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 Les Pokémons amoureux

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Laura57
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Laura57


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Film Pokémon préféré : Je les aime bien tous mais je dirais les trois premiers films
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MessageSujet: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux Icon_minitimeVen 24 Jan 2014, 16:59

Coucou tout le monde ! Very Happy

Après un moment d'absence, me voilà avec une nouvelle fiction ! ^^
Malheureusement, ce n'est pas sur le couple Sacha x Ondine, mais sur Aurore x Paul. J'espère qu'elle vous plaira quand même ! L'idée n'est pas de moi, mais de Oohfemmeluxieuse, à qui le mérite reviens en partie. J'en profite également pour la remercier de m'avoir corriger les fautes, d'avoir eue les idées de plusieurs scènes, ainsi que de m'avoir booster dans les moments difficiles de cette fiction ! lol

Je vous rassure, elle est entièrement terminée, je n'ai qu'à poster les chapitres ! Smile
Concernant les chapitres justement, je le ferai une fois par semaine, les vendredis de préférence. Aussi, les chapitres seront courts une fois sur deux, c'est-à-dire qu'ils y aura une fois un court - long - court - long, et ainsi de suite. Enfin, certains chapitres seront de tailles égales, et j'espère que vous ne seraient pas effrayés par la longueur de certains. ^^'

Voilà, je crois que j'ai tout dit ! Sans plus attendre, je vous postes le premier chapitre ! Very Happy
Faites-moi part de vos impressions, ce que vous avez aimés, moins aimés, etc... Smile

Titre : Les Pokémons amoureux
Pairing : Aurore x Paul
Disclaimer : Les personnages ne sont pas moi mais à Satoshi Tajiri !
Résumé : « C’est parce que tu détestes tant cette bulle dans laquelle on peut facilement tomber, que tu t’efforces d’être fidèle à ton comportement ? »


Chapitre 1 : « Qu’elle soit méchante ou gentille, n’importe quelle personne mérite qu’on s’intéresse à elle. » Lolo57


Un soupir franchit les lèvres de la jeune fille tandis que son corps s’écroula sur le premier banc venu, un hérisson sombre qui s’étalait à son tour sur les graviers à ses pieds. Enchainement sur enchainement, technique sur technique, elle et son compagnon de poche s’étaient entrainés pendant deux heures intensives. Le prochain concours approchait et si elle voulait être certaine de le remporter, il fallait mettre toutes les chances de son côté. Ses prunelles bleues tombèrent sur son partenaire. Il était lui aussi fatigué, et tentait du mieux qu’il pouvait de résister à la chaleur écrasante que leur imposait le soleil. Elle avisa ensuite un distributeur de boissons non loin de là et décida d’aller acheter une bouteille d’eau pour satisfaire la soif qui commençait à doucement les envahir.  
Après un effort surhumain, ses jambes se décollèrent du fer et la coordinatrice informa le hérisson d’une voix lasse qu’elle revenait dans un instant.

La jeune fille aux cheveux bleus réprima un autre soupir en maudissant cette température ainsi que la distance qui se faisait de plus en plus longue à chaque pas. Elle arriva ensuite au distributeur et analysa le choix de boissons qui était disponible. Elle fouilla ensuite son sac de voyage pour y sortir son porte-monnaie et constata piteusement qu’elle ne pouvait s’offrir qu’une bouteille d’eau, malgré la soudaine envie de prendre du soda. Aurore inséra alors lentement les pièces dans la fente prévue à cet effet et pressa mollement le bouton. Un bruit sourd retentit, signe que son choix venait d’atterrir dans le bac. Refermant ses doigts autour de son achat, elle le sortit de sa cachette et essuya la sueur qui suintait son front blême dans un bref soupir.

Elle se retourna et entama le chemin inverse, remarquant que son compagnon de poche avait roulé sous le banc, à l’abri des rayons du soleil. Un sourire se forma sur ses lèvres tandis qu’elle agitait la bouteille, avertissant l’animal que ses souffrances allaient être récompensés d’ici peu. La jeune fille entreprit de sortir une gamelle grise pour y verser l’eau qu’il dévorait du regard.

«  Tiens. Tu l’as bien mérité, Feurisson. » Lâcha-t-elle en poussant le récipient vers lui

Le hérisson ne se fit pas prier et plongea sa gueule dans le liquide froid. Il se revigorait à vue d’œil. Aurore se redressa et en profita pour boire également une longue et rafraichissante gorgé. Un soupir d’aise passa ses lèvres tandis qu’un bruissement de feuilles attira son attention. Un Pokémon aux multiples égratignures en émergea et la fit sursauter dans un léger spasme. Elle se mit à sa hauteur en constatant qu’il s’agissait d’un Feurisson et qu’il était mal en point.

«  Est-ce que ça va ? » Demanda-t-elle

L’animal leva ses yeux rougeâtres sur cette dernière pour ensuite tourner la tête vers celui de la même espèce que lui, qui s’était arrêté de boire et le scrutait profondément. Le hérisson s’approcha de son congénère et baissa les yeux sur l’eau qui reposait tranquillement dans l’écuelle.

«  Vas-y, tu peux en boire. »

Il la remercia du regard et baissa lentement la tête vers la cuve. Le compagnon de la dresseuse considéra un instant l’intrus qui vidait lentement la récompense de son acharnement. Aurore détailla l’animal, se demandant ce qui avait bien pu lui arriver, pensa d’abord à une attaque entre Pokémons de rues, avant de dériver sur une possible appartenance à un dresseur. Alors, pour en savoir plus, elle posa délicatement sur le pelage du hérisson et la réaction ne se fit pas attendre ; ce dernier sursauta et toisa durement la responsable.

«  Je ne voulais pas t’effrayer. » Rassura la coordinatrice dans un sourire désolé

La bête rebaissa la tête dans la gamelle, ne voulant pas gâcher une goutte d’eau, tandis que la jeune fille reposa doucement sa main sur son dos. Elle osa quelques caresses et, voyant qu’il ne réagissait pas malgré le frisson, elle demanda :

«  Qu’est-ce qui t’es arrivé pour que tu sois dans cet état-là ? Je peux t’emmener au centre pour qu’on te soigne, tu s-… »
«  Ah, te voilà. Qu’est-ce que tu fiches ici ? Reviens t’entrainer. » Ordonna une voix ferme

La silhouette qui avait parlé se matérialisa à côté d’elle et l’obligea à se tourner vers lui. Des cheveux violets, une veste mauve, un regard froid. Ses yeux s’agrandirent de surprise ; cette voix ne lui était pas inconnue, elle l’avait même déjà entendue quelque part.

«  Paul ? » Osa-t-elle craintivement

Les deux orbes noirs coulèrent à gauche, laissant place un instant à l’étonnement, tandis qu’une moue de dégout s’empara de son visage, et qu’un souffle las ne retentisse.

«  Oh, génial… »

Elle se mit à sa hauteur, scruta intensément le regard haineux qu’il lui lançait avant de le voir baisser les yeux sur l’animal, les oreilles honteusement baisser vers l’arrière, et su parfaitement la punition qu’il allait recevoir.

«  Qu’est-ce que je t’avais dit ? Le mot « Pause » n’existe pas dans mon entrainement. J’ai perdu mon temps à te chercher et je te retrouve en train de boire dans la gamelle d’un autre dresseur. Tss… »
«  Il est à toi ? »
«  Elle. » Corrigea-t-il avant croiser les bras, l’air mécontent

Un sourire se forma sur les lèvres de la coordinatrice qui se rappelait que les femelles étaient beaucoup plus capricieuses que les mâles, et qu’avec le caractère que Paul avait, cela ne devait pas être facile tous les jours. Mais si elle lui appartenait, cela voudrait dire qu’elle avait subi le même entrainement que jadis, le singe de feu qu’il avait cruellement abandonné… ?

«  Alors c’est de ta faute, si elle est comme ça ? »
«  Ça ne te regarde pas. » Rétorqua-il fermement en se baissant et de saisissant l’animal par la peau du cou

Un air de défi s’installa dans son regard tandis qu’elle le planta dans ceux, inexpressif du jeune homme. Il n’avait pas beaucoup changé depuis la ligue Pokémon…

«  Toujours en quête de puissance, hein ? »
«  Et toi, toujours aussi idiote, hein ? » Riposta-t-il dans un sourire fier

Aurore serra les dents, suivit de près par son compagnon de poche qui grogna légèrement en le toisant. Elle s’apprêtait à lui sauter dessus pour ordonner de retirer son insulte, avant de se reprendre mentalement et de planter ses poings sur les hanches.

«  Je te l’ai déjà dit : Ce n’est pas en brutalisant un Pokémon que tu vas obtenir de meilleurs résultats ! »
«  Les faibles comme toi ne savent pas de quoi ils parlent. »

Elle tiqua automatiquement alors qu’un second grognement résonna à ses côtés. Paul réprima un autre soupir avant de soulever la bête à hauteur de son visage.

«  Quand à toi, si tu t’enfuis à nouveau, tu sais ce qui arrivera… Bien. Allons-y, maintenant. »

Il lança une œillade fade à la coordinatrice, se retourna tout en pestant entre ses dents un « C’est pitoyable. », et finit par sortir du petit parc. Aurore resta un instant à analyser le panneau sur lequel deux petits bonhommes étaient dessinés, et étira légèrement ses lèvres dans un petit sourire. Pendant que Paul trainait indignement son partenaire par la peau du cou, elle avait très bien vue le regard qu’avait lancé le Feurisson à son congénère et celui que ce dernier, lui avait lancé en retour. Oui, elle était sûre et certaine que les deux dresseurs se reverraient. Au grand damne de celui-ci, bien évidemment…

OoOoOoOoOoOoOoOoOoO

Les deux orbes bleus de la coordinatrice se posèrent sur la mine décontractée du hérisson qui s’était assoupi sur les genoux de cette dernière. Elle s’adossa à l’arbre derrière elle et caressa doucement le pelage de l’animal. Une légère brise se leva, la faisant agréablement sourire. Elle baissa ensuite les yeux sur son compagnon de poche, constata qu’il se réveillait, et  retira sa main en souriant à nouveau. Le hérisson redressa la tête et observa les alentours. Son regard resta figé, toisant l’horizon comme s’il avait vu un fantôme.

«  Tu as vu quelque chose ? »

Pour toute réponse, l’animal prit appui sur ces pattes et, dans un gracieux mouvement, s’élança à la poursuite d’une possible proie. Aurore cligna des paupières, le temps d’assimiler ce qu’il venait de se passer, puis se leva en vitesse, empoigna son sac de voyage et poursuivit son compagnon tout en lui criant de ralentir. Elle sortit du parc et bifurqua dans la rue envahit de monde, forçant au passage sur ses jambes pour rattraper le fuyard.

«  Où tu vas ? » Cria-t-elle désespérément

Elle lâcha un râle irrité tout en pesant contre la tâche sombre dont elle ne voyait que le bout des pattes claires et qui tournait à l’angle de la prochaine rue. La jeune fille accéléra, bousculant au passage quelques inconnus mécontent, et dont elle s’excusa d’un rapide et bref « Désolé ! », avant de reprendre sa course folle à travers la ville. Elle s’arrêta un instant, décidant qu’une pause s’imposait afin de reprendre son souffle et expira bruyamment devant les regards interrogateurs des passants. Elle déglutit difficilement en voyant que le point noir venait de disparaitre au loin.

«  Mais attends ! »

Aurore réfléchit un instant, se disant qu’un sprint digne des plus grands serait nécessaire pour rejoindre son fugitif et se mit alors s’élancer dans la rue, tout en évitant les différents obstacles tels que des poussettes, des personnes âgées, ou encore, des petits enfants qui lui barraient inconsciemment le chemin.
Elle se dépêcha et finit par agripper la barre de fer qui venait de la retenir. La silhouette du hérisson passa dans la ruelle quelques mètres plus bas, ne prêtant aucune intention à ce qui l’entourait, ni même aux ordres épuisés de sa dresseuse.

«  Feurisson ! Rah… ! » Pesta-t-elle avant de descendre hâtivement les escaliers

La coordinatrice soupira longuement, se demandant où pouvait-il bien allé et pourquoi était-il si pressé. Voyant que l’animal venait de s’arrêter, elle ralentit à son tour, mais la vitesse à laquelle elle était lancée fût trop rapide, si bien qu’en esquivant l’attaque d’un Pokémon inconnu, elle perdit l’équilibre et tomba sur les fesses. Elle jura dans ses dents avant de se redresser et de voir que la silhouette d’un jeune homme la regardait froidement. Le prénom de Paul s’afficha alors dans son esprit.

«  Encore toi ? Qu’est-ce que tu fiches ici ? » Questionna-t-il âprement
«  Pose cette question à Feurisson ! Ce n’est pas moi qui ai décidé de courir dans toute la ville pour atterrir ici ! » Râla la coordinatrice en pointant son compagnon d’un doigt accusateur

Elle tentait tant bien que mal de reprendre son souffle tout en toisant le regard moqueur de ce dernier. Il baissa ensuite les yeux sur le hérisson qui était à ses pieds et qui rejoignait à présent son congénère, provoquant un nouveau soupir las de sa dresseuse. Les deux Pokémons parlaient visiblement dans leurs langues. Le visage de Paul se décomposa, écœurer de voir un de ses compagnons de poche sympathiser avec celui de la même espèce que lui et qui, de surcroit appartenait à une godiche tel qu’Aurore.

«  Qu’est-ce que t’es entrain faire ? On reprend l’entrainement. » Imposa-t-il durement
«  Elle a bien droit à une pause, non ? » Demanda-t-elle dans un sourire

Elle le regarda la jauger, froncer les sourcils, croiser les bras, tourner la tête pour finalement grogner de mécontentement. Un autre sourire se forma sur ses lèvres, comprenant qu’il capitulait et qu’elle pouvait enfin reposer ses pauvres jambes. La coordinatrice se laissa littéralement tomber sur le carré d’herbe le plus proche et ce, non sans lâcher un soupir las.

Elle tourna ensuite la tête pour voir qu’il s’installait à côté d’elle, une brique de jus de fruit en main. Il aspira une longue gorgée et lâcha un râle de dégoût, les yeux rivés sur les deux congénères qui semblaient ravis de faire connaissance.

«  C’est pitoyable. »

Elle se détendit et prit appui sur ses paumes arrière tout en étirant ses jambes devant elle. Son compagnon de poche venait de donné un léger coup de tête à celui du jeune homme, arrachant au passage une autre exaspération à ce dernier.

«  C’est plutôt mignon, j’trouve. » Positiva Aurore
«  Tss… »

Elle jeta une œillade à son voisin, voyant qu’il buvait une fois de plus dans son jus de fruit pour faire passer le mauvais film qui passait devant ses yeux. Une grimace se forma sur le visage de ce dernier et son nez se plissa brièvement.

«  J’vois vraiment pas ce que tu trouves de mignon là-dedans ! C’est tellement écœurant… ! »

Consciente de la bombe qu’elle allait lâcher d’ici quelque secondes, un large sourire étira les lèvres de la coordinatrice. Elle devait clairement avouer qu’elle s’en délectait d’avance et qu’elle avait hâte de voir sa réaction.

«  Ça serait encore plus chou s’ils devenaient amoureux ! »

Paul tiqua légèrement mais ne répondit pas pour autant. Un continuel et strident bruit bourdonna dans les oreilles de la jeune fille et elle comprit qu’il n’y avait plus de liquide dans la brique du jeune homme. Bizarrement, elle croyait qu’il allait s’emporter tout de suite après qu’elle ait parlée… Il continua à aspirer l’air, irritant profondément la jeune fille, qui finit par sortir de ses gonds.

«  Arrête ! » S’emporta Aurore

Sa bouche se sépara de la paille, permettant à un soupir gras de s’enfuir, alors que Paul en profita pour tourner sa tête et la toiser de son regard le plus noir. Une imposante affirmation venait de franchir ses lèvres :

«  Mes Pokémons ne seront jamais amoureux. »

Aurore reporta son attention et observa les deux animaux qui étaient à deux mètres de là. Un air de défi s’empara de ses traits et elle étira un fin sourire. Elle questionna Paul dans un « Tu crois ? » et prit plaisir à voir le regard incompréhensif du jeune homme.

Le dresseur regarda ensuite dans la même direction qu’elle, remarquant que l’atmosphère entre les deux monstres de poche venait de changer ; les deux hérissons s’étaient rapprochés et celui de la coordinatrice allait entreprendre de passer la langue sur une des blessures de son semblable.
Sentant les répercutions que cette action allait avoir, le jeune homme se leva en vitesse, jeta négligemment sa brique dans l’herbe, fit quelques pas et attrapa rapidement son animal par la peau du cou, l’empêchant ainsi de se faire consoler. Il se retourna vers la jeune fille et la dévisagea de sa hauteur.

«  Tu ne sais pas tenir ton Pokémon en laisse, ou quoi ? » Attaqua Paul

Elle plissa les yeux, détailla rapidement sa réaction, et constata que la peur l’avait engloutit, qu’il  craignait que les deux Pokémons ne franchissent la barrière qu’il ne voulait visiblement pas voir.

«  Pourquoi tu les a séparés ? Ils ne faisaient rien de mal ! »
«  Si tu as envie de tenir une garderie, vas-y. Mais pas moi. Je ne veux pas devenir baby-sitter pour faibles. »

Il ramassa son sac à dos, le posa fermement sur son épaule et considéra méchamment le hérisson qu’il tenait du bout des doigts.

«  Allez viens, toi. Nous n’avons plus rien à faire ici. »

Il baissa ensuite les yeux sur la coordinatrice qui venait de se relever, les sourcils froncés.

«  C’est la dernière fois qu’on se voit. Et n’essaie pas de me retrouver, compris ? » Ordonna-t-il froidement
«  Qui sait ? Peut-être que ce sera toi qui viendra à moi, la prochaine fois ? » Demanda-t-elle dans un sourire plein de sous-entendus

Paul jeta un autre regard méprisant à son partenaire et le lâcha pour qu’il retombe platement sur ses pattes, les oreilles rabaissé sur son crâne. Il sortit ensuite une petite sphère rouge et blanche qu’il agrandit par un tour de passe-passe avant de faire rentrer l’animal à l’intérieur. Un soupir las franchit la barrière de ses lèvres tandis qu’il entreprit de quitter le terrain d’entrainement. Il passa à côté de la coordinatrice, non sans lui adresser un autre regard froid, et s’engouffra dans la ruelle. Aurore cligna des paupières, se demanda ce qu’elle pouvait bien faire à présent et finit par suivre naturellement le jeune homme, l’avertissant au passage qu’il pouvait l’attendre.

Elle monta les escaliers précédemment descendu à la suite de ce dernier et se plaça à ses côtés dans un mouvement rapide alors que son Type Feu la talonnait en silence. Il bifurqua à droite et continua lentement son chemin sur le passage piéton. La coordinatrice réprima un soupir, détestant le silence qui avait décidé de s’accrocher sur les épaules des deux jeunes. Paul s’arrêta à un carrefour et toisa agressivement la silhouette qui se tenait à sa gauche.

«  Tu vas continuer à me suivre comme un petit chien encore longtemps ? » Réprimanda-t-il sur un ton las

Intimidée et consciente du fardeau qu’il était en train de supporter, elle baissa lâchement les yeux. Du coin de l’œil, elle voyait que le feu s’illuminait d’une couleur verte, signifiant que les passants pouvaient traverser la route, et sentit le corps du jeune homme s’engager sur la voie, en même temps que d’autres inconnus. Elle le rattrapa et, dans un murmure, s’excusa  à contrecœur.

«  C’est pour combler le manque de tes amis que tu restes à côté de moi ? … C’est vraiment pitoyable… ! » Grogna-t-il en grimaçant
«  C’est facile pour toi de dire ça, tu as toujours été seul ! » Rétorqua Aurore en fronçant les sourcils, blessée des propos de ce dernier

Le pas de Paul se fit plus lent lors d’un instant, avant de reprendre sa marche à un rythme normal. La coordinatrice remarqua avec étonnement qu’un petit sourire étirait ses lèvres. Pourquoi souriait-t-il ? Qu’y avait-il de marrant à ne jamais avoir eu d’amis ? Était-ce un prétexte pour cacher le poignard qu’elle venait de lâchement lui enfoncer dans l’estomac ?

«  Tu as raison ; j’ai toujours été seul. » Admis-t-il calmement, « D’un certain point de vu, ce n’est pas plus mal ; Pas de liens qui se tissent. Pas de regrets lors des adieux. Pas de fardeaux qui te ralentissent. Des tas d’occasions qui te permettent d’avancer sans te freiner dans quoi que ce soit… !. »

Ce fût au tour d’Aurore de s’arrêter net, choquée par les propos du jeune homme. Il faisait comme s’ils étaient insignifiants à ses yeux. Ce qu’elle, prenait pour des inconvénients, lui, les prenais pour des opportunités. Qu’est-ce qui n’allait pas, chez lui ? Aimait-il tant la solitude ? Et puis, que faisait-il de sa seule famille ; son grand frère ? Elle comprenait bien qu’il n’aimait pas vraiment la foule et préférais les endroits calmes, mais de là à n’avoir que pour seul compagnie ses Pokémons, c’était un peu… un peu quoi ? Après tout, qui était-elle pour juger ce qu’il devait faire… ?

Le bruit d’un klaxon la fit sursauter dans un spasme, l’obligeant à tourner la tête vers l’origine du son qui lui cassait les oreilles. Un conducteur mécontent râlait tout en mêlant plusieurs gestes pour lui faire comprendre qu’elle était encore au milieu de la route et qu’elle gênait tout le passage. Elle baissa les yeux vers son compagnon de poche qui la regardait interrogativement, ce à quoi elle sourit en guise de réponse avant de rejoindre l’autre côté de la chaussée. Aurore regarda la foule et constata qu’elle venait de perdre toute trace du désagréable jeune homme. Évidemment ; il n’allait pas prendre la peine de rester avec elle alors qu’il voulait, plus que tout, être tranquille. Un soupir las sortit de ses lèvres tandis qu’elle reprit sa marche. Après tout, elle n’était rien, vis-à-vis de lui. Simplement l’amie de son pire et détesté rival…

Un sourire trancha son visage en deux lorsque son regard coula sur le hérisson qui la suivait prudemment. Grâce à lui, elle allait pouvoir montrer à Paul que l’amitié et l’amour étaient essentiels à tout le monde. Sans exception.


Dernière édition par Laura57 le Mer 10 Juin 2020, 15:33, édité 3 fois
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natsu dragneel

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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux Icon_minitimeVen 24 Jan 2014, 18:05

Ah ça fait plaisir de lire une de tes fics  Very Happy 
J'aime beaucoup ta façon de décrire les lieux et les actions de tes personnages
Les scène où les deux feurisson se rencontrent et se font des câlins sont très touchantes
C'est marrant de voir que d'une fic à l'autre le caractère des personnages diffèrent sensiblement (cas de Paul)
Je me demande comment Aurore va réussir à rassembler les deux pokemon feu et comment elle va tomber amoureuse de Paul
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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux Icon_minitimeVen 24 Jan 2014, 18:58

EH eh Very Happy tu vas demander pourquoi je poste un commentaire alors que j'ai travaillé avec toi sur cette fiction XD

Même si je connais déjà la suite, je voulais simplement te dire que je suis super fière de toi !! Même si ça à prit du temps pour réaliser les idées de scènes, pour accomplir cette fiction, vraiment bravo ! Very Happy

Et c'est là que je me dis :" Heureusement que je t'ai proposé l'idée" Surtout que c'était un moment où je ne pouvais pas trop me permettre de faire des fictions... Smile

Vraiment, c'était une superbe collaboration, à refaire !

A part ça, tu écris toujours aussi bien ! Very Happy J'adore ton style d'écriture !
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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux Icon_minitimeVen 31 Jan 2014, 13:53

Coucou ! :DMerci pour vos commentaires ! Very Happy
Je vous postes la suite sans tarder ! Elle sera plus longue que le précédent mais j'espère que vous l'aimerez quand même! ^^

Chapitre 2 : « J’aurais très bien pu te laisser là-bas, mais une partie de moi n’a pas voulue… » Lolo57

«  Qu’est-ce que je pourrais bien prendre ? » Se demanda la coordinatrice, les yeux rivés sur la vitrine de la cafétéria

La jeune fille s’était posté devant le comptoir et n’arrivait visiblement pas à se décider sur le choix des pâtisseries. Elle soupira, repéra un appétissant pain au chocolat, croisa le regard de la vendeuse et finit par lui sourire doucement.

«  Je crois que je vais prendre celui-là. »

La jeune femme empaqueta la source des plaintes qui lui arrivaient aux oreilles et tendit le sachet à cette dernière. Après l’avoir remercié, Aurore sortit de la cafétéria sous les commentaires plus ou moins désagréables des impatients qui s’étaient agglutinés derrière elle, son Pokémon de Type Feu sur les talons.

Elle longea le couloir, passa devant le réfectoire, s’apprêta à monter les escaliers mais remarqua que son compagnon ne la suivait plus ; il s’était arrêté à l’entrée de la seconde pièce et semblait fixer quelque chose, comme paralysé.

«  Tu viens, Feurisson ? »

L’animal coula une œillade sur sa dresseuse et s’enfonça dans la salle. Pestant contre son Pokémon, la coordinatrice fit alors demi-tour et pénétra dans le brouhaha ambiant. Elle chercha son fuyard des yeux et finit par voir une tache sombre se déplacer rapidement vers la gauche pour se cacher sous une table. Elle fronça les sourcils et planta ses poings sur les hanches, se demandant ce qu’il était en train de fabriquer avant de prendre une inspiration et de se lancer à sa poursuite.

«  Reviens ici ! » Siffla-t-elle doucement

Elle s’excusa platement auprès des dresseurs qu’elle interrompait, honteuse, et se remit à la recherche du hérisson tout en jurant entre ses dents, les sourcils froncés.

«  Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi pitoyable que toi. Tu fais vraiment peine à voir. »

Aurore reconnue la voix du jeune homme qui venait de parler et tourna la tête à gauche pour voir le regard moqueur de ce dernier.

«  Je t’ai pas sonné ! Et puis d’abord, mêle-toi de tes affaires ! »

Elle observa les environs tout en bredouillant plusieurs choses insignifiantes et en râlant à cause de son compagnon qui avait encore disparu.

«  Si c’est ton Pokémon que tu cherches, il est juste là. » Informa-t-il en pointant l’autre côté de sa chaise

La coordinatrice fit le tour et constata qu’il avait raison. Elle plissa les yeux et toisa le dos de l’animal qui était assis et qui regardait le jeune homme avec insistance. Elle croisa les bras sur sa poitrine et martela vivement le sol avec son pied, agacé que son compagnon n’ai même pas fait attention à elle.

«  Feurisson. Allez viens. » Appela-t-elle dans un soupir

Le Type Feu ne bougea pas d’un centimètre et continua de considérer Paul, comme s’il attendait quelque chose, ce qui irrita profondément le concerné. Il leva ensuite les yeux pour ricaner de la situation dans laquelle était la jeune fille.

«  Si c’est comme ça que tu élèves tes Pokémons, je comprends pourquoi tu es si faible. C’est digne d’une débutante. »
«  Ton Feurisson te désobéit aussi ! Alors ne viens pas me faire la morale, d’accord ? » Riposta-t-elle, mécontente

Le jeune homme sourit légèrement et reporta ensuite son attention sur le hérisson qui ne bougeait toujours pas, statufié en face de lui. Il toisa durement le Pokémon et contracta sa mâchoire.

«  T’as finit de me regarder comme ça, toi ? » Railla-t-il, grossièrement

Aurore se laissa tomber sur la chaise qui était à côté d’elle et reposa son coude sur le dossier tout en riant doucement, le sourire aux lèvres.

«  Je crois qu’il veut que tu fasses sortir ton Feurisson. »
«  Il peut rester comme ça encore longtemps. Je ne cèderai pas à son petit caprice. » Répondit-il avant de couler une œillade sur l’animal, « T’as entendu ? Alors dégage, maintenant. »

Paul soupira gravement, se leva en déclarant qu’il en avait marre et qu’il s’en allait d’ici, enfonça ses mains dans les poches de sa veste et finit par se diriger vers la sortie. Il s’arrêta, sentant une présence derrière lui, et constata que le hérisson s’était mis à le suivre. La coordinatrice rit à gorge déployé, ridiculisant ainsi le jeune homme qui lui adressa un regard noir avant de le voir quitter la salle dans un long et ferme soupir.

Aurore mordit dans son pain au chocolat, se leva à son tour, sortit à son tour en hâtant le pas et bifurqua à gauche, tout en montant les escaliers. Elle continua son chemin et se retrouva dans le hall principal, distinguant la silhouette de Paul qui semblait râler activement sur le hérisson à ses pieds.

La jeune fille le rejoignit, se disant qu’il était temps de mettre fin aux souffrances de ce dernier, et se baissa pour récupérer difficilement son compagnon de poche dans un autre rire. Paul soupira une énième fois et se posta devant le comptoir de l’accueil.

«  C’est pour reprendre vos Pokéballs, je suppose ? Attendez un instant. » Avertit l’infirmière Joëlle

La jeune femme se retourna et lui fit à nouveau face, un plateau contenant plusieurs sphères rouge et blanches. Il les saisit, les rangea à sa ceinture, remercia l’infirmière et s’éclipsa tandis que la coordinatrice croquait à nouveau dans sa pâtisserie, le hérisson dans un bras.

Paul continua son chemin en essayant tant bien que mal d’ignorer la silhouette qui le traquait et finit par monter les escaliers en lâchant un râle insatisfait. Arrivé devant sa porte, il inséra la clé dans la serrure qui chuinta dans un bruit métallique, pénétra à l’intérieur en prenant soin de refermer l’accès dans un geste las et soupira d’aise. Malgré les cris qui résonnaient derrière la porte en bois, il était enfin débarrassé de cette stupide coordinatrice.

Les cris cessèrent et les pas craquèrent sur le sol. Après un moment et étant certain que plus personne n’était dans le couloir, Paul se décolla de la porte et gagna son lit pour s’y laisser tomber.
Il s’allongea sur le matelas puis soupira longuement, exaspéré de toute l’énergie que cette petite sotte ne lui drainait en étant simplement à ses côtés. Repensant ensuite aux paroles de l’infirmière qui lui avait conseillé de sortir de temps en temps ses compagnons de poches pour qu’ils voient autre chose que les combats, il empoigna quatre de ses Pokéballs et les lança en l’air.

Un monstre jaune et noir avec deux câbles électriques en guise de queue apparut près de la porte, tandis qu’un furet noir munit d’un col et d’une crête rougeâtre fit de même. Un oiseau blanc et noir doté d’un chapeau sombre déploya ses ailes alors que le hérisson qui lui posait le plus de souci se matérialisa aux pieds de son lit.

Un soupir fendit ses lèvres, le regard rivé sur l’oiseau qui venait de se poser silencieusement sur la couverture. Il étendit ensuite ses bras de part et d’autre de son corps, résumant dans un murmure tout son compte rendu d’aujourd’hui.

«  Quelle journée fatigante… »

Le jeune homme roula ensuite sur son flanc, rencontrant les deux orbes rouges de son plus fidèle partenaire et cligna doucement des paupières.

«  Sans parler de l’autre pimbêche et de son Feurisson qui n’ont pas arrêtés de me coller. » Lâcha-t-il en réprimant une grimace

Du coin de l’œil, il vit le Type Feu rejoindre le bord du lit dans un bond et le fixer comme l’avait fait celui de la coordinatrice un peu plus tôt dans la soirée. Une grimace de dégout s’empara alors de son visage et par la même occasion, lui faire froncer dangereusement les sourcils, prévenant que son prochain commentaire n’allait pas être un compliment.

«  Qu’est-ce que tu me veux, toi ? Retourne à ta place. Je ne t’ai rien demandé. »

Le hérisson détourna honteusement le regard et baissa les oreilles, comme coupable. Paul continua sur sa lancée, se disant qu’il comprendrait certainement ce que son maitre attendait de lui et qu’il abandonne l’idée de voir son congénère. Il  plissa donc les yeux avant de prendre un ton froid -et clairement- sans appel.

«  Tu es incapable de faire ce que je te demande à l’entrainement. Alors ne pense même pas à voir le Pokémon de l’autre cruche. C’est hors de question. »

Un voile de tristesse passa dans les yeux de l’animal tandis qu’il quittait lentement le bord du lit pour aller s’allonger tranquillement à l’endroit où il était apparu.

«  Tss… Tu es vraiment pitoyable ! » Railla-t-il amèrement avant de rouler de l’autre côté de son flanc

Un autre soupir las sortit de sa bouche. Ses jambes s’alourdissaient petit à petit, tandis que ses bras se transformaient en véritable plaque de béton. Il cligna à nouveau des paupières, soufflant à ses compagnons de poche qu’ils pouvaient dormir en dehors de leurs Pokéballs, mais qu’il ne ferait pas ça toutes les nuits, avant de sombrer lentement dans le monde des rêves.

OoOoOoOoOoOoOoOoOoO

Un bruit résonna au loin, se rapprochant petit à petit des oreilles du jeune homme qui grogna silencieusement. On l’appelait, apparemment. Il fronça les sourcils, décidé à rester encore au lit, justifiant mentalement qu’il avait encore besoin de repos, avant que plusieurs cris ne lui fassent ouvrir définitivement les yeux. Paul cligna des paupières et se redressa dans un râle contrarié. C’était encore la nuit. Il attendit un instant que ses pupilles ne s’adaptent à l’obscurité et remarqua que ses compagnons de poche le fixaient impatiemment.

«  Qu’est-ce qu’il y a ? » Grogna-t-il

Après que les monstres ne se soient lancé un regard entendu, ce fut le fidèle compagnon du jeune homme, le Type Electrique, qui se mit à expliquer la situation du mieux qu’il pouvait. Leur camarde, celui qu’il avait attrapé récemment et qui lui donnait du fil à retordre, était partit. Les Pokémons étaient réveillés depuis cinq bonnes minutes et avaient décidé que la solution la plus judicieuse serait d’appeler leur maître. Et donc, le hérisson n’était plus dans la chambre et avait visiblement quitté le bâtiment. Paul constata que c’était effectivement le cas, et qu’il n’y avait aucune trace de ce dernier dans la pièce.

«  Comme si j’avais besoin de ça, maintenant… » Soupira-t-il en passant une main sur son visage fatigué

Mécaniquement Paul voulut repousser la couverture, mais ne saisit que du vide. Il remarqua alors qu’il avait non seulement dormit sur cette dernière, mais qu’en plus de ça, la fatigue l’avait empêché de se changer, l’obligeant à s’assoupir complétement habillé.

Un autre soupir vint fendre l’air, et c’est tout en râlant ouvertement au mauvais quart d’heure que la fugitive allait passée qu’il se leva du lit pour s’étirer longuement. Il constata ensuite qu’il n’était que trois heures et demie du matin, faisant augmenter d’un cran la rage qui bouillonnait en lui, et jeta une œillade à ses monstres de poche.

«  Elekable, viens avec moi. Les autres, restez ici. Je n’en ai pas pour longtemps. »

Le jeune homme sortit silencieusement de la chambre et ferma la porte, son compagnon sur les talons. Un râle mécontent franchit ses lèvres alors qu’il descendait les marches en faisant le moins de bruit possible. S’il la retrouvait, il allait vraiment se faire entendre… ! Oser s’enfuir sans sa permission ! Et pour la seconde fois, en plus… ! Qu’est-ce qu’il lui avait pris d’écouter les conseils d’une femme qui n’était là que pour soigner des monstres de poche ?
Paul réprima un soupir et bifurqua à droite avant de presser le pas, voulant en finir au plus vite avec cette histoire pour retrouver le sommeil. Il barra inconsciemment la route à une frêle silhouette qui sursauta dans un petit cri avant de le détailler.

«  Paul ? C’est toi ? » Chuchota-t-elle, incertaine

Le concerné s’arrêta net avant de se retourner et de grimacer sérieusement. Aurore venait de s’approcher de lui, dévoilant la forme d’un petit pingouin étalé sur le haut de son crâne.

«  Je n’ai pas de temps à perdre avec une idiote comme toi. » Déclara-t-il avant de poursuivre sa route

Des bruits de bottes résonnèrent derrière son dos, le faisant gravement soupirer et provoquant l’arrêt du Type Electrique qui continua à suivre son maître après avoir considéré un instant la jeune fille.

«  Attends ! Toi aussi tu cherches ton Feurisson, c’est ça ? » Questionna-t-elle en se plaçant prestement à ses côtés
«  Quelle importance ? »
«  On pourrait les chercher ensemble, nan ? »

Un « Nan » catégorique sortit de sa bouche, montrant ainsi son mécontentement, tandis qu’il sortait du centre, le regard rivé sur l’horizon. Un léger soupir retenti à sa droite.

«  On serait beaucoup plus efficace si on s’y mettait à deux. » Tenta encore la coordinatrice dans une petite moue

Un rictus s’empara soudainement du visage du jeune homme, voyant encore une opportunité de la taquiner et de refuser l’aide qu’elle réitérait.

«  Erreur ; seul, je serais beaucoup plus efficace qu’avec une incapable tel que toi. Maintenant va chercher de ton côté. Et laisse-moi tranquille, d’accord ? »

Elle se stoppa net, toisant idiotement le dos de Paul avant de froncer les sourcils et de le rejoindre en hâtant le pas. Un râle sortit du fond de sa gorge avant qu’il ne braque un regard menaçant sur cette dernière. Pourquoi s’obstinait-t-elle à le suivre alors qu’il lui faisait clairement comprendre qu’elle était inutile à ses recherches ? Et pourquoi n’obtempérait-elle pas devant le ton plus qu’exécrable qu’il employait ? N’était-elle pas intimidée par son caractère ?

Le jeune homme tourna la tête et croisa les deux orbes rouges du monstre jaune.

«  Tu la vois, Elekable ? »

Le Pokémon observa les alentours avant de s’arrêter devant un cul de sac. Il s’y enfonça dedans et en ressortit un instant plus tard, secouant la tête en signe de négation.

«  Et toi, Tiplouf ? Quelque chose ? » Demanda-t-elle en leva les yeux en l’air

Le petit pingouin lui répondit par une triste moue, signalant qu’il n’avait toujours rien vu. Il sentit la silhouette de la coordinatrice se tourner vers lui, l’air sérieux.

«  Mon Feurisson aime les endroits sombres où il peut se reposer tranquillement. Si possible, à proximité de baies Ceriz. Ce sont ses préférées… »
«  Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? » Soupira-t-il en reprenant sa marche
«  En rassemblant nos informations, nous pourrons les retrouver assez vite, tu ne crois pas ? »

Une autre plainte franchit la barrière de ses lèvres. Dans un sens, elle avait raison, cela lui permettrait de gagner du temps et de retourner plus rapidement au centre. Mais il refusait qu’une idiote aussi pathétique qu’elle ne lui vienne en aide. Accepter son offre revenait à se rabaisser, à se considérer comme faible. Sa mâchoire se contracta d’écœurement tandis qu’un grognement sortit du fond de sa gorge. Il pouvait très bien se débrouiller sans que cette maladroite ne vienne l’entraver dans sa progression… !

Paul enfonça ses mains dans les poches avant de s’arrêter et de toiser son reflet dans la vitrine d’une boutique, coulant une œillade à la silhouette à côté de lui qui regardait par-dessus son épaule. La fatigue l’assomma brusquement et l’obligea à passer une main sur son visage pâle. Il avait vraiment besoin de repos… Il décida ensuite, et en se fustigeant mentalement, qu’il allait donner ses informations à cette sotte pour qu’elle lui lâche la grappe et qu’ils retrouvent enfin leurs deux fuyards. Seulement voilà…  Hormis ses attaques, il ne connaissait rien du tout de son Pokémon. Pour lui, ce n’était qu’un outil en amélioration. Ses goûts, ses habitudes, il ne savait rien.

Paul traversa la chaussé, prenant soin de jeter un œil des deux côtés de la route avant de gagner l’autre bord. Un cri strident le fit sursauter dans un léger spasme.

«  Feurisson ! Où es-tu ? »

Le Type Eau imita sa dresseuse en mettant ses nageoires des deux côtés de son bec et en criant à son tour, irritant profondément le jeune homme qui la fusilla du regard.

«  Tu veux réveiller tout le quartier, ou quoi ? » Railla-t-il en reprenant un rythme cardiaque plus ou moins normal

La coordinatrice se retourna pour lui faire face en fronçant les sourcils, les poings sur les hanches.

«  Excuse-moi de chercher nos Pokémons ! »

Cette fois, ce fût au tour d’Aurore de soupirer longuement. Il la vit réfléchir activement avant de voir son visage s’illuminer dans un large sourire, ce qui ne lui disait rien de bon.

«  Mais bien sûr ! Ils sont peut-être ensemble ! Allons voir au parc. » Déclara-t-elle
«  Tu veux marcher jusque-là bas ? C’est de l’autre côté de la ville, t’es au courant ? »
«  Tu veux les retrouver, oui ou non ? » Rétorqua durement la coordinatrice

Paul grogna en guise de réponse avant de détourner le regard. Il ne se sentait vraiment pas de marcher jusque là-bas, mais la probabilité que leurs Pokémons y soient dépassaient les soixante-dix pourcents. Et puis, pour semer leurs dresseurs, le meilleur moyen était de s’éloigner le plus possible. La voix d’Aurore la stoppa dans ses réflexions, signalant qu’il devait se dépêcher s’il voulait que tout ceci se termine rapidement. Il pesta contre cette dernière, maudissant le fait qu’elle était à plusieurs mètres de lui et qu’il fallait courir pour la rattraper.

Lorsque son Pokémon et lui arrivèrent à sa hauteur, elle les distança à nouveau.

«  C’est notre moyen de rejoindre le parc ! Alors dépêchez-vous ! » Justifia-t-elle

Le jeune homme jura entre ses dents. Elle avait facile de donner des directives ! Encore fallait-il qu’elle les respecte… ! Il força sur ses jambes, vomissant au passage un soupir las, et tira sur ses bras. Il regarda par-dessus son épaule, constatant que son compagnon jaune le suivait toujours avant de reporter son attention devant lui.

Après avoir rattrapé la coordinatrice et couru pendant un quart d’heures, ils marchaient silencieusement, reprenant leurs souffle du mieux qu’ils pouvaient.

«  Nous sommes bientôt arrivés. » Déclara Aurore en expirant bruyamment

Paul inspira profondément et finit par soupirer à son tour. Pourquoi fallait-il qu’elle gâche cet agréable silence pour l’informer d’une chose qu’il savait déjà ? S’il n’était pas aussi épuisé, il lui aurait directement rétorqué de se taire, mais ses forces le quittèrent de plus en plus, le faisant tituber légèrement. Il passa une main lasse sur son front afin d’en essuyer la sueur, expira une nouvelle fois et jeta une œillade à sa voisine. Elle aussi était fatiguée malgré le fait qu’elle faisait tout pour ne pas le montrer. Sa respiration était saccadée et son souffle retentissait exagérément dans l’air.

Le jeune homme reporta son attention devant lui et remarqua à son grand soulagement que l’entrée du parc se rapprochait d’eux.

«  Enfin… ! » Souffla la coordinatrice dans un sourire

Ils arrivèrent, content d’avoir atteint leur seule piste, avant que plusieurs grognements et gémissement ne sortent de leurs gorges, et qu’un air dépité ne s’affiche sur leurs visages.

«  Les grilles sont fermées. » Constata piteusement Aurore

Paul plissa les yeux, s’approcha des barres de fer pour en secouer une, et soupira gravement. La clôture était bel et bien fermée. En d’autres termes, ils avaient fait tout ce chemin pour rien. Il ferma un instant ses paupières et se tourna vers la coordinatrice, les mains dans poches.

«  Escaladons. » Ordonna-t-il simplement

Cette dernière lui lança un regard confus, lui demandant silencieusement plus d’explications, et ce à quoi il soupira à nouveau. Est-ce que cette fille possédait au moins une once d’intelligence ?

«  Nous devons escalader. C’est le seul moyen. »
«  Quoi ? Mais on ne peut pas faire ça ! » Rétorqua-t-elle immédiatement
«  Parce que tu vois d’autres moyens ? » Riposta-t-il tout en examinant les tiges de métal

Il lui jeta à nouveau une œillade pour voir qu’elle venait de croiser fermement les bras, signe qu’elle n’était pas du tout d’accord avec ce qu’il projetait de faire.

«  Et puis d’abord, ton Pokémon est assez fort pour défoncer la grille, nan ? Sert-toi de lui ! »
«  Tu veux vraiment qu’on se fasse repérer… ! Tss… »

Il se redressa et s’approcha d’elle, pointant au passage son côté gauche du pouce.

«  Allons là-bas. Le mur est un peu plus petit. Nous pourrons l’escalader facilement. » Déclara-t-il avant de se mettre en marche, son compagnon jaune derrière lui
«  Sauf que tu oublies un détail : Je suis en robe. »

Il s’arrêta pour tourner paresseusement la tête et baisser ses deux orbes noirs sur ce que portait la jeune fille. C’est vrai qu’il l’avait toujours vu avec sa ridicule robe rose… Un soupir irrité s’échappa alors de ses lèvres.

«  Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse…? Tu n’avais qu’à mettre autre chose. »
«  Tu n’as qu’à trouver une autre solution ! Je ne peux pas monter dans ces conditions ! »
«  On a pas d’autres solutions ! » S’emporta-t-il, « Alors maintenant, tu arrêtes de te plaindre et tu te dépêches, compris ? »

Un grognement lui parvint aux oreilles, avant qu’il ne sente à nouveau la présence de la coordinatrice et de son pingouin à côté de lui. Paul bifurqua à gauche et s’arrêta quelques mètres plus loin. Il considéra le mur devant lui et décida qu’ici, cela devrait aller.

«  Les Pokémons devraient monter en premier. » Proposa-t-il

Aurore hocha la tête et leva les yeux sur le petit monstre bleu qui venait de se redresser sur sa tête. Le Type Eau prit appuie sur son crâne et bondit vivement sur le muret. Il se redressa, fit signe à sa dresseuse qu’il avait réussi et descendit de l’autre côté. Paul jeta ensuite un regard au monstre jaune qui rejoignit le pingouin dans un brutal saut.

«  A nous… J’y vais. »

Le jeune homme s’avança face au mur qui le toisait de sa hauteur et fronça les sourcils, relevant ainsi le défi qu’il lui imposait. Il fléchit ses jambes et sauta rapidement, les bras tendus vers le haut. Un râle s’échappa de sa gorge tandis qu’il retombait sur ses pieds. Il réessaya, agrippant d’une main le bord, avant que son corps n’agisse comme pression vers le sol, le faisant lâcher prise dans une seconde injure.

«  Saute plus haut. » Lui conseilla la coordinatrice
«  Je le sais, c’est bon ! Toi et tes commentaires inutiles… ! » Railla-t-il, mécontent

Il pesta fortement avant de recommencer et d’attraper à nouveau le bord, se hissant difficilement jusqu’en haut. Il soupira prestement et lança une œillade à Aurore afin qu’elle fasse de même. La jeune fille fixa le bloc de ciment avant de prendre un air déterminé et de s’élancer vers le haut. Ses bottes touchèrent malheureusement le sol tandis que ses mains rappèrent sur la pierre. Elle retenta encore une fois, les sourcils froncés, avant d’avoir à nouveau pied sur la terre ferme. La coordinatrice aperçu alors le sourire moqueur de Paul qui étirait doucement sur ses lèvres.

«  Saute plus haut. » Conseilla-t-il, ironiquement

Elle se renfrogna, toisant durement la silhouette du jeune homme, fléchit les genoux pour imiter l’effet d’un ressort sur ses jambes et empoigna fragilement le bord.

«  Tss, tu parles d'un dresseuse…! Même pas fichue de monter un simple mur ! » Commenta-t-il entre ses dents
«  Si tu crois que c’est facile… ! »
«  J’y suis arrivé, moi. » Répondit-il fièrement
«  Hé ! J’te rappelle que je suis plus petite que toi ! » Râla-t-elle

Il croisa les bras et la jaugea longuement avant de soupirer, irrité. Bon sang, mais quelle incapable, cette fille… !

«  Dépêche-toi un peu ! Tu veux que quelqu’un nous voit, ou quoi ? »

Il dévisage la coordinatrice atterrir une nouvelle fois sur le sol, et regarder l’état de ses mains dans une légère moue. Elle se frotta les mains et tenta encore d’escalader le mur du parc dans un soupir las.

«  Tu pourrais m’aider, au moins ! » Réprimanda-t-elle

Il jura ouvertement, pestant contre l’incompétence de cette dernière, avant de lui tendre la main et de se retenir au bord du mur. Il serra vivement sa paume et la tira brusquement tandis qu’elle faisait glisser le bout de ses bottes contre le ciment. Elle gagna enfin le rebord du mur et lâcha un râle de soulagement. Ils glissèrent de l’autre côté dans un bruissement de feuilles, rejoignant ainsi leurs compagnons de poches.

«  Allons-y, maintenant. » Souffla Aurore à voix basse

Paul ne trouva rien à redire et enfonça ses mains dans les poches pour s’engager sur l’un des routes principales, le monstre jaune derrière lui. Du coin de l’œil, il remarqua que le petit pingouin avait repris sa place sur la tête de sa dresseuse, les sens en éveil.
Le jeune homme s’arrêta et fixa une tache sombre qui se formait entre les branches d’un buisson, tandis que le Type Electrick alla regarder derrière un arbre. Aurore, quant à elle, avança prudemment, informant doucement à son compagnon qu’il devait faire très attention.

Une minute plus tard, l’alerte du manchot qui pointait un autre arbre attira l’attention du jeune homme et de son Pokémon. Il s’approcha de la coordinatrice, se disant que le Pokémon Eau avait certainement repérer quelque chose d’insignifiant, ne correspondant pas du tout à ce qu’ils recherchaient, avant d’être coupé par la voix de sa dresseuse.

«  Tu as vu quelque chose, Tiplouf ? » Questionna-t-elle en levant les yeux sur celui-ci

Paul distingua alors une forme noire s’écraser gracieusement sur l’herbe et disparaître dans un bond. Un rapide coup d’œil lui fit comprendre que la coordinatrice n’avait pas remarqué ce qu’il venait de voir et s’approcha de l’arbre pour le toiser, les mains dans les poches.

«  Qu’est-ce que tu fais ? »
«  Elekable. » Appela-t-il sans se retourner, ignorant la question d’Aurore

L’animal sut d’instinct ce qu’il fallait faire et se plaça aux côtés de son maître. D’un coup sec, il plongea les deux câbles dans les branches de l’arbre pour les redescendent un instant plus tard, pivotant au passage vers le jeune homme. Paul examina les quelques fruits qui tombèrent dans sa paume et finit par constater qu’il avait raison sur son hypothèse. C’était bien les baies que le Feurisson de la coordinatrice préférait…

«  Qu’est-ce que t’as trouvé ? » Demanda la jeune fille en regardant au-dessus de son épaule

Il referma automatiquement la main et jeta sèchement les fruits dans un coin sombre avant de s’engager à nouveau sur la route, ordonnant à cette dernière de le suivre. Paul pressa le pas afin d’arriver dans ce qui ressemblait à un aire de jeux pour enfants.

«  Tu crois qu’ils sont ici ? » Questionna sa voisine à voix basse
«  Ferme-la, un peu. » Imposa-t-il durement

Ne voulant pas provoquer une dispute, Aurore se renfrogna amèrement. Il l’entendit tout de même jurer entre ses dents avant qu’elle ne se rapproche pour pénétrer dans la mer de sable qui s’imposait à eux. Il leva les yeux et s’approcha doucement du bateau en bois.
Une œillade vers le toboggan lui indiqua qu’aucun être vivant ne s’était installé dans la cabine. Il arriva aux côtés d’Aurore qui venait de s’accroupir en face d’une éventuelle cachette.

Il se courba et regarda l’un des hérissons déposer plusieurs baies rondes près de son congénère avant de rapper doucement sa langue sur sa mâchoire.

«  Oh, c’est trop mignon !! » S’extasia la coordinatrice, un sourire plaqué sur le visage

Le jeune homme resta interdit devant l’échange des deux animaux qui venaient de lancer une œillade aux deux dresseurs avant de faire comme s’ils n’étaient pas là. Ils semblaient bien plus proches que la dernière fois, croquant dans un des fruits offerts avant de se blottir amoureusement l’un contre l’autre. S’en fût bien trop pour Paul qui avait la mâchoire serré et les yeux ébahis. Il décida alors d’intervenir, de stopper cette affreuse scène qui le scandalisait au plus haut point.

«  Arrête ça tout de suite ! » Explosa-t-il

Les deux animaux ainsi que la coordinatrice et son pingouin sursautèrent à l’unisson, se tournant vers la voix tonitruante de ce dernier. Une veine grossit légèrement sur sa tempe alors qu’il continua sur sa lancé, enragé par les images candides qu’il venait de voir.

« De quel droit te permets-tu d’avoir des signes d’affections envers les autres ? Tu sais très bien quelles sont mes règles ! »

L’animal rabattit platement ses oreilles sur son crâne, se tassant un peu plus sur lui-même,  avant que le mâle ne vienne s’interposer entre sa compagne et le dresseur, les poils hérissés, prêt à bondir à la seconde suivante. Cela n’effraya pas pour autant le jeune homme, puisqu’il enchaina toujours aussi hargneusement.

«  Je t’ai dit que c’était hors de question que tu ailles le voir tant que tu n’auras pas réussie ce que je t’ai demandé ! En plus, pour retrouver celui dont tu t’es amourachée ! C’est dégoutant… ! Comment tu as pu tomber aussi bas ? Espèce de bonne à rien ! Je t’ai déjà expliqué que les sentiments n’étaient que des fardeaux ! Je croyais qu’avec un Pokémon comme toi, j’allais enfin gagner mes matchs, mais je me suis trompé… Tu es comme tous les autres : Pitoyable et sans intérêt… ! »

Il soupira légèrement, tentant de retrouver désespérément son calme, et passa une main fatigué sur son visage.

«  C’est à cause de toi et de ton sale égoïsme que je suis là, à l’autre bout de la ville, en pleine nuit, fatigué, au bord de l’évanouissement. Et tout ça pour te retrouver...! » Railla-t-il, épuisé
«  Non mais ça va pas ! Pourquoi tu lui parle comme ça ?! T’es complétement fou ! » Intervint Aurore, choqué par les propos de ce dernier

Il tourna la tête et confronta son regard haineux à celui, colérique de la coordinatrice, avant de la sentir s’immobiliser entièrement, pétrifiée par sa simple volonté de la faire taire.

«  Je t’ai déjà dit que cela ne te concernait pas ! Alors ferme-là ! »

Son cerveau était embrouillé et commençait à le faire réellement tourner de l’œil. Décidant intérieurement que la conversation n’allait mener nulle part d’ici quelques secondes, elle était donc reportée à plus tard. Il réunit ses dernières forces pour enfoncer ses poings dans les poches et pour se retourner afin de quitter le parc. Il n’eut le temps de lancer une frêle œillade à son fidèle compagnon jaune pour lui annoncer qu’il était temps de partir, qu’une aveuglante lumière surgit de nulle part, l’obligeant à fermer les yeux.

«  Hé ! Vous, là ! » Grésilla la voix d’un homme

Les deux jeunes ainsi que les monstres de poches plissèrent difficilement les yeux, éblouis par cet éclairement soudain. La voix de ce qui semblait être le gardien retentit à nouveau, mécontent, avant qu’il ne s’approche prestement d’eux.

«  Qu’est-ce que vous faites ici ? C’est interdit d’y pénétrer la nuit ! Il me semblait pourtant avoir fermé le portail… ! » Finit-il en bougonnant

Paul serra les dents et lui ordonna froidement de baisser sa lampe s’il voulait qu’ils répondent à ses questions. Le quarantenaire s’excusa avant de diriger son rayon de lumière sur le sol et de croiser les bras sur sa veste sombre.

«  Alors, j’attends des explications. »
«  Nous venions simplement récupérer nos Pokémons. Ils s’étaient enfuis. » Répondit Aurore en se redressant, son hérisson dans les bras
«  Elle a raison. Maintenant, laissez-nous partir. J’ai envie de dormir. » Imposa le jeune homme en toisant le gardien

L’homme soupira dans sa moustache et plaça son poignet sur sa hanche, tandis que Paul fit rentrer le hérisson dans sa Pokéball, non sans lui avoir envoyé un de ses regards noirs dont il avait le secret.

«  Les jeunes de nos jours… Bon, allez-y. Mais que je ne vous y reprenne plus ! »

Un soupir passa les lèvres de Paul alors qu’il s’extirpa de la mer de sable et regagna la sortie principale, ouverte par le gardien qui leurs recommanda de revenir uniquement aux horaires prévues, recevant un autre râle de la part du jeune homme.

OoOoOoOoOoOoOoOo
Un râle fatigué brisa le calme de la pièce tandis qu’une main repoussa mollement la porte dans son dos. L’horloge du réveil affichait cinq heures zéro deux.

«  J’suis crevé… ! » Gémit Aurore en s’affalant sur son lit

Le nez dans la couverture, elle resta dans cette position, profitant du silence pour clore doucement ses paupières tout en respirant avec soin. Après une heure et demie de balade nocturne, elle avait retrouvé son Pokémon et était épuisée par les efforts qu’elle avait fournis tout au long de la nuit. Un sourire trancha son visage en revoyant le couple de hérisson se blottirent amoureusement l’un contre l’autre. Il disparut instantanément en repensant au comportement de Paul par la suite. Il avait plongé dans une colère noire en découvrant que ce qu’il redoutait le plus s’était réalisé. Son Pokémon était tombé amoureux.

Elle comprenait le fait que voir deux individus afficher leurs sentiments était plus ou moins gênant, surtout pour un type de la trempe de Paul, mais pourquoi avait-il tant de haine ? D’accord, pour lui, ce n’étaient que des fardeaux, mais ce n’était pas une raison pour se transformer en bloc de glace et devenir un antisociale ! Ce jeune homme était décidément un problème à lui tout seul… Mais au fond d’elle, Aurore ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine empathie. Il voyageait seul, et par conséquent, était livré à lui-même. Non pas qu’il ne sache pas se débrouiller, mais il n’avait personne avec qui parler, avec qui échanger quelques paroles. Bien sûr, ses compagnons de poche étaient là, mais elle était certaine qu’il ne le faisait uniquement pour leurs donner des ordres aux entrainements ainsi qu’aux matchs. Sans compter cette solide carapace qu’il portait à longueur de journée. Comment diable faisait-il pour ne pas craquer ?

Un léger sourire étira ses lèvres. Dans un sens, elle le respectait aussi pour cette raison. C’était le seul garçon qu’elle connaissait à être malsain dans tout son être, et comme elle l’avait pensé plus tôt, être complément seul. Elle se mit un instant à la place du jeune homme et réprima une faible grimace. Toiser les gens comme s’ils étaient nos pires ennemis, être désagréable aux moindres paroles, ne pas sourire, vouloir toujours le meilleur, être froid avec ses Pokémons… Non, elle ne voulait vraiment pas s’imaginer l’horreur que cela pourrait être. Elle deviendrait vite folle.

Aurore fronça les sourcils et repensa ensuite aux ignobles paroles qu’avait reçu le Pokémon Feu. Il ne les méritait pas et devrait être complètement désemparé, à l’heure actuelle. Cependant, Paul avait traité tous ses Pokémons  de la même manière. Des êtres pitoyables et sans intérêt. C’était sa façon de faire. Sa méthode de dressage. Son empreinte. Du moins, tant qu’ils ne le satisfaisaient pas, c’était l’étiquette imposée. Mais ce qui la faisait à présent sourire, ce qu’elle voulait à tout prix briser le masque du jeune homme. Voir, même s’il est petit, bref et effarouché, un vrai sourire. Après tout, il s’était confié à elle par le passé alors qu’elle ne lui avait rien demandé. Pourquoi ne devait-elle pas croire qu’il se confie encore une fois à elle ?

La coordinatrice roula sur le dos dans un faible râle puis offrit ses prunelles bleues au plafond. Elle étendit son cou pour regarder en arrière et scruter d’un air pensif, le bord de la fenêtre. Un peu d’air frais lui changerait les idées, pensa-t-elle. Elle se redressa en ayant l’impression d’avoir été assommé, et gagna lentement la vitre. Elle la fit coulisser, appuya ses paumes sur le rebord, pris une longue inspiration, comme emporté par le geste, et apprécia le contact frais du vent sur son visage. Un soupir d’aise franchit la barrière de ses lèvres dans un sourire satisfait.

«  Ça fait du bien… » Laissa-t-elle échappée
«  Il faut toujours que tu gâches le moment des autres… ! »

Aurore hoqueta à ce ton désagréable, reconnaissant au passage cette voix qu’elle n’avait pas entendue depuis une quinzaine de minutes et chercha d’où elle pouvait venir. Au bout de trois secondes, la voix de Paul résonna à nouveau dans l’air.

«  Lève la tête, idiote. »

Elle obéit et croisa automatiquement un visage sombre qui la toisait, accoudé à la fenêtre. Elle ne voyait pas très bien d’où elle se trouvait, mais il semblait que les trait du jeune homme soient tirés, comme s’il complétement épuisé mais qu’il restait intentionnellement éveillé.  

«  Paul… »
«  Pourquoi, à chaque fois que je suis quelque part, tu es toujours dans mes pattes ? » Demanda-t-il, visiblement éreinté
«  C’est toi qui est dans mes pattes ! Et puis d’abord, qu’est-ce que tu fiches là ? »
«  Je prends l’air. Ça se voit, non ? »
«  Je croyais que tu étais « fatigué, à bout de forces, et que tu voulais dormir » ? »
«  Toi aussi, tu n’as pas arrêté de me casser les oreilles sur le chemin du retour. Tu voulais « donner n’importe quoi en échange d’être dans ton lit dans les cinq minutes qui suivent. » … »

Un soupir gras fendit l’air. Ils n’arriveraient jamais à parler correctement s’ils continuaient à se provoquer comme ça. La coordinatrice pivota sur elle-même, tourna le dos à la fenêtre, accoudée sur le rebord, et s’appuya à la limite du déséquilibre afin de voir correctement le jeune homme.  

«  Dis, Paul… Tu peux m’expliquer ton comportement ? Quand on a retrouvés nos Pokémons… »
«  Je n’ai rien à expliquer. Surtout pas à toi. »

Aurore soupira. Encore et toujours cette mauvaise foi. Y avait-il quelque chose à récupérer d’un garçon comme lui ? La confiance qu’elle lui avait placé en lui tout à l’heure commençait malheureusement à s’effriter par gros morceaux.

«  Arrête voir, un peu… ! » Sermonna-t-elle, fâchée, « J’aimerais comprendre ! On ne déteste pas l’amour comme ça !  »

Elle vit la mâchoire de Paul se contracter de dégout, signe qu’il repensait certainement à la scène du parc, et la toisa à nouveau.

«  Ne commence pas avec ta foutue morale sur les relations et la gentillesse. »
«  Tu l’as bien vu, non ? Ton Pokémon est heureux ! Au lieu de la rabaisser comme tu l’as fait, tu aurais dû être content pour elle ! »

Une autre grimace de la part du jeune homme lui indiqua que la bataille qu’il s’efforçait de tenir était perdue d’avance et qu’elle n’écoutera pas ses ordres. Après tout, elle aussi pouvait faire preuve de détermination.

«  Jamais je ne serais content pour un outil en cours de formation qui, de surcroit, n’obéit pas à mes ordres. Elle a un objectif à atteindre et n’en fait qu’à sa tête. Si elle ne comprend pas que ce qu’elle fait ne sert à rien, elle restera faible toute sa vie. »
«  C’est toi qui n’en fait qu’à ta tête, là ! Ce n’est pas en la privant de sa seule présence affective qu’elle aura envie de devenir plus forte ! Elle te désobéira encore et encore ! Réfléchis, un peu ! »

Un gémissement froid stoppa la jeune fille dans son monologue. La tête de Paul allait lentement de gauche à droite avant de croiser à nouveau ses deux orbes onyx. Elle voyait qu’il serrait les dents, les sourcils froncés, pour ensuite agripper le bord de sa fenêtre. Elle plissa le nez, comme pour se préparer à ce qui allait suivre. Et cela ne se fit pas attendre. Le jeune homme l’attaqua amèrement.

«  L’amour c’est répugnant ! Tu entends… ? L’amour ça ne sert à rien ! Ce n’est que pour les faibles ! Pour les abruties dans ton genre ! C’est quelque chose qui débloque dans ton cerveau ! Qui te fait perdre du temps ! C’est la pire chose qui n’est jamais existé ! Alors ne viens pas me faire la leçon sur la façon dont je traite mes Pokémons ! »

Aurore sursauta par autant d’animosité. Sa haine de l’amour était tellement solide, encrée en lui comme sa propre ADN que cela donnait la chair de poule. Cependant, cela ne lui expliquait toujours pas pourquoi il détestait tant que ça, une chose aussi merveilleuse. Tout ce qu’elle avait obtenue, c’était de le mettre en rogne comme jamais. Paul était vraiment né avec une telle colère contre l’amour ? Il y avait forcément une raison !

«  Ce n’est pas répugnant ! C’est quelque chose qui te fait grandir ! Ça ne gâche pas ton temps, ça l’utilise pour le rendre plus heureux ! Et ce n’est pas notre cerveau qui débloque, c’est simplement  qu’il veut que nous connaissions autre chose qu’une vie triste et monotone ! »
«  Une petite sotte comme toi ne sais rien de ma vie ! Qui te dit que je suis malheureux ? Qui te dit que j’ai une vie triste et monotone ? »
«  Mais toi, Paul ! Tu pues la solitude et la tristesse à plein nez ! Il faut être aveugle pour ne pas le voir ! »

Elle le vit sursauter, comprenant qu’elle avait touché quelque chose de sensible, avant de voir qu’il passait une main sur son visage tout en soupirant ouvertement. Il déclara d’une voix sèche qu’il en avait assez entendu, et qu’il allait se coucher.

«  Attends ! » Lâcha-t-elle, paniquée

Le rythme de son cœur s’accéléra brutalement. Elle voulait le retenir à tout prix. Pour qu’il l’entende. Pour qu’il l’écoute. Paul n’était plus à la fenêtre, mais mue par son intuition, elle continua sur sa lancée, se doutant certainement qu’il tendait l’oreille pour savoir si elle allait poursuivre ou si elle allait partir. Elle scruta méticuleusement l’étage du dessus, dans la mesure d’une possible réapparition, et finit par parler.

«  C’est vrai que je ne sais rien de ta vie et que tes affaires ne me regarde pas… Mais ce n’est pas en t’effaçant, en rejetant toute amitié, en déblatérant que l’amour c’est n’importe quoi, et en refusant que tes compagnons soient heureux, que tu arriveras à t’ouvrir aux autres ! Je suis convaincue que tu peux être, ne serait-ce qu’un moment, gentil avec ton entourage. Tu as certainement un bon fond. Je le sais. Alors s’il te plaît, essaye de faire un effort. »

Un frisson glacial lui parcourra l’échine et la fit trembler dans un faible spasme. Elle décida donc de rentrer se coucher puisque la fatigue vidait de plus en plus ses forces. Elle bailla à s’en décrocher la mâchoire, souhaita tout de même bonne nuit au jeune homme, et se décolla du rebord. Aurore referma la fenêtre et traversa la pièce tout en semant ses vêtements sur le parquet pour ensuite saisir et enfiler son pyjama. Elle bailla à nouveau, se frotta les yeux puis se glissa rapidement sous les couvertures après avoir coulé une œillade vers les chiffres rouges qui affichait maintenant cinq heures vingt-cinq.
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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux Icon_minitimeVen 07 Fév 2014, 17:29

Coucou ! Smile Déjà trois semaines qui se sont écoulées depuis le premier chapitre ! Que ça passe... ! x)
Enfin bref, je m'excuse du double-post, des fautes (je ne sais plus si j'ai relue ou pas) ^^', et je vous poste le nouveau chapitre ! Very Happy

Chapitre 3 : « Pourquoi tu es entrée dans ma vie… ? » Lolo57

Un grognement s’étouffa dans la couverture. Un long bras écarta le carré de coton tandis qu’un corps pâteux se redressa lentement. Les paupières toujours fermées, Paul porta sa main droite au côté de son crâne. Une douleur venait de s’emparée de sa tempe jusqu’à entendre clairement les battements de son cœur. Il ouvrit les yeux, s’habitua petit à petit à la lumière du jour et soupira grassement. Il s’ébouriffa les cheveux puis humecta ses lèvres. Une œillade à son réveil lui suffit à avoir une attaque cardiaque. L’horloge lui indiquait que l’heure du goûter approchait. Un soupir passa sa bouche tandis qu’il se tourna sur le côté, les pieds dans le vide. Comment avait-il pu dormir aussi longtemps ? Il avait eu un sommeil de plomb et tentait petit à petit de recoller les morceaux de ce qui s’était passé la veille…

La fugue de son Feurisson en pleine nuit. Aurore qui s’était imposé pot de colle. La recherche de leurs Pokémons dans la ville. Le parc. Les retrouvailles. La rentrée au centre. La dispute avec la coordinatrice par la fenêtre. Et puis plus rien.

Un autre soupir fendit l’air alors qu’une petite conclusion lui arriva à l’esprit. Il venait de rater une journée d’entrainement. Et c’était beaucoup trop… ! Tout ça à cause d’eux… ! Paul pensa ensuite à l’infirmière Joëlle, qui était censé réveiller après une certaine heure les dresseurs n’étaient pas levés, alors pourquoi n’était pas venue ? Il fronça les sourcils en se promettant de découvrir pourquoi. Mais ce n’est pas en restant planté dans son lit que les choses bougeront d’elles-mêmes. Dès qu’il sera prêt, il repartira aussitôt en entrainement. Et pendant qu’il y sera, il trouvera cette idiote d’Aurore pour rejeter la faute sur elle, pensa-t-il en souriant en voyant déjà la scène qu’il lui ferait. Il se laissa tombé lourdement sur le tapis, fouilla son sac de voyage pour y prendre des vêtements de rechanges, et se faufila en vitesse dans la pièce d’à côté : une douche avec toilettes intégré.

Le jeune homme se déshabilla totalement puis enjamba rapidement la douche. Il attrapa le pommeau de douche pour ouvrir le robinet. Une fois la température réglée à sa convenance, il accrocha la boule en acier sur un support adapté et profita longuement de la pluie qui venait, petit à petit, tremper son corps et ses cheveux. Il pivota pour mouillé son dos et en profita pour soupirer d’aise. Après avoir pris le gant de toilette rempli de gel douche, il se savonna lentement. Cette maudite coordinatrice lui avait vraiment gâché toute sa soirée, hier… Et cette conversation qu’il ne pouvait plus s’ôter de la tête. Il ne comprenait toujours pas pourquoi il était resté à la fenêtre lorsqu’elle lui avait dit d’attendre, et à l’écouter déblatéré des âneries plus grosses qu’elle.

«  Il faut être aveugle pour ne le voir ! » Cria à nouveau Aurore dans le creux de sa tête

C’était bien ça, le problème. Il pensait avoir enfin trouvé la façon de dissimuler ses émotions, de cacher à tout le monde sa fragile personnalité. Si bien que les personnes qu’il croisait le cataloguaient comme un garçon froid et distant, crachant sa franchise aux autres et par conséquent, ne sachant pas discuter correctement avec son entourage. Alors pourquoi une fille, aussi insignifiante qu’était Aurore, lui avait claqué sa propre vérité en pleine figure ? Serait-ce le temps qu’elle passait avec lui qui lui permettait de mieux voir derrière son masque ? Si c’était bien le cas, alors il devait mettre de la distance. Mais bien sûr, leurs Pokémons ne seront pas de cet accord. A moins de partir comme un voleur, sans un mot. Après tout, il n’avait aucun compte à lui rendre.

Paul se tourna sur lui-même et rinça la mousse qui parasitait sa peau. Il soupira à nouveau avant de prendre, cette fois ci, la bouteille de shampooing  pour s’en tartiner sur tout le crâne.

«  Alors s’il te plait, essaie de faire un effort. » Répéta doucement la coordinatrice
«  Tss… Je ne fais que ça… ! » Lâcha-t-il bien malgré lui

Le jeune homme empoigna le pommeau de douche et s’aspergea abondamment la tête afin de faire partir la mousse. Si elle était capable de voir qu’il puait la solitude et la tristesse, pourquoi ne voyait-elle pas qu’il ne supportait pas cette ambiance ? Que tout ce qu’elle disait était inutile ? Pourquoi persistait-elle ? Parce qu’après tout, elle n’avait pas d’importance pour lui. C’était juste une gamine qui passait son temps à sourire et fouiner dans les affaires des autres. Et il fallait que cela tombe sur lui, pensa-t-il en soupirant.

Il coupa l’eau, s’essora les cheveux et sortit de la douche en saisissant au passage une serviette bleue. Paul se sécha rapidement pour enfiler ses vêtements de rechange et prit ensuite soin de faire de même avec son cuir chevelu, n’hésitant pas à laisser le souffle chaud du sèche-cheveux lui chatouiller paresseusement la nuque. Une bonne dizaine de minutes tard, il ressortit avec un léger sourire sur le visage, satisfait de se sentir propre et plein d’énergie. Paul passa sa ceinture avec ses Pokéballs autour de sa taille, mit sa veste mauve, saisit son sac de voyage pour y ranger ses affaires qui gisaient çà et là, le cala sur son épaule, et sortit finalement de la chambre.

Il gagna rapidement le hall et, bien déterminé à savoir la raison de son retard, se planta devant le comptoir où trônait l’infirmière Joëlle. Elle le gratifia d’un sourire avant de le saluer prestement.

«  Je croyais qu’à partir d’une certaine heure, vous deviez réveiller les dresseurs qui ne seraient pas encore levés ? » Grogna-t-il, mécontent
«  Ah, cela doit être toi dont elle me parlait… Tu es Paul n’est-ce pas ? Oui, tu as raison, mais j’ai dû faire une petite exception. Ton amie savait à quel point tu étais fatigué. Alors elle m’a demandé de ne pas réveiller le jeune homme de la chambre 35. »
«  Amie ? » Répondit-il en arquant un sourcil
«  Une jeune fille avec un bonnet blanc, des cheveux bleus et Tiplouf à ses côtés. C’est bien ton amie, non ? »
«  Mais de quoi elle se mêle, celle-là ?! » S’emporta Paul sous le regard abasourdi de l’infirmière, «  Et bien sûr, vous avez fait ce qu’elle dit… ! Tss… Il ne fallait pas l’écouter ! C’est une folle, cette fille ! »
«  Mais, je croyais que… »

Paul soupira gravement pour lui couper la parole, et, décidé à savoir où elle se trouvait, demanda d’une voix ferme :

«  Où est-elle partie ? »
«  Je-…Elle est sortie en ville. Elle m’a aussi dit qu’elle reviendrait pour 16h40. Elle a dû supposer que tu dormirais une bonne dizaine d’heures et elle avait raison… »

Paul soupira une seconde fois et passa une main lasse dans ses cheveux. Il fallait vraiment qu’elle s’occupe de ce qui ne l’a regardait pas ! Si c’était le seul moyen qu’elle avait pour le voir, et accessoirement faire retrouver les deux Pokémons Feu, il n’y avait rien de plus désolant que ça. C’était minable et complétement absurde. Mais soit. Une œillade à la pendule suspendue derrière la jeune femme lui suffit à comprendre qu’Aurore allait revenir d’ici dix minutes. Il allait l’attendre, lui crié dessus pour ce qu’elle avait fait, et repartirait ensuite pour s’entrainer.

Le jeune homme lâcha un râle de mécontentement, fronça les sourcils en voyant le regard que lui lançait l’infirmière, et se retourna sans un mot, prêt à quitter le comptoir lorsque la voix de cette dernière l’arrêta dans son élan.

«  Tu as de la chance d’avoir une amie aussi attentive envers toi. Elle doit beaucoup t’aimer... »

La phrase le laissa un instant interdit, la bouche entrouverte, se perdant peu à peu dans les sens de ces mots, avant de se reprendre mentalement et de pincer ses lèvres dans une mou de dégout.

«  Ce n’est pas de la chance. Et ce n’est pas mon amie. » Finit-il par répondre avant d’enfoncer ses mains dans les poches

Il quitta l’accueil et alla se poster sur un des sièges libres qui servait de repos pour les voyageurs. Il croisa les bras sur son torse et les ferma les yeux dans un soupir. Cette fille l’obligeait vraiment à faire n’importe quoi ! Elle aussi, allait passé un mauvais quart d’heure ! Il ouvrit les paupières puis balaya paresseusement les inconnus qui entraient et sortaient du bâtiment.
Paul tourna la tête pour voir que l’aiguille approchait dangereusement de l’heure fatidique et retourna dans son analyse de la foule. Cela ne l’étonnerait même pas si elle arriverait en retard. Cette fille était tellement tête en l’air… Un soupir franchit ses lèvres lorsque son regard accrocha soudainement un chapeau blanc et des cheveux bleus. Il se leva brusquement, surpris qu’elle soit aussi ponctuelle, et lui fonça dessus d’un pas assuré.

«  T’es contente de toi, espèce d’idiote ? » Attaqua Paul en la stoppant dans sa marche

La coordinatrice tourna la tête, leva ses deux orbes bleues au-dessus de son épaule, et lui sourit largement. Il fronça les sourcils, sentant la rage l’envahir petit à petit. Qu’est-ce qu’elle avait  à sourire comme ça ?

«  Oh, Paul. Tu as bien dormi, à ce que je vois ! »
«  Ne prend pas ce ton avec moi ! Tu sais très bien pourquoi je suis en colère ! »
«  Vraiment ? Oui, en effet. Je dois bien avoir une petite idée…» Répondit-elle en faisant mine de chercher dans son esprit.
«  De quoi tu mêles ? Je ne t’ai rien demandé ! Alors pourquoi tu as été convaincre l’infirmière de me laisser dormir plus longtemps ?! D’habitude, elle lève les retardataires à 11h, maximum ! » Rétorqua-t-il, profondément irrité
«  Tu étais aussi fatigué que moi, j’te signale ! Il fallait bien que tu te reposes ! » Riposta-t-elle en se retournant totalement et haussant la voix
«  Mais t’as vue l’heure ?! Tu n’aurais rien dû lui dire et elle m’aurait réveillé en même temps que tous les autres! Que ce soit bien clair : Je n’ai pas besoin de ta pitié ! »
«  Pardon ? C’est pour ton bien, que j’ai fait ça ! Tu pourrais au moins me remercier ! » S’énerva la coordinatrice
«  Te remercier ? De m’avoir fait perdre une journée d’entrainement ? Et puis quoi, encore ? »
«  Et voilà ! » Constata Aurore, les bras au ciel, « Entrainement, entrainement, entrainement ! T’as que ce mot-là, à la bouche ! Même un pied dans la tombe, tu serais capable d’y aller ! »
«  Évidemment ! Si je veux être le meilleur, je n’ai pas le temps pour ce genre de détails ! »
«  Si tu ne penses pas à toi, il faut bien que quelqu’un le fasse ! » Explosa-t-elle, le visage contracté par la colère

Les pulsations de son cœur se stoppèrent une microseconde avant de reprendre un rythme normal. Il se tendit, les yeux écarquillés, comme une claque reçue en pleine figure. La phrase de l’infirmière l’assomma alors brutalement, si bien qu’il fût obligé de baisser la tête et couvrir son visage crispé par la tristesse à l’aide de sa main.

«  Paul, ça va ? »

Encore une attention qui vient s’ajouter aux précédents. Pourquoi faisait-elle ça ? Pourquoi lui donnait-elle de l’importance ? Hormis son frère, personne ne faisait attention à lui. C’était ce qu’il, c’était son choix. Mais pourquoi une fille aussi chétive qu’elle s’occupait de lui ? Pourquoi le mettait dans un tel état ? Lui qui regardait les autres de haut, il devait faire peine à voir en ce moment, pensa-t-il dans un vilain rictus.

«  Arrête de t’inquiéter pour moi… » Lâcha-t-il, abasourdi
«  Quoi ? »

Pitoyable, pensa-t-il ironiquement. Pourquoi ne passait-elle pas son chemin comme tous les autres ? Est-ce qu’elle se serait vraiment attachée à lui ? Elle devait le trouver ridicule, à l’heure actuelle…
Lui qui passait son temps à toiser les autres, à se moquer d’eux et à leurs faires des reproches… Maintenant les rôles étaient inversés. Surtout avec elle. Non, elle, ne le regardait pas de haut… Elle se plaçait au même niveau que ce dernier. Alors qu’elle était si faible… ! Comment osait-elle ? Un coup d’œil lui permit de voir qu’elle s’était rapproché, avait avancé une main hésitante pour la laisser en suspens, et le fixait, mal à l’aise.

«  Ca va, Paul ? Tu veux t’assoir ? »
«  J’ai dit… Arrête de t’inquiéter pour moi ! » Rétorqua-t-il en relevant la tête, le regard plein de haine

Prise de court, la coordinatrice sursauta, les yeux grands ouverts, avant de l’interroger silencieusement. Paul continua sur sa lancé, bien décider à regagner sa fierté qu’il avait perdue l’espace d’une minute, et adressa un air mauvais à cette dernière.

«  Qui t’a dit que tu pouvais t’occuper de moi ? Tu n’es pas ma mère ! Et encore moins mon amie ! Alors arrête de faire quoi que ce soit pour moi ! C’est compris ? Une faible comme toi n’a pas à se mettre à mon niveau ! Maintenant laisse-moi tranquille ! Et ne viens plus jamais me parler ! »

Le jeune homme reprit petit à petit sa respiration, fatigué d’user inutilement de l’énergie pour lui crier dessus, avant de déglutir dans un soupir lourd. Il jeta une œillade à la coordinatrice et voyait qu’elle venait de relever la tête.

«  Très bien. Je ne ferais plus rien pour toi. Je ne mettrais plus à ton niveau. Je vais te laisser tranquille. Tu te rendras bien compte que tout ce que je t’ai dit est vrai. Tu as besoin d’amis et d’amour pour vivre. Ce sont eux qui font ta force. Si tu n’as rien de tout ça, tu vas continuer de sombrer plus que tu ne l’es déjà... »
«  Mais arrête avec tes paroles sorties tout droit d’un livre de psychologue ! Tu crois tout savoir alors que c’est faux ! Quand est-ce que tu comprendras que je ne supporte pas tout ce que tu dis ?! C’est tellement enfantin et puéril ! Tu crois vraiment que la vie est un conte de fées ? Si c’est le cas, alors tu es encore plus idiote que je ne l’avais imaginé ! »

Paul se reprit mentalement et finit par soupirer en passant mollement sa main sur le visage.

«  Je me demande pourquoi je suis encore ici à parler avec toi… Je m’en vais. » Déclara-t-il, non sans lui avoir lancé un énième regard noir

Les mains dans les poches, il se dirigea vers la sortie et disparut derrière les portes du centre qui se refermèrent mécaniquement dans son dos.

OOoOoOoOoOoOoOoOo

Les pas de Paul le guidèrent à côté du centre, sur un terrain d’entrainement inoccupé. Il allait pouvoir se détendre et rattraper sa journée perdue. Le ciel était déjà orangé et le soleil s’était caché derrière l’horizon et les arbres environnants. Il posa son sac à ses pieds, sortit une sphère rouge et blanche qu’il lança au sol, et s’approcha du monstre jaune qui était apparu devant lui.

Le jeune homme lui donna les directives et ordonna à son Pokémon de se placer sur le milieu du terrain. Le Type Electrick joua des poings, des pieds, des câbles tout en bougeant aisément sur toute la surface. N’importe quel dresseurs devait admettre que le Pokémon était très puissant et se débrouillerai rudement bien. Cependant Paul avait la mâchoire contracté et les sourcils froncés. Quelque chose n’allait pas. Il ordonna à son Pokémon de briser le rocher qui était à sa gauche en y mettant toute sa puissance. Ce dernier obéit et le fendit parfaitement en deux.

Il lui ordonna ensuite de se projeter de toutes ses forces en l’air à l’aide de ses câbles et frapper le vent comme si c’était un adversaire. Elekable exécuta ce qu’il lui avait demandé et atterrit lourdement au sol avant de se tourner vers son dresseur. Paul grimaça. Non. Quelque chose n’allait vraiment pas. Qu’est-ce que c’était ? Il faisait pourtant tout ce qu’il lui disait. Alors quoi ? Il avait une sensation étrange…

Le jeune homme soupira ouvertement. Il décida d’appeler du renfort en faisant apparaître un autre de ses compagnons. Le furet rouge et noir se matérialisa à quelques mètres du dresseur. Paul ordonna à ce dernier de frapper le Type Electrick avec ses griffes, tandis que l’autre devait de protéger. Le monstre jaune et noir encaissa le choc et glissa en arrière, un air dur sur le visage.

«  Sois plus résistant ! Tu ne gagneras pas avec ce genre de défense ! » Réprimanda sévèrement Paul

Il n’eut pas à le répéter puisque le colosse ne recula plus devant l’offensive du furet. Il contracta sa main en un poing de foudre et repoussa son adversaire qui s’aplatit piteusement sur le sol. Le jeune homme eut un petit sourire de satisfaction avant de demander à son Dimoret de se relevé.

«  Blizzard ! » Cria Paul

Le Pokémon ne se fit pas prier et cracha des boules de neige plus grosses les unes que les autres.  Attends… Pourquoi lui demandait-il d’exécuter cette attaque ? Ce n’était pas la bonne ! Bien qu’elle fasse des dégâts considérables, elle n’était pas assez précise ! Qu’est-ce qu’il avait… ?
Il observa le monstre jaune esquiver sans mal la tempête pour cogner durement le furet avec la tranche de sa main, tel un karatéka brisant toute une pile de béton. Il tomba lourdement sur le sol, incapable de bouger. Paul comprit que c’était finit et le rappela de sa Pokéball. Il appela ensuite son Feurisson. Il croisa les bras, lui planta un de ses regards noirs dans les yeux et déclara fermement :

«  Ne me déçois pas. »

Le hérisson acquiesça timidement et se plaça sur le terrain. Il se mit en boule, fit exploser ses flammes et fonça sur son ennemi à toute vitesse. Le monstre le bloqua avec facilité et l’immobilisa à l’aide de ses câbles noirs. La roue enflammée cessa brusquement, dévoilant un hérisson qui se débattait comme il pouvait, avant de cracher une fumée noire à la figure de Type Electrick. L’index de Paul tapotait nerveusement sur son bras tandis qu’il grogna, mécontent.

«  Réfléchis avant d’attaquer ! Cette fumée ne sert rien si tu es pris au piège !! » Cria-t-il avant de fixer le nuage noir, « Elekable, débarrasse-toi en ! »

Le Pokémon projeta l’animal sur plusieurs mètres. Il s’écrasa mollement sur la terre avant de se redresser pour lui faire à nouveau face. Paul sursauta intérieurement. Lors d’un match,  il n’aurait jamais demandé à son compagnon de faire ça. Il aurait dû lui ordonner de l’attaquer, d’être sans pitié. Mais qu’est-ce qu’il se passait, à la fin… ? Il ne comprenait plus rien. Le jeune homme ordonna à son Feurisson de refaire la même attaque en y mettant toute sa puissance pour foncer encore une fois sur son adversaire.

«  Elekable, contre avec Poing-Eclair ! »

Le Type Electrick ferma à nouveau ses doigts en un poing plein de gerbes d’électricité et cogna durement la roue de feu qu’avait formé le hérisson. Ce dernier résista quelques secondes avant d’être projeté sur plusieurs mètres et de s’arrêter aux pieds de Paul, mal en point.

«  Tu vois ? Même en y mettant toute ta puissance, tu n’es pas capable de lui tenir tête ! Tu crois vraiment que tu vas gagner avec ça ? Tss… »

Le Type Feu tenta de se relever ; ses pattes tremblèrent affreusement et son souffle se faisait court. Il se redressa difficilement avant de retomber lourdement au sol. Paul le toisa rageusement. Ce Pokémon était vraiment un incapable. Voilà ce qui arrive lorsqu’on laisse les Pokémons faire leur vie… ! On n’obtenait rien de bon ! Un soupir fendit l’air.

«  Ce n’est en brutalisant un Pokémon que cela le rendra plus fort ! » Gronda Aurore dans un coin de sa tête

Il porta sa main à son crâne et ferma les yeux. Voilà que les paroles de cette stupide coordinatrice lui revenaient en tête… A un moment pareil… ! Il fit revenir le hérisson dans sa maison rouge et blanche et soupira fermement. Il était fatigué alors qu’il venait tout juste de commencer l’entrainement et qu’en plus de ça, il avait dormit pratiquement toute une journée. Il n’y comprenait décidément plus rien…

«  Tu étais aussi fatigué que moi, j’te signale ! Il fallait bien que tu te reposes ! » Rouspéta Aurore

Paul serra les dents et releva la tête. Avec les phrases de cette idiote, c’était impossible de se concentrer… ! Ce n’était pas ses Pokémons, mais lui, qui avait un problème. Voilà pourquoi il se sentait bizarre. Ce qu’elle avait dit tournait sans cesse dans sa tête. Et c’était ridicule.

«  Allez viens, on rentre. Ça ne sert à rien de continuer. » Soupira le jeune homme en faisant rentrer le monstre jaune à l’intérieur de sa Pokéball

De retour dans sa chambre, il ferma la porte et ôta son sac à dos qu’il posa sur son lit. A cause d’elle, voilà qu’il était incapable de s’entrainer… ! Pitoyable ! Paul se mit assis sur le matelas dans un long soupir, courbé, le regard fixé sur le tapis.

«  Entrainement, entrainement, entrainement ! Tu n’as que ce mot-là, à la bouche ! » Réprimanda Aurore

Cela recommençait. Comme un châtiment sans fin. Comme un cercle vicieux. Il porta ses mains à son crâne et le compressa dans l’espoir de la faire taire. Pourquoi ces paroles le hantaient comme ça ? Ce n’était que des mots dénudé de signification. Ils ne représentaient strictement rien, pour lui. Pourquoi cela l’affectait tant ? Il n’y avait rien d’aussi stupide que ça… !

«  C’est pour ton bien que j’ai fait ça ! » Répéta plusieurs fois Aurore au creux de son oreille

Il se laissa lentement glisser contre le bord du lit et atterrit sur la moquette. Là, maintenant, il pourrait donner tout ce qu’il avait pour que cela s’arrête. C’était insupportable. A vomir. Dégoutant. Et surtout, douloureux. Paul plissa les yeux à ses propres constatations. Douloureux ? Non, si cela était le cas, il faudrait que ça lui fasse mal. Tout ce qu’elle lui avait dit était complétement débile. Cela ne devait pas le toucher. C’était un garçon robuste, lui ! Pas une chochotte de première classe qui pleurait à la moindre réflexion !

«  Si tu ne penses pas à toi, il faut bien que quelqu’un le fasse ! »

Il secoua la tête, les paupières durement closes. Ce qu’elle disait était n’importe quoi. Elle se donnait de l’importance alors qu’elle n’était rien du tout. Mais tous ces mots, il les comprenait. Il savait ce qu’ils signifiaient, mais refusait catégoriquement d’admettre qu’au moins une personne s’inquiète pour lui. Cela reviendrait à renoncer à lui-même. A renier sa personnalité. A accepter que les autres s’alarment pour lui. Et ça, il en était hors de question.

«  Ça va, Paul ? Tu veux t’assoir ? »
«  Non… » Répondit-il en secouant à nouveau la tête

Après tout, il était toujours tout seul. Personne ne faisait attention à lui jusqu’à maintenant. Peut-être son frère, mais il était clément et lui laissait faire ce qu’il voulait. Alors que cette idiote ne le voyait pas de cet œil-là. Comme son pitoyable et rival Sacha, elle s’occupait des autres, leurs venait en aide lorsqu’ils étaient dans le besoin, se prenait d’affection pour eux et tissaient finalement des liens.

«  Tu as de la chance, d’avoir une amie aussi attentive envers toi. Elle doit beaucoup t’aimer... » Sourit l’infirmière
«  Non… » Répéta-t-il
«  Si tu ne penses pas à toi, il faut bien que quelqu’un le fasse ! » Rétorqua encore une fois Aurore

Le jeune homme serra les dents et réprima un râle qui se fit plus triste, une faible grimace sur le visage.

«  Tais-toi… »

Il ne comprenait vraiment pas pourquoi elle s’intéressait à un type comme lui ; c’était le diable en personne. Elle aimait donc tant se faire rabaisser ? C’était ça, qu’elle recherchait ? Un pauvre sourire mourut aussitôt qui était apparût sur son visage. Au moins, c’était la seule personne qui lui tenait tête... Dans un sens, ça lui faisait un petit divertissement...

«  Tu te rendras bien compte que tout ce que je t’ai dit est vrai. »

«  Non… Tais-toi… »

La pression allait atteindre son maximum. Si elle continuait de grimper, il ne la supporterait plus longtemps. Il allait finir par craquer. Mais oui ! C’était ça qu’elle voulait depuis le début : Le faire craquer, le pousser dans ses derniers retranchements. Et tout ça pour quoi, au final ? Lui faire reconnaitre qu’il avait tort et qu’elle avait raison.

«  Tu as besoin d’amis et d’amour, pour vivre... Si tu n’as rien de tout ça, tu vas continuer de sombrer plus que tu ne l’es déjà... »
«  Tais-toi, bordel ! » Cria gravement Paul

Le dresseur se recroquevilla un peu plus sur lui-même et finit par étouffer un sanglot. Une larme s’échappa de son œil. Une autre arriva à s’enfuir, tandis que d’autre suivirent silencieusement.

«  Non…. Non… » Lâcha-t-il en tentant d’essuyer les gouttes d’eau qui traçaient leurs chemin

Cependant, les gouttes d’eau étaient bien trop fortes. La bataille était perdue. Impuissant et puéril, il pleura sans retenu. Il souffla le trop plein de chaleur qui venait l’envahir et repris sa respiration avant qu’une quinte de toux ne le saisisse à la gorge.

«  Fais chier… ! » Railla Paul

Il reprit progressivement son calme et en profita pour renifler avec dégoût. Ses larmes affluèrent encore tandis qu’il s’accoudait à son genou, sa paume recouvrant son visage. Paul contracta méchamment sa mâchoire et ferma les yeux. Un frêle soupir s’échappa de ses lèvres avant qu’un bruit ne le fasse sursauter entièrement : La sonnerie d’un téléphone. Il mit un instant à comprendre qu’il s’agissait du sien. Le jeune homme s’essuya les paupières, se racla difficilement la gorge, se releva mollement pour tendre le bras, attrapa son sac, ouvrit la poche extérieure et empoigna son téléphone pour finalement s’allonger sur le lit. Il reposa son bras droit sur ses yeux et décrocha dans un soupir intérieur.

«  Ah ! Je croyais que tu n’allais jamais décrocher, Paul. »

Le jeune homme soupira avec lassitude. Ne pouvait-on pas le laisser tranquille une seule fois ? C’était donc trop demandé ?

«  Qu’est-ce que tu me veux, Reggie ? »

Ce n’était vraiment pas le bon moment pour l’appeler. Et il savait que son frère se mettrait à fouiner s’il trouvait son comportement bizarre. Pourvu qu’il ne se doute de rien, sinon il serait bon pour une autre discussion ennuyante.

«  Quoi, je n’ai pas le droit de prendre de tes nouvelles ? » Plaisanta légèrement l’interlocuteur
«  Ce n’est pas ça, mais… »

Paul soupira, sachant pertinemment que c’était perdu d’avance, et tourna la tête sur le côté pour fixer les chiffres rouges qui affichait dix-sept heures vingt et un.

«  Ne t’en fais pas, je vais bien. »
«  Tu es sûr ? Ta voix est bizarre… »
«  Je dois sûrement couvrir quelque chose. » Justifia lamentablement Paul après avoir reniflé
«  Allez, arrête ton char. Raconte-moi ce qui ne va pas. » Répondit Reggie après avoir lâché un petit rire
«  Je viens de te le dire : J’dois couvrir quelque chose. »

Le rire de son interlocuteur parvint brièvement à ses oreilles, l’irritant plus qu’il ne l’était déjà, et l’obligeant à froncer les sourcils.

«  Tu ne sais vraiment pas mentir, petit frère. »

Un sourire trancha légèrement son visage. Cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas appelé comme ça. Depuis qu’il lui avait ordonné  de ne plus l’appeler par ce qualificatif sous prétexte qu’il était grand et qu’il pouvait se gérer tout seul. Oui, cela faisait bien longtemps…, pensa-t-il nostalgiquement. La voix de Reggie résonna à nouveau dans le combiné.

«  Alors ? Qu’est-ce qu’il se passe ? »
«  Tu me soule, Reggie. » Rétorqua le jeune homme dans un râle fatigué
«  Je m’inquiète juste pour toi, tu sais. »

Paul grimaça rageusement,  lui rappelant clairement une certaine personne, et roula sur le côté pour tourner le dos à la porte de sa chambre.  Sur un ton amer et en une seule phrase, il résuma parfaitement la situation.

«  Cette idiote s’est permise d’entrer dans ma vie sans mon accord… ! Et je déteste ça… ! »
«  Aurore a encore fait des siennes, si je comprends bien. »
«  Cela fait trois jours qu’elle me suit partout. Avec son Feurisson ridicule… ! » Ajouta-t-il âprement
«  Elle en possède aussi un, alors ! Mais au fait, comment se passe ton entrainement, avec le tien ? »
«  Mal. Je n’arrive à rien, avec elle. Elle me fait les quatre cent coups. En plus de ça, elle est tellement faible que c’est désespérant. Et comme si cela ne suffisait pas, il faut qu’elle tombe amoureuse de l’autre… ! Écœurant… ! » Lâcha-t-il en réprimant un haut-le-cœur

Reggie rigola doucement à l’autre bout du téléphone. Le dresseur plissa les yeux et s’énerva profondément. Si c’était pour qu’il se moque de lui, il allait raccrocher et c’est tout ce qu’il y gagnera… !

«  Qu’est-ce qui te fais marrer ?! »
«  Je pensais juste que… que tu aurais pu en profiter pour te rapprocher d’Aurore, c’est tout. »

Paul sursauta dans un spasme et se releva d’un coup sec, les yeux écarquillés, le cœur battant.

«  Non mais t’es malade ?! Jamais je ne m’en rapprocherais ! Ni d’elle, ni de personne ! »
« Elle a l’air de beaucoup t’apprécier, pourtant. » Continua naturellement l’ainé

Le jeune homme était quasiment certain que son frère souriait doucement, derrière son téléphone. Il fronça durement les sourcils et serra les dents. Pourquoi tout le monde lui disait ça ? Ce n’était pas vraiment l’image qu’elle donnait envers lui. Pour lui sortir tout ce qu’elle lui avait dit…

«  Elle est plus fouineuse qu’autre chose. Tu devrais le savoir. Et puis, elle est pitoyable, elle est naïve, elle est idiote... » S’arrêta Paul avant de soupirer brièvement, «  Cette fille, c’est un nid à problèmes. Et je me fiche qu’elle m’apprécie ou pas. Je te l’ai déjà dit : L’amour et les amis, ça ne sert à rien. »
«  Tu as toujours peur d’être gentil avec les autres, je me trompe ? »
«  Ce n’est pas ça. C’est juste que je n’en voie pas l’utilité. »
«  Enfin, je suis content : Tu n’as plus l’air de pleurer. » Déclara gentiment Reggie
«  Je ne pleurais pas. » Rétorqua fermement Paul
«  Aurore a dû t’en dire, des choses, pour que tu sois dans cet état-là… Mais peut-être qu’elle n’a fait que te dire la vérité, après tout ? »

Paul se pinça l’arête du nez et réprima un énième soupir, les yeux clos. Il avouait qu’il savait bien que lui parler de ses problèmes mènerait à ce genre de conversation, sous entendant par-là qu’il regrettait d’en avoir parlé.

«  Je suppose que ce qu’elle a dit n’était pas très tendre, mais tu devrais l’écouter. Même si c’était sous le coup de la colère, elle ne veut que ton bien. » Continua l’ainé

Le jeune homme joua lentement avec la fermeture éclair de son sac, pensif. Les paroles de son frère, comme à chaque fois, creusaient doucement sa coquille et finirent par y percer une petite brèche. Une part de lui savait que son frère avait raison, qu’elle ne voulait que son bien, qu’elle était gentille, et qu’elle faisait tout pour sympathiser avec lui. Mais son autre côté refusait d’accepter quoi que ce soit. Un vrai dilemme. Il s’humecta les lèvres et tourna la tête vers la fenêtre. La voix de son interlocuteur atteignit une seconde fois ses oreilles.

«  Ce n’est pas parce que tu as un caractère difficile que tu ne dois pas être aimé. Tu le sais, ça. » Affirma Reggie avec compassion
«  Je sais… » Confirma automatiquement Paul

Ses yeux suivirent un oiseau qui fendait le ciel et disparaissait derrière l’encadrement de la fenêtre. Son grand frère avait toujours su trouver les mots pour le réconforter. Parce qu’au final, c’était à cela que servait un grand frère.

«  Paul ? Tu es toujours là ? »
«  Je vais raccrocher, Reggie… » Répondit ce dernier après avoir baissé honteusement la tête
«  Tu sais, quand je disais que tu aurais pu te rapprocher d’Aurore, je le pensais sincèrement. Cela te ferait dû bien. Même si ce n’est pas sur le plan amoureux, une amie, ça n’est jamais de refus. »
«  Elle ne m’intéresse pas. » Menti Paul en détournant mollement le regard
«  Bon : Je vais te laisser. J’ai encore quelques courses à faire. Prends soin de toi. A plus tard. »

Le jeune homme articula difficilement un « Oui » et raccrocha en même temps que son frère. Il referma son portable et lâcha un bref râle tout en se courbant, comme pour relâcher toute la pression de la discussion. Il pressa lentement l’appareil dans sa main et finit par le jeter au bout de ses pieds.

Il analysa minutieusement ses chaussures avant de décider qu’il ne dormirait pas ici cette nuit. Il avait besoin de prendre l’air. Une nuit à la belle étoile ne lui ferait pas de mal. Et puis, l’idée même de se retrouver une fois de plus, nez à nez avec la coordinatrice lui procura un frisson de dégout le long de la colonne vertébrale. Il quitta son matelas en silence, rangea son téléphone dans la poche de son sac, empoigna sa clé de chambre qui reposait tranquillement sur la table de nuit, enfila aisément son bagage, et sortit de la pièce en prenant soin de fermer la porte derrière lui.

Paul gagna rapidement les escaliers et entreprit de les descendre en prenant tout son temps. Une fois en bas, il s’arrêta net en croisant deux orbes bleus qui le regardaient avec étonnement. Il fronça les sourcils et toisa celle qu’il ne voulait absolument pas voir. Elle fit de même en tournant la tête, ignorant ouvertement sa présence. Son regard tomba sur le hérisson à ses pieds. L’animal dû sentir qu’il partait définitivement, puisqu’il assied sur ses pattes arrière et le regardait avec envie. Les mains dans les poches, le dresseur ferma un instant les yeux et toisa méchamment le Pokémon Feu, comme pour lui faire comprendre qu’il ne devait rien attendre de lui.

Paul continua ensuite son chemin comme si de rien n’était. En réalité, il était bien content que toute cette niaiserie soit terminée. Il allait pouvoir se reconcentrer sur les matchs et notamment, sur le prochain badge qu’il devait remporter.

OoOoOoOoOoOoOoOoOoO

Un soupir fendit tristement l’air. Cela faisait un moment qu’Aurore avait rejoint sa chambre. Ses deux prunelles tombèrent une énième fois sur le hérisson qui avait reposé sa tête sur ses genoux. C’était de sa faute si elle était là, assise au bord de son lit, à caresser le haut du crâne de l’animal dans l’espoir de le réconforter. Paul était enfin parti du centre sans même accorder un instant d’adieux pour les deux Pokémons, attristant au plus haut point le type Feu. Et puis, pourquoi ferait-il ça ? Il était bien content que tout cela soit terminé. Il n’en avait rien à faire puisque pour lui, l’amour ne servait à rien. Cependant, elle était encore intriguée par son attitude lors de leur rencontre en bas des escaliers. Il semblait fatigué, énervé, et même si elle ne l’en croyais pas capable, elle avait bien remarquée qu’il avait pleuré. La mine grise, des petits yeux, une démarche lente… C’était sans doute pour cela que, lorsqu’elle était revenue de sa balade, elle avait vue tout le monde regarder les escaliers avec confusion et appréhension. Des murmures chuchotaient qu’ils avaient entendu quelqu’un crier dans sa chambre, mais que personne n’osait allait voir ce qu’il se passait. Et puis après, d’autres inconnus disaient que les cris s’étaient arrêtés.

Qu’est-ce qu’il l’avait poussé à pleurer ? Il n’était pas du genre à verser des larmes à tout bout de champ. Son entrainement s’était sans doute mal passé, et il en avait tout simplement marre de ne pas réussir, supposa-t-elle. A moins que cela ne soit à cause de toutes les paroles qu’elle lui a dite ? Après tout, elle l’avait poussé à bout depuis quelques jours. C’était normal qu’il craque à moment ou à un autre. Mais, était-ce vraiment cela ? Paul ne s’abaisserait jamais à pleurer… Elle n’en était pas sûre à cent pour cent et pourtant, son intuition la poussait à suivre cette piste.
Un pauvre sourire trancha automatiquement son visage lorsqu’elle croisa les deux orbes rouges de son compagnon.

«  Ne t’en fais pas : Je suis certaine qu’on les reverras. » Rassura Aurore d’une voix qui se voulait confiante

L’animal acquiesça sans grand conviction et se blottit dans les bras de sa dresseuse. La coordinatrice fronça les sourcils en réprimant un soupir, irrité de l’impact qu’avait la méchanceté de Paul sur son Pokémon.

«  Il ne comprend vraiment rien… » Lâcha-t-elle en resserrant son étreinte

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Avec Oohfemme, on voudrait savoir s'il y avait des membres qui lisent notre fiction ? Pas qu'on a l'impression de poster pour rien mais... on a l'impression de poster pour rien, en fait. x)
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Elfi

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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux Icon_minitimeVen 07 Fév 2014, 21:01

Oh, je l'avais vu et lue sur fanfiction.net et j'ai remarqué qu'elle est aussi ici. Mais du coup, j'ai oublié de commenter...

Les chapitres sont longs, l'écriture est correcte... Je ne peux qu'aimer !  Very Happy 
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Laura57
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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux Icon_minitimeVen 14 Fév 2014, 20:19

Ce n'est pas grave, merci beaucoup pour ton commentaire ! ^^
Le chapitre est assez long, mais j'espère que vous aimerez ! Very Happy
Ah, et je n'ai pas tout relue, donc je m'excuse s'il y a des fautes d'orthographe ou de conjugaison qui trainent par-ci par-là... x)

Chapitre 4 : « Je ne sais pas qui tu es réellement. Je ne sais pas à quoi tu penses vraiment. Mais je suis prête à prendre le risque de te suivre... » Oohfemmeluxieuse

«  Sois plus résistant ! » Grogna sérieusement Paul

Au milieu de l’air de combat, la roue de feu qui se confrontait depuis un moment à la coquille entouré d’eau recula lentement pour enfin créer une explosion. La fumée envahit le terrain, tandis que les deux adversaires furent projetés aux pieds de leurs dresseurs respectifs. Le jeune homme fronça les sourcils et toisa méchamment le Crustabri qui sortait de la buée noire.

«  Recommence ! Et tâche de gagner, cette fois ! » Ordonna-t-il
«  Encore ? Très bien : Nous allons te montrer notre force… » Annonça doucement le Champion dans un sourire malicieux

Le Pokémon adverse était le dernier du Champion, alors que lui, possédait encore son Elekable en réserve. Il pensait pouvoir gagner avec le premier à qui il avait fait appelle, mais il fallait croire que le Maître de l’arène était plus fort qu’il ne pouvait y paraitre. L’animal se roula en boule et fit éclater sa puissance en s’enveloppant de dangereuses flammes.

«  Utilise à nouveau Aqua-jet ! »

Paul grimaça en voyant le crustacé s’entourer d’eau et se propulser à grande vitesse pour cogner durement le Pokémon de feu. L’animal poussa un cri de détermination avant de repousser la coquille mauve qui s’écrasa et glissa sur le sol.

«  Riposte avec Giga-Impact ! Vite ! » Rétorqua rapidement le Champion

Le Pokémon ne se fit pas prier et fonça sur le hérisson qui venait tout juste d’atterrir sur ses pattes, un gigantesque halo violet et jaune autour de lui. Le Type Feu encaissa le choc et s’aplatit à nouveau aux pieds de Paul, hors combat. L’arbitre annonça la défaite du hérisson ainsi que la victoire du Pokémon adverse. Paul contracta durement sa mâchoire et baissa la tête sur son compagnon qui était mal en point. Pourquoi ne gagnait-il pas avec elle ? Malgré le fait qu’elle avait battu le Type Eau au bras de fer, elle n’avait pas pu le mettre K.O grâce à ce coup. Et pour lui, s’était une défaite sur toute la ligne.

«  Incapable… ! » Lâcha-t-il hargneusement en faisant revenir le hérisson dans sa Pokéball

Il appela à nouveau le Type Electrick qui avait battu les deux premiers Pokémon du Champion et lui ordonna de briser la coquille dans laquelle le crustacé venait de s’enfermer. Elekable créa une large fente avant de cogner violemment la faille qu’il venait de produire à l’aide de son poing électrique.
Après que les gerbes jaunes se soient dissipées, la coquille s’ouvrit lentement, découvrant un adversaire aux yeux en spirale : Il était hors combat.

Paul eu un sourire en coin et rappela son fidèle compagnon. Le Champion s’approcha alors du désagréable jeune homme et lui remis avec fierté le badge tout en le félicitant. Il empoigna sa récompense, remercia l’homme d’une vingtaine d’années, et sortit de l’arène, les mains dans les poches.

Le jeune homme constata avec agacement que le ciel était déjà orange, signifiant qu’il était déjà dix-huit heures… Il arriva à un square où plusieurs enfants rejoignaient joyeusement leurs parents. Une minute plus tard, l’endroit était vide. Il sortit son outil en formation de sa sphère rouge et blanche, et considéra l’animal.

«  Tu peux m’expliquer ce que tu as fait, tout à l’heure ? C’était ridicule ! Même un débutant aurait su mettre son Pokémon K.O ! »

Le hérisson se tassa sur lui-même, aplatit ses oreilles sur son crâne et s’excusa dans un petit rugissement. Cette réaction instinctive obligea Paul à froncer durement les dents, en même temps que ses sourcils.

«  Je ne veux pas de tes excuses ! C’est Elekable qui a fait tout le travail ! Tu crois que c’est normal ? Tu aurais dû être en mesure de le battre mais tu n’as pas réussi ! Et arrête de regarder de tous les côtés : Ton petit copain n’est plus là pour te défendre ! » Réprima-t-il sévèrement

Il ferma les yeux, lâcha au passage un long soupir, et finit par croiser les bras sur son torse pour mieux jauger l’animal.

«  J’en ai marre, de toi… Vraiment. » Déclara-t-il impassiblement, « Pars. Tout de suite. »

Le type Feu sursauta et planta un regard effaré, confus, dans les deux orbes noirs de son dresseur.

«  Tu ne comprends pas ? C’est pourtant clair : Je ne veux plus te voir… ! Va-t’en ! »

Le jeune homme considéra piteusement le hérisson qui se justifiait du mieux qu’il pouvait, et serra légèrement son poing avant de lui couper brusquement la parole.

«  Ne promet pas des choses que tu es incapable de faire ! « Travailler encore plus dur » ? » Ricana Paul, « Laisse-moi rire ! »

Il regarda impassiblement son compagnon de poche baisser tristement la tête, coupable, avant de le voir faire demi-tour pour finalement aviser la haie qui semblait la plus proche. Paul serra les dents en voyant qu’il s’apprêtait à bondir.

Non, il n’allait pas l’abandonner. Avec la chance qu’il a, ça serait Aurore qui la récupérerait, et son potentiel serait gâché. Il préférait encore se coltiner ce Pokémon plutôt que de la remettre à une idiote incompétente.  Bien sûr, comme il le faisait avec ses autres compagnons de poche, il pourrait les laisser chez son frère pour qu’il s’en occupe, ou encore le donné à un petit garçon, mais s’il persévérait, il était sûr que son Pokémon ferait ce qu’il attendait de lui. Maintenant qu’il était coupé de sa relation avec son congénère, il allait le faire travailler dur, comme il le faisait depuis toujours.

«  Attends. » Lâcha-t-il froidement en faisant un pas en avant

Les mains dans les poches, il réprima un soupir et tendit son dos légèrement en arrière. Il planta ensuite son regard le plus menaçant dans les yeux du hérisson, qui ne comprenait visiblement plus ce que son dresseur voulait de lui.

«  Cela prendra des jours. Peut-être même des mois. Mais j’arriverais à te rendre puissant. Ton potentiel ne doit pas être utilisé n’importe comment. Alors tu resteras avec moi. Mais je te préviens : Si tu me déçois encore une fois, je n’aurais aucune pitié. C’est bien compris ? »

Paul regardait avec dégout les yeux brillant ainsi que le petit sourire de son Pokémon qui s’approchait de lui pour s’arrêter à bonne distance, et hocher positivement la tête, déterminé. Le soupir du désagréable jeune homme fendit l’air tandis qu’il déglutit et fit rentrer l’animal à l’intérieur de sa Pokéball. C’était bien la première fois qu’il renonçait à l’abandon d’un de ses compagnons de poches, pensa-t-il en s’humectant les lèvres. Une pensée futile traversa soudainement son esprit : Il avait soif.

Il quitta le square et remarqua un distributeur non loin de là, dans l’angle d’un bâtiment. Il gagna rapidement le coin sombre, repéra sa boisson préférée, fouilla dans ses poches pour y dénicher quelques pièces, inséra naturellement l’argent dans la fente et finit par taper le chiffre correspondant à sa commande. Il empoigna doucement sa brique de jus de fruit, détacha la paille et la planta dans le trou prévu. C’est tout en sirotant ses vitamines qu’il se retourna, les yeux clos, avant qu’une présence n’attire son attention et l’oblige à ouvrir ses paupières. Il sursauta intérieurement et, ayant avalé de travers, fut pris d’une quinte de toux. Il reprit sa respiration et considéra méchamment la silhouette qui se tenait devant lui.

«  Qu’est-ce que tu fiches là, toi ?! » Attaqua-t-il furieusement, « Évidemment : C’était trop beau pour être vrai… ! J’étais sûr que tu allais me suivre ! Dégage de là ! » Railla-t-il

Aurore le regardait, étonnée, avant poser une main sur sa hanche et de le toiser flegmatiquement. Elle était accompagnée de son fidèle pingouin bleu qui regardait curieusement le dresseur.

«  Quel accueil… » Constata-t-elle, « Et puis d’abord, je ne fais rien de mal. Je viens juste prendre une boisson. » Informa-t-elle d’un geste souple de la main
«  Tss… ! Ouais, c’est ça… » Rétorqua Paul en lui tournant le dos, peu convaincu

Ils restèrent tous les deux silencieux. Seul le bruit métallique des pièces qui tombaient dans le distributeur cassait l’ambiance. Paul aspira une gorgée de son jus de fruit dans l’espoir de faire passer le temps plus vite. Maintenant qu’elle était là, il se sentait étrangement perturbé. Sa présence le dérangeait. Pourquoi… ? Les paroles de son frère lui revinrent doucement en tête. Comme quoi… elle l’appréciait beaucoup malgré le fait qu’il le nie sur toute la ligne, qu’elle ne voulait que son bien, qu’elle s’inquiète juste pour lui et qu’il pourrait au moins essayer de se faire une amie. En d’autre terme, Aurore était la plus qualifiée.

Après avoir avalé une seconde gorgée, mordiller sa paille et lâcher un râle mécontent, il coula une œillade au-dessus de son épaule pour y voir la coordinatrice chantonner faiblement devant la machine. N’étant plus certain de son prénom et s’en fichant royalement de toute façon, il l’appela dans un bref grognement.

«  Hm ? » Répondit Aurore
«  Pourquoi tu fais tout ça pour moi… ? »

La commande de la jeune fille tomba lourdement dans un bruit sourd, lui permettant de récupérer la bouteille de soda, et se tourna vers lui dans un petit sourire.

«  Pardon. Tu disais ? »

Paul pivota et planta un regard inexpressif dans les prunelles de cette dernière. Il fronça les sourcils et pris l’un de ses airs le plus sérieux, lui faisant comprendre qu’il ne plaisantait pas, et finit par parler.

«  Pourquoi tu m’aides ? Pourquoi tu restes avec moi ? Qu’est-ce que ça t’apportes ? Dis-moi. »

Il vit la frêle silhouette d’Aurore se tendre dans un mouvement de recul, surprise de cet interrogatoire, et baisser les yeux sur le petit pingouin. Elle réprima un léger rire gêné, ce qui irrita automatiquement le jeune homme puisqu’il plissa les yeux.

«  C’est quoi tes questions bizarres, là ? Tu n’as rien de mieux à me demander…? » Lâcha-t-elle, mal à l’aise
«  Répond-moi franchement. »

Aurore se renfrogna et détailla la bouteille qu’elle faisait silencieusement passer d’une main à l’autre, concentrée. Après un moment, elle arrêta de s’amuser et dévissa le bouchon qui soupira brièvement. Paul scrutait la scène avec agacement : Pourquoi gagnait-elle du temps, comme ça ? Il lui avait demandé quelque chose de simple et elle s’occupait comme s’il n’était pas là. Il pressa légèrement sa brique alors qu’une veine commençait à battre sur sa tempe.

«  Parle ! » Éclata-t-il

La coordinatrice sursauta dans un spasme, imité de près par le Type Eau qui suivait confusément la discussion entre les deux dresseurs. Elle regarda le liquide pétillant avant de fermer les yeux et de revisser le bouchon sans même avoir bu une goutte. Elle releva la tête, rabaissa son bras et le fixa sans sourciller.

«  Désolé Paul, mais j’ai dû mal à te suivre... »

Il fronça durement les sourcils. Elle cherchait à gagner du temps, mais pour quoi faire ? A moins que cet interrogatoire ne la gêne vraiment… Non. Impossible. Après tout, elle devait assumer ses actes ! C’est à cause d’elle, s’il en était là, psychologiquement parlant !

«  Arrête de jouer à ça ! Répond-moi sérieusement ! »

Il la vit à son tour plisser les yeux, signe que cela n’annonçait rien de bon. Et la dispute ne se fit pas attendre. Elle resserra sa prise autour de la bouteille gazeuse et haussa le ton, mécontente.

«  Mais te répondre quoi, Paul ?! Que j’ai envie de rester avec toi parce que tu es toujours seul ? Que tu es insupportable ? Que ton frère m’a dit de veiller sur toi et que je m’efforce de le faire malgré ton sale caractère ? Qu’au fond, je veux quand même être ton amie ? Qu’est-ce que je dois répondre, hein ?! » Fulmina-t-elle

Paul écarquilla les yeux devant la véritable furie qu’était devenue la coordinatrice. Il avait eu du mal à noter tout ce qu’elle venait de dire, étant donné la rapidité à laquelle elle avait déblatérer toutes ces choses, et resta silencieux un instant. Le temps de rassembler toutes les données. Il aspira une gorgée de sa brique, se disant que cela l’aiderait certainement et finit par lâcher un faible râle.

Elle veut rester avec lui parce qu’il est seul ? En d’autres mots, cela voulait dire qu’elle le prenait en pitié, grima-t-il. Son frère avait demandé à cette idiote de veillé sur lui ? Alors qu’elle ne sait même pas s’occuper d’elle ? Quelle ironie. Il se mit une seconde à la place de Reggie, s’imaginant certainement que cela les rapprocheraient sans doute, libérant tout doucement son petit frère de son mauvaise caractère. Il failli vomir à cette ridicule constatation. Pitoyable ! Mais d’abord, comment avaient-ils eu une conversation ? A moins que cela ne soit Reggie, en bon samaritain, qui avait passé le coup de fil à Aurore... Lui et ses plans médiocres, soupira Paul…  Et pour finir, elle veut quand même devenir son amie, même si elle doit subir tous ces reproches et ses insultes ? C’était à n’y rien comprendre…

Il secoua la tête, les yeux clos, se pinçant au passage l’arête du nez avant de replonger son regard dans celui de la jeune fille. Il enfonça sa main libre dans sa poche et réprima un soupir.

«  Pourquoi une fille comme toi veux être mon amie ? Tu devrais le savoir, depuis le temps ; je ne suis pas sociable, froid, et surtout, je n’ai aucune considération pour les autres : Tu n’as rien à y gagner. »

Paul croisa les deux prunelles bleues de la coordinatrice qui le regardaient intensément. Elle osa un léger sourire, visiblement satisfaite, avant de répondre qu’elle savait, et que c’était justement pour cette raison qu’elle ne le lâcherait pas.

«  Tu es type bien, Paul. » Ajouta Aurore en souriant

Cette phrase le dégouta au plus haut point, l’obligeant à siroter une gorgée de sa boisson pour ne pas défaillir. Un bruit sourd résonna, signe qu’il n’y avait pratiquement plus de liquide dans la brique. Les yeux clos, il tourna la tête, agacé.

«  Tu perds ton temps, avec moi. » Insista-t-il en grognant
«  Je sais. »

Paul grimaça ouvertement. La conversation devenait de plus en plus ridicule. Il fallait qu’il change de sujet, qu’il trouve autre chose. Et vite. Mais quoi… ? Ah, mais bien sûr ! Feurisson ! Il allait enfin pouvoir retourner la situation à son avantage ! Il fronça les sourcils et contracta sa mâchoire, prêt à riposter.

«  Et puis, tout ça c’est de ta faute ! » S’énerva Paul devant le regard médusé de la coordinatrice, «  Si ton Feurisson n’avait pas fait du charme au mien, il ne serait jamais tombé amoureux et il n’aurait jamais perdu le match que j’ai livré aujourd’hui ! A cause de toi, mon Pokémon est devenu encore plus faible ! Alors tu vois ? Je te l’avais dit ! L’amour, cela ne sert à rien ! »

Aurore cligna des yeux et se ressaisit pour plisser à son tour les yeux. Elle planta ses poings sur ses hanches et toisa le jeune homme.

«  Hé ! L’amour, ça ne se contrôle pas ! J’y suis pour rien, moi ! Alors arrête de me rejeter tout le temps la faute dessus ! »
«  Arrête de jouer la victime, comme ça ! Tu sais très bien que c’est de ta faute ! » Rétorqua Paul

La coordinatrice fronça les sourcils et pointant son crâne avec son index, comme pour lui faire comprendre qu’il devenait fou.

«  Nan mais t’es en plein délire, là ! Redescends sur terre ! »

Le jeune homme se refrogna et la toisa méchamment. Il ne s’attendait pas à ce que le changement de sujet aille aussi loin, mais c’était mieux ainsi. Et puis maintenant, il pouvait partir sans être retenu. Il soupira grassement, doubla la coordinatrice et jeta sèchement sa brique vide dans la poubelle à côté du distributeur. Il ferma ensuite les paupières et rangea ses poings dans les poches de son pantalon. Sans un regard à cette dernière et au pingouin, il fit demi-tour et s’éloigna d’eux.

«  Attends ! Où tu vas ? » Demanda Aurore en le rejoignant, le type Eau sur ses talons

Paul grogna légèrement. Elle n’allait pas le suivre après la dispute qu’ils venaient d’avoir, tout de même ? Apparemment, si… Cette idiote avait donc si peu de rancune ? C’était désespérant, soupira le jeune homme. Il releva la tête et déclara qu’il allait au centre Pokémon, ce à quoi elle lui demanda si elle pouvait le suivre. Il lui jeta une œillade, arriva à la conclusion qu’elle était décidément trop stupide pour se rendre compte qu’il la laissait être avec lui, et soupira.

«  Fais ce que tu veux. » Répondit-il simplement

Elle le remercia dans un sourire et tendit les bras pour que son fidèle pingouin bleu s’y installe. Le type Eau ne se fit pas prier et sauta joyeusement sur sa dresseuse.  

Il reporta son attention devant lui et sortit enfin du square pour traverser un passage piéton. Pourquoi s’acharnait-t-elle à vouloir devenir son ami ? Comme il l’avait dit, ce n’était pas une personne fréquentable, et elle n’avait rien à y gagner. Mais elle s’en fichait. Elle voulait juste être son ami. Comme ça. Sans rien en échange. A quoi cela rimait, enfin… ? Se demanda le dresseur avec agacement. Il était le rival de Sacha, et par conséquent, c’était un ennemi. Alors qu’est-ce qu’il lui prenait de rester avec un ennemi ? Il voyait déjà la tête de Sacha, médusé d’apprendre que la coordinatrice trainait avec son plus grand rival, pensa-t-il en s’autorisant un faible sourire amusé.

Paul coula une œillade à cette dernière qui venait de relevé la tête pour lui sourire légèrement. Une grimace discrète s’empara de sa mâchoire. Il n’aimait pas que l’on fasse attention à lui. Parce que c’était clairement l’impression qu’il se passait en ce moment ; être le centre du monde de quelqu’un. Et surtout d’elle ! De cette petite sotte ! Qui sourit à n’importe quoi et qui s’installe dans la vie des autres sans leurs demander leurs avis ! Pourquoi ne se souciait-elle pas d’elle au lieu de s’occuper des autres ? C’était cela, l’amitié ? Faire passer les autres avant soi-même ? Pitoyable… !!

Il soupira intérieurement et laissa tomber une nouvelle fois son regard sur Aurore qui affichait maintenant une mine plutôt satisfaite à l’adresse de son petit Pokémon, lui demandant au passage s’il allait bien. L’image de son grand frère lui apparut un bref instant, l’obligeant à cligner des yeux pour reporter son attention sur la route. Pourquoi voulait-il qu’elle veille sur lui ? Qu’est-ce qu’il lui avait pris ? Il était grand, quand même ! Il n’avait pas besoin d’une nounou ! Qui était encore plus bête que ses pieds, de surcroit ! Franchement, qu’elle idée… ! C’était la plus ridicule qu’il n’avait jamais eue ! Et il était maintenant bien décidé à avoir des explications ! Et puis d’abord, pourquoi elle ? S’il veut veiller sur lui, il n’a qu’à l’appeler comme il l’a fait il y a quelques jours ! Qu’est-ce que c’était que cette méthode lamentable ?

«  Eh, Paul… ! Paul ! »

Il sortit brutalement de ses pensées et tourna la tête à droite pour croiser le regard de la coordinatrice.

«  Ça fait deux minutes que je t’appelle ! » Réprima Aurore avant de se radoucir, « Est-ce que tout va bien ? »

Le jeune homme se gratta la tête, grognant intérieurement pour sa dissipation ainsi que son manque de concentration, et finit par soupirer. Il remarqua du coin de l’œil qu’ils étaient enfin arrivés au centre Pokémon avant de lui répondre.

«  Oui, tout va bien. Tu me colles juste un peu trop à mon goût… »

Il se rendit compte de sa franchise maladive et hoqueta pour voir le visage de la coordinatrice s’obscurcir immédiatement, signe qu’il l’avait vexée. Il attendait à présent ses reproches, mais ce fut tout le contraire. Elle l’ignora ouvertement en se détournant de lui et s’enfonça la première dans le centre. Il soupira une nouvelle fois, profitant d’être enfin seul avant que son estomac ne le rappelle à l’ordre, lui faisant comprendre qu’il était l’heure de dîner et qu’il devait être nourri au plus vite. Il ferma les yeux et, se maudissant à l’avance, pénétra à son tour dans le bâtiment au toit rouge.

OoOoOoOoOoOoOoOo

Paul enfonça ses mains dans les poches de son pantalon, pesta entre ses dents face au hall qui était noir de monde et se dirigea directement au réfectoire sans prendre la peine de s’adresser à l’infirmière qui tenait l’accueil. Il se stoppa devant l’encadrement de la porte de la cantine et écarquilla les yeux devant la foule qui occupait, petit à petit, toutes les places libres. Même ici ? Qu’est-ce qu’il se passait, donc ? se demanda Paul en fronçant les sourcils.

Il grimaça en avançant jusqu’au comptoir pour y prendre des couverts et un plateau lorsqu’une affiche attira son attention. Le poster alertait qu’il y avait un concert mêlant plusieurs groupes de chanteurs connus et de tous les styles, et qu’il fallait venir nombreux. Il se redressa et tourna la tête pour remarquer que les mêmes annonces étaient placardées un peu partout contre les murs de la pièce. Alors voilà pourquoi il y avait tant de monde. Un concert. Evidemment…

Le jeune homme lâcha un râle irrité et fit glisser son plateau sur le comptoir en bois pour prendre la nourriture qui lui plaisait. Pour finir, il prit l’assiette que la dame du réfectoire lui tendit, considéra les aliments qu’il y avait à l’intérieur, posa l’écuelle sur son plateau et se retourna pour grimacer une seconde fois. Les places avaient encore diminuées...
Ses yeux accrochèrent un bonnet blanc et des cheveux bleus. Il réprima un soupir, sachant parfaitement qu’il allait le regretter, et se dirigea vers la table où Aurore était assise.

«  Alors ? Qui colle qui, maintenant ? » Fit-elle remarquée, mécontente

Il serra les dents. Elle était encore vexée ? Pff… Cette fille était vraiment lunatique ! Un coup, elle ne lui en veut pas, et un autre, elle serait prête à le maudire toute vie ! Mais qu’est-ce qu’elle avait, elle aussi ?

«  Ce n’est pas de ma faute si tous ces débiles vont à ce concert… ! » Justifia-t-il en posant son plateau en face d’elle

Il s’assit et saisit ses couverts avant de lever la tête pour voir que la coordinatrice avant les yeux clos et mangeait silencieusement. Il remarqua que le petit pingouin qui était sur un coin de table faisait de même. Il soupira longuement. A vrai dire, il s’en voulait un peu de l’avoir vexé. Ce n’était clairement pas son genre de culpabiliser, mais il avait sorti cela mécaniquement, alors que ce n’était pas totalement de sa faute. Décidant donc qu’ils n’allaient quand même pas passer toute la soirée à se snober, Paul se mit à parler.

«  Bon appétit. » Souhaita-t-il simplement

Le dresseur détourna le regard et commença à manger. Il n’avait rien trouvé d’autre à dire. Il fallait dire qu’il n’était pas très causant. Il avait fait un effort pour engager la conversation, alors si elle ne saisissait pas cette occasion, elle n’aura qu’à rester toute seule dans son coin ! Et qu’elle ne vienne pas pleurer après… !

Il ouvrit la bouche dans le but de parler, mais les mots restèrent bloqués au fond de sa gorge. Il ne savait pas vraiment quoi dire. Quels sujets abordés, dire une bêtise pour faire rire ou bien, donner son avis sur n’importe quoi… Finalement, il n’était pas doué pour engager les conversations…
Son bras gauche reposait tranquillement sur le bord de la table. Il tapota alors deux coups d’index sur le bois, nerveux, et chercha silencieusement ces mots. Il décida d’ouvrir sa bouteille de jus d’orange, se disant qu’une gorgée l’aiderai certainement à parler, en versa le quart dans son verre et le prit pour en boire un peu. Ce qui fit doucement sourire la coordinatrice, attirant l’attention du jeune homme.

«  Tu aimes les jus de fruits, Paul. » Constata-t-elle
«  Qu’est-ce que ça peut faire ? » Rétorqua-t-il en reposant son verre
«  Rien. »
«  Alors pourquoi tu demandes ? » S’irrita Paul

Mais c’était vrai. Il préférait ce genre de boissons. Parce que contrairement aux excitants qu’il y avait à l’intérieur des boissons gazeuses, dans celles aux fruits, c’était de l’énergie pure qu’on y trouvait. Aurore tourna la tête vers les autres tables et considéra les inconnus qui discutaient joyeusement. Il croisa à nouveau son regard et vit qu’elle souriait légèrement.

«  Tu iras au concert, ce soir ? »
«  Tu trouves que j’ai une tête à aller à un concert ? »
«  Mais tu aimes quand même la musique, nan ? Tu préfères quels styles ? »

Paul se retint de soupirer et continua de manger. Il planta sa fourchette dans la viande et considéra le sang qui venait de s’en échapper. Il n’aimait la viande saignante mais visiblement, il devait faire avec… Il ferma les yeux et en coupa un morceau avant de le gober rapidement.

«  Je ne suis pas très musique... » Avoua-t-il
«  Vraiment ? C’est sympa pourtant ! Je t’en ferais écouter, tu verras. »

Le jeune homme déclina rapidement son offre et grimaça intérieurement. Et puis quoi, encore ? Plutôt se tirer une balle que de partager quelque chose avec elle ! Il prit une fourchette de son accompagnement et finit par boire une autre gorgée de son jus de fruits.

«  Tu pourrais voir autre chose que ta fichue quête, bon sang ! Il n’y a pas que ça qui compte ! » S’énerva subitement Aurore

Paul leva les yeux pour l’observer un instant. Elle fronçait les sourcils et le fusillait du regard. Il serra les dents, se retenant au maximum pour ne pas lui crier à nouveau dessus sinon il était bon pour finir son repas seul, et soupira légèrement, imité de près par cette dernière. Du coup de l’œil, il vit qu’elle mangeait à son tour, avalait ce qu’elle avait dans la bouche, tourna la tête pour regarder la pièce et leva finalement la tête pour sourire doucement avant de reprendre la parole. Ouais, lunatique, c’était le bon mot…

«  Dis… Tout à l’heure, tu parlais d’un combat. C’était contre le champion de la ville, c’est ça ? »
«  Oui. »
«  Et tu as gagné, n’est-ce pas ? Tu as utilisé quels Pokémons ? C’est ton combientième badge ? »

Paul soupira intérieurement. Alors une fois qu’elle est lancée, impossible de l’arrêter ! N’en avait-elle pas marre de toutes ces questions ? Elle s’intéressait beaucoup trop à lui… C’était oppressant. Ou plutôt, il n’avait pas l’habitude. Le jeune homme finit son assiette et passa au fromage qu’il étala sur un bout de pain. Il mordit dedans et remarqua alors qu’Aurore tournait à nouveau la tête vers les autres tables. Qu’est-ce qu’il lui arrivait ? Pourquoi elle n’arrêtait pas de regarder tout le monde comme cela ? Il les scruta à son tour et fronça ensuite les sourcils. Il n’y avait vraiment rien de spécial, qu’est-ce que cela voulait dire ?

Il croqua une deuxième fois dans sa tartine, avala difficilement, finit rapidement le bout qu’il avait dans la main et vida son verre d’orange. Il remplit à nouveau son gobelet et lâcha un faible râle, avant de regarder discrètement la coordinatrice pour voir qu’elle jetait un autre coup d’œil derrière son épaule.

«  A quoi tu joues ? » Demanda-t-il, irrité

Elle reporta son attention sur lui et lâcha un petit rire gêné avant de répondre que ce n’était rien. Et puis Paul comprit subitement. Elle ne regardait pas les autres tables, mais le comptoir qui servait la nourriture. Son assiette était vide. Elle avait donc encore faim…

«  Si tu as envie de te resservir, fais-le et ne tourne pas autour du pot. Tu es encore ridicule. » Réprimanda Paul en s’adossant à sa chaise et en croisant les bras sur son torse

Coupable, elle détourna les yeux et fixa le petit pingouin qui continuait de manger sa nourriture. Elle se tortilla sur sa chaise, mal à l’aise et scruta l’eau à l’intérieur de son verre.

«  C’est que… tu as déjà terminé ton assiette et si j’en reprends, je vais te faire attendre exprès. »

Il la considéra silencieusement. Alors c’était pour cela ? Elle ne voulait pas l’embêter plus qu’il ne l’était déjà ? Au point où il en était, il n’était plus à ça près, ricana-t-il intérieurement. Ce qu’elle pouvait être idiote, quand elle s’y mettait… Mais dans le fond, elle pensait encore à lui. A son bien-être.  Il ferma les paupières et soupira ouvertement.

«  Il me reste encore mon dessert : Tu devrais avoir le temps de finir... »

Aurore retrouva le sourire et se leva, son assiette à la main. Elle le remercia en déclarant qu’elle revenait tout de suite alors que Paul serra les dents en la voyant s’éloigner. Bon sang… Il n’aurait jamais cru qu’il mangerait un jour avec elle... Tout ce qu’il espérait, c’était qu’elle ne prenne pas trop de nourriture. Parce que même s’il n’avait rien dit, ce n’était pas le genre de garçon à être patient. Surtout pour ce genre de choses…

Elle revint et s’assied dans un léger sourire, ce à quoi il grogna et ferma une énième fois les paupières, agacé. Son sourire était décidément insupportable, constata-t-il.

«  Désolé, tu dois penser que j’ai un énorme appétit, mais en fait, je n’ai pas mangé depuis ce matin. Je suis arrivé en ville en fin d’après-midi et je n’avais plus de provisions, alors… »

Il s’autorisa un sourire moqueur qu’il montra ouvertement dans le but d’agacer la coordinatrice. Et son souhait fût exaucé. Elle le remarqua et commença à râler, lui demandant ce qu’il le faisait rire et pourquoi il se fichait d’elle.

«  Ce qui me fait rire ? C’est toi. Tu es vraiment pathétique. Tu sais très bien qu’un bon dresseur se doit d’avoir toujours quelque chose à grignoter sur lui.  Qu’elle débutante… »
«  Répète un peu… ! » S’énerva-t-elle

Un sourire narquois étira ses lèvres tandis qu’il s’apprêtait à relever le défi de la coordinatrice avant de se raviser subitement, ne voulant pas entrer dans son jeu, et soupira lentement. Elle se calma et reporta son attention sur son plateau pour commencer à attaquer sa seconde tournée.

Il posa ses avant-bras sur le bord de la table, ouvrit lentement son yaourt et déposa le papier d’emballage sur son plateau. Le silence qui planait au-dessus de leurs têtes s’accrocha à leurs épaules et décida de rester un moment. Une pensée futile traversa alors l’esprit de Paul, lui faisant ralentir chacun de ses gestes.  Maintenant qu’il y pensait, être assis avec elle, à dîner rien que tous les deux, cela fait un peu... couple d’amoureux...

Paul avala lentement une cuillère de son dessert et tourna la tête vers les autres tables pour ouvrit discrètement la bouche dans une moue de dégout. Il s’écœurait lui-même. Comment avait-il pu céder à une pensée aussi ridicule ? C’était pitoyable... !

«  Ça ne va pas, Paul ? »

Mince, elle l’avait vue. Vite une excuse… ! Il baissa les yeux sur son dessert et releva la tête dans une pointe de gêne.

«  Si… Le yaourt est fade, c’est tout. »
«  Avec du sucre, ça ira mieux. Attends, je vais t’en chercher. » Répondit Aurore en joignant le geste à ses paroles
«  Non. » S’empressa-t-il avant de détourner le regard et d’enchainer immédiatement pour qu’elle ne se vexe pas, « Enfin je veux dire, c’est bon. Il est fade, mais pas immangeable… »

Aurore le considéra un instant, plissa les yeux, se rassied et reprit sa fourchette pour la planter dans ses pâtes Elle lâcha un « Faudrait savoir… » avant qu’il ne la réprimande de se dépêcher de manger.

«  Ça va, ça va ! C’est ce que je fais ! » Râla la coordinatrice

Elle reporta son attention sur son plateau et continua de manger sous les discrets coups d’œils du jeune homme. Il finit rapidement son dessert et croisa à nouveau les bras en s’enfonçant dans son siège. Il exhala ensuite un bref soupir. Il remarqua qu’un sourire étira les lèvres de la coordinatrice avant de croiser son regard.

«  Tu es sûr que tu n’as plus faim ? »
«  Non. Une assiette me suffit. Mange, maintenant. »

Elle tourna la tête vers son petit pingouin et le félicita d’avoir vidé son bol avant de reprendre ses couverts. Paul ferma les yeux et réprima un soupir en balançant sa tête en arrière. Quel était l’intérêt d’avoir félicité son Pokémon, si ce n’est que d’avoir encore perdu du temps ? Il baissa la tête et laissa tomber ses deux orbes noirs sur la coordinatrice qui buvait silencieusement. Elle reposa son verre et finit enfin son assiette. Il s’apprêta à se lever lorsqu’il croisa à nouveau le regard interrogateur de la jeune fille.

«  Qu’est-ce que tu fais ? Il me reste mon dessert, encore. » Rappela-t-elle

Paul jaugea piteusement la coupe dans laquelle trônaient trois énormes boules de glaces de différentes couleurs et reposa sèchement ses fesses sur sa chaise, non sans réprimer un râle silencieux. Il croisa ses bras et fronça les sourcils.

«  Grouille-toi. J’en ai marre d’être ici. »

Elle hocha la tête et attaqua délicatement son dessert sous le regard irrité du jeune homme. Il secoua nerveusement sa jambe et ferma de temps en temps les paupières en espérant faire passer le temps et soupira longuement. S’il n’avait pas un minimum de conscience et d’orgueil, il aurait déjà empoigné sa cuillère pour l’aider à finir. Aurore coupa doucement une part de glace et porta la cuillère à sa bouche devant l’air mécontent du jeune homme.

«  Tu aimes quel parfum, toi ? »

Le jeune homme ferma les yeux et fronça les sourcils en faisant un bruit qui signifiait clairement qu’il était agacé. Elle ne voulait pas savoir sa taille et son poids, non plus ? Qu’est-ce que cela allait lui apporter de le savoir ? Elle comptait faire un dossier, ou quoi ? Décidément, qu’elle fouineuse, celle-là… !

«  Oh, s’il te plait ! » Implora-t-elle
«  Pistache et framboise. » Répondit-il à contrecœur
«  Intéressant. » Sourit la coordinatrice en reprenant une cuillère

Paul se pinça lentement l’arête du nez et tendit ses jambes dans le but de les étirer. La boule à la fraise venait de disparaitre. Restait encore celle au chocolat, celle au caramel, et il pourrait enfin aller se reposer. C’était bientôt finit…, s’encouragea-t-il. Elle lui tendit la gaufrette qui était plantée dans l’un des sorbets et demanda :  

«  Tu la veux ? »
«  Non, ça va aller. Mais dépêche-toi, tout est en train de fondre… »

Paul décroisa les bras pour la mettre devant sa bouche, bailla ouvertement, cligna des yeux et repositionna ses bras contre son torse. Le coude au bord de la table, il posa ensuite sa joue contre sa paume et ferma doucement les paupières. Si ça continuait, il allait vraiment s’endormir !
Le bruit des couverts contre la coupe de glace s’atténua petit à petit pour finir par ne plus rien entendre. Il ne savait pas si ses forces diminuaient où augmentaient, mais il se sentait bizarre. Comme si on lui avait injecté de la morphine ou un autre anesthésiant…

Le jeune homme fronça les sourcils en entendant bourdonner dans ses oreilles. Une douce et agaçante voix se distingua dans le brouhaha ambiant qui venait perturber son audition.

«  Paul… Hé, Paul… Tu m’entends ? Réveille-toi. Paul ! Debout !  »

Il re-ouvrit brutalement les yeux tout en reculant dans un léger spasme et reprit petit à petit ses esprits.  Aurore était en face de lui, accoudé au bord de la table, le poing contre la paume ainsi qu’un petit sourire qui venait d’étirer ses lèvres. Il fronça les sourcils en se demandant pourquoi son sourire se moquait de lui et tiqua. Il s’était endormit. Bêtement. Comme le ferai n’importe qui assommer par la fatigue. Il baissa les yeux sur la coupe qui était près de la coordinatrice et vit qu’elle était vide.

«  J’ai finie. » Expliqua-t-elle

Il réprima un long soupir et passa une main lasse sur son visage. Il se leva doucement, empoigna son plateau, et se dirigea vers les chariots pour déposer son fardeau, suivit de près par la coordinatrice. Il poussa mollement son plateau sur les barres en fer et fit demi-tour pour regagner la sortie, les mains dans les poches de sa veste. Il entendit des pas derrière lui et soupira faiblement. Aurore se posta à côté de lui et attira son attention pour lui sourire doucement.

«  En tout cas, c’est gentil de m’avoir attendu. Tu aurais très bien pu partir une fois que tu avais fini… » Lâcha-t-elle

Il ne répondit rien, détourna le regard et sortit du réfectoire. Même s’il voulait la contredire, il ne pouvait rien répondre à cela. Il gagna le hall et monta les escaliers qui menaient aux chambres.

«  Vraiment. » Insista-t-elle, « Et puis, j’ai bien vue que tu étais extrêmement fatigué. Donc… Merci. »

Paul grimaça dans un léger grognement et continua de grimper les marches en bois. Il s’arrêta devant une des nombreuses chambres et sortit sa clé. Finalement, Aurore avait bien fait de prendre deux chambres avant d’aller manger... Il ouvrit la porte et se tourna vers la coordinatrice qui lui offrit un bref sourire.

«  Bonne nuit, Paul. »

Il ferma les yeux sans pour autant lui répondre, pénétra dans sa chambre et referma silencieusement la porte.

Le jeune homme lâcha grassement un long râle, ôta ses chaussures, sa veste, et gagna lentement son lit sans prendre la peine de regarder l’heure. Il se laissa tomber, la tête la première sur son coussin et apprécia le contact du tissu sur son visage fatigué. Il allait enfin pouvoir dormir, passer une nuit de sommeil complète et récupérer son énergie. Enfin…se rassura-t-il. Le dresseur repensa soudainement au moment où il s’était réveillé et où il avait découvert la coordinatrice en train de se moquer silencieusement de lui. Il n’était pas sûr, mais quelque chose le poussait à croire qu’elle avait finie plus tôt que prévu son dessert, et que le reste du temps, elle l’avait simplement regardé. Comme ça. Sans rien dire.

Paul soupira une énième fois, se disant que la fatigue lui faisait vraiment penser des choses bizarres, avant de sursauter dans un faible spasme. La sonnerie de son portable. Qui osait le déranger pendant sa phase d’entrée aux pays des rêves ? Il grogna et laissa la musique se propager dans toute la pièce. L’appelant allait bien finir par raccrocher. Et puis de toute façon, il n’avait pas la force de saisir son téléphone.  Il soupira d’exaspération en entendant encore la sonnerie. Elle ne lâchait pas l’affaire ! Qui ça pouvait bien être ? La mélodie se tût un instant, permettant au jeune homme de soupirer de satisfaction, avant de le faire à nouveau grimacer méchamment. Évidemment, l’appelant ne se gênait pas pour réessayer ! Il y avait un répondeur, c’était fait pour quoi, bon sang ?

Paul grogna ouvertement et laissa tomber son bras hors du lit. Il tâta à plusieurs reprises sur le sol et trouva son sac de voyage. Il ouvrit la pochette avant, empoigna son téléphone, roula sur le dos et plaça l’appareil à la hauteur de ses yeux. Le nom de l’appelant s’afficha en caractère gras. Reggie. Mais qu’est-ce qu’il lui voulait ?!

«  Quoi ?! » S’énerva Paul, mécontent
«  Quel accueil… »
«  Je suis crevé. Rappelle demain. » Enchaina-t-il en raccrochant brusquement

Il posa une main lasse sur son visage et reposa mollement son portable sur son estomac. Il sursauta une troisième fois et jura à voix haute. Il décrocha et colla le téléphone à son oreille.

«  C’est pas très gentil de raccrocher au nez des gens, Paul… »
«  Qu’est-ce que tu veux… ? » Soupira le jeune homme
«  C’est Aurore qui te met dans cet état ? » Taquina l’ainé
«  Pas du tout. Et arrête de parler tout le temps d’elle… »

Il soupira intérieurement et tourna la tête à droite, les yeux rivés sur le bureau qui trônait contre le mur. Il ferma les yeux et fit tomber son bras le long de son corps.

«  Ça tombe bien, j’avais aussi envie de te parler. »
«  Ah oui ? Dis-moi ? »
«  Pourquoi tu lui a demandé de veiller sur moi ? Tu sais très bien que j’ai horreur qu’on me colle aux basques ! Et tu as bien choisi la personne, en plus… ! »
«  Oh, ça… »

Et plus rien. Reggie s’était tut. La tension de Paul commençait à montrer doucement. Il devait savoir. C’était quand même lui qui était concerné ! Il serra les dents devant le silence de son frère et se redressa difficilement en position assise.

«  Réponds ! » Cria-t-il

Il l’entendit réprimer un soupir avant d’obéir à l’ordre qu’il lui avait imposé.

«   Écoute Paul… Je m’inquiète pour toi. Même si tu ne le montre pas, je sais très bien que ta solitude te pèse ... Je n’ai pas réussi à te venir en aide. Et Aurore est une fille bien. Elle saura t’aider, elle. »

Le jeune homme baissa la tête, coupable. C’est vrai que son frère avait essayé plusieurs fois de le raisonner, mais il n’avait malheureusement pas réussi. Au fur et à mesure du temps, Reggie avait abandonné en voyant que Paul s’était forgé une carapace assez solide. Et même s’il n’avait rien montré, il avait été déçu par son ainé. Parce qu’il avait renoncé à quelque chose de plus important qu’une simple revanche face à un champion : Lui. Il avait laissé son petit frère sombrer jusqu’au frontières du non-retour. Il lui en voulait un peu certes, mais n’importe qu’elle personne aurait fait la même chose, se disait-il. Alors c’était normal. Et maintenant, son frère se culpabilisait…
Il ferma les yeux, soupira et s’autorisa un faux sourire.

«  Ne t’en fais pas, Reggie. Je suis bien comme ça. Pense plutôt à toi. »
«  Tu as passé l’âge de mentir, petit frère. » Rit l’ainé à l’autre bout du fil
«  Ce que tu peux être chiant… » Soupira une nouvelle fois Paul
«  Mais tu es entre de bonnes mains. C’est pour ça que je ne peux qu’attendre et espérer. »

Attends. Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Qu’il avait toute confiance en Aurore pour qu’elle puisse réussir, là où il avait échoué ? Mais il était tombé sur la tête ! Pas question que son destin soit corrompu à cause d’une fille comme elle !

«  Tu-Tu ne vas pas me laisser l’autre pot de colle ? ! »
«  Avoue que tu l’aime bien, quand même. »
«  Dans tes rêves ! » Railla-t-il
«  Allez Paul, reconnais au moins que ça présence ne te dérange pas. » Continua l’ainé
«  R-Reggie !! Combien de fois devrais-je te le répéter ? Cette fille est un vrai boulet ! »
«  Ça, c’est que tu dis. Mais pas ce que tu penses. Admets-le. »

Paul serra les dents. Il aimait visiblement l’embêter sur ce sujet ! Et il était sûr qu’il souriait largement, derrière son téléphone ! S’il croyait qu’il allait lui obéir, alors là il pouvait se mettre le doigt dans l’œil ! Bon, c’est vrai que depuis qu’il passait du temps avec elle, il supportait mieux sa présence et la détestait moins qu’avant, mais ce n’était pas non plus une raison pour avouer quelque chose d’aussi ridicule ! Et sa fierté, alors ? Il n’y pense vraiment pas ! Il se pinça l’arête du nez et réprima un long soupir tout en se grattant la tête.

«  Tu pourras  juste lui dire qu’elle arrête de me suivre ? Je t’en serais reconnaissant. Moi, elle ne m’écoute pas. »
«  Je verrais ce que je peux faire, Paul. »

Le jeune homme ferma les yeux. Il savait parfaitement qu’il ne ferait rien. Surtout à propos de ce sujet-là. Après tout, c’était l’avenir de son petit frère qui était en jeu. Si cela pouvait être bénéfique, il n’allait pas stopper le processus en plein milieu. Mais ne sait-on jamais. Avec un peu de chance…, se disait-il avant de grimacer dans un pauvre sourire résigné.  Non, en fait, le pourcentage était faible. Reggie n’allait vraiment rien faire.; ça l’arrangeait beaucoup trop. La voix de l’ainé retentit dans le combiné, l’obligeant à reporter son attention sur l’appareil.

«  Il est vingt heures quarante-cinq, tu as déjà mangé ? »
«  Oui, j’ai mangé tôt aujourd’hui. »
«  Et c’était comment ? »
«  Il y a pire, mais c’était mangeable. »
«  Je ne parlais pas de ça. »

Paul plissa les yeux et fronça les sourcils. De quoi, alors ? Pourquoi ne disait-il tout qu’à moitié ? Franchement… !

«  Je parlais des repas avec Aurore. »
«  C-Comment tu le sais ? C’est elle qui te l’a dit, c’est ça ? Non mais qu’elle plaie, cette fille ! » Railla-t-il, mécontent
« Ah, parce que c’est vrai ? Je ne faisais que supposer ! Mais en fait… tu as vraiment mangé avec elle ? » Questionna Reggie avant de rire aisément

Le cœur de Paul venait de s’arrêter subitement. Il resta immobile un instant, le temps d’assimiler ce qu’il venait de se passer. Reggie ne le savait pas. Et lui avait cru qu’il était au courant, qu’Aurore avait été lui dire. Il n’avait fait que supposer quelque chose, et lui était tombé en plein dans le panneau. Il se sentait terriblement bête et rougissait de gêne, mal à l’aise. Sans le vouloir, il s’était fait grillé. Quelle honte ! S’être fait prendre au piège à cause d’une simple hypothèse ! Il ne pouvait plus nier, maintenant !

«  Arrête de te foutre de moi ! Il n’y avait plus d’autres places ! » Justifia Paul, embarrassé

Le dresseur entendit toujours l’ainé rire à l’autre bout du fil et l’obligea à serrer durement les sourcils.

«  Arrête de rigoler ! Si tu crois que je l’ai fait par plaisir… ! » S’énerva-t-il
«  Raconte. Je veux tout savoir. » Répondit Reggie après s’être calmé

Paul soupira grassement tout en se rallongeant, et porta sa main à son front. Il n’avait plus le choix, à présent…

«  J’en pouvais plus… C’était le diner le plus horrible que je n’ai jamais eu… Cette fille est tellement  douée qu’elle avait oubliée de prendre des provisions pour midi. Alors elle avait encore faim et s’est resservi une deuxième assiette…  Mais le pire, c’était le dessert… » S’exaspéra Paul avant de continuer sur sa lancée, « Limite je l’aurai aidé à finir sa glace, tellement j’étais fatigué et que j’en avais marre d’attendre ! »
«  Oh, que c’est chou ! En plus, je vois très bien la scène, c’est trop mignon…! » Taquina l’interlocuteur
«  Reggie, je ne l’ai pas fait. » Plaça péniblement Paul
«  J’aurais dû être là pour voir ça ! J’aurais immortalisé ce moment avec une belle photo. » Enchaina l’ainé
«  Mais écoute-moi ! Je ne l’ai pas fait, bon sang ! » Cria le jeune homme
«  Ah, vraiment ? »
«  Oui. » Affirma-t-il, irrité
«  Dommage. N’empêche même sans l’avoir fait, on aurait pu croire que vous étiez un couple… »

Paul sursauta intérieurement. Un couple ? D’amoureux ? Il repensa au dîner et au moment il s’était fait cette même réflexion.  Est-ce que les autres qui mangeaient autour d’eux les voyaient aussi comme ça ? Il n’espérait pas ! Se retrouver en couple, et de surcroit avec elle, était tout simplement écœurant et impossible. C’était le pire cauchemar qu’il pouvait lui arriver !  L’image des deux hérissons de feu flasha soudainement dans son esprit, le faisant grimacer de dégout. Il soupira ouvertement et roula sur son flanc gauche.

«  Et ensuite ? » Demanda Reggie
«  Elle était en train de finir sa glace, et je me suis endormi… »
«  Endormi ? »
«  Je te l’ai dit : J’étais fatigué. C’est à peine si je pouvais rester les yeux ouverts... »
«  S'endormir a son premier rendez-vous, faut le faire quand même... » Fit remarquer Reggie après avoir lâché un petit rire
«  Ce n'était pas un rendez-vous ! » Rétorqua-t-il immédiatement
«  Alors c’était quoi ? »
«  C’était… ! »

Il resta bloqué, la bouche ouverte, les mots coincés en travers de la gorge. C’était juste un moment de pause avec une écervelée. Rien d’autre. Ils n’avaient pas pensé une seule seconde à ce que cela soit un rendez-vous amoureux, ou quoi que ce soit d’autre.

«  C’est bien ce que je disais. » Lâcha Reggie après avoir rit
«  Non, c’était juste un moment insupportable, que je devais passer avec une idiote insupportable. » Rétorqua-t-il en insistant bien sur le qualificatif
«  Mais vous avez dialogué, quand même ? Elle t’a posée des questions, je parie. »
«  Un peu. Oui, elle m’en a posée plusieurs. Mais c’était bien pour ne pas avoir une ambiance morbide que je lui ai répondu. »
«  Et toi, tu as appris des choses sur elle ? »
«  Non. »

Paul se rendit alors compte qu’il ne savait rien d’elle, à part qu’elle était coordinatrice, qu’elle avait à peu près le même âge de que lui, qu’elle aimait trois parfums de glace, et qu’elle était idiote. Mais pourquoi creuser plus loin ? Il n’en voyait pas trop l’utilité.

«  Je suis sûr que vous pourriez tout de même bien vous entendre, si vous prenez le temps de vous connaitre. »

Le jeune homme grogna en guise de réponse, se repositionna sur le dos et se gratta les yeux, épuisé. Il bailla ouvertement et déclara qu’il allait devoir raccrocher puisqu’il était crevé.

«  Oui, je comprends. »
«  Juste pour te tenir au courant, j’ai remporté mon quatrième badge. »
«  Ah, tu as gagné contre le champion, alors ? Félicitations ! » Réussit-il à placer
«  Merci. Et en ce qui concerne l’entrainement de Feurisson, cela ne progresse pas beaucoup. Je me demande vraiment ce que je vais faire d’elle… » Soupira Paul
«  Ne t’en fais pas. Tu es bon dresseur. Ton entrainement finira par payer. Accroche-toi et tout ira bien. »
«  Oui, tu as raison... »
«  Bonne nuit, Paul. Repose-toi bien. Je t’appellerais d’ici quelques jours. »
«  D’accord. Merci, à toi aussi. Salut… »

Il ferma les yeux dans un soupir et raccrocha lentement. Il lâcha le téléphone qui rebondit jusqu’au bord de son lit, se tortilla difficilement afin d’enlever son pantalon qu’il laissa choir sur le parquet, à côté de son sac, saisit ensuite son short de pyjama ainsi que son tee-shirt pour les enfiler, et se glissa finalement sous les couvertures. Il frictionna ses pieds avec son matelas afin de les réchauffer et expira un souffle bref. Il se pelotonna sur lui-même et, trop abattu pour penser quoi que ce soit de cette conversation, ferma les yeux en ne pensant qu’à une seule chose : Dormir.

OoOoOoOoOoOoOoOo

La porte de la salle de bain s’ouvrit sur la coordinatrice, vêtue d’un short et d’un débardeur en guise de pyjama, qui soupira d’aise tout en se dirigeant vers son lit. Cette douche lui avait fait du bien. Elle allait pouvoir dormir tranquillement et dans un lit bien chaud. A vrai dire, même si elle avait sa tante pour les nuits à la belle étoile, elle n’aimait pas vraiment dormir dehors.

Aurore s’assied au bord de son lit et s’appuya sur ses paumes, les bras en arrière. Paul devait dormir profondément à l’heure qu’il était…, pensa-t-elle en faisant courir ses jambes dans le vide.

Lorsqu’elle avait remarqué qu’il s’était endormi à table, elle avait vu un air différent de celui qu’il montrait d’habitude. Son visage ne comportait aucune méchanceté, aucun ennui. Il était juste détendu et calme. Alors elle avait continué de manger son dessert tout en le regardant avec un petit sourire, dévorant silencieusement la scène qui se déroulait devant ses yeux.

En tout cas, cela changeait d’être à table avec lui. Les repas avec Sacha et Pierre étaient conviviales, chacun animait la conversation, et parfois, des rires venaient surplomber le groupe. Avec Paul, c’était différent, mais pas désagréable. Certes, il ne parlait pas autant que les deux garçons, mais manger avec lui était une occasion en or, qu’il ne fallait pas rater. Cela avait été une chance pour faire mieux connaissance. Bien sûr, elle n’avait pas appris grand-chose, mais elle l’avait sentie moins distant que les autres fois et c’était donc permis de creuser un peu les goûts du jeune homme.

Elle s’allongea sur le matelas, et fixa pensivement le plafond. Elle en était sûre. Elle le savait. Derrière son air méchant et froid, c’était quelqu’un de gentil.  C’était aussi pour ça qu’elle devait lui faire changer ses mauvaises habitudes et le faire s’ouvrir à elle. Reggie le lui avait dit, un jour, lorsqu’elle était venue lui rendre visite.

«  Paul est quelqu’un de réservé, tu sais. C’est de plus en plus difficile de communiquer avec lui. Il ne juge que par les combats et ne pense qu’à ça. Je m’inquiète pour lui. J’aimerais qu’il change ses attitudes désagréables et qu’il essaye de s’ouvrir aux autres. Ça lui ferait vraiment du bien. Seulement, je n’arrive pas à le résonner. Je sais que son caractère n’est pas facile du tout, mais est-ce que tu pourrais l’aider et veiller sur lui, s’il te plait ? » Avait-il finit par demandé


Au début, elle était un peu réticente. D’accord, elle avait échangé plusieurs mots durant son voyage avec Sacha, mais maintenant, elle était seule. Cela l’étonnerait qu’elle arrive à ouvrir le moindre dialogue avec lui… Mais dans un autre sens, même si elle n’en était pas sûre, elle savait que Reggie avait besoin d’elle. Qu’elle devait lui accorder ce service et qu’elle jouerait un rôle important dans le changement de Paul. Donc elle avait acceptée, même si elle ne garantissait rien.

«  Merci beaucoup. Je suis sûr que tu vas très bien t’en sortir. »Avait-il assuré dans un petit sourire

Mais se débrouillait-elle bien, comme cela ? Faisait-elle ce qu’il fallait pour que Paul change ? Était-ce correcte ? Reggie l’avait ensuite rassuré en lui disant d’être elle-même et de ne pas sans faire. Elle n’avait ensuite pas très bien compris pourquoi il lui avait dit que si une personne était capable de faire changer son petit frère, c’était bien elle. Mais elle avait tout de même promis qu’elle ferait de son mieux.

Et c’était ce qu’elle s’efforçait de faire. Mais Paul ne voulait rien savoir. Enfin, après avoir parlé devant le distributeur, il avait autorisé, sans l’admettre réellement bien sûr, qu’elle pouvait le suivre et rester à ses côtés. Et elle s’en était donné à cœur joie. Ce n’était pas tous les jours que le jeune homme acceptait le fait d’être suivit par une quelconque personne. Un vrai solitaire…, soupira-t-elle.

La coordinatrice se redressa, bailla à s’en décrocher la mâchoire et se roula sous la couverture pour finalement fixer une latte en bois du parquet.

Mais peu importe. Aurore savait que petit à petit, elle finirait par le toucher. Et elle continuerait encore, jusqu’à ce qu’il brise enfin cette coquille dans laquelle il se terrait depuis bien trop longtemps. De plus, les différentes réactions de Paul en étaient la preuve. Sa présence, ainsi que ses paroles et ses actes commençaient à l’affecter.
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natsu dragneel

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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux Icon_minitimeMar 18 Fév 2014, 23:37

Superbe description des lieux et de la psychologie des personnages
Aurore qui commence à être dans les pensées de Paul c'est très intéressant
J'avoue que je vois trop Reggie harceler son frère au téléphone puis lui demande s'il a rencontré quelqu'un
Les deux feurissons sont vraiment trop mignons
Vivement la suite  Very Happy 
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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux Icon_minitimeSam 22 Fév 2014, 00:22

Merci pour ton commentaire, Natsu ! Very Happy
Et je suis tellement occupé voyez-vous que j'ai même oublié de poster la suite vendredi... xD
C'est un chapitre court, rassurez-vous ! :DPardon à l'avance pour les fautes. (J'ai pas relue x) )

Chapitre 5 : « Silence. Déconcertant. Apaisant. Affligeant. Et les pensées sont tournées vers toi... » Oohfemmeluxieuse

Un large sourire qui se forme sur son visage. Un rire qui résonne doucement. Une inconnue qui appelle le jeune homme en faisant un grand geste de la main et qui le rejoint.

Paul fronça les sourcils et bougea nerveusement sous ses couvertures.

Adossé à un muret, il lui semblait voir un bout de jupe rose et des cheveux bleus.

Le jeune homme grogna clairement en reconnaissant la silhouette d’Aurore et réprima un soupir, mal à l’aise.

Ils se regardèrent avant de décider silencieusement de rapprocher leurs mains l’une de l’autre. Leurs mains s’agrippèrent pour ensuite ne faire plus qu’un. Son corps frêle réduisit l’espace entre eux. Lors d’un simple pressement, une brève chaleur se répandit dans sa main et lors d’un bref instant, un souffle chaud lui brûla l’oreille.

«  Tu m’as manquée… » Glisse-t-elle

Paul roula à sur le côté et fronça à nouveau les sourcils.

Le visage de la coordinatrice s’approchait du sien. Lentement, timidement, pour finalement toucher ses lèvres dans un tendre baiser. Le contact se rompit et des mots remplis d’amour sortit de sa bouche.

Paul se redressa brusquement et exhala un cri de peur, les yeux écarquillés. Il toucha anxieusement son tee-shirt et constata dans une grimace qu’il puait la transpiration. Une autre grimace s’empara de son visage lorsqu’il se remémora le rêve qu’il venait de faire, une main sur la tempe.  Il avait rêvé qu’il sortait avec cette idiote de coordinatrice, qu’ils s’étaient tenu tendrement la main et qu’en plus de ça, ils s’étaient embrassés. Écœurant ! Qu’est-ce qu’il s’était passé ? Comment avait-il pu rêver de ça ? C’était dégoutant… !

Il tiqua et jura ouvertement contre les maudites répercussions qu’avait la réalité sur son sommeil. Il porta une main à sa bouche, ayant la désagréable sensation qu’il allait vomir d’une seconde à l’autre et déglutit difficilement.

Le jeune homme lâcha un râle tout en rejetant les couvertures et en posant ses pieds sur le paquet. Il jura une nouvelle fois et se dirigea d’un pas décidé vers la salle de bain, ne supportant plus la mauvaise odeur que son corps dégageait.

Il ôta rapidement ses vêtements et s’enfonça rapidement sous la douche, non sans avoir soupiré encore une fois. Le corps complétement trempé en une minute, il se gratta la tête en fronçant les sourcils. Comment avait-il osé rêver d’une idiote pareille ? C’était pitoyable.

Une des images avec la coordinatrice refit surface, l’obligeant à contracter méchamment sa mâchoire. Ce n’était pas un rêve ridicule qui allait le perturber ! Il était bien plus résistant que ça ! Il se savonna énergiquement sur le torse et sous les bras avant de passer au bas du corps, la mine boudeuse.
Le dresseur se rinça et profita de la chaleur qui émanait du pommeau de douche pour soupirer d’aise. Et puis cela ne voulait rien dire, qu’il ait rêvé d’elle ! Il aurait très bien pu rêver de son grand frère !, se rassura-t-il.

Paul ouvrit sa bouche et laissa l’eau s’agglutiner dans sa bouche avant de repenser soudainement à l’une des images de son rêve. Il recracha tout et grimaça de dégout. Il s’aspergea le visage pour cacher sa gêne et grogna faiblement. Comment son subconscient avait-il pu se laisser embrasser par cette sotte ? Déjà le fait de la voir s’approcher de lui, et d’aussi près, était un tel déshonneur… ! Non, il ne comprenait vraiment pas pourquoi…

Il étala ensuite du shampoing sur ses cheveux et frotta jusqu’à ce que la mousse enveloppe tout son crâne. Les mouvements ralentirent légèrement lorsqu’il s’enferma à nouveau dans ses pensées.
Et puis ces mots qu’il avait entendu de sa bouche après qu’elle ait décollé ses lèvres des siennes. Des mots aussi pathétiques qu’elle. Des mots à faire saigner les oreilles tellement ils étaient horribles et rempli de sincérité. Et ils lui étaient destinés. Encore pire.

Paul plissa les yeux à cause des projections de savon qui venait d’entrer dans sa bouche, et tira la langue dans une grimace non dissimulée. Il ferma les paupières, saisit le pommeau de douche et balança sa tête en arrière.

Il ramena ses cheveux en arrière pour être certain que la mousse ne coule pas dans son visage et pris soin de passer l’eau sur tout le crâne. Sa main emmêlée celle d’Aurore passa dans son esprit, le faisant plisser les paupières. Le moment était à la fois tendre et hésitant, comme s’ils avaient peur de faire mal à l’autre dans ce simple contact. Il se souvenait aussi qu’il avait apprécié la chaleur que leurs paumes s’étaient transmissent.

Le jeune homme frissonna en se rappelant la voix de la coordinatrice qui avait bourdonné à l’intérieur de son oreille. C’était une voix étonnamment douce et pas stridente, comme à son habitude. Une voix enfantine et pleine de gentillesse.

Même dans ses rêves, elle le harcelait ! Cela devenait vraiment n’importe quoi ! Il râla activement en passant une dernière fois le jet d’eau sur son visage, les sourcils froncés. Elle avait vraiment le don pour l’agacer au point au point… ! Mais une chose était sûre : Il ne raconterait jamais cela à Reggie. Si c’était pour qu’il se moque de lui, ce n’était pas la peine. Et puis, lui et ses idées mal placées…, pensa Paul en coupant l’eau.

Le jeune homme soupira longuement et sortit de la douche pour se sécher rapidement. Il quitta la salle de bain, s’habilla lentement et finit par passer un coup de sèche-cheveux sur son crâne.
Après avoir rassemblé ses affaires, il enfila sa veste, mit son sac en bandoulière et passa une main lasse sur son visage avant de sortir de la chambre. Il grogna ensuite contre la longueur du couloir et des escaliers qui se trouvaient au bout.  Paul enfonça ses mains dans ses poches et avança au rythme de ses pas avant d’entendre un craquement de plancher et de s’arrête net. Pensant certainement que c’était le fruit de son imagination, il reprit sa marche, les yeux clos. Un second grincement atteignit ses oreilles et l’obligea à se retourner, les sourcils froncés.

Le jeune homme resta figé devant un hérisson reconnaissable entre mille qui trainait à ses pieds.

«  Oh, j’y crois pas… » S’exaspéra-t-il, « Après elle, c’est toi qui me colle… ! Vous n’en avez pas marre ? »

Il réprima un lourd soupir, continua son chemin sur un mètre et se stoppa une deuxième fois pour  regarder derrière son épaule, les yeux plissés. Et d’ailleurs, où était sa dresseuse ? Si tout le monde lâchait ses Pokémons comme elle, le centre serait un vrai zoo. A moins qu’il n’ait encore échappé à sa surveillance, ce qui ne l’étonnait même plus. Il soupira brièvement et fit volte-face au hérisson.

«  Ne me dis pas que tu t’es perdu ? » Se moqua-t-il dans un léger sourire

L’animal fronça les sourcils, un sourire mécontent sur le visage. Paul prit un air fatigué et fixa d’un œil épuisé le Pokémon Feu.

«  Arrête de me suivre, maintenant. Va retrouver ta dresseuse. » Déclara-t-il avant de continuer son chemin, les paupières fermés

Le jeune homme sentit une fois de plus la présence du hérisson et lâcha un long râle, exaspéré. Cela ne servait à rien d’essayer de discuter : Il ne l’écouterait pas. La meilleur solution, et même si cela ne l’enchantait pas du tout, serait de retrouver la coordinatrice pour se débarrasser définitivement de ce boulet. Il descendit enfin les escaliers et se retrouva dans le hall.

Cherchant  un bonnet blanc et des cheveux bleus au milieu de la foule, il analysa les différentes personnes qui se baladaient ici et là. Il grogna ouvertement en ne la voyant pas et bifurqua à droite, pensant que vue l’heure, elle se trouvait certainement au réfectoire.

Paul se posta devant la porte de la cantine et balaya rapidement les tables du regard. Aurore n’était pas ici non plus. Où pouvait-elle bien être ? Se demanda-t-il en longeant le couloir sur la gauche avant de se stopper net, pensant à l’endroit où il allait se rendre, mal à l’aise. Non, il ne pouvait tout de même pas aller là-bas… ! C’était la honte ! Et puis, c’était un mec… ! Les femmes allaient le regarder de haut en le dévisageant.

Il jura tout en grognant entre ses dents, se justifiant mentalement que c’était pour la bonne cause, et poursuivit sa route. Il leva un œil sur le panneau qui indiquait la direction des toilettes, s’arrêta devant la porte sur laquelle figurait un petit pictogramme féminin, et réprima un lourd soupir.

Le jeune homme ouvrit la porte et vit qu’une femme se lavait les mains, tandis qu’une autre entrait dans une des cabines. Il grimaça discrètement et appela la coordinatrice dans une pointe d’anxiété, attendant une possible réponse de la coordinatrice avant de se sentir observé. Il tourna automatiquement la tête à droite et vit que la femme le détaillait sans retenue.

«  Vous ne savez pas lire le symbole sur la porte ? C’est pour les femmes, ici. » Fit-elle remarquer

Il la toisa méchamment et grimaça dans un léger grognement. Elle ne voyait pas qu’il cherchait quelqu’un ? Elle était dans sa semaine rouge, ou quoi ? Il ferma les yeux et sortit des toilettes et ce, non sans avoir lâché un râle très significatif. Le type Feu trottinait toujours sur ses talons.
Paul enfonça ses mains dans les poches et regagna rapidement le hall. Elle était forcément dans le centre. Et si en fin de compte, elle était dans sa chambre ? Si ça se trouve, elle n’était pas encore sortie et s'y trouvait toujours… Au point où il en était, autant essayé. Après s’être renseigné à l’accueil, il grimpa les escaliers et arriva devant la chambre de la coordinatrice.

Il inspira brièvement, ne pensant qu’au boulet auquel il devait se débarrasser, et toqua à l’aide de ses phalanges de quelques coups sec. Il fronça les sourcils et plissa les yeux à l’avance, déterminé à lui faire une nouvelle scène à cause de son Pokémon. Un bruit métallique arriva à ses oreilles avant de voir la porte s’entre-ouvrir.

«  Tu ne sais pas garder tes-…. »

Les cheveux mouillés, sortie récemment de la douche, Aurore le regarda avec étonnement. Paul s’était subitement arrêter de parler pour se tendre intérieurement, revoyant l’image de son corps pressé contre le sien. Il ferma les yeux afin d’effacer ce souvenir et planta un regarde neutre dans les prunelles de la jeune fille.

«  Paul ? Qu’est-ce que tu veux ? »

Mal à l’aise, il ne répondit pas et attendit qu’elle continue de parler. Ce qu’elle fit dans un petit sourire et en ouvrant totalement la porte.

«  Entre, si tu veux. » Déclara-t-elle en faisant demi-tour

Perplexe, Paul resta un instant planté devant la chambre, ne sachant pas s’il devait lui obéir ou refuser son invitation. Il réprima un soupir et franchit finalement le seuil de la porte. Il aperçut  le petit pingouin bleu assis sur le bureau mais l’ignora et reporta son attention sur la coordinatrice. Elle empoignait sa brosse pour la passer soigneusement dans ses cheveux avant de remarquer son compagnon de poches aux pieds du jeune homme et de tiquer légèrement.

«  Feurisson ? Qu’est-ce que tu fais avec Paul ? »
«  Parce que ce n’est pas toi qui l’a laissé dans les couloirs ? »
«  Bien sûr que non ! » Rétorqua Aurore, « Il a dû sortir tout seul de sa Pokéball ! »
«  Bravo pour ton manque d’attention. »
«  J’étais dans la douche ! Ça se voit, non ? »

Paul croisa ses bras sur son torse et détourna le regard. Du coin de l’œil, il scruta la coordinatrice se coiffer avec attention avant qu’elle n’attrape son sèche-cheveux, rendant la conversation impossible.
Il en profita pour observer la chambre et les affaires de la jeune fille qui trainait un peu partout. Vêtements qui s’éternisaient sur la chaise du bureau, pyjama encore en boule sur le lit, couvertures en vrac, sac qui gisait sur le matelas, vomissant au passage des tas de trucs inutiles comme des photos, des dépliants pour les concours Pokémons, sa montre rose, une trousse contenant de maquillage, ou encore ses petites sphères rouges et blanches.

Le bruit d’une voix aigüe passa dans ses oreilles, attirant son attention sur la gauche. Aurore s’ébouriffa une nouvelle fois les cheveux avant d’éteindre l’appareil et de le poser sur le bureau. Elle se hâta sur le lit, faisant froncer les sourcils du jeune homme. Pourquoi s’était-elle empressée devant le lit pour s’y pencher, comme si quelque chose n’allait pas ? Il comprit enfin en la voyant fourrer tout ce qu’elle pouvait dans son sac ainsi que dans les poches qui se trouvait sur le côté.

«  Désolé pour le bazar. » S’excusa-t-elle, « Comme tu le devine, je me suis levée il n’y a pas si longtemps, alors je n’ai pas encore eue le temps de ranger… »

Paul ne releva pas son explication et détailla silencieusement les gestes de la coordinatrice. Ses mains étaient fines. Elles casaient, garnissaient les endroits vides, sortaient tous les objets lorsque les suivants ne rentraient plus, et réorganisaient leurs emplacements. Le travail, en plus d’être minutieux, donnait l’impression d’être fait mécaniquement, comme si elles savaient exactement où ils devaient être.
Il leva ensuite les yeux sur le visage de la coordinatrice ; concentré dans une pointe de gêne. Voilà comment il était. Elle se sentait sans doute embarrassée qu’il voie tout ce bazar digne d’une chambre pour gamin. Ses cheveux étaient encore mouillés par endroit et il pouvait sentir l’odeur du shampoing qui s’en dégageait lorsqu’elle bougeait rapidement la tête. Une odeur agréable, nota-t-il avant de grimacer discrètement et de fermer les yeux.

«  C’est bon. Pas la peine que tout soit nickel chrome. » Grogna-t-il

A vrai dire, il ne supportait plus que la coordinatrice soit devenue une maniaque en quelques secondes. Cela lui rappelait vraiment Reggie, qui était très pointilleux sur la propreté d’une maison et sur la vue qu’avaient leurs visiteurs. Il enfonça ses mains dans les poches de sa veste et regarda Aurore soupirer brièvement, contente d’avoir rangé ses affaires, et se retourner vers lui pour lâcher un petit « Voilà. ». Le jeune homme croisa son regard et vit qu’elle le détaillait rapidement, le mettant mal à l’aise et l’obligeant à s’appuyer sur son pied gauche.

«  Ça ne va pas, Paul ? T’as l’air fatigué…. » Remarqua-t-elle
«  J’ai mal dormi, c’est tout. » Expliqua-t-il simplement
«  Oh… »

La coordinatrice regagna le bureau et passa un autre coup de sèche-cheveux pour le reposer une minute plus tard. Elle saisit sa brosse et se coiffa à nouveau, tandis que son compagnon de type Feu sauta sur les couvertures pour s’y rouler en boule et guetta Paul d’un œil attentif.

Aurore saisit son flacon de parfum et s’en aspergea rapidement sur le cou ainsi que sur les vêtements avant de remettre le bouchon dessus dans un petit bruit. Il inspira directement et plissa le nez. C’était la même odeur qu’il avait senti dans son rêve, lorsqu’elle s’était collée à lui et qu’elle lui avait parlé. Il ferma rapidement les yeux en réprimant un grognement qu’il voulait le plus silencieux possible, avant d’ouvrir les paupières.

«  Ah, désolée. Je vais ouvrir la fenêtre. » Déclara-t-elle, « L’odeur monte vite à la tête. Si tu as mal dormi, ça ne va pas être très agréable. » Expliqua-t-elle en faisant un pas vers la vitre

Mince, elle l’avait vue. Et voilà qu’elle s’inquiétait encore pour lui.  Le parfum était passable, il sentait même plutôt bon et restait suffisamment longtemps dans les narines pour que l’odeur soit agréable. Et puis, ce n’est pas comme si c’était du déodorant premier prix qui puait au bout d’une heure d’utilisation...

«  C’est bon. C’est supportable. » Rétorqua calmement Paul, les yeux clos
«  Tu es sûr ? »
«  Oui. »

La coordinatrice saisit son bonnet blanc, l’enfila sur son crâne et rassembla les dernières affaires qui gisaient çà et là. Paul se sentit observer et tourna la tête pour voir que le hérisson le regardait toujours. Il lui lança une œillade haineuse, fronça les sourcils, grogna et reporta son attention sur la jeune fille afin qu’elle accroche son regard. Aurore ferma les yeux et baissa les yeux sur son compagnon de feu.

«  Allez, Feurisson. Rentre dans ta Pokéball. »

L’animal leva la tête et interrogea sa dresseuse du regard. Elle lui sourit doucement, comme si ce sourire lui fournissait l’explication qu’il recherchait, et la vit saisir sa balle rouge et blanche pour le faire entrer à l’intérieur. Paul plissa les yeux, méfiant.

«  Pourquoi tu as fait ça ? D’habitude, tu adores voir ton Pokémon réclamer sa chérie pour que je m’énerve. »

Elle le fixa un instant et finit par fermer les yeux pour empoigner son sac et le caler silencieusement sur son dos. Elle vérifia d’un rapide coup d’œil à la chambre si elle n’avait rien oubliée, intimant au petit pingouin de la suivre et sortit de la pièce, le type Eau et Paul sur les talons, mécontent. Pourquoi elle ne lui répondait pas ? Qu’est-ce qu’elle cachait, encore ? Il regarda Aurore refermer sa porte à clé et s’enfoncer dans le couloir.

«  Je dois quitter la ville. Un concours à lieu dans la prochaine et le trajet est long. Si je veux pouvoir y arriver à temps, je dois partir le plus tôt possible. » Finit-elle par annoncer
«  Où ça ? » Demanda-t-il avant de sursauter intérieurement

Le jeune homme grimaça en jurant mentalement contre sa soudaine curiosité. Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire, de savoir dans quelle ville elle allait ? Il s’en fichait, après tout ! Il vit la jeune fille stopper sa marche pour tourner la tête à gauche, légèrement étonné.  Il grogna brièvement et descendit rapidement les escaliers, gêné. Ils arrivèrent dans le hall et Aurore lui fit face dans un petit sourire.

«  Tu veux qu’on déjeune ensemble ? »

Paul réfléchit un instant. Même s’il commençait à avoir faim, il ne voulait pas se retrouver une seconde fois à la même table qu’elle. Depuis ce matin, il ne se sentait pas bien en sa présence et ne voulait plus qu’elle le voit mal à l’aise à cause d’elle.

«  Non. » Refusa-t-il en détourant le regard

Du coin de l’œil, il la vit sourire doucement avant de pencher sa tête sur le côté et d’hausser les épaules dans un «  Comme tu veux. » avant de lui lancer une rapide œillade pour la voir disparaitre dans le couloir menant au réfectoire.

Paul râla intérieurement. Comment avait-il pu être aussi curieux envers quelque chose de pathétique comme une simple destination ? Il était vraiment ridicule…, soupira-t-il. Et puis, il n’y avait pas que ça. Ce n’était pas vraiment la chambre d’Aurore mais le fait d’être entré dans celle qu’elle empruntait, même s’il avait eu la permission, lui donnait l’impression d’avoir violé son intimité. D’avoir entré dans sa bulle à elle. De plus, les différents faits et gestes de la coordinatrice lui avaient rappelé à plusieurs reprises le rêve qu’il avait fait. Après réflexion, c’était un rêve bizarre... Bizarre parce qu’il partageait des choses avec elle, et bizarre parce que c’était justement des choses que faisaient couramment des amoureux.

Et maintenant, elle va devoir le lâcher pendant un moment pour continuer son voyage. Comme lui va devoir le continuer. La raison pour laquelle il lui avait demandé, c’était qu’il avait envie de voir comment elle s’en sortait dans les concours. Il ne l’avait jamais vue, en réalité. Et même s’il rabaissait son niveau ainsi que sa façon de dresser, elle ne devait pas être si faible que ça. Elle avait tout de même participé au Grand Festival. Ce n’était pas rien…

Paul grogna activement contre les pensées qui se créaient et s’emmêlaient à l’intérieur de son esprit et ferma les yeux, pensant vraiment qu’il allait devenir fou. Il soupira longuement pour finalement sortir du centre Pokémon.

OoOoOoOoOoOoOoOo

Aurore mordit dans son toast grillé et mâchouilla rapidement le pain avant de l’avaler. Elle tourna la tête vers l’allée et baissa les yeux sur son fidèle compagnon bleu qui finissait une énième bouchée de nourriture Pokémon.

«  Ne mange pas trop vite, tu vas avoir mal au ventre après… »

Le pingouin la rassura d’un mouvement de la nageoire et continua à grignoter dans sa gamelle. La coordinatrice s’accouda au rebord de la table et posa sa joue à l’intérieur de sa paume.

«  Dis Tiplouf, tu n’as pas trouvé le comportement de Paul étrange ? » Questionna-t-elle subitement

Le type Eau tiqua et pivota sur sa dresseuse, confus. Elle avait bien vue que Paul ne se sentait pas à l’aise. Même si c’était à cause de son Feurisson, c’était la première fois qu’il faisait un pas vers elle.
Et puis, rien que le fait qu’elle lui ait proposée d’entrer dans sa chambre l’avait déstabilisé. C’est vrai que de son point de vue, entrer dans la chambre d’une fille, et qui plus est, dans celle d’une fille qui était tout son contraire, ne devait pas être plaisant. Il avait mal dormi, à ce qu’il lui avait dit. C’était sans doute pour cela, aussi.

Aurore touilla son chocolat et porta la tasse à ses lèvres. Elle le reposa dans un soupir, s’essuya la bouche à l’aide d’une serviette de table et saisit un énième toast qui gisait au bord de son assiette. Elle mordit dedans alors qu’une stupide pensée traversa son esprit.

Quand elle s’était dépêchée de ranger tout son bazar en s’excusant piteusement, Paul l’avait rassuré en disant qu’elle n’était pas obligé d’avoir une chambre extrêmement propre. Cela voulait dire que lui aussi, laissait trainer ses affaires n’importe où, en vrac ? Que c’était une personne bordélique ? Elle avait dû mal à se l’imaginer comme tel… En ce qui la concernait, elle devait bien admettre que l’image de la fille négligée ne la favorisait vraiment pas, mais il fallait bien l’avouer : Tout le monde faisait pareil. Ils rangeaient leurs affaires que lorsqu’ils en avaient envie ou par obligation. Alors elle n’avait pas pris le temps de tout ranger. Et puis, elle n’avait pas prévue que Paul débarquerait en pleine matinée. Tout cela à cause de Feurisson, constata-t-elle dans un soupir. Dans un autre sens, elle était plutôt contente de lui avoir parlé grâce à son Pokémon, pensa-t-elle en souriant légèrement.

En tout cas, elle lui avait quand même rendue service, en faisant rentrer le type Feu dans sa Pokéball. Elle avait failli le taquiner encore une fois, mais sachant que la conversation tournerait plus en rond qu’autre chose, elle avait décidé d’abandonner cette idée.

La coordinatrice finit son pain grillé et s’enfonça au fond de sa chaise dans un soupir d’aise. Les cris de son compagnon bleu la firent soudainement sursauter. Elle lui demandait ce qu’il se passait et pourquoi il s’excitait de cette manière, ce à quoi le petit pingouin rétorqua en agitant les nageoires que s’ils restaient ici plus longtemps, ils n’allaient jamais arriver à la prochaine ville pour participer au concours. Paniquée, Aurore bu rapidement le reste de sa boisson, s’essuya la bouche à la va-vite, se redressa brusquement pour enfiler son sac à dos et apporta son plateau sur les chariots prévus.

Elle quitta le réfectoire en courant et se posta presque brutalement devant le comptoir. Elle salua l’infirmière et lui remit les clefs de sa chambre avant de jeter un coup d’œil à sa montre et de lâcher un râle satisfait. C’était bon : Elle était dans les temps. Au final, son Pokémon l’avait fait stresser pour rien…

La coordinatrice baissa les yeux sur son fidèle compagnon et tendit les bras pour qu’il puisse s’y installer. Content, il sauta joyeusement dans un petit bond et se cala confortablement dans les bras de sa dresseuse. Elle se dirigea vers la sortie tout en reprenant son souffle. Les portes s’ouvrèrent mécaniquement sur son passage avant de se refermer derrière son dos.

Aurore aperçut quelqu’un du coin de l’œil, tourna la tête à  gauche, ralentissant au même moment sa marche et tiqua avant d’analyser rapidement l’inconnu. Adossé contre le bâtiment, les bras croisés, le pied replié contre le mur, Paul venait de croiser son regard, étonné. Elle cligna des yeux et continua comme si de rien n’était, inquiétant au passage le Type Eau qui leva les yeux vers elle. Elle resserra le corps du pingouin dans un bras, sourit largement et se retourna criant le nom du jeune homme, captivant ainsi son attention.

«  Pour répondre à ta question, mon concours se déroule à Oliville ! J’espère qu’on se reverra bientôt ! Et prends soin de toi, Paul ! » Cria-t-elle en secouant énergiquement son bras dans les airs

Aurore pivota sur elle-même et poursuivit son chemin, la mine réjouie, sans se douter qu’elle avait réussi à arracher un sourire au désagréable jeune homme.
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natsu dragneel

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MessageSujet: Re: Les Pokémons amoureux   Les Pokémons amoureux Icon_minitimeDim 23 Fév 2014, 02:52

J'aime bien ta notion de chapitre court Lolo  Laughing 
J'étais sûr qu'il rêvait c'était trop beau pour être vrai
Leur rapprochement est vraiment très astucieux d'ailleurs je visualisais très bien la scène où elle sort de la douche
Plus je lis ta fic et plus je me dis que le comportement de Paul me fait penser au comportement d'Albus dans la fic 22 ans plus tard.
Tiplouf qui s'empiffre ça m'a bien fait rire
Vivement la suite  Very Happy 
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