Y a-t-il un pilote dans le dirigeable ?
Ce texte se situe au début de la saison 2 « les Iles Orange » du dessin animé. Pierre vient de quitter le trio pour assister le professeur Flora, et Ondine et Sacha ont pris un dirigeable pour commencer leur périple à travers l'archipel. Mais la Team Rocket a pris possession de l'appareil, et a enfermé les deux dresseurs dans le cockpit avant de s'envoler vers d'autres cieux (de leur plein gré, cette fois-ci), avec Pikachu. Ondine et Sacha se retrouvent seuls à bord du géant des airs incontrôlable. Ondine est la narratrice du texte.
Les paroles de Jessie résonnent dans ma tête : « Tiens, mais le troisième morveux n'est pas là, ils se retrouvent tous les deux, en amoureux ! ». Le réflexe de dénégation que j'ai eu n'était pas sincère, et j'ai tout à fait conscience de mes sentiments pour Sacha. Mais son geste de dénégation à lui, que cachait-il ? Je ne sais absolument pas ce qu'il ressent pour moi, il n'a jamais rien laissé transparaître. Bien sûr, on nous considère souvent comme un couple, et quand ce n'est pas le cas, on espère nous voir ensemble un jour. Tout le monde a toujours une parole, un geste, qui nous rappelle notre proximité ; la dernière en date étant Jessie.
Je jette un coup d'œil à Sacha. Il debout, collé aux barreaux, et regarde par la fenêtre. Depuis le départ de la Team Rocket, il n'a pas dit un mot. Il a le teint rose. Il est peut-être embarrassé d'être enfermé avec moi ? Non, mon imagination me joue des tours, je me surprends à croire qu'il se produit ce que je désire qu'il se produise. Il rougit parce qu'il est malade de stress à l'idée que nous volons à toute allure en direction de la pleine mer. Malade de stress à l'idée qu'il pourrait ne jamais revoir Pikachu. Malade de stress à l'idée qu'il m'arrive malheur ? Encore un tour de mon imagination...
Il donne un coup de poing rageur dans les barreaux. Il s'est fait mal, et se frotte la main. Il me jette un regard désespéré, et commence à faire les cent pas. Il me frôle l'épaule au passage ; je ferme les yeux un instant. Une phrase me vient à l'esprit : Carpe Diem, savoure l'instant présent. Profite de chaque seconde que la vie t'offre, sans te soucier de ce qui est à venir. Profite uniquement de Sacha, apprécie ce moment passé avec lui. Ne pense pas au dirigeable qui va s'écraser dans la mer. Ne pense pas à la noyade. Carpe Diem.
J'ai prononcé ces deux mots à haute voix, sans m'en rendre compte. Sacha me jette un regard interrogateur. Je détourne les yeux, et il reprend son inlassable déambulation.
Je me lève, frôle à nouveau Sacha (Carpe Diem), et je jette un coup d'œil par le hublot. Une mer bleu foncé s'étend à perte de vue, le soleil couchant se reflète dans l'eau limpide. Le ciel est zébré de nuages rouge orangé. Je ne vois pas comment nous pourrions nous enfuir, comment rejoindre la terre ferme, mais peu importe. Peut-être vis-je mes dernières heures, mais je suis avec Sacha, et depuis que je l'ai rencontré, je sais que c'est avec lui que je veux les vivre.
Nous filons vers l'inconnu, une lumière flamboyante inonde le cockpit. Côte à côte, nous observons le ciel. Carpe Diem.
Peine Perdue
Ce texte se situe dans la période post-Sinnoh. Sacha et Ondine sont ensemble depuis quelques temps. Accompagnés par des amis, ils pique-niquent au bord d'une rivière.
Je me repose, le dos appuyé contre un chêne, et j'observe Sacha et Ondine, qui sont allongés côté à côté sur la nappe de pique-nique, au bord du ruisseau. Un peu plus loin, Pierre est étendu sur l'herbe, endormi. Son visage est illuminé par le soleil de l'après-midi, et un sourire se dessine sur ses lèvres. Une fois de plus, je me demande pourquoi il est toujours célibataire. Combien d'échecs sentimentaux a-t-il essuyé ? Pourtant, il ne manque pas d'atouts. C'est un beau garçon, doublé d'un fin gourmet, d'un éleveur hors pair... Il a tout pour plaire. Mais il ne déclenche pas chez moi la mystérieuse étincelle que Sacha allume en moi. Je ne saurais dire depuis combien de temps j'ai réalisé (ou admis ?) la vraie nature de mes sentiments à son égard. Tout ce que je sais, à présent, c'est que je n'imagine même pas envisager un autre garçon. Malgré la solidité de sa relation avec Ondine (une relation qui est d'ailleurs merveilleuse, je dois l'admettre), je l'aime profondément.
Quant à Ondine... Eh bien, comment m'empêcher de la considérer comme une rivale, une barrière qui me sépare de Sacha ? Une telle réaction paraît inévitable, et pourtant, j'apprécie énormément Ondine. Malgré des débuts un peu tendus, nous avons toujours entretenu de très bonnes relations. Je comprends aisément pourquoi Sacha est si attaché à elle. Elle est toujours très douce, très sereine, mais elle sait pétiller et aussi faire preuve d'une volonté de fer et d'une détermination hors du commun. Fidèle en amour comme en amitié, c'est une personne formidable. C'est la raison pour laquelle ma jalousie envers elle ne peut éclater. Comment pourrait-on nourrir des sentiments négatifs à son égard ?
Alors, je me résigne, je les observe tous les deux, enviant Ondine à chaque seconde. Mais je ne peux pas, je ne veux pas briser leur couple. Cela ferait du mal à Sacha, or l'amour que je lui porte passe par une volonté de le voir heureux, qu'importe le prix à payer.
Ce qui ne m'empêche pas de l'admirer avec mélancolie...
Pierre s'est levé. il vient vers moi, s'assoit près de moi, contre le chêne, et passe un bras autour de mes épaules. Par coïncidence, Sacha fait la même chose avec Ondine.
– Encore à ruminer tes sentiments ? me demande-t-il à voix basse.
Il est le seul à connaître mon secret, mon confident, la personne en qui j'ai le plus confiance.
Je ne réponds pas.
– Nous en avons déjà discuté en long, en large et en travers. Tu ne peux pas ignorer tes sentiments, ni maîtriser tes émotions. Mais tu dois tu faire une raison, et tu le peux. D'ailleurs le processus a déjà commencé, n'est-ce pas ?
Je hoche la tête, puis baisse les yeux, contemplant une jeune pousse de chêne à mes pieds.
– Essaie de penser à autre chose, profite de la vie, je sais que tu peux le faire. Tente de dominer tes sentiments, car c'est peine perdue, Régis.
La Princesse d'Azuria
Ce récit est ancré dans l'épisode de Hoenn dans lequel Ondine vient rendre visite à Sacha et Pierre. La narratrice est Flora.
Le dirigeable se pose sur la piste, au bord du lac. Le pont est abaissé, puis une fine silhouette en descend. Sacha frémit, puis marche d'un pas mal assuré vers la piste. De son côté, la silhouette s'est mise à courir.
– Sacha, Pierre, je suis arrivée !
A mesure qu'elle s'approche, je découvre le visage d'Ondine, dont je n'avais jamais vu de photo. Elle est un peu plus âgée que Sacha, de taille moyenne. Son visage fin est élégant, et son regard presque turquoise dégage une grande douceur. Ses cheveux, négligemment rassemblés en une couette sur le côté, sont d'un roux flamboyant. Quant à ses vêtements, ils sont sobres et courts, jaune pâle. Malgré la simplicité de sa mise, Ondine est ravissante.
Je jette un regard à l'eau immobile, et j'aperçois mon propre visage. Mon nez un peu pointu, mon visage un peu large. Mon bandeau mal assorti à mes cheveux. C'est étrange, j'ai toujours apprécié mon physique, et les autres aussi. Mais Ondine brille comme un soleil, un soleil qui me fait de l'ombre.
Elle court vers nous, puis s'arrête droit devant Sacha. Son Togepi pousse des petits cris de joie en agitant les bras. Les yeux de Sacha brillent, mais pas autant que ceux d'Ondine. J'ai l'impression qu'elle va pleurer, mais elle se retient, et d'une voix parfaitement naturelle, elle raconte son voyage. Ils devisent comme s'ils se connaissaient depuis toujours... ce qui est le cas. Pierre, de son côté, a l'air ravi aussi, mais il ne témoigne pas à Ondine la même admiration que Sacha. Elle est un peu comme sa petite sœur, il n'envisagerait jamais de...
Je salue Ondine, bafouille quelques mots de bienvenue, puis nous nous mettons en route vers le centre de Lavandia.
Ondine nous raconte comment elle s'occupe de son arène. Je suis ébahie. Elle a repris les rênes de façon spectaculaire. A l'aide des subventions de la ville d'Azuria, elle a déjà agrandi le bassin de matches central, construit de nouveaux bassin de repos pour les Pokémon... Elle a amadoué un Léviator, fabriqué des Badges Cascade...
Et moi, je peine à maîtriser l'attaque Flammèche de mon Poussifeu. Ce n'est pas comme ça que j'éblouirai Sacha. Éblouir Sacha... Mais à quoi penses-tu, Flora ? Tu ne dois pas t'écarter de ton objectif, devenir la meilleure coordinatrice de tout Hoenn ! Et Sacha est... Eh bien, je crois qu'il est amoureux d'Ondine. Je ne sais pas vraiment ce qui me fait dire ça. C'est peut-être son regard plein d'étoiles lorsqu'il la regarde, ou le ton qu'il adopte quand il lui parle.
Sacha aime Ondine.
Je réalise que je m'en suis rendu compte dès que je les ai vus ensemble, mais je commence seulement à l'appréhender. J'ai l'impression d'avoir reçu un seau d'eau glacé. Sacha aime Ondine.
Et Ondine aime Sacha ?
Je n'ai pas vraiment prêté attention à ses attitudes. J'étais trop obnubilée par Sacha. J'essaie de repérer des gestes, des paroles pouvant me donner des indices, mais les yeux turquoises restent insondables.
Je jette un coup d'œil à Pierre. Il marche à côté d'Ondine, et regarde ses deux amis avec... malice ? On dirait un grand frère qui donne sa bénédiction...
Max, de son côté, n'a rien remarqué. Que je l'envie de ne rien connaître aux circonvolutions et aux difficultés de l'amour !
Pêche Miracle
Petit retour en arrière avec ce texte situé au milieu de l'épisode 1, lors de la première rencontre entre Sacha et Ondine.
Je suis assise sur une pierre plate, au bord d'une rivière de la route 1, près de Jadielle. Cela fait deux heures que je pêche, mais pas un Pokémon ne mord à l'hameçon. Les lacs d'Azuria sont plus fournis en Pokémon aquatiques... Ma ville et mes sœurs me manquent un peu, bien que cela fasse seulement une semaine que je suis partie.
Soudain, mon bouchon coule. Il coule, et la force qui tracte mon fil manque de me faire lâcher prise. Heureusement, les cannes à pêche pour Pokémon sont dotées d'un moulinet renforcé. Je m'arc-boute, et je mouline le plus fort possible. Enfin, une grande forme sombre sort de l'eau et retombe à côté de moi. C'est... un garçon. Un jeune garçon, guère plus âgé que moi, avec un Pokémon dans les bras.
– Mais qu'est-ce qui t'as pris ? crie-je en gesticulant.
– ...
Je regarde le Pokémon et je prends une voix plus douce :
– Est-ce que ça va ?
– Oui, merci, ça va... Un peu secoué, mais...
– Pas toi, ton Pikachu ! Qu'est-ce qui t'as pris de noyer ce pauvre petit ?
– Mais je...
Il m'énerve. Je ne sais pas si c'est sa voix trop mûre pour son visage juvénile, sa petite taille, ses gants en caoutchouc rose où la manière dont il traite son Pokémon, mais quelque chose chez lui m'agace.
Tout à coup, le garçon se met à gesticuler en pointant le ciel. Un nuage noir se dirige vers nous à toute allure.
– Les Piafabec ! Ils reviennent ! Je te l'emprunte, dit-il en saisissant ma bicyclette toute neuve.
Puis, il s'éloigne avec son Pikachu dans le panier, poursuivi par les Piuafabec déchaînés. Je tente de le suivre, mais il pédale à toute allure, et je le perds bientôt de vue. Je presse le pas, et j'aperçois d'autres Piafabec qui surgissent des arbres et se ruent à la suite du nuage de volatiles que j'aperçois au loin.
Le temps se couvre. Des nuages gris se massent au-dessus de la Route 1. Puis, le ciel se déchire, et une pluie froide se met à tomber. La volée de Piafabec s'est immobilisée. Se pourrait-il que le garçon ait été rattrapé ? J'ai un pincement au cœur, surtout pour le pauvre Pikachu, qui n'est même pas à l'abri d'une Pokéball. Je me mets à courir, et j'arrive bientôt sur un surplomb, à proximité des Piafabec. Le garçon est tombé de mon vélo, il est recroquevillé sur le sol, son Pikachu dans les bras. Les Pokémon Vol les menacent, mais n'attaquent pas. Soudain, l'un d'eux pique vers Pikachu. Le garçon se lève, étend les bras et se met à crier quelque chose. Ses mots sont couverts par le grondement de la pluie et le souffle du vent, mais j'arrive à saisir quelques bribes : « Sacha... Bourg Palette... Pikachu... mon ami... Allez vous-en ! »
Il protège son Pokémon de toutes ses forces. Le Pikachu lui jette un regard faible, et tente de se relever. C'est alors que les Piafabec piquent tous vers le dénommé Sacha. Il se couvre la figure de ses bras... et le Pikachu saute sur son épaule, puis électrocute tous les Piafabec à l'aide de la plus puissante attaque électrique que j'aie jamais vue. Les oiseaux s'en vont en piaillant, et les deux rescapés s'écroulent.
Je remarque alors ma bicyclette sur le sol boueux, complètement grillée par l'attaque électrique. Sacha s'est relevé, et il court vers Jadielle avec son Pikachu enveloppé dans sa veste. Ce vélo, je le sens, il ne me le remboursera sans doute jamais. Mais je décide tout de même de me rendre à Jadielle à sa suite, bien que mon itinéraire initial suive exactement le sens inverse.
Ce n'est qu'un Au Revoir
Ce texte se situe dans l'épisode 275 : Les Adieux, dans lequel Ondine quitte le dessin animé. Ondine est la narratrice.
Éreintés par le championnat du Mont Argenté, nous arrivons à Jadielle. Nous nous arrêtons dans le centre Pokémon pour une pause bien méritée, quand tout à coup l'infirmière Joëlle arrive précipitamment.
– Ondine ? Un coup de fil pour toi, ce sont tes sœurs !
Je suis un peu surprise, je ne les avais pas prévenues que je revenais à Kanto. Nous avions prévu de nous rendre au Bourg Palette pour rendre visite au professeur Chen, peut-être est-ce lui qui a prévenu mes sœurs. Je m'approche du visiophone.
– Ondine, c'est toi ? Tu tombes à pic, nous avons gagné une croisière, nous partons de Carmin demain. Tu dois donc t'occuper de l'arène en notre absence. Allez, on t'embrasse !
Je reste bouche bée devant l'écran noir. Je n'ai même eu le temps de placer un mot.
Lentement, les choses prennent forme dans mon esprit. Assurer l'intérim à l'arène pendant le temps d'une croisière... Pendant quinze jours, peut-être plus... Et les autres ? Sacha et Pierre ? Où iront-ils ? Sacha va rentrer au Bourg Palette pour voir sa mère et le professeur, et Pierre l'accompagnera sûrement. Alors, nous allons être séparés ? Pour la première fois depuis des années. Oh, dédramatise un peu, Ondine, c'est seulement le temps d'une croisière !
C'est alors que l'infirmière Joëlle arrive devant moi avec une vieille bicyclette rouge. Mon vélo, celui que Pikachu a carbonisé il y a si longtemps déjà.
– Ah, ça tombe bien, dit Sacha, tu vas en avoir besoin pour rentrer à Azuria !
Je n'en crois pas mes oreilles. Il a parlé d'un ton si détaché, si insouciant ! On dirait que mon départ n'a aucune importance à ses yeux. Il faut que j'aille prendre l'air, il ne faut pas qu'il me voie... Je resserre mes bras autour de Togépi, je pousse la porte vitrée et j'éclate en sanglots. Je n'entends pas Pierre m'appeler, je n'entends pas Pikachu crier, et je n'entends pas le sanglot de Sacha.
Je me suis réfugiée dans un parc de Jadielle. Assise sur un banc, je broie du noir. Quelque chose me dit, je ne sais pas quoi, que je vais rester longtemps à Azuria, que je ne serai pas du voyage quand Sacha et Pierre lèveront le camp. Séparée de Sacha, quand il sera à des centaines de kilomètres de Kanto. Est-ce qu'il pensera encore à moi ? Moi, je ne l'oublierai pas. Ni Pierre, d'ailleurs. Tous deux comptent plus pour moi que quiconque au monde, même mes sœurs.
Je sors de mon sac l'assortiment de poupées que j'ai gagné lors de notre voyage autour de Kanto. Je déballe avec précaution la soie qui les entoure. Elles m'observent de leur regard fixe et digne. Seule l'une d'entre elles, la plus petite, a l'air espiègle, enjoué. Elle semble me faire un clin d'œil. Je l'approche de mes yeux, et je m'aperçois que le prétendu clin d'œil est en fait un peu de peinture qui s'est écaillée... Elle est moins belle que les autres, sa robe est plus simple, ses cheveux plus courts, mais c'est ma préférée. Ces poupées, ce sont mes sœurs et moi. Mais je ne suis plus la petite dernière, le vilain petit canard de la famille. Moi aussi, je suis la plus belle pour quelqu'un, moi aussi je suis aimée, admirée. Et je vais m'occuper de l'arène, comme le jour où j'ai donné le badge à Sacha. J'ai quinze ans, un amoureux, un travail, et la vie devant moi. Ondine sort de l'enfance.
Alors, je fonds en larmes à nouveau. Mais je me reprends. Je soulève délicatement la plus petite poupée, et je saisis le mouchoir en soie rose qui l'enveloppait. Je le plie, et je le glisse dans la poche de mon short. Puis, je repose la poupée à sa place, je referme la boîte et je la range dans mon sac. Je me lève du banc, et tout à coup apparaissent trois garçons vêtus d'indigo.
Question Indiscrète ?
[i]Ce texte est ancré dans la saison 10 du dessin animé. La narratrice est Aurore. Je dédicace ce chapitre à Kazu, qui m'avait commandité un PearlShipping.
Nous nous sommes arrêtés dans une clairière pour camper. Sacha est parti chercher du bois pour le feu, et je suis restée avec Pierre pour l'aider à préparer le dîner.
En ce moment, je ne sais pas ce que j'ai, mais je pense beaucoup à Sacha. Depuis le début de notre voyage, Pierre et lui sont pour moi comme des grands frères, mais en ce moment, pourtant, Sacha occupe mes pensées de plus en plus. Je commence à me demander si je ne suis pas un peu amoureuse. Pourtant, je sais très bien que ça ne peut pas marcher entre nous. Après tout, je n'ai que douze ans, et il est beaucoup plus âgé. Un grand frère, Aurore, c'est un grand frère. Mais je vais quand même en discuter avec mon autre grand frère, il comprendra.
– Dis-moi, Pierre, Sacha... Il a quelqu'un dans sa vie ? Je veux dire... Enfin...
– Une petite amie ? Eh bien... Je ne sais pas si c'est à moi de t'en parler, mais bon, je ne pense pas que Sacha s'y opposerait. Nous t'avons parlé d'Ondine, n'est-ce pas ?
– Oui, c'est votre plus vieille amie, votre première coéquipière, c'est bien ça ?
– C'est ça, c'est avec elle que nous avons exploré Kanto et Johto. Pour ma part, je la considère comme une grande amie, l'une de mes meilleures amies avec toi et Flora. Mais pour Sacha, eh bien... C'est autre chose.
– Il l'aime, c'est ça ?
– Énormément. Et elle l'aime aussi. Ce qui est paradoxal, c'est qu'ils n'ont jamais osé se l'avouer. J'aurais pu faciliter les choses, à l'époque, mais j'ai pensé qu'il fallait les laisser se trouver. Maintenant, je me dis que j'aurais peut-être dû forcer un peu le destin. Mais ils ne sont plus des enfants, à présent. Ils ont été séparés par le cours des choses ; Ondine s'occupe de son arène et Sacha parcourt le monde. Mais au fond de moi, je sais qu'un jour, ils finiront par se retrouver. Sacha arrive bientôt à l'âge adulte, je pense que Sinnoh est son dernier périple. Il rentrera à Kanto après la ligue, d'après moi. Et j'espère être là quand il sortira le grand jeu à Ondine !
Je ne dis rien. Ce que je viens d'apprendre me laisse silencieuse. Non seulement, Sacha est promis à Ondine, mais en plus nous ne voyagerons pas ensemble pour si longtemps. Je savais que cela ne durerait pas éternellement, bien sûr, mais la fin me paraît si proche...
– Au fait, me demande Pierre, pourquoi voulais-tu savoir tout ça ?
– Euh... Eh bien...
Je me tais et mes joues rosissent.
– Je vois, dit-il en riant. Tu sais, j'ai eu la même conversation avec Flora, il y a deux ans. Sacha ne t'est pas indifférent, c'est ça ?
Je ne réponds pas, mais mes yeux me trahissent.
– Je serai muet comme un Magicarpe. Mais je pense que tu ne devrais pas trop, comment dire... Remuer tes sentiments, t'enflammer. Sacha est fait pour Ondine, et qui plus est, tu es plus jeune que lui.
– D'accord, je vais essayer.
Mais je ne crois pas vraiment ce que je dis. L'amour est incontrôlable, à ce qu'on dit. Je me risque à demander :
– Et toi, Pierre, tu as quelqu'un dans ta vie ?
Il me regarde avec une petite étincelle dans le regard.
– Je me doutais que tu le demanderais, dit-il en riant. Tu as dû remarquer que j'étais un véritable cœur d'artichaut... Mais ma véritable histoire d'amour, c'était le professeur Flora, des Îles Oranges. Nous étions très amoureux. Mais j'avais sieize ans, et elle vingt-quatre, donc ça ne pouvait pas marcher, tu comprends ?
J'acquiesce, maudissant intérieurement les méfaits des différences d'âge.
Lotus et Jade
Ce texte se situe quelques années après la période Sinnoh. La narratrice est Ondine
Je saute au cou de Sacha. Il me prend par la taille et me fait tourner autour de lui. Ma robe vole au vent, je suis aux anges. Il rit de bonheur, et son regard étincelle. Il me repose doucement, et saisit mes mains. Je lève les yeux vers son visage heureux.
– Je te fais le serment de t'aimer pour toujours. De te rendre heureuse chaque jour. De te soutenir. De te protéger. De t'être fidèle. De te combler. De...
Je pose mon index sur sa bouche, et l'embrasse doucement. J'enfouis mon visage dans son cou, et il m'enserre dans ses bras. Puis, main dans la main, nous montons dans la barque, et nous glissons sur le lac. Les Crikzik emplissent l'air du soir de leur bruit de xylophone si particulier. Sacha plonge la main dans l'eau, et en retire une fleur de lotus rose. Il me la glisse dans les cheveux, et me prend à nouveau dans ses bras. Je lui rends son étreinte, et j'en profite pour jeter un regard à la splendide bague de fiançailles en pierre de Jadielle qu'il vient de m'offrir.
Jeu 06 Jan 2011, 11:01
