Hors-séries

Mais c’est qui ce gars ?  

Le jeune homme soupira, seul, assis à une table du bar. Un lieu simple et peu fréquenté. La décoration était classique pour un établissement du genre, et cela lui convenait très bien. Il jeta un bref coup d’œil, il n’y avait que deux ou trois groupe de personnes qui occupaient avec lui le lieu.

A vrai dire, il était peu habitué à ce genre d’endroit, voir pas habitué du tout, étant donné que c’était la première fois qu’il y mettait les pieds à une heure tardive. Il avait commandé une bière qu’il buvait à petite gorgé, savourant son échec à chacune d’entre elle.

Car lui, Sacha Ketchum du Bourg Palette, avait encore une fois échoué à la ligue Pokémon. Bien sûr, encore une fois, ses amis étaient fier de lui, mais lui, non. Alors il avait décidé de faire ce que les gens semblaient faire dans ce genre de situation, boire. Mais il ne l’avait jamais fait, et il était seul, ses amis étaient tous trop occupé, alors que lui n’avait rien, même plus la motivation de reprendre la route.

Alors qu’il continuait de broyer du noir, il sursauta lorsqu’un bruit de verre claqua sur sa table. Il observa l’objet, un verre à whisky, remplit à un tier. Il continua son observation, observant une montre visiblement haut de gamme au poignet de l’opportun. Puis il le vit, assis devant lui, un jeune blond, des cheveux mi-long, une barbe de trois jours, une chemise noire légèrement brillante. Il était impeccable alors que lui portait encore ses vieux jeans, son vieux pull-over, d’un coup il se sentit encore plus misérable qu’avant, et la première réplique de ce nouveau venu l’enfonça encore plus.

--Comment va le plus grand perdant de l’histoire moderne de la ligue ?

Sacha baissa la tête, buvant une gorgé de son verre. Après tout, il avait raison ce jeune homme. Il avait toujours perdu, il était l’un des dresseurs avec le plus grand nombre de victoire en match de compétition, mais pourtant il n’avait jamais concrétisé.

--Oh déprime pas, c’est pas un mal. Tu gagneras la prochaine, ça c’est ce qu’on te dit toujours. Mais laisse-moi changer de discours, non tu ne gagneras pas la prochaine, si tu ne veux pas perdre, reste chez toi.

D’un coup, le brun releva la tête, qui était ce mec qui osait lui dire ça, sur un ton si hautain et désinvolte. Il le détailla un peu plus mais n’arriva à rien en retirer. Alors le blond sourit légèrement, avant de prendre la parole, le ton n’ayant que peu changé.

--Parce que si tu repars, et que tu recommences, sans rien changer, tu avanceras pas. Et un conseil, ne repars pas cette année, fais un break. Prend du recul sur les combats, prends du temps pour toi, sors, bois, dors, drague, pars en vacances, fais du bricolage j’en sais rien, mais fait un stop sur les combats.

--Je, ouais, pourquoi pas, mais j’ai que ça, depuis dix ans je n’ai que ça. Alors je veux bien, mais j’ai personne autour de moi qui puisse prendre une année sabbatique.

--Moi je peux, fin, je devrais bosser de temps en temps mais rien de très, prenant.

--Attends, on se connais depuis quoi, trois minutes, je ne connais même pas ton nom, et tu me proposes de passer l’année avec toi ?

--Faire de la route avec des inconnus c’est ton délire non ? Bon dans ce cas je me présente, Gabin, le reste je te laisse la joie de le découvrir.

Sacha soupira, mais avec un léger sourire, ce mec avait l’air d’avoir un bon fond. Après tous il n’avait pas grand-chose à perdre, alors pourquoi pas. Il but une nouvelle gorgée, réfléchissant à ce qu’il pourrait demander à ce nouvel ami pour entamer la conversation.

--Donc, tu proposes quoi ?

--Hum, elles.

Sacha tourna la tête dans la direction qu’indiquait le blond, voyant un groupe de jeunes femmes assises à une table plus loin. Il soupira, la drague c’était pas pour lui, ça ne l’intéressait pas.

--Non, désolé ça m’intéresse pas

--Ah, tu préfères les mecs ? Dans ce cas je connais un autre bar

--Non plus, l’amour ça ne m’intéresse pas c’est tout

--T’es mignon Ketchum mais je ne te parle pas d’amour là

--Et bah ça non plus

--Bon, d’accord. Du coup faut que je trouve une nouvelle activité dans ce cas. T’es chiant comme mec toi non ?

--Je ne pense pas l’être, mais ce genre de truc, la drague etc… ça ne m’attire pas plus que ça.

--Bon très bien, fini ta bière, on change de bar

--Pourquoi ?

--Parce qu’il est vingt-trois heure, et que ce bar va se remplir d’ici peu, on va aller dans un endroit plus calme

--Ah bon ? Pourtant il est loin du centre

--M’en parle pas, j’ai jamais compris pourquoi ce bar fonctionnait autant, bon aller bois et on taille

--Ok, mais tu faisais quoi ici du coup ?

--Bah, j’étais venu pour une de ces filles

--Ah merde, bah on va rester si tu veux

--Non, ça se fera une autre fois si ça doit se faire, t’en fais pas

Les deux jeunes étaient maintenant installé dans un bar bien différent du précédent. Une ambiance feutré, des fauteuils en cuir haut de gamme, et les prix affichés sur la carte avait fait blanchir Sacha, qui s’était vu à peu près rassuré par un « c’est ma tournée » de son nouveau compagnon. Ils avaient donc enchainés les verres de Martini coupé au Sprite, se racontant leur vie et apprenant à se connaître. Ce Gabin était un ancien dresseur, apparemment maître Pokémon. A vrai dire ils avaient peu parlé de dressage, ils parlaient plus de la vie. Et sans s’en rendre compte, Sacha parlait maintenant de puis près d’une heure de ces compagnes de voyage, insistant plus sur Ondine et Serena. Le blond l’écoutait avec attention, creusant certains points.

--Donc tu l’aimes cette Ondine je me trompe ?

--Hein ? Bah, je, oh mais j’en sais rien et puis ça changerai quoi ?

Gabin se pris la tête entre les mains. Vraiment ce mec était soit très naïf, soit idiot. Il n’insista pas, un duo de jeune femme se dirigeant vers eux. Il fit un bref signe à son ami de se taire et de le laisser faire, ce que Sacha accepta sans broncher. Les deux jeunes femmes, habillé de robe de luxe, brunes toutes les deux, arrivèrent avec une fausse timidité à la table. Le blond détailla rapidement les deux demoiselles afin de se faire une idée de qui il avait à faire mais il ne put concrètement obtenir quelque chose.  

--Salut, ça vous déranges si on s’assoit avec vous ?

Les deux comparses se regardèrent avant d’hausser les épaules en même temps.

--Allez-y, quels sont vos prénoms ?

--Bienvenu chez moi

--Bordel, c’est giga gigantesque ici, tu vis seul ?

--Ouais, la plupart du temps

--Ouaaah tu dois avoir plein d’argent

--De la chance plutôt, je vais te chercher un verre d’eau mets toi dans le salon, mais pas le fauteuil près de la bibliothèque, c’est mon fauteuil celui là

--De l’eau ? Pourquoi de l’eau ? On boit de l’alcool depuis tout à l’heure

--Il est quatre heure du matin, mais je peux te servir un verre si tu veux

--Ouais, t’as quoi ? J’y connais rien

--Je vais te servir un Whisky Canadien au sirop d’érable, c’est pas fort, c’est sucré ça passe bien en fin de soirée

--Ça marche !  Ouah, t’en a des bouquins, et des DVDs, et des CDs, et des Vinyles et des bibelots aussi

Le propriétaire des lieux rigola, ils avaient passé une soirée plutôt sympa. Sacha s’était vachement débridé avec l’alcool et avait, contre toute attente, était un parfait gentleman avec leurs compagnes d’un soir. Il rejoignit le brun dans le salon quelques minutes après, une bouteille et deux verres à la main. Sacha était assis dans le canapé, un livre de sa bibliothèque dans les mains.

--Tu as choisis lequel ?

--Art du combat, gagner sans attaque. Je veux bien voir ça

--Bon choix, il t’aiderait ce bouquin, mais pas ce soir, tu as trop bu pour être réceptif, et de plus, ce n’est pas le moment pour toi de te remettre dans le dressage.

--Tu as surement raison, mais en fait j’ai une question, je peux te la poser ?

--Absolument, tiens ton verre, alors, que puis-je faire pour toi ?

--Eh bah, ces deux filles, admettons, que j’ai mon appart dans le coin ou quoi, tu penses que

--Que tu aurais pu rentrer avec l’une d’entre elle et passer une nuit de folie ? Oui absolument, de ce que j’ai pu en voir, tu leurs a bien tapé dans l’œil.

--Mais on ne se connais pas, c’est pas

--Correct ? Sain ? Probablement, mais c’est les choses de la vie mon grand, tu bois, tu baises tu dors et tu recommences. Certains aiment cette vie, car trouver la personne avec qui faire sa vie c’est dur, pour certains.

Se sentant visé, Sacha fronça les sourcil, sous le regard et sourire amusé de l’autre.

--Tu parles de moi ?

--Que ça soit Ondine ou Serena, je peux te parier une bagnole que tu feras ta vie avec l’une d’entre elles.

--J’aimerai bien voir ça

--Si l’occasion se présente et que tu refais route avec elles. Tu verras qu’a la fin, tu seras avec l’une ou l’autre

Sacha leva les yeux au ciels, jamais il ne pourrait imaginer ce scénario. Ce jeune homme était agréable, chiant et sarcastique très souvent, mais il était une bonne compagnie. Après tout, peut être était-ce l’alcool qui parlait, mais s’il devait prendre une année sabbatique, avec lui ça serait fun. Il repensa à ce que lui avait dit le jeune homme, lui et Ondine, lui et Serena, ça serait beau, mais jamais réalisable.

Bonjour, 

Un ptit hors série en plus 

Bisous

--Dis tu t’es déjà battu ?

Sacha écarquilla les yeux. Ils étaient installés dans le bar depuis deux bonnes heures et Gabin, qui revenait du comptoir avec les mains dans les poches. Le dresseur au Pikachu chercha à savoir si son ami posait la question par curiosité ou par besoin. Seulement, le blond insista du regard alors qu’il s’asseyait, ce qui l’aida à comprendre.

--Bah non, qu’est-ce que t’as encore foutu ?  

--Moi rien, mais, et ce n’est pas contre vous mesdemoiselles

A ce moment il s’adressa aux deux jeunes femmes qui les accompagnaient depuis quelques temps. Bien qu’habillée sobrement, elles attiraient le regard, faisant partie de ces gens, comme Sacha, qui par leurs attitudes attiraient l’attention et charmaient facilement les autres.

--Mais tu vois ces trois types là-bas sur la table du coin ? Bah ils voudraient qu’on soit plus partageur.

--Et alors ? Ils ne vont pas se battre pour ça quand même ?

Les deux jeunes femmes, nommée Alya et Louise rigolèrent. Elles connaissaient déjà Gabin, habitué de ce bar comme elles, et l’avaient déjà croisé et passé quelques soirées avec lui. Mais c’était la première fois qu’elles voyaient Sacha.

Le blond leur avait expliqué qu’il s’agissait d’un nouvel ami à lui. Elle n’avait pas cherché plus loin que ça, il était gentil et mignon ce qui en faisait une agréable compagnie. C’est Alya, une petite brune au teint halé qui lui expliqua la situation.

--Il y a pour faire simple, trois types de gars. Tu as les timides qui restent dans leurs coins, les gens comme toi et Gabin qui jouent leur charme sur leur discussion et leur charisme, et les mongolos comme eux qui jouent de la force pour impressionner les filles, ce qui est stupide.

--Donc on va se battre ?

--Bah moi oui c’est sûr car j’ai une tête à claque, toi non, dis tu n’as pas pris Pikachu ?

--Au bar ? Mais t’es con ma parole et ça aurait changé quoi ?

--J’sais pas, tu aurais pu te prendre une attaque tonnerre, devenir tout électrique et te débarrasser d’eux rapidement

--Mais je clamse si je fais ça idiot ! Je suis un dresseur pas un paratonnerre

--Bah t’as pas pris l’habitude avec le temps ?

--Non mais je rêve, oui j’ai pris des décharges mais je le sens passer à chaque fois et ça me sonne ces conneries là ! Non mais tu t’es cru dans un anime la ?

--Roh ça va, ça aurait eu sacrément de gueule quand même, toi en train de te battre, entouré de foudre et tout d’éclairs recouvert.

Sacha soupira de désespoir, ce mec était décidemment bien perché par moment. Il observa cependant rapidement ceux qui menaçaient de se battre. Ils étaient trois, plutôt grands et baraqués. Il déglutit en regardant son ami qui était loin d’avoir un gabarit de boxeur.

La petite tablée continua sa soirée comme si de rien n’était. Le serveur avait rapporté leur commande. Les jeunes femmes racontaient leurs vies, leurs études à un Sacha heureux d’apprendre à connaitre de nouvelles personnes, sous l’œil bienveillant du blond qui voyait son nouvel ami reprendre un peu du poil de la bête.

Mais la bonne ambiance se brisa lorsque les trois hommes arrivèrent à la table. Celui du centre, un brun d’un mètre quatre-vingts environs pris la parole, le ton n’était pas amical, la façon de parler peu raffinée, de la bonne brute de bas étage comme l’avait deviné Gabin.

--Bon allé les tarlouzes, on se casse de là, je pense que ces meufs veulent de vrais mecs.

Le blond pouffa de rire sous le regard choqué de Sacha qui préférait éviter les soucis.

--Je pense que ces demoiselles préfèrent la compagnie de connaissances raffinées au langage quelque plus évolué que le vôtre. De plus je passerai outre l’insulte homophobe. Désormais très chères, je vous invite à repartir prestement à votre table, merci.

Il n’avait même pas pris la peine de se tourner vers eux pour leur parler, il finit sa tirade en finissant son verre de scotch, le reposant sur la table d’un geste délicat. L’attitude, le vocabulaire et le ton impérial qu’avait employé le jeune homme venait de faire exploser de rire sa compagnie féminine ainsi que Sacha. Quant aux principaux concernés, ils étaient restés un peu béats face à cela mais celui du milieu, visiblement plus teigneux que les deux autres, tira le blond par le col pour le relevé et lui asséner un coup de poing.

Mais Gabin semblait avoir une certaine expérience et esquiva rapidement, se libéra de l’emprise de son agresseur et se plaça face aux trois gars.

Il préta rapidement attention à la musique qui passait, « Rolling In the Deep » d’Adèle. Il avait connu mieux comme rythme. Il observa rapidement ses adversaires, un contre trois était toujours une situation délicate. Il sourit rapidement avant de se lancer dans le combat. Il esquiva une droite de son adversaire de Gauche, lui assenant au passage un coup de coude qui lui coupa la respiration. Il était désormais à un contre deux pour quinze secondes. Il en profita pour donner un coup de tête dans le haut du nez de celui qui semblait être le leader. Le craquement et le cri de douleur qui en suivirent lui indiqua qu’il avait fait mouche et que quelque chose s’était probablement cassé là-dedans.

Il se tourna alors vers le troisième, cela se passait mieux que prévu. Ils étaient plus grands et musclés mais pas bon combattant. Il se bénit à ce moment d’avoir appris les sports de combat pour mieux entrainer ses Pokémons avant de tenter une droite sur son adversaire.

Ce dernier bloqua et répondit d’une droite en pleine tempe qui sonna le sonna.

A cette vue, le sang de Sacha ne fit qu’un tour. Il se leva, envoyant deux droite sèche en plein visage à l’agresseur qui tomba au sol sonné. Le dresseur au Pikachu se tourna rapidement vers le premier mec que Gabin avait frappé pour lui assener un enchainement gauche droite qui l’envoya au sol. Il se tourna ensuite vers le blond qui riait à plein poumons. 

--Bon boulot Sachounet, t’as une bonne frappe pour un amateur.

Le brun lui sourit, remarquant ensuite qu’il avait casser l’arcade de sa première victime, arcade qui commençait à saigner. Choqué, une tape dans le dos de la part de son ami le détendit.

--Félicitations, ton premier sang.

Le blond lui offrit un sourire radieux. Le patron du bar arriva quelques secondes après avec le videur pour faire sortir les trois agresseurs. Il se moquait des raisons, de qui était coupable, simplement il savait qui était parmi eux le meilleur client. Il adressa de rapide excuse aux deux amis qui le rassurèrent.

Rassis à table, le verre à nouveau plein, le blond interrogea directement son ami.

--Ça fait du bien hein ?

--Bah étrangement, ouais, c’est bizarre mais, je ne sais pas.

--C’est chimique, l’adrénaline t’es montée et tu t’es satisfait. Bon, désolé mes dames de ce spectacle de gueux, mais nous y avons était obligé.

--Pas de soucis Gab

--je te remercie Louise.

--Juste un truc mec, on va pas être emmerdé avec les flics ?

--Non t’en fais pas, j’ai mes arrangements avec la police ici. Et je ne pense pas que ces mecs en soient à leur premier coup d’essai. Connaissant le patron, là il a appelé l’agent Jenny et les mecs sont assis devant en train d’attendre leur taxi bleu et blanc.

Sacha rigola, buvant une gorgée de son verre tandis qu’Alya reprenait la discussion la ou il l’avait laissé. Louise s’inquiétait un peu pour Gabin, lui tamponnant délicatement la tempe avec un chiffon d’eau froide.

La scène était simple, banale mais pourtant issu d’une situation un peu originale pour lui qui n’avait connu que la bonne humeur et la simplicité des voyages initiatiques. 

Avec Gabin il découvrait un nouveau monde, celui ou les gens n’avait pas forcement voyagé. Celui ou les gens avait étudié l’art, l’informatique, l’économie.