Me faire prendre en photo, encore ça, ça passe mais me faire passer pour un couple avec elle, alors ça, c’est hors de question. Trouvez-vous quelqu’un d’autre. » Répondit froidement Paul

Malgré elle, un coup de couteau venait de transpercer le cœur d’Aurore qui baissa la tête, la mâchoire serré, profondément blessé par la réponse négative que venait de dire le jeune homme. D’accord, cela ne l’enchantait pas non plus d’être considéré comme un couple avec Paul, mais c’était pour le bien d’un photographe, il pouvait au moins faire cela ! Et puis, même si elle niait mentalement que ses paroles ne lui faisaient rien, elle était quand même affectée. N’importe qu’elle personne se sentirait offusquée après ce qu’il venait de dire, en vérité. Cela faisait mal, et il n’avait visiblement aucun regret puisqu’il avait les mains dans les poches depuis un petit moment, et qu’il montrait une expression totalement impassible. Aurore jeta une brève œillade au photographe, s’apercevant que la phrase du jeune homme l’avait perturbé et qu’il ne savait plus quoi dire. Elle reporta alors son attention sur Paul et l’appela sur un ton qui se voulait discret.

«  Quoi ? » Rétorqua-t-il en se tournant vers elle

La coordinatrice croisa l’espace d’un instant ses prunelles sombres avant de le voir tiquer et détourner le regard avant de l’imiter pour poser son regard sur la fenêtre d’un immeuble. Elle nota quand même qu’il lui semblait gêné avant de réfuter immédiatement cette hypothèse et de prendre un air qui se voulait assurée. Elle fronça alors les sourcils afin de montrer son énervement, bien qu’elle soit toujours blessée par ses propos et déclara :

«  J’ai bien compris que tu refusais d’être mis en couple avec moi, mais pense au moins à sa petite fille. Je sais très bien ce que tu vas me dire ; que tu t’en fiches. Mais s'il te plait… Et puis, si tu ne veux pas en avoir, moi, j’aurai au moins un souvenir avec toi. » Finit-elle en lui souriant doucement, sachant qu’il la regardait du coin de l’œil

Elle l’entendit alors soupirer grassement et vit ensuite qu’il sortait les mains de ses poches pour les laisser le long de son corps avant de regarder le photographe, signe qu’il allait à présent parler.

«  Bon, c’est d’accord. Mais dépêchez-vous. » Imposa-t-il

L’homme ne discuta pas sa condition puisque sa mine s’éclaircit et qu’il hocha la tête en agrippant son appareil photo. Aurore sourit discrètement, satisfaite d’avoir convaincue le jeune homme avant d’avoir une illumination et de couper le photographe alors qu’il commençait à donner ses explications.

«  Maintenant que j’y pense : On a un couple de Pokémon, par contre ! Vous voulez bien les prendre en photo ? » Demanda-t-elle, le sourire aux lèvres
«  Avec plaisir ! C’est très rare ! Ma fille aimera à coup sûr ! » Approuva l’homme

Paul grogna assez fort pour que la coordinatrice et le photographe l’entende, ce qui signifiait clairement qu’il n’était pas du tout d’accord avec cette idée. Évidemment, il fallait s’y attendre… Elle qui était fière de sa trouvaille, voilà qu’une fois de plus, Paul cassait tout. Franchement, le jour où il serait satisfait de quelque chose celui-là…, soupira-t-elle en tourna la tête vers lui.

«  Tu es vraiment obligé de contester tout ce que je dis, Paul ? Sérieux, ça deviens énervant à la fin ! »
«  Parce que tu crois qu’avec nos Pokémons, cela ne fera pas encore plus couple ? Tu veux que tout le monde nous voit comme des amoureux, ou quoi ? Je suis désolé, mais là, ya des limites ! » S’irrita le jeune homme

Aurore remarqua à ce moment-là que ses joues venaient de prendre une teinte rosée, montrant que son interlocuteur était légèrement embarrassé. Qu’est-ce qu’il avait enfin ? Depuis qu’il s’était retrouvé en haut de la rue, et malgré qu’il s’énerve et parle méchamment, Paul n’agissait pas comme d’habitude. Elle se répéta mentalement la phrase que le dresseur venait de prononcer et sentit son estomac se nouer en entendant qu’il les définissait d’amoureux. Elle non plus, n’avait pas envie que les passants les voit comme des tels, mais elle était vraiment fière de son idée et puis, au moins un des deux duos serait en couple, comme cela. La coordinatrice allait répliquer lorsque un franc rire sortir de la gorge du photographe, obligeant les deux jeunes à s’arrêter et à tourner la tête vers lui.

«  Même si vous n’êtes pas en couple, on dirait vraiment une dispute d’amoureux ! »

Aurore rougit pour de bon et protesta furieusement contre les propos de l’homme, extrêmement gênée, tandis que Paul lui ordonna de se taire de faire son travail, le regard fixé sur la pierre de l’immeuble à quelques mètres de lui. Sérieusement, qu’est-ce qu’il avait à dire cela ? Elle, amoureuse de lui ? N’importe quoi ! S’il ne l’avait pas dit avec autant de sérieux, elle en aurait ri mais là, ce n’était franchement pas marrant ! Même Paul ne cachait plus son malaise ! En plus, elle s’imaginait mal filer le parfait amour avec un homme comme lui. Ce serait le dernier qu’elle voudrait. Et même si c’était le seul sur terre, elle n’en voudrait pas. Elle devait bien avouer que Paul n’avait rien de repoussant, au contraire ; Il était même plutôt beau garçon. Mais elle savait qu’il y aurait toujours cette petite chose qui ferait barrière entre eux. Même si leur relation avait quelques peu évoluée ces derniers temps, elle sentait qu’il lui restait encore du chemin à parcourir pour atteindre réellement le jeune homme.  Son comportement d’aujourd’hui montrait bien qu’elle commençait à se rapprocher de lui, pensa-t-il dans un léger sourire.

La coordinatrice sortit sa Pokéball de son sac et matérialisa son énorme hérisson à côté d’elle. Elle lui expliqua rapidement qu’ils devaient faire une photo en couple. Le Type Feu acquiesça et porta son attention, en même temps que son maître, sur le désagréable dresseur, lui faisant passer le message en un seul regard. La réaction ne se fit pas attendre, puisque Paul râla une deuxième fois, leurs faisant comprendre qu’il était hors de question qu’il sorte son Pokémon Feu. Dans un sens, elle le comprenait : Il n’avait toujours pas accepté le fait que son compagnon de poche soit en couple, et le sortir reviendrai accepter cela et parallèlement, à céder aux caprices de la jeune fille. Elle constata alors qu’elle devait vraiment insister pour qu’il lâche l’affaire et cède à sa demande. Mais dans un sens, elle trouvait cela amusant ; Cela prouvait qu’il n’était pas facile à d’accès et que c’était un homme de caractère. Oui, elle prenait vraiment plaisir à tenir tête à Paul. Elle nota aussi qu’il fallait redoubler de prudence si elle voulait le faire abandonner parce que oui, le dresseur avait des ressources cachées et ne manquait pas de la surprendre au moment où elle s’y attendait le moins.

«  C’est quand tu veux, jeune homme. » Lâcha le photographe

Paul grogna, les yeux clos, et sortit à contrecœur sa petite sphère rouge et blanche. Il libéra un Pokémon identique à celui de la coordinatrice et lui jeta un regard qui lui ordonnait clairement de rester à côté de lui et de ne pas rejoindre son congénère. L’animal comprit le message et lança simplement une œillade à la tête du mâle ainsi qu’à la coordinatrice qui lui sourit naturellement. Aurore entendit Paul soupirer un « Finissons-en rapidement avec ça », tandis qu’il se tournait vers le photographe. Elle l’imita et fixa l’objectif de l’homme, mais ce dernier baissa son appareil et les regarda.

«  Est-ce que vous pourriez vous mettre côte à côte, s’il vous plait ? »

Bien sûr, c’était même évident. De son point de vue, c’était sûr qu’il ne donnait pas l’impression d’être un couple. Elle s’approcha alors de Paul tandis qu’il fit de même en fronçant les sourcils.

«  Et si cela ne vous dérange, vous pouvez aussi faire en sorte qu’on ait l’impression de voir un couple ? »

Aurore leva ses deux orbes bleus sur un Paul qui grognait activement et reposait son bras sur ses deux épaules, la faisant légèrement sursauter. Son cœur s’accéléra brièvement à ce contact tandis que ses joues picotèrent ardemment. Tout à l’heure, la coordinatrice était gênée lorsqu’elle était proche de lui et qu’elle tenait hasardement sa main, et là, elle sentait son bras sur ses épaules. Autant dire que leur rapprochement se faisait, non seulement, rapidement mais aussi brusquement. Elle n’avait pas eu le temps de se remettre du geste de tout à l’heure, que leur contact actuel était plus physique.

Aurore frissonna lorsqu’elle sentit la paume de Paul se refermer sur son épaule. Son bras était certes froid, mais sa main procurait un léger et étonnant sentiment de sécurité. Mais ce qui la rassurait vraiment, c’était qu’elle n’était pas la seule à être embrassée et qu’elle sentait que Paul regrettait d’avoir fait ce geste. Son bras reposait calmement sur ses épaules, mais c’est comme si le jeune homme n’avait qu’une envie : Que la photo se termine le plus rapidement possible. Elle sentait également qu’il luttait pour ne pas retirer ces doigts de sa peau qui lui donnaient clairement la sensation du fer brûlant. Mais pourquoi serait-il gêné, malgré ce contact ? Et s’il regrettait les paroles qu’il avait prononcées tout à l’heure ? Non, Paul n’était pas du genre à avoir des remords pour quoi que ce soit. Même si, lorsqu’il l’avait interpellé avant qu’il ne monte dans le bus, il y a une semaine de cela, elle avait clairement vu qu’il avait regretté ces paroles et qu’il lui avait ensuite proposé de monter dans le même bus que lui. Alors peut-être que, cette fois encore, le garçon éprouvait des regrets… ? Elle réprima un râle silencieux et se concentra sur l’appareil qui cachait presque tout le visage du photographe.

«  Un petit sourire et ce sera parfait. » Quémanda l’homme sur un ton professionnel

Aurore fit alors abstraction de son trouble intérieur et tenta d’offrir un sourire à l’objectif qui la scrutait de son œil noir avant de voir le passionné ôter son appareil de son champ de vision et de regarder le jeune homme.

«  Est-ce que tu pourrais sourire aussi ? »

Elle constata, en levant une œillade sur ce dernier, qu’il faisait du mieux qu’il pouvait pour ne pas les laisser en plan et que faire ce que l’homme lui demandait lui était psychologiquement impossible. L’espace d’un instant, elle se mit à sa place et décida alors que le photographe aurait beau user de tous les stratagèmes possibles, il n’arrivera jamais à le faire sourire. Alors elle devait intervenir avant que Paul s’emporte et parte pour de bon.

«  Ne vous en faites pas, ce n’est pas grave s’il ne sourit pas. Il fait tout le temps la tête, de toute façon. Ce que vous avez là, c’est le mieux que vous pouvez obtenir. » Déclara-t-elle en se tournant vers lui

Le photographe la regarda, perplexe, avant d’acquiescer et de cacher à nouveau son visage derrière son appareil. Les yeux fixés sur l’homme, Aurore sourit doucement et resta immobile, essayant tant bien que mal de dissimuler sa gêne toujours présente et de freiner l’accélération de ses battements de cœur. Elle s’aperçu qu’il réglait la précision de lunette et distingua ensuite une légère pression de son doigt au niveau de la coque de son outil. Le photographe se redressa dans un petit sourire et leur signala que la photo était bien prise. Paul avait visiblement attendu ce moment avec une impatience monstre puisqu’il décolla ses doigts de la peau de la coordinatrice, ôta son bras de ses épaules dans un geste qu’il ne voulait pas trop rapide mais pas trop lent non plus, et s’apprêtait à se distancer lorsque le passionné l’interrompit dans son mouvement.

«  Attendez. J’aimerais en faire une deuxième. Je ne vous en demanderai pas plus. Ça serait bien si cette fois, c’est la jeune fille qui fasse en sorte que l’on ait l’impression de voir un couple. »

Ladite jeune fille tourna la tête vers Paul qui maudissait à vue d’œil le photographe, et lâcha un bref grognement avant de pivoter vers elle. Les épaules rehaussés, elle lui offrit un sourire résigné qui disait clairement « Allez viens, après c’est fini. » tandis qu’il se posta à nouveau à côté d’elle et observa silencieusement ce qu’elle allait faire. Non seulement, elle était intimidée par le fait qu’il attendait son geste mais aussi, par son regard sombre qui n’arrangeait rien. Que c’était gênant de se sentir le centre du monde… ! Mais pour une fois qu’il faisait attention à elle, elle n’allait pas s’en priver. Même si c’était clairement dérangeant. Sans compter que leurs Types Feu n’arrangeait pas la situation et restait aussi calme que lui. Elle fronça les sourcils, embarrassée.

«  A-Arrête de me regarder comme ça… ! » Articula-t-elle avant de fermer les yeux et de se tourner vers le passionné

Aurore tiqua des yeux, croyant entendre un semblant de rire venant de la gorge du dresseur mais ne releva pas plus que cela. C’est vrai qu’il prenait plaisir à se foutre de la gueule des autres…  Il n’avait pas beaucoup eu l’occasion de lancer ses pics, alors il fallait bien que cela sorte à un moment donné. Il en préparait certainement d’autres, c’était sûr… Mais si ces moqueries se prolongeaient, elle n’allait pas se laisser faire. Là, c’était parce qu’elle était avec un inconnu, mais autrement, elle lui aurait déjà crié dessus.

La coordinatrice agrippa timidement le bras du jeune homme et colla son épaule contre la sienne alors que ses joues prenaient un teint légèrement rosée. Elle sentit que ses muscles venaient de se tendre, signe qu’il était anxieux, mais ne disait rien, accumulant certainement la pression qu’elle lui faisait subir.

«  Tu serres trop, on dirait une sangsue. » Plaça Paul en fixant l’horizon droit devant lui
«  J’te serre à peine… » Répliqua-t-elle

Elle raffermit sa prise, rentra légèrement sa tête dans ses épaules et sourit doucement, sentant au passage que le dresseur se détendait à son tour. Elle leva une œillade discrète sur lui et resta un instant figée en voyant que Paul la regardait, impassible. Elle décida que, plutôt de rougir comme une idiote et malgré les palpitations de sa cage thoracique, sourire serait nettement mieux. Alors elle lui offrit un large sourire, la mine réjouie, et pensa soudainement à la conversation qu’elle avait eue avec Zoé lorsqu’elle était arrivée au sujet « Paul ». A vrai dire, elle ne voulait pas vraiment en parler mais comme il s’était mis en travers de son voyage, elle ne pouvait que lui en parler. Et puis, son amie aurait fini par le découvrir tôt ou tard, alors autant prendre les devants.

Bien que Zoé soit extrêmement réticente à propos de lui, Aurore savait que ce n’était pas le type le plus gentil de la Terre, mais à cet instant, elle constata qu’elle se sentait bien en sa présence et qu’il n’était pas aussi sauvage que la rousse le prétendait. Mais ça, Zoé ne pouvait pas le concevoir puisqu’elle avait rajoutée que ce garçon était très mal élevé, avant de rappeler à la coordinatrice qu’il était tout de même le rival de Sacha. La rousse avait fini sa ribambelle d’arguments en affirmant qu’elle n’avait rien à gagner en restant auprès de lui, ce à quoi Aurore avait rétorqué que, bien entendu, elle ne pouvait pas nier le comportement associable qu’avait Paul, mais soutenait que par moment, lui aussi pouvait être gentil. Et puis, elle n’avait pas voulu lui dire, de peur de créer une dispute avec son amie, mais elle était légèrement agacée qu’on lui fasse remarquer que Paul était le rival de Sacha. En quoi était-ce dérangeant ? Juste parce qu’on le voyait comme un ennemi, il ne fallait pas lui adresser la parole ? D’accord, elle aussi avait pensé cela lorsqu’elle voyageait avec le dresseur du Bourg-Palette, mais petit à petit, elle avait changé d’opinion vis-à-vis du jeune homme. Et puis récemment, elle venait à penser que Paul était froid et distant uniquement en présence d’autres personnes.  C’est vrai, elle s’était retrouvée plusieurs fois avec lui et dans certains moments, il n’était pas aussi méchant qu’il n’y paraissait.
Etant donné que Zoé lui avait reproché de ne rien écouter du tout et que c’était pour son bien qu’elle la mettait en garde, elle avait certainement dû voir l’ennuie sur poser sur ses traits tout au long de sa tirade. Aurore avait répliqué à son amie qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter et que Paul était quand même quelqu’un de réglo. Oui, elle le pensait sincèrement et c’était sans doute pour cela que son amie avait dû mal à la comprendre.  

«  Et voilà : La séance photo est terminé. » Annonça le photographe pour les faire sortir de leurs pensées

Aurore cligna des yeux, imités de près par le jeune homme, et tourna la tête vers le passionné qui soupira aisément en retirant son appareil de son visage, visiblement satisfait. Elle resta interloquée un instant, se demandant ce qu’il faisait étant donné qu’il n’avait pas encore fait la deuxième photo, et se décida à poser la question de ses interrogations mais Paul réagit plus vite qu’elle et parla le premier sur un ton rauque.

«  Je croyais que vous deviez faire une deuxième photo. »  
«  C’est fait. » Répondit l’homme en affichant toujours un sourire suspect

La coordinatrice fronça les sourcils. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Il ne l’avait pas encore faite, sinon ils auraient entendu son ordre pour qu’ils le regardent et sourit à l’objectif. A moins que… ! L’homme ne les fit pas attendre plus longtemps et répondit à leurs doutes, leurs informant qu’il avait profité de leurs moment d’inattention pour prendre la deuxième photo. Il rajouta dans un petit rire que le bien-être qui s’en dégageait était frappante et qu’il ne devait pas rater cette occasion.

Rah le fourbe… ! Il les avait pris en traitre et en avait profité ! Mais maintenant que c’était fait, ils ne pouvaient plus rien faire… Aurore entendit Paul grommeler un « Rah le salaud… ! » assez bas pour que le concerné ne l’entende pas et vit du coin de l’œil qu’il avait la mâchoire crispée. Elle pressa brièvement son bras pour lui faire comprendre qu’elle était d’accord avec ses dires et relâcha ensuite sa prise pour se distancer du jeune homme. Elle se tourna ensuite vers son Pokémon et lui caressa le haut de la tête, le sourire aux lèvres.

La coordinatrice pivota vers Paul pour voir qu’il jaugeait son énorme hérisson et qu’il ne savait pas s’il devait le faire rentrer dans sa Pokéball ou non. Il lâcha un râle discret et fit rentrer son Type Feu à l’intérieur avant de faire face au photographe qui s’était rapproché d’eux. Il les dépassa et pointa la rue devant laquelle une voiture venait de s’engager et qui se trouvait à quelques mètres derrière lui.

«  Je suppose que vous voulez les photos que l’on a prises ? Venez, le stand de photo est juste là. » Déclara-t-il en se dirigeant vers la direction pointée

Les deux jeunes acquiescèrent et suivirent le passionné. Il leurs informa que le prix des photos n’était pas très chères et qu’il pouvait même leurs fait un prix convenable. Ils se postèrent devant une petite caravane qui faisait office de stand, tandis que le photographe ouvrit une portière et monta quelques marches pour s’affairer derrière le comptoir.

Aurore soupira et plaça son poing sur sa hanche tandis que Paul croisa les bras en ruminant le prix que l’homme leur avait proposés pour les deux clichés. La coordinatrice remarqua alors qu’il se tournait vers elle et lui annonçait clairement que si elle voulait les photos, c’était à elle de payer la somme et qu’il ne sortirait pas un rond. Bizarrement, elle s’en doutait un peu. Et elle aurait fait la même chose, à vrai dire. C’est vrai qu’il n’allait pas payer une image qu’il ne voulait pas…

Le passionné revint quelques minutes plus tard, contourna son comptoir improvisé et tendit les deux photos à la jeune fille. Elle regarda les deux photos et constata que l’appareil qu’il utilisait était vraiment de bonne qualité puisque l’image était nette et ne put s’empêcher de sourire doucement en voyant le visage mécontent et gêné de Paul. Oui, elles rendaient plutôt bien et elle n’était pas déçue d’avoir accepté de se faire prendre en photo. Elle les montra à son Pokémon avant de le remercier pour sa participation et de le rappeler dans sa sphère rouge et blanche. Elle saisit ensuite son porte-monnaie et paya la somme requise des deux clichés, entendant Paul grogner et comprit au passage qu’il était exaspéré que cette dernière dépense son argent dans n’importe quoi. Elle faisait ce qu’elle voulait après tout… Elle remercia le photographe, jeta une œillade au jeune homme en lui intimant de le suivre et descendit la rue.

Aurore regardait les photos dans un petit sourire, contente de ses clichés. Elle porta son attention sur le jeune homme à ses côtés et remarqua qu’il avait remis ses mains dans les poches de sa veste et qu’il fixait ses chaussures, visiblement pensif. Il semblait en pleine réflexion, les yeux dans le vide et ce, depuis un bon moment déjà.

«  Dis, tu es sûre que ça va ? »
«  Bien sûr, que ça va… ! » S’emporta Paul, « Tu vas me le demander combien de fois ? »

Il se détourna d’elle, clairement embarrassé et soupira grassement. Les sourcils froncés, elle savait parfaitement qu’il venait de lui sortir un énorme mensonge. Il était encore gêné, et elle devina sans mal que la scène des photos y était pour quelque chose. Elle aussi, n’était pas très à l’aise lorsqu’elle y repensait, mais en y réfléchissant et même s’il ne l’admettrait jamais, Paul était plus sensible qu’elle. Son cerveau devait être tout chamboulé. Et dans un sens, c’était aussi de sa faute. Elle l’avait forcé à faire ces fichus photos et il était encore plus distant que lorsqu’ils s’étaient retrouvé il y a une vingt minutes de cela. Rah, voilà qu’elle se mettait à culpabiliser. Elle soupira longuement et l’appela, obtenant ainsi son attention.

«  Je suis désolé de t’avoir mis mal à l’aise, tout à l’heure. Je sais que tu n’aimes pas trop les contacts et pourtant, je n’en ai fait qu’à ma tête en te forçant à faire les photos avec moi... »

Paul s’arrêta net, signe que ces paroles l’avaient atteint et qu’il réfléchissait à présent à une possible réponse. Elle s’arrête à son tour et pivota vers lui, scrutant la moindre émotion qui pouvait passer sur son visage. Il ferma les paupières et déclara sur un ton qui se voulait froid mais tout de même rassurant.

«  C’est aussi de la faute de ce fichu photographe. S’il nous avait précisé qu’il ne prenait que des couples, on-…. » Commença-t-il avant de se taire subitement, réalisant probablement le sens de ses paroles

La coordinatrice baissa les yeux, sachant parfaitement ce qu’il s’apprêtait à dire et ne put s’empêcher de se sentir à nouveau blessée. Elle l’entendit lâcher un râle significatif, soupirer un « Bref… », baisser la tête et laisser place au silence. Paul avait toujours était un peu comme cela : Prononcés des paroles et ne réfléchir qu’après. Mais elle ne pouvait pas lui en vouloir, il n’avait pas vraiment apprit à modérer ses paroles, alors certes, c’était un peu cash mais il ne pouvait pas faire autrement.    
Elle l’entendit ensuite se racler la gorge et vit qu’il était assez mal à l’aise, comme perturbé par le flot de pensées qui semblait se propager dans son esprit. C’est dans une voix rauque et embarrassé qu’il se décida tout de même à parler, la tête toujours basse.

«  Écoute, Aurore… Je… Enfin, pour ce que j’ai dit tout à l’heure… »

Aurore fronça les sourcils malgré le fait que son cœur ait raté un battement. Cela faisait la deuxième fois qu’il l’appelait par son prénom et elle ne s’y était pas encore habituée. Il fallait dire qu’il avait prétendu ne pas s’en souvenir alors c’était difficile de réaliser qu’il le savait vraiment… Le silence continua de planer autour des deux jeunes, tandis que la coordinatrice se demanda où Paul voulait en venir et pourquoi il avait tant de mal à finir sa phrase avant de voir qu’il fermait les yeux dans un soupir.

«  Excuse-moi pour ce que j’ai dit tout à l’heure… »

Aurore cligna des yeux, surprise qu’il s’excuse pour ses propos mais comprenant maintenant pourquoi il était si embarrassé. Un fin sourire étira discrètement ses lèvres. Paul était peut-être ferme dans ses paroles mais au fond, il restait quelqu’un d’humain. Elle en avait la confirmation, à présent. C’était pour cette raison qu’il mettait son égo de côté afin de s’excuser pour ses élocutions blessantes. La coordinatrice comprit, au même moment où son cœur se gonflait d’apaisement, ce que Paul représentait pour elle. Et ce simple statut la satisfaisait. Elle releva la tête et sourit à nouveau à l’œillade que lui lançait le jeune homme.

«  Je sais bien que tu ne nous voit pas comme des amis et encore moins comme un couple, mais pour moi… pour moi, tu es quelqu’un d’important. » Déclara-t-elle

Aurore le vit sursauter dans un léger spasme et relever la tête, confus, tandis qu’elle comblait l’espace qu’il y avait entre eux et lui tendait une enveloppe dans un « Au fait, tiens. ». D’abord hésitant, Paul observa la fine enveloppe et finit par la prendre. Il leva ensuite ses deux orbes sombres sur la coordinatrice, déclara qu’il devait y aller, qu’il était pressé et disparu au détour d’une rue. Dans un soupir amusé, elle ferma les yeux et décida de regagner le centre Pokémon…

La coordinatrice soupira longuement en fermant la porte de sa chambre, et se laissa tomber sur son lit, massant son estomac dans une grimace significative. Mince, elle venait de trop manger et maintenant, elle en payait les frais… Aurore bailla à s’en décrocher la mâchoire, entendit la sonnerie de son portable, fouilla son sac en demandant ouvertement qui pouvait bien l’appeler à cette heure tardive, et constata que c’était un numéro masqué.

«  Allo ? Allo… ? Y’a quelqu’un ? »

Elle fronça les sourcils, furieuse d’être la cible de petits farceurs téléphonique et râla activement en raccrochant. Sérieusement, si les gosses trouvaient cela marrants, pour elle, ce n’était pas du tout le cas… ! Alors que son regard se posait sur la photo prise cette après-midi, un léger sourire étira ses lèvres, pensant au désagréable jeune homme et à sa présence étonnamment rassurante…
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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux - Page 2 Icon_minitimeVen 21 Mar 2014, 20:51

Smile J'kiff trop la scène avec le photographe ! 
Je crois que c'est l'une de mes scènes préférées Smile
On visualise trop bien les scènes ! Very Happy
J'adore toujours autant ton style d'écriture.
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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux - Page 2 Icon_minitimeVen 21 Mar 2014, 21:17

Merci pour ton commentaire !! Very Happy
Voici le prochain chapitre ! ^^ Cette fois, moins long que l'autre.


Chapitre 9 : « Chacun a ses défaites et ses victoires mais seul l’effort est notre point commun. » Oohfemmeluxieuse


« Allo ? Allo… ? Y’a quelqu’un ? »


Paul grogna activement en roulant sur le flanc, les paupières fermés, allongé sur son lit. La voix d’Aurore résonnait depuis un bon moment dans son esprit, et la scène qui s’était joué hier revenait sans cesse dans sa tête. Après avoir jeté un coup d’œil derrière le rideau pour voir qu’il faisait bien nuit, scruter le numéro de téléphone qui lui torturait l’esprit, inspirer un grand coup et expirer grassement, il avait appuyé sur le bouton vert de son portable pour finalement porter son appareil à l’oreille. Le jeune homme avait entendu la tonalité se répéter encore et encore, subissant une pression qu’il n’avait jamais ressentie jusqu’à présent. Son cœur s’était mis à battre frénétiquement, tous ces sens s’étaient éveillés, il avait déglutit avec anxiété et il avait soupiré une bonne dizaine de fois. En fait, Paul avait secrètement espéré que ce numéro ne soit pas un canular et qu’il puisse entendre la voix de la coordinatrice au bout de l’autre ligne. Si cela avait été celle d’un inconnu, il aurait clairement été dégouté. Il fallait dire que la scène avec les photos avait renforcé les sentiments qu’il commençait réellement à éprouver pour Aurore.


Le dresseur re-ouvrit les yeux et observa la chaise négligemment tirée devant le bureau. Après une éternité d’attente, l’appelant avait finalement décroché et sa voix avait retentit dans l’appareil, faisant rater un battement au jeune homme alors que ses paupières s’agrandirent automatiquement. Tous ces doutes s’étaient envolés et quelque chose s’était mis à gonfler doucement dans sa cage thoracique. C’était bien le numéro de la coordinatrice et l’espace d’un instant, il avait remercié Reggie de ne pas être pas le dernier des enfoirés. Aurore avait demandé s’il y avait quelqu’un au bout du fil, mais Paul n’avait pas répondu. Trop abasourdi pour que cela soit vrai. La coordinatrice avait ensuite râlé activement et avait raccroché net. Paul était resté debout, près du bureau, le portable à la main et avait fixé son fond d’écran sans vraiment le voir, encore sous le choc.


« C’est pitoyable…. » Soupira-t-il en roulant sur le dos, les bras étalés de part et d’autre du corps, les yeux rivés sur le plafond


Il avait encore plus changé depuis la dernière fois qu’il s’était fait cette réflexion. Intérieurement, il ne se reconnaissait quasiment plus et cela le rongeait de plus en plus. Comment a-t-il pu se laisser transformer à ce point ? Ce n’était vraiment pas croyable… Paul pensait qu’il avait tellement sombré qu’il était devenu intouchable mais visiblement, ce n’était pas le cas et quelqu’un pouvait tout de même l’atteindre… Il conclut avec agacement qu’il restait encore influençable.


Maintenant qu’il y pensait, Paul n’avait toujours pas regardé la photo que lui avait donnée la coordinatrice. Il l’avait fourré dans son sac une fois arrivé dans sa chambre et n’y avait plus fait attention… Il se redressa donc, non sans soupirer une nouvelle fois, posa les pieds sur le parquet et agrippa son sac pour le coincé contre le bureau. Il ouvrit la pochette avant et en sortit l’enveloppe blanche. Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait que ce qu’elle contenait ne présageait rien de bon. Intuition masculine, certainement...

Le dresseur ferma un instant les yeux, comme pour se donner du courage, et sortit le cliché de sa cachette. Son cœur s’accéléra légèrement tandis que ses yeux scrutaient tous les détails qui se trouvaient sur l’image. S’il avait parié quelque chose, il aurait gagné. Son intuition ne s’était pas trompée et il constata dans une grimace qu’Aurore lui avait donnée la pire des photos qu’il souhaitait avoir. Celle où ils se regardaient et où la coordinatrice lui souriait doucement, les yeux rivés sur lui, presque pétillants. Elle lui avait vraiment comprimé le bras, pire que le mesureur de tension artérielle lorsqu’on se rendait chez le médecin, la garce… Comme pour lui faire comprendre qu’il n’était pas le seul dans ce pétrin et qu’il devait arrêter de se plaindre.


Cependant, il n’avait pu s’empêcher de sentir que ses fins bras, ainsi que son épaule dénudée, dégageaient une certaine chaleur qui avait un effet apaisant sur lui. Il s’était alors rendit compte que sa présence était agréable et que finalement, cette fille n’était pas si insupportable que cela...


« Je sais bien que tu ne nous voit pas comme des amis et encore moins comme un couple, mais pour moi… pour moi, tu es quelqu’un d’important. » Répéta Aurore dans un coin de sa tête


Le jeune homme soupira longuement, se laissa tomber sur la chaise en bois et se courba légèrement en avant, les yeux rivés sur la photo. Lorsqu’elle lui avait dit ça, il était tellement surpris que son cœur s’était arrêter pendant quelques secondes avant de reprendre son rythme normal. Il avait d’ailleurs tiqué lorsqu’Aurore avait corrigé le photographe en lui disant qu’il n’était qu’amis. Il avait bien vu que ces mots étaient faux. Et puis après, Paul s’était mis à regretter amèrement ces propos quand il avait dit ne pas vouloir être en couple avec elle. Il n’avait juste pas envie d’avouer qu’en réalité, cela ne le dérangeait pas d’être en couple avec cette dernière. Aussi et parce que malgré lui, il ressentait quelque chose de fort à son égard et ne voulait pas s’en convaincre. Du moins pas tout de suite. C’était trop tôt. Trop précipité à son goût…

Et puis, il avait beau se creuser la cervelle, aucunes réponses aux questions qu’il se posait ne lui venait à l’esprit. En quoi lui, Paul, garçon froid, distant et sans considération pour son entourage, était-il quelqu’un d’important ? Il n’avait rien d’intéressant, alors pourquoi l’avait-elle qualifié d’un mot aussi fort que celui-là ? C’était ridicule… D’ailleurs, il était sûre que, comme Aurore, il s’était automatiquement posé cette question : Qu’est-ce qu’ils étaient ?
Parce que, c’est vrai qu’ils n’étaient pas des amis et encore moins un couple. A moins que… c’était peut-être sa réponse à elle ? Pour elle, il n’était pas une connaissance, pas un ami, pas un gars qu’elle considérait comme son amoureux, mais il était important. C’était sans doute ce qu’elle voulait dire…

Paul savait que la coordinatrice était sincère dans ses paroles et il ne put s’empêcher de sourire brièvement en se disant qu’hormis son grand frère, il était important pour quelqu’un. Bon d’accord, c’était une fille plutôt chiante, avec une voix stridente, qui se mêlait de la vie de tout le monde, mais c’était mieux que personne. Le jeune homme cligna des yeux et regarda le ciel derrière la fenêtre tandis qu’une question lui trottait doucement dans la tête. Si pour Aurore, il était important, que signifiait-elle, pour lui… ?
Il reporta son attention sur le visage figé de la coordinatrice, n’ayant pour le moment qu’un seul mot qui répondait à la question : Beaucoup. Oui, elle signifiait beaucoup pour lui et il se demandait si cette qualification allait continuer de grimper. Vu comment ses sentiments pour la coordinatrice avaient dérivés, c’était mal barré…

Le dresseur soupira grassement, se redressa pour ranger la photo là où il l’avait prise, parcouru les quelques mètres qui le séparaient de son lit et enfila ses chaussures. Après ça, il jeta son sac à dos sur son épaule et quitta la chambre afin de gagner le hall. Paul récupéra ses Pokémons au comptoir sans se douter que deux orbes s’étaient posés sur son dos. Après avoir rangé ses Pokémons à sa ceinture, il se dirigea vers la sortie, bien décidé à atteindre la ville suivante pour gagner son prochain badge.


« Alors tu t’en va déjà ? »


Il avait le sac sur le dos et s’apprêtait à quitter le centre : N’est-ce pas évident ? La question de la coordinatrice restait en suspens alors qu’il se retournait en réprimant un soupir silencieux, les mains dans les poches. Ses deux orbes sombres rencontrent automatiquement ceux d’Aurore avant qu’il ne les détourne aussitôt, mal à l’aise.

« Mauville a beau être la ville à côté, si je ne pars pas maintenant, je devrais dormir dehors… » Expliqua sobrement Paul
« Tu n’aimes pas dormir à la belle étoile ? » S’étonna Aurore
« Nan. C’est pour ça que je préfère arriver rapidement à la prochaine ville. »
« Je comprends. Je suppose que c’est pour décrocher un autre badge ? »


N’ayant pas envie d’ouvrir la bouche pour parler, il hocha simplement la tête. Et maintenant ? Qu’est-ce qu’il devait faire ? Il n’en savait rien… Il devait peut-être se retourner sans un mot et partir dans un « A plus. » ? Mais là encore, sa conscience n’était pas d’accord puisque ses jambes refusèrent de bouger et le clouait sur place, face à la coordinatrice qui lui souriait légèrement.


« Bonne chance pour ton match, alors ! » Déclara-t-elle


S’il lui répondait qu’il n’avait pas besoin de chance pour gagner son prochain match, elle allait lui reprocher d’être trop orgueilleux, alors il se contenta de baisser la tête, gêné. Elle venait de lui souhaiter bonne chance, ce qui voulait dire qu’il était obligé de la remercier. Il n’était pas toujours pas habitué à faire cela, prenant encore cet acte pour une honte. Surtout devant une fille. C’était encore plus rabaissant, se dit-il en grimaçant intérieurement. Cependant, au point où il en était… Les sourcils froncés, Paul pinça les lèvres et fixa le carrelage, embrassé.


« Merci… » Lâcha-t-il


Le dresseur soupira discrètement et pivota sur lui-même afin de se diriger vers la sortie. Les cris d’Aurore lui parvinrent très vite aux oreilles alors qu’il faisait de son mieux cacher ses joues rosies par la gêne. En plus, il était certain qu’elle faisait de grands gestes, exprès pour que leur entourage les remarque... Franchement… ! Paul ferma un instant ses paupières et les re-ouvrit pour fixer l’horizon, déterminé à remporter son cinquième badge…


OoOoOoOoO


Le désagréable jeune homme cogna rapidement une pierre à l’aide de son pied, tout en marmonnant des injures entre ces dents, visiblement irrité. Cela faisait cinq minutes qu’il marchait dans les rues de Mauville, les mains dans les poches de son jean. Et cette fois, il râlait pour une bonne raison : Il venait de perdre le match d’arène de la ville.

Le champion avait utilisé plusieurs de ses bottes secrètes, repoussant ainsi Paul dans ses retranchements. Il avait alors fait appel à son Type Feu, persuadé de remporter la dernière manche. Mais rien ne se passait comme Paul l’avait prévu. Le hérisson tomba au sol rapidement, signant donc sa cuisante défaite. Le dresseur avait mal évalué les ressources de son adversaire et avait été trop confiant sur les capacités de son Typhlosion. Cependant, il l’avait compris juste après et ne pouvait pas retourner en arrière.

« Merde… ! C’est moi qui aurais dû gagner… ! » Pesta-t-il

Paul réprima un autre râle, mécontent, et bifurqua au détour d’une rue avant de froncer suspicieusement les sourcils. Une foule bruyante envahissait la petite avenue qui s’apprêtait à franchir. Il comprit aussitôt en levant les yeux sur un dôme sans prétention et où des passants se ruèrent, piqués par leurs curiosités. Un concours Pokémon. Et parallèlement, Aurore apparut brièvement dans son esprit. Ah, c’est vrai. Elle lui avait dit qu’elle participait à celui-là…


Un soupir las s’échappa de ses lèvres tandis qu’il se rapprochait de la foule. Il ne savait même pas pourquoi il y allait puisqu’il savait pertinemment qu’Aurore allait perdre, même si son Type Feu avait changé d’apparence.


Paul contourna la masse d’inconnus et s’arrêta lorsqu’il aperçut enfin l’écran géant au-dessus des arcades. Le téléviseur affichait le mot « Winner » au-dessus de la photo de la coordinatrice ainsi que celle de son Typhlosion. Elle avait gagnée. Elle avait gagnée… Cette constatation clignota alors pendant un moment dans son esprit, le temps qu’il assimile ce qu’il venait de voir. Alors que les cris d’exclamation de la foule lui vrillèrent les tympans, un petit sourire se forma au creux de ses lèvres, pensant que finalement, Aurore n’était pas si nulle que cela et qu’elle avait du potentiel. Mais cette satisfaction s’évapora assez vite, puisque le mauvais côté de Paul reprit le dessus, l’obligeant à contracter durement sa mâchoire. Son Pokémon évolué avait remporté la bataille, alors que le sien s’était fait lamentablement écrasé. C’était tout simplement impossible ! Qu’est-ce qui clochait, à la fin ? Le regard débordant de rage, une seule réponse s’imposa alors dans son esprit : Il devait s'entrainer beaucoup plus.


Mais tout d’abord, et même si cela le faisait clairement chier, il devait aller soigner son équipe. Si ses monstres de poche sont affaiblis, ils n’arriveraient pas à progresser… Le jeune homme fit alors demi-tour pour quitter la masse d’inconnus et se dirigea vers le Centre.

Une bonne dizaine de minutes plus tard, il émergea d’une ruelle et s’arrêta instinctivement en voyant la coordinatrice au bonnet blanc sortir des portes automatiques du bâtiment de soin. Aurore emprunta ensuite le trottoir opposé et disparu derrière un immeuble. Paul en conclut donc qu’elle venait de laisser ses Pokémons, que l’attente est assez longue, et qu’elle est partie faire un tour en ville. Fermant les paupières, il traversa la route et pénétra dans le Centre afin de déposer aussi ses compagnons de poche, sans se douter qu’il faisait là une grave erreur...

OoOoOoOoO


Cela faisait deux semaines qu’il avait piteusement perdu contre le champion d’arène de Mauville, et qu’il s’efforçait de relayer pause et entrainement à la ville voisine. Toutes ces attaques et enchainement devaient être parfaits s’il voulait prendre sa revanche et le battre à plat de couture.
Il était posté sur un des airs d’entrainement disposés un peu partout dans la petite ville depuis une heure et s’acharnait contre son Typhlosion qui affrontait l’oiseau sombre. Le Type Feu venait de se faire repousser par le puissant coup de bec de son adversaire.


« Ce n’est pas parce que tu as gagné en largeur, que tu peux te permettre de foncer sur tes ennemis n’importe comment ! » Gronda Paul, les sourcils froncés


Le Pokémon se redressa et fit exploser ses flammes au niveau de son cou, montrant ainsi sa détermination à poursuivre le combat et à obéir à son dresseur. Ce dernier lui ordonna de cracher un torrent de feu, ce à quoi le hérisson s’empressa d’agir. Mais l’oiseau fut plus rapide et pris de la hauteur pour éviter l’attaque avant de plonger dangereusement vers le terrain. Le Type Feu pris appui sur ses pattes, les yeux rivés sur ceux, perçants, du volatile.


« Attends encore un peu. » Recommanda Paul


Le corbeau se rapprochait de plus en plus de lui et il attendait l’ordre de son dresseur, prêt à exécuter le moindre de ses ordres. Un « Maintenant ! Roule sur le côté et utilise Météores un fois qu’il sera derrière toi ! » Le fit tiquer tandis qu’il obtempéra rapidement. Les étoiles touchèrent l’oiseau de plein fouet tandis qu’il piquait en direction du sol, une légère fumée s’échappant de son dos.

« Achève-le : Roue de feu ! »


Le Pokémon s’élança alors vers le corbeau, tandis que Paul tiqua en voyant que les mouvements de ce denier ralentissaient. Le Type Feu n’avait pas fait sa roue tout de suite, attendant visiblement d’être proche de son adversaire pour effectuer son attaque. Quelque chose clochait mais Paul n’en tenu pas vraiment compte et regarda avec satisfaction la roue enflammé percuter le buste du volatile. L’oiseau s’étala piteusement au sol, alors que le hérisson atterrit lentement à quelques mètres de lui. En silence, les paupières closes, Paul rappela le corbeau dans sa Pokéball.

« C’est bien. » Félicita-t-il en jetant une œillade à son Typhlosion


Le dresseur l’informa qu’ils allaient faire une pause et quitta l’air d’entrainement pour se poser à plusieurs mètres de là, sur un coin de verdure. Il libéra ses autres compagnons de poche et leur donna de la nourriture Pokémon avant de s’assoir contre un arbre. Il sortit à son tour un sandwich de son sac et soupira brièvement pour finalement mordre dedans. Paul observa paresseusement ses Pokémons et constata qu’ils avaient tous la tête dans leurs gamelles, ne se préoccupant pas de leur entourage.

Ses yeux se plissèrent en voyant que l’écuelle du Type Feu était presque vide, alors que celles des autres avaient baissés seulement d’un tiers. Peut-être qu’elle considérait cela comme une récompense et s’était jeté dessus comme une cannibale… Ou alors, elle avait tout simplement faim et avait hâte de terminer l’entrainement pour pouvoir satisfaire son appétit… Oui, c’était sans doute cela, conclut-il en mordant une nouvelle fois dans son casse-croûte.


Pour une fois, Paul prit son temps pour manger, décrétant que la suite de l’entrainement attendrait et qu’il comptait bien se reposer un instant. Il n’était pas une machine, non plus… Cependant, il sentait que les exercices allaient porter leurs fruits et qu’il ferait mordre la poussière au champion qui l’avait humilié. Oui, sa revanche serait terrible…


OoOoOoOoO


« C’était quoi cette offensive minable ? Recommence ! » Gronda sévèrement Paul


A quelques mètres de là, un furet à collerette rouge rencontra les orbes sombres de son dresseur avant de baisser honteusement les yeux. L’animal reporta son attention sur le hérisson en face de lui et fronça les sourcils, prêt à effectuer une nouvelle fois son attaque. Il fit briller ses griffes acérées et se jeta sur le Type Feu, qu’il toucha par une deuxième et rapide tentative. Paul nota que Typhlosion avait eu du mal à se déplacer malgré le bond qu’elle avait fait. Ils s’entrainaient depuis une bonne demi-heure, et elle montrait déjà des signes de fatigues. Le jeune homme serra la mâchoire, mécontent, et ordonna au Type Feu d’être plus rapide ou, s’il n’esquivait pas, d’être plus résistant.


« Dimoret, utilise Blizzard ! Typhlosion, contre avec Lance-Flamme ! »


Le furet, comme le hérisson, gonflèrent leurs joues et déversèrent le flot de puissance afin de les confronter dans une légère brume. Paul surveilla le Type Glace, voyant qu’il maintenait, malgré sa faiblesse naturelle, le bras de fer entre lui et son adversaire. Il tourna ensuite la tête pour voir que le visage de son autre Pokémon était légèrement crispé, signe qu’il était en difficulté. Le Type Feu ferma définitivement les yeux et cessa le torrent de flammes qu’il crachait avant de se plaquer contre le sol. Il reçut alors de plein fouet les énormes boules de neiges ainsi que le vent glacial qui l’accompagnait, provoquant un épais brouillard autour de lui.


« Ça suffit, Dimoret. »


L’animal stoppa son attaque et traina les pattes jusqu’à la silhouette du Type Fu qui se découvrait petit à petit dans la brume. Il remarqua alors que son dresseur faisait de même, le visage fermé, signifiant que les réprimandes n’allaient pas être bonnes. Et cela ne se fit pas attendre : Une fois la brume dissipé, découvrant le corps du hérisson saupoudré de neige, la voix de Paul s’éleva dans l’air tandis qu’il toisait l’animal mal en point.


« Relève-toi, ce n’est pas encore terminé. » Ordonna-t-il sur un ton sec


Paul avait remarqué que son Pokémon s’épuisait rapidement et de plus en plus. Elle n’était peut-être pas encore habituée à sa physionomie, devinant qu’il fallait certainement du temps pour s’adapter, ou encore, aux entrainements qui devenait de plus en plus intensif, reflétant la soif de victoire du jeune homme. Un bref et faible sourire passa sur son visage, se disant que si Aurore serait là, elle l’aurait déjà blâmé pour son comportement cruel. Il pensa ensuite que la coordinatrice le forcerait à être plus gentil avec ses Pokémons, rabâchant que ses monstres de poches n’étaient pas de vulgaires outils. Et elle aurait eu raison. L’espace d’un instant, il prit le Type Feu qui gisait à ses pieds en pitié, et soupira lentement.


« On a presque fini l’entrainement. Fais encore un petit effort... »


L’animal transpirait légèrement et ouvrait difficilement les yeux pour les lever vers les deux orbes de son dresseur. Elle était vraiment mal en point, et Paul se demanda si elle n’était pas malade. Si cela se trouvait, elle couvrait un virus… Mais cela n’avait pas de sens, puisqu’elle avait repris des forces et semblait en pleine de forme juste avant l’entrainement. C’était peut-être les deux gamelles de nourriture qu’elle avait ingurgité qui la mettait dans cet état. Maintenant qu’il y pensait, elle n’arrêtait pas de manger plus que la normale, trouvant cela étrangement suspect. Ouais, c’était peut-être cela, finalement : Overdose de nourriture Pokémon… Et puis c’était la seule explication rationnelle qu’il avait.


Bon, il n’avait pas le choix. Une mesure s’imposait : Réduire les portions de nourriture. Elle irait certainement mieux après quelques jours de rééquilibration nutritionnelle. Un autre soupire passa ses lèvres, tandis qu’il posait un genou à terre, les yeux rivés sur son monstre de poche.


« Évite de trop manger, à l’avenir… » Recommanda-t-il


Paul ferma les yeux en réprimant un soupir, décrétant mentalement qu’ils devaient cesser l’entrainement pour aujourd’hui, et jeta une œillade au furet qui était à côté de lui.


« Même si je le voulais, je ne pourrais pas la forcer à continuer l’entrainement. On le reprendra plus tard. » Déclara-t-il avant de se redresser


Le jeune homme soupira et rappela son Type Feu avant de faire de même avec le furet. Il rangea ensuite ses Pokéballs à sa ceinture, ramassa son sac qui trainait au sol et quitta l’air d’entrainement. Il irait soigner ses compagnons, prendrait tout de même une nuit de sommeil dans la ville, achèterait des potions pour ses Pokémons, s’entrainerait encore quelques jours, et retournerait ensuite à Mauville. Ouais c’était le programme parfait pour prendre sa revanche et pour enfin décrocher son cinquième badge…


OoOoOoOoO


Le sourire aux lèvres, Paul contemplait une énième fois sa récompense de Mauville. Ses trois semaines d’entrainement n’auront pas servis à rien, et il sentait même que le prochain badge serait facile à remporter. Ouais, il se sentait invincible, pensa-t-il en souriant méchamment. Il venait tout juste de quitter l’arène, son Typhlosion à ses côtés, et, après avoir levé une œillade vers le ciel orangé, emprunta une rue menant à la sortie de la ville.


Prochaine destination : Écorcia. Le champion de la prochaine arène n’a qu’à bien se tenir, pensa-t-il, les yeux rivés sur le bitume. Il arrivait à un carrefour et bloqua involontairement la route à une personne qui sursauta instinctivement dans une brève exclamation. Il s’arrêta net, porta son attention à droite et écarquilla les yeux en reconnaissant la silhouette frêle qui le dévisageait interrogativement, le cœur battant frénétiquement.


« Paul ? »


Le concerné la détailla rapidement et nota qu’un petit pingouin logeait aux creux de ses bras, le fixant également de ses énormes yeux. Il fallait vraiment qu’il tombe sur elle à chaque fois ? C’était carrément devenu une habitude ! A croire qu’on lui avait jeté un sort ! La voix de la coordinatrice atteignit une nouvelle fois ses oreilles tandis qu’il reprit contenance pour ne pas montrer son trouble.


« Qu’est-ce que tu fais là ? Tu promènes ton Pokémon ? » Questionna-t-elle en baissant les yeux sur le hérisson
« Je pourrais te retourner la question. » Rétorqua-t-il calmement


Il la vit soupirer lentement, signe qu’elle était déjà exaspérée par ses répliques, avant de remarquer qu’elle baissait une nouvelle fois les yeux sur la récompense qu’il tenait toujours en main.

« C’est le badge de l’arène ? »


Aussitôt la question posée, Paul referma mécaniquement sa main et enfonça son poing dans sa poche, les yeux fermés, tout en réprimant un soupir qui signifiait clairement qu’elle venait d’avoir sa réponse. Il n’était pas embarrassé comme un enfant qui venait d’être prit sur le fait, non, mais il n’aimait pas trop que l’on découvre tout ce qu’il arrivait à entreprendre.

« C’est génial ! Félicitations ! » S’exclama Aurore, visiblement contente


Le jeune homme ré-ouvrit les yeux et les posa sur la coordinatrice pour voir qu’elle souriait joyeusement, les yeux pétillants de fierté rivés sur ses deux orbes sombres. Il détourna discrètement le regard, gêné par ces compliments qu’il jugeait immédiatement de ridicules. Il n’était jamais vraiment habitués à des louanges, même lorsqu’ils venaient de son frère. En fait, il avait appris à ne jamais attendre quoi que ce soit de la part des autres, décrétant qu’il pouvait très bien s’en sortir sans les compliments de son entourage. Paul jeta une œillade à la jeune fille pour voir qu’elle demandait l’avis de son petit Pokémon sur ce qu’il avait accompli avant de relever la tête.


« C’est super que tu aies gagné ce match ! Félicitations à toi aussi, Typhlosion ! » S’enthousiasma-t-elle en faisant un pas vers le Type Feu et en lui caressant affectueusement la tête


Le rose aux joues, il tenta de refreiner la jalousie qu’il commençait à l’envahir dans un froncement de sourcils. Non pas qu’il avait envie d’être à sa place, mais que quelque chose manquait aux compliments qu’elle lui avait fait à lui. Enfin, il ne pouvait pas se plaindre de ne pas avoir eu de geste affectif puisqu’il avait reçu un énorme sourire de sa part. Et puis, c’était mieux que rien… Il remarqua ensuite que la coordinatrice venait de s’arrêter et qu’elle détaillait rapidement le hérisson.


« Tiens, on ne dirait pas qu’elle a grossit ? Son visage semble pâle, tu ne trouves pas ? Si tu veux mon avis, tu devrais mieux prendre soin d’elle. Ou allez voir un médecin. » Conseilla Aurore en se tournant vers le dresseur


Paul vu rouge en entendant les recommandations de cette dernière. Ce n’était pas parce qu’elle avait remporté son concours du premier coup qu’elle devait se permette ce genre de remarques ! Et puis pourquoi elle devait toujours se mêler de ce qui ne la regardait pas ? Il fronça les sourcils, bien décidé à lui faire savoir son point de vue.

« Je ne fais que ça depuis un moment ! La preuve ; J’ai même pris des potions exprès pour elle ! C’est de sa faute si elle mange beaucoup et que maintenant, elle a un poids plus élevé que la dernière fois ! » Rétorqua-t-il en croisant les bras avant de continuer, « J’ai bien essayé de réduire les portions, mais cela n’a pas fonctionné : Elle continue encore de grossir… »
« J’y crois pas, même sur la nourriture t’es un vrai radin ! »


Paul tiqua immédiatement à la réplique d’Aurore. Qu’est-ce que ça pouvait bien faire ? Il n’était pas riche comme crésus, non plus ! Il fallait bien qu’il en garde pour lui, aussi ! Si tout son argent passait dans la nourriture Pokémon, et surtout pour un seul de ses monstres de poche, il pouvait clairement compter son espérance de vie sur les doigts de ses mains. Les sourcils froncés, il n’allait pas laisser passer ce qualificatif et comptait bien le lui faire savoir.

« Et alors ? Je ne suis pas pourri gâtée, moi ! »
« Attends, qu’est-ce que tu viens de dire, là ? Qu’est-ce que t’en sais, d’abord ? Moi non plus je ne roule pas sur l’or, alors ta remarque débile, tu peux te la garder, ok !? »
« Remarque débile ? » S’étonna Paul en lâchant un bref rire, « C’est toi qui as commencé à me faire la leçon sur l’argent que je dépense ! »
« Évidemment ! Tu préfères garder tes sous plutôt que de nourrir tes Pokémons ! Tu penses que c’est normal ? »
« Parce qu’il n’y a qu’eux qui doivent se nourrir, peut-être ? » Rétorqua-t-il, outré
« Je n’ai jamais dit ça ! Mais si tu l’alimentes moins, son état pourrait se dégrader encore plus ! »


Et encore des conseils ! Il savait encore ce qui était bon pour ses Pokémons ! Ce n’était pas à elle de lui dire ce qu’il devait faire, quand même ! Franchement, quel culot ! Son cœur commençait à s’accélérer, au même rythme que la tension augmentait, tandis que son esprit le forçait à poursuivre à la dispute. Il n’avait pas envie d’accepter les recommandations de la coordinatrice, sachant parfaitement que, si son Pokémon allait mieux après, elle dirait « Tu vois, je te l’avais dit ! » et cela l’énerverait encore plus. La seule solution qui s’allumait dans sa tête était de couper court à la conversation. Ouais, c’était ce qu’il allait faire. Parce qu’il en avait clairement marre, et si cela continuait, il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il pourrait faire sous le coup de l’impulsion. Les sourcils froncés, la voix de Paul résonna gravement entre eux.


« Mais arrête de toujours me contredire ! Tu te crois vraiment supérieure à moi, juste parce que tu as gagné ton fichu concours, hein ? Hé bah tu n’as vraiment pas changée : Toujours aussi pitoyable ! »
« Je ne me suis jamais sentie supérieur à toi, arrête ta parano, Paul ! Tu ne vois pas qu’au contraire, j’essaie de te rattraper ? »
« Me rattraper ? » Répéta le jeune homme dans un rire moqueur, « Tu es encore loin devant moi, si tu veux mon avis ! »
« Tu vois ? Même quand je me rabaisse par rapport à toi, il faut toujours que tu m’enfonces en te moquant de moi ! »
« Tu n’as qu’à pas me donner de telles occasions ! De toute façon, tu n’es qu’une petite-… »


Il se tut immédiatement, stoppant à temps l’insulte qu’il allait lâcher. Heureusement qu’il s’était arrêter, sinon il allait partir trop loin et il aurait facilement deviné les conséquences qui en découlerait. Il remarqua alors que les traits de la coordinatrice se tirèrent et que ses sourcils se plissèrent rageusement.


« Une petite quoi ? Vas-y, dit : Je n’ai pas entendue ! Bah alors, tu as perdu ta langue ? »
« Ecoute, je… » Commençait Paul en se pinçant l’arrêt de nez, les paupières closes
« Non ! Tu veux que je te dise ? Tu n’es qu’un égocentriste, un asocial, un pauvre type, un emmerdeur, bref ; Tu es détestable à souhait ! »
« Ouais, ouais, vas-y, j’veux plus te voir : J’me casse ! Viens, Typhlosion. »


Paul se retourna et quitta la coordinatrice d’un pas pressé, le hérisson sur les talons, avant d’entendre un « Ouais, c’est ça, dégage ! » qui lui fit serrer durement la mâchoire, clairement blessé.


Ils s’étaient déjà disputés pour des sujets plus sérieux que celui-là, mais là, cela frôlait le comble… Pour un détail sur l’argent, quoi ! Il n’y avait qu’avec Aurore qu’il se disputait pour des brouilles… C’était vraiment pitoyable, constata-t-il en baissant légèrement la tête. Ce qui faisait le plus mal ce n’était pas de s’en aller fâcher, cela, il s’en fichait royalement. Mais c’était le fait qu’elle appui sur son désir de le voir partir. C’est comme si elle le rejetait. Oui, c’était cela qui faisait le plus mal.
Et le pire, c’est qu’il ne pensait même pas tout ce qu’il venait de lui dire. Il n’aimait pas la sensation de se faire passer de la pommade en sachant qu’il allait se faire taper dessus juste après. Mais c’était clairement de sa faute à lui... S’il n’avait pas continué ses provocations, Aurore n’y aurait pas répondue, et le lien qu’il avait entretenu et tissé avec elle ne se serait pas lamentablement cassé.

Oui, il avait honte et priait mentalement de ne pas devoir la recroiser, sachant pertinemment que les retrouvailles ne seront plus pareilles. Déjà qu’elles n’étaient pas très joyeux, alors là, il n’osait même pas imaginer ce qu’elles seraient. Ouais, Paul avait vraiment touché le fond… Un soupir gras le fit relever la tête tandis qu’il enfonçait ses poings dans les poches de sa veste. Sous son regard inquiet, le jeune homme remarqua que la démarche anormale du Type Feu s’accentuait encore.


OoOoOoOoO


Cela faisait un mois maintenant qu’elle s’était disputée avec Paul et qu’ils ne s’étaient pas revus depuis. Une dispute ridicule, d’ailleurs. Et bien qu’elle fût blessée par les propos du jeune homme lorsqu’il a déclaré ne plus vouloir la voir, son instinct défensif avait pris le dessus et résultat, elle lui avait crié des choses qu’elle ne pensait même pas. Parce que même s’ils ne cessaient de se disputer ou n’échangeaient pas beaucoup de mots, elle appréciait sincèrement Paul et voulait plus que tout renouer le contact avec lui.


Cependant, Aurore ne voulait pas donner raison au jeune homme, sachant parfaitement qu’il était en tort. C’est vrai, quoi ; L’état de son Pokémon se détériorerait s’il réduisait ses portions. Bon, elle admettait que Paul ne devait pas se priver de nourriture pour autant, mais cela ne servait à rien de la priver de repas. Et puis à part la nourriture et les objets de soin, qu’est-ce que Paul pouvait bien acheter pour vouloir garder son argent ? Plus elle y réfléchissait, et plus elle n’arrivait pas à trouver de réponse…

Sortant un appareil de son sac à dos, elle consulta l’écran qui venait de s’allumer en constatant qu’il était proche de vingt-deux heures, avant d’être brusquement interrompu dans sa marche.


« Rah, merde… ! » Grogna Aurore en sentant le pingouin sur sa tête bouger maladroitement dans un petit cri


Cela faisait la troisième fois qu’elle trébuchait sur une racine et elle en avait déjà marre. Il faisait nuit, elle avait faim, elle n’avait pas envie de dormir à la belle étoile, et c’était pour cette raison qu’elle s’efforçait d’atteindre la prochaine ville, quitte à marcher à l’aveuglette jusqu’au petit matin. Une branche décida de la ralentir en attrapant quelques mèches de cheveux à la coordinatrice, qui se stoppa immédiatement en se sentant bloquer. Dans un râle d’énervement, elle ôta ses cheveux de l’emprise du végétal et poursuivit sa route. Même si elle avait une tente, là, elle avait envie d’un bon lit chaud et douillet. Et puis, son Pokémon fétiche soupirait d’épuisement, lui aussi.


« Nous sommes bientôt arrivé, Tiplouf. » Rassura-t-elle en faisant craquer une branche sous son pied


Enfin, elle l’espérait… Qu’est-ce qui lui avait pris de partir en fin d’après-midi en assurant qu’elle arriverait pour le diner à Ecorcia ? En plus, cette forêt était immense et elle avait l’impression de tourner en rond depuis plusieurs minutes. Elle accéléra le pas et contourna un buisson pour se retrouver sur un terrain vague. La coordinatrice se demanda qu’est-ce que Paul pouvait bien faire ? Elle avait pris l’habitude de le croiser de temps de temps mais là, c’était silence radio depuis 3 semaines… Elle n’avait même pas de quoi le joindre pour prendre de ses nouvelles… Elle était quasiment certaine qu’il était en train de s’entrainer pour son prochain badge, ou bien de se détendre auprès d’un verre de jus d’orange. Ouai, c’était sans doute cela… Aurore slaloma ensuite entre les arbres alors que sa botte accrocha un rondin de bois, la faisant tomber au sol. Les genoux à terre, elle lâcha un râle exaspéré tandis que son Type Eau restait à ses côtés.


Aurore se releva difficilement, continua son chemin sur quelques mètres, et sauta d’un petit talus. Elle atterrit sur un sentier parsemé de branches sèches, de graviers et d’herbes, concluant qu’elle avait regagné le bon chemin. Elle sursauta dans un léger spasme, imité par son pingouin bleu, en entendant une sonnerie stridente résonner aux alentours : Son téléphone portable. Qui pouvait bien l’appeler à une heure pareille ? se demanda-t-elle en décrochant à l’inconnu qui l’appellerait. Elle s’arrêta net en reconnaissant la voix de son interlocuteur qui grognait son prénom.


« Paul ? Mais… ! Comment tu as eu mon numéro ? » S’étonna la coordinatrice
« On s’en fout de savoir comment je l’ai eu ! J’ai un gros problème, là ! »
« Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? Je croyais que tu ne voulais plus me voir ! » Répliqua Aurore, les sourcils froncés


Elle l’entendit vaguement soupirer, s’imaginant très bien le jeune homme s’essuyer le visage avec sa main, signe qu’il en avait déjà marre. Et si c’était vraiment le cas, il n’avait qu’à pas appeler s’il ne supportait pas sa voix ! La coordinatrice reprit sa marche alors que son Pokémon fétiche l’observait tout en la suivant, essayant visiblement de suivre la conversation que sa dresseur entretenait.

« Ce n’est pas à propos de toi ! Mais de mon Typhlosion… ! » Déclara Paul en tentant de se calmer à l’autre bout du fil
« Tu vois, qu’est-ce que je t’avais dit ? Elle irait encore plus mal si tu la sous-alimentais ! Ça ne m’étonne vraiment pas, tiens ! » Rétorqua-t-elle dans un sourire fier


Elle sentait clairement que le désagréable jeune homme se retenait de ne pas lui crier dessus et qu’il réprimait un bref soupir.


« Ce n’est pas ça… En fait je crois que…je crois qu’elle est enceinte… »
« Enceinte ? » Répéta Aurore en s’arrêtant pour la deuxième fois, « Tu veux dire qu’elle attend un bébé ? »
« Mais oui ! Tu ne sais pas ce que ça veut dire, ou quoi ?! » Rétorqua son interlocuteur
« Si, bien sûr que si ! J’étais juste surprise ! Tu m’annonce ça comme ça, aussi… ! »
« Bref. Et bien évidemment tu devines qui est le père, n’est-ce pas ? »


Le père… C’est vrai que son Typhlosion n’avait pas fait un bébé toute seule, il fallait bien un mâle pour le concevoir. Aurore savait parfaitement que Paul n’aurait pas laissé approcher des monstres de poche inconnus auprès de sa femelle. Le seul mâle qui s’était un peu trop approché d’elle était… Elle tiqua immédiatement à cette réponse.


« Attend ne me dit pas que-… ! »
« Bravo pour ta perspicacité ! » Railla son interlocuteur
« Mais quand ont-ils… ? »
« Qu’est-ce que j’en sais, moi ! » Trancha Paul


La coordinatrice se remit à avancer sur le sentier alors que son cerveau bouillonnait de plus en plus. C’était impossible. Elle avait beau ressasser toutes les scènes que son Pokémon et celui de Paul avaient partagés, elle n’arrivait pas à trouver de réponse logique. Les deux hérissons n’auraient pas pu le concevoir lorsqu’ils n’étaient que des Feurissons ; Cela se serait vu bien avant qu’ils évoluent. Donc, le seul indice était qu’ils ont fait le bébé quand ils s’étaient transformés. Et les seuls moments où Paul et elle s’était retrouvés avec les deux Pokémons, après que ces derniers aient évolués se comptait sur les doigts de la main. Même pas…

« A la séance photo ? » Proposa Aurore
« Comment auraient-ils pu s’éclipser puisque j’ai rappelé mon Pokémon directement après la requête du photographe… »
« Tu as raison… » Avoua-t-elle


Le silence tomba brutalement sur les épaules de la coordinatrice, tandis que la voix de Paul ne résonna plus à l’autre bout du fil. Il était certainement en train de monopoliser tous ses neurones pour trouver une explication rationnelle à ce problème. Au bout d’une longue minute où Aurore avait contourné deux buissons et écrasé quelques bout de bois, la voix grave de Paul refit surface.

« Je viens de penser à un truc…Quand on était à Mauville, tu as déposé tes Pokémons au centre, et peu de temps après, j’ai déposé les miens… »
« Attends, tu étais à Mauville, toi aussi ? Tu aurais pu me le dire plus tôt, on se serait retrouver ! » Lâcha-t-elle, légèrement déçue
« Quoi qu’il en soit, je ne te fais pas un dessin sur ce qu’ils ont fait ensuite… » Continua Paul après avoir soupiré d’exaspération


Effectivement il n’avait pas à lui faire de dessin. Elle s’imaginait très bien les deux Pokémons l’un sur l’autre, en train de faire leur petite affaire… Elle comprenait maintenant les dires de Paul sur le fait que son Type Feu mangeait beaucoup, qu’elle avait un teint pâle, et qu’elle avait légèrement grossit… La coordinatrice coupa le sentier en montant sur la colline à sa droite, grimaçant au passage en voyant que la bute de terre était penché à vingt degrés et qu’il fallait qu’elle redouble d’efforts pour arriver au sommet.


« … Bon sang, qu’est-ce que je vais en faire… ? » Râla le jeune homme, « Je ne veux pas me retrouver avec un bébé Pokémon sur les bras, moi ! »
« On parlera de ça plus tard. Comment va-t-elle ? »
« Elle n’arrête pas de grimacer de douleur et elle se contorsionne dans tous les sens… »


Si elle comptait bien, cela faisait plus d’un mois et demi que les Types Feu avaient conçues le bébé. Autrement dit, elle devrait accoucher très bientôt. Et vu la situation que Paul décrivait, le processus venait d’être lancé… Aurore se rattrapa de justesse à une racine et resserra automatique sa prise sur son appareil lorsqu’elle glissa sur une pierre moussante. Elle faisait du mieux qu’elle pouvait pour atteindre le sommet, lançant au passage une œillade sur son pingouin bleu qui grimpait légèrement plus vite qu’elle...


« Emmène-là au centre Pokémon : L’infirmière Joëlle devrait pouvoir s’en occuper. » Conseilla la coordinatrice en faisant quelques pas de plus vers le haut de la colline
« Je sais ce qu’il faut que je fasse, pas besoin de me donner des ordres ! » Rétorqua-t-il
« Tu es dans quelle ville, actuellement ? »
« Ecorcia, pourquoi ? »
« Ah, génial ! Parce que je vais justement arriver en ville. Je te rejoins au centre dès que je suis là. »


La coordinatrice entendit un bref « Ok. » et raccrocha dans un petit sourire. Elle se cala contre un arbre et rangea son portable à l’intérieur de son sac à dos, laissant un long soupir s’échapper de ses lèvres. Elle prit appui sur l’écorce du végétal et parcouru encore quelques mètres en râlant ouvertement contre la fichue hauteur de la butte de terre.


C’était peut-être par conversation téléphonique mais elle sentait que le lien qu’ils avaient bêtement détruit venait de se renouer un petit peu. D’autant plus que maintenant ils s’étaient reparlés et allaient se voir d’ici peu. Mais étant donné que le sujet qui avait obligé Paul à l’appeler n’était pas très rassurant, les retrouvailles n’allaient pas être rassurantes non plus. Ouais, cela se passerait comme cela à coup sûr…

Tout ce qu’elle espérait, c’était que l’état du Pokémon de Paul ne se dégrade pas. Aurore hâta le pas à cette pensée, arrivant finalement en haut de la colline dans un soupir de contentement. Le visage illuminé par les lumières de la ville en contrebas la fit sourire alors qu’elle baissa les yeux sur son Pokémon chétif. Elle l’encouragea en dressant le poing dans un « Allons-y, Tiplouf ! » et dévala prudemment la colline suite à l’approbation du Type Eau.
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natsu dragneel

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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux - Page 2 Icon_minitimeMar 25 Mar 2014, 01:38

Super tes chapitres  Very Happy 
Paul qui râle sans arrêt pour un rien, ça change pas de d'habitude heureusement qu'aurore est patiente
La façon dont tu présentes les autres personnages est intéressant (barry, zoé,reggie), voir reggie essayer de convaincre son frère qu'il est amoureux d'aurore est juste émouvant et drôle à la fois
La scène de la photographie est magnifique, tout comme la scène du combat
La fin de ton dernier chapitre m'a agréablement surpris et je me demande ce que va faire paul maintenant. Vivement la suite  Very Happy 
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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux - Page 2 Icon_minitimeVen 04 Avr 2014, 22:32

Merci pour ton commentaire, Natsu ! Very Happy
Je sais, j'ai une semaine de retard et je n'ai même pas d'explication valable à fournir, je suis désolé... XD
Mais voici enfin la suite, avec un chapitre encore long ! (Dixième chapitre, déjà? Surprised)^^'

Chapitre 10 : «  J’avais promis de ne m’inquiéter que pour moi. Je me l’étais promis, et voilà que je la brise tout doucement… » Lolo57 et Oohfemmeluxieuse

Un grognement franchit une seconde fois la gorge du jeune homme qui était assis sur une banquette placé contre le mur d’un couloir, son sac reposant à côté de lui. Il tourna la tête vers la porte surmonté d’un panneau allumé d’une seringue rouge, signifiant qu’un patient était en salle de soin. Cela faisait dix minutes que l’infirmière avait pris en charge son Pokémon Feu, et dix minutes qu’ils étaient enfermés là-dedans. Paul reporta ensuite son attention sur son téléphone portable qui logeait entre ses mains, ses poignets reposant sur ses cuisses. Il jeta discrètement d’un coup d’œil à l’heure en appuyant sur un bouton de l’appareil électronique, et constata que cela faisait cinq minutes qu’il venait d’avoir raccroché avec la coordinatrice de Bonaugure.

Au début, Paul ne voulait clairement pas l’appeler, encore trop fier de s’abaisser à demander de l’aide à cette dernière. Il avait essayé d’appeler Reggie, mais ce dernier n’avait pas répondu. Alors il avait lâché l’affaire. Et puis cela l’arrangeait : Paul était sûr et certain que son grand frère allait remettre le sujet « Aurore » sur le tapis, s’il lui parlerait de son Pokémon enceinte…

Ensuite, bien qu’hésitant, son choix s’était finalement porter sur la coordinatrice. Mais après tout, il s’était mis en tête que c’était aussi de sa faute à elle. Son Pokémon ne pouvait pas devenir enceinte toute seule et l’unique coupable se trouvait dans l’équipe de cette idiote. Alors le jeune homme l’avait finalement appelé, le cœur battant. Bon, il fallait quand même noter que Paul avait failli raccrocher plus d’une fois, profondément irrité par les commentaires d’Aurore mais c’était ressaisit en se répétant sans cesse que tout ce qui lui arrivait était bien de la faute de cette cruche, et que s’il mettait fin à la conversation, il ne serait pas plus avancé qu’avant.

Des pas de courses se firent entendre, sortant au passage le dresseur de ses pensées. Les semelles qui tapaient contre le carrelage semblaient se rapprocher de plus en plus. Il rangea alors son téléphone portable dans la poche de sa veste, croisa les bras et tourna ensuite la tête vers l’angle du mur, attentif au son qui s’en dégageait. Quelques secondes plus tard, la silhouette de la coordinatrice arriva en trombe dans le couloir avant de s’arrêter net. Le jeune homme la détailla lentement, voyant que ses cheveux étaient légèrement en bataille d’où sortait une branche qui s’était logeait dedans, plusieurs égratignures maquillaient ses jambes, ses mains étaient pleines de terres et son souffle était erratique. Un court soupir franchit ses lèvres tandis qu’elle se courba en avant, les mains sur les genoux, reprenant visiblement sa respiration.

Paul conclut qu’Aurore était passée par la forêt et comprenait pourquoi il entendait des craquements de branches ainsi que le bruissement des plantes lorsqu’il était au téléphone avec elle. Son regard tomba sur un petit pingouin bleu qui arrivait à ses côtés et reprenait lui aussi son souffle. La coordinatrice remercia son Type Eau et le rappela à l’intérieur de sa Pokéball. Le jeune homme vit ensuite qu’elle relevait la tête vers lui. Leurs regards se croisèrent l’espace d’un instant et, gênés, ils détournèrent leurs attentions sur autre chose tandis qu’elle s’approchait de lui.

«  Salut… » Lâcha Aurore

Paul se rendit alors compte qu’une conversation à distance et qu’une conversation immédiate était clairement différente. Avoir la personne au téléphone et l’avoir physique à côté de soi était d’un tout autre niveau. A cet instant, le dresseur n’avait réussi qu’à sortir un vague « Salut » et encore, il n’avait pas réussi à la regarder dans les yeux. Du coin de l’œil, il voyait que la coordinatrice s’ébouriffait les cheveux afin de les remettre plus ou moins bien avant de voir qu’elle portait son attention sur la porte de la salle de soin. Sentant qu’elle allait poser une question, il ferma les yeux.

«  Comment va-t-elle ? »
«  L’infirmière m’a assuré qu’elle ferait tout son possible pour que mon Pokémon aille mieux. »
«  J’espère que tout se passera bien… » Répondit Aurore, le poing sur le cœur, avant de se poster contre le mur derrière elle

Paul fronça les sourcils, ne comprenant pas le comportement qu’elle avait. Ce n’était pas son Pokémon mais elle s’inquiétait quand même ? Il aurait beau faire tous les efforts du monde, jamais il ne comprendrait cette fille…, soupira-t-il intérieurement.  Le jeune homme sentait parfaitement le regard de la coordinatrice sur lui, et tentait du mieux qu’il pouvait de ne pas y prêter attention. Cependant, il voyait très bien que la coordinatrice était fatiguée mais qu’elle ne se posait pas sur la banquette mise à disposition pour autant. Il tiqua intérieurement et baissa la tête, les yeux rivés sur ses baskets. Elle n’osait pas se mettre assise à côté de lui certainement parce qu’elle avait encore en tête la dispute qu’ils avaient eu…

La seule option que Paul avait pour qu’elle se mette assise, c’était de s’excuser. Pas qu’il avait envie de la sentir à côté de lui, mais qu’en quelque sorte, il l’a prenait en pitié. S’il était à sa place, quitte à blesser sa fierté, il se serait quand même posé sur la banquette. Mais elle aussi, avait sa fierté. Le dos courbé, Paul décida de mettre une énième fois son orgueil de côté pour Aurore, et soupira ouvertement en joignant ses mains, les bras reposant sur ses cuisses, attirant ainsi son attention.

«  Je suis désolé pour la dispute qu’on a eu à Mauville… Je… J’ai agi comme un gamin… »
«  Il faut croire que j’ai aussi agi comme une gamine, alors… » Déclara-t-elle en souriant légèrement, la tête basse, les paupières clos

Le jeune homme la regarda rouvrir les yeux tandis qu’elle ôtait ses bras de derrière son dos pour les croiser sur sa poitrine. Il croisa ses deux orbes bleus tandis qu’elle se raclait la gorge d’un air embarrassé, comme pour faire disparaitre le silence qui venait de s’installer.

«  Et sinon, qu’est-ce que tu as fait, pendant un mois… ? »
«  Entrainement. » Répondit-il immédiatement

Elle le regarda d’un air qui voulait dire « Le contraire m’aurait étonnée… ! » avant de soupirer, visiblement exaspérer et concentra son attention sur ses bottes roses. Et voilà, le silence venait de resurgir dans le couloir, plongeant les deux jeunes dans un début de gêne.

«  Au fait, comment tu as réussi à l'avoir ? » Questionna la coordinatrice
«  De quoi tu parles...? » Souffla Paul, épuisé
«  De mon numéro. Je ne te l'ai pas donné, pourtant. »

Le jeune homme se tendit immédiatement mais affichait un air plutôt calme. Il hésitait à dire que c'était Reggie qui lui avait filé. Il était sûr qu’Aurore allait harceler son frère pour savoir les raisons qui avait poussé ce dernier à fournir son numéro de téléphone, surtout à Paul. Quoique, cela pouvait être une de ses vengeances personnelles contre Reggie. Cela serait bien fait pour lui, en plus. Il reprit rapidement ses esprits et détourna le regard, mal à l’aise. Non, il ne pouvait vraiment pas lui dire cela… Alors il resta silencieux et se contenta se fixer le néon rouge au-dessus de la porte.

Ne supportant plus la lumière pourpre qui lui piquait les yeux, Paul tourna la tête dans un grognement et planta ses deux orbes sombres sur le carrelage. Un coup d’œil à son portable lui indiqua qu’il n’était que vingt-deux heures quinze, et, pressentant qu’il n’allait pas être couché dans les minutes qui suivent, le dresseur soupira longuement.

Paul coula une œillade à sa gauche, lâcha un râle irrité, se redressa et fit quelques pas vers la sortie du couloir pour ensuite faire demi-tour, sentant le regard de la coordinatrice dans son dos. Il essayait tant bien que mal de ne pas croiser les deux orbes bleus, sachant qu’elle lirait immédiatement en lui et se précipiterai pour lui demander s’il allait bien. Alors, les yeux fermés, il se rassit dans un autre soupir, le dos courbé. Un regard discret vers la salle de soin lui suffit à détourner aussitôt le regard, tandis que sa jambe droite se mis à trembler, signifiant clairement qu’il était en train de stresser.

En apparence, il semblait plutôt calme, ou du moins, c’était ce qu’il voulait montrer. Mais au fond de lui, il était mal à l’aise à propos de son Typhlosion. Il ne pouvait pas le nier : C’était quand même son Pokémon et mine de rien, cela l’affectait un peu. D’autant plus qu’un petit nœud se formait dans sa gorge, ce qu’il tenta de faire disparaitre assez rapidement en déglutissant le plus discrètement possible. Il aperçut une affiche placardée à quelques mètres de la salle de soin, et se leva pour aller y jeter un œil. Cela l’occuperait et il pourrait un peu se détendre plutôt que de rester assis sur cette fichue banquette.

Les mains dans les poches, Paul posta devant l’affiche et constata que le poster vantait les mérites de différents éleveurs de Pokémon éparpillés un peu partout dans la région. Dans la petite liste, le nom de son grand frère ainsi que la ville dans laquelle il habitait y figurait, ce qui fit sourire le jeune cadet.

« Les éleveurs les plus renommés de la région Sinnoh… Ah ! Reggie est dessus ! » S’enthousiasma Aurore qui venait de se placer juste à côté de lui

Paul sursauta intérieurement, ne l’ayant pas entendue arrivée, et continua de scruter le papier glacé comme si de rien n’était. Il entendit un « Tu dois être fier de lui, non ? », ce qui l’obligea à jeter une œillade à la coordinatrice pour voir qu’elle souriait, avant de reporter son attention sur le nom de son frère. S’il était fier de Reggie ? A vrai dire, Paul regrettait vraiment que son ainé ait abandonné la compétition des matchs extrêmes, sachant pertinemment que son frère avait les capacités pour battre le maître de la pyramide. Mais il ne pouvait pas non plus dire que Reggie ne s’était pas épanoui dans sa reconversion d’éleveur Pokémon… Au contraire, il semblait plus heureux. Alors oui, il était fier de son grand frère. Le maigre sourire qu’il avait réussi à faire avant qu’Aurore ne l’interrompt dans sa contemplation en était la preuve.

Le jeune homme ferma les yeux et retourna s’assoir sur la banquette, suivit de près par Aurore, qui s’installa à un mètre de lui, non sans avoir lâché un profond soupir en plaçant son sac de voyage à ses pieds. Il lui en a fallu, du temps pour se mettre assise…, constata Paul en jetant un coup d’œil à son téléphone portable pour finalement soupirer à son tour. Le chiffre venait de passé à trente, signalant qu’il était à présent vingt-deux trente et plongeait le dresseur dans une profonde déprime. Quand l’infirmière allait sortir de la salle pour lui faire part du bilan de son Pokémon ? Il en avait marre d’attendre et sentait qu’Aurore et lui étaient aussi fatigués l’un que l’autre.

Sa tête pivota instinctivement vers le fond du couloir alors que ses mains commençaient à être moites, provoquant une légère grimace de la part de ce de dernier. Ce que cela pouvait être désagréable … ! Il s’essuya alors lentement sur son jean, pensant qu’elles seraient moins collantes, mais ce fût tout le contraire ; Ses mains suaient encore plus, constata-t-il dans un râle. Et comme si cela ne suffisait pas, ses muscles commençaient à se paralyser. Franchement, quelle poisse… ! Alors, pour atténués les picotements, il fit bouger ses jambes, l’air anxieux tout en levant le menton au plafond dans une autre plainte. Vivement que la porte s’ouvre… Vivement que la porte s’ouvre, bon sang…

«  Calme-toi, Paul. On dirait que tu vas passer un examen… ! » Rassura Aurore dans un semblant de rire
«  Je suis calme. J’ai des fourmis dans les jambes, c’est tout… » Répliqua-t-il en se levant automatiquement et en faisant quelques pas
«  Je sais que l’attente est longue mais on ne peut pas faire autrement. »

Paul soupira ouvertement et se dirigea vers l’angle qui faisait le coin du mur en enfonçant ses mains dans les poches en entendant la voix d’Aurore lui demandait où il se rendait, ce à quoi il répondit simplement « Prend l’air ». Une fois que les portes du centre Pokémon s’étaient refermées derrière sa silhouette immobile, le dresseur prit une profonde inspiration et expira son trop-plein d’air dans un long râle. Le vent frais du soir lui fit du bien et il ne put s’empêcher de clore ses paupières pour ressentir pleinement la morsure de la nuit sur son visage. Il avait l’impression que tous ces soucis c’était évaporés et qu’il mènerait une vie de dresseur paisible comme tous les autres. Mais la réalité le rattrapa immédiatement, lui faisant brièvement serrer la mâchoire.

Le jeune homme baissa la tête et se retourna pour pénétrer dans le bâtiment. Il gagna rapidement le couloir où se trouvait la coordinatrice et se surprit à voir qu’elle n’était plus assise, mais avait repris sa place près du mur, le crâne contre ce dernier, les paupières closes, offrant son cou à la lumière du plafond. Elle sentit visiblement sa présence puisqu’elle rouvrit les yeux et rencontra ses deux orbes sombres.

«  Des nouvelles ? »
«  Toujours rien. » Répondit Aurore dans un soupir d’ennui

Paul tourna alors la tête vers la seringue rouge toujours illuminée avant de se laisser tomber sur la banquette, le buste penché en avant, les bras sur les cuisses, laissant intentionnellement pendre ses poignets. Depuis qu’il avait des sentiments amoureux naissants pour la coordinatrice, il devenait difficile d’être au même endroit qu’Aurore. Et même s’il faisait preuve d’un immense calme, il était tout de même embarrassé et essayait de penser à tout sauf à elle. Quitte à s’imaginer les pires scénarios pour son Pokémon Feu. Mais il ne fallait pas qu’il pense à ce qu’il continuait d’appeler « sa maladie ». Il avait vraiment du mal à penser les mots tels qu’ils étaient. Et dire qu’au début de leurs retrouvailles, il soutenait dur comme fer que l’amour et l’amitié ne servaient à rien et étaient complétement ridicules. Franchement, de quoi avait-il l’air, quelques mois après avoir dit cela ? Se demanda-t-il en dissimulant une grimace moqueuse. Ces paroles s’étaient retournées contre lui et il ne put s’empêcher de maudire celui qui lui avait infligé cette punition.

Le plus dur, maintenant, c’était de reconnaitre à voix haute que tout ce que la coordinatrice avait dit n’était pas dénudé de sens. Encore fallait-il trouver les mots et la force de le dire... Sérieusement, devait-il vraiment l’avouer et par conséquent, lui donner raison ? Enfin, pour le peu de fierté qui lui restait, il ne pouvait pas tomber plus bas… Ou peut-être si, et il en avait une vague idée. Mais il ne préféra pas y penser et  se frotta nerveusement les paumes en prenant soin d’entremêler ses doigts les uns aux autres. Devait-il vraiment le faire ? Non, en fait… Avait-il vraiment le choix ? Paul lâcha un râle pour faire taire les doutes qui se multipliaient dans son esprit et essuya pour la deuxième fois ses paumes collantes sur son jean.

Le désagréable jeune homme décida de poser ses coudes sur ses cuisses et de cacher le bas de son visage derrière ses mains jointes. Les lèvres pincées, il appela fébrilement la coordinatrice afin d’attirer son attention et lorsqu’il fût certain de l’avoir, il détourna le regard pour le poser sur les portes blanches de la salle de soin.

«  Tu sais, ce que tu m’as dit il y a quelques mois… ? Comme quoi l’amour et l’amitié n’étaient pas rien, qu’ils sont nécessaires à tout le monde et que sans ça, je sombrerai encore plus que je ne l’étais déjà… ? » Commença Paul

Aurore ne répondit pas, ce qui inquiéta le dresseur qui leva une brève œillade pour rencontrer les pupilles de cette dernière avant de baisser pudiquement le regard. Bon, au moins, elle venait de l’écoutait et attendait patiemment la suite de son monologue. Il ferma les paupières dans un court soupir, hésitant, le cœur battant frénétiquement, et scruta le néon rouge qui brillait toujours.

«  Hé bien, je crois que… je crois que je comprends un petit peu ce que tu veux dire… » Avoua-t-il en sentant le rose lui montrer aux joues

Il fronça les sourcils et tenta de dissimuler du mieux qu’il pouvait son visage. Ce n’était pas vrai… Pourquoi son organisme se manifestait comme cela ? Il était sûr qu’assez de sang s’était agglutiner dans ses joues pour qu’on le sache affreusement gêné. Pour la deuxième fois et n’entendant pas la voix de la coordinatrice, il risqua un coup d’œil vers elle pour voir qu’un sourire étirait longuement ses lèvres. Paul sentit à nouveau ses joues brûler, concluant hâtivement qu’elle était en train de se moquait de lui.

«  Qu’est-ce que t’as ? Retire-moi ce foutu sourire… ! » Ordonna-t-il, définitivement embarrassé

Aurore ferma les yeux sans pour autant obéir à son ordre, et tourna la tête vers les portes du bloc. Paul la considéra avec un de ses regards froids avant de remarquer qu’elle ne souriait plus et qu’un air sérieux maquillait ses traits. Elle était certainement en train de penser au hérisson enfermé là-dedans depuis un petit moment.

«  Je n’aimerai pas être à la place de ton Typhlosion… »

Bingo. Et elle avait raison, se dit-il en reportant son attention sur le fond du couloir, les rivés dans la même direction que les siens. S’il devait rester enfermé pour une durée indéterminée dans une salle d’opération, il aurait déjà poussé sa gueulante une bonne dizaine de fois. Un sourire moqueur passa sur ces lèvres, se faisant la réflexion qu’il était vraiment insupportable lorsqu’il s’agissait de temps.

«  Je vais aux toilettes. » Informa la coordinatrice en se décollant du mur

Alors qu’elle disparaissait dans l’angle de l’autre couloir, Paul lâcha soupira un long soupir et fit à nouveau tremblé ses jambes tout en serrant anxieusement ses mains entre elles, profitant clairement qu’Aurore ne soit pas là pour évacuer au maximum l’angoisse qui s’était accumulé en lui. Si la coordinatrice faisait la grosse commission, ce n’était pas plus mal, parce qu’il était loin d’avoir extériorisé son stress. Le jeune homme se leva dans un râle d’irritation, ébouriffa ses cheveux en sentant la transpiration lui gratter la tête, marcha jusqu’aux portes blanches et fit demi-tour pour se rassoir sur la banquette. Il essuya ses mains moites dans un brève grimace et soupira grassement tout en courbant son buste vers l’avant. Il avait beau s’être détendue à l’air frais tout à l’heure, la chaleur et l’anxiété avait eu raison de lui et il avait clairement dû mal à reprendre ses esprits. Il se redressa afin de coller son dos contre le mur derrière lui et soupira un « J’en ai marre… ».

Se sentant observé, le dresseur braqua son regard sur la silhouette qui venait de réapparaitre à quelques mètres, visiblement abasourdi. On pouvait dire que la soudaine présence de cette dernière lui avait fait l’effet d’une douche froide, et une bonne partie de son inquiétude s’était envolée. Il remarqua que son visage semblait plus vivant, que ses genoux avaient retrouvé leur couleur d’origine et que ses mains étaient propres. Il comprit alors qu’elle était passée aux toilettes pour simplement nettoyer les endroits de son corps qui étaient sales. Après sa rapide inspection, Aurore changea d’expression pour adopter une mine soucieuse avant de s’assoir à ses côtés et de déclarer :

«  Tu m’a l’air vraiment stressé, Paul… »

Il détourna son regard, de peur qu’elle comprenne tout de suite, et scruta intensément ses baskets. Aurore était idiote mais attardée non plus. Cela avait dû se voir, depuis le temps qu’il était ici ; à lancer des coups d’œil toutes les cinq minutes en direction de la salle de soin, à soupirer un nombre incalculable de fois, à se lever pour faire quelques pas et se rassoir quelques secondes plus tard. Ouais, il n’était pas discret en fait… Il soupira une énième fois, décidant finalement que la coordinatrice, dans un élan d’intelligence, serait capable de comprendre les doutes qu’il allait lui livrer. La tête entre les mains, il commença à parler sur un ton qui se voulait calme malgré les remords qui l’envahissaient.

«  J’ai fait combattre mon Pokémon sans savoir qu’elle était enceinte. Le bébé pourrait avoir des problèmes de santé, ou une malformation… »

Le jeune homme sursauta dans un léger spasme en sentant la main de cette dernière se poser sur son épaule, voulant ouvertement le réconforter. Après avoir resserré doucement sa poigne, la coordinatrice le rassura :

«  Tu ne pouvais pas savoir… Et ne t’en fais pas ; Je suis sûre qu’ils vont bien. »
«  Et si elle était en train d’accoucher, là, maintenant ? L’infirmière m’a dit que mon Pokémon ne devait accoucher que dans une semaine, normalement… »
«  Mmmh… C’est vrai que le temps est bien trop long pour un simple diagnostic. » Estima Aurore en tournant sa tête à gauche avant de faire pivoter sa tête vers Paul, « Les accouchements prennent du  temps. C’est peut-être plus compliqué pour les Pokémons… »

Paul la regarda un instant, ferma ensuite les yeux et soupira pour fixer le carrelage. C’est dans ces moments-là qu’il remerciait le ciel d’être né avec le sexe masculin. S’il avait été une fille, il aurait commencé à souffrir avant même de mettre un bébé au monde. Dès l’adolescence, en fait. Ouais, être une femme n’avait vraiment rien d’avantageux… Le jeune homme lâcha enfin sa tête, voyant qu’Aurore faisait de même avec son épaule, jeta un coup d’œil à l’heure qui affichait vingt-trois heures trente, et soupira une nouvelle fois.

«  Ce n’est pas comme si elle avait des jumeaux… Une heure et demi d’attente pour un seul petit, ce n’est pas normal… »

Paul se sentit alors la coordinatrice l’observer en silence et ce, pendant plusieurs secondes, tandis qu’il se concentrait au maximum sur ses genoux pour ne pas se tourner vers elle, ayant une nouvelle fois peur de ses deux orbes bleus. La voix d’Aurore atteignit doucement ses oreilles sur un ton affirmatif.

«  C’est la première fois que je te vois aussi soucieux pour un de tes Pokémons… »
«  Elle porte quand même un être vivant dans le ventre… » Répondit-il en fermant les yeux

Tout était dit. Bon d’accord, il reconnaissait qu’il était cruel envers ses Pokémons mais ce n’était quand même pas un bourreau, non plus. S’il avait su qu’elle était enceinte, il ne lui aurait pas fait subir ses entrainements intensifs où le repos ne dépassait pas dix minutes. Même si cela l’aurait frustré de ne pas pouvoir continuer l’entrainement avec le Type Feu, il se serait reposé sur ses autres Pokémons et puis le problème était réglé.

«  Paul… On fera quoi du p’tit ? » Demanda-t-elle alors qu’il croisait les bras

Le nommé tourna automatiquement la tête vers elle et la considéra dans une pointe de confusion alors qu’elle avait le regard rivés sur ses genoux, visiblement préoccupée. C’était quoi cette question, tout à coup ? On dirait qu’ils étaient un couple marié, près à divorcer et ne sachant pas comment gérer la garde de leur unique enfant. Même si le contexte ne correspondait pas à celui que l’on pourrait penser, c’était vraiment gênant. Si une personne extérieure entendait cette question et les voyait tous les deux dans cette situation, elle pourrait aisément s’imaginer des choses. Or c’était totalement faux et bien qu’il faisait tout pour ne pas montrer son embarras, Paul ne put s’empêcher d’imaginer à son tour le fait d’être marié et d’avoir un enfant avec la coordinatrice. Une moue de dégout s’empara aussitôt de son visage, n’ayant que le mot « bizarre » qui s’affichait dans son esprit après s’être imaginé cela. Ouais, il n’y aurait pas plus bizarre qu’elle et lui marié avec un gosse… Et puis, il fallait déjà qu’il franchisse plusieurs étapes avant de penser à ce truc débile. Et puis d’abord, à quoi cela servait de se marier, si l’on divorçait au bout de deux ans ? Complément inutile et ridicule.

«  Ça va ? Tu fais une tête bizarre… » Remarqua Aurore

Il lâcha un râle exaspéré, les paupières fermées, avant de déclarer calmement un « Je réfléchissais à ta question… ». Ce n’était pas vrai mais elle n’était pas dans sa tête pour savoir, alors il pouvait se permettre de lui mentir. Se concentrant véritablement sur l’interrogation de la coordinatrice, il resta silencieux un moment. Que faire du bébé Pokémon ? Bonne question… Il se fit la réflexion qu’étant donné les parents étaient dans une équipe différente, lorsqu’ils se sépareraient, le bébé devra aller avec un des deux parents… Ce que Paul savait déjà, c’était qu’il refusait d’avoir un bébé Pokémon sur les bras. C’était trop d’attention et cela l’entraverait lors de ses entrainements.

Paul tourna la tête vers Aurore afin de croiser ses deux orbes bleus, lui faisant comprendre que ce qui allait dire était sérieux.

«  Hors de question que je le prenne dans mon équipe. Il va m’emmerder plus qu’autre chose. »
«  Quoi ? Mais la mienne est au complet, j’te signale ! » Rétorqua-t-elle, visiblement énervée
«  Ce n’est pas mon problème. Tu n’as qu’à transférer avec un de tes autres Pokémons. »
«  Oublie tout de suite cette idée, je ne remplacerai aucun de mes Pokémons. Et puis, dans ton équipe à toi, il te reste une place ! »

Il tiqua ouvertement en claquant sa langue au palais sans pour autant réponse, bloqué par la réplique de cette dernière. Comment savait-elle qu’il manquait une place dans son groupe ? Elle l’avait espionné, ce n’était pas possible ! Aurore prit donc soin de répondre à ses questions qui rendait le jeune homme confus.

«  Lors d’un de tes entraînements, je passais par-là et j’ai vu que tu avais sorti tout tes Pokémons. Il n’y en avait que cinq autour de toi. La réflexion était donc facile à faire. »

Paul serra la mâchoire, irrité de n’avoir pas fait plus attention à son entourage, et soupira une énième fois.

«  Quoi qu’il soit, tu te débrouilles avec le bébé. Moi je ne veux ne pas en entendre parler. »

Bon sang, même sans y penser, cela faisait embrouille de couple… Heureusement que la plupart des dresseurs et voyageurs qui s’étaient arrêtés au centre Pokémon dormaient… Les rumeurs se seraient répandu à une vitesse incroyable, sinon… Aurore soupira grassement, signe qu’elle était exaspérée, et déclara à son tour un « Très bien. C’est réglé, je le mettrai dans un carton et l’abandonnerai dans la rue. S’il meure de faim ou de froid, tu auras des remords, comme ça ». Paul savait parfaitement qu’elle ne ferait jamais ça : Elle était trop gentille. Son regard se décala de plusieurs centimètres d’Aurore pour finalement se poser sur l’affiche que Paul était allé voir tout à l’heure. Il écarquilla ensuite les yeux, venant de penser à quelque chose d’intéressant.

«  J’ai une idée. »
«  Ne me dis pas que tu veux l’abandonner dans la rue, quand même ! »
«  Non, ce n’est pas ça… Regarde. » Répondit-il en pointant l’affiche publicitaire

Elle suivit le doigt du jeune homme, observa intensément ce qu’il montrait et tiqua ouvertement avant de pivoter vers lui.

«  Ah ! Tu veux l’emmener chez Reggie pour qu’il s’occupe de lui ! »

Il hocha la tête et enfonça ses mains dans les poches de sa veste. Aurore avait vu juste. Même si Paul avait accepté de le garder, il l’aurait abandonné dans tous les cas, alors autant que son grand frère serve à quelque chose. Et puis comme cela, vu que le petit aura certainement besoin de sa mère, il en profitera pour laisser son Type Feu en même temps. Il devait se consacrer à ses autres Pokémons aussi. Pas qu’au hérisson… Oui, s’était décidé. Il ferait comme cela. Et puis Reggie sera tellement occupé avec le bébé, qu’il ne trouvera plus le temps d’ennuyer Paul. C’était malsain, mais tant pis. Son frère devait payer pour tout ce qu’il avait fait…

Du coin de l’œil, Paul vit Aurore bailler à s’en décrocher la mâchoire, la main devant la bouche, avant de se lever et de disparaitre au détour du couloir. Le jeune homme fronça automatiquement ses sourcils. Où allait-elle ? Elle ne prévenait même pas et s’éclipsait comme si de rien n’était… Il était encore trop fier pour lui demander où elle se rendait, cela signifiait parallèlement qu’il s’inquiétait pour elle. Le jeune homme revit la silhouette de la coordinatrice et remarqua qu’elle tenait deux gobelets d’où s’échappait une légère fumée. Alors c’était ça : Elle était partie chercher des cafés…

«  Je n’avais pas soif, tu sais… » Répondit-il en agrippant le verre en plastique qu’elle lui tendait, le regard ailleurs
«  On ne sait toujours pas lorsque l’intervention va se terminer. Et puis toi aussi, tu tombes de sommeil. Il faut bien un petit remontant pour tenir le coup, nan ? »  

Il ne trouva rien à répondre, sachant parfaitement qu’elle avait raison, et bu le café en silence. Le gout était amer. C’était fade. Même s’il n’en raffolait pas, il préférait se taire et boire. Pas la peine de prendre le risque d’avouer son dégout pour qu’ensuite, Aurore lui face une crise d’hystérie dans un couloir vide... Il était vingt-trois heures quarante-cinq, alors si elle poussait sa gueulante, elle réveillera à coup sur tout le centre Pokémon. Bref, ce n’était pas du tout avantageux pour lui. Alors il se tut et soupira brièvement en replaçant son gobelet entre ses paumes.

Paul se souvint soudainement d’une phrase qu’avait dit Aurore et dont il n’avait pas vraiment comprit le sens. Mais pourquoi cela lui revenait maintenant ? Cela n’avait pas de sens… Il fit tout son possible pour ne pas grimacer lorsqu’il buvait sa boisson, pensant que cela lui donner le courage de lui poser la question qui lui trottait dans la tête. Le dresseur soupira grassement en ôtant son verre en plastique de ses lèvres et leva les yeux vers la coordinatrice, qui venait de finir sa gorgée.

«  Dis… En quoi… En quoi je suis important pour toi ? » Demanda-t-il, hésitant
«  Hein ? »
«  Avant que l’on se sépare le jour où on a fait la séance photo, tu m’as dit que pour toi, j’étais important. J’aimerais savoir en quoi ? » Répéta Paul

Il l’observa réfléchir longuement pour ensuite tiquer dans une exclamation, signe qu’elle venait de se souvenir de ces paroles. La coordinatrice fit un sourire évasif en laissant tomber son regard sur son gobelet, étant soudainement passionné par le fond du liquide qui reposait à l’intérieur. La coordinatrice saisit le verre en plastique des mains du jeune homme et se dirigea vers une poubelle placée à quelques mètres de la banquette pour y jeter ses déchets.

«  J’ai dû mal à comprendre et il n’y a que toi qui peux me répondre. » Poursuivit-il en la suivant du regard
«  Écoute… J’avoue clairement que tu es important pour moi, mais c’est tout ce que je sais. Je n’ai toujours pas trouvé la réponse appropriée… » Répondit-elle en se replaçant en face de lui

Paul joignit ses mains et baissa la tête dans un « Je vois », intérieurement déçu. Il espérait avoir une réponse claire, mais visiblement, elle n’arrivait pas à mettre des mots sur l’étiquette qu’elle lui avait donnée. Elle était encore perdue et il s’imaginait parfaitement ce qu’elle traversait puisqu’il était dans le même cas.

«  Et moi ? Qu’est-ce que je représente, pour toi ? » Questionna subitement Aurore

Le dresseur écarquilla brièvement les yeux et regarda les jointures de ses doigts. Il fallait qu’il lui donne une réponse. Parce que si Paul savait ce qu’il représentait pour elle, il était normal qu’elle sache ce qu’elle représentait pour lui… Sentant son visage s’enflammer d’embarras, il détourna pudiquement le regard et lâcha un seul mot.

«  Beaucoup… »
«  Beaucoup ? » Répéta Aurore
«  Moi… Moi aussi je cherche encore la signification à ce mot… » Continua-t-il, toujours gêné

Paul releva la tête vers la coordinatrice, remarquant qu’elle prenait une profonde inspiration avant d’en expirer le trop-plein d’air. Il l’observa ensuite s’assoir sur la banquette, toujours à sa gauche, notant au passage qu’elle n’avait plus mis de distance entre eux mais qu’elle était bien à côté de lui.

«  Certaines choses sont vraiment incompréhensibles… » Déclara Aurore, les paupières fermés

Le jeune homme confirma ses dires dans un « Ouais » et reporta son attention sur le carrelage entre le mur et ses pieds. Il sentait que la réponse qu’il devait fournir à la coordinatrice se dévoilait un peu plus du brouillard dans lequel il était plongé. Et même si cela faisait vraiment peur à Paul, à présent, il était partit beaucoup trop loin pour fuir cette réalité qu’il qualifia aussitôt de pitoyable. Un soupir las franchit ses lèvres, mettant fin à ses réflexions.
Un coup d’œil vers les portes de la salle de soin lui indiqua que l’intervention n’était toujours pas finie. Combien de temps cela durerait ? C’était interminable ! Paul se massa les jambes, profitant par la même occasion d’essuyer ses mains moites, avant de les enfoncer dans ses poches.

Les douze coups de minuit approchaient, Aurore ne parlait plus et le dresseur apprécia pleinement le calme qui régnait. Un poids tomba lourdement sur son épaule et il n’eut pas à tourner la tête pour comprendre que la coordinatrice venait de s’assoupir. Un sourire moqueur étira les lèvres de Paul. C’était la première à avoir eue l’idée de prendre un café pour tenir debout, mais résultat, c’était la première qui était tombée de sommeil.

La porte s’ouvrit dans un bruit sourd, obligeant le jeune homme à pencher la tête en avant pour voir l’infirmière Joëlle en sortir dans un soupir silencieux. A ce moment-là, il sentit un immense soulagement l’envahir. Une rapide œillade à son téléphone portable signala qu’il était bel et bien minuit. L’accouchement avait donc durée deux heures… Honnêtement, c’était les deux heures les plus longues de sa vie. Il avait crû mourir au moins quatre fois tellement l’attente était insoutenable. Sur son épaule, Aurore dormait toujours.

«  Ton Pokémon va bien. Elle a simplement besoin de repos. Quant au bébé, il a pris plus de temps que prévu pour sortir. J’étais étonnée d’apprendre qu’il pesait moins que la moyenne et qu’il avait dû mal à se mouvoir, mais son état est stable : Tu peux donc dormir sur tes deux oreilles. » Expliqua calmement l’infirmière

Paul observa la jeune femme lui sourire gentiment avant de lâcher un « D’accord » et de la remercier. Il remarqua ensuite qu’elle porta son attention sur la coordinatrice endormie à côté de lui. Et les questions ne tardèrent pas.

«  Qui est-ce ? Ton amie ? »
«  Pour faire simple, elle a le père du bébé qui vient de naître dans son équipe. »
«  Ah, je vois. En ce qui concerne la mère et son petit, vous pourrez aller leurs rendre visite mais seulement demain matin. Le sommeil de la femelle ne doit pas être perturbé. »

L’infirmière Joëlle regarda une deuxième fois la coordinatrice pour lui faire remarquer qu’avec la tenue que cette dernière portait, elle allait avoir froid, rajoutant également qu’elle pouvait lui apporter une couverture. Après l’observation de l’infirmière, Paul jeta à son tour une œillade à Aurore et constata effectivement que d’ici plusieurs heures, elle aurait froid, ce à quoi il ferma un instant les yeux pour les reposer sur l’auxiliaire de soin. Il hocha la tête tandis que la jeune femme aux cheveux roses l’informa de son retour rapidement avant de disparaitre au détour du couloir.

L’infirmière revint une minute plus tard tandis que Paul soupira en silence. Elle proposa de coucher Aurore sur la banquette, argumentant sur le fait qu’elle dormirait mieux et s’en approcha donc pour saisir son épaule qui était collé contre le bras de Paul ainsi que l’autre côté de la tête. Le dresseur se leva et, sous la demande de la jeune femme aux cheveux roses, prit le sac de voyage d’Aurore et le plaça au bout de la banquette. Joëlle allongea délicatement la coordinatrice, faisant en sorte que la tête repose sur son sac, et souleva ses jambes pour les placer, eux aussi, sur le lit improvisé. L’infirmière aux cheveux roses étala ensuite la couverture sur le corps endormi et se tourna vers Paul en souriant chaleureusement.

«  Voilà. Je peux te prêter une chambre pour la nuit, si tu veux. »
«  Non, c’est bon. »
«  Tu es sûr ? Ton amie dort sur la banquette mais toi tu n’as plus de place, maintenant… »
«  Ça ira, je vais rester là. » Assura-t-il
«  Comme tu voudras. Prend quand même ça. » Finit-elle en lui tendant une deuxième couverture

Il saisit le tissu beige et remercia dans un hochement de tête avant de la voir appuyer sur un interrupteur, qui le plongea dans l’obscurité totale, et de quitter silencieusement le couloir. Même si cela ne lui plaisait pas vraiment de crécher par terre, il n’avait pas vraiment le choix. C’était lui qui l’avait décidé. Et puis, il n’allait pas abandonner la coordinatrice alors qu’elle dormait à poing fermés à un mètre de lui… Dans un soupir résigné, il agrippa son sac de voyage, fit trois pas, colla son dos contre le ciment jaune et se laissa glisser contre le mur pour finir les fesses sur le carrelage, en tailleur.

Un frisson lui parcourrait l’échine, le faisant grimacer dans un bref spasme, tandis qu’il posait son sac à côté de lui, jetait sa couverture sur ses genoux et croisait les bras sur son torse en baissant la tête. Son Pokémon allait bien. Le nouveau-né allait bien. Aurore dormait. Et pour lui aussi, il était temps de dormir…

OoOoOoOoO

Aurore expira un faible soupir tandis qu’elle cligna des paupières. Où était-elle ? Le contact du matelas sur lequel elle était allongée lui fit rappeler qu’elle était toujours dans le couloir, sur la banquette. Apparemment, vu le léger tissu qui la couvrait, l’infirmière et Paul avaient dû se servir du banc pour en faire un lit improvisé. Elle pouvait même sentir son sac de voyage sous sa tête, faisant donc office d’oreiller.

La coordinatrice recula sa tête jusqu’à cogner le mur derrière elle, pestant un juron entre ces dents, les yeux durement fermés. Après s’être massé le crâne, la mâchoire serré,  Aurore leva ses deux orbes bleus vers les portes de la salle de soin. Au vu du néon rouge qui n’était plus allumé, elle comprit que l’accouchement était terminé.

Un bref soupir passa ses lèvres, se demandant au passage à quelle heure l’intervention avait finie, chercha la fermeture éclair de son sac à dos, l’ouvrit discrètement et fouilla à l’intérieur en faisant le moins de bruit possible. L’écran de son portable l’aveugla tandis qu’elle s’habitua à la lumière un peu trop forte de son appareil. Il était trois heures du matin et des poussières… Combien de temps s’était-elle endormie… ? Tout ce dont elle se souvenait c’était que Paul lui avait demandé en quoi il était important pour elle, qu’elle lui avait répondue qu’elle cherchait encore la réponse à ce qualificatif et puis après, plus rien. Enfin, il y avait autre chose, mais c’était vague...

La coordinatrice bailla discrètement en éteignant son écran, s’habitua à nouveau à la pénombre et finit par se redresser sur son coude pour voir une tâche qui obscurcirait le mur en face d’elle. Cette tâche était en fait Paul, assis contre le mur, une couverture sur les jambes, les bras croisés, la tête penché en avant. Elle sourit tendrement et se fit la réflexion qu’il aurait pu demander une chambre à l’infirmière Joëlle ou encore prendre un bout de la banquette. Franchement, il avait l’air d’un clochard, assis à même le sol…

Aurore se redressa, posant dans un même mouvement ses bottes sur le carrelage et écarta sa couverture. La question de Paul lui revint encore une fois en tête et elle ne put s’empêcher de sourire tristement en revoyant le visage déçu du jeune homme, même s’il avait fait en sorte que cela ne se voit pas. La coordinatrice était profondément désolée mais elle ne pouvait pas mettre de véritables mots sur ce qu’elle ressentait pour lui. Elle l’appréciait énormément, c’était sûr, mais elle ne le voyait pas vraiment comme un ami. Même si, au plus profond d’elle, Aurore savait ce qui se cachait derrière son besoin d’être près de lui. Elle savait parfaitement qu’elle commençait à avoir des sentiments amoureux envers le rival de Sacha, mais pour la jeune fille, c’était encore trop tôt pour s’avouer clairement qu’elle éprouvait de l’attirance pour ce garçon.

Secouant sa tête pour effacer ses pensées qu’elle considéra comme idiotes, Aurore observa la silhouette immobile de Paul, à quelques mètres d’elle. Elle se rendit compte à quel point il lui faisait pitié, et décida de le réveiller pour qu’il dorme quand même sur un support plus confortable.

Elle le rejoignit à pas de loup, s’accroupit en faisant le moins de bruit possible, posa sa main sur son épaule et le secoua légèrement en l’appelant à voix basse. Pas de réponse. Elle refit une tentative en ordonnant au jeune homme qu’il devait se réveillé, mais aucune réaction de sa part n’en résultait.

«  Paul… Eh… »

Que dalle. Il dormait vraiment comme une masse, constata la coordinatrice en étouffant un soupir. Enfin c’était compréhensible : Il avait subi beaucoup plus de pression qu’elle, surtout psychologiquement, ce qui avait influé sur son comportement, l’engloutissant d’un impressionnant stress. Ouais, toute son énergie s’était évaporée et il devait refaire tout le stock…

Silencieuse et s’étant adaptée à la silhouette de Paul, Aurore scrutait sa paupière encadrée par les mèches de cheveux qui lui tombaient sur le visage. Il avait l’air paisible. Comme la fois où il s’était assoupit à la cafétéria du centre Pokémon… Elle avait déjà eu l’occasion de toucher le visage de Paul mais sur une court durée. Une seconde en fait… Ce qu’elle s’apprêtait à faire n’était qu’un simple caprice, mais la coordinatrice réalisa, le rose aux joues, qu’elle en avait vraiment envie. Il y avait de l’envie, oui, mais c’était aussi pour confirmer la sensation que cette dernière avait eue lorsqu’elle avait posé ses lèvres sur sa joue.

Alors, prudemment et priant tous les Dieux pour qu’il ne se réveille à son contact, Aurore étala sa paume sur la joue du jeune homme, attendant sa réaction, le souffle court. Rien ne se passa et la coordinatrice souffla donc un soupir de soulagement. Ses lèvres s’étirèrent dans un fin sourire tandis qu’elle caressait doucement le morceau de chair. Elle en était maintenant sûre : Malgré ses traits froids et contractés, il avait la peau douce. Peut-être même aussi douce que celle d’un bébé…

Aurore tiqua intérieurement en se souvenant qu’à son tour, elle avait demandé à Paul ce qu’elle représentait pour lui. Un autre sourire trancha son visage, se rappelant qu’un seul mot avait franchi les lèvres du timide jeune homme : « Beaucoup ». Cela voulait dire que lui aussi la considérait comme une personne importante à ses yeux. Et dire qu’au début de leurs retrouvailles, il la voyait comme une idiote écervelée… Oui, Paul avait énormément changé, depuis…

La coordinatrice stoppa son geste sans pour autant retirer sa paume sur la joue du jeune homme et continua de l’observer en silence. Là, il respirait sereinement mais s’il se réveillait dans la seconde qui suivait, elle aurait bien du mal à justifier ce qu’elle faisait. Ouais, il ne valait pas être trop gourmande non plus… Aurore retira délicatement sa main alors que son regard tomba sur un appareil sortant de la poche de sa veste. Elle devina sans problème que c’était son téléphone portable. D’ailleurs, elle lui avait posé la question mais Paul n’avait pas répondu. Comment avait-il eu son numéro alors qu’elle ne lui avait jamais donné ? C’était bizarre…

Discrètement et du bout des doigts, la coordinatrice saisit l’appareil et mit sa main en faisant en sorte que la lumière n’éclaire pas le visage de Paul. Elle constata avec frustration qu’il avait verrouillée l’accès à ses données. Elle essaya la combinaison allant de un à quatre et fronça les sourcils en voyant que le code était incorrect. Elle essaya alors l’incontournable quatre fois zéro, et sourit largement en voyant l’accès se valider. Quel combinaison de merde… pensa-t-elle en appuyant sur le bouton pour fouiller dans ses appels. La plupart étaient de Reggie… Elle fouina ensuite dans ses messages.

Elle constata alors qu’il n’avait pas beaucoup de contact. Que son grand frère, en fait… C’était désespérant, le pauvre… Bon, maintenant il avait aussi Aurore, mais cela n’élargissait pas vraiment son champ d’amis. Ah, il avait reçu des messages de Reggie. Le dernier était :

« Aurore : XX.XX.XX.XX.XX
Tiens, je suis sûr que tu en auras besoin. »

C’était son numéro de téléphone, cela ne faisait aucun doute. Et c’était donc Reggie qui lui avait donné… Mais qu’est-ce que les deux frères s’étaient donc racontés pour que l’ainé en arrive là ? Elle fût ensuite surprise que ce message date d’un mois et demi, si ce n’était plus… Ils ne s’étaient pas reparlés depuis ? A moins que Paul n’ait coupé son portable pendant qu’il s’entrainait… Le plus surprenant, c’était que Paul n’avait même pas répondu… Maintenant qu’elle voyait la date, cela lui rappelait qu’elle avait vu Zoé ce jour-là, qu’après, elle et Paul s’étaient retrouvés, et que le soir même, un inconnu l’avait appelé… Alors c’était pour cette raison que Paul ne cessait de regarder son téléphone ? Paul doutait de tout, alors elle devinait sans mal qu’il avait fait cela pour savoir si Reggie lui avait donné un faux numéro ou pas. Mais quoi pensait le frère ainé, à la fin…? Au moins, elle comprenait comment Paul avait eu son numéro de téléphone…

Aurore pressa un petit bouton sur le côté, verrouillant ainsi le portable du jeune homme et la plongeant dans le noir le plus complet. Elle regarda ensuite la silhouette de Paul, s’adaptant petit à petit à la nuit, et replaça délicatement l’appareil dans la poche du dresseur. Elle scruta ensuite son visage et ne put s’empêcher de sourire une nouvelle fois. Il restait quand même là, à dormir pour elle, quitte à se taper une nuit sur un carrelage froid et dans une position inconfortable, sachant parfaitement qu’il aurait des courbatures le lendemain… Non, elle ne pouvait vraiment pas le blâmer pour ce qu’il était en train de faire.

«  Merci d’être auprès de moi, Paul. » Chuchota-t-elle en effleurant une dernière fois sa peau

La coordinatrice ne vit pas un fin sourire étirer les lèvres de Paul, se concentrant plus pour faire le moins de bruit possible en se redressant, parcouru les quelques mètres pour atteindre le lit improvisé en silence et saisit la couverture. Elle s’allongea prudemment avant d’être prise de remords pour avoir fouillé dans le téléphone de Paul. Aurore avait l’impression d’avoir violé son intimité. S’il savait ce qu’elle venait de faire, jamais il ne la pardonnerait… Elle ne dirait rien. Il ne saurait rien. Et comme ça, c’était réglé. Ouais, elle ferait comme si cette scène ne s’était jamais passée. Sauf peut-être le contact de sa paume sur sa joue… Mais à présent, elle n’osait plus regarder sa silhouette, ce qui l’obligeait à rouler sur son flanc afin d’être en face du mur. Aurore lâcha un faible soupir et ferma les yeux. Elle n’aurait jamais dû fouiner dans ses affaires… Elle se rassura en se disant que cela la concernait alors même si Paul découvrait la vérité, elle pourrait toujours se servir de cette excuse pour se justifier… Oui, c’était ce qu’elle ferait…
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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux - Page 2 Icon_minitimeSam 05 Avr 2014, 15:12

Very Happy ça m'a fait trop du bien de relire ce chapitre Very Happy J'ai encore du mal à croire qu'on a travaillé ensemble sur cette superbe fiction !! Hihi x)

Wink j'adore toujours autant la conversation x) ça ressemble grave à une dispute de couple mdrrr :-)
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