Recueil de lettres: DERNIERE LETTRE

Mon cher père tant rêver,

L'inconnu n'a pas de frontière, tout comme l'imagination.
Je ne me rappelle pas de ton visage, ni le son de ta voix. Je ne me souviens pas être cajoler dans tes bras. Ta présence est la trace de l'absence qui m'étouffe depuis tout ce temps.
Je me suis visualisé ton visage, et tant chercher dans les foules. Je me suis demander comment pouvais être ma vie si tu étais à mes cotés.
La réponse ne sera jamais dévoilée.
Tellement désespérer de cette présence masculine, de cette absence paternelle, que je me surprends à écrire cette lettre pour un inconnu, un fantôme, à un vide...
Les remords me dévorent peu à peu. J'ai fais tant de rêves où ce père serai revenu.
N'est-ce pas tragique?
Je me fais encore plus mal à essayer de te trouver des excuses.
Et le pire dans tout cela, c'est que j'en ris. Oui, j'en ris à en pleurer.
Ce goût amer qui reste sur la langue... ces larmes salés qui osent pénétrer mes sentiments.
Et je hais, toi, cet inconnu qui a su détruire nos vies.
Oui, nos vies, puisque maman est là. Elle à tout vu, elle était au premier rang. Elle ne me raconte jamais des choses sur toi. Tu es tabou. Tu es le passé, tu es le mystère qui m'entoure.
Elle me dit que je te ressemble.
Ah oui ? Faut-il que je sois heureux? Est-ce vraiment un compliment?
Je te déteste...et je t'admire aussi. Pourquoi ? Je n'en sais rien.
Sûrement parce que je me force à croire que tu es le héros des histoires fabuleuses, des histoires à dormir debout, surtout.
Il n'y a aucune trace de toi. Tu n'as jamais exister. Pas de photo de toi, que j'ai pu voir. Pas d'écriture que je ne perçois au fond des coffres de souvenirs. Rien.
Aucune trace qui ose me démentir.
Intact. C'est le vide complet. Le désastre d'une absence fâcheuse et regrettable.
Est-ce que tu regrettes d'être parti comme un lâche ?
Est-ce tu me regrettes, moi ? Sais tu au moins que j'existe dans ce monde?
M'as tu déjà vu ? M'as tu déjà parler sans que je le sache ?
Tant de questions que certainement resteront sans réponses.
Seul toi, pourra y répondre...
Seul toi, peux le décider.
Tu as basculer un destin dans le néant. Alors, comment c'est de se sentir coupable? ....coupable de quoi ? d'être au fond, ce qu'on n'est ?
Pathétique.
Et je sais que tu essayeras de te trouver des excuses. Que tu étais trop jeune, que tu étais un imbécile fini, que tu ne savais pas ce que tu faisais, que tu avais peur...
Et je peux y croire.
Seulement, voilà, cela ne se pardonne pas comme ça. Il faudra du temps...
Cependant je ne t'ai toujours pas retrouver...
Et je me dis que tu te caches, que tu m'évites.
Et je me torture à imaginer ta vie, sans maman, sans moi.
Je t'imagine avec tes propres enfants, qui ne sauront sans doutes jamais qu'ils ont un demi-frère.
Je ne sais quoi dire, je sais quoi ressentir. De la haine ? De la rancoeur ? Du désarroi ? De l'indifférence peut-être...
Je t'imagine grand, fort, et talentueux. Je t'imagine drôle, autoritaire...
Je t'imagine bien dans plusieurs métiers: mécanicien, docteur, homme d'affaires, commerçant, procureur...
Tu as plusieurs visages, plusieurs voix, plusieurs noms, plusieurs personnalités.
Lors des nuits sans sommeils, je te façonne à ma façon.
Mais les rêves peuvent être douloureux, malgré tout.
Et quelquefois, je m'en veux de te ressembler tant, sans pouvoir y changer. Ce moi, qui est un peu de toi...
Oui, un peu de ce père, que je ne connais point.
A cette présence que j'aurai tant souhaiter...
A toi, que j'espère te rencontrer.

A ce père que je n'aurai jamais eu.

Ton fils perdu,
Sacha.