[One Shot] Lentement recouverts par la neige ...

Le temps défile, lentement comme à son habitude quand l'ennui se fait très présent, mais pour moi cela fait déjà de longues minutes qu'il est ainsi. Il suffit d'un rien pour faire basculer toute une vie, j'en ai fais l'amère expérience et je ne souhaite à personne de vivre une telle chose. Peut-être suis-je trop sensible, peut-être que j'en fais trop, mais j'ai véritablement l'impression que ma vie ne rime plus à rien, ne me mènera plus nul part. Pourtant rien ne laissait présager que tout virerait si vite à la catastrophe et prendrait des proportions si dramatiques mais personne ne peut prédire le destin, il surgit et frappe, que vous soyez prêt ou non ...

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"Dépêche-toi Marie, on ne doit pas arriver en retard !"

"Ne paniques pas, si on est partit en avance c'est pour ne pas stresser et y aller calmement."

"Ton côté j'm'enfoutiste me tuera ..."

Un simple sourire viendra mettre un terme à cette conversation. La lune est dominante dans le ciel, il est prés de 22h00 quand deux jeunes personnes marchent doucement vers la place principale de la ville, place sur laquelle aura lieu le grand festival annuel. Bien que cette fête se soit toujours déroulée sous les meilleurs hospices, cette année pourrait très bien faire exceptions, la faute à de nombreuses rumeurs faisant état d'agissements criminels dans les environs. Malgré ça, la ville avait prit sur elle d'organisé malgré tout leur traditionelle cérémonie, s'appuyant sur le fait que la sécurité allait être sans pareille et que chaque personne était assurée de retrouver son domicile sain et sauf. Bien entendu, ça ne suffisait pas à rassurer l'ensemble de la population, mais les jeunes ne pensent pas toujours aux divers dangers les guêtant et cette fête n'était pour eux que l'occasion de s'amuser jusqu'à pas d'heure. On apprend de ses erreurs dit un proverbe connu, sauf que parfois, les erreurs commises coûtent très très cher ...

La montre du jeune garçon affichait 22h17 quand il arriva enfin sur la place, immédiatement rejoint par son amie qui le suivait quelques pas plus loin. C'était pour eux la première fois qu'ils prenaient part à cette fête et ils avaient bien l'intention de rendre cette soirée inoubliable. Ces deux personnes étaient amies depuis leur plus tendre enfance et le temps ne fit que les rapprocher, à tel point qu'ils renvoyaient l'image du parfait jeune couple, taquin, proche, câlin sans qu'ils ne sortent pour autant ensemble, au grand dam du jeune homme.

"Si je comptais sur toi pour ouvrir la marche, je suis sûr qu'on serait encore dans les bois ! Ca t'ennuierait de presser un peu le pas ?!"

"Bon ça va comme ça Chris ! Déjà que j'ai bataillé ferme avec mes parents pour qu'ils me laissent venir, tu va pas commencer à m'énerver ! J'aurais mieux faix de rester chez moi tiens ..."

"Mais arrête, depuis quand tu prends tout ce que je te dis au premier degré ? Tu sais très bien que je te charries, on l'fait tout l'temps."

"Je sais, je sais ..."

Chris observa du coin de l'oeil la réaction de son amie, jamais auparavant il ne l'avait vu aussi réactive et sensible à ses propos. C'était presque comme si elle était strssée ou préoccupée par quelque chose, quelque chose qui avait apparament une grande importance. Et dans la tête de la jeune fille, tout était très clair, elle souhaitait vraiment devenir plus qu'une amie au yeux du garçon. Elle l'aimait, elle l'aimait d'un amour relativement fort mais avait toujours eu peur de lui déclarer sa flamme de peur que tout se casse entre eux au cas où ses sentiments ne seraient pas réciproque. Mais ce soir, elle comptait bien prendre son courage à deux mains, profiter de la danse qu'il lui avait promis pour tout lui avouer, entre prendre le risque ou vivre avec des remords, son choix était fait.

La place était décorée de fort belle manière, les lampions de diverses couleurs éclairaient la ville de diverses teintes tandis que la grande statue avait été entièrement recouverte de guirlandes lumineuses. Et ce spectacle n'était rien en comparaison de ce qui avait été organisé pour distraire tout le monde, entre les acrobates et jongleurs ainsi que les magiciens, les artisants et bien sûr, les stands d'alimentation, il y en avait pour absolument tous les goûts. Et enfin les deux jeunes arrivants allaient pouvoir profiter de la fête, elle était non seulement leur première mais en plus, ils avaient obtenu le droit de s'y rendre seulement tout les deux, après une très dure lutte avec leurs parents du fait de leurs âges. Chris était âgé de dix-sept années tandis que Marie totalisait tout juste seize printemps, et leurs géniteurs étaient parmis les plus protecteurs, malgré ça, ils étaient bien là.

"Je sens que ça va être une grande soirée, dire que tu ne voulais pas venir !"

"Je te l'ai dis, j'ai un mauvais pressentiment, et tu sais ce qu'on raconte sur l'intuition féminine ..."

"Tout ce que je vois, c'est une trouillarde qui a peur de s'amuser, voilà tout ! Allez détends-toi, on va d'abord manger une bonne brochette, allez viens."

Il était impossible pour elle de lui dire non à partir du moment où le jeune homme lui souriait, elle était tout simplement hypnotisée et lui aurait donné tout ce qu'il souhaitait. Cela aurait d'ailleurs été bien plus simple que lui fasse le premier pas, elle n'aurait eu qu'à lui dire oui, mais peut-être ne ressentait-il pas la même chose, peut-être était-elle simplement sa meilleure amie. Devant le vendeur, Chris paya pour eux deux et ils mangèrent tout en s'aventurant sur la place qui regorgeait de monde quand le téléphone du garçon sonna. Il vit que c'était sa mère et se dit qu'elle appelait car elle s'inquiétait pour eux et voulait juste savoir s'ils étaient bien arrivé. La vérité était tout autre.

"Excuse-moi deux seconde Marie. Oui maman, qu'est-ce qu'il y a ? Quoi ? Mais faut pas croire tout ce qui est dit à la télé, t'inquiètes pas, on rentrera en un seul morceau. C'est ça ouais, bonne soirée !"

Voyant l'attitude assez exaspérée de Chris, la jeune fille se risqua à lui demander ce qu'il se passait avec sa mère pour qu'il en vienne à lui parler ainsi. La réponse fit tout sauf la rassurer.

"Mais y'a rien, juste cette histoire de risques et de menaces. Soit disant ce soir, il va se passer quelque chose où je ne sais trop quoi. M'enfin, viens on continue !"

"Arrête Chris, je commence à avoir peur, viens on rentre, j'aime pas cette histoire."

"Rentrer ? Pour une fois que je peux m'amuser à cette fête, je n'ai pas l'intention de rentrer. Si t'es si froussarde, tu n'as qu'à rentrer toi, je peux très bien m'occuper tout seul !"

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Ce fut là des paroles très dures que je lui dit, et tous les regrets du monde ne pourront effacer la douleur qu'elle a put ressentir ce moment là. Moi-même, je ne me cherche aucune excuse quand à ma réaction et je ne me pardonne pas un tel acte ...

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Marie resta immobile après les propos tenus par le garçon, les yeux larmoyants comme s'il venait de lui dire clairement qu'il n'avait aucun besoin d'elle, qu'elle n'était rien pour lui. Chaque mot resonnait dans sa tête, chacun plus douloureux que le précédent, elle qui souhaitait lui crier ce que son coeur chuchottait se retrouvait incapable de répondre à ce qu'il venait de lui dire. Les larmes coulaient lentement le long de ses joues tandis qu'elle le regardait continer d'avancer le long de la grande allée. Elle resta ainsi avant de lui parler, d'une voix triste et abbatue.

"C'est ainsi ? Je ne suis rien à tes yeux ? Alors pourquoi m'avoir fait espérer ? Pourquoi m'avait fait entrevoir que nous étions amis, voir plus encore ? Je t'aime ... Je t'aime si fort et je ne suis rien pour toi ...

Sans un mot de plus, elle tourna les talons et s'enfuit en courrant dans la direction opposée à la fête tandis que Chris tenta de se lancer à sa poursuite mais la perdit très vite de vue au beau milieu de la foule. Il s'en voulait, plus encore quand il entendit de la bouche de celle qu'il aimait lui aussi qu'elle n'était rien pour lui. Dire que lui aussi ressentait la même chose mais que pour les mêmes raisons, il n'avait jamais osé l'avouer, voilà qu'il venait de briser le coeur de celle pour qui il aurait décrocher la lune. Son premier réflexe fut de prendre son téléphone afin de la joindre mais elle ne répondit pas, réaction normale après tout, elle n'avait même plus le courage d'entendre le son de sa voix. Ils étaient tout les deux dans le même état, tristes et abbatus, déambullants au gré des stands, lui espérant la retrouver, elle souhaitant de ton son coeur avoir rêvé.

Au bout d'une heure, alors que les horloges indiquaient 00h22, une immense explosion retentit sur la partie Est du festival, provoquant une frayeur et un mouvement de foule en panique énormes. Alors que certaines personnes cherchaient à se sauver ou à rentrer chez eux, Chris, toujours à la recherche de Marie, courrut vers le lieu de l'explosion en priant pour qu'elle n'ait pas été à cet endroit là lorsque la détonation eut lieu. Et une fois présent sur place, un spectacle atroce s'offrait aux yeux des quelques personnes présentes, des corps démembrés et déchiquetés jonchaient le sol, l'explosion sembla s'être déclanché du beau milieu de la petite fontaine centrale, touchant un maximum de monde. Le coeur battant à très vive allure, le jeune garçon appelait son amie tout en espérant que si elle ne répondait pas, c'est parce qu'elle était ailleurs, et en continuant ses recherches, il trouva le téléphone de Marie, ainsi que la jeune fille un peu plus loin.

Elle était sacrément blessée et saignait abondamment, nottament au niveau de la temps ce qui laissait voir que la tête était durement touchée. Dans un cri de rage et de peine, Chris se rua sur elle et la prit dans ses bras, ce fut à ce moment précis qu'elle ouvrit les yeux. Le ciel choisit ce moment pour laisser tomber sur la place de nombreux flocons de neige d'un blanc pur, tandis que Chris pleurait en tenant celle qu'il aimait contre son torse. Il se maudissait, il ne parvenait pas à se pardonner sa réaction, s'il n'avait pas agit ainsi, elle ne serait pas partie et elle ne serait pas dans un tel état. Pendant qu'il pleurait, elle, à l'opposé, souriait, elle était calme, sereine. Elle plongea son regard azur dans les pupilles émeraude de son amour et dans un dernier sourire, ferma les yeux.

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Et depuis ce moment, elle est dans mes bras, inexpressive, immobile. Tout le monde s'agite autour de moi, les pompiers sont là, s'occupent des quelques survivants dans un bien piètre état, et moi je suis là. Je ne me pardonne pas mon acte, je l'ai mené vers sa mort si tôt, elle m'aimait, elle m'aimait et moi je l'ai conduit à la fin. Je sens la peine grossir en moi, je la serre si fort mais elle ne réagit pas, elle ne réagira plus, par ma faute. Les froides larmes du ciel continuent de tomber, aussi gêlées que l'est mon coeur en ce moment et qu'il le sera pour toujours, je suis coupable, je ne peux plus rien faire. Et dans toute cette agitation, je ne vois qu'elle, appaisée et souriante, comme si elle était partie heureuse. En jetant un rapide coup d'oeil à son téléphone, je vis qu'elle était en train de m'écrire un message, un message où elle disait avoir compris ma réaction et qu'elle voulait qu'on se retrouve pour qu'elle se fasse pardonner. Maintenant il est trop tard, elle n'avait rien à se faire pardonner, tout était de ma faute et uniquement ma faute. Un pompier s'approche de moi, je n'ai plus de larmes, je souffre et je ne peux même plus pleurer, il me dit que la fille que je tiens contre moi est morte. Je le savais mais ces mots avait l'effet d'un coup de poignard en moi. Je les vois la recouvrir d'un drap blanc et la déposer au milieu des autres corps, cette journée marque la fin de quelque chose d'important pour moi et rien ne sera plus jamais pareil. Je reste par terre, contemplant cette place petit à petit semblable à mes espoirs, lentement recouverts par la neige ...