[Théorie du Coma] Sacha dans le présent...

Sacha Ketchum est un jeune homme de maintenant 20 ans, allongé dans son lit, un sourire éclairant sempiternellement son visage blafard.
Voilà presque dix ans que Sacha n'a pas quitté sa chambre aux murs ternes, n'a pas quitter son lit, n'a plus ouvert les yeux. Dix longues années qu'il n'a plus bougé ne serait-ce qu'un cil. Une décennie qu'il a passée dans un profond sommeil, dans le coma.
De garçon, il est maintenant devenu Homme. Un homme qui, n'ayant jamais pu vivre son adolescence, n'en avait de l'âge que le physique. Dans sa tête, dans ses rêves, il n'avait toujours que la moitié de son âge réel... Sa vie s'était arrêtée en ce jour orageux où les Piafabecs l'avaient attaqué, et où Pikachu lui avait grillé les organes internes. Seul son corps persistait à changer au fil des années passées, à vieillir.
Il était mince, presque maigre, les tuyaux servant à le nourrir ne suffisant pas à l'engraisser et l'inactivité physique ayant depuis de nombreuses années déjà fait fondre la petite masse musculaire que l'enfant avait un jour eu. Ses cheveux d'un noir de jais, autrefois perpétuellement en bataille, tombaient à présent platement sur son oreiller, couvrant cet objet d'un blanc immaculé de sombres présages... Ils lui arrivaient désormais aux épaules, sans aucune vigueur, et attendaient bien sagement que quelqu'un revienne les lui couper, ou les coiffer... Il avait aussi grandit, beaucoup grandit, suffisamment pour obliger sa mère à refaire toute sa garde-robe pour le jour ou ses paupière hermétiquement closes se rouvrirons... Le petit gringalet, souvent même plus petit que ses camarades féminines, mesurait aujourd'hui 1 mètre 76. Ce n'était certes pas un géant, mais il n'avait plus à être honteux de sa taille. Ni de ses attributs dalleurs... Ces attributs qui, lui étant désormais inutile, auraient pu permettre au garçon de donner à sa mère adorée un petit-fils -ou une petite-fille- à dorloter comme elle l'avait si bien dorloté lui aussi par le passé...
Sa peau tendre était ternie et légèrement rappeuse. Blanchis par le manque de soleil et jauni par l'acharnement thérapeutique. Il aurait pourtant pu être si beau, les traits fins de son visage révélant à eux seuls une immense beauté, mais il n'était aujourd'hui qu'une loque amorphe, habillé d'une chemise d'hôpital cachant tant bien que mal son corps d'adulte.
Les médecins avaient depuis longtemps perdu tout espoir de voir un jour le comateux se réveiller -et quand bien même l'aurait-il fait, les conséquence physique et mentale d'un coma prolongé auraient été bien trop lourde pour lui permettre de vivre à nouveau une vie normale-, mais Dehlia, la mère de Sacha, refusait obstinément qu'on ne le débranche. Pas une journée ne passait sans que cette dernière ne passe voir son fils, tantôt seule et tantôt accompagnée.
Régis, ami et éternel rivale de Sacha , et ce depuis toujours, venait parfois le voir, accompagné de sa femme Olga et de leur petit premier. Lui, qui avait pourtant le même âge que le dresseur inanimé, avait déjà tant vécu... Il avait connu des joies, des peines et des obstacles que Sacha n'avait jamais pu connaître, et ne connaîtrait sûrement jamais...
Parfois aussi, venait Ondine. Une jeune femme d'un an l'aînée du jeune homme, n'ayant connu celui-ci que quelques minutes avant son accident. C'était à elle qu'appartenait le vélo sur lequel Sacha se trouvait peu avant de subir le choc l'ayant conduit à l'état de légume, et c'était en voulant récupérer son vélo qu'il lui avait « emprunté » qu'elle avait découvert le corps inanimé de celui à qui elle s'apprêtait à coller une raclée.
Bien que cette dernière, ses cheveux roux légèrement en bataille encadrant joliment son visage et accentuant la couleur azur de ses yeux, ne connaissait alors rien du dresseur lors de leur rencontre, elle le connaissait aujourd'hui aussi bien que sa propre mère ! Dehlia, qui avait été là pour l'accueillir quand elle avait voulu avoir des nouvelles de son voleur, s'était alors accrochée à elle -première personne venant visiter son fils- comme à une bouée de sauvetage. Elle lui avait demandé si elle était une amie de Sacha et, sans remarquer la gêne plus qu'apparente de la jeune fille, c'était mis à lui parler de son fils... Elle lui avait raconté sa naissance, son enfance, ses goûts et ses passions. Énumérer nombre de qualités exacerbées par son amour maternel, et quelques défauts... N'osant pas couper cette femme attristée, Ondine l'avait écouter patiemment, promettant de revenir voir Sacha dès qu'elle le pourrait. Ce qu'elle fit. Et Dehlia continuait à lui raconter des anecdotes...
Si au début ces histoires, ne la concernant absolument pas, la mettaient mal à l'aise, elle était aujourd'hui devenue extrêmement proche de Dehlia et, par les histoires contées par celle-ci, du comateux...
Une fois même, alors qu'Ondine veillait Sacha en attendant que Dehlia aille parler aux médecins, celle-ci lui avait dit en revenant que « Elle serait ravie d'avoir une belle-fille telle que elle, quand Sacha sera de retours parmi nous »
Ondine avait répondu dans un sourire « Et moi j'aimerais beaucoup avoir une belle-mère telle que vous si je venais à me marier un jour »
Les deux femmes s'étaient regardées, et avaient sourit.
Plus que les sous-entendus d'une possible romance entre elle et Sacha, c'était plutôt la conviction qu'avait Dehlia à penser qu'un jour son fils se réveillerait qui émouvait la jeune fille... Elle avait dit « Quand il sera de retour parmi nous », pas « si », et là était toute la différence.