Ça pour un Scoop !
Mardi – 19h51
Je m’arrêtais au coin de la rue et allumais la cigarette qui squattait mes lèvres depuis la sortie de la bouche de métro. J’inspirais et me laissais apprécier la sensation de la fumée qui remplissait mes poumons avant de la recracher par le nez. Je la regardais s’élever dans les airs et se dissiper dans la lueur de la nuit. Je portais mon attention vers le mur à côté de moi et à l’aide de mon briquet, j’éclairais le panneau fixé dans la brique.
« Rue des Bulbizarres – Quartier Sud – Céladopôle »
Je n’avais en réalité même pas besoin de lire l’écriteau pour savoir où je me trouvais. L’odeur de plastique brûlé et de rouille qui venait agresser mes narines depuis plusieurs minutes me l’indiquait déjà. Le doux parfum écœurant du quartier sud. Une nouvelle bouffée toxique dans les poumons et je m’avançais dans les ténèbres de la ruelle où seule la braise de ma cigarette luisait. Je rasais les murs recouverts de graffitis, tête baissée avec une allure rapide. Il ne faillait mieux pas s’attarder dans les ruelles sombres à la périphérie du quartier.
Depuis la guerre qui avait fait rage il y a cinquante ans, toute la région de Kanto avait pratiquement sombrée dans le chaos. La « crise psy » comme l’avait appelée les anciens qui avaient connu le monde d’avant. Tout avait commencé par une loi promulguant l’interdiction de toute capture, dressage et combat de Pokémon afin d’instaurer l’égalité entre nos deux espèces. Mais rapidement, les Pokémons psy comprirent que sans le joug des humains, leurs habilités leur permettaient de dominer le reste des Pokémons et des humains. S’en suivie une guerre entre ces derniers, leur armée d’asservies aussi bien humain que Pokémon et le reste de l’humanité. Au terme de 5 ans de combat, les Pokémons psy furent défait et les survivants furent tous contraint de subir une opération visant à neutraliser leurs habilités psychiques. Mais ce conflit marqua définitivement les esprits aussi bien des humais que des Pokémons.
Je circulais depuis 10 minutes dans ce labyrinthe de tôle et de parpaings, je devais me trouver dans l’ancienne rue commerçante, qui maintenant ressemblait plus à un cimetière de boutiques avec toutes les portes scellées, les fenêtres murées et les vitrines brisées. Je tournais une nouvelle fois à gauche et saisissais mon carnet de note dans ma poche afin de revérifier le plan que m’avait donné mon indique. Oui j’étais bien au bon endroit.
*****
_Tu es bien sûr qu’ils seront là ? Je regardais perplexe le plan gribouillé sur mon carnet qui indiquait le restaurant l’Artikodin dans le quartier sud.
_Mais oui !
Je lançais un regard septique à l’homme en face de moi mais il semblait serein. Thomas avait beau être une fripouille, ses tuyaux étaient toujours fiables. Heureusement qu’il n’était pas lui aussi journaliste freelance, avec toutes les informations qu’il dénichait, il pondrait 4 articles à scandale par jour et serait le reporter le plus convoitée de la ville.
_Ils vont toujours bouffer là-bas avant leurs gros coups. Et crois-moi ce soir ne dérogera pas à la règle.
Il m’adressa un clin d’œil complice et un sourire narquois apparu au coin de ses lèvres.
_Mais dit moi, pourquoi tu t’intéresses au gang mes Maraudeurs ? Je croyais que tous les journalistes s’intéressaient à ce nouveau super-héro qui fait régner la terreur en ville ?
Je saisissais mon paquet de cigarette et lui en tendait le contenu tout en m’en allumant une. Il sauta dessus et l’alluma à son tour.
_Mais c’est exactement ce je fais.
Il plissait les yeux en me regardant fixement.
_Crois-tu vraiment qu’on trouve un super héros en essayant de démasquer sa véritable identité ? Non Pour trouver un héros, il faut trouver le crime qu’il veut empêcher.
Son regard semblait perdu à mon explication.
_Ouais. Bah évite de parler de moi dans ton article ou si tu te fais prendre. Lâcha t’il en même temps qu’un épais nuage de fumée.
_Comme toujours.
*****
L’Artikodin était l’un des deux restaurant de la rue - le deuxième étant une gargote vendant des kebabs à emporter, présentant un bloc d’agneau peu appétissant tournant sur sa broche - d’une rue qui semblait, comme toute les précédentes, abandonnée avec ses immeubles aux portes condamnées par des planches abondamment taguées, dont plusieurs avaient été forcées, sans doute par des squatteurs.
Je m’avançais vers l’Artikodin, le classique dinner des vielles années 80 qui avait vu passer trop d’hiver. Peinture rouge ternie et écaillée, rouille apparente sur la plupart de la devanture, le tout baignant dans une lumière bizarrement orangée par deux néons fixés de guingois autour de l’entrée. Seule l’épaisse porte en métal paraissait tenir le coup – mesure de sécurité obligatoire par les temps qui courent…
Je saisissais la poignée en métal et poussais la porte qui était aussi lourde qu’elle le paraissait. L’odeur de cigarette et d’alcool mêlé à celle de graisse brulée émanant de la cuisine m’arracha un haut le cœur à peine entrer dans la pièce. Le restaurant était comme sa devanture le laisser deviner. Une dizaine de tables toutes inoccupées à l’exception de deux d’entre elles, des vues jaunies de San Francisco, Las Vegas ou du Grand Canyon aux murs, un immense bar en métal occupait la moitié de l’espace de la pièce. Après un rapide coup d’œil au client déjà présent, qui ne correspondaient pas à la description des deux bonnets que je cherchais, je me dirigeais vers le bar.
Les tabourets faisant face au bar étaient tous recouverts d’un cuir rouge décrépis et craquelés laissant apparaitre par endroit une toile noircis par la saleté et la moisissure. D’un rapide coup d’œil, je sélectionnais le moins délabré de la rangée et m’installais au bar face aux tireuses à bière. L’unique serveur, qui avait plaqué ses quatre ou cinq mèches de cheveux restantes sur son crâne dégarni, s’est empressé de venir prendre ma commande, apparemment indifférent aux taches de graisse sur sa chemise blanche. Je commandais une bière et un hamburger tout en regardant la porte d’entrée à chaque arrivée d’un nouveau client. Je ressassais les informations que j’avais accumulées sur l’enquête que je suivais depuis plusieurs semaines.
En premier le gang des maraudeurs qui était devenu en quelque mois le gang le plus puissant de la ville. La raison de leur ascension fulgurante ne tenait qu’à un seul élément : La Psychiste – une drogue révolutionnaire extraite des Pokémons psy qui ne pouvant pas utiliser leurs pouvoirs secrétaient cette substance résiduelle. Inoculée à un humain ou à un Pokémon cette dernière leur permettait de développer des habilités psychiques : télékinésie, lévitation et télépathie pour les plus sensibles à ces effets. Ils utilisèrent ces pouvoirs pour asseoir leur domination sur la ville sans que personne ne puisse les arrêter. Mais depuis quelque temps, un mystérieux individu a commencé à leur mettre des bâtons dans les roues. Ce super héro faisait la une de tous les médias et une photo de lui, même flou pouvait valoir une petite fortune, alors je n’osais pas imaginer la récompense pour une photo ou même mieux son identité. Je souriais à cette éventualité.
La porte du restaurant s’ouvrit à nouveau et deux énormes silhouettes pénétrèrent dans la pièce. La première, petite, était le stéréotype du voyou de quartier avec des cicatrices de coup de couteau, le nez cassé, les oreilles en chou-fleur et l’ensemble surplombé d’un béret noir venant dissimuler une calvitie bien établie. Le deuxième malgré sa carrure imposante était l’exacte opposé de l’homme au béret, cheveux blonds mi-long, barbe de trois jours arborant un polo noir moulant. Sans l’énorme tatouage de gang qui recouvrait son avant-bras droit on aurait pu croire à un homme venant à un rendez-vous galant. Un silence pesant s’installa et les quelques clients présents gardaient la tête baissée comme si les regarder constituait un acte de condamnation. D’un pas lourd et assuré, ils gagnèrent la table juste derrière moi et s’affalèrent sur la banquette qui lâcha, tel un dernier souffle, un nuage épais de poussière sous le poids des deux hommes.
_Deux burgers et deux pintes de blonde ! Beugla l’homme au béret.
Le serveur sursauta et cessa instinctivement le nettoyage de la vaisselle qu’il avait entreprit il y a 10 minutes pour se ruer vers la tireuse à bière devant moi. Une fois les deux verres remplis, il se précipita à la table des deux gaillards pour les servir et demander la cuisson des burgers et décampa aussitôt en cuisine. Discrètement j’écoutais tous les dires et paroles des deux hommes, cherchant désespérément le moindre indice quant à leur mission de ce soir. En dernier recours, je pourrai les prendre en filature mais sans véhicule a portée cela pourrait s’avérer compliqué. Après plusieurs minutes à parler des conquêtes de l’un et l’autre et de leurs derniers coups réussis, ils abordèrent enfin leur mission du soir.
_On prend ta caisse tout à l’heure ?
_Quoi ? Ronchonna le blondinet. Je viens de la laver ! Je ne la fais pas traverser cette putain de foret, elle va en ressortir dégelasse… surtout que je vois Daisy demain matin et je ne vais pas y aller avec une caisse sale !
_Ça va Dan ! Il doit bien y avoir un foutu tuyaux pour laver ta caisse à cette usine ! Et tu n’as pas besoin d’une caisse nickel pour que Daisy te kiffe.
Il n’y avait pas énormément d’usine aux alentours de la ville et surtout pas proche d’une forêt. Cela ne pouvait qu’être l’ancienne centrale électrique au nord de la ville. Elle était désaffectée depuis des années maintenant après sa partielle destruction lors de la crise psy. Je lançais un billet sur le comptoir et me dirigeais vers la sortie. Il me faudrait une bonne demi-heure pour rejoindre le nord de la ville en métro et encore 1 heure pour me rendre jusqu’à l’usine à pied à travers le foret. Je pourrai rester en planque à l’abord du hangar le temps que notre super-héro se pointe.
*****
Mercredi – 00h23
J’avançais à tâtons entre les arbres, de plus en plus lentement à mesure que l’obscurité prenait possession de la forêt. Je ne pouvais pas risquer d’allumer la moindre lumière qui me ferait repérer a des plusieurs centaines de mètres à la ronde. Après plusieurs minutes de marche interminable, je sortais enfin du couvert de la forêt, sur une espèce de promontoire. Les nuages s’écartaient, et la lune éclairait les parois rocheuses de la petite bute qui débouchait sur l’ancienne usine désaffectée. Aucune lumière ou mouvement à l’horizon, l’attente se promettait d’être longue.
Cela faisait plus d’une heure que je scrutais avec mes jumelles l’usine désertée, laissée aux aléas du temps, du haut de mon point de planque à l’orée de la forêt. Je commençais à douter de ma déduction au bar ou bien les deux gars m’avaient grillé depuis le début et joué avec moi. Je mourrais d’envie de m’allumer une cigarette mais un point rouge incandescent au beau milieu de la forêt pourrait paraitre bien plus que suspect. Après une nouvelle dizaine de minutes à attendre, un bruit de moteur se fit entendre dans le fond de l’usine. Trois voitures venaient de débarquer dans la cour intérieure et en quelques minutes, une dizaine d’hommes et de Pokémons commencèrent à occuper les lieux. Je reconnus sans mal mes deux comparses du restaurant qui sortaient d’une magnifique Mustang Shelby GT500 de 1967 grise.
_Effectivement, un crime de salir une telle beauté…
Je faisais un pas en arrière, il fallait vraiment que je me rapproche si je voulais voir ou entendre quelque chose. Je me laissais glisser le long de la pente, dans un nuage de poussière et me mettais instinctivement a croupis entre les fourrées en contrebas. Je me faufilais entre les herbes hautes, essayant tant bien que mal de rester le plus discret possible mais la multitude de ronces rendaient la progression difficile et douloureuse. Au fur et à mesure que je me rapprochais du vieil hangar de l’usine, des voix commençaient à émerger à mes oreilles mais pas assez distinctes pour en comprendre les paroles. Je continuais mon infiltration et arrivait enfin au bâtiment. A l’abris dans les herbes, je relevais discrètement la tête pour vérifier que j’étais hors de vue et que je pouvais sortir de ma cachette. La voie était libre. Ma respiration s’accélérait, je prenais une grande inspiration et d’un bond je sortais de ma cachette et venais me coller au mur du hangar. Les seuls rayons de la lune comme éclairage me laissaient presque invisible contre la paroi de taule et de béton. Je longeais le mur en direction de la cour de l’usine tout en prenant garde de mesurer chacun de mes pas pour rester le plus discret possible. Une fois arrivé à l’angle du bâtiment, je me risquais un coup d’œil rapide de l’autre côté. A quelques mètres devant moi se trouvait un amas de bidons métallique et juste derrière l’une des trois voitures du gang des maraudeurs. J’hésitais à m’approcher encore mais derrière l’amoncellement de jerricanes ce serait parfait pour écouter et prendre des photos quand le héro apparaitrait. Je m’agenouillais et allais me placer derrière les bidons. Mon cœur s’accélérait, je savais que je devais rester discret et ne pas me faire prendre. Entre les interstices, je distinguais plusieurs silhouettes éclairées par les phares d’une voiture. Un grand homme aux cheveux gris à la voix rauque qui semblait aux commandes de l’opération. A voir comment les autres membres aussi bien humains que Pokémons lui obéissaient, il devait s’agir de James, le boss des maraudeurs. Ils s’affrétaient tous à transporter des caisses de fioles contenant de la Psychiste à en juger par la lueur qui s’en dégageait. Je prenais discrètement des photos derrière ma cache et je trépignais d’impatience que le mystérieux héro fasse son apparition. Une voix émergea soudainement derrière moi.
_Salut mon grand.
Mon cœur s’emballa subitement, je n’eus même pas le temps de me retourner. Je ne ressentis qu’un violent choc à l’arrière du crâne. Ensuite, le néant.
*****
Je revenais enfin à moi, ma tête était traversée par des éclairs de douleur à la limite de l’insoutenable qui pulsaient dans tous mon corps. J’essayais de bouger mes mains et mes jambes. Impossible ces dernières étaient toutes attachées solidement. Je serrais les dents et ouvrais péniblement les yeux, heureusement que la pièce où je me trouvais était faiblement éclairée et je m’habituais rapidement à l’obscurité. J’étais attaché sur une épaisse chaise en métal au beau milieu d’un grand bureau désaffecté et à en juger par les fenêtres, probablement dans le hangar par lequel j’étais arrivé. L’endroit était quasiment vide hormis quelques caisses en bois recouvertes de bâches en plastique blanc opaque. Pas un bruit, même pas de la part des membres du gang, juste les canalisations qui resonnaient dans la cage de l’ascenseur a l’autre bout de la pièce face à moi. J’essayais de balancer la chaise mais impossible, elle était solidement ancrée dans le sol par d’épais boulon et à en juger par les tâches de sang au sol, je n’étais pas le premier locataire à séjourner ici. Mon cœur s’emballait. Quel idiot… personne ne savait où je me trouvais. Personne ne viendrait à mon secours. Ironie du sort, j’avais bien besoin d’un héro maintenant.
Un bruit sourd résonna, et les câbles de l’ascenseur commencèrent à vibrer. Après quelques secondes, les portes métalliques s’ouvrirent et un groupe de silhouettes sortirent de la cage d’acier en et marchèrent dans ma direction. Je me redressais brutalement sur ma chaise et essayer de tirer de toutes mes forces sur mes chaines mais rien de bougeait. Je devais ressembler à un animal qui se débattait d’un piège en entends le chasseur approcher. Les hommes s’arrêtèrent à quelques mètres de moi et un deux d’entre eux continuèrent de se rapprocher.
_Salut, une nuit bien fraîche pour se perdre ici, tu ne trouves pas ?
Je redressais la tête pour voir James a quelques centimètres de moi qui souriait en me regardant. Juste a côte de lui le blondinet du bar me regardait également sans réelle émotion sur son visage. A croire qu’il en avait tellement vu que plus rien ne pouvait le surprendre.
_Alors, tu es sûr que c’était bien lui au Restaurant toute à l’heure ?
Dan hocha simplement la tête en guise d’acquiescement. James ricana à la réaction de son homme de main et se retourna son visage vers moi, une lueur de sadique brillant dans sa rétine. Mon niveau d’angoisse se grimpa bien au-delà de la terreur à cet instant précis. Je ne perçus même pas le poing qui vient s’abattre dans mon abdomen me coupant instantanément la respiration. La douleur explosait dans mon corps, irradiait chacun de mes nerfs et me donnait envie de vomir. Je ne trouvais même pas la force de crier tant la souffrance était forte.
_Bon, est ce que tu es un flic ?
Ma respiration était saccadée et mes oreilles tambourinaient la chamaille. Je sentais le gout de rouille de mon propre sang prendre possession de ma bouche et se mêler à ma salive. Je commençais à sangloter.
_Je ne suis qu’un simple Journaliste … Je toussais fortement et quelques gouttes de sang tombèrent de ma bouche.
Ils avaient tous les yeux rivés sur moi, ne sachant pas quoi penser de ma réponse. Le chef du gang hocha la tête et d’un mouvement sec Dan me lança un nouveau coup de poing, cette fois au visage qui eut fini de déchausser une de mes molaires qui alla voler à l’autre bout de la pièce. Je poussais un cri misérable chargé de douleur et manquais de défaillir tellement ma tête me faisait souffrir.
_Journaliste ? Mouais… on va quand même s’assurer que tu ne mens pas et que la cavalerie ne va pas débarquer.
James me regardait fixement avec un rictus amusé. Il sortit alors une seringue remplie de Psychiste de sa veste.
_Si tu as bien fait tes devoirs, tu sais ce qu’il y a dedans. Cette substance va me permettre de lire dans tes pensées et voilà un bon scoop pour toi Monsieur le Journaliste, ça va faire mal…
La terreur m’envahissait au fur et à mesure qu’il approchait la seringue de sa jambe. Il semblait se délecter de mon expression de panique. Telle une voix d’outre-tombe, un cri de douleur émergea alors du conduit de l’ascenseur et resonna dans la pièce. Un silence pesant, presque inquiétant, s’installa alors et personne n’osait bouger dans la pièce et restait figé à se regarder dans le blanc des yeux.
Je ne vis qu’une ombre passer à côté de moi et le corps de Dan qui disparut de ma vision. Ce ne fut que le craquement horrible d’os qui me fit comprendre ce qui venait de se passer. Je tournais la tête sur la gauche pour voir le corps du Blondinet écrasé contre le mur du fond. Son T-shirt Blanc immaculé de sang, ses bras et jambes complètement déformés par le choc. Il poussa un râle terrible avant de pousser son dernier soupir.
Une nouvelle fois, je vis l’ombre filer sur le sol et en un instant l’un des gardes restés dans le fond se mit à hurler en tentant de retenir le sang qui s’écoulait de ses plaies. Il tomba en arrière en gémissant entre deux gargouillis, son corps convulsant jusqu’à cesser totalement de bouger. James hurla alors, il venait de se planter la seringue dans la cuisse et commençait à se tortiller sous la douleur de la drogue.
Les trois autres gangsters restants, pris de panique, commencèrent à tirer vers le plafond espérant désespérément toucher quelque chose dans l’obscurité. L’un d’entre eux braqua alors son arme sur moi et pressa la détente. Je sentis mon cœur s’arrêter.
Un violent courant d’air vint me balayer les cheveux et faire voler le sang qui coulait de mes lèvres. Je relevais difficilement la tête. Une forme à la fois puissante et délicate se tenait devant moi. La lumière de la lune qui filtrait par la fenêtre luisait sur sa peau bleutée parsemée de cicatrices et de nageoires sur les articulations. On aurait dit une peau de grenouille, recouvertes de verrues en forme de bulle mais qui semblait aussi résistante que la carapace d’une tortue. La balle du pistolet heurta le corps du Pokémon qui la stoppa net et avant que le bout de métal ne touche le sol, ce dernier s’élança en avant. James réussit de justesse à esquiver la charge en se laissant tomber en arrière mais ses trois comparses n’eurent pas le même reflexe. Telle une ombre, mon sauveur fondit sur les deux plus proches et en leur saisissant la tête et la leur fracassant contre le sol dans un bruit indescriptible de craquements d’os. Le dernier des trois hommes de main, prit de panique, tenta de fuir mais fut happé par les ténèbres et disparu dans un craquement sourd.
James se releva au centre de la pièce et saisis le pistolet à sa ceinture. Il brandit ensuite sa main vers l’une des caisses qui commença à s’agiter et d’un mouvement sec il l’envoya à l’endroit où son dernier larbin avait disparu. Le bois de la caisse vola en éclat à l’impact mais ne semblait avoir percuté que le mur.
_Où tu te caches ! beugla James.
Il n’eut que pour retour un long silence et le sifflement de l’air à travers les impacts de balles dans les murs. Il commençait à perdre patience et je pouvais voir la sueur perler sur son front. Tout en tentant de rejoindre l’ascenseur, il envoyait une nouvelle caisse voler dans un des coins de la pièce suivie de plusieurs coups de feu. Mais encore une fois aucun rien ne fit mouche.
Le Pokémon ninja apparut derrière James qui continuait de reculer. Le chef des maraudeurs fut projeté par un coup de pied puissant dans l’épaule et tomba à la renverse quelques mètres plus loin dans un cri horrible. Je regardais impuissant, mon bourreau essayé de rampée dans son propre sang. James essaya de tendre sa main vers son flingue mais il fut rejoint par le Pokémon qui l’éloigna d’une pichenette du bout de sa patte. Puis il resta là, immobile, à le regarder mourir.
Ce Pokémon ressemblait à un énorme Amphinobi mais en diffèrent, celui-ci possédait un marquage rouge en forme de croix sur le visage. Le Pokémon ninja se tourna vers moi et d’un coup de pattes détruisit mes liens. Difficilement je levais la tête vers mon sauveur et croisait son regard. Ce dernier avait une lueur bizarre, une lueur humaine… Le Pokémon comprit mon expression et disparut dans un nuage de fumé.
_Une fusion Pokémon…
*****
Mercredi – 02h52
J’avais le sourire aux lèvres malgré la douleur. Je me levais difficilement et titubais en direction de la sortie du hangar et découvrais le reste des membres du gang allonges aux quatre coins du bâtiment, morts. Je rentrais dans la première voiture devant l’entrée, la magnifique voiture de Dan. Je m’installais au volant, les clés étaient déjà sur le contact. Je démarrais la voiture et appuyer sur l’accélérateur pied au plancher.
Si j’avais bien vu cela dans le regard du Pokémon héro, cela voulait dire qu’il avait un dresseur… Une telle forme ne peut résulter que d’une fusion parfaite entre un humain et un Pokémon. Il n’y avait pas qu’un seul héro en ville mais deux !
Ça pour un scoop !