Titre : Dans ce monde, il n’y a que de la tentation.
Pairing : Pierre x Ondine / Pierre x Erika.
Conditions : Vers la fin de l’été. Maquillage. Sourire. Voiture. Nuit.
Disclaimer : Les personnages ne sont pas à moi mais à Satoshi Taijri ! Seule l’histoire m’appartient !
Résumé : « Il avait beau poser les yeux n’importe où, tout ce qu’il voyait, c’était qu’elle se trouvait partout, à chaque coin de rue, sur chaque visage féminin… »
Un soupir las fendit grassement l’air. L’été touchait à sa fin, et nombreux étaient les inconnus qui sortaient encore malgré que le ciel avait pris un teint assez sombre. Le jeune homme qui venait de lâcher ouvertement un râle les comprenaient parfaitement. Ils n’avaient pas envie que leurs vacances s’arrêtent alors ils essayaient de profiter des quelques jours de répit qu’il leurs restait. Et puis, il faisait relativement chaud, c’était pour cette raison que les rues étaient pleines en cette soirée clairement ennuyeuse.
Affalé sur la table devant lui, la tête tournée vers la fenêtre, le garçon ferma ses yeux déjà bridés et garda la bouche ouvre, comme si son âme commençait à s’échapper de sa bouche. Il était déprimé et même si la raison semblait débile aux yeux de tous, il ne pouvait pas s’en cacher. En effet, le jeune homme n’avait pas de copine, et ce, depuis une semaine. C’était elle qui l’avait plaqué. Encore. Il ne comptait même plus les refus et les ruptures de ces dames. Il commençait à se demander s’il n’allait pas finir de l’autre bord, tellement cela en devenait désespérant…
Dehors, des femmes d’âges mûres se pressaient, le téléphone à la main, le sourire aux lèvres en grandes conversation avec, ce qu’il devinait, « l’homme de leur vie » tandis que d’autres, plus jeunes, passèrent à côté de lui, la mine réjouie, accompagnée d’un homme. Pourquoi tout le monde était en couple alors que lui, était seul ? Pourtant, il était plutôt beau garçon, savait se servir de sa tête et était très ouvert d’esprit, alors qu’est-ce qui n’allait pas ? De plus, il n’était pas ce genre de types à la démarche patibulaire, au look complétement décalé et qui te cherchait des ennuis dès que quelqu’un posait un œil sur sa personne… Il n’y avait donc que cela qui intéressaient les filles ? Le jeune homme à la peau mate ne pouvait tout de même pas ressembler à ces racailles, juste pour se trouver une copine. C’était trop dégradant et il ne se voyait vraiment pas porter un jogging et un sweet à capuche toute sa vie…
« Tu souhaites prendre une autre commande, Pierre ? »
Il tiqua à l’entente de son prénom et se redressa en se tournant à droite. Un jeune serveur au visage efféminé et aux cheveux verts se tenait à côté de la table, un petit bloc-notes ainsi qu’un stylo entre les mains. Le jeune homme aux cheveux en piques reporta son attention sur le verre à moitié vide qui se tenait fièrement devant lui avec une paille à l’intérieur et cligna des yeux.
« Oui, apporte-moi un soda à la grenadine, s’il te plait. »
« Cela fait le septième depuis cette après-midi… » Fit-il remarquer dans un soupir
« Le client est roi alors dépêche-toi de me ramener ma boisson. »
« Comme tu voudras. »
Pierre le remercia d’un hochement de tête et le regarda faire demi-tour, longer le bar pour se poster à son poste de travail et saisir un verre derrière lui. Au comptoir du bar, un homme à l’air plutôt cool attira son attention. Il était en pleine conversation avec une fille qu’il qualifia de « plutôt mignonne » et réprima un énième soupir en baissant les yeux vers sa montre. Vingt-et-une heure…
Malgré lui, il entendit la conversation du couple accoudé au comptoir et ne put s’empêcher de tendre l’oreille, la tête tournée à gauche alors que ses yeux bridés détaillaient une autre femme au tee-shirt moulant. Sale aguicheuse…, pensa Pierre en scrutant ses formes plutôt généreuses.
Dans le bar, le garçon argumentait sur le fait qu’il raccompagnerait la jeune femme dans sa voiture plutôt chic une fois qu’ils auraient fini leurs verres. S’il en avait une, lui aussi aurait été populaire auprès des filles…, conclut-t-il en jetant une œillade à l’homme. Mais ce n’était pas avec le petit salaire qu’il se faisait en tant qu’agent d’entretien qu’il allait pouvoir s’en payer une… Avec le costume qu’il portait, Pierre pariait que ce gars était l’employé d’une haute société, ou peut-être même le bras droit du directeur…
En réalité, il aurait aimé être infirmier et soigner dans personnes dans le besoin, mais il n’avait pas eu la chance de suivre les études adéquates. Son père ayant déserté la demeure familiale, le jeune homme n’avait pas eu d’autres choix que de s’occuper de ses frères et sœurs. C’était sans doute pour cela qu’il s’était retranché de ce genre de travail. Il avait l’habitude de s’occuper des tâches ménagères, alors il s’était dit que cela ne lui changerait pas grand-chose du quotidien. Et puis, les horaires d’un infirmier changeaient constamment, impossible pour lui de rentrer à l’heure afin de préparer le dîner pour toute la tribu…
Pierre lâcha un énième râle en buvant le reste de sa boisson. C’était désespérant. Etre réduit à boire un vulgaire soda, seul à une table de deux, alors que dehors, il faisait une chaleur étouffante…
Un bras blanc lui coupa la vue et l’obligea à cligner des yeux pour reporter son attention sur le verre qui venait d’être posé devant lui. La voix du serveur de tout à l’heure atteignit ses oreilles alors qu’il mordait déjà dans sa paille pour boire une gorgée.
« Tu sais, les personnes déprimés boivent de la bière, d’habitude… »
« La ferme, Drew. Va faire ton travail. »
Le jeune homme aux cheveux verts laissa échapper un semblant de rire, prit place en face de ce dernier et s’accouda, le poing contre la joue, ses deux orbes émeraudes rivés sur l’agent d’entretien. Au début, Drew était parti en voyage pour devenir ce qu’on appelait « coordinateur », une personne qui permettait à leurs animaux de mêler grâce et puissance dans un concours de prestation. Une amie commune partageant la même ambition, c’était comme cela qu’ils s’étaient connus, bien qu’ils n’aient pas vraiment dialogué par le passé… Et puis par la suite, étant obligé de gagner sa vie bien qu’il était issu d’une famille aisée, il était devenu serveur dans ce petit bar où il y faisait bon vivre.
Apparemment, Drew n’avait pas l’intention de faire ce qu’il lui ordonnait et continuait de le fixer d’un air sérieux. Mais Pierre ne voulait pas lui parler, trop occupé à scruter la fenêtre dans l’espoir de voir ces femmes pleines de confiance, au maquillage parfait et à la garde-robe plutôt chic. Oui, c’était ce genre de femmes qui l’enfonçaient encore plus dans sa dépression tellement elles lui semblaient inaccessibles. Il n’avait jamais eu l’occasion de les approcher, parce qu’elles l’intimidaient et il savait très bien qu’elles ne feraient que l’ignorer royalement, sans un regard, sans un mot.
Après avoir siroté silencieusement son soda, il lâcha la paille dans un soupir gras, croisa les yeux du serveur et la question qui brûlait les lèvres de ce dernier se fit enfin entendre.
« Tu n’as toujours pas trouvé une copine, c’est ça ? »
« C’est facile pour toi de dire ça ; tu n’as plus besoin d’en chercher une, tu as déjà Flora… »
Un coup d’œil à la fenêtre l’obligea à serrer la mâchoire. Encore une allumeuse qui lui passait sous le nez en riant aux côtés d’une autre fille aussi radieuse que la première… On aurait dit qu’elle se moquait de sa situation tandis que son amie acquiesçait en souriant.
Une fois qu’elles aient disparu de son champ de vision, ses yeux bridés se reportèrent sur le jeune homme en face de lui qui souriait doucement. Si Pierre n’était pas l’ami du serveur, il lui aurait déjà pris par le col de sa chemise et l’aurait secoué en le maudissant, lui et sa popularité naturelle qui attrayait aisément toute les filles…
L’agent d’entretien tiqua à sa propre pensée, se pencha légèrement près de la table, pour être sûr de n’être entendu seulement par lui, et le regarda avec l’air le plus sérieux qu’il n’ait jamais eut.
« Présente-moi des filles ! »
La main de Drew quitta lentement sa joue pour pendre en dessous de son menton, tandis que ses deux orbes verts l’observaient, l’air confus. Le cœur du métisse se gonfla légèrement : Il y avait encore un espoir… ! Si Drew lui présentait des filles, cela pourrait certainement marcher… ! Pierre lui expliqua alors qu’en général, il était populaire auprès des filles et qu’avec son métier de serveur, il devait voir beaucoup de filles passer dans son bar, cela lui donnait l’occasion d’avoir énormément de numéro dans son téléphone portable. Les lèvres de l’androgyne s’étirèrent dans un maigre sourire, clairement résigné.
« Je suis désolé, Pierre… Je ne peux pas. »
« C-Comment ça ? » Demanda-t-il, abasourdi, « Tu veux les garder pour toi tout seul, c’est ça ? »
« Non, pas vraiment. En fait, c’est Flora. Elle n’est pas possessive, mais disons qu’elle veille… J’ai été obligé d’effacer tous les numéros de ces filles. Et puis, dans un sens, ça m’arrange puisqu’elles n’arrêtaient pas de-… »
« J’ai compris, c’est bon. » Trancha Pierre en fermant les yeux
N’y avait-il donc aucune chance pour qu’il trouve enfin une copine ? Et dire qu’il tenait une bonne piste, voilà qu’elle s’effondre en mille morceaux… Et puis, pourquoi parlait-il aussi hostilement ? Cela ne lui ressemblait pas du tout. D’habitude, il aurait lamentablement pleuré en s’apitoyant sur son sort, faisant ainsi rire son interlocuteur, mais là, il semblait avoir touché le fond. Oui, c’était sans doute pour cette raison qu’il semblait si sérieux et que cela se reportait sur son comportement…
Le métisse détourna honteusement le regard et s’excusa rapidement. L’homme en costume-cravate remercia le serveur qui nettoyait un verre et quitta le bar, sa copine accroché à son bras. Ce qu’il avait de la chance…, pensa-t-il en reportant son attention sur la fenêtre à sa gauche, le menton dans la main.
Pierre coula une œillade paresseuse sur la silhouette de Drew. Et dire que c’était son physique frêle et son visage fin qui séduisait toutes les filles… Ce qu’il aimerait être à sa place, parfois… Un bref sourire moqueur s’empara de ses lèvres. Et dire que c’était la rivale du jeune homme qui sortait avec lui… Au début, il ne l’avait pas cru, comme beaucoup de monde. Mais lorsqu’il repensait à tous les moments que les deux coordinateurs avaient traversés, à toutes les roses que le serveur avait offerts à Flora lors de leur voyage, devenant ainsi un ami précieux pour la jeune fille, il ne pouvait qu’affirmer avec évidence qu’ils formaient un couple parfait.
Un rapide coup d’œil à la rue suffit pour que son cœur se serre légèrement. Encore une magnifique fille qui courrait en tenue légère, les cheveux dans le vent… S’il ne se contrôlait pas, il se serait déjà jeté sur toutes ces passantes en leurs déblatérant son attirance. Pitoyable…, soupira tristement Pierre. Accoudé au rebord de la fenêtre, il posa sa joue à l’intérieur de sa paume et fixa la vitre. Au loin, une autre couple dont le mari était habillé plutôt aisément traversa le passage piéton, une fausse joie sur le visage, accompagné bien évidemment d’une femme aussi mûre que lui. Il cligna faiblement des yeux et envia le bourgeois ainsi que son costume à un prix exorbitant. La réalité ne cessait de lui sauter dessus, et pour bien concrétiser ses pensées, sa voix s’éleva dans une question désespérante.
« De toute façon, qui voudrait d’un pauvre agent d’entretien… ? »
« C’est vrai que personne ne voudrait d’un gars qui gagne tout juste de quoi se nourrir et payer ses charges… Tu as essayé les boites de nuit ? »
Le métisse constata que même si le jeune homme était en couple avec Flora, il avait toujours conservé une part de son arrogance et n’hésitait pas à rabaisser ces interlocuteurs. Un râle non dissimulé répondit clairement à sa question sans que Pierre n’ait à prononcer un seul mot. Bien sûr qu’il avait essayé. Il n’avait pratiquement fait que cela depuis que son ex-copine l’avait lamentablement larguée. Seulement le résultat n’était pas très fluctuant. Même les Speeds-Datings n’avait rien donnés puisque les filles n’avaient pas souhaitées le revoir en lui disant qu’il n’était pas son genre et qu’elles lui souhaitaient tout de même de trouver la bonne. Mais s’il ne plaisait à personne, comment pouvait-il trouver la fille qui lui conviendrait ? C’était vraiment ridicule, soupira-t-il en voyant que le serveur tenait son portable entre les mains, les bras sur le bord de la table.
« Écoute, je ne peux pas te donner les numéros que j’avais hier, mais aujourd’hui, j’en ai reçu quelques-uns… »
« Elles étaient belles ? C’était des adolescentes, j’espère ? » Questionna immédiatement le métisse
« Évidemment. Je n’accepte pas les numéros de n’importe qui… Par contre, je devrais les effacer après. »
« Aucun souci ; du moment que je les ai… »
La mine réjouie, le métisse enregistra les chiffres que lui dictait Drew et, au bout d’une dizaines de prénoms répertoriés, Pierre grimaça intérieurement, dépité. C’était ça qu’il appelait « quelques-uns » ? Pas étonnant que Flora surveille ses fréquentations…
L’hybride le remercia de l’avoir sauvé et argumenta qu’il avait peut-être une chance. Il observa ensuite le serveur fermer ses paupières en guise de réponse pour ensuite ranger son téléphone portable dans sa poche. Ce dernier releva finalement ses deux orbes verts sur l’agent d’entretien et prit un air sérieux.
« Maintenant, si tu me disais réellement pourquoi tu veux tant avoir une copine ? C’est pour combler le manque de quelqu’un d’autre, n’est-ce pas ? »
Pierre déglutit silencieusement, les lèvres pincées. Il avait pensé pouvoir cacher son petit secret encore un petit moment, mais visiblement, le temps s’était écoulé et il n’avait pas d’autre choix que de tout lui raconter. Et puis, il pouvait avoir confiance ; Drew n’était pas une personne qui déballait la vie de ses amis à n’importe qui. Même son entourage proche n’en apprenait pas tant que ça sur sa vie à lui. Oui, le coordinateur, en plus d’être observateur, était vraiment mystérieux… Il comprenait maintenant pourquoi Flora était tombée amoureuse de lui. Le serveur dégageait une certaine confiance. Dans un soupir résigné, sa paume quitta sa joue pour venir se poser sur le bord de la table, en même temps que son bras.
« Je suppose qu’on ne peut rien te cacher, hein ? » Sourit-il en se massant la nuque, mal-à-l’aise
Le regarde rivés sur le bois de la table, Pierre se mit à raconter qu’effectivement, il y avait quelqu’un d’autre, que cette fille n’égalait pas les superbes femmes que l’on pouvait croiser dans la rue, mais que pour lui, elle avait son charme, qu’ils s’étaient rencontrés grâce à Sacha parce que ce dernier lui avait cassé son vélo et qu’elle réclamait justice jusqu’à ce que son bien ne lui soit pas réparé, que la jeune rousse s’appelait Ondine, qu’elle aimait l’eau, qu’à force de faire des déclarations à toutes les jolies que le métisse voyait, elle le redescendait sur terre en lui pinçant fortement l’oreille, qu’elle avait un sale caractère, ne se disputant qu’avec Sacha mais qu’au fond, c’était une personne très douce et qui savait se préoccuper des autres quand c’était nécessaire. Pierre ajouta que c’était sans doute ce fort caractère et des tas d’autres petites choses qui l’on fait tomber amoureux. Il finit son récit en précisant qu’après leur voyage, elle les a quittés pour revenir dans sa ville natale et est maintenant devenue une des meilleures nageuses de son gymnase.
L’agent d’entretien releva craintivement ses yeux bridés sur la silhouette de Drew, lui faisant comprendre qu’il avait fini son histoire et qu’il attendait anxieusement ses impressions. Ils ne se firent pas attendre bien longtemps puisque la voix du jeune homme aux cheveux verts s’éleva dans l’air.
« Et si je creuse un peu plus loin, je devine que cette fille ne sait pas qu’elle te plait. Tu devrais lui dire, tu as peut-être tes chances. Tu m’avais dit que vous vous connaissez depuis 5 ans, déjà. »
Et plus de cela, Drew avait une excellente mémoire…, constata piteusement Pierre. Mais il avait raison. Ce n’était pas comme si les deux amis venaient de se rencontrer. Et puis, il avait aussi touché dans le mille en affirmant que le jeune homme ne lui avait jamais avoué ses sentiments. L’hybride plissa tristement les yeux, les sourcils froncés. Mais comment pouvait-il ? Il avait très bien vu ces preuves qui lui avaient fait perdre tout espoir…
« C’est impossible. Que je me déclare ou non, ça ne changera rien. » Répondit-il simplement, obligeant son interlocuteur à hausser un sourcil
Oui, il en était convaincu. Parce qu’il avait bien remarqué toutes ces petites choses entre elle et Sacha. L’inquiétude dans les yeux de la rousse lorsque le jeune homme du Bourg-Palette se mettait dans des situations dangereuses, qu’elle argumentait sur la réparation de son vélo lorsqu’il lui faisait clairement comprendre qu’il en avait marre de l’avoir de ses pattes, que malgré les disputes entre les deux jeunes, elle avait une profonde affection pour lui, qu’elle le taquinait mais y prenait clairement plaisir, qu’elle fusillait du regard les filles qui s’approchait un peu trop près de Sacha, qu’à un moment donné, Pierre avait fait remarquer qu’ils étaient amoureux mais les deux amis avait rétorqués que c’était faux et ce, ensemble, montrant ainsi la longueur d’onde sur laquelle ils se tenaient, même si cela se passait inconsciemment. Et enfin, d’après Jacky, plusieurs autres preuves avaient atteint ses oreilles. Comme par exemple, le jour où la rousse avait eu à choisir entre un jeune homme qui lui avait déclaré sa flamme et Sacha, elle avait finalement choisie celui à la casquette rouge. C’est certainement à cet instant que le métisse avait su que les sentiments de la rousse étaient bien réelles et qu’il n’avait aucune chance face à ce dernier.
D’autant plus que l’affection qu’avait Sacha pour la nageuse semblait aussi être fondée puisque, d’après ce qu’il avait pu voir et les dires du dessinateur, Sacha était clairement jaloux des jeunes hommes dont Ondine s’intéressait et ne manquait pas de le rabaisser lui, que lorsque la rousse avait des ennuis ou devait être secourue, c’était le dresseur du Bourg-Palette qui accourait le premier, ou encore, qu’il refusait catégoriquement de prêter l’appât de pêche à l’effigie de la rousse que cette dernière lui avait offerte, en lançant toutes sortes d’arguments plutôt pauvres… Alors oui, l’espoir de pouvoir sortir avec Ondine s’approchait clairement les zéro pourcents.
Se rendant ensuite compte qu’il avait délaissé le regard interrogateur de Drew pour s’enfermé dans ses pensées, Pierre reprit contenance et rencontra une nouvelle fois les deux orbes du serveur. Il déglutit silencieusement et même si cela lui fait mal de l’admettre, une affirmation finit par sortir de sa gorge.
« Ondine aime Sacha. C’est aussi réciproque pour lui. Ça va faire un mois qu’ils sont ensemble… »
Un simple « Ah… » quitta les lèvres du jeune homme aux cheveux verts alors que le métisse mordit dans sa paille en aspirant le soda aux fruits. Finalement, il allait peut-être commander une bière…, songea-t-il en sentant les larmes lui montre aux yeux à cause de sa boisson. Drew se reprit rapidement et parla d’une voix neutre.
« Un premier amour est toujours difficile à oublier. Tourne la page, tu te fais du mal pour rien. »
Pierre contracta sa mâchoire et tiqua brièvement des sourcils. Comme si c’était facile. Si Flora était tombé amoureuse de quelqu’un d’autre, le serveur serait dans le même état que lui, et l’espace d’un instant, il souhaita à regret que sa petite amie le largue, ne serait-ce que pour voir ce que Drew répondrait. Mais le connaissant, il aurait trouvé quelqu’un dans l’heure qui suivait, alors cela ne servait probablement que cette pensée se concrétise… Malgré que ses paroles fassent mal, le serveur disait cela uniquement pour son bien, et l’agent d’entretien le savait parfaitement.
« J’ai tout essayé, Drew. » Soupira Pierre, « Je n’y arrive pas. »
Le métisse ferma ses yeux bridés et serra rageusement ses dents. Il releva ensuite le menton et plongea son regard des plus sérieux dans les pupilles du serveur alors que son cœur se contracta faiblement.
« Qu’est-ce que je dois faire ? Dis-moi ce qu’il faut que je fasse pour m’en sortir ? » Questionna-t-il, désespérément
Une forte voix le fit sursauter lorsque Pierre entendit le prénom de son ami retentir dans toute la salle. Drew se retourna, hocha la tête et se leva, les yeux clos. Le vieil homme venait de lui rappeler que sa pause était terminée depuis longtemps et qu’il devait revenir au comptoir parce que des clients arrivaient. Le métisse constata qu’effectivement une cliente faisait son entrée dans le bar et fût étonner par la garde-robe qu’elle portait. C’était un kimono traditionnel dans les tons jaunes avec des fleurs orange au niveau du bas et des sandales en bois ainsi que des chaussettes blanches. Ses mouvements étaient gracieux, son visage fin surmonté par un petit nez et deux orbes marrons. Un sert tête rouge cachait son front alors que ses cheveux noirs encadraient son visage. Pierre conclut tout de suite que c’était une femme douce et qu’elle appartenait à une famille noble. Cependant, il fallait dire que cette tenue vestimentaire ne convenait pas vraiment à ce genre d’endroit… Intrigué, il demandait pourquoi une femme comme elle venait ici. Pierre avait toujours cru que ce genre de personne ne sortait pas de chez soi ou très rarement, lors d’occasions spéciales. Il constata qu’en réalité, ce n’était pas le cas pour tout le monde… Mais pour autre raison qui lui échappait, il semblait la connaitre…
La voix de Drew le coupa dans ses réflexions et l’obligea à cligner des yeux en reportant son attention sur ce dernier.
« Bon, je dois finir mon service… »
La réalité s’écrasa sur ses épaules, comme pour lui faire comprendre qu’il ne devait pas oublier la rousse et qu’il devait rester désespéré encore un moment. Le serveur venait de se lever et se décalait sur la droite pour sortir de la table.
« Drew. » Appela rapidement Pierre en le retenant, « Je suis donc résolu à rester coincé dans le passé jusqu’à la fin de ma vie… ? »
Le jeune homme aux cheveux verts ferma ses paupières, s’arrêta à côté de lui sans pour autant le regarder et posa finalement une main ferme sur son épaule. Il lui pressa fortement l’épaule en signe de réconfort alors qu’il percevait également des excuses silencieuses lors de sa poigne. Pierre finit par baisser piteusement la tête, ses mèches s’abaissant légèrement au-dessus de son crâne et sentit malgré les larmes lui monter aux yeux. Il n’avait pourtant pas bu le reste de son soda…, soupira l’hybride.
La main de Drew s’enleva et la silhouette de ce dernier quitta l’agent d’entretien en hâtant le pas alors que d’autres clients entraient dans la pièce. L’agent d’entretien serra durement les poings, le regard rivé sur ses genoux. Devait-il continuer d’aimer la rousse, tout en sachant que cet amour était bel et bien perdu ? Ou au contraire, devait-il abandonner ces sentiments et passer à autre chose en sachant qu’ils ne resteraient que de simples amis ?
Pierre ferma ses yeux bridés et fronça les sourcils, n’entendant pas les pas qui s’approchaient de lui. Une voix féminine le fit sursauter dans un léger spasme alors qu’elle s’excusait de lui avoir faire peur. La femme au kimono traditionnel… Maintenant qu’il l’observait de plus près, il ne pouvait que constater la beauté de cette dernière et il se sentait bêtement rougir, comme à l’époque où il sautait sur toutes les jolies filles qui passaient sur son chemin.
« Je peux m’assoir à cette table ? » Demanda-t-elle en lui adressant un petit sourire
Un fin sourire étira discrètement ses lèvres tandis qu’il acquiesçait d’un mouvement de la tête. En silence et d’une manière très délicate, les yeux clos, la jeune femme se mit assise. Pierre croisa ses deux orbes marron et pinça les lèvres en sentant son cœur s’accélérer frénétiquement.
Alors qu’il entamait un début de conversation avec cette inconnue qui se présenta sous le nom d’Erika, Pierre tiqua à l’entente de son prénom et se souvenait à présent qu’il connaissait effectivement cette femme puisqu’ils étaient amis d’enfance. Comment avait-il pu l’oublier ? Elle venait souvent lui rendre visite. Cela lui faisait de la compagnie et il pouvait décompresser quelques heures avant de retourner s’occuper de ses frères et sœurs. Oui, c’était le bon temps, se rappelait-il…
Le métisse conclu que dans ce monde, bien qu’il n’y avait que de la tentation ; qu’elle soit forte, simple, abusive, ou encore peu captivante, il ne pouvait s’empêcher d’être sincèrement attiré par la jeune femme qui riait des bêtises qu’ils avaient pu faire étant gamins. Alors oui, comme Drew lui avait conseillé, il pouvait peut-être tourner la page et aller de l’avant. Mais en ce moment, ce qui l’importait n’était pas de sortir avec elle, du moins pas tout de suite, mais de continuer à ressasser les vieux souvenirs, le regard nostalgique, le sourire aux lèvres.
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Note de l'auteur : J'avais bien cru ne jamais pouvoir le poster...! xD
Concernant le couple Pierre/Ondine, ce n'est pas mon préféré, mais l'intrigue m'obligeait à le faire étant donné que la rousse est avec Sacha et que je voulais faire le texte du point de vue de Pierre... xD Par contre, le shipping Pierre x Erika me plait beaucoup. (Je ne sais plus sur quel site j'avais lue, mais apparemment, enfin dans le manga, Ondine rappelle à Pierre qu'il a dit quelque chose à cette dernière et euh... enfin bref, c'est par rapport à d'éventuel sentiments amoureux, je ne sais plus trop et je ne retrouve plus le site qui disait ça... xD)