Mon ange de Sumi lys FIN

Chapitre 10 : Oasis

La pluie avait cessée, mais l'humidité était encore perceptible dans l'air. Le parc était encore désert, a l’exception unique d'un couple qui ne semblait pas se soucier de ce climat d'instabilité. Toutefois, l’endroit qu’ils avaient choisi était bordé d'arbres et branches enchevêtrées. Ils étaient protégés de la vue des autres et de la tempête capricieuse.

Il y’avait une jeune femme. À première vue, ses longs cheveux roux étaient maintenant obscurcis par la pluie. Son visage était à peine visible, caché par l'imposante silhouette d’un grand homme à côté d'elle, mais on pouvait la deviner quand on voyait son petit corps, sa taille, et ces doigts long et mince rétrécissant avec sécurité sur le dos de sexe masculin.

Il se tenait debout en face d'elle. Sa tête brune protégeait celle de la rousse, ce qui provoquait un contraste saisissant entre ses cheveux noirs et ceux cuivrée que la jeune femme avait.

Ondine ferma les yeux un instant. Savourant entièrement chaque sensation familière qui s'infiltrait dans son corps. La force solide de ces bras autour de sa taille. La façon dont il la gardait à ses côtés. Les caresses sur ses cheveux mouillés ...

Elle leva la tête.

-Je t’aime... -Murmura elle doucement. -Je t’aime tellement…

Ses joues rougirent. Elle détourna les yeux avec détresse. Incertaine de ce qu’elle venait de faire.

Sacha plaça un doigt sous son menton et la força à le regarder.

-Je t’aime aussi. -Il l'embrassa doucement, la convaincant qu’elle ne devait pas avoir honte sur ce qu’elle ressentait. -Je t’aime tellement…

Ondine répondit avec passion à cette nouvelle série de baisers. Il chuchota ses dernières paroles à sa bouche, et l’emprisonna de nouveau entre lui et l’arbre. Ces lèvres descendirent à son cou en laissant  l'air se renouveler. Mais quand il posa à nouveau sa bouche sur la sienne, il la trouva froide. Elle l’avait entrouverte devant son insistance, mais elle ne lui rendait pas son baiser.

Sacha s’écarta inquiet.

- Qu'est-ce qui ce passe ?

Ondine regardait le sol, mais quand elle leva les yeux, elle avait un regard très grave.

-Aleesha.

Il ne s'agissait pas d'une question ou d’une affirmation. Seulement un mot qui malgré tout son calme, comprenait beaucoup de questions en elle. Elle le regarda attentivement, se mordant les lèvres.

Il soupira, et prit son visage dans ses mains.

-Bébé. -Ce mot sonnait tellement familier en lui. - Aleesha et moi c’est terminé… Pour toi…

Il regarda l'expression inquiète de ses yeux disparaitre, et quand Ondine le poussa vers l'avant pour le serrer étroitement dans ses bras, il laissa reposer sa tête sur son épaule, sentant le souffle chaud sortir de sa poitrine.

- Je suis désolé de te mentir Ondy... -Il ferma les yeux et crispa sa mâchoire. Il sentit le frottement affectueux des mains d’Ondine dans son dos et son mensonge lui pesa encore plus. -Mais je ne veux pas te perdre mon amour, pas encore… Je romprai avec Aleesha, je te le jure... Dès qu’elle reviendra... Je... -Ses yeux s'ouvrirent, il se souvint de la semaine dernière avant qu’elle parte. L'erreur qu'il avait faite de laisser les lois naturelles de son corps s’imposées à son cerveau. Et ils ne s’étaient pas protégés... Que faire si il y’avait des conséquences... ? Que faire si Aleesha était tombée enceinte... ? Cette pensée seule le fit frissonner. Perdre Ondine maintenant ? Maintenant, qu’ils avaient tout clarifié ? Inconsciemment, ses bras se fermèrent sur la silhouette de la jeune femme, la serrant encore plus. Non, il ne la perdrait pas... Ondine était son monde, et ça lui avait déjà coûté trop de larmes de vivre loin d’elle pendant tant d’année…

Ondine senti la pression écrasante de ces muscles puissants qui la tenait jusqu'à ce qu'elle manque d'air. Elle lâcha un rire dans son cou.

-Sacha ! -Elle essaya de se lever la tête pour le voir. Il semblait plongé dans un autre monde. –Sacha !

Il réagit et la regarda. Il était très pâle. -Qu'est-ce qui ce passe ?

-Je suis un peu serré par ici. Je peux à peine respirer... -Elle fit un geste indiquant la manière dont il la tenait emprisonné contre l'arbre.

Sacha leva la main et lui caressa la joue. Puis il dessina le contour de ses lèvres.

-Magnifique... -Murmura il en la regardant.

Ondine rit de bon cœur. -Sacha ! Je ne peux pas respirer !

Il sentit le corps de la jeune femme trembler en raison du rire. Après quelques secondes, il fut également contaminé.

-Désolé. -Dit-il. -Peut-être que nous pouvons faire un petit changement... -Et d’un mouvement rapide, il se tourna, maintenant c'est lui qui était entre l'arbre et elle. -C’est mieux ?

Ondine rit encore, et en réponse se mit sur la pointe des pieds et embrassa son nez.

Il se laissa tombé contre le tronc et l'utilisa comme support pour tous les deux et avec ses bras guida le visage de la jeune à ses lèvres avides.

******

-Sacha, Sacha attend... écoute... -Ondine couvrit sa bouche. Sa respiration était lourde et agitée avec un faible écho.

Depuis que les rôles avaient été inversés, ils s'étaient livrés à une nouvelle ronde de baisers et de caresses. Comme pour rattraper ces cinq ans de séparation.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? -Demanda le jeune homme près de son cou, grognant sous l’effort qu'il faisait pour éviter de perdre le contrôle.

Elle posa ses mains sur sa poitrine et sembla soudain retrouver tout son sang-froid. Elle fronça les sourcils en touchant ses vêtements. -Tu es trempé, tu vas tomber malade si tu ne te change pas rapidement…

-Ce n'est pas de ta faute si je suis mouillé, et toi aussi tu l’es…

-Je suis habitué. L'eau ne me fait aucun mal. -Elle s’écarta, l’obligeant à la suivre. -Tu vas attraper un rhume.

-Ondy…

-Sacha écoute... -Commença Ondine. Il y avait une grande détermination dans ses yeux, mais sa voix tremblait. -Nous... nous devons parler, on doit continuer cette conversation... Il y a tellement de choses à clarifier... Quelque chose que tu dois savoir... -La dernière phrase fut prononcée d'un ton si bas qu'il était presque impossible pour lui de l'entendre.

-Dis le moi.

-Pas ici... -Elle l’observa. -Tu as besoin des vêtements secs et moi aussi. Mais... Mais nous continuerons cette conversation... et... c’est important...

-Ok. -Il l'embrassa. -Nous pouvons aller ailleurs si tu veux...

Ses joues brulèrent d’avantage avec cette allusion subtile ou ils seraient seuls. Et dans une atmosphère plus intime…

-Je pense que nous allons trop vite... Et je...

Sacha rit. Il mit un doigt sur ses lèvres. -Ondy calme toi. -Il l’étreint jusqu'à ses lèvres effleurent son oreille. -Je ne vais pas te manger…

La rougeur été plus intense devant sa voix douce et suggestive. Mais avant qu'elle puisse dire quelque chose, il la libéra et lui prit la main: -Mieux vaut partir d'ici.

Ondine sourit: -Merci...

- Pourquoi ? -Il la regarda interloqué.

-Pour être aussi compréhensif avec moi.

En réponse, il lui prit la main et entrelaça ses doigts avec les siens alors qu’ils partaient.

Ils étaient très proche l’un de l’autre, comme un couple typique. Et en fait, ils passaient inaperçu parmi les personnes qui peu à peu avaient repris leur routine après la tempête. Ils ne soulevaient aucun soupçon en marchant main dans la main, tous les deux à la fois si jeune et si innocent, que personne autour d’eux ne pouvait imaginer que des problèmes et des secrets se cachaient en chacun d’eux.

Sacha lui jeta un coup d’œil, ils avaient atteint la fin de la rue et, en théorie, devaient se séparer. Bien que ce soit la dernière chose qu'il voulait faire.

-Bien...

Ondine se retourna et le regarda. Ses yeux étaient plus grands et plus vert que jamais. La pâleur de son visage était encore plus accentuée sous ses cheveux obscurcis par la pluie.

Ils s’observèrent en silence pendant quelques secondes.

-Je... -Murmura Sacha en mettant ses mains dans ses poches, dans ce qui semblait être un geste distrait. -Tu veux bien me donner ton numéro de téléphone... ? -Il lui donna un papier à moitié humide et un stylo. -S'il te plaît.

Il observa sa réticence à prendre ce qu’il lui donnait et répéta doucement. -S'il te plaît...

Ondine sentit l'humidité de la feuille sous ses doigts. Elle savait qu'une fois qu’elle aurait marqué les nombres il n'y aurait plus de retour en arrière. Elle ne pouvait plus se cacher, loin de lui comme elle l'avait fait. Maintenant Sacha pouvait la trouver chaque fois qu’il le voulait. Elle et Soleil. Elle frissonna. Le refuge qui lui avait tant coûté de construire pour protéger sa princesse commença lentement à s'effriter. Son petit ange... une créature qui lui était si semblable et si différente d’elle a la fois.

Elle hésita. Elle voulait protéger sa fille. Mais elle savait aussi que cacher la vérité ferait très mal à la fois à Sacha comme à Soleil ils étaient les deux personnes qu'elle aimait le plus au monde.

Elle soupira doucement, puis marqua son numéro de téléphone. Elle regarda le stylo argenté avec un sourire et écrit un mot au bas du papier. Un mot bref et concis. Elle plia le papier en deux et lui remis.

Sacha attrapa ses doigts. La séparation prenait trop de temps.

-Eh bien... Je...

Ondine retira sa main. -A plus…

Elle se retourna et commença à s'éloigner. Sacha regarda ses cheveux roux se balancer doucement en même temps que ses pas, flottant autour de ses épaules. Elle ne tourna pas une seule fois la tête pour le regarder.

Il baissa les yeux sur le papier plié dans sa main. Il l'ouvrit. Il lut le numéro de téléphone et immédiatement ses yeux aiguisés virent le petit mot écrit en dessous.

Appel moi.

Il était court et... suggestif, c’était clairement une invitation. Il sourit et sans réfléchir la poursuivit.

Il l’atteint facilement, elle n'était pas allée très loin, et il l’attrapa par le poignet.

Ondine se retourna surprise, et avant qu'elle ait pu dire quelque chose, elle se trouva prisonnière de deux bras puissants et littéralement écrasé contre sa poitrine.

- Quoi… Qu’est-ce que tu fais… ?

Soudain, Sacha l’embrassa étouffant la question sur ses lèvres. Elle répondit pendant quelques secondes avant de s’éloigner pour prendre de l'air. Il l’avait pris par surprise et elle avait presque oublié de respirer.

-Je t’appellerai... -Murmura il en collant son front contre le sien.

-Tu es obligé.

Sacha rit: -Je t'aime.

-Je t'aime aussi.

Ils se regardèrent quelques secondes avant de terminer la conversation avec un dernier baiser.

- Appelle-moi !

Sacha tenait la main d’Ondine, réticent à la laissa partir. Bien qu'il ait insisté sur le fait de passer le reste de la journée ensemble, elle avait refusée. Et elle l'avait fait avec une telle expression de douceur et de timidité pour ne pas le blesser. Ondine voulais aller lentement... Une chose à la fois. Il embrassa le bout de ses doigts et murmura: -Je le ferai…

Puis elle commença à lâcher prise et, une fois de plus, se retourna.

*****

L'expression du jeune maître avait complètement changé.

Et tout le monde avait remarqué se changement. Est-ce le bonheur qui le rendait aussi beau ? Maintenant, il avait l'air plus jeune ! Et certainement plus beau...

Il passa sa main dans ses cheveux noirs et sourit pour la énième fois. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas sentit aussi... heureux.

La première chose qu'il avait faite en arrivant à son appartement vide, été de cacher toutes les traces de sa petite amie actuelle. Les photos, magazines, vêtements ayant appartenu à Aleesha. Une fois qu'il n’y avait plus une trace d’elle, il tomba à la renverse sur le canapé. Il ferma les yeux et à chaque seconde pensa à sa rencontre avec Ondine. Jamais il n'avait tant aimé une tempête d'automne que ce matin la...

Il appuya sa tête contre le mur en jouant avec quelque chose dans sa poche. Melody avait pris la chose avec beaucoup de calme, sans doute qu’elle savait déjà quelque chose…

-Sacha ?

Le garçon ouvrit les yeux et se redressa si rapidement, que la chose avec laquelle il jouait avec ses doigts heurta le sol et roula aux pieds de la petite fille qui avait parlé.

-Soleil.

La petite fille se baissa pour ramasser l'objet. -Une bague. -Murmura l’enfant étonnée regardant la pierre aigue-marine magnifique qui brillait dans le centre de l'anneau. -C'est beau.

Sacha sourit involontairement. -Tu aime ?

- Oui. -Soleil, se tourna vers lui pour lui donner la bague et pendant un instant ses yeux étaient identiques à la couleur de la pierre. –C’est très beau.

Il acquiesça. La bague était aussi spéciale et unique qu’Ondine. Il n’avait jamais vu un diamant avec une couleur aussi mystique. Il ressemblait tellement au ton aqueux de ses pupilles qu’il l’avait acheté sans hésitation -il y a quelques années – pour elle.

Maintenant il pouvait l’imaginer sur la main gauche, brillant entre ses doigts pâles. Là ou il aurait toujours dû être…

- Sacha ? –Soleil lui tira le bras pour attirer son attention.

Il la regarda. – Oui ?

La petite fille se tenait devant lui et lui tendit les doigts dans lesquels se trouvait le petit objet. Sacha remarqua de nouveau la façon dont ses yeux se confondaient avec la couleur de la pierre. -C’est vraiment très jolie. -Répéta-elle.

Sacha le pris en imaginant comment le cercle fragile occuperait à nouveau sa place sur le doigt d’Ondine. Il avait tout prévu… comme la 1ere fois qu’il l’avait demandé en mariage…

-…Alors tu as une fiancée ? -Demanda Soleil bien qu’il soit perdu dans son monde de fantaisie.

-Eh ... Oui.

-Et tu vas la demander en mariage ?

Sacha regarda attentivement la petite fille. Elle posait des questions très intelligentes pour son âge...

-Eh bien... -Il se gratta la tête. -C'est le plan.

Soleil fit un petit saut. -C’est pour ça que tu as acheté la bague, pas vrai ?

Sacha rit. Elle était définitivement très précoce pour son âge. En réalité elle l’était depuis toujours.

-Oh... -Soleil se pencha avec ses mains derrière son dos. -Et quand est-ce que tu vas lui demander ?

-Soleil...

- Je veux juste savoir !

-Parle-moi de toi plutôt. -Intervint Sacha. -Tu as parlé à ta mère ?

La petite fille se leva, les sourcils froncés. -Je voulais lui dire hier, mais maman était très étrange.

-Etrange ?

-Oui, elle avait l’air heureuse et elle a passé l’après-midi à chanter !

-Quel est le problème ? -Continua Sacha soulagé de voir que la petite suivait le rythme de la conversation et avait oublié sa question relative à la bague. –C’est pourtant bien que ta mère soit comme ça.

-Tu ne connais pas maman ! -S'écria avec enthousiasme Soleil. –Maman n’a pas chanté depuis longtemps. Elle est toujours sérieuse. Depuis que mon papa est partit, mes tantes disent qu'elle est devenue si... -Le ton de la voix de la petite fille baissée à mesure qu'il parlait, sa dernière phrase n'était plus qu’un souffle léger.

Sacha ne savais pas quoi dire. Il y avait tant de douleur dans ces petits yeux qu'il était impossible de ne pas ressentir de la tendresse. Il s'inclina devant elle et l’entoura de ses bras. Il sentit sa chaleur chaude et savait qu’il faisait une bonne chose. -Ecoute ma belle, ne t’inquiète pas au sujet de ta mère. Elle ira mieux un de ses jours.

Soleil se détacha de lui. Il lui souriait.

-Je sais. Maman ira mieux quand j’aurais retrouvé mon papa. Et je vais le trouver.

Sacha admirait son courage. La détermination claire dans ses yeux bleu-vert lui rappelait quelqu'un, mais ne pouvait pas se rappeler de qui…

Bien qu'ils se connaissent depuis peu de temps, ils s’appréciant beaucoup tous les deux. Il n'est donc pas étonnant qu'elle lui confiait ses craintes sur les différents prétendent de sa mère et son envie folle de trouver son père. Sacha sourit à la jalousie enfantine de Soleil envers sa mère, arguant que ce n’était rien de plus qu’une exagération enfantine. Quant à l’autre sujet... Lui aussi savait ce que sa faisait de grandir sans figure paternel…

Il lui caressa doucement la tête.

-Si tu veux je peux t’aider à trouver ton père, Soly.

- Vraiment ? -Demanda-elle avec de grands yeux brillant. -Tu pourrais faire ça pour moi Sacha ?

-Je ferais n’importe quoi pour toi, Soly.

********

L’entrainement était terminé depuis longtemps. Appuyé contre le mur, il jouait à nouveau avec l'anneau, tandis qu’il surveillait les enfants qui couraient dans la cour. Son regard restait fixé sur la plus petite du groupe, et sur la façon dont ses boucles noires volaient dans tous les sens pendant sa course folle.

-Excusez-moi monsieur. -Dit une voix de femme à ses côtés. -Vous êtes l'entraîneur en charge de ce groupe ?

-Oui. -Dit-il voyant que Soleil s'était arrêté au milieu de leur jeu avec un visage effrayé. -Vous devez être la mère de Soleil, non ? -Il se retourna pour voir la jeune femme et la même expression alarmé que la petite fille se refléta en elle. Il leva un sourcil.

La femme, aux cheveux vert foncés, gardait ses grands yeux bleus fixés sur les siens. –Sacha ?

Il la regarda attentivement, en essayant de la reconnaitre. Il fut un temps dans sa vie où il semblait avoir perdu le contrôle de lui-même, et était sorti avec beaucoup de femmes... Mais il ne voulait pas y penser. Pas maintenant qu'il avait retrouvé son ange.

Il s'efforçait de la regarder sérieusement. Il cherchait une sorte de familiarité. -On c’est déjà rencontré ?

-Eh bien oui, mais apparemment tu ne me reconnais pas. -Après sa première surprise, elle soupira et sourit aux visages effrayés de Soleil et Avril. Elle tendit la main. -Je suis Erika. -Comme son nom ne semblait pas être d'un grand secours au jeune homme elle ajouta. -La championne de Celadopole.

Ses yeux s’agrandirent avec étonnement. -Erika ! -Il se tourna vers les filles. -Tu es la mère de Soleil ?

La jeune femme se mit à rire nerveusement. - Ah, ah, ah, non… -Elle détourna les yeux en pensant à la façon dont son amie apprendrait cette nouvelle. -Je suis la mère d’Avril.

-J’aurai dû m’en rendre compte avant, la ressemblance entre vous deux est frappante…

-Je te remercie... -Elle se tourna vers les petites qui se tenait a côtés de Sacha. -Quant à vous deux...

-S'il te plaît tante Erika ne le dis pas à maman ! J'ai promis à Sacha de le faire ! -Dit Soleil en joignant les mains dans un geste de supplication. -Je sais que ce n’est pas bien de mentir, mais on voulait juste jouer avec les enfants…

-Maman, c'était mon idée. Soleil n'a rien à voir.

Erika soupira en fermant les yeux. -Vous m’avez fait peur…

-Tu ne savais pas qu’elles étaient ici ? -Demanda Sacha amusé.

-Non, et j'ai le sentiment que ce n'est pas la première fois qu'elles viennent ici, non ?

-Eh bien...

Erika les regarda sévèrement. -Nous allons avoir une longue discussion sur le chemin du retour. Dites au revoir.

Les petites filles le saluèrent avec un geste rapide. Mais Soleil s'accrocha fermement à son cou, il pouvait entendre sa petite voix dire: -Je te remercie de m'aider à trouver mon papa... -Elle le serra encore plus. -Je reviendrai…

Sacha lui rendit son câlin sous le regard inquiet d’Erika. -Et je t’attendrai Soleil...

******

Lily ouvrit le réfrigérateur de la maison d’Ondine, elle fronça les sourcils remarquant plusieurs choses manquantes. –J’aurais dû dire à Ondine de vérifier la liste... -Elle regarda l'horloge sur le mur. -Peut-être que je peux aller faire quelques courses avant son retour... -Elle ferma le réfrigérateur et se rendit au salon.

Il y avait des morceaux éparpillés sur le tapis. Trois petites têtes étaient ensemble à essayer de donner un sens au puzzle qu’ils assemblaient.

-Les enfants... -Ils la regardèrent. -Il faut que je descende pour acheter des choses que tante Ondine a oublié de prendre. -Lily alla à la porte. -Ça prendra dix minutes, Avril... Tu es chargée de surveiller tout le monde. - La nommé hocha la tête solennellement. - Soleil et Ian soyez sages, c’est clair ?

-Oui tante, Lily.

-Oui, maman.

Lily s’arrêta à la porte et les regarda. Les petits s’étaient remis dans leur position précédente et se concentrèrent sur le puzzle. Elle mit sa veste libérant un léger soupir. -Tout ira bien... -Et elle partit.

Dès qu'elle entendit le déclic de la porte, Soleil traîna son cousin et son amie avec elle.

-J'ai entendu Tante Daisy quand elle est venu la nuit dernière. Elle a apporté une énorme boîte blanche et elle l’a donné à maman. -Dit Soleil. -Et elle l'a mis au-dessus de son placard dans sa chambre.

-Et qu’est ce qu’il y a dans la boîte ?

- Je ne sais pas, Avril. Il faut la trouver. -Elle ouvrit la porte et les trois enfants entrèrent dans la belle chambre peinte en bleu. -C’est là que ma mère dort, et là c’est le placard…

-Mais Soly. Nous ne pouvons pas faire ça ! Et si ma mère nous voyait ? -Le petit garçon croisa les bras.

-Si nous nous dépêchons, nous le ferons avant le retour tante Lily

-Mais... c’est dangereux.

-Ian. -Soleil le regardait avec une expression d’agacement exactement comme sa mère le faisait. - Tais-toi.

Après quelques secondes de discussion animée Avril grimpa sur une chaise -étant la plus âgée du groupe et donc plus grande des trois- avec sur ses épaules Soleil qui attrapait la boite tant convoitée.

Ian les surveillait d'en bas, effrayé, en priant pour qu’aucune d’elle ne perde l’équilibre. -Fait attention !

-Je l’ai ! -Les doigts de Soleil se fermèrent sur les côtés de l'objet, il était lourd, elle le serra contre sa poitrine, en regardant comment descendre.

-Dépêche-toi Soly. -Murmura Avril dont les épaules sentaient le poids prolongé. Elle fit un mouvement vers l'avant et perdu son équilibre.

Ian se couvrit les yeux en voyant la catastrophe et il les ouvrit seulement quand le coup retentit. -Ça va ?

Avril se leva en se massant le dos. -Oui, Soly ?

-Je vais bien. -Répondit la petite ajustant ses cheveux et sa robe sur ses genoux endoloris. Elle se leva et attrapa la boite. -Voyons voir ce qu'il y a dedans.

********

-Erika avait l’air bizarre... -Ondine marchait à l’aveuglette dans l'allée du supermarché. Elle était dans ses pensées. -Quand je lui ai demandé ce qui n'allait pas, il a fui mes questions ...-Du coin de l’œil elle observa la liste que Lily lui avait faites. Elle était dans le mauvais rayon, elle soupira, secouant la tête. -Comment trouver des légumes dans les articles de nettoyage? …Mais à quoi je pense...? -Elle tourna dans un autre rayon en pensant à ce qui s'était passé ce soir-là...

Elle ouvrit la portière de la voiture et attendu que les filles bouclent leurs ceintures avant de partir. Toutes deux avaient la même expression de culpabilité et étaient très calme. Comme l’avait été Erika.

De retour dans le présent, Ondine tournait toujours autour du pot. Il y avait quelque chose dans le comportement des petites qui n’était pas convaincant... Maintenant, elle devina que ces deux la prévoyaient quelque chose...

******

-Regarde Soly ! -Déclara Avril avec enthousiasme, en lui montrant la photo qu'elle avait dans ses mains.

La boîte blanche en était remplie. De belles images d'un passé inconnu de Soleil, qui ne se lassait pas de regarder et d'admirer les photos.

-Elle est jolie. -Murmura Ian à côté de sa cousine. -Qui c’est ?

-Ma mère. -Déclara Soleil.

- Non, ce n’est pas elle.

-Bien sûr que si ! -Elle observa la photo souriante. Pour elle, il n’y avait aucun doute. -Elle est superbe…

L'image représentait Ondine adolescente avec une longue robe blanche sans bretelles. Ses cheveux étaient plus courts par rapport à la façon dont elle les avait aujourd'hui, et elle avait quelque petites fleurs roses et blanches qui les maintenaient. Dans les mains elle avait un gros bouquet de fleurs identiques.

-C’était une fête costumée ?

-Ne sois pas stupide Ian. -Avril rigola. -C’est le mariage de tante Ondine.

-Quoi ?

*******

Sacha marchait avec sa cousine quand il la vit. Il resta immobile, pendant que Melody continuait à marcher sans se rendre compte qu’il s’était arrêté.

Elle lui tournait de dos. Elle avait l'air adorable avec sa jupe noire serrée et son sweat bleu. Sacha s’approcha d’elle, remerciant sa chance de l'avoir rencontrée.

******

-Tante Ondine est en robe de mariée ?

-La photo n'est pas évidente, Ian?

-Mais...

-Maman était belle à son mariage, tu ne trouves pas Avril ?

-Oui, Soly.

Il y’eu un moment de silence pendant que la petite fille fouillait dans les autres images de la boîte.

-Et qui est ce garçon ?

*****

Les yeux d’Ondine se fermèrent. -Qu’est-ce que je dois faire ?

Cette question faisait évidemment allusion à sa conversation avec Melody, et comment parler a Sacha de Soleil et vice versa. Elle soupira. Il comprendrait et accepterait volontiers la petite fille... Oui, ça ne faisait aucun doute. Et elle accueillerait son père à bras ouverts... Et ils seraient de nouveau la famille dont ils avaient toujours rêvé. Elle sourit, un tel bonheur semblait irréel… Sacha et elle étaient à nouveau ensemble. Ensemble... Ensemble, ça paraissait impossible. Ensemble... Qui aurait pu imaginer qu’en moins de deux mois ils clarifieraient tout et que cette matinée pluvieuse serait la plus jolie de toutes les réconciliations ?

Mais avaient-ils vraiment tout clarifié ? Pourquoi soudainement il lui semblait que les problèmes et les doutes du passé renaissaient dans sa tête avec plus de ferveur ? Peut-être parce que c'était vrai ... Ils auraient dû parler pour clarifier les malentendus de ce jour avant de tout recommencer. Montrer qu’ils avaient grandi et mûri. Qu’ils étaient responsables de leurs actes et d'autres...

-Mais Sacha me veut moi... -Elle se rappela, l'instabilité de ses émotions. -Il a quitté Aleesha, pour moi... pour moi...

Ce n’est pas la même chose de vouloir, que d’aimer... Lui rappela la voix intérieure de ses sentiments. Il a dit « je te veux » et non « Je t'aime ». Et ces deux phrases étaient très différentes.

Soudain, deux bras puissants l’emprisonnèrent par derrière. Elle fut surprise et cria, quand la fermeté et la chaleur de son corps lui rappela une sensation vaguement familière. Elle sentit un souffle chaud sur son oreille qui lui causa des chatouillements.

-Mademoiselle. -Murmura la voix d'un homme. -Je pense que vous êtes la plus belle créature, que Dieu ait jamais créée...

Ondine sourit et appuya sa joue rose contre son ravisseur. -Vos paroles me flattent, monsieur...

Sacha enfoui son nez dans son cou. –Je voulais vraiment te voir, Ondy…

*******

–Soly… -Dit Avril en inspectant attentivement l'image. La petite aux cheveux noirs attendait avec impatience sa réponse. -Ce garçon est...

-Mon père... ?

-Je pense que oui. -Avril regarda l'autre photo qu’elle avait dans la main. -Il est ici avec tante Ondine…

Ian s’approcha des deux petites filles. -Lui… -Indiqua-il en montrant le jeune habillé en noir qui enlaçait en souriant la belle rousse. -C’est ton papa, Soly ?

La petite sourit. Ses yeux brillaient plus que jamais tout en faisant glisser doucement un doigt sur la silhouette masculine entourant sa mère. -Mon papa est très mignon tu ne trouves pas ?

*****

Sacha passa ses doigts dans les mèches de cheveux jusqu'à atteindre ses joues. Elle comprit son message silencieux et les souleva à moitié.

-Je voulais te voir… -Murmura-il. -Tu m’as manqué.

- Pourquoi tu ne m’as pas appelé ?

-Je ne voulais pas te mettre la pression.

Ondine se mordit les lèvres. La réponse de Sacha avait été si sincère pour un moment, qu’elle se sentit coupable. Elle leva les yeux et sourit.

- Je voulais que tu m'appelle. -Elle s’approcha de lui et l'embrassa. -Tu m’as aussi manqué.

-Ondy... -Murmura il contre sa bouche, en l’embrassant en retour. Puis ils se séparèrent. -Qu'est-ce que tu fais là ? -Demanda-il en caressant sa joue avec ses doigts, tout en jetant un regard sur les produits acheté dans le panier en plastique.

Ondine eu le souffle coupé. Il était évident que la quantité de bonbons et de biscuits n’était pas pour elle.

-Les achats… -Commença elle avec une certaine hésitation. Elle savait que c'était le bon moment pour parler de Soleil, mais par où commencer ? Elle prit une respiration profonde à la recherche du bon mot. -Je...

-Oui ? –Il l’encouragea en riant. -Tout ça et pour toi ?

-N-non... -Pourquoi était-ce si difficile ? -C’est pour... n…notre…

Ils entendirent quelques pas sur le côté.

-Oh, tu étais ici. -Dit une voix féminine derrière eux.

Les deux se tournèrent. Melody avait ses mains sur ses hanches dans un signe clair d'impatience.

-As-tu oublié que tu étais avec moi ? -Dit-elle en haussant un sourcil.

Sacha sourit à Ondine et se détacha pour faire face à sa cousine. -Désolé.

-Désolé... ? -Elle croisa les bras sur sa poitrine en s'inclinant. -Tu es censé m'aider. -Elle se tourna vers son amie. -Salut, Ondine. Le problème n'est pas avec toi, mais avec mon inconsidéré cousin... Mais maintenant je vois ce qui l’a distrait... -Elle lui fit un clin d'œil. -Je vois que tout est résolu... Je suis heureuse pour vous deux.

Sacha hocha la tête avec enthousiasme en l’embrassant le front. Ondine restait figée. Étourdi par les nombreuses émotions qui envahissaient son esprit. D'une part elle se sentait très soulagée par l'interruption de Melody. Mais de l'autre... Elle sentait l'horreur de sa propre inaction sur la question du jeune homme. Comment pouvait-elle être si calme, sachant qu'elle cachait quelque chose d'aussi important à la personne qu'elle aimait le plus au monde... ? Elle ressentit de la rage en elle et d’un mouvement brusque s’écarta.

Melody semblait lire la confusion dans ses yeux. -Sacha ne t’inquiète pas pour moi. Je peux porter à la maison mes achats... Tu me passe tes clés de voiture ?

-Mais...

-Il vous faut du temps seul. -Ondine la regardait avec ses grands yeux pleins de questions et hocha la tête, souriant chaleureusement. -Vous avez beaucoup de choses à vous dire.

-Très bien. -Sacha lui donna les clés de sa voiture. -Fais attention.

- Ca ne serait pas plutôt « prends en soin » ? -Elle rit et s’approcha d’Ondine pour l’embrasser. Elle semblait très pâle. -Ton visage Ondy…

-Oh Dy, si tu savais... -Murmura elle d'une voix étranglée. Mais l'autre jeune femme ne semblait pas prêter attention, elle secoua la tête et après avoir dit aux revoir à tout les deux, partit dans l'une des allées du supermarché.

Ondine soupira en massant doucement son front. La veille elle avait rêvé du moment où elle parlerait à Sacha du bel être qu’ils avaient conçu ensemble. Elle avait essayée plusieurs fois de lui dire, mais ici, elle était muette, ne sachant pas par où commencer. Et pour la première fois depuis qu’elle le connaissait elle avait peur de lui. De sa réaction.

********

Il termina de mettre les sacs de marchandises dans la petite voiture de sport et rejoint Ondine.

Elle tournait le dos et il pouvait admirer pendant quelques secondes les lignes de son corps que son sweat laissait apparaitre. Le tissu de sa jupe faisait la même chose avec ses jambes. Il éprouvait une sensation de chaleur dans le fond de son estomac.

Il ne l’avait jamais vue habillée ainsi. Elle était si élégante et féminine à la fois. Dans son esprit, il pouvait encore voir ses jeans et basket. Ses cheveux étaient libres et mince dans leurs actions.

Aujourd'hui, en face de lui, c’était une belle femme.

Il parcouru les quelques pas qui les séparaient et l'embrassa par derrière.

Le soleil fessait des taches rouges dans le ciel, annonçant l’arrivée du crépuscule.

Ondine ne pouvait pas s'empêcher d'être raide pendant quelques secondes. Puis elle sourit quand elle réalisa que le grand homme qui derrière elle était le sien et doucement elle tomba contre lui, le dos appuyé contre sa poitrine.

- Mademoiselle. -Murmura Sacha, en embrassant son cou. -Vous êtes belle…

Elle rit. -Vous parlez très bien français, monsieur… (Normalement l’histoire est espagnole, donc il dit ça en français, et j’ai préféré laisser pour ne pas fausser.)

-Tu ne le sais pas, tu n’es pas resté assez longtemps pour le savoir.

Ondine s’écarta loin de lui. -Quoi ? Qu’est-ce que...? -Elle le regarda. -C’est un reproche ?

Il plissa le front, remarquant son air triste. L'absence soudaine de son corps semblait lui faire perdre son souffle chaud. Il ne se rendait pas compte de ce qu’il avait dit. -Qu’est ce qui se passe Ondine ?

-On vient de se réconcilier et tu commences déjà les reproches... -Ondine recula en le voyant venir. -Tu ne m’as pas encore pardonné...

-C'était un simple commentaire. Allons bébé, tu sais que ce n'est pas ce que je voulais dire... -Il tendit sa main, elle le regarda dubitatif. -Ondine, tu es celle que j’aime le plus au monde...

Enfin, il l’avait dit. Les yeux de la jeune fille se remplirent de larmes.

-Oh, Sacha. -Murmura elle avant de sauter dans ses bras et de le serrer contre elle. -Tu es aussi celui que j'aime le plus au monde...

-Ondy... -Il la poussa de quelques millimètres et la regarda. Ses grands yeux avaient maintenant de l'eau qui coulait sur ses joues. -S'il te plaît ne pleure pas.

Elle baissa la tête légèrement. Ses pupilles étaient si belles quand il les voyait de près. Et encore plus quand les teintes bleu-vert de ses iris se concentraient entièrement sur lui, capturant son attention.

-Pardonne-moi...

-Oui, je te pardonne...

Il continua à se rapprocher jusqu'à ce qu'il s'arrête. -Et je suis amoureux de toi…

Ondine sourit. Ses lèvres étaient humides et il pouvait sentir le goût amer des larmes. Mais ça importait peu.

********

Lily laissa les sacs sur la table et se dirigea rapidement vers le salon remarquant l'étrange silence.

Les enfants, cependant, étaient toujours à genoux sur le tapis à finir le puzzle. Ils ne semblaient pas avoir bougé pendant son absence.

- Tout va bien ? -Demanda-elle.

-Oui, maman. -Dit Ian avec un sourire avant qu’elle entre dans le salon. -Ca en a pris du temps.

-Oui, oui je sais...-Elle soupira inclinant la tête. -Ondine n'est pas arrivé ?

-Non. -Dit Soleil en lui donnant un autre sourire.

-Où est passé ma sœur ? -Lily se retourna avec ses mains derrière son dos: -Je vais regarder la télé... Soit dit en passant, je suis contente que vous jouiez tout le temps.

Avril regarda la jeune femme quitter la pièce et poussa un léger soupir. -On n’était pas loin de se faire découvrir…

-Non.

- Non ? Soly, à cause de toi, nous avons failli avoir des ennuis !!!

-Ian arrête.

-Au moins tu as une idée de comment est ton papa. -Déclara Avril en empêchant l'échange de mots se transformer en querelle familiale. -Tu vas en parler à ta maman au sujet des photos ?

-Non. -Soleil secoua la tête avec fermeté. -Je le trouverai moi-même et ferait la surprise à ma maman. Mon ami Sacha a dit qu'il pourrait m'aider.

-Tu as demandé de l'aide à un étranger ?

-Ce n'est pas un inconnu, Ian ! C'est mon meilleur ami.

********

- Pourquoi nous arrêtons-nous? -Ondine regarda autour d’elle. Évidemment, cet endroit ne lui était pas familier. Elle se tourna vers Sacha, qui avait insisté pour prendre le volant de sa voiture. -Où sommes-nous et pourquoi on s’arrête ?

Il se mit à rire. -Ondine, baisse d’un ton.

-Tu as l'intention de me kidnapper ?

-Ce n’est pas une mauvaise idée... -Il se pencha en arrière sur son siège et la regarda avec amusement.

Elle tourna la tête.

-Je demanderai une rançon impossible à payer pour ne jamais te libérer…

Ondine lui jeta un regard intimidant.

Sacha rigola encore. -Tu ne me crois pas ?

-Même pas un peu. -Elle passa une mèche de cheveux derrière son oreille -Sérieusement, où sommes-nous ?

-Calme-toi.

-Mais ... -Ondine se déplaça sur le siège, pour lui faire face. -Il est tard...

Certes, la soirée était passée trop vite. Des points faibles de lumière étaient apparus incognito dans le ciel noir dans une vaine tentative pour éclairer le ciel.

Sacha garda son attention sur sa belle à ses côtés. Ondine avait ses cheveux tirés en arrière en chignon soigné, afin qu'il puisse librement voir la structure délicate de son visage et la mince ligne de son cou nu. Il tendit la main et lentement la glissa sur sa joue. -Je t’ai dit que tu étais belle?

Il sentit la chaleur soudaine de la rougeur de sa peau sous ses doigts.

-Oui. Deux fois.

-Je vais te le dire encore alors...- Il sourit légèrement jusqu'à ce que l'expression sur son visage devienne sérieuse. -Tu es belle...-Il s'était approché et maintenant était à quelque millimètres de ses lèvres entrouvertes. Il sentit sa respiration devenir aussi laborieuse que la sienne.

Une éternité semblait passée. Ils se regardaient intensément, n'osant faire aucun mouvement. Laissant l'obscurité les envelopper dans son manteau étrange.

L'électricité continuait d'augmenter entre eux, même s'ils ne faisaient que se regarder. La tension semblait palpable dans le petit véhicule. Et puis, il était inévitable qu’ils succombent tous les deux au désir...

Sacha baissa la tête et l'embrassa. Elle glissa une main derrière son cou et ses doigts enveloppèrent ses cheveux, tout en intensifiant la pression sur ses lèvres. Ondine gémit faiblement, à la chaude intrusion de sa langue. Elle jeta ses bras autour de son cou et répondit subtilement imitant ses mouvements et ses caresses.

Sacha embrassa tendrement ses paupières, tempes et son front, lui laissant renouveler l'air. Elle courut ses doigts dans son dos large, s'arrêtant à un endroit ou un autre. Elle remarque que ses muscles étaient tendus. Elle était étonnée de la façon dont il réagissait au touché de ses doigts... Malgré le temps, elle se souvenait encore des endroits de son corps à caresser pour obtenir certaines réactions. Elle déplaça ses lèvres le long de son nez pour trouver sa bouche. Ondine pris l'initiative cette fois. Elle l’embrassa avec douceur. Elle sourit à son impatience qui marquait sa déception d'actions entre eux. D'une part elle été d’une extrême délicatesse et douceur. D'un autre côté... Sacha avait une passion incontrôlée.

Ni l’un ni l’autre ne semblait se soucier de la nuit qui était avancée ou que l'espace intérieur du véhicule été considérablement petit. Tellement absorbés dans leur monde de sentiments…

Elle ne savait pas à quel moment mais Sacha avait décidé de changer de position, mais à la minute suivante, il prit conscience qu’Ondine se trouvait assise sur ses genoux. Elle était tellement collée à lui, que même à travers les vêtements il pouvait sentir la chaleur de son corps. Maintenant, il embrassait son cou et elle pencha la tête pour approfondir le contact. Le toucher de ses lèvres la chatouillait, elle lâcha un petit rire quand il fit intervenir sa langue et ses dents. Elle pria silencieusement pour que ces morsures ludique ne soit pas trop visible...

En entendant son rire Sacha la regarda agitée. À un moment, elle avait libéré ses cheveux et ils tombaient en désordre sur ses épaules. La lumière de la rue jouait avec ses cheveux. Ainsi, elle semblait plus jeune, plus innocente et peut-être plus comme la fille qu’il avait épousé.

Ondine embrassa son front et il retint son souffle pour sentir son odeur naturelle mélangée avec l'odeur de jasmin qu'il aimait. Il lui embrassa les lèvres, il était plus sensibles à ses courbes voluptueuses. Sa structure avait complètement changée en femme. Centimètre par centimètre, il avait remarqué le changement. Soudain, il savait que la situation progressait, sa propre excitation était tangible, même pour elle...

La nécessité devenue une exigence lorsque leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau créant un baiser plus passionné que le précédent. Il mit ses mains sur sa taille et la leva d’un mouvement rapide pour l’asseoir à califourchon sur ses cuisses. Ondine ne semblait pas réaliser ce qu’il se passait, elle était occupée à redonner de la même manière ses baisers. Il posa les mains sur sa taille féminine et les fit glisser vers le bas, en reconnaissant sur son chemin le tissu de son sweat. Il jouait avec avant d'aller lentement sous le vêtement. Elle frissonna. Non seulement à cause des caresses imprimées sur sa peau nue, mais à cause du fait qu’elle n’avait absolument rien dessous... Elle se cambra contre lui quand ses doigts tracèrent une ligne incandescente de ses épaules à la courbe douce de ses hanches, elle gémit contre sa bouche, en communiquant son propre désir. Tout à coup ses mains s’avancèrent, en montant lentement sur le côté, se déplaçant avec prudence ...

Mais au lieu de continuer, Sacha s’arrêta. Brusquement, il rompit le baiser et enfouit son visage dans son cou en grognant visiblement irrité.

Ondine avait du mal à respirer. Les mains du jeune gisaient encore sur son corps nu sous le vêtement.

-Sacha ? - Sa voix était rauque et fragile. - Qu’est ce ... ce qui se passe ?

Il enleva ses mains et plongea son nez dans son cou. - Si je ne m'arrête pas, nous finirons par faire l'amour dans la voiture, et crois-moi ce n'est pas l’endroit le plus approprié...

Ondine cligna des yeux quelques secondes pendant que peu à peu elle se remettait de ses émotions. Elle enleva ses bras de son cou et examina la situation. Elle se sentit gênée de constater l'état désastreux de ses vêtements. Son sweat était penché d'un côté une épaule sortait. Sa main toucha ses cheveux vers le bas, où était passé le style élégant qu’elle avait cet après-midi ? Enfin elle regarda avec horreur ses pieds nus et sa belle jupe en soie plissée et retroussées jusqu'aux cuisses montrant ses longues jambes nues séduisante. Affligée de regarder vers le bas, la couleur monta furieusement sur ses joues signalant combien elle était heureuse. Elle était trop tangible dans la position où ils étaient... Comment diable ne s'en était-il pas rendu compte?

Brusquement, elle revint à sa place. Elle évitait de le regarder tout en remettant son sweat et sa jupe correctement couvrant ses jambes. Quand elle eut retrouvé sa voix, elle dit. -Eh bien, ça a été un après-midi chargé...

Sacha ri. -C’est vrai.

Elle le regarda tout en mettant ses chaussures. La faible lumière reflétait ses yeux sombres. Elle se redressa brusquement. -Nous ferions mieux d’y aller. Il est tard...

Il poussa un profond soupir et démarra le véhicule. Elle se retourna pour regarder par la fenêtre, mais ne prêta aucune attention à rien, pas même la route qui passait. Elle baissa la vitre et l'air de la nuit rafraîchit son visage rougit et pour en partie réorganiser le chaos dans sa tête. Maintenant tous ses sens étaient très honteux de ce qui c’était passé. Que devait-elle penser ? Le contrôle avait toujours été une vie pour elle. Eh bien, au moins elle savait que depuis qu'elle était séparée de lui... elle n’avait jamais rien ressentit. Jusqu'à présent.

Inconsciemment, elle serra ses bras autour d’elle quand elle se rendit compte qu'il n'y avait pas une seconde ou elle avait cessé de penser à Soleil... Jusqu’à ce que c’est hormones prennent le dessus…

Sacha arrêta la voiture et la regarda. Il fronça les sourcils quand il remarqua son expression.

- Tu regrettes tant ce qui s'est passé ?

Ondine réagit à ses paroles. Elle nota qu'il c'était arrêté devant un immeuble élégant.

-Pourquoi tu dis ça ?

-Tu es très calme. -Il passa sa main dans ses cheveux dans un geste triste. -Tu regrette... ?

Elle se pencha sur le siège en face de lui. –Bien sûr que non… -Elle prit une de ses mains et appuya doucement avec la sienne. -C'est juste que nous allons trop vite. Et ça fait si longtemps que je n’ai pas ... -Ses joues douces étaient rouges.

-Ondine… -Chuchota-t-il d’une voix rauque.

Il se souvint du chaos dans lequel il était tombé quand elle l’avait quitté. Ces trois premières années de sa vie avait été comme un navire sans gouvernail, à la merci des caprices de la marée ou du vent. Il sortait avec autant femme rencontrée sur son chemin afin de satisfaire la soif d'affection en lui. Il avait fait beaucoup de bêtises sur cette période et il était là maintenant devant la seule créature qui comptait vraiment. Et qu’il risquait de perdre par une erreur stupide.

-Eh bien, où sommes-nous. -Elle lui sourit et regarda par la fenêtre. -Tu vis ici ?

-Oui…

Ondine remarqua le ton étrange de sa voix. Avec le bout de ses doigts elle lui caressa la joue. -C’est un bel endroit.

Il couvrit la petite main dans la sienne et l’amena à ses lèvres. -Tu veux monter ? Un moment... ?

-J’adorerais, mais...

-Je sais, je sais. Il est tard.

-Oui, peut-être une autre fois.

-Ok.

Il embrassa ses doigts et se détacha d’elle. Il s'installa dans le siège pour une meilleure vue. Ondine tourna le rétroviseur vers elle. Ensuite elle examina son apparence et peigna ses cheveux avec ses doigts. Sacha ne put s'empêcher de sourire à cette caractéristique féminine habituelle. Puis elle ramassa avec des gestes rapides ses cheveux, il remarqua qu’elle fronçait les sourcils.

-Sacha ! - Cria-elle. -Regarde ce que tu m’as fait dans le cou ! -Elle montra les petits endroits violacés qui soulignait la pâleur de sa peau.

Il entendit l'urgence de sa voix, il se pencha en arrière mettant ses bras sous sa tête.

-Ah, Ondine c’est rien ça…

- Quoi ?

Il la regarda malicieusement. -Tu sais?  C’est difficile de faire attention à ce que je fais, quand tu commences à…

-Sacha ! -Ses joues étaient presque de la même couleur que ses cheveux.

-D'un autre côté, tu ne t’es pas plainte... -Il se redressa souriant timidement.- Si tu veux on peut recommencer… -Dit-il en rigolant et se rapprochant d’elle.

La seconde suivante, il lui embrassait les joues, traçant un chemin jusqu'à son oreille. Ondine le laissa faire comme il voulait, jusqu'à ce que ces lèvres trouvent le chemin qui conduisait à son cou. Elle s’écarta rapidement en rigolant.

-Non, pas encore…

Il fronça légèrement les sourcils. -Pourquoi, tu as des comptes à rendre à quelqu’un… ?

- Bien sûr ! -Elle ferma les yeux se demandant comment elle allait expliquer à Soleil les ecchymoses sur son cou. Elle soupira: -Mes sœurs restent encore très... curieuse de ma personne.

Brusquement Sacha saisit son bras gauche. Il mit sa main au niveau des yeux. Ses doigts minces étaient nus et sans aucun ornement compromettent. Il poussa un soupir de soulagement et porta sa main à ses lèvres.

-Qu’es ce que tu fais ? -Demanda-elle en arquant un sourcil.

Rien. -Il embrassa doucement le doigt sans anneau. -Tu es sûre que tu ne veux pas monter ?

Elle regarda sa montre et fit la grimace quand elle vit l’heure tardive de la nuit. Lily allait sûrement appeler l’agent Jenny pour la retrouver…

-Non, je ne peux pas. On m’attend à la maison... M-ma sœur doit être inquiète…

-D'accord. -Il lui donna un rapide baisé sur la joue et se prépara à partir.

-Attend. -Ondine l’arrêta. Il se retourna pour la voir. -On peut se voir demain ? Le soir ?

Sacha sourit : -Bien sûr. -Avec son index il parcouru la ligne de sa tempe a son menton. – Où ?

-Dans le parc.

-Ok. -Il ouvrit la porte pour sortir quand elle l'arrêta en appuyant sur son bras. –Qui y a-t-il maintenant ?

Mais au lieu de répondre, Ondine s’approcha de lui. Elle mit sa main derrière son cou et le tira brusquement le guidant à ses lèvres. Sacha eu le souffle coupé. Le baiser était loin d'être harmonieux et contrôlée. Il sentait sa chaleur, son désir, son envie purement féminine le faisait frissonner impuissants. Après plusieurs minutes ils se séparèrent, à la fois la respiration difficile, il se sentait si faible et tremblant, comme si il devait marcher des centaines de kilomètres dans un désert aride.

-C'est pour que tu ne m’oublie pas. -Elle sourit malicieusement et Ondine se lécha les lèvres. -Et que tu penses à moi ...

-Crois-moi, je ne vais pas dormir ce soir...

Elle laissa échapper un petit rire. -Ce n'était pas mon intention, bonne nuit, Sacha…

Le garçon laissa la voiture et se pencha sur le toit pour la voir: elle s'était précipité sur le siège du conducteur et de là lui sourit avec un clin d'œil coquin.

-Bonne nuit Ondine, à demain. -Murmura-il dans un souffle qui lui restait.

Il se leva et se dirigea vers l'entrée du bâtiment, sachant qu'elle n’était toujours pas partit. Ses vœux de bonne nuit résonnait dans sa tête. Elle lui avait dit d'une voix si douce et séduisante... Il rejeta l'idée de voir ses fantasmes se matérialiser en la personne d'une rousse et sexy qui était allongée nue dans ses bras et entre les draps blancs de son lit...

-Je ne dormirai vraiment pas ce soir...