Le témoin silencieux
Rating : K+
Genres : Amitié – famille – Romance (platonique).
Pairing : Régis/Sérena
Disclaimer : Les personnages sont seulement empruntés.
Résumé : Durant un énième stage de découverte organisé par son grand-père et dont Régis y participe, il fait la connaissance de Sérena et se dispute avec elle. Furieuse, celle-ci s’enfuit tandis que Régis décide de confier sa rage à un petit ours en peluche, aussi seul que lui, retrouvé au fond d’une valise abandonnée.
De haut de ses sept ans, Régis se vantait sans limites à quel point son grand-père était génial et qu’il connaissait par cœur tous les Pokémons qui se trouvaient en sein de la clairière que le professeur Chen louait à la ville. Quelques enfants de son âge l’entouraient, certains ayant le sourire aux lèvres, d’autres s’exclamant d’admiration face au discours du petit garçon. Régis pouvait voir discrètement au loin, Sacha observer un Chenipan près d’un bois. Bien que parfois il s’amusait avec le brun, Régis n’avait jamais compris la fascination de Sacha pour les Pokémons insectes. Le groupe d’enfants commença à se disperser, s’éloignant un peu plus du petit-fils Chen qui tenta vainement d’attirer leur attention. Il soupira lassement lorsqu’il vit certains se diriger vers Sacha, captivés eux aussi par la grosse chenille.
Comprenant que personne ne viendrait à lui, le gamin tapa un peu fortement du pied contre l’herbe accompagné d’un marmonnement de mécontentement, puis fini par s’asseoir parmi les quelques jouets. Son grand-père avait décidé de faire un petit coin jeux dehors afin que les enfants tisent des liens entre eux et qu’ils s’amusent également avec les Pokémons de la clairière. Si son grand-père disait que ça pouvait créer des amitiés avec les autres enfants, alors c’était le cas. L’enfant avait bien compris depuis longtemps que son aïeul avait toujours raison et qu’il fallait avoir confiance en lui. Alors, il décida de s’aventurer vers les différents jeux de sociétés disposer ici et là sur la pelouse et observa ses camarades autour de lui, concentrer sur leurs occupations.
Un jeu de cartes provoqua son attention. Régis commença à les regarder lorsqu’il entendit un petit bruit de pas venir jusqu’à ses oreilles. Il releva ses yeux verts en direction de la source du claquement de chaussures et découvrit à quelques centimètres de lui un visage inconnu. Ce fut une petite fille, sûrement du même âge que lui, en train de le contempler de ses yeux bleus pétillants et d’un sourire radieux que ses lèvres roses lui offraient. Ses cheveux ressemblant à la couleur du miel caressaient ses épaules dans un carré mi-long où un chapeau en paille décoré d’un nœud rose aplatissait le haut de son crâne. Durant un instant silencieux, leurs regards se croisèrent puis hésitant, Régis lui rendit son sourire.
« Qu’est-ce que tu fais ? Demanda la petite fille d’un regard curieux.
- Je regarde les cartes. Tu veux y jouer ?
- Oui. » Répondit-elle joyeusement.
Régis avait encore du mal à croire que la petite fille était bien là, à s’amuser avec lui. Il apprit qu’elle s’appelait Sérena et trouva le prénom joli sans pour autant avouer à la personne concernée. Il avait découvert son merveilleux rire lorsque celle-ci avait gagné une partie de bataille tandis qu’il ronchonnerait d’avoir perdu. Son rire était radieux et cela réchauffait son petit cœur encore traumatisé par une solitude trop ancrée. À la suite de nombreuses parties de cartes, ils décidèrent d’un accord en commun de changer de jeu. Après avoir jeté un œil dans un gros coffre de jouets près d'une valise ouverte où était logé une peluche – témoin de leur amitié récente -, les deux mômes ouvrir une boîte de jeu de Monopoly. Une demi-heure durant, les deux enfants étaient concentrés sur leur jeu puis, estimant qu’il y a eu tricherie, Régis s’exclama son mécontentement :
« Hé ! Pourquoi tu relances le dé ?!
- Parce qu’il est parti trop loin dans l’herbe, je ne savais pas combien de fois je devais avancer mon pion.
- N’importe quoi, c’était indiqué deux !
- Non, c’est faux !
- Si ! Je l’ai vu ! »
Alors que la dispute s’éclata un peu plus, les deux gamins se levèrent simultanément et continuèrent de se disputer.
« Je ne suis pas une menteuse ! » Se défendit-elle en croisant les bras.
Après un reniflement de dédain, Sérena s’en alla sous le regard étonné du petit garçon qui se demandait ce qu’elle faisait :
« Hé, mais où tu vas ?
- Je m’en vais ! Je ne joue pas avec des garçons qui pensent que je suis une menteuse ! »
Régis n’avait pas le temps de répliquer quoi que ce soit que la petite fille quitta son champ de vision, en direction du bois. Le petit-fils du professeur Chen soupira grassement, balança le plateau de jeu d’un vilain coup de pied puis commença à faire les cent pas, encore énervé par la récente dispute.
« Je n’ai jamais dit qu’elle était une menteuse, d’abord ! » Ronchonna-t-il à lui-même.
Il s’arrêta. Entendit les exclamations joyeuses de ses autres camarades ici et là au sein de la clairière, les observa quelques instants, sentant une jalousie se pointer au fond de lui. Pourquoi n’était-il pas avec eux ? Pourquoi, ne riait-il pas et ne partageait pas des moments agréables avec les autres ?
La colère s’estompa peu à peu, laissant place à une certaine rancune envers la jolie môme. Régis décida de chercher une autre occupation dans le gros coffre de jouets mais ne trouvant rien qui ne l’intéressait fini par souffler d’exaspération. Soudain, alors qu’il s’appuyait négligemment son dos contre le coffre, son regard se stoppa sur l’ours en peluche assis à l’intérieur la petite valise abandonnée près de lui.
Son postérieur se posa lourdement sur l’herbe tandis que ses yeux verts observèrent toujours l’ours en peluche. Il semblait être aussi seul que lui, l’était à ce moment-là. Doucement, il tendit le bras vers la valise et attrapa délicatement l’ourson avant de le serrer machinalement contre son torse comme s’il cherchait dans ce geste une certaine consolation après sa dispute avec Sérena.
« Pff… Elle avait triché, c’est tout. »
Il jeta un œil autour de lui, personne ne semblait faire attention à lui et songea qu’il ne se voyait pas être pris en flagrant délit en pleine discussion avec une peluche. Cela serait la plus grosse honte de toute de sa vie ! Cependant, cela ne l’empêcha pas de continuer son monologue :
« Bon… Peut-être qu’elle n’avait pas vraiment triché… Mais elle aurait dû m’expliquer avant pourquoi elle voulait rejouer, c’est tout. » Déclara-t-il sur un ton ferme et légèrement irrité.
Il observa la peluche. C’était un gros ours marron avec un museau noir et des yeux noirs comme des billes. C’était la première fois qu’il le voyait et il se demandait au fond de lui où son grand-père avait réussi à le dénicher. Il ne semblait pas abîmé, peut-être que son grand-père l’avait acheté récemment ?
« Maintenant, qu’est-ce que je fais ? » Soupira-t-il alors qu’il jeta un rapide coup d’œil vers le bois.
Sa fierté l’empêchait de s’incruster dans les groupes d’amis déjà formés. Il n’avait pas vu revenir Sérena du bois. Est-ce qu’elle s’était trouvé une nouvelle occupation ? Peut-être qu’elle observait un Pokémon avec d’autres enfants ? À cette éventuelle perspective, le cœur de Régis se serra douloureusement. Bien qu’il ne la connût que depuis plus d’une heure, le petit garçon s’était vite attaché à elle. Il s’était bien amusé avec la petite fille. Puis, il la trouvait rigolote et son chapeau de paille lui allait plutôt bien… Régis rougit à cette pensée et secoua sa tête, espérant faire partir rapidement le visage de la gamine de sa tête. Instinctivement, il serra la peluche contre lui, songeant que Sérena ne puisse plus vouloir jouer avec lui. Et si… Et si, elle ne le voulait vraiment plus ? La crainte s’empara du garçon, ce qui le poussa à prendre une décision.
« Je vais la chercher. »
Il se releva tout en gardant l’ours en peluche avec lui. Il courut jusqu’au bois, le teddy-bear contre sa hanche. Une fois arrivé entre les arbres, il s’aventura prudemment, puis ne voyant pas sa présence, commença à crier le nom de son amie. Est-ce qu’elle était vraiment son amie ? Régis n’eut le temps de pousser sa pensée plus loin : des pleurs se firent entendre.
Lentement, Régis s’avança vers la source des pleurs, ce qui l’amena à la limite de la petite forêt, pas très loin où il avait aperçu Sacha plus tôt auprès d’un chenipan. Il s’arrêta, reconnaissant la chevelure de Sérena. Cette dernière pleurait à chaude de larmes et le petit-fils Chen voulut la rejoindre. Cependant, il ne fit aucun pas, voyant que Sacha était près d’elle, un mouchoir en tissus à la main. Il le vit s’accroupir vers un des genoux de la petite fille et comprit rapidement qu’elle avait une blessure. Certainement, Sérena était tombée entre les branches d’arbre et les feuilles mortes sur le sol, ou bien, s’était-elle glissée par mégarde en pleine observation ? Régis s’en voulut de ne pas être intervenu plus tôt pour aller la retrouver. Il baisa le regard, impuissant face à la scène qui se déroulait devant ses yeux. Des arbres lui cachaient des deux enfants. Ces derniers ne semblaient pas le voir. Il entendit la voix de petite fille remercier Sacha, ce qui l’encouragea à relever son regard sur elle. La môme ne pleurait plus et avait retrouvé le sourire. Il entendit le brun se présenter à elle et lui proposer de venir avec lui voir le professeur Chen pour qu’il puisse consulter sa blessure. Naturellement, il lui prit la petite main de Sérena, ce qui contracta douloureusement le cœur de Régis. Il commença à crier son nom lorsque soudain, pris d’une peur qui ne connaissait pas, il s’avisa à se cacher derrière un tronc d’arbre.
« Sérena, est-ce que tout va bien ?
- Euh… Oui. J’ai cru entendre une voix que je connaissais. »
Régis pouvait discerner quelques pas de son ouïe fine, devinant que le brun épiait plus intensément les environs afin de voir s’il y avait bien quelqu’un.
« Je ne vois personne. Viens, je t’emmène voir le professeur Chen pour qu’il te soigne ta blessure. »
Le petit garçon, toujours caché derrière un arbre, serra l’ours en peluche contre lui. Il entendit les deux enfants s’éloigner, signe qu’ils avaient quittés le bois pour rejoindre son grand-père. Son cœur lui faisait mal et il ne comprenait pas pourquoi… Il sentait qu’une boule était en train de former dans son estomac. Il serra un peu plus la peluche, comme si cela pouvait atténuer la douleur qu’il ressentait au fond de lui.
Il risqua de jeter un œil dans leur direction. Il vit, à nouveau, les mains liées de Sacha et de Sérena. Pour la première fois de sa toute sa petite vie, Régis détestait Sacha. Le brun semblait lui raconter quelque chose qui faisait étonner la jolie fille. Puis, bien qu’il soit éloigné d’eux, il put entendre une nouvelle fois le rire merveilleux de Sérena. Il avait la sensation qu’il l’avait définitivement perdue.
Elle ne reviendra jamais jouer avec lui, il en était étrangement persuadé.
Sacha lui avait pris.
Silencieusement, son petit corps avachi contre le tronc, secoua dans de petites secousses tandis que ses bras oppressèrent davantage l'ourson. Le teddy-bear contre son torse, goutta aux larmes fraiches de Régis, l’unique témoin de son chagrin d’enfant.