Merci pour vos com's!
Et voici enfin le dernier chapitre. J'espère qu'il vous plaira !
Désolé si j'ai fait des fautes, je n'ai relue en vitesse =S
Chapitre 4 : Quand le manque devient une obsession.Paul sortit de la maison et quitta le lotissement. Il s’arrêta à côté d’un arbre et saisit son téléphone portable. Il chercha un numéro dans son répertoire puis colla l’appareil sur son oreille.
« - Taxi express, bonjour ! »
« - Bonjour. Est-ce que je peux avoir-… »
« - Ah, c’est encore vous ? Je sais qui vous voulez. Je vous la passe. Un instant…»Paul ferma les yeux et inspira profondément pour ne pas lui crier dessus. La communication avec la femme fut rompue, avant d’entendre un autre se décrocher.
« - Oui ? »Le cœur du jeune homme se serra à l’entente de cette voix. Et une fois encore, les mots restèrent bloqués dans sa gorge.
« - Allo ? Ya quelqu’un ? »Une longue minute s’écoula sans qu’aucun des deux ne parlent. Paul ouvrit la bouche pour parler, mais ce fût Aurore qui raccrocha brutalement.
Le jeune homme pesta en toisant l’écran de son téléphone. Il le rangea, mis ses mains dans les poches et continua tranquillement sa route.
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Les deux jeunes hommes marchèrent tranquillement dans les rues de la ville.
« - Il ne manque plus que du pain, et ça sera bon. » Annonça Reggie, un sac de course à la mainPaul avançait silencieusement aux côtés de son frère, lui aussi munit d’un sachet.
« - Ça va ? Tu n’as rien dit depuis tout à l’heure ? » Demanda l’ainé
« - J’en ai marre de marcher, voilà pourquoi je ne dis rien. » Répondit Paul dans un grognementIls arrivèrent ensuite à une grande avenue. Paul s’apprêta à traverser la route, lorsqu’il releva la tête et se figea. Reggie avait un mètre d’avance sur lui. Il retourna sur ses pas et fixa le cadet.
« - Qu’est-ce qu’il y a, Paul ? » De l’autre côté de la chaussée, entourée de milliers d’inconnus, Aurore traversait un passage piéton en riant. A ses côtés, quelqu’un la suivait. C’était un jeune homme un peu plus grand que lui, les cheveux noirs comme l’ébène, une chemise noire et jaune, accompagnée d’un jean bleu clair. Lui aussi, riait. Il les jaugea méchamment tout en les détaillants du regard.
Les yeux de Reggie allaient de son frère à la jeune fille aux cheveux bleus. Il s’arrêta pour suivre cette dernière des yeux.
« - Alors c’est elle, Aurore ? Elle est plutôt mignonne... » Dit-il dans un petit sourirePaul ne trouva rien à redire et mit sa main libre dans la poche de sa veste. Il fixa une nouvelle fois Aurore avant de lâcher un « Tch… ! » et de traverser le passage piéton à sa gauche.
« - Attends, Paul ! Où tu vas ? »
« - Acheter des cigarettes. Je n’en ai plus... »
« - Tu ne vas pas lui dire bonjour ? »
« - Non. »
Reggie soupira puis rejoignit rapidement son frère.
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Paul arriva dans le salon, le téléphone collé à l’oreille. Il raccrocha furieusement.
« - Barry, espèce de… ! M’appeler en PCV pour me raconter ta vie, me vider tout mon crédit et raccrocher tout de suite après, ça tu sais faire… ! » Pesta-t-il en se dirigeant dans un coin de la pièceIl attrapa le vieux téléphone posé sur le meuble, et s’assit dans un long soupir sur le canapé. Il dépose l’appareil sur la table basse et composa le numéro qu’il connaissait maintenant sur le bout des doigts. Après avoir jeté un regard à la pièce pour s’assurer que son frère n’était pas dans les parages, il décrocha le combiné et le porta à son oreille.
« - Taxi Express, bonjour ! »
« - J’aimerais parler à… »
Un soupir las lui coupa la parole avant de reprendre :
« - C’est bon, je vous la passe… »Quelques secondes plus tard, la voix de l’ex-conductrice résonna dans le combiné.
« - Oui, en quoi puis-je vous renseignez ? »Pas un mot ne sortit de sa bouche.
« - Allo ? »Paul serra la mâchoire et baissa la tête sans pour autant lui répondre.
« - Bon. Ecoute-moi bien, espèce de petit merdeux ! Je n’ai pas de temps à perdre avec toi ! J’ai encore plein de travail qui m’attend ! Alors, maintenant, tu arrêtes avec tes farces ridicules, et tu oublies le numéro de cette entreprise ! Tu m’as bien comprise ? » Hurla violemment Aurore
Elle s’apprête à raccrocher lorsqu’elle perçut une voix. Cette dernière semblait éloignée. Certainement une autre personne qui était avec ce gamin…
« - …Toujours au téléphone avec ta chérie ? … Ahah, ne me regarde pas comme ça ! Je sais bien que c’est à elle que tu téléphone tous les-… »Et puis plus rien. Seul le « bip » incessant de l’appareil résonna. Aurore fronça les sourcils, se demandant qui cela pouvait bien être. Elle haussa les épaules, raccrocha et se remit à son travail dans un long soupir.
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Le jeune homme darda un regard noir à son frère.
« - Quoi ? Je n’ai rien fait, Paul… »Pour toute réponse, ce dernier fronça les sourcils et le toisa encore plus. Reggie se tenait debout, un panier de linge entre les bras.
« - Tu étais obligé de dire ça quand elle était en ligne ? »
« - Estime-toi heureux ; Je n’ai pas prononcé ton nom. »
« - Est-ce que je me mêle de tes conversations téléphoniques, moi ?! » S’énerva-t-il
« - On ne peut pas trop appeler ça une conversation. Tu restes planté devant le combiné et tu ne dis pas un mot. »L’adolescent se leva et contourna le canapé, les mains dans les poches, l’air contrarié.
« - Tu fais chier… » Souffla-t-il avant de disparaitre dans le couloir.
« - C’est si compliqué que ça de dire « Salut, comment ça va » ?! » Cria l’ainéPaul s’immobilisa un court instant et rentra finalement dans sa chambre. Reggie soupira longuement puis traversa à son tour le couloir pour aller pendre le linge dans le jardin.
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Reggie se leva, contourna le canapé et se dirigea vers la chambre de son frère, absent pour la journée. Une fois à l’intérieur, il ouvrit plusieurs tiroirs, feuilleta ses cahiers laissés à disposition, souleva les divers objets qui trainaient sur son bureau.
« - Où est-ce qu’il a pu le mettre, bon sang ! » Marmonna-t-ilIl se dirigea vers le lit et saisit la couverture pour en replier un bout dans un geste sec. Il tapota ensuite sur son coussin avant d’avoir une soudaine quinte de toux.
« - C’n’est pas vrai… ! Il pourrait changer ses draps, de temps en temps ! Ils empestent le tabac froid ! » Râla ReggieIl passa sa main dans la taille d’oreiller et la ressortit, une légère moue sur le visage. Il recula et heurta quelque chose de mou qui soupira dans un bruit métallique. Ses vêtements d’hier. Reggie ramassa le jean gris et en fouilla les poches. Un léger froissement de feuille lui parvint aux oreilles, le faisant instinctivement sourire.
Il en délogea un petit post-it rose avec inscrit dessus un numéro de téléphone suivit du mot « Idiote ».
Le jeune homme reposa le pantalon au sol, remit la couverture ainsi que le coussin en place, et sortit de la pièce en prenant soin de refermer la porte.
Reggie s’installa sur le canapé, alluma la télé, et coupa le son. Il s’adossa au fond dans un soupir avant de saisir son téléphone portable, et de composer le numéro qui figurait sur le post-it. Une voix féminine se fit alors entendre.
« - Taxi Express, bonjour ! »
« - Bonjour, madame. Est-ce que je pourrais parler à une certaine… Aurore, s’il vous plait ? »
« - Elle est beaucoup sollicitée, à ce que je vois... Je suis désolé, mais elle n’est pas là pour le moment. C’est l’heure de sa pause, si vous voulez tout savoir... »
« - Ah...Oui, je comprends. Puis-je lui laisser un message ? »
« - Bien sûr. Dites-moi…D’accord…De la part de… ? Reggie… ? Aucun problème…Je lui transmettrais…Merci, vous aussi. Au revoir, monsieur. »
Reggie raccrocha à son tour dans un soupir intérieur et rangea son téléphone. Il saisit ensuite la télécommande et augmenta le volume de la télé.
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Dans les bureaux de l’entreprise Taxi Express, c’était le brouhaha habituel ; Les sonneries des téléphones retentissaient toutes les deux minutes, le bruit incessant de l’imprimante crachait sa mauvaise humeur, certains employés criaient à tue-tête à travers le gigantesque bureau, tandis que d’autres piquaient du nez devant leurs écran.
Aurore soupira puis fonça directement sur son bureau. Sa voisine d’en face l’interpella avant qu’elle n’arrive à sa chaise.
« - Ah, Aurore ! Un homme a appelé lorsque tu n’étais pas là. »
« - Qu’est-ce qu’il voulait ? »
« - Je ne sais pas, mais t’a laissée un mot. Je l’ai posée sur ton bureau. »
La jeune fille se pencha pour examiner la paperasse qui gisait çà et là. Elle prit le petit post-it jaune et le parcourra des yeux. Seul un numéro de téléphone portable y était inscrit, suivit du nom de l’appelant : « Reggie ».
Aurore fronça les sourcils tout en se mettant assise. Elle avait déjà entendue ce nom quelque part, mais où ?
« - Qu’est-ce qu’il y a ? » Demanda sa collègue
« - Ce nom. Reggie. Je l’ai déjà entendue… »
« - Tu es sûre ? Enfin, tu me diras, avec toutes les personnes que tu rencontres, il y en a bien un qui doit s’appeler comme ça.»
« - Ah, c’est ça ! » S’exclama-t-elle
« - De quoi ? »
« - Reggie. C’est le grand frère d’un client qui prenait régulièrement le taxi. Je me demande qu’est-ce qu’il me veut… ? » Se demanda-t-elle, songeuse
« - Appelle-le. Tu verras bien. »Aurore hocha la tête et empoigna un téléphone à proximité. Elle composa le numéro qui était inscrit sur le bout de papier et attendit.
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« - Allo? »Aurore sursauta. Cette voix. C’était la même qu’elle avait entendue lorsqu’un farceur l’avait appelé avant de raccrocher.
« - Bonjour, Aurore des services Taxi Express. Vous avez passé un coup de fil, mais je n’étais malheureusement pas là. En quoi est-ce que je puisse vous aidez ? »
« - Ah ! Bonjour Aurore ! J’attendais votre appel. C’est Reggie, le grand frère de Paul. Vous devez certainement savoir de qui je parle… »
« - Oui. Oui, je vois de qui vous voulez parler. »
« - Eh bien en fait, j’aimerais que vous me rendiez un petit service, si cela ne vous dérange pas. »
« - Lequel… ? »OOoOoOoOoOoOoOoOo
La collègue d’Aurore regardait l’écran de son ordinateur, mais était plus absorbée par la conversation avec ce mystérieux Reggie. Elle jeta plusieurs coups d’œil à la jeune fille, qui hochait la tête en signe de compréhension tout en lâchant des « Oui, oui… » .
Une fois qu’Aurore eut raccrochée, sa collaboratrice lui sourit et demanda, impatiente :
« - Alors ? »La jeune fille ferma les yeux dans un soupir intérieur.
« - Il m’a donné rendez-vous chez lui. » Répondit-elle simplement
« - Et tu vas vraiment y aller ? Je te conseille plutôt d’être prudente. Après tout, tu ne le connais pas, ce type ! »
« - Ne t’en fais pas, je serais prudente. » Assura-t-elle dans un bref sourireOOoOoOoOoOoOoOoOo
Paul sortit en silence sur le perron du jardin et s’assit sur les escaliers en bois, comme à son habitude. Il alluma rapidement sa cigarette et expirant le trop-plein de fumée qui venait de s’accumuler dans sa gorge. Il contempla soigneusement les étoiles qui brillaient dans le ciel sombre.
Dix longues passèrent durant lesquels plusieurs mégots jonchèrent dans l’herbe à côté des marches.
L’adolescent détailla longuement le jardin. Un bruissement de feuilles retentit vers les buissons, tandis qu’une fine silhouette se formait progressivement. Elle se dirigeait de plus en plus vers lui, l’obligeant à adapter sa vue. Une fois qu’elle fut dans le rayon de lumière de la lune, il écarquilla les yeux, et se leva rapidement.
« - Coucou, Paul. » Lâcha-t-elle en souriant
« - Qu’est-ce que tu fais là ? » Demanda-t-il, étonné
« - Reggie m’a dit de venir un soir, et de passer par le jardin. Alors me voici… »Le jeune homme serra les dents. Il soupira avant de parler d’une voix froide.
« - Attends-moi là. Je reviens. » Il se retourna et traversa un bout du couloir d’ombre. Il entra dans sa chambre à la recherche d’un tee-shirt et d’un jean à se mettre sur le dos.
« - Reggie, tu peux être sûr que demain ; J’te tue, j’t’enterre, et j’jette la pelle… ! » Siffla férocement Paul Il s’habilla et ressortit aussitôt. Il se remit assis dans un regard penaud.
« - Voilà. C’est mieux comme ça. »
« - Tu sais, tu n’étais pas mal non plus, en sous-vêtements… » Remarqua Aurore en s’asseyant à ses côtésIl porta sa cigarette à sa bouche et aspira un maximum de nicotine, cachant du mieux qu’il pouvait la gêne qui venait de lui tordre l’estomac.
« - Pourquoi es-tu venue ? » Demanda-t-il d’un ton froid
« - Pour parler, j’imagine… Et puis, cela faisait longtemps que l’on ne s’était pas vu… » Le jeune homme expirant lentement une bouffée de fumée.
« - Pas vraiment. »
« - Comment ça ? »
« - Je t’ai vu en ville avec ton copain, il y a quelques jours… »
« - Mon copain ? »
« - Le garçon avec les cheveux en bataille, la chemise noire et le jean bleu clair. »
« - Ah, lui ! Ce n’est pas mon copain ! » Répondit-elle en riant, « C’est un ami ! »
« - Ah… »Un bref silence s’infiltra dans la conversation. Aurore décida de parler, avec toujours ce même sourire aux lèvres.
« - Pourquoi tu n’es pas venue me voir ? »
« - Je devais acheter un paquet de tabac… » Menti Paul en tirant une nouvelle fois sur sa cigaretteAurore soupira et leva la tête vers le ciel.
« - Je t’ai déjà dit que je n’aimais pas les fumeurs. »
« - Et moi je t’ai déjà dit que je moquais complétement que les gens m’aiment. » Riposta-t-il en soufflant un court brouillard.Elle se tourna vers lui et le toisa durement.
« - C’est la combientième ? »
« - La deuxième… »
« - Menteur. »Paul soupira et écrasa le reste de sa cigarette à côté de lui. Il attrapa son paquet et l’ouvrit. Aurore le referma et fit un bref mouvement pour le stopper dans son élan.
« - Arrête, maintenant ! »
« - Laisse-moi tranquille… » Souffla-t-il en se débattantElle empoigna le paquet en carton, se leva en vitesse et lui cria :
« - Non, ça suffit ! Tu en as assez pris comme ça! »
« - Rend-moi mon paquet de clopes ! J’en ai besoin ! » Cria-t-il en se redressant complétementAurore recula furtivement puis plissa le front devant la folie qui commençait à envahir le jeune homme.
« - Tu vois ? Tu deviens complétement accro ! Je suis là, maintenant. Alors arrête de te détruire la santé pour rien ! »
« - Le fait que tu sois-là ne change rien ! Tu n’es rien pour moi ! Seulement une idiote qui sourit me tout le temps ! Qui ose me tenir tête ! Et par-dessus tout, tu n’es qu’un ex-moyen de transport ! Je veux bien avouer que cette période m’occupait l’esprit, me détendait un petit peu, mais rien de plus ! »
« - Un ex-moyen de transport auquel tu t’es attaché sans le savoir ! » Rétorqua-t-elle
« - C’est faux ! Il n’y pas d’autre personnes que je déteste autant que toi ! Tes sourires stupides me rendent malades, tes yeux n’arrêtent pas de me fixer comme si j’étais je-ne-sais-quoi, et ta voix est aussi insupportable qu-… »Voilà. La claque était belle et bien partie. Dans un bruit sec. Dans un élan de colère.
Paul posa sa paume sur sa joue légèrement rouge et cligna des yeux. Une fois qu’il eut reprit contenance, il fronça sévèrement les sourcils.
« - Espèce de-… »Il s’arrêta net en sentant le corps de la jeune fille contre le sien. Les doigts de cette dernière se crispèrent un peu plus dans le dos de l’adolescent.
« - Calme-toi… » Dit-t-elle doucement Paul était complétement désemparé. Personne n’avait réagi comme elle venait de le faire. La gifle lui avait, certes, remis les idées en place, mais elle venait de le prendre dans ses bras, pour l’arrêter, vraiment… Les paupières closes, le jeune homme soupira longuement. Sa voix parvint aux oreilles de l’ex-conductrice dans un ordre calme et froid.
« - Lâche-moi, Aurore. »Elle desserra son étreinte et se distança du garçon. Elle leva ensuite les yeux vers lui, et croisa ses prunelles noircies par la nuit. Il se tourna de côté et croisa les bras sur son torse.
« - Arrête de me regarder avec ses yeux. Je n’ai rien fait. » Marmonna PaulSur le visage de ce dernier, de légères rougeurs venaient d’apparaitre. Un grand sourire se forma sur les lèvres d’Aurore, qui laissa s’enfuir un petit rire.
« - Pourquoi est-ce que tu ris comme ça, espèce d’idiote..? »
« - Pour rien. Je suis contente. »Paul haussa un sourcil interrogatif en guise de question.
« - En fait…Tu m’as manquée, Paul. » Répondit-elle en souriant une seconde foisLe cœur du garçon s’arrêta un instant avant de reprendre frénétiquement ses pulsations. Il resta un moment interdit avant de s’assoir à nouveau sur les marches du perron.
« - Va me chercher un verre d’eau dans la cuisine. C’est au fond du couloir à gauche. Prends-toi ce que tu veux...» Aurore hocha la tête et s’introduisit à l’intérieur de la maison. Paul examina le jardin. A trois mètres de là, les cigarettes et le paquet en carton gisaient tranquillement dans l’herbe fraîche du soir. Les craquements du parquet firent redescendre l’adolescent sur terre, qui se retourna machinalement.
Aurore lui tendit l’objet de sa demande en souriant. Il le prit et bu le contenu d’une traite. Elle se mit assise à son tour pour regarder un point dans le vide en souriant.
« - C’était toi, le mal élevé qui a appelé plusieurs fois… ? »Il jeta un rapide coup d’œil à sa droite.
« - Oui. » Avoua-t-il en inspectant son verre
« - Pourquoi tu n’as pas répondu ? Je n’allais pas te manger, tu sais... »
« - Le petit merdeux n’osait pas, je crois… » Admit PaulLa jeune fille reprit le gobelet en riant et disparut derrière lui. Une minute plus tard, elle revint avec un autre objet en main. Elle se mit aux côtés de Paul et se tourna vers lui.
« - C’est ton doudou ? » Demanda-t-elle en lui présentant à un centimètre du visageL’adolescent la dévisagea méchamment et répondit en grognant :
« - Tu n’as pas pu t’empêcher d’aller fouiner dans ma chambre, à ce que je vois… »Aurore retira la peluche de son champ de vision avant de sourire à l’ours violet.
« - Il est rigolo. »
« - Il me fait penser à toi… » Avoua-t-il dans un rictus amusé
« - Ah bon ? Tu trouves ? » Demanda-t-elle en levant la peluche vers le ciel pour l’examiner
« - Vous avez le même sourire débile, tu n’as pas remarquée ? »
« - Les sourires débiles sont souvent les plus sincères, tu n’as pas remarqué ? »Paul soupira pour toute réponse, avant de poser ses coudes sur ses genoux. Aurore déposa l’ourson entre eux, et se leva dans un infime bond.
« - Bon, je vais y aller. » Annonça-t-elleL’adolescent leva la tête et croisa ses prunelles bleues. Elle lui sourit en lui ébouriffant gentiment les cheveux, ce qui lui valut un léger grognement.
« - Ne fais cette tête, je passerais te voir de temps en temps. » Lâcha-t-elle en souriantPaul fronça les sourcils et serra les dents en la suivant du regard.
« - Si tu crois que je suis triste de te voir partir… ! » Siffla-t-il âprementElle marcha silencieusement dans l’herbe avant de s’arrêter et de retourner sur ses pas. Ses lèvres s’étirèrent dans un malin sourire pendant que Paul s’inclina vers l’arrière.
« - Qu’est-ce que tu veux encore… ? » Demanda-t-il d’une voix rauqueElle se pencha en prenant appui sur les genoux de l’adolescent et posa chastement ses lèvres sur les siennes. Elle se redressa et laissa s’enfuir un petit rire.
« - Je sais que tu n’es pas triste, Paul. Tu as juste besoin de quelqu’un à qui sourire. »Aurore lui sourit puis se dirigea rapidement vers le fond du jardin. Les deux orbes noirs la suivirent au fur et à mesure qu’elle s’éloignait. La fine silhouette disparue dans un bruissement de feuilles.
Paul reprit contenance un instant plus tard, puis tourna la tête afin de croiser le regard vide de l’ours violet. Il saisit la peluche et scruta sa bouche cousue.
Un bref et timide sourire étira les lèvres du jeune homme.
« - Tsss… C’est tellement pitoyable… ! » Lâcha-t-il