Coucou !
Voici un OS, sur le couple Aurore x Paul. Je sais ce que vous allez dire : « Encore un Ikarishipping ?! ». Oui, je sais, et je m’excuse de n’avoir que ça à proposer, mais pour tout vous dire, j’ai plusieurs OS/Mini fic qui trainent dans mon ordinateur depuis longtemps, alors je me suis dit que les terminer et les poster me libéreraient pour attaquer les plus grosses fictions.
Je vous rassure, ce ne sont pas tous des Ikarishipping, il y a d’autres shippings aussi x) Mais celui-là était presque fini alors plutôt que de le laisser moisir au fond du dossier, j’ai préféré le boucler et le poster ^^’
Voilà, je m’excuse à l’avance pour les fautes d’orthographe et de conjugaison et j’espère que vous l’aimerez quand même, malgré la dose d’Ikarishipping qu’on vous sert en ce moment… x)
Titre : Frizouille
Pairing : Aurore x Paul
Résumé : « Personne ne pouvait empêcher Aurore de le faire. Sa décision était prise et elle ne reculerait pas. Pas maintenant. Mais quelqu’un arriva peut-être à changer les cours des évènements… »
Cela lui était venu comme ça. A force de pointages trop humiliants, de pures moqueries et de méchanceté gratuite ; bref, l’accumulation. Au départ, l’idée lui avait simplement effleuré l’esprit mais l’acte lui paraissait trop folle, trop dangereuse. Et puis, elle était jeune. Elle ne savait même pas comment s’y prendre pour le faire… Alors elle avait cessé d’y penser et avait passé à autre chose. Seulement, les autres continuaient. Encore et toujours.
Aurore grimaça encore à ces souvenirs désagréables et aux rires puérils qui résonnaient dans son esprit. Ce n’était que des gamins pourris gâtés qui aimaient voir les autres souffrir. Et bien entendu, ils avaient tous jetés leurs dévolus sur elle. Si seulement elle n’avait pas ces touchée ses maudits Pokémons électriques, tout cela ne serait jamais arrivé… Et elle ne serait pas là, en haut d’un building délabré, sur le rebord d’un muret, à un mètre d’une fenêtre ouverte ; parce qu’elle en avait assez. Parce que tout cela était trop humiliant et trop lourd à supporter…, estima la coordinatrice.
Aurore avait fini par franchir le cap après plusieurs nuits de torture mentale. Elle s’était levée en plein milieu de la nuit, s’était habillé silencieusement et était sortie discrètement de la chambre où ses amis dormaient encore à poing fermés, l’air déterminé : La jeune fille allait mettre fin à ses jours. Du dixième étage cela devrait aller, pensa la coordinatrice. Elle ne sentirait pas la douleur et la mort serait rapide. Enfin, elle l’espérait…, spécula Aurore en déglutissant, les lèvres pincées.
Un vent glacial la fit trembler dans un bref spasme, l’obligeant à se coller contre le mur pour ne pas perdre l’équilibre. Aurore râla ouvertement contre la chair de poule qui s’emparait de ses bras ainsi que de ses jambes et souffla un nuage opaque devant elle pour finir par baisser les yeux à ses pieds, les yeux rivés sur un point sombre. La coordinatrice avança le bout de sa botte sur le rebord en pierre avant de se raviser et de ramener son pied vers elle, la mâchoire serrée.
Et puis, quand elle y réfléchissait, c’était la faute de Kenny. S’il n’avait pas commencé avec ce surnom ridicule, les autres ne l’auraient pas suivi et elle aurait été tranquille. Mais bien sûr, le surnom ne suffisait pas. Il fallait aussi que les autres fassent des remarques sur sa couleur de cheveux, sur son physique étonnement frêle, sur sa voix stridente, ou encore, sur ses vêtements pas toujours à la mode…
Aurore ferma ses paupières et inspira profondément, décrétant qu’une fois qu’elle serait morte, tout cela serait finit et plus personne ne pourrait se moquer d’elle. Bien sûr, elle avait pensée à son entourage ; cela leurs ferait beaucoup de peine, sa mère ne s’en remettrait sans doute jamais, et ses amis continueront de la pleurer en silence. Sacha et Pierre l’avait rassurée en lui disant de ne pas s’en faire, que tout irait bien, qu’à présent, tous ces gamins avaient grandi et avaient changés de mentalité. Mais le passé était le passé. Ce qui était fait était fait. Son cœur avait été endommagé et malheureusement, les blessures ne s’étaient toujours pas refermées. On ne pouvait plus rien changer, maintenant. D’autant plus que la pression était trop forte et que si elle continuait une journée de plus, la coordinatrice était convaincue qu’elle ressemblerait à une carcasse vide, bouffée de l’intérieur.
Elle pensa à Sacha et à Pierre et ne put s’empêcher de sourire tristement. Ils seront très attristés et ne s’en remettront probablement pas. Et connaissant le dresseur du Bourg Palette, il se rejetterait la faute sur lui en se maudissant de ne pas avoir vu la détresse dans laquelle son amie se trouvait. Les lèvres tremblantes, Aurore s’excusa mentalement de son comportement égoïste et pria pour qu’aucun des deux garçons ne tombe dans une grosse culpabilité. Après tout, elle était libre de faire de faire ce qu’elle voulait de sa vie.
La coordinatrice pensa à Zoé : La rousse était une rivale formidable. Elle n’aurait jamais crue pouvoir trouver une amie comme elle, l’aidant dans ses entraînements de concours Pokémons et la disputant lorsqu’elle faisait n’importe quoi, sourit pauvrement Aurore d’un air amusée. Elle aussi, serait triste d’apprendre son décès…
Elle aperçut ensuite le visage de Kenny dans un coin de sa tête : Celui par qui tout avait commencé. C’était son ami d’enfance et bien que cela lui faisait mal de le reconnaitre, c’était un très bon dresseur. Le brun serait certainement celui qui culpabilisera le plus, mais tant pis, Aurore s’en fichait, à présent. Comme cela, il verrait les terribles conséquences que pouvait avoir le simple fait de donner un surnom à une personne.
Pour finir, l’image du rival de Sacha s’afficha dans l’esprit de la coordinatrice. Pourquoi lui, elle n’en avait aucune idée, mais elle se fit tout de même quelques réflexions sur le désagréable jeune homme. Comme le montrait ses stratégies pendant les matchs, Paul était un excellent dresseur et elle regretterait presque de ne pas être là pour voir comment se déroulera leurs prochain match... Mais Aurore était convaincue que Sacha triompherait, parce que le dresseur à la casquette avait une forte volonté et qu’il croyait en ses monstres de poche. Oui, même si elle ne serait plus de ce monde, elle n’allait pas s’en faire pour le destin des deux garçons. Maintenant que la coordinatrice y pensait, Paul n’avait jamais entendu son foutu surnom. Il n’avait même pas retenu son prénom tout court. Enfin, cela ne l’empêchait pas de se moquer d’elle et de la prendre pour une idiote quand même…
« Ce maudit surnom m’aura suivit jusqu’au bout… » Marmonna-t-elle.
Les bras collés au long de son corps, Aurore expira doucement, faisant du mieux qu’elle pouvait pour ne pas trembler une nouvelle fois et réellement tomber dans le vide. Elle contracta sa mâchoire et rentra la tête dans ses épaules, alors que ses muscles se contractaient d’eux-mêmes.
« Alors ? Qu’est-ce que tu attends pour sauter ? »
Elle sursauta brusquement et se colla contre la pierre, hypnotisée par le vide à ses pieds, et déglutit rapidement. Quel était l’intrus qui venait de la déranger en plein acte de suicide ? En plus, elle n’avait même pas entendu que quelqu’un était rentré… Alors pour être sûre que ce n’était pas son imagination, elle risqua un regard à sa gauche mais ne vit que l’ombre d’une silhouette. Finalement, Aurore ferma les paupières dans un râle significatif, mécontente.
« Laissez-moi ! Je ne peux pas de votre pitié !
- Qui a dit que je te prenais en pitié ? »
La coordinatrice re-ouvrit les yeux, surprise par la voix qui lui était étrangement familière. Elle n’était pas bien sûr de la personne mais osa un autre regard vers la fenêtre et rencontra deux orbes froides qui la scrutèrent paresseusement alors qu'elle sursauta brièvement.
« Paul ? C’est toi ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Questionna-t-elle en tutoyant le dresseur.
- J’étais là avant toi. Tu étais tellement obsédé par ton suicide que tu n’as même pas fait attention au reste de la pièce… »
Elle se renfrogna, les sourcils froncés et tourna la tête, mal à l’aise. Bien sûr qu’elle avait fait attention, elle avait même regardé s’il n’y avait personne… Peut-être que le désagréable jeune homme était caché dans un coin d’obscurité et qu’il n’avait pas bougé pour ne pas attirer l’attention…, supposa Aurore. Ses fines mains étaient plaquées contre le mur, gelées et crispées par le froid, mais elle tenta de faire abstraction de la douleur en prenant un air impassible et en déclarant :
« Peu importe. Va-t’en. »
Du coin de l’œil, Aurore le vit croiser les bras sur son torse et s’appuyer sur une jambe, l’air fatigué. Gênée, elle essaya de l’ignorer et baissa une énième fois ses deux prunelles bleues dans le vide. Alors que le calme reprenait le dessus, la coordinatrice tiqua en entendant Paul émettre un semblant de rire avant de reporter son attention sur le vent qui venait de s’abattre sur l’immeuble et qui fouettait sèchement ses muscles tendus. Elle grimaça alors que la voix du dresseur lui arriva aux oreilles dans une brève raillerie.
« Pourquoi tu veux mourir ? Ne me dis pas que tu t’es cassé un ongle… ! » Se moqua-t-il.
Aurore fronça les sourcils et plissa tristement les yeux ; encore ce fichus stéréotype… Mais pourquoi la faisait-on passer pour une fille superficielle, une godiche et une incapable ? Pourquoi tout le monde réagissait pareil ? Ne se mettaient-ils jamais à la place de ceux qui subissaient ses préjugés ? Ne savaient-ils pas que c’était blessant ? Elle pinça ses lèvres et frissonna discrètement. Était-ce vraiment elle qui renvoyait cette image ? Non, c’était eux qui ne comprenaient rien, qui étaient immatures.
« Tu ne pourrais pas comprendre. Et d’ailleurs ça ne te regarde pas… ! »
Et puis, elle n’était rien pour lui, pourquoi venait-il l’embêter ? Il faisait sans doute ça pour se moquer d’elle, rire de la situation dans laquelle elle s’était mise. Paul enfonça ses mains à l’intérieur de ses poches et réprima un soupir, tandis qu’Aurore scrutait du coin de l’œil la silhouette du jeune homme. Elle baissa la tête, coupable. Pourquoi était-elle encore ici, à parler avec lui ? Cette conversation ne menait à rien, alors autant en finir tout de suite, estima-t-elle en fronçant les sourcils.
« Si tu as encore quelque chose d’autre à dire, fais-le. Je ne serais plus là d’ici une minute… Annonça la coordinatrice.
- Tu es pitoyable. Mourir juste parce qu’on t’a donnée un surnom ridicule. Tu ne pouvais pas tomber plus bas. Qu’elle incapable tu fais… ! »
Aurore tiqua intérieurement mais ne put s’empêcher d’écarquiller les yeux à la phrase du dresseur. Comment savait-il que c’était pour cette raison ? L’avait-il entendue lorsqu’elle avait murmure la phrase à propos de son surnom ? Elle serra les dents et fronça les sourcils alors qu’un frisson lui parcouru l’échine dorsale.
« Je me suis fait humilier, traiter et pointer du doigt tous les jours… J’en ai marre, voilà tout. Et puis d’abord, pourquoi je te raconte ça, moi ? Part d’ici… ! Finit-elle en râlant.
- Si tu as envie de mourir, vas-y : Saute. Ce n’est pas moi qui vais te retenir, ni te déblatérer des mots sur l’importance de la vie ou ce genre de truc. Fais ce que tu veux. »
Elle réprima un râle irrité, décrétant mentalement qu’il la perturbait et qu’elle ne pouvait pas se suicider dans ces conditions. Ou plutôt… c’était le fait de mourir sous ses yeux, qui la dérangeait. Même s’il n’y avait pas vraiment de raison étant donné qu’il n’était que le rival de Sacha et qu’il se fichait pas mal de son sort. Il venait lui-même de le dire… Et puis, si elle saute, une fois que Sacha et Pierre arriveront et qu’ils ne la verraient plus dans la pièce, ils se précipiteraient à la fenêtre à toute allure, ils remarqueraient ensuite Paul avec son air le plus naturel possible, comme s’il ne s’était rien passé, et connaissant Sacha, il serait capable de faire culpabiliser son rival pour ne pas l’avoir retenue… Non, elle ne voulait pas imposer un aussi lourd fardeau au désagréable jeune homme alors qu’il n’avait rien fait du tout. Ce n’était pas ce qu’elle voulait et elle ne voulait pas que ses deux amis s’acharnent sur le dresseur de Voilaroc, même s’il le méritait…
La coordinatrice se gonfla à bloc et relâcha le tout dans un long soupir. Elle baissa les yeux à ses bottes et fit un pas vers la gauche en se concentrant au maximum pour ne pas déraper. La voix de Paul atteignit ses oreilles tandis qu’une autre brise s’abattit sur le bâtiment, obligeant la coordinatrice à stopper tout mouvement et à se concentrer sur ce que disait le dresseur.
« Qu’est-ce que tu fais ? Tu ne veux plus mourir ? Questionna-t-il en arquant un sourcil.
- Je me suiciderais plus tard. Tu me déconcentres. » Rétorqua-t-elle, le plus sérieux du monde.
Aurore avança prudemment et par petit pas vers la fenêtre, craintive, alors qu’un nœud se forma au fond de sa gorge. Voilà, comme cela… Doucement mais surement. Une goutte de sueur coula sur sa tempe tandis qu’elle déglutit difficilement en voyant la forme des buissons et de la route se dédoubler. Les paupières closes, elle secoua brièvement la tête, ne voulant pas céder au pouvoir hypnotique du vide, et finit par sentir son cœur s’accélérer sans raison.
Aurore décala son pied d’un centimètre et frissonna légèrement. Les muscles de ses jambes ainsi que ceux de sa colonne vertébrale étaient contractés depuis un bon moment à cause du froid. Il fallait dire que cela faisait maintenant une vingtaine de minutes qu’elle était dehors, munie d’une simple jupette sur le dos et d’un bonnet sur le haut du crâne,. Elle ne pouvait pas avoir chaud avec ce genre de vêtements… Si elle relâchait ses muscles maintenant, c’était fini. Essayant de se détendre un petit peu, elle colla son dos la pierre froide et exhala un grave soupir, non sans grimacer ouvertement.
« Je n’ai jamais vue une fille aussi pitoyable… » S’exaspéra Paul.
La coordinatrice lui jeta une œillade avant de l’ignorer ouvertement et de continuer son ascension. Elle était à présent devant la fenêtre, il ne lui manquait plus qu’à plonger à l’intérieur et tout serait finit. Son suicide était peut-être reporté mais au moins, Paul ne la dérangera pas, la prochaine fois. Ce qui l’embêtait le plus, c’était de refaire la lettre d’adieu qu’elle avait remis à Sacha et Pierre. S’ils la surprenaient en train d’écrire les même mots qu’elle leurs avaient marqués, elle finirait par être sous surveillance toutes les secondes. La poisse, grogna-t-elle mentalement.
Cependant, cela ne se passa pas comme elle l’avait prévue puis qu’un vertige s’empara de son corps et que sa botte glissa du bord, faisant bondir son cœur à l’intérieur de sa poitrine alors que ses deux orbes blues s’écarquillèrent de peur. Elle étouffa un bref cri avant de se reprendre mentalement et d’agripper la pierre froide. Soupirant de soulagement, la tête vers le bas, Aurore focalisa son attention sur ses mains afin de ne pas lâcher prise. Une brise lui caressa froidement les bras, provoquant une grimace explicite de cette dernière. Ses membres tremblaient de toutes parts mais elle les ignora et entendit une nouvelle fois les questions effrontées du désagréable jeune homme.
« Pourquoi tu te retiens ? Tu ne voulais pas mourir ?
- Très drôle, Paul… ! Railla la coordinatrice dans un faux sourire.
- Vouloir se suicider n’est pas une chose à prendre à la légère, ça ne se décide pas sur un coup de tête, ou juste parce que l’on en a envie. Franchement… !
- J’y ai réfléchie ! Je sais parfaitement ce que ça implique ! Et cesse de me prendre pour une idiote ! »
- Ce n’est pas l’impression que j’ai, là… Si tu avais vraiment voulue sauter, tu n’aurais pas cherché à te retenir. J’ai tords ? »
La jeune fille contracta sa mâchoire, et fronça les sourcils. Mais pour qui se prenait-il avec ses airs de petit intello ? S’il voulait qu’elle admette qu’il avait raison, il pouvait toujours aller se faire voir ! Même si, effectivement, Paul avait tapé dans le mille et qu’elle venait d’être vexée par la vérité. Comment faisait-il pour lire en elle comme dans un livre ouvert ? Était-elle aussi simple à comprendre que cela ? Réprimant un bref soupir, Aurore regarda l’encadrement de la fenêtre où Paul la scrutait paresseusement. Sacha et Pierre devaient être en train de grimper les escaliers à toute vitesse pour la rejoindre, supposa-t-elle dans un simple sourire. Ils ont sans doute dû trouver la lettre qu’elle avait laissée avec son sac, sur son matelas vide…
La coordinatrice vit Paul tourner la tête vers l’intérieur de la pièce, avant d’entendre à son tour des coups résonner et de percevoir les voix de Sacha et Pierre derrière la porte de la petite pièce. A ce qu’elle pouvait déchiffrer, ils criaient son nom, la rassurait qu’ils étaient là et lui demandaient d’ouvrir…
Ses lèvres se pincèrent dans un autre petit sourire alors qu’elle croisa encore les deux orbes noirs du dresseur. Elle baissa la tête et soupira durement, en priant pour tenir un peu plus longtemps. Parce qu’elle n’avait plus de forces… Le sang de ses mains ne circulait plus et ses membres étaient totalement paralysés. Son visage se crispa tandis qu’elle sentait ses doigts se décoller du rebord pour finalement lâcher prise. Les yeux exorbités, elle vit l’encadrement de la fenêtre s’éloigner brusquement et, dans un dernier acte, ferma durement les paupières, ne voulant pas voir ce qu’il allait se passer ensuite.
Sa chute se bloqua brutalement, ce qui la fit sursauter dans une horrible grimace et lâcher un petit cri de douleur. Quelque chose lui broyait le poignet. Cela lui faisait mal, cela l’oppressait. La tête vers le bas, elle écarquilla ses yeux, comprenant immédiatement ce qu’il venait de se passer. C’était la main de Paul. Il l’avait retenue. Mais pourquoi avait-il fait ça ? Ne se fichait-il pas d’elle comme il l’avait prétendu il y a plusieurs minutes ? Non, non, ce n’était pas le moment pour se poser ce genre de questions, estima la coordinatrice en reprenant ses esprits.
Aurore contracta une énième fois sa mâchoire et se sentit tirer vers le haut. Ses mains rappèrent le bord de la fenêtre tandis que ses genoux se cognèrent contre le joint en plastique dur et que ses bottes touchèrent le sol. La seconde d’après, la coordinatrice était à terre, les fesses sur jambes repliés, ses genoux contre le parquet en bois, ses bras collés contre son corps, ses poings crispés contre ses mollets, le cœur battant à une vitesse excessive, le souffle court, déboussolée.
Du coin de l’œil, elle vit la silhouette du jeune homme reprendre silencieusement sa respiration. Derrière la porte, les voix de Sacha et Pierre criaient sans cesse son prénom en tambourinant contre le bois. La porte était vieille, et elle aussi, avait mis du temps avant de l’ouvrir… Malgré le boucan que ses amis faisaient, la voix de Paul finit par atteindre ses oreilles.
« Je ne sais pas pourquoi je t’ai venue en aide, ni pourquoi je viens de te sauver la vie. Mets-ça sur le compte de l’instinct ou de ce que tu veux. Cependant… La prochaine fois, je ne serai pas là pour te retenir ; que ce soit bien clair. »
Le regard d’Aurore était toujours planté dans une latte en bois. Elle voulait lui répondre qu’elle s’en fichait, qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui vienne en aide et que de toute façon, avec son mauvais caractère, ce n’était pas lui qui irait porter secours aux autres, mais les mots refusèrent de sortir. Elle tenta de faire descendre le nœud coincé dans sa gorge en déglutissant mais il ne voulait pas partir et l’interdisait de parler.
La coordinatrice l’entendit se relever et enfoncer ses poings dans les poches. La mâchoire serré, honteuse et pleine de remords, elle rentra sa tête dans ses épaules et cacha son visage avec ses mains, laissant finalement toute la pression et la peur se transformer en larmes. Ses épaules tremblèrent mais elle n’y prêta pas attention. Et ce foutu nœud qui ne voulait pas s’en aller et qui faisait redoubler ses sanglots… ! Bon sang, Paul venait de lui sauver la vie et elle n’arrivait même pas à prononcer un seul mot pour lui faire part de son incompréhension, se maudit Aurore en serrant rageusement les dents. Après une minute de silence, Paul se remit à parler avec toujours le même ton : Froid et impassible.
« Ne t’attend pas à ce que je te rassure en te prenant dans mes bras et en disant que tout va bien, ou quelque chose comme ça. C’est toi qui l’a cherchée alors ne viens pas te plaindre. Si tu veux continuer à pleurer, pleure. Mais ce n’est pas moi qui te dirais d’arrêter. »
La coordinatrice voulue parler mais une fois de plus, ses mots restèrent bloqués. Elle renifla et exhala un souffle long et fébrile avant de sentir la silhouette de Paul bouger. Il était proche, en face d’elle, sans doute. Elle sursauta dans un faible spasme en sentant la main de ce dernier prendre l’une des siennes et l’écarter de son visage. Sans un mot elle fixa le regard neutre qu’il lui lançait, notant au passage qu’il avait un genou à terre.
« Tu es vraiment pathétique… » Finit-il par déclarer.
Aurore détourna le regard, mal à l’aise et serra son poing libre contre sa poitrine. Elle le savait très bien, pourquoi devait-il le dire à haute voix ? Les coups de ses deux amis coincés derrière la porte résonnèrent à nouveau. Vu le rythme, ils essayaient certainement de la défoncer à coup d’épaule…
Elle contracta ensuite sa mâchoire, ferma les durement les paupières et laissa les larmes couler naturellement sur son visage crispé. La voix de Paul retentit une seconde fois et dans un ordre sec.
« Arrête de pleurer. »
Elle eue un mouvement de recul, étonnée, et releva la tête pour scruter ses deux orbes noirs, confuse. Il n’y a même pas deux minutes, Paul lui avait dit de continuer à pleurer, que ce n’était pas lui qui lui demanderait d’arrêter et là, il lui disait de ne plus verser de larmes ? Il se contredisait tout seul ! Qu’est-ce qu’il lui prenait ?, s’énerva-t-elle en fronçant les sourcils.
Le jeune homme ouvrit la bouche, pour certainement faire une autre remarque désagréable, mais ce fut le début du prénom de la coordinatrice qui sortit avant d’être brusquement coupé par le bruit de la porte. Cette dernière venait de céder dans un craquement sourd tandis que les voix de ses amis monopolisèrent l’espace dans un seul et même cri désespéré. Les deux silhouettes se stoppèrent net, figé par ce qu’ils avaient sous les yeux.
« Paul ? S’étonna Sacha.
- Qu’est-ce qu’il fait là ? » Rajouta automatiquement Pierre.
Aurore ignora les deux intrus et pinça ses lèves en sentant son cœur s’emballer légèrement. S’ils n’avaient pas débarqués à ce moment-là, Paul aurait prononcé entièrement son prénom et aurait dit quelque chose d’autre ensuite. Ce qu’il voulait dire après, elle s’en fichait, mais ce qu’elle avait retenu, c’était que Paul n’avait pas oublié la fois où elle s’était présentée et savait comme la coordinatrice se nommait…
Cette dernière le vit refermer la bouche en silence et baisser suffisamment la tête pour que ses mèches cachent son visage. Elle sentit une brève pression à sa main droite, remarquant que la paume de Paul était toujours contre la sienne, et l’observa baisser leurs mains jointes pour lâcher doucement sa prise, comme s’il avait peur de lui faire mal dans ce simple geste. Aurore nota tout de même la gentillesse dont il venait de faire preuve, découvrant une partie du Paul qu’elle ne connaissait pas, ce qui la fit discrètement sourire.
Le dresseur du Bourg-Palette tiqua en remarquant la coordinatrice près de son rival qui venait de se relever en silence, se précipita sur elle en criant son prénom, la prit par les épaules et la tourna vers lui. Surprise par la brutalité de son geste, elle s’hébéta à rencontrer le sérieux de ses yeux chocolat et l’inquiétude de ses reflets noirs. L’espace d’un instant, elle ne l’aurait jamais reconnu s’il ne portait pas son éternelle casquette rouge sur la tête…
« Aurore ! Répéta-t-il précipitamment, Est-ce que ça va ? Tu n’as rien ? … Mais qu’est-ce qui t’a pris, enfin ?! T’es complétement folle d’avoir voulue faire ça ! Et puis c’était quoi cette lettre ? On t’a déjà dit de ne pas faire attention à ce surnom ! Ils font juste ça pour t’embêter ! Et puis la vie est bien trop courte pour que tu meures maintenant ! Ne refais plus jamais ça ! On a promis à ta mère de veiller sur toi ! Et toi, tu disparais en pleine nuit pour venir en haut d’un immeuble te suicider ? Qu’est-ce qu’il s’est passé, enfin ? »
Il se fichait apparemment des traces de larmes sur ses joues, de ses yeux encore rougit par ses pleurs, de sa chair de poule qui ne la quittait plus et de ses yeux écarquillés de confusion. Du coin de l’œil, elle aperçut Pierre qui s’était rapproché et qui observait la scène en silence.
Aurore se reprit mentalement en voyant le dresseur du Bourg Palette s’approcher pour la rassurer dans une étreinte, et le repoussa doucement avant de fermer les yeux et de froncer les sourcils. Le nœud dans sa gorge avait disparu, lui permettant ainsi de retrouver la parole.
« Je sais… ! » Râla-t-elle.
La coordinatrice connaissait déjà la leçon, pas besoin de lui redire ! Mais ce qui l’étonna immédiatement, c’était quand même le ton qu’elle venait d’employer ; rauque mêlée avec une point d’irritation. Sacha s’inquiétait juste pour elle et était soulagée de la voir en vie, il n’avait rien fait de mal. Et puis, quelque chose d’autre la chiffonnait. Elle ne savait pas pourquoi mais elle préférait les paroles froides et dures de Paul, à celles chaleureuses et gentilles de son ami. Peut-être parce que, lorsqu’elle était au bord de la mort, Paul n’avait pas fait comme tous les autres, lui répétant sans cesse ce que l’on dit dans ce genre de situation ; que cela ne servait à rien de faire ça, qu’il fallait penser à sa famille, à ses amis, qu’elle avait encore toute la vie devant elle, enfin bref, des paroles hypocrites. Comme ce que venait de lui dire le dresseur du Bourg-Palette, alors que les paroles de son rival étaient plus crues, plus touchantes, qu’elles reflétaient ce que les autres pensaient vraiment… Oui, c’était sans doute pour cette raison qu’elle était contrariée. Et puis, si elle y réfléchissait encore un peu, elle devait tout de même avouer qu’à cause de ses deux amis, Paul avait été interrompu et après réflexion, elle aurait bien voulue savoir ce qu’il allait dire…
Sacha parut étonné de son comportement et braqua immédiatement un regard hostile sur son rival qui l’imita aussitôt. Il devait certainement pensé que c’était sa faute si elle était dans cet état-là... Ils se toisaient tout le deux tandis que la tension montait progressivement et en silence.
Pierre appela le dresseur à la casquette, lui faisant un signe de la tête pour lui faire comprendre que cela ne servait à rien de déclencher une dispute dans cette situation et que tout ce qui comptait à présent, c’était que leur amie soit saine et sauve. Sacha ferma les yeux en réprimant un soupir et ôta ses mains des épaules de la coordinatrice.
Au même moment, Aurore détourna le regard et vit du coin de l’œil que Paul ferma les paupières en soupirant et en se relevant sans un mot. Elle se tendit dans une discrète grimace en sentant la main gantée de Sacha qui entourait délicatement son poignet; elle avait encore mal. Il fallait dire que le désagréable jeune homme ne l’avait pas ménagée non plus…
« Viens, Aurore. Retournons au centre Pokémon. Ordonna doucement le dresseur.
- Attends un instant, Sacha. Elle est encore sous le choc, il faut lui laisser du temps... » Conseilla l’éleveur en s’approchant d’Aurore.
Le métisse entoura doucement les épaules de la coordinatrice à l’aide d’une légère couverture marron, se mit à sa hauteur et étendit délicatement sa main dans son dos pour la rassurer dans une friction lente et calme. Elle resserra timidement le bout du tissu autour de son corps et, embarrassée, détourna le regard sur un clou qui trainait non loin de là. Pour finir, Aurore marmonna un vague « Merci » alors qu’elle sentit ses joues rougirent de gêne.
Elle s’apprêtait à baisser la tête et à enfoncer sa tête dans ses épaules, mais un bruit sec la fit sursauter, sentant un léger courant d’air lui filer entre les jambes, ce qui l’obligea à porter son attention à droite : C’était Sacha qui venait de brusquement refermer la fenêtre en prenant soin de bien la verrouiller.
Aurore rassembla ses dernières forces et se redressa difficilement sur ses jambes tandis que le dresseur du Bourg-Palette se dressa pour se mettre aux côtés de l’éleveur. Il lui adressa un léger sourire avant de déclarer qu’ils y allaient. Mécaniquement, la coordinatrice tourna sa tête vers Paul avant de planter son regard sur les deux garçons.
« Attendez-moi dans les escaliers. J’arrive tout de suite.
- Si on t’attend, ça sera devant la porte. » Rétorqua fermement Sacha.
Et le ton était sans appel. Elle feignit un soupir et leva les yeux au ciel, comme pour lui faire comprendre qu’elle ne ferait plus d’acte irréfléchi, et observa silencieusement ses prunelles marrons. Ce dernier ferma les yeux et jeta une brève œillade à son rival, avant de quitter le groupe et de se poster contre l’encadrement de porte, les bras croisés. Pierre offrit un sourit discret à la coordinatrice et finit par rejoindre le futur Maître Pokémon.
Aurore pivota vers le dresseur de Voilaroc et osa un regard en direction de ses pupilles froides avant de baisser immédiatement les yeux, intimidée. Et maintenant ? Que dire ? Ce n’était pas lui qui allait faire le premier pas et si le silence durait trop longtemps, le connaissant, il finirait par se barrer, les mains dans les poches et sans avoir dit un mot. La coordinatrice ouvrit la bouche, hésitante, et finit par lâcher quelques mots.
« Je… J’aimerais te remercier pour-… »
- Ne commence pas avec tes belles paroles, Trancha-t-il sur un ton irrité, Si c’est pour dire des conneries, autant ne pas parler du tout. »
Elle tiqua immédiatement et resserra nerveusement la couverture contre ses épaules avant de s’excuser dans un faible bougonnement. C’est vrai qu’il détestait les remerciements et qu’elle, bêtement, naturellement, le faisait quand même… Le jeune homme lui avait tout de même sauvé la vie, il méritait qu’elle le gratifie. Mais Paul était Paul. Il ne changera jamais, soupira-t-elle intérieurement.
« Je suppose que tu recommenceras quand ils seront à nouveau endormis. » Soupçonna-t-il.
Aurore tourna la tête pour croiser les quatre billes qui l’observeraient, ferma les paupières et reporta son attention sur son interlocuteur. Ses yeux étaient froids et reflétaient la parfaite indifférence, mais elle pouvait clairement voir qu’il était curieux et qu’il se demandait ce qu’elle allait faire après ce qu’il venait de se passer cette nuit.
« Non. Ils ne sont pas bêtes. Ils vont veiller sur moi et faire attention, maintenant...
- J’en déduis alors que tu le feras une fois qu’ils auront entièrement confiance en toi. »
Pour une fois que Paul dialoguait autrement que par méchanceté, il fallait en profiter, pensa Aurore. En fait, une fois que le contact était établi et qu’il passait plus ou moins, c’était bon. Elle devait se considérer chanceuse. Il n’était pas comme ça avec tout le monde… Elle resta bloquée un instant, emprisonnée par son regard calme et étrangement captivant, avant de cligner des yeux et de détourner le regard.
« Je n’en suis plus très sûre… Avoua-t-elle dans un las soupir.
- Tu étais pourtant si déterminé, tout à l’heure…
- Je sais, mais je… j’ai été surprise que tu me sauves, c’est tout.
- Et cela a suffi à te persuader ? Tu ne vas plus te suicider à cause de ce que j’ai fait ? Demanda le jeune homme en arquant un sourcil. »
Ses mains empoignèrent l’intérieur du tissu marron alors qu’elle le resserrait contre elle en hochant la tête, silencieuse. Oui, cela avait suffi. Cette raison lui paraissait complétement simplette mais c’était la seule qui lui venait à l’esprit. Paul n’était pas le genre de garçon à se préoccuper des autres ; la preuve, il ne lui avait dit que des mots pour la forcer à se suicider… Et même s’il avait prononcés des paroles blessantes, au final, il l’avait rattrapé lorsqu’elle avait chuté… Cela prouvait qu’il n’était peut-être pas si froid qu’il ne voudrait le faire croire…
« Justement… J’aimerais quand même savoir… pourquoi tu m’as sauvée ? Tu aurais très bien pu m’ignorer et me laisser tomber…
- Ça aurait été dommage si le monde avait perdu une idiote telle que toi. Répondit-il évasivement en haussant les épaules.
- Non. Rétorqua-t-elle en plantant ses deux orbes dans les siens, La vraie raison, Paul. »
Les lèvres pincées, il la dévisagea sans gêne, une grimaça collé sur son visage, avant de détourner le regard, impuissant face à la détermination qui brillait dans les yeux de la coordinatrice.
« J’voulais pas que tu meures. Lâcha rauquement le dresseur en regardant ailleurs pour ensuite se gratter la tête dans un geste mal assuré, Mon frère dit que tu es quelqu’un de bien, alors ça aurait été bête que tu ne sois plus là. Je n’aurais pas pu vérifier si ce qu’il disait était vrai… »
Les grands ouverts, le cœur battant, Aurore ne put s’empêcher d’ouvrir également sa bouche sans pour autant en sortir un son. Est-ce que cela voulait dire qu’il souhaitait mieux faire connaissance ? Devenir… ami avec elle ? Non, ce n’était pas possible. Le Paul qu’elle connaissait n’aurait jamais souhaité se lier d’amitié avec qui que ce soit, et surtout une fille… ! C’était impensable. Elle devait s’en assurer, lui demander à voix haute pour être sûr que ce n’était pas son imagination. Alors prudemment, elle déglutit difficilement et tenta de parler malgré la boule qui se formait dans sa gorge.
« A-alors…ça veut dire que…que tu veux bien…
- Je ne pourrais pas te garantir que ça durera indéfiniment, par contre… Répliqua-t-il, les yeux rivés sur la fenêtre.
- Je suis prête à prendre le risque. » Osa presque immédiatement Aurore.
Parce que même s’il mettait fin à cette amitié naissante, Aurore était certaine que le temps qu’elle aurait passée avec lui valait largement le coup, même si ce n’était que pour quelques jours. Paul resta silencieux, ne sachant certainement pas quoi répondre, et c’est à ce moment-là que décida le dresseur du Bourg-Palette pour appeler la coordinatrice et lui faire part de son impatience, ce à quoi cette dernière lâcha un « J’arrive… ! » et se tourna une nouvelle fois vers le désagréable jeune homme qui venait de fermer les paupières pour enfoncer ses mains dans les poches de son gilet.
« Je vais te laisser y aller, alors…
- Non, attends… ! Je… J’aimerais vraiment te remercier de m’avoir sauvé la vie…
- Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas de remerciement ; je n’aime pas ça, si tu veux tout savoir…
- J’ai bien compris. J’ai bien compris mais laisse-moi le faire comme il se doit. S’il te plait… ! »
La tête légèrement penché sur le côté, les sourcils froncés d’incompréhension, le regard confus, il répéta brièvement un « Comme il se doit ? » et attendit qu’elle lui montre ce qu’elle voulait dire. Aurore fit un pas en avant, observa le dresseur grimacer en se demandant visiblement ce qu’elle comptait faire, et fit un petit mouvement de la main pour l’intimer de se pencher près d’elle, afin que ce dernière puisse lui chuchoter quelque chose à l’oreille. Peu confiant, Paul lui lança tout de même une œillade perplexe avant tourner sa tête de côté et de se pencher près du visage de la coordinatrice.
La gorge serrée de gêne, Aurore se reprit mentalement en se disant que son remerciement ne durerait qu’une demi-seconde et que son interlocuteur aurait sans-doute oublier son geste le soir-même. Alors, déterminée, le cœur battant, elle posa ses lèvres sur la joue du jeune homme qui se tendit presque instantanément dans un léger spasme, et se retira pour ensuite croiser ses deux ombres sombres. Paul cligna des paupières, reprenant au passage ses esprits, eut un bref mouvement de recul quant à la proximité qu’ils entretenaient toujours, et finit par ouvrir la bouche plusieurs fois d’affilé, sans pour autant en sortir un son. Cette mimique déclencha un petit rire étouffé de la part de la coordinatrice avant qu’elle ne prenne un air supérieur en adressant un sourire malicieux au jeune homme qui venait de claquer sa langue au palais, agacé.
« Tu croyais vraiment que j’allais te dire un simple merci au creux de l’oreille ? Si c’est ça, tu as encore beaucoup à apprendre, Paul… » Finit-elle en se détournant de lui.
Elle se doutait parfaitement que le dresseur fulminait derrière son dos, ce qui la fit sourire encore plus. Les battements de son cœur s’accélérèrent et Aurore comprit pourquoi elle se sentait mal-à-l’aise en la présence du désagréable jeune homme et même si cela lui paraissait inconcevable, elle devait bien avouer que ses sentiments étaient réels. Bien sûr, lorsqu’ils se reverraient, elle ne dirait rien après tout, ils s’étaient bien mis d’accord, et privilégier l’amitié était primordiale pour un gars comme Paul…
La coordinatrice ferma un instant ses yeux, décrétant intérieurement qu’elle lui adresserait une dernière parole, et finit par tourner la tête dans un large sourire malgré ses joues roses.
« Non, sincèrement… Merci, Paul.
- J’aurais mieux fait de te lâcher, tout à l’heure… » Regretta le concerné
Voyant l’aura menaçante qui émanait de ses prunelles noirs, elle préféra reporter son attention sur ses deux amis, un qui lui souriait avec pleins de sous-entendus, tandis que l’autre la fixait avec de gros yeux, certainement encore confus de l’échange que cette dernière ait pu avoir avec son rival… Aurore sortit une main de sa couverture, la leva près de son épaule en signe d’au revoir, et laissa un Paul -plus ou moins embarrassé- grommeler des choses à son sujet pour rejoindre ses compagnons de voyages.
La coordinatrice ignora les questions de Sacha dans un mouvement de cape et bifurqua à droite afin de descendre les escaliers de secours, rassurée que son projet de suicide ne se soit pas concrétisé grâce au désagréable jeune homme.