Hey hey heyy !!
Ça a prit le temps qu'il fallait avec peut-être un peu d'abus (parce que 3 ans pour écrire la deuxième partie, quand même...! lol) mais elle est finalement là ! Et elle est assez longue !! J'espère qu'elle vous plaira ! Pour ma part, j'ai vraiment beaucoup aimé l'imaginer et l'écrire !
Chapitre 2 : Le fantôme d’élite de la Team RocketLorsque Miyamoto reprit ses esprits et ouvrit les yeux, elle ne se retrouvait pas du tout devant un chaleureux feu de camp comme la dernière fois mais dans une grotte sombre et froide malgré les petites flammèches qui scintillait à quelques mètres d'elle. Elle possédait toujours sa cape et sa capuche sur la tête.
De l'autre côté du feu, l'ancienne membre de la Team Rocket distinguait trois silhouettes blanches assises en tailleur. Elles formaient un cercle, ou plutôt un triangle, et discutaient entre elles.
« Nous avons bien fait de les observer à distance pendant une heure ! félicita la voix aiguë qui appartenait à un Miaouss curieusement parlant.
- Vous voyez, comme quoi, la patience finie toujours par payer, renchérit un homme aux cheveux bleus.
- Je dois admettre que tu as raison, James. Avec un otage, les morveux seront obligés de nous donner Pikachu. Parce que soyons honnête : ils seront encore trop saints pour laisser leur amie à son triste sort. » Répondit une femme à la longue chevelure sombre, peut-être violette.
Elle resta silencieuse mais tenta tout de même de bouger les pieds. Cependant, elle fut bloquée dans ses mouvements et comprit qu'ils étaient attachés fermement avec une corde. Tant pis, se dit-elle en baissant les épaules en signe de défaite. Ses pieds étaient entravés, mais peut-être pas ses mains ? Elle leva donc ses mains pour les bouger mais elle se retrouva également coincée. Ses poignets étaient enchaînés dans d'épaisses menottes en fer, comme en attestait le cliquetis de métal qui résonnait dans la grotte. Le bruit attira l'attention du trio, qui s'arrêta immédiatement de parler pour tourner la tête vers elle.
« Regardez, l'otage s'est réveillé... » Indiqua calmement James qui se relevait aussitôt, imité par les deux autres.
Ils s'approchèrent d'elle et s'arrêtèrent juste derrière les minces braises écarlates, comme si le maigre feu de camp pouvait les protéger d'une quelconque riposte malgré que ses mouvements aient été restreints. Tous bras croisés, ils toisèrent Miyamoto et attendirent en pensant qu'elle allait parler la première. Mais plusieurs secondes s'écoulèrent et elle n'avait toujours pas décroché un mot.
C'est celui à la gueule d'ange qui prit finalement la parole et brisa le silence.
« Ça va, vous n'avez pas été trop secoué, Madame... ? »
Miyamoto cligna des yeux à la voix étonnamment douce de son interlocuteur. La demande soucieuse de ce dernier lui coûta une tape derrière la tête de la part de sa co-équipière, qui le réprimanda aussitôt.
« Arrête de toujours t'en faire pour les autres, James ! Tu nous fais passer pour qui, là ? On est la Team Rocket, j'te signale ! On doit en imposer devant les gens !
- Pas la peine de me frapper pour ça... rechigna le concerné, les mains derrière la tête et les coudes relevés en signe de protection.
- Taisez-vous, tous les deux ! Ce qui importe, c'est que grâce à elle, on pourra mettre la main sur Pikachu ! »
La voix pincharde du Pokémon parlant fit tiquer Miyamoto, qui questionna immédiatement le groupe.
« C'est donc vous, la fameuse Team Rocket qui veut toujours capturer Pikachu ?
- Oohh ! Vous avez entendus, les copains ? Elle sait qui nous sommes ! se réjouit aussitôt Miaouss.
- On est célèbres, ça y est ! clama le gosse de riche en levant victorieusement le poing.
- Non, en fait ce sont les enfants m'ont parlés de vous, contredit Miyamoto d'une voix calme.
- Quoi ? lâcha Miaouss qui perdit immédiatement son sourire fier.
- Alors vous ne nous connaissez pas ? s'étonna James, dont l'enthousiasme était redescendus aussi sec. La « Team Rocket » ? Ça ne vous dit rien ? »
Oh, la douce ironie... Se faire questionner par des membres qui, a en juger par leur simple uniforme blancs, n'étaient que dans la classe moyenne et non dans la classe supérieure, alors qu'elle avait été l'une des premières personnes à être aux côtés de Madame Boss lorsque l'organisation criminelle avait commencé à prendre de l'ampleur...
« Bien sûr que je connais la Team Rocket. Mais votre trio avec un Miaouss parlant... pas vraiment, non, répondit-elle en haussant nonchalamment les épaules.
- Ça suffit, assez discuté, interrompit Jessie qui décroisa les bras et qui avança à son tour, avant de reprendre la parole. « Au cas où tu n'aurais pas encore compris, je vais t'expliquer la situation : tu es notre otage, à présent. Et tu vas nous servir de monnaie d'échange contre Pikachu. Les morveux seront là demain à onze heures. Et si tu tentes de te débattre ou de t'enfuir, mon Pokémon te fera une jolie morsure pleine de poison à la jambe. »
Miyamoto resta bouche-bée, et Jessie pensa fièrement que ses avertissements en étaient la cause. Après ses menaces, la jeune femme aux cheveux magenta entendit la gorge de l'otage déglutir bruyamment suivit du cliquetis de ses mains menottées que cette dernière porta à sa bouche pour étouffer un sanglot.
« Ha ! se moqua aussitôt Jessie qui rejeta sa tête en arrière. C'est ça, pleure. Mais le désespoir ne te sauvera pas. »
Miyamoto voulait parler pour dire qu'elle ne pleurait pas de désespoir mais elle n’arrivait pas à sortir un seul mot. Un nœud s'était formé dans sa gorge et les larmes coulaient sur ses joues comme une rivière. Les braises qui avaient éclatés dans le feu de camp avait éclairés Jessie lorsqu'elle s'était avancé vers elle, et Miyamoto n'en croyait pas ses yeux.
« Wouaw, c'est la première fois que je vois quelqu'un pleurer devant tes menaces, fit remarquer le chat de gouttière.
- Oh non, ne pleurez pas madame, supplia doucement un James compatissant d'une voix triste. Nous sommes des méchants mais nous ne sommes pas aussi cruels.
- Ne faites plus attention à elle, reprit Jessie. Tout ce qui compte, c’est attendre les morveux pour l’échanger contre Pikachu. »
Après sa phrase, la chef du trio se détourna de l'otage pour aller s'asseoir bien loin de l'autre côté du feu de camp, suivit de près par les deux autres.
« On fait quoi, maintenant ? voulu savoir James.
- Une partie de cartes, ça vous dit ? proposa Jessie.
- Ouais ! C'est moi qui gagnerais, cette fois ! » Assura Miaouss sur un ton confiant.
Ils sortirent donc un jeu de cartes ainsi qu'une petit lampe de poche qu'ils inclinèrent vers le plafond afin d'avoir plus de luminosité.
Dix minutes s'écoulèrent, où des bruits de cartes lancées et piochées résonnaient dans la grotte, suivit des grognements ou de claquement de langue. Miyamoto, quant à elle, pleurait toujours en marmonnant dans sa barbe des mots incompréhensibles. Évidemment, cela irrita Jessie, qui tendit le dos vers l'arrière et regarda l'otage pour lui faire part de son mécontentement.
« Bon sang mais c'est pas bientôt fini ?! Arrête de chialer !
- Ouais, on arrive pas à se concentrer ! » Reprocha également Miaouss en levant une patte pleine de cartes.
Mais les réprimandes des membres de la Team Rocket n’atteignirent pas les oreilles de Miyamoto, qui continuait encore à pleurer ouvertement tout en essayant d'essuyer ses larmes avec ses mains emprisonnées.
Agacée, Jessie balança ses cartes au sol et se leva brusquement. Elle s'approcha à nouveau du feu de camp pour faire face à l'otage, empoigna sa Pokéball et fit sortir son Arbok.
« Ça suffit, maintenant. Si tu n'arrêtes pas tout de suite tes jérémiades, je n'hésiterais pas à ordonner à mon Pokémon de réellement te mordre. »
Comme pour illustrer les dires de sa maîtresse, le Pokémon Poison siffla tout en sortant simultanément sa langue fourchue afin de d'intimider la prisonnière. Mais les menaces ne dissuadèrent pas la concernée, qui marmonnait maintenant des « Oh mon dieu » ainsi que des « C'est pas possible » d'une voix tremblotante.
Cela irrita Jessie au plus au point, qui ne put s'empêcher de serrer les dents en même temps que les poings pour contenir sa colère. Elle relâcha la tension dans ses muscles et soupira.
« Arbok. » Dit-elle simplement d'une voix neutre.
La membre aux cheveux magenta n'eut qu'à prononcer le simple nom de son Pokémon pour qu'il comprenne les ordres de sa maîtresse. Le Pokémon Poison s'approcha donc lentement de Miyamoto en sifflant d'un air menaçant. Quand il se dressa devant elle et approcha sa gueule à quelques centimètres de son visage, Miyamoto leva la tête pour le regarder silencieusement. Elle finit par tendre ses mains et toucher son museau. Les muscles du Pokémon se contractèrent instinctivement et il siffla, la gueule bien large ouverte, pour effrayer l'otage.
Cependant, Miyamoto n'eut aucun mouvement de recul et reposa à nouveau ses doigts sur le visage du cobra pour continuer ses caresses malgré le cliquetis des menottes. Un petit sourire étirait même ses lèvres.
« Tu as bien grandi, mon beau... » Chuchota-t-elle.
Le Pokémon Poison se laissait faire, et à l'entente du grognement qui lui échappait à contrecœur, il avait l'air d'apprécier l'attention que lui portait la prisonnière. La scène qui se passait déroulait devant eux laissèrent Jessie, mais également James et Miaouss qui s'étaient rapprochés, complétement abasourdi.
« Qu’est-ce qu’elle marmonne ? demanda le chat parlant.
- Je t’ai dit de lui faire peur, pas de faire ami-ami avec l’ennemi ! Qu’est-ce qui te prend, Arbok ?!
- C'est peut-être une charmeuse de serpents ? supposa le gosse de riche.
- Peut-être. Après tout, on ne sait même pas à quoi ressemble son visage. Elle a peut-être un tatouage ou des pupilles très fines qui hypnotisent les gens...
- Arrête de dires des âneries, Miaouss. Mais pour vraiment en avoir le cœur net... James, retire-lui sa capuche. » Ordonna Jessie en désignant l'otage d'un mouvement de tête.
Elle croisa ensuite les bras dans l'attente et observa son co-équipier aux cheveux bleus s'approcher et s'accroupir près de Miyamoto. La concernée ne fit aucun mouvement pour se débattre, ni même pour se distancer du jeune homme. Elle essuya ses larmes, baissa les bras et releva sa tête encapuchonnée, prête à faire face à Jessie.
D'un mouvement vif, James lui retira sa capuche en tirant doucement à l'arrière de sa tête. Et lorsqu'elle découvrit le visage de la prisonnière, Jessie avait l'air de recevoir un énorme coup de massue sur la tête.
Les pupilles tremblantes d’incompréhension, elle tentait de respirer normalement devant le soudain manque d’air. La main posée sur sa poitrine, elle prit des grosses goulées d'air alors que son pouls s'accélérait de plus bel et que son esprit ne cessait de tourbillonner. Sa détresse alerta James et Miaouss, qui l'entourèrent immédiatement.
« Jess, ça va ? demanda le gosse de riche en posant une main dans son dos.
- T'es toute pâle... constata Miaouss, une patte sur sa botte.
- Qu'est-ce que-... c’est quoi ces conneries... ? » Lâcha la chef du trio, complétement déboussolée.
Elle serra ensuite les dents, rageuse, et releva la tête pour crier sur la prisonnière, le regard plein de colère. A la vue de son visage plein de amertume, Miyamoto allait passer un sale quart d'heure. Et le venin ne se fit pas attendre longtemps.
« Qu’est-ce que tu fais là, bordel ?!
- Attends, tu la connais ? demanda doucement James, confus.
- Maintenant que je la regarde, elle ressemble un peu à Jessie. En plus vieille évidemment, mais elle a vraiment des airs de Jessie. » Nota Miaouss, une patte contre son menton.
La jeune femme aux cheveux magenta ne releva pas les remarques de ces compagnons qui assistaient à la scène. Et c'est à ce moment que Miyamoto pu enfin parler à nouveau, non sans une certaine émotion dans la voix.
« Jessica…
- Jessica ?! s’étonnèrent immédiatement les deux compagnons, perdus.
- Comment elle connaît ton vrai prénom ? Y’a que nous et le boss qui le connaissons, enchaîna directement le chat beige.
- Jessica… » Répéta inlassablement son interlocutrice.
C’en fut assez pour la concernée qui enjamba le feu de camp pour s'accroupir près de Miyamoto et l'empoigner fermement par le col. Sourcils froncés au maximum et des larmes plein les yeux qu'elle refusait de laisser couler, Jessie continua de crier.
« Ferme-la ! Tu étais censé être morte !! cria-t-elle alors que sa voie déraillait.
- Je sais, Jess-… !
- … Ensevelie sous une avalanche ! coupa Jessie. C’est ce que Madame Boss m’a dit ! Les rapports étaient formels ! On a retrouvé aucune trace ; ni de toi, ni de ton équipe !
- J’ai déjà entendu cette histoire quelque part, pas toi ? souffla Miaouss à son compère.
- Maintenant que tu le dis…
- Ha ! Mais c’est-… ! C’est la-… ! C’est la mère de Jessie !! » Lâcha le sac-à-puce, comme s’il avait eu une illumination.
Le membre d’élite de la Team Rocket étira ses lèvres dans un fin sourire et continua de fixer sa progéniture de ses deux orbes bleus tremblants. Elle finit par prendre une inspiration et s'élança dans un enthousiasme étrange tout en écartant les mains, l'air de dire « surprise ! ».
« Après l’avalanche, ta super maman a survécu ! Par miracle c'est vrai, mais elle a tout de même survécu !
- C’est n’importe quoi ! protesta Jessie. Si tu étais en vie, pourquoi tu n’es pas revenue plus tôt ?! »
Elle ponctua la fin de sa phrase en relâchant brusquement sa prise sur son interlocutrice qui se cogna contre la paroi rugueuse de la grotte. La chef du trio se redressa et recula d'un pas pour mieux toiser sa mère dont l'air joyeux et le sourire à ses lèvres disparurent pour laisser place à une visage sérieux et concentré, comme si elle se remémorait le passé.
« Je…J’avais réussie à trouver Mew. Cependant, il a pris la fuite et c’est là qu’il y a eu l’avalanche. Après un moment interminable, je me suis réveillée. J’ai décidé de rester en Amérique et de continuer à chercher Mew. Lorsqu’il s’est enfui avant l'avalanche, je pense qu’il a carrément dû quitter le continent. Mais ça, je ne le savais pas. En fin de compte, vingt ans se sont écoulés et toujours pas la moindre trace de Mew. J'ai abandonné la mission qui m’a été confiée et j’ai donc décidé de rentrer sur le contient Japonais, de rentrer à la maison... »
Après ses explications, Jessie décolla ses pieds du sol pour faire les cent pas devant sa mère et ses co-équipiers, qui n'osaient pas interrompre le temps de réflexion dans lequel elle se trouvait. Elle restait silencieuse mais ratissait de temps en temps ses cheveux avec ses mains gantées, comme si ce geste pouvait l'aider à trier correctement ses pensées.
Au bout d'une solide minute à faire des allers-retours, elle s'arrêta enfin devant sa mère et la dévisagea.
« Tu m'dégoûtes. » Cracha Jessie en la regardant dédaigneusement de haut en bas.
Puis elle se détourna de sa prisonnière qui tenta de l'appeler une énième fois. Mais Jessie quitta la grotte dans laquelle ils séjournaient, toujours poings serrés, et s'installa à l'entrée, suivit en silence par son Arbok. Assise par terre, le dos courbé et ses bras posés contre ses genoux qu'elle avait ramené contre sa poitrine, Jessie semblait contempler le paysage sombre et étoilé devant elle, en plein dans ses pensées. Son Pokémon Poison resta simplement allongé près de sa maîtresse.
Un silence de mort s'installa dans la grotte. Miyamoto n'osait pas détourner ses yeux de la silhouette de sa fille, tandis que James et Miaouss restaient toujours plantés debout, les bras ballants.
Au bout de plusieurs minutes qui lui semblaient interminable, Miyamoto cligna des yeux lorsqu'elle vit Jessie se lever. Elle s'apprêta à l'appeler à nouveau, une main tendue vers elle, cependant, alors qu'elle pensait que sa fille allait faire demi-tour, cette dernière continua son chemin tout droit et s'enfonça dans la forêt, Arbok sur les talons.
Avec un soupir discret de défaite, elle baissa sa main ainsi que son regard rempli de culpabilité. Elle sentit un mouvement à sa gauche et entendit un craquement d'os qui l'obligèrent à tourner la tête de l'autre côté.
C'était le jeune homme aux cheveux bleus. Il venait de s'accroupir à sa hauteur, bras sur les cuisses, lui adressant un sourire contrit et rassurant à la fois. Maintenant qu'il y avait un peu plus de lumière dans la grotte, Miyamoto s'étonna à quel point il pouvait avoir de magnifiques yeux verts.
« Ne vous en faites pas, elle va revenir très vite. Parfois, il arrive qu'on se dispute aussi et elle revient une fois qu'elle a fait un petit tour dans la nature. » Expliqua-t-il.
La voix douce du membre de la Team Rocket arracha un léger sourire de remerciement à la prisonnière. Cet homme semblait vraiment très gentil. Elle reporta ensuite son attention sur le Pokémon parlant qui s'était approché à son tour. Et ce Pokémon, bien qu'intriguant, respirait l'intelligence des pattes aux moustaches.
« C’est donc vous, les coéquipiers qui travaillent avec ma fille adorée. Ravie de vous rencontrer, je m'appelle Miyamoto.
- Euh… Enchanté, madame. Moi c'est James, tenta de répondre le jeune homme aux cheveux bleus, encore perturbé par les événements.
- Et moi, c'est Miaouss. » Renchérit aussitôt le ramasses-puces.
Le gosse de riche se gratta l'arrière de la tête, mal à l'aise, et adressa un sourire mal assuré à la mère de sa partenaire.
« Désolé pour les menottes en fer et la corde autour des pieds ? s'excusa-t-il dans un haussement d'épaules incertain.
- Ça va. C'est du bon travail. » Reconnu-t-elle dans un hochement de tête.
James, qui semblait à présent un peu plus tranquille, se permit se s'asseoir en tailleur, imité par le Pokémon Normal. S'ils se sont installés près d'elle, c'est qu'ils voulaient discuter et avoir des réponses à leur interrogations. Plus que Jessie, en tout cas...
Dans un sourire calme, elle s'adossa à la paroi de la grotte et prit à nouveau la parole.
« Vous vous demander certainement pourquoi je suis restée aussi longtemps en Amérique du Sud à parcourir le continent alors que j'aurais pu rentrer au Japon, n'est-ce pas ?
- Oui, répondirent-ils en même temps.
- Si je suis autant restée là-bas, c'est parce que je voulais à tout prix retrouver la trace de Mew. Si je réussissais à le capturer, j'aurais eu un énorme prime et j'aurais pu donner une vie tellement meilleure à ma fille. Elle aurait été heureuse comme tout. Hélas, ça ne s'est pas passé comme je l'espérais...
- Je comprends, répondit Miaouss en opinant du chef. Vous avez fait ça pour Jessie.
- Oui.
- Pourquoi avez-vous abandonné vos recherches après tant d'années, alors ? voulu savoir James, les mains sur ses pieds joints.
- C'est tout bête mais... lorsque j'étais en Argentine, j'étais en train de me reposer sur le banc d'une splendide place où trônait une fontaine en son centre. J'observais les alentours, les gens qui passaient, l'eau qui coulait indéfiniment de la fontaine, les pigeons qui volaient dans le ciel... Puis devant moi, il y avait une mère qui partageait une glace avec son enfant surexcité. Elles s'entendaient tellement bien et avaient toutes les deux un visage heureux que ça m'a littéralement frappé. C'est à ce moment-là que je me suis dit : « Mais qu'est-ce que je fous encore là, à espérer attraper un fantôme qui ne se montrera plus jamais, alors que ma petite fille est toute seule et qu'elle attend probablement mon retour... ? »...
- Vous avez mis longtemps à revenir au Japon ?
- Plusieurs années. Comme tout mon équipement et mes compagnons ont été emportés dans l'avalanche, j'ai dû repartir de zéro. »
Dans un léger sourire nostalgique, elle continua le récit de son périple, le regard dans les braises du feu de camp, comme si elle pouvait y voir les images de son passé.
« J'ai commencé par me refaire une identité là-bas ainsi que les papiers les plus important. Heureusement pour moi, les gens étaient compréhensifs et très ouverts. Mais cela ne changeait pas le fait que je n'avais pas de toit sur la tête, que je vivais dans un foyer d'urgence, que je me nourrissais grâce aux aides pour les plus démunis, et que je portais toujours mon uniforme de la Team Rocket.
Comme j'aimais le contact avec les gens et que j'étais une bonne vivante, je me suis orienté vers la restauration. Au début, les enseignes étaient réticentes du fait de ma situation. Mais à force de m'accrocher, une brasserie de cafés et de pâtisseries a accepter de me prendre à l'essai. Et résultat, ils n'étaient pas déçus : je me suis super bien intégré et ils ont même fini par avoir encore plus de clientèle qu'à l'accoutumé. Certains habitués venaient même spécialement pour moi et mon enthousiasme naturel. Ils disaient que leur stress s'évaporaient dès qu'ils voyaient mon sourire enjoué... »
James et Miaouss étaient accrochés aux lèvres de Miyamoto, les yeux rivés sur elle et son histoire. Voyant qu'ils n'allaient pas l'interrompre tout de suite, elle continua sur sa lancée.
« J'ai fini par prendre goût à la vie là-bas. J'ai vécu dans un appartement dès que j'ai eu l'argent nécessaire pour en avoir un, parce que vivre dans un foyer, c'est bien le temps de dépanner mais avoir un vrai chez soi, c'est tout de même mieux. Mon appartement était petit mais il était très chaleureux. J'ai également rencontré des personnes extraordinaires au fil du temps.
- Et vous avez eu des aventures amoureuses ? ne put s'empêcher de demander Miaouss, avant de se faire claquer l'arrière de la tête par James.
- Non mais ça va pas ! C'est impoli de demander ce genre de chose ! Surtout à la mère de notre amie ! » Réprimanda le gosse de riche qui ignorait les plaintes du félin.
Cela fit rire Miyamoto, qui répondit à la question du chat parlant par un hochement de tête.
« Oui, j'ai eu quelques histoires par-ci par-là. Mais jamais rien de sérieux. Dès l'instant où j'ai eu Jessie, je lui ai fait la promesse qu'il n'y aurait aucun homme qui viendrait se mettre entre nous. D'ailleurs, je savais qu'elle m'attendait très probablement, alors je ne pouvais pas me permettre de m'engager dans une longue relation. »
« C'est compréhensible, en effet. D'ailleurs, je me suis toujours demandé où était le père de Jessie ? Il est décédé ? osa demander James. Elle n'en parle jamais.
- Nan, il est toujours vivant je crois. Et si Jessie n'en parle pas, c'est parce qu'elle ne l'a jamais connu. Il m'a largué au bout du quatrième mois de grossesse. Il n'arrivait pas à gérer la pression, d'après ce qu'il m'avait dit...
- Aïe, grimaça Miaouss.
- Le connard... » Lâcha le gosse de riche en serrant le poing.
Miyamoto haussa les épaules d'un air nonchalant, l'air de dire « c'est la vie », comme si cet incident ne l'affectait plus. Après tout, c'était du passé. Et honnêtement, elle vivait carrément mieux sans lui.
« Une fois que j'avais réuni assez d'argent, quelques années s'étaient encore écoulées sans que je ne m'en rende compte. Et j'ai enfin pu prendre un billet pour le Japon, continua-t-elle en changeant de sujet.
- Mais vous portez votre uniforme de la Team Rocket sous votre cape, non ? Comment ça se fait que vous ayez des vêtements aussi sales ? Vous n'avez pas acheter des vêtements propres lors de votre départ ? La compagnie de vol vous a autorisé à monter à bord de l'avion ? Elle n'a pas appelé la police ? questionna James, qui se fit frapper à son tour par Miaouss.
- Et maintenant, c'est qui qui est impoli envers la mère de Jessie ?! » Reprocha le félin d'une voix pincharde.
Miyamoto esquissa un sourire amusé devant les chamailleries des deux compères. Elle décida d'intervenir avant qu'ils n'en viennent vraiment en main.
« Ne sois pas gêné, James, c'est tout à fait compréhensible. Ce sont des questions logiques, rassura-t-elle avant de continuer pour répondre à ses questions :
J'avais d'autres vêtements pour monter dans l'avion et me fondre dans la masse, ne t'en fais pas. Une fois arrivé dans la région de Kanto, c'est là que je me suis changé et que j'ai également mis ma cape de voyageuse pour cacher mon uniforme d'hiver de la Team Rocket. Comme j'étais dans ma région natale, je voulais porter quelque chose qui correspondait à mes racines, vous voyez ?
Comme j'avais utilisé pratiquement tout mon argent dans mes dépenses quotidiennes en Argentine -et surtout pour mon ticket d'avion, il ne me restait plus grand chose une fois arrivé ici. Je ne voulais pas retourner immédiatement au QG de la Team Rocket parce que je savais qu'après un interrogatoire digne de la police, qu'après toute une série de examens médicaux, et qu'après une série de test pour réévaluer mes aptitudes, ils m'auraient renvoyés sur le terrain après un jour ou deux de repos.
Alors je me suis dit que j'avais autant profiter de mon temps libre pour explorer les changements qui s'étaient opérés dans la région. J'ai donc erré de ville en ville en passant par les montagnes et c'est de cette manière que mes vêtements, bien que propres, se sont salis.
- Et c'est là que vous êtes tombés sur les morveux ? devina James.
- Oui. J'avais marché pendant des jours et des nuits, et je me suis effondré de fatigue près de leur camp. Ils m'ont recueilli et m'ont gentiment nourrit. Après, la suite, vous la connaissez. »
Elle finit sa phrase sur un ton solennel malgré un petit sourire sur les lèvres et un haussement d'épaules.
« Wouaw... Eh bah dis donc... lâcha bêtement James, à court de mot.
- C'est une sacré aventure que vous avez traversé... » Acquiesça Miaouss.
Miyamoto bourdonna en guise de réponse, replia ses jambes contre elle pour poser ses bras au-dessus et soupira tristement, les yeux rivés à présent sur les braises qui s'atténuaient dans le feu de camp.
« Dommage que ma fille adorée ne soit pas là pour écouter le récit de mon voyage... »
Une main posée sur son épaule l'obligea à tourner la tête vers les partenaires de Jessie. James lui sourit doucement, l'air toujours encourageant.
« Maintenant que vous vous êtes enfin retrouvés, vous aurez tout le temps pour lui raconter votre histoire, madame.
- C'est vrai ! Jessie a un sale caractère mais je suis sûr que malgré toute la rancœur qu'elle peut avoir, elle ne refusera pas de vous écouter, ajouta le félin.
- J'espère que vous avez raison, les garçons.
- Sachez que je me trompe rarement, m'dame ! Je suis un génie, figurez-vous ! J'ai un cerveau sur-développé qui tourne à pleins régimes, moi ! » Frima Miaouss en bombant fièrement le torse.
L'assurance du Pokémon parlant fit légèrement rire Miyamoto qui tendit les mains pour le caresser doucement. Miaouss se laisse faire et s'accorda même un ronronnement lorsqu'elle le grattouilla en-dessous du menton.
Elle reprit ses mains dans un cliquetis métallique et reposa ses poignets sur ses cuisses. Elle adressa ensuite un sourire contrit aux deux garçons et reprit la parole.
« Ma fille doit vous menez la vie dure, hein ? supposa-t-elle.
- Oh, ça oui ! C’est un vrai calvaire ! répondit immédiatement Miaouss.
- Je suis totalement d’accord. » Approuva le gosse de riche en opinant vivement du chef, bras croisés.
En parlant du loup, la concernée aux cheveux magenta revint enfin à l'intérieur de la grotte. Arbok n'était plus à ses côtés, ce qui voulait dire qu'elle avait certainement dû le faire rentrer dans sa Pokéball. Jessie jeta une œillade à sa mère ainsi qu'à ses compagnons mais ne pipa pas un mot. Visiblement, elle ne semblait toujours pas calmé ni disposé à parler...
Elle s'arrêta devant le feu et c'est à ce moment-là que Miyamoto remarqua qu'elle avait des branches d'arbres pleins les mains. Jessie s'accroupit, déposa doucement quelques bouts de bois sur les braises et se pencha pour souffler légèrement sur le feu afin de le rallumer.
La tyran à la taille de guêpe, qui sentit les yeux de sa mère sur elle, releva automatiquement la tête pour la fusiller du regard, sourcils froncés. L'otage déglutit devant les deux orbes bleus plein de colère et préféra regarder ailleurs pour éviter de déconcentrer sa progéniture dans sa tâche.
C'est à ce moment-là que Miyamoto se remémora les endroits visités et qu'elle reporta immédiatement son attention sur James et Miaouss pour continuer leur discussion.
« Oh ! D'ailleurs, c'est fou ce que certaines parties de la région ont changées ! J'étais surprise de voir qu'ils avaient construit une piste cyclable qui relie Céladopole à Parmanie !
- En effet, c'est beaucoup plus pratique pour les dresseurs et les commerçants. Ça me rappelle qu'avant Parmanie, vous devez passer par Soleil-ville. C'est une petit ville où nous étions entrés dans le gang des bicyclettes avec Jessie, raconta James dans un sourire nostalgique.
- Oh, vraiment ? Je ne connaissais pas ce gang mais cela veut dire que déjà plus jeune, tu avais une prédisposition pour la délinquance, alors ? » Dit-elle d'un air taquin.
James, embarrassé, ricana tout en se frottant la nuque.
« Héhéhé, que voulez-vous ? Il fallait croire que c'était inscrit dans mes gènes, plaisanta-t-il.
- Oh ! Et lors que je suis passé par Carmin-sur-Mer, j'étais époustouflé par tous les énormes paquebot de croisière qui séjournaient dans le port. De mon temps, ce n'était qu'un petit embarcadère, on pouvait mettre quelques petits bateaux de marins et seulement un seul gros paquebot. Alors que maintenant, c'est limite plein à craquer !
- Eh bien figurez-vous que nous avons pu monter à bord du célèbre St-Anne, rapporta à son tour Miaouss, une griffe levée d'un air savant.
- Le St-Anne a été achevé ? s'étonna la prisonnière. J'avais entendu que c'était un projet très ambitieux qui demanderait plusieurs années de conception, mais j'ignorais qu'il avait été terminé ! Et vous avez pu monter à bord ? C'est fantastique !
- Oui, c'était une opération orchestrée par le Boss. D'autres sbires de la Team Rocket ainsi que nous-même étions infiltrés à l'intérieur pour que nous volions tous les Pokémons des dresseurs invités exprès pour l'occasion.
- Ho-hoo ~, comme c'est machiavélique ! chantonna-t-elle dans un sourire qui ne cachait pas son attrait pour les plans diaboliques.
- Très, approuva le chat parlant. Malheureusement, il y a eu une tempête ce soir-là, et le bateau a coulé. Heureusement, nous nous en sommes sortis vivants, raconta le chat parlant, en omettant évidemment de citer le fait qu'ils avaient eu la vie sauve grâce aux morveux.
Miyamoto fredonna en guise de réponse pendant qu'elle réfléchissait et prit à nouveau la parole.
« Excusez-moi mais, vous avez bien dit « Le Boss », n'est-ce pas ? Est-ce que vous voulez parler du petit Giovanni, par hasard ?
- « Du petit Giovanni » ? répéta Miaouss. Vous avez connu le Boss quand il était jeune ?
- Mais oui, réfléchis un peu, intervint alors le gosse de riche. Ça fait vingt ans qu'elle avait disparu. Le Boss doit avoir dans les quarante balais au jour d'aujourd'hui, alors avec vingt ans de moins... ça veut dire que c'était un jeune adulte ! Merde, j'arrive pas à imaginer le boss plus jeune que nous...
- Il était comment ? Enchaîna le félin, curieux, tandis qu'il ignorait le choc de James à sa soudaine réalisation.
- Il était un assez taciturne. Il fallait dire qu'avec sa mère, ce n'était pas la grande joie et son éducation était très stricte. Mais c'était un garçon avec un bon fond malgré tout. Il s'occupait souvent de Jessie lorsque je ne pouvais pas la mettre au jardin d'enfants.
- Quoi ?! Le Boss et Jessie se sont connus quand ils étaient petits ?! s'exclamèrent aussitôt les deux compagnons, choqués par cette surprenante nouvelle.
- Ça va, vous voulez pas du thé et des p'tits gâteaux ? » Trancha sarcastiquement Jessie.
Mais les deux membres de la Team Rocket et la prisonnière, coupés dans leur conversations, n'eurent pas le temps de répondre que la chef du trio tourna la tête vers les cartes de jeu qui traînaient toujours à quelques mètres de là.
« Et les cartes, elles vont se ranger toutes seules peut-être ? »
Encore une fois, ils n'eurent pas le temps de rétorquer quoi que ce soit puisque Jessie continua aussitôt ses sermons.
« Et la lampe torche, vous allez la laisser encore longtemps allumée ? Lorsque les piles seront mortes, on ne pourra pas en racheter tout de suite. On a plus d'argent, je vous rappelle !
- Bah ouais mais sinon on a pas de lumière ! rétorqua Miaouss sur un ton désinvolte, comme si c'était l'évidence même.
- C'est vrai, il n'y a presque plus de feu continua calmement James.
- Parce que vous attendiez tranquillement que je ramène du bois pour ré-avoir de la lumière, c'est ça ? Et si j'étais revenue sans aucune branches ? Vous auriez continuer a utiliser notre lampe torche jusqu'à ne plus du tout avoir de piles ? » Réprimanda-t-elle.
A la vue des visages coupables des deux garçons qui se taisaient sous le ton ferme de sa fille, Miyamoto décida d'intervenir pour les défendre.
« Ma chérie, je sais que la situation est compliqué entre nous, mais ne t'en prends pas à tes compagnons. Ils ne t'ont rien fait, essaya-t-elle d'une voix dissuasive.
- Toi, je ne veux pas t'entendre. T'aurais mieux fait de rester là-bas et de croupir dans les montagnes. » Répliqua-t-elle du tac-o-tac.
Le reproche de la diva aux cheveux magenta jeta un autre froid dans la grotte mais la concernée semblait ne pas s'en soucis le moins du monde. Elle avait toujours les yeux bleus rivés sur son travail.
Une fois que le feu commençait à dévorer les bout de bois et autres branches, Jessie hocha la tête pour elle-même et se redressa sur ses deux jambes. Elle se dirigea vers la lampe torche afin de l'éteindre dans un cliquetis, puis s'affaira ensuite à regrouper les cartes qui étaient éparpillées partout.
« J'ai l'impression qu'il n'y a que moi qui fait tout, ici... » Marmonna-t-elle
Miyamoto, encore poignardé par la remarque de sa fille, ne moufta plus un mot et observa plutôt le gosse de riche ainsi que le chat parlant qui se lancèrent un regard avant de tourner la tête en direction de leur chef.
« Pardon, Jessie... » S'excusèrent les deux compères.
Mais la jeune femme ne répondit pas à leurs excuses. Elle finit de ranger les cartes dans sa petite boîte et se redressa une nouvelle fois pour leur faire face.
« Il se fait tard. Allons dormir. »
Et à l'entente de son ton calme mais catégorique, il n'y avait aucune possibilité d'argumenter. Jessie menait ses co-équipiers d'une main de fer et Miyamoto constata à quel point sa petite fille pleurnicheuse semblait désormais bien loin, à présent...
Ses partenaires hochèrent la tête et se levèrent enfin du sol. James étira sa colonne vertébrale, bras levés, tandis que Miaouss s'étirait les reins en tendant le dos.
Décidant de faire de même, Miyamoto imita les deux compères et se leva du mieux qu'elle put à cause du handicap qui lui entravait les chevilles. Cela attira l'attention du trio, qui tournèrent aussitôt un regard interrogateur sur elle.
« Qu'est-ce que tu fais ? demanda illico Jessie.
- ...Eh bien, tu as dit d'aller dormir : je me lève pour m'installer près du feu.
- Hors de question, refusa la chef du trio en croisant les bras. Tu es une otage, et les otages, ça ne dort pas avec les ravisseurs.
- Allez Jessie, tu pourrais être un peu plus conciliante, intervint alors James. Je sais que tu la considère comme un otage, mais ça reste ta mère malgré tout. Laisse-la se réchauffer devant le feu de camp.
- Moi je donnerais tout pour avoir même un seul de mes parents auprès de moi... » Renchérit Miaouss d'une petite voix.
Les réflexions de ses partenaires la firent réfléchir et au bout de plusieurs secondes de silence, elle céda dans un soupir éreinté.
« D'accord mais tu dors d'un côté du feu et moi de l'autre, imposa-t-elle.
- Oh..., lâcha Miyamoto, clairement déçue. Je pensais qu'on allait dormir ensemble.
- Et puis quoi encore ? L'attaque Tonnerre de Pikachu t'as grillé des neurones ou quoi ? répliqua Jessie.
- S'il te plaît ? Insista-t-elle, les mains jointes. Tu ne veux pas dormir avec moi comme avant ? Comme lorsque tu étais petite et que tu venais dans mon lit parce que tu avais peur des monstres sous ton lit ? »
Le chat parlant ricana dans ses babines, se moquant clairement de la concernée grâce à l'anecdote gratuite que venait de leur fournir leur otage, tandis que les lèvres du gosse de riche s'étirèrent malgré lui dans un rictus amusé.
Mais tout ceci ne plût définitivement pas à la diva, qui fusilla ses co-équipiers du regard, sourcils froncés malgré ses pommettes roses de honte.
« Très bien, t'as gagné ! » Cria-t-elle en haussant la voix.
Puis la chef du trio ignora encore les remerciements de sa mère pour reporter son attention et engueuler ses amis. Elle leur ordonna d'aller se coucher sinon elle allait les endormir elle-même en les assommant, et ils obtempérèrent tout de suite docilement.
Les deux garçons se couchèrent les premiers, tandis que Miyamoto s'avança doucement vers le feu crépitant. Jessie avait fait le tour du feu de camp mais attendit que la prisonnière soit assise et allongée au sol pour faire de même. Mais à la simple différence qu'elle lui tourna clairement le dos et ne lui adressa même pas un mot pour lui souhaiter une bonne nuit.
Une nouvelle fois, les agissements distants de sa fille lui firent mal au cœur mais elle encaissa la douleur en silence. Après tout, elle l'avait tout de même un peu mérité, non ? Miyamoto se tourna légèrement pour jeter une œillade derrière son épaule. Jessie était recroquevillée sur elle-même et avait un bras sous sa tête en guise d'oreiller, paupières fermées. Après un instant à ruminer ses mots dans son esprit, elle prit la parole d'une voix hésitante.
« Ma chérie ? La corde serrée sur mes chevilles me gêne... Est-ce que tu pourrais libérer mes pieds pour que je puisse avoir de l'espace pendant la nuit ?
- Ha ! ricana Jessie. Belle tentative, mais tu ne m'auras pas. »
Bon sang, elle était vraiment têtue... Impossible de négocier. D'autant plus qu'elle savait certainement que sa mère n'allait pas s'enfuir comme une voleuse après toutes ses années sans voir sa fille. Miyamoto, bien que frustrée, ne put s'empêcher de sourire en voyant l'assurance de sa progéniture.
« S'il te plaît ? implora sa mère. Je te promets de ne rien tenter. De toute façon, j'ai encore les mains menottées alors...
- Raah, c'que tu peux être chiante ! » Râla Jessie tout en se redressant en position assise.
Elle fouilla dans la poche de sa jupe pour en sortir un mini couteau et se pencha ensuite vers les pieds de Miyamoto. Quelques secondes plus tard, cette dernière sentit l'emprise sur ses chevilles se rompre et elle poussa un soupir de soulagement tout en étirant instinctivement ses jambes. Ses remerciements tombèrent dans l'oreille d'une sourde, puisque Jessie la coupa aussitôt en se redressant.
« Voilà. » Lâcha-t-elle simplement.
Après avoir ranger son couteau dans la poche de sa jupe, la diva aux cheveux magenta se ré-allongea près de sa mère.
« Et tu n'as pas intérêt à t'enfuir, menaça-t-elle d'un index autoritaire. Sinon, notre plan pour capturer Pikachu tombera à l'-... »
La membre d'élite de la Team Rocket, d'un mouvement vif, roula sur son flanc pour faire face à Jessie et leva rapidement les bras pour entourer ses poignets toujours enfermés autour de la nuque de sa fille, lui coupant ainsi la parole.
« Voilà, ta super maman est bloquée avec toi, maintenant ! » Plaisanta-t-elle dans un large sourire innocent.
La diva à la taille de guêpe ne put que papillonner des yeux, médusée par l'action inattendue et enfantine de sa mère. La proximité qu'elles partageaient à présent stoppa les mouvements brusques de Jessie qui avait eu le réflexe de lever les poings pour se défendre, le cœur battant à toute allure. Cependant, elle reprit bien vite son calme et sa contenance. Elle dévisagea son interlocutrice, les yeux plissés de douleur.
- ...Comment tu peux plaisanter comme avant alors que tu m'as laisser dans la merde pendant toutes ces années... ? reprocha Jessie d'une voix blessée.
- Je suis-...
- Tu ne sais pas tout ce que j'ai dû endurer lorsque tu n'étais plus là ! s'énerva la diva aux cheveux magenta en serrant rageusement les poings sur les pans de sa cape. Les regards de pitiés de la part des membres de la Team Rocket, les réflexions désobligeantes de la part de mes camarades de classe parce que je n'avais pas de parents, les soupirs désespérer des mes profs parce que je n'avais jamais de bonne note à l'école, la sensation d'avoir son univers ruiné parce que je n'avais plus de repère familial, le sentiment d'être complétement perdue, la solitude... ! »
Devant le regard blessé et l'air dévasté de sa fille, Miyamoto resta silencieuse. Au fur et à mesure qu'elle comprenait à quel point Jessie avait souffert, l'air enjoué qui était collé à son visage s'effaça pour laisser place à un air sérieux. Coupable, elle baissa honteusement la tête.
« Je suis... sincèrement désolée... s'excusa-t-elle. Si je pouvais remonter le temps, je ne perdrais pas toute mon énergie et toutes mes années à tenter de capturer Mew...
- C'est facile de dire ça maintenant... bougonna Jessie, le regard fuyant.
- Ta super maman est plutôt pathétique en ce moment, hein... ? » Demanda-t-elle d'une voix peinée.
Jessie bourdonna en guise de réponse, encore irritée et perturbée par la tournure des événements. Quelques secondes s'écoulèrent où seul le bruit du feu qui crépite à côté d'elles se fit entendre. Miyamoto sentit la poigne de sa fille se resserrer sur sa cape et vit qu'elle semblait en plein dans ses pensées, les yeux rivés sur son uniforme qui se distinguait sous son manteau, signe qu'elle allait bientôt parler. Et le silence fut de courte durée.
« Je suis...
- Oui ? encouragea un peu trop rapidement la membre d'élite de la Team Rocket.
- … désolé. Pour t'avoir maltraité, tout à l'heure...
- Ce n'est pas grave, rassura-t-elle immédiatement. D'un point de vue professionnel, c'était parfait. Tu ne t'es pas laissé attendrir par les larmes de l'otage et tu as même fait preuve de menaces lorsque cela était nécessaire. »
Le bref et léger sourire qui étirait les lèvres maquillées de Jessie fut une petite victoire que Miyamoto savoura intérieurement. Cette récompense la força à sourire à son tour, détaillant sa fille avec tout l'amour et la fierté qui bouillonnait en elle. Et bien évidemment, ces sentiments étaient un trop-plein qui ne pouvait être contenu intérieurement. Il fallait absolument qu'elle en fasse part à la principale concernée.
« Tu as tellement grandi, ma chérie..., souffla-t-elle mélancoliquement. Tu es devenue une belle et magnifique jeune femme. Tu dégages une aura forte, et d'après ce que j'ai vu, tu as l'âme d'un leader.
- Bien sûr, que je le suis... ! Tu t'attendais ce que je sois laide et peureuse ?
- Non, je n'en attendais pas moins de toi, en fait. Je suis même très fière, Jessica.
- C'est ça, cause toujours... » Marmonna-t-elle difficilement, la voix tremblante, pendant qu'elle se détournait et nichait son visage dans le bras de sa mère.
Miyamoto toussa un semblant de rire et resserra comme elle pouvait sa prise sur le dos de sa fille. Elle blottit son visage contre la tête de Jessie et respira doucement le parfum de la nature qui se dégageait de ses cheveux. Cela l'apaisait, et petit à petit, Miyamoto sentit ses muscles se détendre ainsi que ses paupières se fermer progressivement...